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Européen, Delatte raconte. Bonjour a tous, je vais vous raconter aujourd'hui une grande affaire judiciaire du dix neuvième siècle de 10 840 très précisément, qui se déroule dans la région du Puy en Velay, dans la Haute-Loire. L'assassinat du châtelain du village de Saint-Étienne, de l'art des rôles Louis Marie Villehardouin, de Marcel Lange qui a tué sa femme et sa belle mère, la comtesse de Blase, ou plus simplement son valet. En 1840, la France est sous la monarchie de Louis-Philippe.

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Alors vous pensez qu'il est raisonnable de condamner des aristocrates? Évidemment, non. Alors suivez moi. C'est une histoire assez extraordinaire. Je l'ai écrite avec Thomas Audouard. Réalisation Céline Labrosse.

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Cette histoire se déroule au milieu du dix neuvième siècle, en 1840, dans un petit village de Haute-Loire qui s'appelle Saint-Etienne. De l'art Deyrolle, à 13 km du Puy en Velay. Et là se trouve un château. Enfin, ce n'est pas Versailles non plus, mais c'est comme ça que les gens du coin l'appellent le château. Le château de Champs Blass, si on est un peu objectif, disons que c'est une grosse ferme, une belle ferme avec une tour, une tourelle, en vérité.

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Mais la preuve que c'est un château, c'est qu'il y a peu vivait là. Le comte de Champs Blass et à sa mort, c'est sa fille qui en a hérité. Eugénie Théodora de Larroche, néglige d'Ochamps. Blass, rien que ça. Avec son mari, qui donne aussi dans La rallonge Louis-Marie Villehardouin de Marie Solange. Ils sont mariés depuis cinq ans. Et entre nous, ce n'est pas l'amour fou puisque madame, en effet, ne vit pas là.

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Elle vit avec Momo dans un hôtel particulier du Puy en Velay. Et d'ailleurs, d'après ce qu'il se dit, monsieur non plus, bientôt ne vivra plus là. Il est sur le point d'aller s'installer dans l'une de ses propriétés à Moulins, dans l'Allier. Je vous le dis tout de suite il n'ira pas, car c'est lui le mort de mon histoire. Alors voilà comment il est mort. Nous sommes le soir du 1er septembre 1840. C'est demain que monsieur quitte le domaine pour l'Allier.

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Il va mettre le château en fermage. C'est la fin d'une époque et c'est sa dernière soirée dans son château. Ce château dans lequel il est venu s'installer il y a quatre ans, par amour et comme l'amour s'en est allé. Eh bien, il s'en va aussi. C'est son dernier dîner. Et là, je vous enlève tout de suite une image de la tête. Louis de Marcel Ange n'est pas du genre qui dîne tout seul dans sa grande salle à manger, avec une bonne qui lui sert le potage en passant les lèvres.

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Si vous pensez ça, vous n'y êtes pas du tout. Il est beaucoup plus simple que ça. Il dîne tous les soirs avec ses domestiques dans la cuisine, autour de la table. Il y a tous ces gens de ferme et sa cuisinière Jeanne-Marie, et même son régisseur Séraphin Achard. Il fait comme ça depuis que madame est partie faire la Shoshones en ville et ça lui va bien. Et donc, pour ce dernier dîner, il s'est assis comme il le fait toujours en bout de table d'eau, à la cheminée, avec ses deux chiens à ses pieds.

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La brave Jeanne-Marie a préparé une soupe et du chou. Holà! Remettez donc un peu de bois au feu. Comme il fait froid et séraphins, je vous en prie, remontez nous de la cave une bonne bouteille d'eau de vie. Nous allons célébrer notre départ. Il vient à peine de terminer sa phrase Un éclair traverse la pièce et Louis-Marie Villehardouin de Marcella l'Ange bascule dans les cendres de la cheminée mort. Ça, alors, on l'a tué. Jeanne-Marie s'empare d'un torchon.

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Elle labib de vinaigre et elle se précipite, car le sang coule par la bouche et par la poitrine. J'ai peut être belletante celle d'un cheval et de partir chercher le docteur. Je crois plutôt que c'est le curé qu'il faut aller chercher.

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Il est passé, il est passé notre bon monsieur, et là, tous les regards se tournent d'un coup vers la fenêtre. La vitre est cassée. Ces deux là, on a tiré sur monsieur. Sans odeur, ça sent la poudre prendre une lanterne bien.

