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Raconte Christophe Hondelatte. Je vais vous raconter aujourd'hui l'histoire d'un violeur récidiviste extrêmement dangereux qui, sous vos yeux dans le cours du récit, va franchir un cap pour devenir un tueur. Je vous donne pas son nom pour l'instant. Vous allez le découvrir au fil de l'histoire. Les faits se déroulent en 2005 à Swazis sur Seine, dans la banlieue sud de Paris. Quand il étrangle une jeune fille de 24 ans, Audrey Jouannet. Et on découvre qu'à plusieurs reprises par le passé, les psychiatres qui ont eu à se prononcer sur son cas ont dit qu'il était très dangereux, qu'il allait récidiver, qu'il était psycho psychopathologie et incurable, inaccessible à la moindre thérapie.

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Et c'est pour ça que pour le débriefe tout à l'heure, j'ai demandé à un psychiatre de venir nous éclairer. Bonjour docteur Coutanceau. Vous êtes expert en criminologie. Vous avez expertisé un grand nombre de violeurs et de tueurs et je le dis tout de suite, ça n'est pas un dossier sur lequel vous êtes intervenu vous même. Vous allez donc découvrir cette histoire en même temps que moi, mais j'aurai beaucoup de questions à vous poser dans la foulée. Donc à tout à l'heure.

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Et d'abord, cette histoire que j'ai écrite avec Thomas Audouard. Réalisation signée Céline Lebrun.

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Christophe Hondelatte. Laissez moi d'abord vous planter le décor de cette histoire une résidence de Swazis sur Seine, dans la banlieue sud de Paris, dans l'Essonne, la résidence de Jarville, allée des Marronniers, n'imaginait pas une cité. C'est une petite résidence tranquille de quatre étages, style années 70. Quelques dizaines d'appartements avec chacun leur petit balcon sécurisé. Il y a un interphone et il y a même un gardien. Et là, au deuxième étage, habite une jeune fille de 24 ans, Audrey Jouannet, jolie blonde.

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L'appartement est à sa mère, qui vit maintenant chez son nouveau compagnon, à une centaine de kilomètres de là. Le jeudi 15 septembre 2005, les amis de cette Audrey Joinet se rendent compte qu'elles n'ont aucune nouvelle depuis deux jours.

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Deux jours, c'est pas beaucoup. Elle l'appelle au téléphone. Elle ne répond pas. Elle a peut être perdu son portable.

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Alors l'une des copines décide de passer voir. Elle sonne à l'interphone. Rien. Elle fait le tour de l'immeuble. Elle sait très bien où est l'appartement d'Audrey. Là, au deuxième, les rideaux sont tirés. Il n'y a pas de lumière sur le parking. Elle aperçoit la 206 d'Audrey. Tiens, c'est bizarre. Elle est garée à sa place habituelle. Bien, elle repart et elle raconte ça aux autres copines. Tu crois pas qu'on devrait prévenir sa mère?

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Nous écoute toujours, on ne va pas l'inquiéter pour rien. On pourrait peut être appeler Marie-Claude Marie-Claude Vigot. C'est la meilleure amie de la mère. Elle habite elle aussi à Swazi. Elle est infirmière. Bonjour, je suis allée chez elle, les rideaux sont tirés, sa 206 est sur le parking, elle répond pas.

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Du coup, Marie-Claude va sur place elle aussi. Mais sur le chemin, elle s'arrête au bureau de la police municipale et elle arrive donc avec deux policiers municipaux de Swazis aux alentours de 9 heures du soir. Et elle sonne chez le gardien pour qu'il leur ouvre la porte de la résidence.

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Oui, bonsoir, je suis une amie de Mme Joinet, la mère d'Audrey. Je suis un peu inquiète. On n'arrive pas à joindre Audrey. Vous pouvez nous ouvrir et le gardien les accompagne est mes deux policiers jusqu'à la porte du deuxième étage. Audrey Audrey, c'est moi, c'est Marie-Claude. Est ce que tout va bien? Ma belle. Pas de réponse, Marie-Claude, c'est que normalement, la voisine de palier, une dame âgée, a un double des clés.

