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[00:00:03]

Repin Delatte raconte. Bonjour à tous! Je suis très heureux d'accueillir aujourd'hui Maud Fontenoy, première femme à avoir réalisé une traversée de l'Atlantique Nord à la rame. C'est ça qui nous intéresse aujourd'hui. Bonjour Maud Fontenoy. Bonjour, c'est un grand honneur d'être sur votre plateau. On va rajeunir de 15 ans. C'est une autre vertu de ce qui va se passer maintenant puisque cette affaire remonte à 2003. C'est cette aventure que je vais raconter en m'appuyant sur le livre que vous aviez écrit juste après chez Robert Laffont.

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Atlantique face Nord. Sachant que deux ans plus tard, évidemment, vous avez réalisé la traversée du Pacifique Sud. Toujours à la rame et trois ans plus tard, tour du monde à la voile contre les vents. Mais ce sont d'autres histoires que je raconterai, peut être C-4. Je précise par ailleurs que vous êtes maintenant une femme politique de droite, vice présidente de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Mais ça, ça ne nous intéresse pas du tout aujourd'hui. Ça va vous reposer.

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Et puis, je signale la sortie aux éditions First de votre dernier livre, Vivre vraiment, qui est un livre de développement personnel. On en dira peut être un mot tout à l'heure. Parce qu'au fond, cette méthode de développement personnel, c'est de toutes ces aventures que vous l'attirait. C'est parti? Absolument. Voici votre traversée de l'Atlantique Nord à la voile. C'est une histoire que j'ai écrite avec Quentin Mouchel. Réalisation Céline Le Braz.

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Mais qui lui a fourré cette idée dans la tête? Traverser l'Atlantique à la rame par la route nord en allant du continent américain vers l'Europe qui lui a donné cette idée folle, d'une certaine manière, c'est Gérard d'Aboville. Mais sans le savoir, d'Aboville est le premier Français qui a traversé l'Atlantique à la rame. C'était en 1980. Maud Fontenoy n'avait que trois ans, mais elle a lu ses livres. Ce défi la fascine. Elle veut être la première femme à faire comme d'Aboville.

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Aucune femme n'a jamais fait ça. d'Aboville était parti de Cape COD aux Etats-Unis. Il avait mis 71 jours et 23 heures pour rallier Brest à la rame. Elle partira de Saint-Pierre-et-Miquelon, au sud de Terre-Neuve, et elle rame rabe en direction de la Bretagne. 13 juin 2003, c'est le jour du départ à Saint-Pierre-et-Miquelon. En juin, il fait un froid de canard. Alors venez, je vous emmène sur le ponton du club de voile de Saint-Pierre. Venez voir l'engin sur lequel elle part.

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Ouais, ouais, mais c'est sale, le gros kayak. C'est avec ça qu'elle part ramer dans les tempêtes de l'Atlantique Nord. Sept mètres, cinquante de long, un mètre 66 de large, une coquille de noix blanche avec sur les flancs le nom de son sponsor pilote et un petit mat au bout duquel flotte le drapeau français. Alors, qu'est ce que je peux vous dire sur elle avant qu'elle ne vienne s'asseoir sur son siège coulissant et qu'elle donne les premiers coups de rame et qu'elle s'éloigne du quai?

[00:03:17]

Maud a 25 ans. Quelque chose d'encore juvénile dans le visage, des cheveux longs, châtain clair, des yeux bleus. Dans la vie, elle est agent immobilier comme papa. A part ça, elle est née sur un bateau. Elle a appris à marcher sur un bateau. Elle a même vécu sur un bateau avec ses parents quand elle était toute petite. Elle a la mer dans le sang. Voilà, elle aime aussi les complications. l'Atlantique par le Nord, c'est ce qu'il y a de plus difficile.

[00:03:45]

Les tempêtes y sont dantesques. D'ailleurs, dans l'histoire, il n'y a que six rameurs, six hommes qui ont réussi un tel exploit. Bon, quand faut y aller, faut y aller. Il est huit heures du matin, Maud s'assoit sur son siège à coulisse. Elle donne son premier petit coup de rame pour éduquer. Et c'est parti. Depuis le ponton, on l'applaudit. Des voitures klaxonnent, des bateaux font mujeres leurs sirènes et pendant plusieurs centaines de mètres.

[00:04:18]

Maud est encerclée par les bateaux venus l'encourager. Et ce n'est pas facile parce qu'il y a quelque chose qu'il faut que je vous dise tout de suite. Elle râle avec l'avenir, dans le dos comme en aviron.

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Et puis, quand elle s'éloigne du bord, ce sont les bateaux de la gendarmerie qui l'accompagnent encore un peu. Et elle, elle rame avec application. Et qu'est ce qu'elle a dans la tête à ce moment là? La vérité, elle a envie de chialer. Quitter la terre, quitter les gens, partir pour trois mois seul au milieu des flots, elle a envie de chialer. Et puis, à un moment donné, les gendarmes font Bye-Bye. Et là, là, elle se retrouve seule.

[00:05:13]

Et pas question de traîner, il faut s'éloigner au plus vite des côtes de Terre-Neuve en cas de tempête. Elle risquerait d'aller s'y fracasser. Alors, elle rame, elle rame pendant des heures et des heures. Elle ne dort presque pas.

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Et la première tempête arrive deux jours après le départ, le 15 juin, alors qu'elle se trouve sur les Grands Bancs de Terre-Neuve, sur les hauts fonds qui rendent la mer très instable. Le vent se lève d'un coup et la mer se déchaîne. On est en pleine nuit, il fait un noir d'encre sur l'Atlantique. Face au chaos total qui règne autour d'elle, Maud s'est réfugiée dans sa petite cabine à l'arrière. Un mètre cube, une couchette en vérité.