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Et ils sortent à deux, deux garçons de ferme. Et pour vous dire, ils ont la frousse, la frousse qu'on leur tire dessus, alors ils font un petit tour rapide, ils ne voient rien d'anormal et ils rentrent dare dare. Ils ne remarquent même pas que le chien de garde n'est pas attaché à sa place.

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Et là, qu'est ce qu'ils font? D'abord, il pleurniche un peu parce qu'il l'aime bien, une partie d'ailleurs d'entre eux devaient le suivre dans sa nouvelle propriété. Et puis, constatant qu'il est tard et bien que voulez vous, ils vont se coucher. On verra demain.

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Et le lendemain, au lever du jour, c'est Louis, l'un des domestiques, qui s'en va à dollars Deyrolle prévenir monsieur le maire. Terrible nouvelle, mon pauvre Louis, que tu m'apprend la terrible nouvelle. Il me faut prévenir sa femme, je m'en vais rédiger une lettre pour Etoo de la lui porter au Puy en Velay. Bien sûr, monsieur le maire. Bien sûr que je peux. EUROPE1, On raconte! Mme de Marcel l'Ange habite avec sa mère, rue de l'ancienne Préfecture.

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C'est juste en dessous de la cathédrale du plus bel hôtel particulier, dont la porte est ornée d'une tête de méduse. Quand Louis sonne à la porte, c'est Marie, la domestique de madame, qui lui vaut un loyer.

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Quelle nouvelle! Des mauvaises nouvelles Mamadi, des mauvaises asseoir notre maître. Il a été tué par la fenêtre au montueux Jésus-Marie. J'ai lu une lettre pour Mme Courtonne. Moi, je la lui porte. Et toi, tu vas voir Jack. Il connait bien du malheur en ce moment, à un mois qu'il est cloué au lit. Ça lui fera bien plaisir de voir. Jacques, c'est Jacques Besson. C'est l'un des domestiques de madame. Il a ce qu'on appelle à l'époque la petite vérole la variole, revendez.

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Comment ça va t il Mambro, Jacques? J'ai une terrible nouvelle pour toi. On a tué M. Monsieur et commença, on était à table, on a tiré par la fenêtre, il est tombé raide, il a reçu deux balles. Ambassadors. Et là, Jacques change de sujet. Regarde donc pieds comme ils sont écorchés. Je peux à peine marcher, je le souffre à chaque pas. Je vous raconte ça parce que on s'étonnera plus tard qu'il soit passé si vite à autre chose.

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Bref.

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A ce moment là arrive Mme, totalement affolé. Je ne comprends pas. Je ne comprends pas comment la chose est arrivée. Et là dessus, elle rejoint ses appartements et elle se met à écrire une lettre au préfet de la Haute-Loire, Monsieur le préfet. Plongé dans la douleur, je n'ai que le temps de vous prier de vous rendre auprès des autorités judiciaires pour leur faire connaître l'affreux évènement qui vient de m'arriver. Ayez la bonté immédiatement après de vous rendre à Chambaz et de tâcher de recueillir des renseignements sur les auteurs de crimes afin qu'ils puissent être signalés à la justice.

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La suite de la lettre est assez délicieuse. Elle demande au préfet, figurez vous, de se charger des funérailles de son époux. Oui, monsieur, pas gêné. Elle lui suggère de se rapprocher de sa famille, qui vit dans le bourdonner. Et elle ajoute elle même de sa main à la plume. Cette phrase étonnante Je ne pourrai pas moi même être présente aux obsèques. Sacrebleu, voilà une veuve vite consolée. Elle n'a pas le temps d'aller aux obsèques de son époux.

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Pas plus qu'elle ne prend le temps d'ailleurs d'aller jusqu'au château, qui n'est qu'à 13 km. On sait qu'entre eux, ça n'était pas le grand amour, mais au moins pour sauver des apparences. Elle aurait pu à. Et sa mère, avec son gendre tout de même. Elle n'y vont ni l'une ni l'autre. Elle se contente d'envoyer un domestique, Jacques, celui qui a la petite vérole. Quel drôle de choix! Je dis ça parce que il est de notoriété publique que Jacques et Monsieur ne Marcet l'ange ne s'apprécient guère, au point que monsieur l'avait mis à la porte, l'obligeant à se réfugier chez madame et sa mère.