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Ah oui, vous voulez les clés, écoutez les voilà. La vieille dame leur tend alors une clé de voiture. Mais c'est pas ça, c'est pas du tout ce type de clés. Ça, c'est des clés de voiture. Mme. Ah ben, c'est tout ce que j'ai, mais je sais bien que c'est la clé que m'a donné Mme Jouannet. Bon, on ne va pas pouvoir entrer. Le gardien propose de laisser un mot sur la porte.

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Il écrit donc un petit mot et le scotch sur la porte. Mademoiselle Joinet, joindre la police municipale à votre retour. Numéros de téléphone 01 69 89 18 18. Inquiétude des proches signée Monsieur Yezh le gardien.

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Et la nuit passe toujours sans nouvelles. Mais Marie-Claude ne prévient toujours pas la mère. Cette envie de ne pas l'inquiéter. C'est le gardien qui la prévient. Allo, madame Joinet, c'est monsieur Caillette, votre gardien, je vous appelle parce qu'on a un petit soucis on n'a pas vu votre fille depuis au moins 24 heures. Ah bon, mais vous êtes sûrs qu'elle n'est pas chez elle? A certains, on a frappé plusieurs fois. Elle répond pas, mais je vais vous dire, les rideaux sont fermés.

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La mère, à son tour, tente de joindre Audrey la réponse. Alors elle va sur place et elle, elle est la double de la clé.

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Elle ouvre l entre Audrey n'est pas là. Quant à l'appartement, il n'est pas vraiment en désordre, mais pas non plus rangé. Ranger la table n'est pas débarrassée. Elle traverse d'ailleurs la table. C'est bizarre, ça. Audrey rentrait d'un voyage au Brésil. Ses valises ne sont pas des Fêtes. Son ordinateur est branché et traîne sur le canapé. Alors, la mère appelle la banque d'Audrey. Elle leur explique la situation et le banquier consent à regarder l'état du compte d'Audrey.

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Aucun retrait depuis trois jours, et pas non plus de paiements par carte de crédit. Et là, la mer formule les choses dans sa tête. Pour la première fois, Audrey a disparu. Jusque là, elle était entre deux. Une jeune fille de 24 ans a bien le droit de d'Écouché. Trois jours. Elle se dit Qu'est ce que je fais? Je vais voir les flics. Elle se doute de ce qu'ils vont lui répondre. Elle est majeure, elle a le droit de disparaître.

[00:06:41]

Alors, elle appelle son compagnon. Elle est en larmes. Rejoindra Swazi STP? Tu comprends? Si Audrey rentre, je veux être là. Audrey n'a aucune chance de rentrer. Et en attendant, la mère décide de se lancer dans une petite enquête perso. Elle commence par fouiller l'appartement et dans la chambre d'Audrey, elle tombe sur un répertoire des numéros de téléphone. Alors, elle s'assoit sur le lit d'Audrey et elle se met à appeler des numéros au hasard.

[00:07:25]

Oui, bonjour, je suis la maman d'Audrey Jouannet et je n'ai aucune nouvelle. Vous en avez par hasard? Et là, son pied accroche quelque chose sous le lit. Sur le moment, il ne réalise pas la flemme de se pencher et elle va se coucher. Et puis, au moment de s'endormir, elle se souvient de ce micro évènement, son pied qui a accroché quelque chose sous le lit. Alors, elle retourne dans la chambre d'Audrey. Elle se penche.

[00:07:51]

La scène est terrible. Elle ne réalise pas, elle dit. Audrey. Mais qu'est ce que tu fais, Soulez? Et puis, elle comprend. Et là, elle poussa un hurlement. Le corps d'Audrey est là, sous le lit, nue.