[00:06:10]

Par le hublot, elle voit la mer démontée. Et au dessus d'elle, il y a une bulle en plexiglas. Ça n'est pas vraiment le moment de se lever. Sa coquille de noix est bringuebalant par les vagues. C'est un enfer, un enfer qui dure des heures et des heures. Des vagues de 5 mètres qui engloutissent le bateau et qui leur recrache comme un vulgaire débris. Et à l'intérieur? Maud Maud, secouée comme une salade dans une sauteuse.

[00:06:33]

Maud, qui a maintenant l'estomac complètement retourné et frigorifié avec ça et là, elle commence à manquer d'air. Alors, d'une main, elle appuie sur son hublot pour faire passer un filet d'air sans embarquer de l'eau. Et de l'autre main, elle tient son saut pour vomir. Elle pleure, elle pleure de douleur et d'angoisse. Elle supplie son bateau de cette galère. Pillot t'en prie, je n'en peux plus. Tu ne vas pas craquer. Tu penses, stp, te bon?

[00:07:02]

Le bruit du bateau qui tombe de la crête jusque dans le creux des vagues lui matraque le cerveau. Et puis, un moment, une énorme déferlante. Et d'un coup, le bateau se couche sur le côté. La tête de mort va taper sur la bulle de plexiglass. Elle vient de chavirer. De l'eau rentre par le hublot entrouvert. Alors, elle se précipite pour le fermer. Mais la cabine est déjà pleine d'eau glacée. Maud baigne maintenant dans un jus d'eau de mer et de vomi.

[00:07:28]

Et tout ça, tout ça dans le noir total. Elle s'agrippe à une poignée le long de sa couchette. Elle va mourir. Et là, une nouvelle vague énorme remet le bateau d'aplomb. Maud retombe sur sa couchette. Prix. Dans son livre, elle écrit Je pleure à nouveau sans pouvoir m'arrêter. J'ai mal partout. J'ai envie de me blottir contre quelqu'un. Je fais comme si je n'étais pas toute seule. J'imagine une présence qui pourrait m'aider à gérer ma détresse.

[00:08:05]

Au cœur de cette nuit sombre dans laquelle nous nous encourront, la mer se calme, mais Maud reste pendant quelques heures prostré dans sa cabine. Il lui faut ce temps là pour dépasser sa peur. Et je vous le dis tout de suite, cette tempête n'était qu'une entrée en matière. Mais en attendant, ça s'est calmé et Maud continue sa traversée des Grands Bancs de Terre-Neuve. Elle rame 8 à 10 heures par jour. Il fait un froid polaire. L'eau est à 6 degrés dans la cabine.

[00:08:38]

La température peut parfois descendre jusqu'à 2 degrés. Elle fait un léger détour par le sud pour éviter les icebergs dans une brume à couper au couteau. On ne voit pas à plus de trois mètres. Parfois, elle ne voit même pas l'avant de son bateau. Pour la sécurité et aussi pour le moral, Maud a embarqué un Iridium, un gros téléphone portable qui se connecte par satellite. Ça lui permet d'appeler tous les jours son météorologue et quelques journalistes, mais aussi et surtout sa maman, toujours inquiète.

[00:09:19]

Oui, oui, maman, t'inquiète pas. Sur cette question de l'eau, Maude élude parce que la vérité, c'est qu'avec cette fichue brume, les panneaux solaires ont du mal à charger des batteries et donc elle ne peut pas faire fonctionner son des salles initiateur. Il ne lui reste plus beaucoup d'eau douce, alors elle économise au maximum. Elle boit très peu, elle mange très peu puisqu'il lui faut de l'eau pour hydrater sa nourriture en poudre. Parfois, son radar se met à biper.

[00:09:55]

Et ça, ça veut dire qu'il y a des bateaux à proximité. Là, c'est un chalutier canadien qui s'approche. Elle voit l'équipage en ciré jaune sur le pont et il la voit aussi. Et ils s'approchent, éberlués. Mais quand vous êtes arrivé, vous avez besoin d'aide. No problem! Ne vous inquiétez pas, les pêcheurs n'en reviennent pas. Une femme qui rame seul dans l'Atlantique Nord sur une coquille de noix. Alors ils insistent pour leur montrer que tout va bien.

[00:10:31]

Maud se met alors à ramer énergiquement, avec le sourire aux lèvres. Et là, ils comprennent. Mais avant de partir. Clic clac! Kodak, elle les voit prendre une photo, puis s'éloigner jusqu'à devenir un petit point à l'horizon. Une autre fois, son radar se met à biper et le bip s'accélère. Un bateau doit être tout près, mais pourquoi lui ne l'a pas vu? Il a un radar lui aussi. Elle est tellement près. Quels sont ses gaz d'échappement, mais dans la brume, elle ne le voit pas.

[00:11:08]

Ou est ce qu'il est, ce fichu bateau? Mais maintenant, elle l'entend. Elle a l'impression qu'il lui fonce dessus. Ses jambes flageole. Elle a le souffle coupé. Et puis elle l'entend, qui s'éloigne. Elle ne saura jamais à quoi ressemblait ce bateau, mais il a frôlé. Ouf! Parce que c'est sa plus grosse angoisse. Se faire couper en deux par un cargo qui ne l'aurait pas vu.

