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Jusqu'à Sandalettes, une histoire absolument mortelle, lancinante. Aujourd'hui, l'affaire Marcel, le chien, qui a pour théâtre un petit village de l'Eure, en Normandie, Kornet. Pendant des années et des années, l'instituteur du cours préparatoire Marcel le chien à tripoter ses élèves, garçons et filles, en toute impunité. Ça se savait. Des parents se sont plaints, mais l'Education nationale a fait l'autruche et ça a duré comme ça jusqu'en 2001. Jusqu'à ce qu'un parent d'élève décide de mettre un terme à ses agissements.

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Et au final, Marcel, le chien a été jugé, tenez vous bien, pour trente huit agressions sexuelles et trois viols qu'il a nié en bloc jusqu'au bout. J'ai écrit cette histoire avec Thomas Audouard.

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La réalisation est signée Céline.

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Christophe Hondelatte. C'est fou. C'était il y a 20 ans et c'était un autre monde. La société française a beaucoup changé en 20 ans. Elle a ouvert les yeux. Elle ne tolère plus les messieurs qui tripote les petites filles ou les petits garçons. En vérité, elle ne les a jamais tolérées. Mais longtemps, elle a fermé les yeux, elle a regardé ailleurs. C'est fini tout ça. Alors, considérons cette histoire comme un fait divers, mais aussi comme un morceau d'histoire contemporaine.

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Nous voilà donc dans la cour de l'école primaire de Cormeilles, dans l'Eure, en Normandie. Un tout petit village, un peu plus de 1000 habitants. Un matin de 1996, deux mamans viennent voir la directrice, madame la directrice. On a un souci. On voudrait vous parler des vêtements. De quoi ajouter. Vaudrait mieux qu'on parle dans votre bureau. Vous voulez bien? Asseyez vous, je vous en prie. Alors, que se passe t il? Voilà, c'est Dimitri.

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Depuis trois jours, il dort, mais plus il mange et plus vous savez ce qu'il a fini par me dire que M. Biologicals avait mis sur ses genoux et il lui avait touché le zizi.

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Bien, elle est embarrassée. La directrice, c'est une petite école. Marcel et son collègue. Que faire? Elle décide d'organiser hors de tout cadre légal ou administrative, un rendez vous de conciliation dans son bureau avec Dimitri, qui a six ans et demi. Et des tout petits. Ses parents et l'instituteur Marcel le chien. Et voilà comment ils se dépatouiller des accusations du petit garçon.

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Un coup d'oeil. Moi, vous savez comment je joue avec les gosses que je prends sur les genoux. C'est surtout de l'affection. Pas plus des attouchements. Des choses comme ça. J'ai jamais eu ça dans ma classe. De l'affection, mais vous vous foutez de ma gueule. C'est quoi que vous appelez de l'affection? Moi, je les ai juste pris sur les genoux, je vous dis. Ecoute Marcel! T'arrête avec ça, tu prends plus les petits sur tes genoux, ok.

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C'est fini, ça! Et voilà. L'incident est clos. Circulez, il n'y a plus rien à voir. Et quelques mois plus tard, ça recommence. Oui, bonjour madame Kennet, je suis la maman de Julie qui est dans la classe de Monsieur le chien. Oui, madame Keller. Que se passe t il? Ecoutez, Julie m'a dit qu'elle avait reçu une fessée déculottée de la part de son maître. On trouve pas ça normal. Dans quelles circonstances Mme Kennet?

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Parce que soi disant, elle avait mal travaillé, il lui a donné devant toute la classe. Elle est rentré à la maison le soir. Elle est descendue du car en larmes. Et là, la directrice a un éclair de lucidité. Elle prévient l'inspecteur, son inspecteur pédagogique et l'inspecteur envoie une psychologue scolaire dans la classe de Monsieur le chien. Pas longtemps, une matinée. Elle rencontre les deux enfants qui ont porté des accusations contre leurs maîtres, Julie et Dimitri, et elle leur fait faire de petits dessins.

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Et voilà sa conclusion. Les deux enfants sont sans doute perturbés par des problèmes familiaux et la maman de Julie est en instance de divorce. C'est pour cela que Julie accuse l'instituteur et la mère de Julie accepte cette explication. C'est de sa faute. Elle n'avait qu'à pas divorcer. Une chose importante elle ne sait pas que Dimitry s'est plaint lui aussi, mais les parents de Dimitri ne savent rien de la fessée que l'année scolaire se termine sans aucun autre incident. En tout cas signalés.

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Et pendant cinq ans, plus rien. Peut être finalement que Marcel le chien a retenu la leçon.