[00:08:12]

Elle a été étranglée et elle a des blessures sur le corps. Ça fait quatre jours qu'elle est là, sous le lit. Le quelque chose qu'elle avait accroché avec son pied. C'était les cheveux de sa fille. Terrible scène. Le hurlement, bien sûr, a réveillé Bernard, le compagnon qui dormait dans la chambre d'à côté. Il entre et il ressort tout de suite. Un peu gêné par la nudité de sa belle fille, c'est lui qui appelle les gendarmes, les gendarmes de Swazis sur Seine qui arrivent sur place quelques minutes plus tard.

[00:08:59]

A nos centrales, je vous appelle. Depuis l'intervention à la résidence Jarville, la fille est décédée. A priori, le décès serait de nature criminelle. Il faudrait nous envoyer les gars d'Utique terminais.

[00:09:16]

Les TIC, les techniciens en identification criminelle, les experts de la gendarmerie qui constatent que oui, elle a été étranglée, mais elle a été frappée aussi. Elle a des ecchymoses aux chevilles et sur le visage, habillé de leur combinaison blanche.

[00:09:31]

Ils font le tour de la pièce et ils trouvent un ticket de caisse tachés d'une goutte de sang. Et ils se mettent à chercher des traces ADN, et notamment des poils et des cheveux. Il n'en trouve aucun bizarre. Ils notent qu'aucune ouverture portes ou fenêtres n'a subi d'effraction et que le léger désordre qui règne dans l'appartement fait penser qu'il y a eu une lutte là, qu'on s'est battue à cet endroit. Le lendemain, ils font le tour des voisins. Trois voisins disent qu'ils ont entendu des cris la nuit du 13 au 14 septembre, vers 3 heures et demie 4 heures du matin.

[00:10:07]

C'était un cri de quelqu'un qui appelait à l'aide. J'ai tout de suite réveillé ma femme. Et puis, je suis sorti voir dehors ce qui se passait, mais plus rien. Maintenant, je sais qu'Audrey est morte. Je m'en veux terriblement.

[00:10:23]

Cette nuit là, le voisin est sorti dehors.

[00:10:26]

Il a fait le tour de la résidence et il a remarqué qu'il y avait de la lumière au deuxième dans l'appartement d'Audrey. Il est resté un peu et il a vu la lumière s'éteindre et il est rentré se coucher. Audrey aurait donc été tuée entre trois heures et demi et 4 heures du matin, le soir du 13. C'est à dire quelques heures après qu'elle a dîné avec l'une de ses amies. C'est la dernière fois qu'on l'a vue vivante.

[00:10:57]

Le voisin raconte autre chose. Le lendemain, il est allé sonner chez le gardien qui d'ailleurs, avait l'air malade et qui transpirait comme un bœuf. Bonjour Monsieur Écailleuse, vous avez entendu ce cri cette nuit vers 4 heures. Non, je n'ai rien entendu. Vous êtes sûr? Si vous voulez, je demanderais aux autres occupants je me tiens au courant. Et le lendemain, le gardien lui dit. J'ai demandé personne d'autre à réentendu. Alors, le voisin se dit que c'était un mauvais rêve.

[00:11:35]

Dans les jours qui suivent, les gendarmes reviennent plusieurs fois. Le gardien fait tout ce qu'il peut pour les aider. Il leur dit tout ce qu'il sait sur les habitants de la résidence. Il connaît les habitudes et les emplois du temps de tout le monde. C'est une vraie pipelette. Et puis, le deuxième jour, il vient les voir l'air un peu emmerdé. Messieurs, faut que je vous dise parce que de toute façon, à un moment, je vais avoir des soucis, vous allez finir par vous intéresser à moi.