[00:11:40]

Le 14 juillet, ça fait un mois qu'elle est partie et pour la première fois, c'est une belle journée ensoleillée. Le ciel est bleu marine, il est lumineux. Maud met sa main dans l'eau. Elle est à 25 degrés. Alors, elle allume son GPS pour être certaine de la bonne Noël. Saillé, elle est dans le Gulf Stream, qui va la porter à un petit moment vers l'est et le soleil.

[00:12:11]

Le soleil qui caresse enfin les panneaux solaires et les batteries qui se recharge. Elle va enfin pouvoir boire, dessaler de l'eau de mer autant qu'elle le veut. Et cela peut se faire à manger. Il lui reste cinq mille kilomètres à parcourir dans son livre et décrit pour la première fois. Je me sens accepté comme si j'avais passé les épreuves et qu'on pouvait maintenant me dévoiler les merveilles de cet univers. l'Océan devient une personne, un ami. Il est tout puissant.

[00:12:42]

Son charisme et sa force me font trembler. Ces secrets me fascinent. J'en tombe amoureuse. Sa beauté me bouleverse. Et là, un truc lui revient en tête avant le départ. Son mentor, le rameur Gérard d'Aboville, lui a donné une enveloppe avec écrit à n'ouvrir qu'à ton arrivée dans le Gulf Stream. Alors elle se précipite dans le coffre étanche où elle range ses affaires. Elle attrape l'enveloppe et elle l'ouvre. Bravo à toi maintenant le Grand Bleu!

[00:13:12]

Les dauphins, les poissons volants et autres dorade corrie Ifen. Mais ne traîne pas. La saison passe. Deux jours après. Au petit matin, Maud est en train de roupiller dans sa cabine, elle est réveillée par un bruit étrange comme un souffle très puissant. Alors, elle bondit hors de son duvet. Elle sort de sa cabine et là, à quelques dizaines de mètres, elle voit deux masses noires énormes des baleines. Et elle se dit Voilà pourquoi tu es là, ma petite Maud.

[00:13:48]

Voilà pourquoi tu as lutté contre tes propres doutes et contre ta peur de l'inconnu. A un moment, l'une des baleines se met à frapper de sa queue. La surface de l'océan si fort que le bateau se met à tanguer pour pas qu'elle s'approche plus près. Qu'est ce qu'elle fait? Elle fait comme si c'était un chien, un chat ou un pigeon. Elle frappe dans ses mains pour les faire partir la scène et j'en suis sûr. Risible. C'est dérisoire mon agitation face à ces géants.

[00:14:18]

J'imagine un oeil qui de très haut, de très, très haut, regarderai ce spectacle. Moi tout seul, à deux minutes sur l'immensité bleue, comme une toute petite marionnette qui gesticule, un pantin affolé face à deux monstres noirs imperturbable qui s'approchent à pleine vitesse, sans aucune précaution.

[00:14:39]

Evidemment, ça n'a aucun effet. Les baleines continue d'avancer vers elles et Maud commence à avoir des sueurs froides. Et d'un coup, les voilà qui plongent et qui passent sous le bateau, qui se mettent à vibrer pour dompter sa peur. Elle crie. Ça vous fait rire, peut être. Et ça continue comme ça un petit moment. Et puis elles s'en vont. En fin de matinée, Mohd reçoit un message météo Attention mode tempête tropicale en approche 4 à 5 mètres de creux, prévu 50 nœuds de vent.

[00:15:14]

On pense à toi et quatre jours plus tard, le ciel se couvre. Le vent se met à souffler. La mer devient grise. Maud a juste le temps d'enfiler une veste. Et boum! L'orage éclate, des trombes d'eau se déversent sur l'océan et des vagues énormes déferlent sur le bateau et Maud s'enferme dans la cabine pendant trente six heures. Pendant trente six heures, elle subit les assauts de la tempête. Plus tard, le 5 août, Maude est à mi parcours et la sursaut d'optimisme, elle se dit.

[00:15:57]

À ce rythme là, je serai en Bretagne pour mon anniversaire le 7 septembre et donc elle rame.

[00:16:03]

Elle rame sous le cagnard et en général, à cause de la chaleur, elle finit la journée avec des migraines carabinée. Et le pire, c'est que dans sa petite cabine, au moment de dormir, il fait 40 degrés.

[00:16:17]

Mais ça n'est pas ça dont elle souffre le plus. Ce dont elle souffre le plus, c'est de la solitude. La solitude, c'est dur, amère, sournois. C'est bruyant, cruel, abrutissant. C'est douloureux dans l'océan, se referme en tempête. Quand on se sent insignifiant, quand on ne contrôle plus rien, c'est la solitude face à la peur, face à la mort, la solitude absolue. Et nous voilà fin août, si tout va bien.

[00:16:54]

Il ne lui reste plus que dix jours de mer. Si tout va bien, car le 27 août, une tempête gigantesque lui tombe dessus. Une de plus. Mais celle là, celle là, surpasse toutes les autres. Elle se retrouve à nouveau dans les vagues, ballotté comme un bouchon dans sa cabine. Tout est cassé. Tout a volé en éclats et elle est à bout. Et elle se met à faire une sorte de crise de folie. Elle se griffent les bras, elle se griffent le visage.

[00:17:26]

La tempête qui lui a fait perdre la tête avec ça, elle a le poignet foulé. Elle a très mal aux côtes. Elle se dit qu'elle a du sang fêlé, une ou deux. Elle hurle de rage et de désespoir. Trente six heures de calvaire. Elle parvient à avoir son météorologue au téléphone. Ce n'est pas possible. La situation est intenable. Le bateau va voler en éclats. Il ne va pas résister à la force des vagues. A ce moment là, une énorme vague balaye le bateau.