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Ça avait fait un sacré foin. Pensez vous que Jacques travaillait au Château depuis ses 16 ans? Monsieur le Comte l'avait embauché comme gardien de pourceaux et il avait fini par en faire son homme de confiance. L'administrateur du domaine et monsieur le Comte meurt et monsieur Marcel Lange le renvoie alors vraiment. Quelle drôle d'idée de l'envoyer, lui!

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Et donc, voilà Jack qui arrive au château le lendemain du meurtre. Envoyé spécial des dames d'Ochamps Blass. Quand ils arrivent, les autorités sont déjà sur place. Le procureur du roi Maria, le juge d'instruction à Exbrayat de la barrière et le maréchal des logis décroît. Les deux docteurs qui ont commencé l'autopsie sur la grande table de la cuisine.

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Voyons, voyons! Bien ma foi, le poumon droit est Embry a le coeur aussi, le coeur est perforé. Je dois vous dire que jamais de ma carrière, je n'ai vu un coup de feu provoquer pareil désordre. Pendant ce temps, le maréchal des logis constate que la chaise sur laquelle Marcel Lange était assis porte des traces de coups de feu. Le barreau supérieur qui tenait son dos a été brisé net. L'autopsie est terminée. On apporte un cercueil fait de quatre mauvaises planches et on y en fourn le corps de Marcel Lange.

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Et pile à ce moment là apparaît le chien, le chien de garde du château qui, en principe, est toujours dehors, attaché et dont l'unique travail consiste à aboyer quand quelqu'un arrive. Et là, d'un coup, tout le monde se dit Tiens, c'est bizarre.

[00:12:12]

Pourquoi est ce qu'il n'a pas aboyé hier soir, regardant une amie lieu, Nichane? Et la chienne n'est pas non plus accrochée au piquet. Là déboule un voisin. André Arzak, j'habite là bas, tout près. Bah, c'est moi qui l'ai trouvé, le chien, je l'ai trouvé chez moi et il est arrivé hier soir. Les gendarmes prennent sa déposition en août et c'est donc par cette question que débute cette enquête qui a pu détacher ce chien sent qu'il n'a bois parce que tous les domestiques le disent.

[00:12:49]

Je suis formel. Le molosse ne se laisse pas approcher comme ça par personne, sauf par le garde chasse. Le garde chasse le garde chasse Pierre Picard. Il dînait avec les autres le soir du meurtre. Ça ne peut pas être lui. On l'interroge, bien sûr. Je l'ai attaché. Juste avant le souper, j'en suis certain. A ce moment là, le voisin raconte que quand le chien a débarqué chez lui, il était tout doux, pas agressif du tout.

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Il ne lui a pas fait peur à aucun moment. À part ça, on ne retrouve ni son collier ni la chaîne qui le tenait attachée.

[00:13:35]

Je sais ce que vous vous dites. Vous vous dites que cette histoire de chien nous égare, que l'enquête est en train de se perdre? Eh bien, pas tant que ça, car le lendemain, on retrouve le chien mort dans un bois, tué de deux coups de fusil.

[00:13:53]

Le lendemain du meurtre, à midi, tout le monde se retrouve à déjeuner dans la salle à manger du château. Les domestiques, les magistrats et les gendarmes et étrangetés. C'est Jacques, le domestique de Madame, son envoyé spécial à Chambaz, qui se retrouve à faire le service malgré sa petite vérole.

[00:14:14]

C'était content. Il est purulent. Il va nous donner sa maladie. Celui que M. De Marcella avait renvoyé semble reprendre sa place au château. Aussitôt le repas terminé débarque le notaire qui vient poser des scellés sur les portes du château et ensuite, dès l'après midi, les gendarmes se mettent à arrêter des gens. Des tas de gens sans trop de preuves, sur la base de rumeurs et de dénonciations. Ça commence avec le paysan de. Il y a quelques mois, il a eu un différend avec Morcelant.

[00:14:53]

Il ne payait pas son loyer pour ses terres. Le châtelain l'avait poursuivi en justice et la rumeur dit que quand il a appris la mort de Martelange, il a dit Mais dommage que ça arrive si tard. Ça, Laurent suspecte tout de suite, mais il a un alibi. Le soir du crime, il dînait à plusieurs lieux de Chambaz. Il y a des témoins, donc ce n'est pas lui.