[00:12:10]

Pourquoi vous dites ça, monsieur Caillié? Je suis déjà connu, moi, j'ai déjà fait de la prison. Je suis tombé pour viol. Les gendarmes n'étaient pas au courant, ils n'avaient pas encore passé les noms des protagonistes de cette affaire au fichier, mais le gardien les rassure tout de suite. Mais ce n'est pas moi. Moi, j'ai plus de libido. Je suis en traitement de castration chimique parce que je voulais vous dire il y a des chances que vous trouviez mon ADN dans l'appartement de Mlle Jouannet et il n'y a pas longtemps, je lui porté une bombe insecticide.

[00:12:44]

Elle avait des guêpes. Voilà quoi. Je sais que vous allez me suspecter à un moment parce que j'ai commis des viols, des viols. Tiens, pourquoi est ce qu'il parle de viol? Pour l'instant, on ne sait pas si Audrey a été violée. Elle a été battue, elle a été étranglée, ça, c'est sûr. Mais on attend toujours les résultats de l'autopsie.

[00:13:04]

Alors pourquoi est ce que le gardien parle de viol alors qu'ailleurs. Cailley, Scaillet?

[00:13:15]

Les gendarmes passent le nom du concierge au fichier? Il n'a pas menti. Il a bien été condamné pour viol dans les années 80. Une jeune femme, Évelyne, qu'il a traîné dans un bois sous la menace d'une arme qu'il a ensuite ramenée chez lui, à qui il a dit assez bêtement son nom, son prénom et même son adresse. Il a donc été arrêté dans la foulée et il a avoué tout de suite. Ah, ça, c'est intéressant.

[00:13:39]

Les experts psychiatres, à l'époque, l'ont diagnostiqué psycho padt. Ils ont dit qu'il était dangereux. Il a pris sept ans de cabane et il est sorti au bout de cinq ans. Mais mieux que ça, il a récidivé à sa sortie de prison. Il a agressé deux campeurs et six mois de prison de plus. Et là, il ressort et il replonge. Il vient de s'installer à Lunel, dans l'Hérault. Un jour de juin 1990, il fabrique des crèmes au chocolat qu'il offre gentiment à sa voisine et surtout à la fille de sa voisine, une gamine de 19 ans qui en mange deux d'un coup.

[00:14:17]

Et là, elle s'endort en moins de deux. Il avait mis des somnifères dans la crème au chocolat quand elle se réveille à une heure du matin. Jean-Luc Yezh, le voisin d'en face, est couché à côté d'elle. Il est même couché sur elle. Il l'attache avec une corde. Il la gifle, il la mort et il la viole. Et après, il lui fait avaler deux somnifères de plus et il est arrêté. Il explique que ce n'est pas sa faute, que c'est la faute de la justice qui ne le soigne pas.

[00:14:49]

Quand il est en prison, il en prend pour 20 ans. Devant les assises de Montpellier. Et que disent les psychiatres au cours de son procès? Qu'il présente un énorme risque de récidive?

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On pouvait craindre qu'il ne recommence une infraction sexuelle du même type. C'était si ce n'était pas un viol de circonstance, comme on peut le voir, un viol d'une auto stoppeuse ou ou un viol dans le cadre de relations qui tourne mal. C'était quelque chose de préparé dans son esprit. Donc, on pouvait dire qu'il y avait un risque qu'il y avait un risque de récidive. Les psychiatres ajoutent qu'à leurs yeux, il est incurable que tenter de le soigner est illusoire, a pu râble et pourtant.

[00:15:42]

Condamné à 20 ans, il sort au bout de douze ans. En octobre 2002, sans aucun suivi. Une bombe qui se retrouve dans la nature et qui, quelques mois plus tard, se fait embaucher comme gardien à la résidence Jarville de Swazis sur Seine. Et d'ailleurs, en plongeant dans leurs fichiers, les gendarmes découvrent quelque chose de légèrement ennuyeux. Il y a un an et demi, alors qu'il venait d'être nommé gardien de cette résidence, une habitante a porté plainte contre Cailley, le gardien.