[00:18:11]

La communication est coupée. Je me sens si seul face à la mort. Craindre de quitter ce monde alors qu'on est loin de ses proches, loin de la Terre. Oublier dans cet océan immense, c'est quelque chose inexprimable.

[00:18:34]

Pendant cette interminable tempête, Maud a chaviré presque vingt fois, le siège en coulisse a été arraché. Alors elle doit en bricoler un nouveau. Mais surtout, la tempête l'a détourné de sa trajectoire. Elle ne pourra pas aller jusqu'en Bretagne. A partir de maintenant, elle vise l'Espagne. EUROPE1, On raconte! Début septembre, ça fait deux mois et demi que mode et partez, trois tempêtes et une vingtaine de chavirage est la nouvelle galère. Le déstabilisateur est tombé en panne.

[00:19:12]

Il y en avait un autre de secours. Elle l'a installé, mais lui aussi vient de lâcher. Elle se retrouve en rade d'eau douce. Il lui reste quelques litres pour hydrater sa nourriture en poudre. Mais rien de plus. Mais pour boire, elle doit trouver une autre solution. Et là, il n'y a pas 36 manières. Elle peut boire de l'eau de mer ou boire son urine. Alors, elle alterne un coup de l'eau de mer, un coup du pipi, tout en guettant le ciel en espérant la pluie.

[00:19:41]

Mais rien.

[00:19:47]

À ce petit jeu, elles mangent de moins en moins. Elle boit de moins en moins. Elle a beaucoup maigri. Elle n'a plus de jus. Si ça continue, elle va devoir abandonner, abandonner si près du but. Alors une dernière fois, elle met le nez dans son destin d'initiateur. Elle le démontre, elle le remonte. Et là, miracle, une goutte. Puis deux gouttes et un léger filet d'eau claire, ça remarche.

[00:20:19]

Mi septembre, le navigateur Roland Jourdain vient à sa rencontre sur son voilier. C'est la première fois qu'elle voit un visage humain de près. Depuis son départ, elle sourit de toutes ses dents. Ça a l'air d'aller. Ouais, ça va. Allez, courage encore quelques jours et c'est fini. Jourdain lui fait passer un bidon d'eau fraîche au cas où la machine tomberait encore en panne. C'est pas de refus. La vie à bord du pilote est devenue très spartiate.

[00:20:51]

Maud commence à manquer de nourriture. Les températures sont en chute. Elle a de nouveau froid. Elle dort mal et sa cabine est complètement trempée par les tempêtes. Et voilà que des vents contraires s'y mettent. Des vents d'est. L'effet est immédiat. Elle rame, elle recule. Et puis, fin septembre, soudain, elle sent l'air de la terre. Et d'ailleurs, elle retrouve un petit oiseau hagard sur le bateau. C'est un signe qui ne trompe pas.

[00:21:19]

Y un peu plus tard, elle aperçoit des papillons. Elle est proche du but et la tombe, une mauvaise nouvelle.

[00:21:40]

Décidément, rien ne lui sera épargné. Elle se console en se disant C'est la dernière. Après, c'est fini. Le lendemain, son téléphone satellite sonne à nouveau.

[00:22:01]

Pas la peine de le lui dire. Elle rame comme une folle pendant deux jours, sans s'arrêter, sans dormir. Et plus elle avance, plus son radar se met à biper. Il y a de plus en plus de cargos. C'est le dernier Tanger.

[00:22:19]

Le 8 octobre, vers 8 heures du matin, elle est en train de ramer d'un coup, elle aperçoit la foule de joueurs. Elle se met à pleurer de bonheur.

[00:22:29]

Son aventure la est vraiment tout proche et ça fait vraiment très chaud au cœur. Après l'avoir autant attendu, j'espère pouvoir être rejoint par un bateau pour plus de sécurité et toucher terre, probablement deux radars. Je vois, j'écoute depuis ce matin et c'est vrai que dans la mesure où il n'y avait pas de bateaux prêts pour venir m'aider à l'atterrissage, je j'ai eu à attendre. Donc je longe les côtes et je me dirige tout droit vers la côte.

[00:23:11]

Et le lendemain, Maud Fontenoy arrive à La Corogne, au nord de l'Espagne. C'est fini. Elle a réussi à traverser l'Atlantique à la rame en 117 jours. C'est la première fois qu'une femme réussit un tel exploit.

[00:23:26]

Je viens de monter sur le quai et je sais, je suis là. Je veux tenir quand mes jambes. Tellement que mes jambes. Tient. C'était debout et j'ai bu. Bon, vous êtes heureuse. Je suis encore complètement confiante qu'il arrive à un bonheur enfin terminé. Plus d'angoisse. Mais je n'ai pas encore complètement complètement détendue. J'ai encore réellement eu le d'autant mieux. J'ai encore beaucoup ramé hier. Fait deux jours. Trois jours que je n'ai pas dormi.

[00:23:57]

Je ne suis pas très bon lit douillet. Là, c'est le Rafale. Je me défenderesses.

[00:24:04]

Voilà pour cette histoire. Maud Fontenoy, ça nous a rajeuni de quinze ans. Ce, c'est une histoire à laquelle vous pensez encore souvent.

[00:24:15]

C'est assez amusant. Enfin, c'est interpellant de réécouter ça parce qu'on se dise combien de chemin parcouru après ça? Et à la fois, vous l'avez très bien, très bien raconté. Je me suis vu dans ces moments d'angoisse, dans ces moments de peur. Quand j'étais tellement malade, quand j'étais tellement beau. Et puis finalement, après, on se dit finalement, on a réussi. Alors que sur le moment, fouzi ça trop. Je me suis mis à une aventure plus grande que moi et je m'en sortira pas vivant.