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Quelque temps plus tard, le voisin le plus proche du domaine, un certain Claude Raineau, vient raconter aux gendarmes qu'il pense avoir vu le tueur.

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C'était avant que la nuit tombe. Je l'ai vu rôder sur mes terres. Un homme armé d'un fusil? Alors, les gendarmes trouvent un homme vagabond que tout le monde appelle Magnan et qui exerce vaguement le métier de décrocheur, c'est à dire qu'il va cirer les bottes et les souliers de maison en maison. On le montre au voisin.

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Est ce que c'est lui que vous avez vu avec un fusil dans votre champ? Spooler. Et ce, ça pourrait suffire à l'envoyer en prison. Après quoi les gendarmes arrêtent un certain cotent Pye à Boissonnet et un certain Bidoul, car les gens disent que ce Bouboule s'est mise à trembler quand il a vu le cercueil de Marcel Ange. Au total, ça fait 4 personnes en prison sans aucune preuve. Sans aucun mobile. Quel serait l'intérêt de ces gens à tuer?

[00:16:36]

Morcelant? Qu'est ce que ça leur rapporte? Rien. Quel bénéfice en tire t il? Aucun. Qu'importe. Les gendarmes ne les relâchent pas pour autant, au cas où on ne sait jamais. À l'époque, garder un innocent en prison ne pose strictement aucun problème, alors qu'entre nous, il paraît clair que l'assassin n'était pas un rôdeur. On n'a pas tué Martelange pour le volet puisqu'on l'a tué de loin et qu'on n'est pas rentré. Et d'ailleurs, à force d'interroger tous les paysans du coin, tous ceux qui disent qu'ils ont vu quelqu'un dans la campagne quelques heures avant le crime, ce n'est pas en Rother qu'ils décrivent.

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Ils parlent d'un homme avec de grosses lèvres ourlées, portant une blouse blanche et un pantalon de velours vert olive et chaussés avec des escarpins, des escarpins en pleine campagne. Ce n'est pas la description d'un m'annonçant. Ce serait plutôt la description d'un bourgeois ou, au pire, d'un valée un peu poudré, mais certainement pas d'un paysan.

[00:17:55]

À part ça, il faut que je vous dise ce qui se dit au Puy en Velay. Pas parce que ça cause en vélo, lol, alors ça cause beaucoup. Ce meurtre passionne les gens. Et qu'est ce qu'ils disent, les gens? Ils pensent qu'il faudrait chercher du côté de ces dames, les dames de Jean Blass, Eugénie, Théodora et sa momon. Sont tels qu'ils l'ont fructueux, sinon elles ne l'ont jamais aimée. Elle ne le trouvait pas assez raffiné, trop bouseux, Bourel.

[00:18:27]

Moi, je suis bien d'accord avec toi. Mais par qu'ils ont fait tuer par leur valet, Pardi! Par Jacques Besson. Ça coule de source. Voilà ce que disent les gens du Puy en Velay. Les gendarmes interrogent la sœur de Marcel, Ange, madame de Tarab. Elle raconte des histoires bien intéressantes. Marcellin se sentait menacé. Chaque fois que j'ai vu mon frère ces derniers temps, il ne cessait de me répéter Si je meurs assassiné, venge moi.

[00:19:02]

Il me l'a dit plusieurs fois, au point que j'en ai parlé à mon cher ami le préfet de Moulins, le baron Méchin. Il pourra vous le confirmer. Je suis allé le voir à Pâques pour lui en parler. Un autre aristos de moulins, Monsieur de Fromentin, confirme la chose. Il me l'a dit, je suis sûr d'être assassiné. Il me l'a dit et il a ajouté Ça ne tardera pas. Vous a t il dit par qui?

[00:19:28]

Non, ça ne me l'a pas dit. Là dessus, le vieux monsieur de Marcella, Jean Moulin, le père du Maure, reçoit une lettre anonyme, une horreur. Le corbeau traite la victime de tous les noms de rats, de cave, de bâtards, de marcassin de Paris, tels tous les noms d'oiseaux y passent. Mais surtout, ce que dit le corbeau, c'est que monsieur Marcel Ange délaissait son épouse qui l'a laissé sans argent, qu'elle était obligée de faire des ardoises chez les marchands du puits au point qu'elle avait demandé la séparation de biens qui, d'ailleurs, lui avaient été refusés par le tribunal.