[00:16:25]

Vous savez pourquoi elle l'a trouvé chez elle, dans son salon. Il était entré avec un jeu de clés dont elle ignorait l'existence. Elle dit texto dans sa plainte qu'elle l'a perçu comme un prédateur sexuel. Et ce qui est ennuyeux, c'est que les gendarmes n'ont pas donné suite à cette plainte. Bref, voilà le profil du gardien et, disons le tout de suite, du principal suspect. Désormais, il avait raison de penser qu'on allait lui chercher des poux dans la tête.

[00:16:55]

Monsieur Tailleuse, avec un profil pareil.

[00:17:07]

Pile à ce moment là tombent les résultats de l'autopsie. Audrey a bien été violée lésions vaginales et anales. Et bonne nouvelle, on a retrouvé du sperme, donc on a l'ADN du tueur. Si ces cas il est cuit, les gendarmes vont le voir immédiatement. Vous savez pourquoi on est là? Ca Yezz. Nous vous plaçons en garde à vue. D'accord, d'accord. Pour commencer, est ce que vous voulez bien vous prêter à un test ADN, ça consiste à prélever un échantillon de votre salive.

[00:17:44]

Ouais, ouais, d'accord. Il aurait pu refuser et il le sait. Il a suffisamment fréquenté les gendarmeries et les commissariats pour savoir qu'on peut refuser un test ADN. Pourtant, une moufte pas. Il se laisse prendre un peu de salive avec un coton tige qui n'a pas l'air inquiet. Et ça, les gendarmes le remarquent. Ça les surprend. Ils vont perquisitionner chez lui. Rien de particulier. Et puis, ils le ramènent à la gendarmerie en attendant le résultat des tests ADN qu'ils ont commandé en express.

[00:18:15]

Et il parle avec lui. Enfin, c'est surtout lui qui parle. Il est bavard comme une pie. Il leur raconte sa vie, sa mère qui claque la porte quand il avait 10 ans, l'école qu'il quitte à 13 ans et comment il se retrouve papa à 17 ans d'un enfant qu'il ne connaît pas. Et puis, c'est là que je me suis fait choper pour des vols de mobylettes. Je n'étais plus mineur, alors ça rigolait pas quoi? Là, on m'a dit soit tu vas aux urgences, tu vas à la Légion, j'ai préféré la Légion.

[00:18:48]

Il raconte la Légion et puis les viols et puis la prison. Il parle encore de cette castration chimique qu'il aurait subi. Il parle, il parle, il parle et arrive les résultats des comparatifs ADN entre l'ADN de Cayenne et celle du violeur tueur. Bah chef, c'est pas lui comment ça, c'est pas lui? Montrez moi le rapport du labo, le voilà chef, mais je vous dis c'est pas le même. Ce n'est pas l'ADN de Caillette qu'on a retrouvé sur le corps.

[00:19:22]

Stupéfaction générale. On appelle le procureur qu'est ce qu'on en fait? On le relâche.

[00:19:35]

Du coup, les gendarmes se disent peut être que c'était un viol collectif. Peut être qu'ils étaient deux. Peut être que Jean-Louis Cailley a trouvé la victime forcer sa porte et que c'est un de ses copains qui l'a violée.

[00:19:47]

Et peut être tuer. C'est la seule hypothèse qui tienne. Ça serait quand même le comble que ça ne soit pas lui. Ça serait le comble de devoir le relâcher parce qu'objectivement, en l'absence d'ADN, ils vont devoir le relâcher. Donc, ils le maintiennent en garde à vue quelques temps. Mais il lui colle la pression. M. Yezz, vous nous avez dit que vous suiviez un traitement de castration chimique. C'est vrai, vous avez suivi un traitement de castration chimique.

[00:20:13]

Mais c'était il y a trois ans. Depuis, vous l'avez arrêté. N'est ce pas dont vous n'êtes plus sous traitement? Mais puisque je vous dis que j'ai plus de libido, je bande plus, c'est impossible que ce soit moi qui a violé Audrey. Tiens donc! Vous l'appelez Audrey à présent, ça n'est plus Mademoiselle Jouannet. Et là, visiblement déstabilisé, Yezh plonge la tête dans ses mains. Et puis il la relève lentement. Il regarde un à un les gendarmes qui sont en face de lui et il dit.