[00:24:41]

Ça veut dire que 15 ans après, y'a pas comme ça des moments dans la journée où pour penser à soi, à la tempête, soit au Gulf Stream, soit à la panne du déstabilisateur.

[00:24:55]

Girs, pensive. La vérité, c'est qu'on essaie toujours de se souvenir des bons moments et des mauvais. Alors c'est pareil. J'attends mon quatrième bébé. On se souvient plus de l'accouchement.

[00:25:04]

On se souvient que je sais exactement, mais j'y repense parfois dans les moments très durs de la vie parce qu'on rencontre des moments très durs. Et c'est vrai que là, j'entends rendre les tempêtes, les moments de douleur, de souffrance physique. J'en ai vécu bien d'autres après, mais en étant sur terre. Et les requins sont parfois plus féroces sur la terre ferme. Et à ce moment là, j'ai repensé à la mer. J'ai repensé à ces promesses que j'ai faites à l'océan d'essayer de toujours être digne de cette chance qui m'avait été donné de rejoindre la Terre.

[00:25:33]

Je repense à ces moments où j'étais vraiment, vraiment, vraiment seul ou personne ne pouvait me tendre la main. Et donc, il m'arrive, par exemple quand je suis stressé avant une conférence ou avant une grosse intervention, de regarder le ciel et d'essayer de me remémorer comme si désormais une carte Google et de revoir la petite, me dire bon, finalement, ça va aller.

[00:25:53]

C'est à dire qu'après ça, c'est toute la philosophie que vous essayez de développer. Maintenant, quand on a vécu, c'était Essos heureuse de la tempête, seule dans l'Atlantique, parce que au fond, ce que vous avez vécu n'était identifiable à rien d'autre. Les tempêtes dans un bateau si petit, c'est vraiment un bouchon sur des vagues de 5, 6, 7, 8 mètres. C'est ça quand on a survécu à ça, au fond. Il peut y avoir pire.

[00:26:17]

Disons qu'après quand on fait l'émission de Ruquier, ça va quoi? On a moins peur de Christine Angot, c'est ça qu'elle voulait? Non.

[00:26:27]

Et c'est vrai que c'est ça, demande une très grande exigence corporelle, de gestion de son stress, de ses émotions. Donc après, quand vous avez des gens autour de vous qui disent ça, c'est incroyable, tu gardes ton calme, quelles que soient les situations. Mais quand a eu ça, comme expérience de vie première, de garder ton calme dans des moments de peur extrême, on vous raconte un moment donné que j'en suis à me griffer. Mais tellement j'ai peur tellement j'ai mal, tellement je crois que je vais mourir là, que je vais être disloquée par la prochaine vague, que t'es dans un mode essorage de machine à laver.

[00:26:55]

Enfin, côté, plus rien côté même plus un aspect humain. Naturellement qu'après, quand tu vis des choses du quotidien, tu relativise. Après, ce qui est sûr, c'est que la relation avec l'océan, c'est une relation qui est vraie, qui est franche et directe. Tu sais ce qui t'attend. Intuitif, oui. Et puis, il y a un côté un peu, très brutal, mais il n'y a pas de sournoiserie, il n'y a pas de perversité et il s'avère que beaucoup de ceux qui nous écoutent doivent y penser, des fois confrontés à des difficultés du quotidien qui sont souvent injustes, parfois perverses, inattendues et qui sont même plus douloureuses encore à accepter.

[00:27:29]

Donc, on n'est pas fait. Ce que je veux dire par là, c'est qu'on n'est pas un super héros. Quand on fait ça, on garde cet aspect et sûrement encore plus que peut être certains traits humains. Mais on apprend à gérer. On apprend à trouver des clés pour arriver à garder son calme, gérer son stress, s'endormir malgré le fait d'être dans l'angoisse ou dans la peur. Et donc, c'est les conseils que je donne dans mon livre aujourd'hui.

[00:27:53]

Il y a quelque chose que j'ai remarqué, c'est que vous pleurez au début, au moment de quitter le port de Saint-Pierre-et-Miquelon, vous pleurez tout du long, vous pleurez à l'arrivée. Ça, c'est quelque chose parce que j'ai eu Yvan Bourgnon, par exemple, récemment. Il pleure. Jamais Catherine Chabaud me disait Je ne pleure jamais. Vous vous dites je pleure. Vous assumez ça?

[00:28:15]

C'est vrai que c'est beaucoup d'émotions que de revivre cette première aventure qui a sûrement forgé un peu les autres. Et puis, un peu le reste de ma vie. Non.

[00:28:22]

Je tenais beaucoup à être vraiment dans une très grande honnêteté sur ce qu'on ressent, sur ce qu'on vit et à garder ce qui fait de moi la personne, c'est à dire? C'est aussi cette grande émotivité, cette grande fragilité qui n'empêche pas une grande force, une grande détermination et une grande persévérance et dont j'avais voulu jouer justement ce côté. Vraiment? Cartes sur table? Ben oui, on pleure parce qu'on est à bout. Parce que c'est dur. Parce qu'on est isolé.

[00:28:48]

Parce qu'on a conscience qu'on est là. Parce qu'on a décidé d'y aller et que donc, tu n'as personne. Tu n'as pas de main tendue. Tu n'as pas de filet France dans le Pacifique.

[00:28:58]

Vous pleurez moins après l'aventure d'apprenants. Onest que cette heures sur vous même que vous avez.

[00:29:03]

Honnêtement, je pense que s'endurcir naturellement émotionnellement. La vie vous endurci. Mais moi, je garde justement cette émotivité là qui me fait arriver à autant à pleurer devant un soleil couchant, devant des merveilles dont je l'écris également dans le livre que je décris dans le livre également, qui sont là?