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Et là là, vous conviendrez qu'il y a un mobile, les dames de Champ Blase auraient elles tué Marcel Lange pour s'en débarrasser à une époque où il n'était évidemment pas question de divorcer? La très compte sur Europa. Sa femme et sa belle mère, en faisant interroger les domestiques, un parent, le juge s'aperçoit que la belle mère, la comtesse, n'est pas pour rien dans la séparation du couple. Elle ne supporte pas son gendre. Et qu'est ce qu'elle ne supportait pas?

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Ces manières d'une dame de la ville et lui, il arrivait par le torse débraillé, les ongles noirs, les sabots crottés, et ça ne leur convenait pas. Ni elle, ni sa fille. Ce sont des dames dans la vie, dit elle. Elle s'intéressait aux belles robes et lui ne les laissait pas dépenser. C'est là qu'elles sont parties toutes les deux du château. Exactement. C'est là qu'elles sont allées vivre en ville, au Puy en Velay.

[00:21:26]

Très intéressant, il y avait donc du ressentiment entre Marcel Ange et sa femme et sa belle mère, et le juge n'a pas encore tout entendu, même si le juge. Il y a aussi la mort des deux fils de M. Sélange. Elle est bizarre. La mort des fils, dites vous? Oui, oui, oui, il avait deux fils. Ils sont morts tous les deux à quatre mois d'intervalle. Et où vivait il y vivait chez les dames de Blass, au pays, de quoi sont ils morts au juste?

[00:22:00]

Ah ça, on ne sait pas, monsieur Jules. Elles n'ont même pas averti M. De l'ange de la mort du second, comme je vous dis. Mais monsieur, en tout cas, à bien regretter de ne pas avoir demandé l'autopsie.

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Dame de champ, Blase aurait elle empoisonné leurs enfants et petits enfants et plus tard, fait tuer Monsieur de Marcel? C'est une accusation considérable. Le juge prend alors une drôle d'histoire un soir qu'il rentre de voyage. Louis de Marcel l'Ange, n'a pas la force de poursuivre jusqu'à Chambliss et donc il s'arrête pour coucher. Puis il arrive tard. Sa femme et sa belle mère sont absentes. La cuisinière est déjà au lit. C'est Marie, la femme de chambre, qui l'accueille.

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L'UNRPA. Oui, oui, je meurt de faim. Trouvez moi une bonne soupe, Marie. Et puis bricolait moi une omelette faite au plus simple. Quelques minutes plus tard, Marie lui aurait servi une soupe chaude et une omelette au lard et aux champignons affamés. Martelange, ce serait Biafrais et le repas terminé, il aurait ressenti un mal de ventre épouvantable et il se serait mis à vomir en disant Je suis empoisonné.

[00:23:21]

Oh oui, je suis empoisonné.

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Il aurait passé plusieurs jours alité avant de se remettre. Alors, était ce à cause des champignons, de l'omelette qui n'était pas bon ou accostant poison? Intéressant tout ça. Et la logique voudrait qu'à ce moment là, le juge interroge ces dames. Il y songe, mais pas longtemps. Ce sont des dames.

[00:23:59]

Alors, il se dit quoi qu'il en soit, si elles l'ont fait, si elles l'ont fait tuer, elles ne l'ont pas fait toute seule. Elles ne l'ont pas fait elle même. Elles ne sont pas allés elle même avec un fusil derrière la fenêtre du château tirer ces deux coups de feu. Elles l'ont fait faire par l'un de leurs domestiques. Et pourquoi pas Jacques? Jacques Besson, l'homme à la petite vérole qui n'aurait pas été difficile à convaincre puisqu'il avait lui même un compte à régler avec son ancien patron qu'il avait fichu dehors.

[00:24:30]

D'autant qu'un ouvrier agricole raconte la scène suivante, le jour où, justement, Marcel Lange a mis Jacques Besson à la porte. Quant au châtelain Lachaussée Jacques, il s'en est allé faire un baluchon et il a volé un fusil sous leur atelier. Je l'ai vu, ma Solange m'a dit qu'il n'était pas à lui. Ce fusil, il l'a pris quand même. L'arme du crime? Possible. Quoi qu'il en soit, si le juge avait des états d'âme à impliquer dans le meurtre les dames de Chambaz, il n'en a évidemment aucune à impliquer leurs valets.