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Mais passons. Sa cause à Cormeilles. Et là, il faut que je vous présente quelqu'un qui est un peu le héros de cette histoire. Il s'appelle Jean-Yves Cendrey et il n'est pas là. Il n'est pas là depuis longtemps. Il est de passage. C'est un intello, un écrivain et sa femme aussi. Sa femme, c'est la romancière Marie Ndiaye. Disons qu'ils ont tous les deux un regard neuf sur ce village et ses petits secrets. Et un jour, au café, en 2001, Jean-Yves entendirent alors qu'il devait être en prison.

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Il demande Guy, on lui répond l'instituteur Marcel le chien. A partir de ce moment là, il aurait pu, comme tous les autres, passer à autre chose. Mais ça n'est pas dans sa nature. Au contraire, il se lance dans une petite enquête. Et pour commencer, ils sont de ses propres enfants, passés par le cours préparatoire de M. Le Chien. Ils n'ont rien de particulier à raconter et ensuite, ils se mettent à faire le tour du village, maison par maison.

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Et là, ils découvrent les plantes de 1996 et la manière dont l'Education nationale a géré ça. Et surtout qu'après, ça a continué. Ça a continué. Anaïs et Élodie. Quand j'étais sur ses genoux, il avait souvent la braguette ouverte et je devais le toucher. La première chose que je faisais en sortant de la classe, c'était de me laver les mains. Voilà ce que lui dit Anaïs.

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Alors voilà ce qu'il fait, lui, de sa propre initiative. Le 6 février 2001, à 8 heures pile, il va se garer devant l'école et à 8h45.

[00:07:20]

Il voit arriver Monsieur le chien, le chat.

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Bonjour monsieur le chien, je voudrais vous parler, ça ne vous empêche pas si on va se parler dans ma voiture.

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Bon, d'accord. Il monte dans la voiture.

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Jean-Yves Cendrey laisse passer un long silence. Et d'un coup, il balance le chien. Les petites filles. C'est fini. Vous voyez de quoi je veux parler? Sur le fauteuil passager, l'auteur ne dit rien, mais il change de couleur. Et là, Jean-Yves lui fait la liste de toutes les victimes qu'il a identifiées.

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Alors maintenant, monsieur le chien, je vous le dis, tout ça, c'est fini, je vous emmène à la gendarmerie et je vous dénonce comme pédophile. S'il vous reste un peu de dignité, vous n'allez rien tenter, n'est ce pas? Rien. D'accord. On y va. Sur la route, Marcel, le chien, est blême. Est ce que les parents sont au courant? Vous les avez prévenus? On dirait un petit garçon pris la main dans la boîte de bonbons.

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Il arrive à la gendarmerie. Il se gare. Descendez!

[00:08:41]

À l'accueil, il y a deux gendarmes. Bonjour monsieur! Voilà, je vous amène un pédophile multirécidiviste. Moi, je n'ai vu personne. Je vous avais demandé d'être digne. Les gendarmes appellent tout de suite leur adjudant qui arrive titubant, l'air de sortir de l'apéro.

[00:09:00]

Alors, qu'est ce qui se passe ici? Bonjour Monsieur. Je vous emmène, monsieur le chien, qui est instituteur à l'école primaire en cours préparatoire. Il pratique des attouchements sexuels sur ses élèves pendant la classe. Mais vous n'auriez pas dû ramener? Qu'est ce que je vais faire, moi? Vous en faites ce que vous voulez pour vous qui ne rejoignent pas sa place? D'accord. Et là, vous n'allez pas le croire. Les gendarmes interrogent Marcel le chien pendant douze heures d'affilée et le soir, il le laisse rentrer chez lui peinard.

[00:09:37]

C'est sacrément risqué parce qu'il peut s'enfuir. Il peut se suicider. Il peut faire disparaître des preuves. Mais le dossier est confiée à la brigade de recherche d'Evreux. Et le lendemain, le chien est finalement placé en garde à vue. Pendant ce temps, Jean-Yves et sa femme ont battu le rappel des victimes. Sept familles viennent porter plainte à la gendarmerie et les gendarmes perquisitionnent chez lui. Ils ne trouvent rien et ensuite son interrogatoire commence. Et pendant des heures, ils ne lâchent rien.

[00:10:13]

Vous ne parlez pas, vous n'avez rien à dire. Alors, pourquoi est ce que vous avez suivi M. Cendrées jusqu'ici à la gendarmerie? Je suis venue par curiosité. On le colle dans une cellule pour la nuit et le lendemain matin à heures, ça recommence et là, il capitule.