[00:29:23]

La beauté de la mer, le ciel étoilé avec des étoiles tellement nombreuses qu'on a l'impression qu'elles vont tomber dans la mer avec cette émotion d'être là où on a rêvé, d'être enfin des moments incroyables qui vont aller vraiment au fond de vous même, dans toutes les émotions. Des émotions d'euphorie, de réalisation, de souffrances physiques, de souffrance mentale. Et oui, aussi de grande tristesse. Parce que l'homme n'est pas fait pour être tout seul, isolé pendant quatre mois.

[00:29:50]

Comme ça, il n'est pas fait pour ça. On est des êtres grégaires, on a besoin des autres. On a besoin de se ressourcer en étant près des uns et des autres. Dans mon livre aujourd'hui, c'est vrai que je me tire expérience de ça pour dire voilà, servez vous des gens qui vous êtes. Vous parlez beaucoup de Gérard d'Aboville, que vous allez bientôt recevoir également. Ça a été un de ceux qui m'a tendu une main. Vous avez tout au long de votre chemin.

[00:30:09]

Tous ceux qui vous disent T'es pas fait pour ça? Tu ne vas pas y arriver sont trop sensibles. Et machin truc. Et puis, il y en a quelques uns qui vont vous tirer vers le haut. Et donc, il faut s'accrocher et s'accrocher à ces porteurs d'espoir qui vont être des moments, donner un regard qui être une rencontre, un livre, une musique et qui vont vous porter dans ces moments là et sûrement pas lier votre émotivité et les souffrances que vous allez vivre.

[00:30:36]

Une petite question bêtement technique, mais ce n'est écrit nulle part. Les capitonnées, cette cabine, parce que à l'intérieur, vous êtes ballotés à un point Kokou. Elle est indescriptible, en vérité, c'est dire. Mes mots sont impuissants pour raconter ce que c'est que de vivre une tempête dans une boîte comme ça, de 7 mètres de long sur deux mètres de large où habitacles l'habitacle, cercueil dans lequel on s'enferme pour dormir, c'est vraiment un tout petit espace cercueil tout minuscule.

[00:30:58]

Vous imaginez lequel en sauverons sans fil à l'intérieur, qui fait vraiment un tout petit espace d'un mètre cube? Et c'est vrai, il y a plus d'oxygène au bout de vingt minutes pour respirer. On a la difficulté de devoir ouvrir son capot et de ne pas l'ouvrir au mauvais moment pour pas que le bateau se remplissent d'eau. Parce que là, du coup, tu pourrais couler à cause de ça, alors que sinon, ça fait une réserve d'air qui pourrait empêcher peut être de couler.

[00:31:16]

Et il a été un peu plus capitonnées sur les prochaines sur la traversée du Pacifique Damazan capitonnés et Je me souviens de Gérard d'Aboville, m'avait dit Il faut que tu enveloppe la tête d'un turban ou d'une serviette pour éviter d'avoir trop de souffrances et dont j'avais le visage tuméfié.

[00:31:34]

J'avais vraiment des bosses partout et je vous avoue que quand on est entamé physiquement, ça touche à votre moral aussi vert qu'une desexpériences. C'est prendre soin de son corps au maximum pour que votre moral tienne.

[00:31:48]

C'est intéressant, c'est très important. Qu'est ce qu'il y a à tirer sur le plan personnel de cet enfer? On a le sentiment que c'est acquis dans votre éducation qu'il faut souffrir pour être un homme ou une femme.

[00:32:03]

Un homme au sens large, avec un travail totalement banni. Aujourd'hui, je veux dire un homme ou une femme, mais moi, j'utilise avec un grand H parce que j'aime l'idée d'humanité.

[00:32:13]

On est d'accord, mais c'est vrai que c'est une des choses qui me fait souffrir, c'est d'être toujours ramenée au côté masculin. On disait tout le temps c'est un vrai mec, c'est pas une gonzesse. Celle là, elle en a. Pour y arriver, on avait l'impression que si on faisait ce genre de choses, on n'avait pas le droit ni d'être une femme, ni d'être féminine, ni d'avoir envie de faire des enfants. C'est quelque chose sur lequel je me suis toujours battu.

[00:32:34]

Je continue à me battre.

[00:32:35]

Aujourd'hui, j'ai un engagement assez fort pour essayer de libérer les enfants puisque le quatrième est le quatrième pour essayer d'exprimer le fait que oui, on a le droit.

[00:32:44]

Et c'est pour revenir au travers que si on a le droit de pleurer, on a le droit de s'épiler les jambes. Dans les quarantièmes rugissants, on a le droit de se faire un masque sur le visage et voire même de se maquiller le jour de l'arrivée. Et aussi d'être capable de résister à ces moments terribles où là, on se sent vide de tout à fin, tellement tellement fragile.

[00:33:05]

Une toute petite étincelle de vie ballottée par ces flots de gens abandonnés.

[00:33:10]

J'en reviens à ma question mode. D'où sortez vous cette idée qui est très chrétienne, en vérité possiblement chrétienne, qui va se faire mal rire? Qu'il faille se faire mal pour connaître le bonheur et l'extase. C'est le moine qui porte la silice. C'est le Christ qui souffre sur la croix. C'est une question d'éducation chrétienne.

[00:33:29]

Profondément, pas complètement.