[00:25:10]

Besson fait un coupable en or. D'autant que ça expliquerait que le chien n'est pas aboyait. Il connaissait Besson. Cela dit, entre nous, il y a deux ou trois choses qui ne collent pas. Je vous rappelle qu'au moment du meurtre, Jacques Besson est ravagé par la petite vérole. Il est au lit. Il souffre le martyre. Alors a t il pu, dans ces conditions, faire deux nuits? Le chemin qui va du Puy en Velay à Jean Blass?

[00:25:36]

À moins à moins, se dit le juge, qu'il n'ait pas été si malade que ça. Qu'il ait menti, qu'il se soit forgé en alibi. Autre chose qui peut faire douter de la culpabilité de Besson? Pourquoi est ce qu'il l'aurait tué? Pile au moment où, au fond, où il en était débarrassé, Martelange était sur le point de quitter le château. Il allait se retirer dans ses terres de l'Allier. Alors, à quoi bon le tuer?

[00:26:02]

Et puis, pourquoi il aurait été tué en plein repas, au milieu des domestiques, alors qu'il passait des journées entières seul sur ses terres, au milieu des champs?

[00:26:19]

Travaillé par ces questions, le juge se dit C'est qu'il y avait une urgence, une urgence à le tuer là maintenant. La veille de son départ. Mais alors, qu'est l'urgence? Est ce que ça n'est pas derrière cette urgence à commettre le crime? Ce soir là, que se cache le vrai mobile de cet assassinat? Et là, le juge apprend que c'est le lendemain et seulement le lendemain, juste avant de partir, que monsieur Marcel Ange devait signer l'affermage du château de Chambliss.

[00:26:57]

La location des terres et de la ferme et acquis à un paysan du coin qui s'appelle Baptiste, un croc et que le juge va voir sur le champ. On s'était mis d'accord, ce taux restait plus qu'à signer. Et maintenant que ma Solange est mort? Forcément, les dames de Champlain, ça ne veulent plus me céder l'affermage. Voilà, voilà qui expliquerait l'urgence du meurtre. Ne pas laisser Marcel Ange signer l'affermage du domaine mobile qui, entre nous, implique plus d'âme que le valet, lui.

[00:27:30]

Quoi qu'il en soit, il n'est pas propriétaire alors que l. Pour elle, ça change tout en le tuant. Elles conservent leurs terres. Elles restent les dames de Champs Blass. Elles évitent l'humiliation de se retrouver châtelaine, mais sans château. Mais bon, je vous l'ai dit. Le juge a décidé de ne pas les impliquer. Alors il ordonne aux gendarmes. L'arrestation de Jacques Besson. Mais je vous en prie, soyez discret, les dames ne font Blass, ne doivent pas être importuné.

[00:28:08]

C'est donc un seul gendarme qui, le 19 novembre, deux mois et demi après le crime, vient frapper à la porte de l'hôtel particulier du Puy en Velay pour arrêter Jacques Besson et le conduire au tribunal. Le soir même, les dames de Blase lui font porter à la prison son lit et le même repas qu'elles.

[00:28:39]

Quoi qu'il en soit, maintenant que Besson est en prison, les langues se délient. Mme Tarisse, par exemple, vient répéter ce que son voisin, un berger dénommé Arzak, lui aurait dit en confidence qui m'a dit que Besson lui avait proposé de l'argent pour empoisonner M.

[00:28:56]

De Martelange? Je vous jure qu'il me l'a dit. Le juge fait interroger le berger. Il ne confirme pas, mais il ne dément pas non plus, ce qui revient à charger un peu plus Besson à ce moment là, considérant qu'il tient sans doute son coupable. Le juge décide de libérer l'un de ceux qui croupissent en prison depuis le début de l'enquête. Le décrocheur Magnan. Il était temps et il réinterrogé neuf fois le fameux voisin Claude Reynaud, qui prétend avoir vu l'assassin dans son champ avant le crime.