[00:10:33]

Bon. J'ai réfléchi, c'est vrai. Je n'ai plus pratiqué des attouchements sur certains élèves. Vous pourriez me dire précisément quel geste, monsieur le chef, sur quels enfants? N'est pas facile. J'ai caressé le sexe de la petite Anaïs. Mélissa. Et aussi dès lundi, quand. Pendant la classe. Sur mes genoux quand j'étais assis derrière mon bureau. Vous ressentiez du plaisir, monsieur le chien? Ces bois. Je pense pas. Peut être aussi, puisque je l'ai fait.

[00:11:19]

Peut être que je faisais ça aussi pour donner du plaisir à l'enfant. Un peu plus tard, il reconnaît s'être fait pratiquer une fellation une fois et il finit par dire. Je regrette le mal que j'ai pu faire. Les gendarmes l'emmènent dans sa classe à l'école, menotté. On ne trouve rien à part dans le tiroir de son bureau. Un long morceau de pâte à modeler en forme de sexe masculin.

[00:11:48]

Vous pouvez m'expliquer quel est cet objet, Mr. Je n'ai jamais vu ça. Ça doit être un petit garçon qui a vu son. Le soir même, Marcel le chien est mis en examen et écroué à la maison d'arrêt d'Evreux. Mais lors de son premier interrogatoire chez le juge, dans les jours qui suivent, il fait marche arrière. Il revient sur ses aveux. N'empêche que 12 nouvelles plaintes sont enregistrées. On recense maintenant 19 victimes, mais il y en aura d'autres.

[00:12:22]

Ben. Et à Corbeil, c'est simple tous les enfants nés entre 1983 et 2001 ont eu Marcel le chien comme instituteur de cours préparatoire. Tous, alors, forcément, les parents interrogent leurs enfants. Dis moi, Sophie! Qui t'est rien arrivé dans la classe de Monsieur le chien? Non, non, pas, mais arrivé. Mais parfois, c'est le contraire. La petite Laura dit à son père. Le chien, il me prenait sur ses genoux. Il me faisait toucher son zizi et me toucher la nénette souvent.

[00:13:03]

C'est sur ce que tu dis Fairies l'ORA, faut pas rigoler avec ça, c'est grave ce que tu dis, t'es certaine.

[00:13:13]

Et là, Laura fond en larmes et les parents s'en veulent. Il faut dire que Marcel, le chien, est un ami du père. Combien de fois la gamine, le matin, ne voulait pas aller à l'école? Il l'a forcée. Il prenait ça pour un caprice. Et là, maintenant, ils comprennent. Et la mère l'accompagne à la gendarmerie. Bonjour Madame Madame! On va donc entendre Laura. Et comme elle est mineure, vous allez rester à ses côtés.

[00:13:43]

Peut être qu'à un moment, si nécessaire, on vous demandera de sortir. Mais au départ, c'est bien que vous soyez à ses côtés, d'accord. Et une plainte de plus. Il y aura aussi Candice, qui vient raconter que sept ans plus tôt, elle a vu le chien couché sur une élève. Le procureur se dit Mais quand est ce que ça va s'arrêter? Et là, il décide d'entendre tous les enfants scolarisés depuis 1983. Tous les gendarmes ont compté.

[00:14:14]

En treize années, deux cent quarante enfants se sont succédé dans la classe de M. Le Chien. Les plus âgés ont aujourd'hui, dans les 16 ans, les plus jeunes, 6 ans. Pour recueillir leurs témoignages, il est décidé de créer une cellule spéciale que le procureur baptise Mineurs 27 et il réunit tous les parents au Théâtre de Cormeilles pour leur expliquer comment ça va se passer.

[00:14:50]

Contrairement à ce qui a pu se faire jusqu'à maintenant, nous allons les interroger. Seul. Les gendarmes qui mèneront les interrogatoires ont été formés à l'écoute des enfants. Ils poseront des questions assez larges. Il n'y aura pas de prise de notes, il n'y aura pas de procès verbal. Tout sera filmé par une caméra discrète que les enfants ne verront pas. Mais vous, vous pourrez suivre cet interrogatoire de vos enfants sur un écran. L'avantage de ce système, c'est que vos enfants n'auront plus à témoigner par la suite, notamment dans la perspective d'un procès.

[00:15:30]

Et si on souhaite pas que les enfants témoigne? Je suis désolé, il n'y aura pas d'exception. Tous les enfants seront auditionnés.

[00:15:48]

Et il a bien raison, le procureur, parce que beaucoup d'enfants qui n'avaient rien osé dire à leurs parents se libèrent devant les gendarmes et à la fin des auditions, on compte. Tenez vous bien. Trente huit plaintes, trente huit plaintes, trente cinq pour des attouchements et trois pour ce qui ressemble à des viols. Le petit Baptiste, par exemple, raconte que le morceau de pâte à modeler bleue, le maître le lui a introduit dans les fesses. Et ça, c'est un viol.