[00:33:33]

Mais j'aime l'idée que le bonheur n'est pas forcément confortable. J'aime l'idée qu'on éprouve aussi du plaisir dans le dépassement de soi, d'en réaliser quelque chose qui est plus grand que soi. Je suis parti à la rame pour montrer que c'était possible pour une femme de le faire, que ce n'était pas une question de gros bras, mais d'abord une question de volonté. J'ai voulu montrer que dans tout projet, c'est comme une immense montagne et dans le quotidien, c'est pareil.

[00:33:57]

Le but, l'objet final, c'est toujours un peu dans les nuages. Et vous allez couper la montagne en petits morceaux déstructurés un peu. Le problème est petit à petit. Vous allez y arriver et c'était tous ces messages que je voulais faire passer aux enfants qui me suivaient dans les écoles, dans les hôpitaux. Dire voyez vous, faut aller contre les idées reçues. Et puis, il y a cet effort dans lequel vous trouverez aussi du plaisir. Et il y a plein de moments de bonheur aussi dans le livre, qui sont des moments de réalisation personnelle, de dépassement, parce qu'il a du plaisir dans le dépassement de soi.

[00:34:25]

On n'a pas tous envie de se lever le matin. Il y a des journées qui sont un peu plus dures que d'autres, mais quand on a le sentiment d'être dans le bon sens et d'aller dans ses valeurs, de ses valeurs de courage, de bienveillance, par amour, par passion, et bien ça vous fait réaliser de grandes choses.

[00:34:39]

Mais ce faisant, c'est là que vous êtes une femme de droite, c'est à dire que ces idées là sont les idées traditionnelles de la droite.

[00:34:49]

Alors je sais pas. Mais alors, voyez vous, je vais vous donner une cohérence, me semble de dire, puisque vous êtes engagé en politique. Maintenant, je suis engagé pour la préservation, pour l'environnement.

[00:35:01]

Je me suis engagé pour faire avancer ma cause parce que mes défis m'ont fait croiser le septième continent de déchets, m'ont fait croiser des nappes de pétrole, m'ont fait comprendre les enjeux du réchauffement climatique et je me suis dit Tu dois agir dans tes livres, dans tes films, mais aussi dans des domaines que tu connais moins et dans la cité qui est plus difficile.

[00:35:21]

Après, est ce que je me sens plus de droite ou de gauche? En tous les cas, moi, je pense que le combat environnemental, il est partout. Il est transversal à tout. Après le souci de l'excellence, je pense que l'on partage tout ça.

[00:35:33]

Mais il y a quand même là, me semble t il. On ne va pas s'attarder là dessus. Vous suivez d'ailleurs toutes celles qui sont passées après vous? Non, parce qu'elles sont passées par le milieu de l'Atlantique, qui ont fait plus de distance que vous. Notamment une Française. Mais depuis vous? Est ce que quelqu'un à une femme a refait le même parcours que vous?

[00:35:51]

Non. Vous suivez ça? Oh oui, ça vous intéresse, le côté record à peu du souffle?

[00:35:57]

Oui et non, non. Oui, ça ne m'intéressait pas trop. Je ne suis pas du tout dans la vitesse, dans le record. J'aime bien plutôt la laccomplissement personnel. J'aimerais bien pousser mes enfants à trouver leur chemin, quels qu'ils soient. Je ne les pousse pas à faire du bateau avec moi, même si aujourd'hui, dans le cadre de ma fondation, je fais naviguer des enfants en rémission de cancer. Enfin, j'essaie vraiment d'amener. Le milieu marin Québec a tellement besoin d'être préservé, poussez pas vos gamins à faire du bateau alors que vos parents vous ont poussé.

[00:36:22]

Bah, disons que mes parents ont fait le choix de partir en mer dans ce raid de 15 ans et de se préoccuper de l'éducation de leurs enfants en faisant l'école par correspondance.

[00:36:30]

Et mes parents à 15 ans avec vos parents 15 ans sur tout le monde? Oui, voilà, c'est vrai.

[00:36:35]

Qu'est ce que m'ont appris mes parents? Ils m'ont appris que finalement, il fallait avoir son propre projet, son propre rêve. Fallait pas lâcher qu'il fallait y aller et je pense qu'ils m'ont appris aussi une certaine autonomie, puis m'adapter un peu partout. Moi, quand j'étais petite, quel que soit l'endroit où on était, il fallait dormir par terre, on dormait par terre. On était bien partout et je crois qu'aujourd'hui, ça reste que je suis assez souple dans l'idée d'être, de trouver des petits moments de bonheur dans des petites choses du quotidien, mais toujours porteur.

[00:37:03]

Ça peut arriver et ça peut arriver. Non, mais peu importe, je suis, je suis bien. Mais le matelas à mémoire de forme, il est très confortable. Il ne faut pas trop s'habituer aux choses du confort de l'existence. J'aurais trop peur qu'on me le reprenne un jour. J'essaye de vous parliez tout à l'heure. C'est une valeur humaine ou humaniste ou universelle d'avoir cette envie de se dépasser, d'essayer de faire le meilleur de soi. Mais moi, je sais que c'est un plaisir pour moi que d'essayer d'être digne de la chance qui m'est donnée.

[00:37:32]

Je me rends compte chaque jour, et probablement par mes aventures, que la vie est très fragile. Je m'en suis d'autant plus rendu compte plus grande aujourd'hui avec la maladie, mon petit garçon avec la mort de ma maman, avec des moments très durs dans ma vie, qui m'ont fait comprendre que ça vous échappe parfois et que la volonté n'est pas la solution à tout et que ne vient pas à bout de tout et que parfois, vous êtes confrontés à des injustices, à des duretés, de la perversité et auxquels vous devez faire face.