[00:20:49]

C'est moi qui l'ai fait. Il passe aux aveux. Il était sur le point de le relâcher et il passe aux aveux. Et d'un coup, il raconte. Tout d'abord, il avait les clés de l'appartement d'Audrey et comment il les avait volées à la voisine. C'est pour ça que la voisine ne les avait plus. Et ensuite, il raconte qu'il s'équipent J'ai mis une cagoule et aussi des gants. Et puis j'ai pris un fusil que j'avais et je suis monté chez elle.

[00:21:26]

Il monte au deuxième étage. Il s'approche de la porte d'Audrey. Il introduit la clé. Il ouvre à contretemps le crochet de sécurité ennemi. Il entend Audrey qui s'approche. C'est moi, c'est monsieur Crayeuse. En confiance, elle enlève le crochet et il met un grand coup d'épaule dans la porte et il entre et il lui ordonne de se déshabiller, qu'il a son fusil à la main et il se fait pratiquer une fellation. Il raconte assez facilement Psycho.

[00:21:57]

Pas peut être, mais psycho. Pas de bavard, bavard et flambeur. Et à votre avis? Elle est morte à quelle heure, Audrey? A quelle heure, à quelle heure d'après ce que dit l'autopsie? Elle est morte à 4 heures du matin à erreure. Je ne l'ai pas tuée tout de suite.

[00:22:17]

Il a l'air content de son coup. Il dit qu'il ne l'a tué que le lendemain soir et qu'il l'a gardé une journée entière prisonnière dans sa loge. Une journée entière et elle n'a pas crié. Elle ne s'est pas rebellé. Je l'avais bourré de somnifères et elle était bâillonnée, elle risquait pas de crier et pourquoi est ce que vous l'avez séquestrée chez vous? Pour jouer avec l. Jouers, il raconte qu'une fois qu'il l'a déshabillée, il lui a rasé les poils pubiens et qu'il lui a fait prendre une douche et qu'il l'a gardé comme ça toute la journée, ligotée sur une chaise, bâillonnée.

[00:22:58]

Une journée entière. Il y a un moment, il l'a détachée, qu'elle s'est promenée tranquillement dans l'appartement qui lui a fait des frites et qu'ils ont regardé le film Aloui. Et puis qu'en fin d'après midi, il a pris une corde. Il lui a passé autour du cou et il l'a serré. Ça a été long, je peux vous dire que ça a été long. Pouvez pas savoir, ça a été atroce. Vous n'avez pas raconté le viol Caillette?

[00:23:28]

Vous avez oublié le viol. Comment s'est passé ce viol? A quel moment? Le viol n'était pas un, c'était une mise en scène pour faire croire à un viol. Moi, je voulais juste tuer. A ce moment là, les gendarmes sont dans un potage complet, bien sûr, ils sont contents que ca yezz est avoué, mais rien ne colle dans ces aveux. Elle a été violée, c'est sûr. Il y a des lésions au niveau du sexe et de l'anus.

[00:23:55]

Et puis, il y a ce sperme qui n'est pas le sien. C'est incompréhensible. Et là, Jean-Luc Caillette va leur livrer les clés de son incroyable machination. Il leur explique comment il se fait qu'on trouve sur le corps d'Audrey du sperme qui n'est pas le sien, alors même qu'il jure qu'il ne l'a pas violée. Et les gendarmes découvrent que caillouteuse est encore plus pervers qu'il ne l'avait imaginé.