[00:29:29]

Est ce que, oui ou non, la personne que vous avez vu ce jour là était monsieur Blesson?

[00:29:34]

Ouais, c'était lui. Et pourquoi n'avez vous pas dit plutôt? Moi, ce que je craignais pour Marie. Mouais. Il interroge aussi plusieurs fois Besson lui même, qui répète à chaque fois, mais je ne veux pas pu le faire. J'avais ma petite vérole, j'étais cloué au lit. On fouille dans sa mal dans sa chambre, on cherche le pantalon de velours vert olive que plusieurs témoins ont vu porté par l'assassin. On ne le trouve pas. Toute cette enquête dure au total un an et demi et à la fin, le juge considère qu'il a assez d'éléments dans son dossier pour le renvoyer devant une cour d'assises.

[00:30:22]

Et le procès est programmé pour le mois de mars 1842. Jacques Besson y sera jugé pour assassinat. Et en attendant, tous les soirs, les dames de Shambhala lui font livrer dans sa cellule une part de leur propre repas. Tous les jours, alors soit c'est de l'affection c'est possible, soit elles veulent s'assurer qu'il ne les lâche pas, qu'il ne dira jamais pendant le procès, que c'est elle, elles deux, la mère et la fille, qui lui ont demandé de les débarrasser du mari encombrant.

[00:31:13]

Et le procès s'ouvre devant la cour d'assises du Puy en Velay. Besson est défendu par deux avocats, Maître Guillot et maître Mathieu, et à chaque fois qu'on lui donne la parole, il répète la même chose.

[00:31:28]

Moi, je n'ai pas pu le faire. J'étais malade, j'avais la petite vérole, j'étais au lit. Entre autres choses, on fait venir à la barre le berger Arzak, vous vous souvenez que l'une de ses voisines prétend qu'il lui a fait des confidences, que Besson l'avait recruté pour empoisonner Martelange, ce qu'il n'a jamais confirmé ni infirmé pendant l'instruction?

[00:31:53]

Alors, monsieur Arzak? Belle histoire vous a t il, oui ou non demandé de mettre du poison dans la soupe de monsieur de Martelange? Si tu ne menterie tout ça. Il m'a jamais dit ça, jamais. Vous mentez! Le président ne le croit pas. Alors, qu'est ce qu'il fait? Eh bien, il le fait arrêter sur le champ. A la barre de la cour d'assises. Vous serez jugé, vous serez jugé pour parjure. Du coup, les avocats de Besson en profitent pour demander le renvoi de l'affaire et ils l'obtiennent.

[00:32:36]

Le procès est ajourné. Notez que le pauvre berger Arzak est jugé dans la foulée pour faux témoignage et qu'il en prend pour 10 ans 10 ans. Un second procès s'ouvre cinq mois plus tard devant la cour d'assises du Puy de Dôme, à Rion.

[00:32:58]

Et la cour est présidée cette fois par le conseiller Mando de Névrosées, qui a le sens du spectacle puisqu'il a fait exposé au beau milieu du prétoire toutes les pièces à conviction la chaise perforée par les balles, les vêtements du mort tachés de sang et même les projectiles retirés de ses plaies. Et une fois de plus, Jacques Besson répète qu'il est innocent. Je ne peux pas l'avoir fait, j'étais malade, j'avais la petite vérole, j'étais cloué au lit depuis un mois.

[00:33:31]

Le ministère public, qui sait que le dossier est un peu branlants et qu'il n'a pas de preuve formelle, a fait citer 109 témoins. La partie civile 29 et l'accusé lui même 12. On n'est pas couché. Parmi les témoins, une dentellière du Puy qui vient raconter ce qu'elle a entendu de la bouche même de sa cliente Théodora, de Martelange. Elle m'a dit comme un. Si j'apprenais que mon mari est tombé avec la voiture et les chevaux dans un précipice, j'en aurais nulle peine.

[00:34:01]

Elle me l'a dit, je le jure. Ce qui revient à impliquer Mme Marcel et donc ce qui est parfaitement inutile puisqu'elle n'est pas sur le banc des accusés. Mais elle est appelée à la barre pour témoigner. Et là, un avocat ose lui demander. Savez vous que votre mari vous soupçonné d'avoir empoisonné vos propres enfants? Après la mort de votre deuxième enfant, madame, avez vous vraiment dit? Comme le disent des témoins, il vaut mieux qu'il soit mort.