[00:37:59]

Et là, on doit chercher la ressource au fond de soi. Et cette ressource, on l'a tous au fond de nous mêmes, mais on sait pas tous exactement comment aller la chercher. Il est vrai que les aventures à la rame comme celles de l'Atlantique-Nord, bon, c'est un révélateur. C'est un accélérateur de particules, probablement naturellement pendant quatre mois et forcé. Puis, quand t'es arrivé au bout, t'as compris.

[00:38:18]

Là, naturellement, on a compris que ça s'impose dans votre dans votre livre, on se tutoie, on se vouvoie entre deux. Bon, c'est comme ça, c'est naturel. Dans votre dernier livre, qui s'appelle Vivre vraiment, une méthode d'accomplissement personnel qui paraît chez Chauffeur, vous dites? Ces expériences ont fait de moi une femme meilleure. Mais au fond, toutes les expériences améliorent notre vie. Est ce que vous auriez pu devenir une femme meilleure, par exemple en distribuant à manger aux migrants à la porte de la Chapelle?

[00:38:47]

Absolument. Ah non, mais moi, je suis pour l'accomplissement de chacun. Physique? Ah non, pas du tout.

[00:38:53]

C'est à dire que j'ai fait une recette de cuisine demain. J'essaie de prendre la recette d'Alain Ducasse pour essayer qu'elle soit la meilleure possible. J'essaye de me dire chaque soir que j'ai bossé, que j'ai fait les choses du mieux possible. J'ai conscience de la fragilité de l'existence et j'ai peur de la mort terriblement parce que j'ai peur de l'absence de vie. Je me dis qu'un jour, ça va s'arrêter et j'essaye de non.

[00:39:15]

Non, pas de faire n'importe quoi, mais j'aime tellement la vie que je veux tout risquer pour elle. Vous voyez, c'est une idée de se donner à fond pour essayer d'être forcément dans la chose physique.

[00:39:24]

Parce que malgré tout, oui, l'enseignement de ces aventures là est très physique. Il y a un côté marche ou crève. Mettre un pied devant l'autre et recommencer. Est ce que vous pouvez vous trouver le même plaisir et le même épanouissement dans des choses non physiques?

[00:39:42]

Non, je comprends bien la question, mais c'est résumer la traversée de l'Atlantique Nord à la rame, cadre de la chose physique. Alors, en réalité, c'est ça le message le plus important et sûrement de mon livre d'aujourd'hui, c'est de dire que c'est le mental qu'on fait tous avec le mental qu'on avance. Et moi, je peux vous dire qu'il n'y a pas grand monde qui misait sur le fait que j'allais réussir la traversée, puis une autre, puis le tour du monde.

[00:40:00]

Tout le monde pariait dans les bars sur le fait que je n'allais pas tenir trois jours. Donc, naturellement, ce n'est pas le physique a tenu là, c'est la tête, c'est l'envie. C'est le message qu'on veut faire passer. C'est sûrement ce défi qu'on se lance à soi même aujourd'hui dans mon quotidien. Moi, j'ai un plaisir immense dans mon engagement au sein de ma fondation parce que je fais de l'éducation à l'environnement dans tout le milieu scolaire français.

[00:40:20]

J'ai un plaisir immense dans ma vie de maman, dans ma vie de femme, et j'essaye justement de donner des conseils pour retrouver sûrement parfois le bonheur, mais surtout l'apaisement, la sérénité, de se déposséder de certaines choses, de revenir sur un art de l'essentiel et d'essayer toujours de tourner les choses du côté positif pour essayer d'avancer, donner du sens à sa vie. Alors, certains vont trouver la traversée à la rame. Ça manque de sens et d'Aboville vous répondra et fait la fête.

[00:40:48]

Tellement de choses qui ont du sens, tellement de ponts utiles. Et finalement, on se souvient de lui que ce monstre d'inutilité qu'est la tour Eiffel. Et finalement, je crois que ce qui nous porte, c'est ce rêve, c'est ce rêve de voir plus loin. C'est ce rêve d'aller plus haut. C'est ce tableau de visualisation dont je parle dans mon livre qui est de déstructurées. Qu'est ce qu'on veut vraiment dans sa vie pro, dans sa vie perso, dans sa vie familiale?

[00:41:11]

Pour bien, encore une fois, rassembler toutes ses énergies?

[00:41:17]

Et de se réconcilier avec cette force incroyable. Le prochain objectif personnel endoréique on enlève la fondation, c'est un objectif, mais vous vous êtes fixé trop d'objectifs de court terme ces quinze dernières années pour ne pas recommencer?

[00:41:34]

Non. Alors moi, je ne suis pas quelqu'un qui recommence les mêmes choses. Certains sont parfois là dedans et moi, j'aime bien changer pour apprendre et j'aime bien me mettre dans la difficulté. Et donc, du coup, je ne verrai pas toute ma vie reproduire ces mêmes aventures maritimes. Aujourd'hui, c'est déjà un défi du quotidien d'arriver.

[00:41:53]

Vendée Globe, par exemple, ça vous tente? Pas vraiment.

[00:41:56]

Parce qu'il y a un aspect de course à être meilleur que les autres. Et moi, j'aime plutôt valoriser l'humain et valoriser le fait d'être meilleur qu'un autre. Mais en tous les cas, faire déjà ce quatrième enfant et élever les miens dans la sérénité, c'est pas mal.

[00:42:07]

C'est vrai que c'est votre objectif.

[00:42:10]

Et puis peut être un jour, faire des beaux documentaires sur combien la nature nous apporte de la joie et des ressources incroyables.

[00:42:19]

Des centaines d'histoires disponibles sur vos plateformes d'écoute et sur Europe1.fr.