[00:16:25]

Je ne vais pas dire, bien entendu la totalité des accusations qui sont portées par ces gamins, mais en voici tout de même quelques unes pour avoir des bons points. Je devais toucher le zizi du maître. Il a mis ma main sur son pénis. Il était mou et après ça, gonflé. Monsieur le chien m'a demandé de toucher son sexe pendant la récréation et le juge ressort aussi les signalements de 1996. Vous vous souvenez? Dimitri et Julie, on ne les avait pas crus.

[00:16:52]

La directrice s'était contentée de demander à Marcel le de ne pas recommencer, de ne plus prendre des enfants sur ses genoux. Et une psychologue avait estimé que Julie mentait à cause du divorce de ses parents. Cinq ans plus tard, la directrice et l'inspecteur qui avait géré ces signalements, qui est pourtant à la retraite, sont mis en examen tous les deux. Assez vite, ils sont blanchis par la loi. En 1996, n'obligeait pas lencadrement, a signalé à la justice ce genre de dérapage.

[00:17:25]

Ça a changé depuis. Mais à l'époque, ça n'était pas le cas. L'instruction a duré trois ans. A la fin, on compte quarante quatre plaintes, dont trois plaintes pour viol. Et maintenant, il est temps de juger Marcel, le chien, dont on découvre qu'il sera défendu gratuitement par la Fédération autonome de solidarité. C'est un organisme qui défend les enseignants à la seule condition qu'ils se disent innocents. Quand vous savez qu'un bon avocat dans un dossier aussi complexe peut coûter jusqu'à 100 000 euros.

[00:18:13]

Le procès de Marcel le chien est programmé pour novembre 2004 devant les assises d'Evreux. Normalement, il doit avoir lieu à huis clos puisque la totalité des victimes sont mineures.

[00:18:23]

C'est l'usage. La veille, le chien envoie une lettre à la presse qu'il fait lire par la femme de son avocat au cours d'une conférence de presse.

[00:18:32]

Dans mon esprit, je sais que je n'ai rien fait de mal. J'en suis absolument sûr. Je suis innocent des faits dont on m'accuse. Il est aussi dans cette lettre qu'il ne veut pas d'un procès à huis clos, car, dit il, les enfants mentent, ils mentent. Les parents sont furieux. Alors, ils changent leur fusil d'épaule et ils demandent à leur tour un procès public. Au fond, ils n'ont rien à cacher. Ils n'ont pas honte.

[00:19:03]

Ce procès doit durer trois semaines. Quatre avocats vont défendre les enfants et deux avocats vont défendre Marcel, le chien et l'air de rien. Ce n'est pas un procès gagné d'avance. Il n'y a pas de preuve formelle qu'il y a juste la parole des enfants et les dessins qu'ils ont réalisés. Laco. Les petites victimes sont là, serrées les unes contre les autres, sur les bancs des parties civiles, les plus vieux ont 30 ans. Aujourd'hui, ce sont de jeunes adultes.

[00:19:42]

Les plus jeunes ont dix ans et sont encore enfant. Dans son box, Marcel le chien évite leur regard. La petite Anaïs est la première à témoigner. Elle tient la barre à deux mains. Elle raconte en le regardant droit dans les yeux. Et puis, c'est Laura. Et puis Baptiste. Et puis, un à un, tous les autres. Et tous disent la même chose. Tous racontent les mêmes scènes, les mêmes attouchements, aux mêmes endroits, dans les mêmes circonstances.

[00:20:13]

Et lui, est ce qu'il est plombé par ces témoignages accablants et Bannon? La plupart du temps, il regarde ses chaussures et quand on lui demande de réagir aux témoignages, il dit il.

[00:20:24]

Monsieur le président? Elodie accuse Marcel, le chien, de l'avoir forcée à une fellation, ce qui revient à l'accuser de viol. C'est l'accusation la plus grave. Elle s'est promis de ne pas craquer, mais quand elle arrive devant la barre, elle éclate en sanglots. Elle a du mal, beaucoup de mal. Elle dit à Marcel le chien sans oser le regarder.

[00:20:45]

Vous avez vu ce que vous avez fait? C'est pas juste, c'est pas juste. Et là, Marcel, le chien bondit. Tu m'en. A travers les témoignages, on commence à comprendre comment fonctionnait Marcel le chien, l'instituteur du cours préparatoire en classe. Il était dur, très dur, très exigeant. Ses élèves racontent des punitions, des sévices. Il leur faisait peur et donc les élèves avaient envie d'être son chouchou. Envie d'être sur ses genoux et être son chouchou?