[00:34:36]

Il aurait été mal élevé.

[00:34:46]

Mme Dechamps Blass fille refuse de répondre et dans la foulée, sa mère en fait autant, et elle qui toutes les deux. La salle d'audience, elle, n'avait pas le temps d'assister aux obsèques. Elles n'ont pas non plus le temps d'assister au procès.

[00:35:00]

Sacrée cocotte! A ce moment là, le procureur fait une syncope. Suspension d'audience. L'audience reprendra demain matin à 9 heures. Le lendemain, la cour entend le témoignage de Claude Reynaud, le fameux voisin. Vous vous souvenez qu'il a fallu neuf interrogatoires du juge pour qu'il consente à dire que c'est Besson qu'il a vu dans son champ? Le soir du meurtre? Confirmez vous que c'était lui, monsieur, comme vous l'avez vu? C'était Jacques Besson. Il était tout près de moi.

[00:35:36]

Je le voyais sans être vu. J'étais caché derrière le sapin. Si vous aviez le moindre doute, monsieur? Il faudrait le déclarer et il en est encore temps. Ça serait grave d'accuser un innocent. Non, c'était méchant. Je n'ai pas osé le dire avant juillet à cause des menaces que j'avais. Les avocats de la défense s'empressent de rappeler qu'il a dit non huit fois pour dire oui à la neuvième. Est entendu aussi un certain Jérôme Puja, qui habite juste en face de l'hôtel particulier des Dames de Chambaz, au Puy en Velay.

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Il est tailleur.

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Est ce que vous pouvez nous dire, monsieur, ce que vous avez vu la nuit du meurtre? Ouais, je dormais pas. Alors, vers minuit, j'ai vu quelqu'un entrer chez les dames. Je ne pourrais pas le reconnaître. Il faisait nuit, mais quelqu'un est rentré. J'en suis formel. Et arrive la fin du procès. L'avocat de Besseau, Maître Rouez, tente alors le tout pour le tout. Si d'autres coupables, si des femmes au coeur empoisonné par la haine, ont préparé ce crime, s'il y a eu, comme on le disait, une corruption incessante des séductions journalières.

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Si madame Théodora a sacrifié, abaissons jusqu'au grâce qu'il n'avait pas, je dirais. Alors vous avez sous les yeux un malheureux fanatique que l'on juge tout, tout, tout. La comtesse est la femme de chambre. Qu'ils soient égaux, c'est la loi. C'est le droit que l'on juge trop. C'est assez adroit, détourné au dernier moment l'attention sur les dames de Chambaz pour tenter de sauver la tête de Besson. Mais ça ne marche pas. Après 25 minutes de délibération, Jacques Besson est condamné à mort.

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Mais ses avocats trouvent un vice de forme. Le verdict est cassé et il y aura donc un troisième procès qui s'ouvre à Lyon le 19 décembre 1842.

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Je ne vous raconterai pas en détail, mais notez que cette fois là, les dames de Blass ne viennent pas témoigner et leur bonnes maris non plus, qui pourtant, depuis le début, offrent un alibi. Abaissons. Elles étaient avec elles le soir du crime. Elle le dit et le répète. Elle ne le redira pas cette fois là. Et donc, le 27 décembre 1842, Jacques Besson est à nouveau condamné à mort. La cassation est refusée et la grâce du roi Louis-Philippe aussi.

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Besson passe tout l'hiver à la prison de Lyon et le dimanche 26 mars, on le ramène au Puy en Velay pour être exécuté une dernière fois. Maria, le procureur du roi, va le voir pour qu'il avoue. Besson l'envoie bouler. Et le 28 mars à midi, sur la place du Marthouret. Vingt mille curieux sont là pour voir tomber sa tête dans un panier.

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Une dernière chose que je veux vous dire après l'exécution, les dames d'Ochamps Blase vendent le château et leur hôtel particulier du Puy. Elles disparaissent. La rumeur dit qu'elles sont allées en Suisse ou en Italie. Compte, elles fuient le regard des gens qui les pensaient coupables. On sait aussi qu'elles ont terminé leur vie l'une et l'autre dans un couvent à Paris, près de l'église Saint-Sulpice. Qu'avaient elles à se faire pardonner? Toutes les deux.