[00:21:23]

Ça passait par les tripotage. A un moment donné, évidemment, on fait témoigner la directrice. Elle parle pendant plus de deux heures. Les avocats des enfants la secoue comme un prunier. Elle n'est pas accusée, mais au moins, on voudrait qu'elle exprime un regrets. Mais non, elle a fait ce qu'elle avait à faire. J'ai fait mon travail. On fait aussi venir l'inspecteur qui a 72 ans aujourd'hui, qui est à la retraite et qui n'a aucun état d'âme.

[00:21:58]

Les accusations dont j'ai été saisi en 1996 me sont apparues très farfelues. Enfin, monsieur les parents, à l'époque, se sont plaints que le chien mettait sa main dans l'autre cuisse les enfants. Vous trouvez ça farfelu? Vous avez trouvez ça normal, vous savez? C'est un geste fortuit. Puis, en Afrique, c'est comme ça que les mamans tiennent leurs enfants par l'entremise. Monsieur. Selon vous, qu'aurait dû faire les parents à l'époque? Je ne sais pas retirer les enfants de l'école.

[00:22:36]

Pourquoi n'y a t il rien dans son dossier à l'Education nationale sur les accusations qui ont été portées à l'époque, en 1996?

[00:22:43]

Vous n'avez pas fait le rapport? Je ne voulais pas porter atteinte à l'honneur de cet homme tout. Mr Est ce que vous pouvez nous dire comment est ce que vous avez été formé à la prise en charge des problèmes de pédophilie?

[00:22:58]

Vous savez à l'époque comment j'ai passé mes diplômes. La pédophilie, ça n'avait pas été inventé. On fait aussi témoigner un expert psychologue qui a examiné Marcel le chien. Si vous voulez. Il s'est créé deux mondes, un monde public et un monde privé, et je dirais qu'il est dans la dénégation de ce qui se passe dans son monde privé, à l'extérieur.

[00:23:27]

C'est un homme lisse. À l'intérieur, c'est un pervers. Je dois dire que ce type de personnalité qui n'admet pas être malade. Étant en général assez peu accessibles aux soins, vous comprenez? Le seul remède me semble être la mise à l'écart parce qu'il y a un risque, il y a un risque de réitération ou de récidive si vous voulez.

[00:23:53]

La fin du procès approche et on ne voit pas bien comment, malgré ses dénégations, Marcel le chien peut sauver sa peau. Et pourtant, il va essayer.

[00:24:10]

Arrive le moment des plaidoiries. L'avocat général plaide en premier. Il réclame quinze années de réclusion criminelle pour le défendeur Marcel. Le chien a enrôlé deux avocats. Il les a enfermés dans son système de défense. Il est innocent et donc les avocats ne peuvent rien plaider d'autre que l'acquittement. Je vous mets en garde contre une erreur judiciaire, vous le savez, les enfants ont un monde fantastique et imaginaire, très développé. Souvenez vous de l'affaire d'Outreau.

[00:24:42]

Les enfants ont menti à Outreau. Ou plutôt, leur imagination les a fait mentir. Ils ne manquaient pas consciemment. Bien sûr, il y a des leçons à tirer du procès d'Outreau.

[00:25:06]

Terrible stratégie de défense, car les témoignages des enfants les uns derrière les autres ont convaincu tout le monde que Marcel le chien était coupable. Tout le monde, ses avocats auraient pu plaider les circonstances atténuantes, les pulsions qu'on ne peut pas contrôler. l'Education nationale qui n'a pas fait son travail? Eh bien non. Le chien leur a demandé de plaider l'acquittement. C'est une aberration. Il va le payer très cher. Au moment du verdict, tous les anciens élèves de Marcel le Chien s'entassent aux trois premiers rangs de la salle d'audience, juste en face de lui.

[00:25:49]

Serrés les uns contre les autres.

[00:25:52]

Monsieur Hauschka. La Cour vous condamne à 15 ans de réclusion criminelle. Vous pouvez emmener le condamné. L'audience est suspendue. Dans le box, le chien ne réagit pas. Il fait savoir par ses avocats qu'il va faire appel et puis finalement, il renonce à faire appel. Après le procès, six nouvelles plaintes sont déposées, provenant toutes d'anciens élèves, et un nouveau procès a lieu en mai 2013, qui le condamne à cinq années de prison qui viennent se confondre avec le premier verdict.

[00:26:22]

A cette heure ci, Marcel le chien a purgé sa peine et il est libre.

[00:26:28]

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