[00:24:23]

Vous dites que vous ne l'avez pas violée, mais elle a été violée. C'était une mise en scène. J'ai utilisé un concombre. Mais enfin, M. Caillé, d'où vient le sperme qu'on a retrouvé sur le corps et qui n'est pas le vôtre? Oh ça, ça aussi, c'est une mise en scène. Et là, ca Yezz raconte quelquechose d'alu, sinon ce sperme retrouvé sur le corps d'Audrey provient d'une capote qu'il a trouvée dans les poubelles de l'immeuble.

[00:24:58]

C'est le sperme d'un locataire de l'immeuble. Il a défait le nœud du préservatif. Il a absorbé le sperme avec une seringue et il l'a mise au congélateur. Et quand il a tué Audrey, il n'y avait plus qu'à le décongelés et à mettre dans la bouche et dans le vagin de sa victime.

[00:25:21]

Vous êtes dégueulasse.

[00:25:23]

Vous vouliez faire accuser quelqu'un d'autre? Un homme de l'immeuble?

[00:25:27]

Ça, c'est un truc que j'ai vu à la télé française, j'ai rien inventé, moi et les gendarmes se mettent à visionner l'un après l'autre tous les épisodes de la série NCS et ils retrouvent l'épisode en question. Incroyable! Ils n'auraient pas eu de casier. Ils avaient commis le crime parfait et probablement que le voisin serait tombé à sa place.

[00:25:54]

Et d'ailleurs, ils avaient mis de côté un autre préservatif usagé d'avance. Ils demandent qu'on l'emmènent chez lui et dans sa loge, il désignant conduits d'aération. On y retrouve une capote usagée. Il est aussi où est le fusil? Un fusil à canon scié qu'il avait planqué dans un appartement inoccupé de l'immeuble dont il avait les clés. Il désigne l'endroit dans la Seine, tout proche, où il a jeté quatre sacs poubelle qui contiennent pêle mêle les draps, les vêtements d'Audrey, du ruban adhésif et le fameux préservatif.

[00:26:28]

Voilà maintenant les gendarmes.

[00:26:30]

En tout, des aveux et des preuves avant d'être déférés chez le procureur, Jean-Luc Kindler fait une dernière confidence. Heureusement que vous m'avez arrêté maintenant parce que sinon, j'aurais recommencé. Quelques heures plus tard, l'affaire est révélée par les médias. L'histoire d'un violeur récidiviste dangereux qui s'est retrouvé en liberté sans aucun suivi et qui a franchi un cap qui a tué, ce qui vaut cette question au procureur.

[00:27:00]

Comment se fait il aujourd'hui? Un violeur multirécidiviste puisse devenir gardien d'immeuble, ce qui est un rôle social où on rencontre des gens.

[00:27:07]

C'est effectivement une question qui se pose et qui va être éclaircie pendant la durée de l'instruction. Les dispositifs de suivi socio judiciaire qui ont été mis en place par la loi de 1998 ne s'appliquent pas à lui puisqu'il a été condamné antérieurement. Et le fichier des auteurs d'infractions sexuelles, qui fonctionne depuis le 1er juillet de cette année, ne s'applique pas non plus à lui.

[00:27:27]

C'est le point faible de l'affaire Caillette ces dernières années. On a bien mis en place un suivi des auteurs d'infractions sexuelles, mais lui, il est passé entre les mailles.

[00:27:42]

Gianluca Yezz est jugé en mai 2008 par la cour d'assises de l'Essonne pour le meurtre d'Audrey Jouannet quand il entre dans le box. Les habitants de la résidence qui sont là ont beaucoup de mal à le reconnaître. En deux ans et demi de prison, il a vieilli de dix ans. Un événement marquant ces trois jours de procès. Le président fait venir sa mère pour témoigner. Mais quand elle arrive à la barre, ils se mettent à hurlais. Ils refusent qu'elle s'exprime et ils beugle tellement que le président finit par y renoncer.

[00:28:13]

Et à la fin, le verdict est extrêmement sévère. Après trois heures et demie de délibéré, le verdict est tombé. C'est donc la perpétuité avec 22 ans de sûreté, c'est à dire la peine maximale. Marie Bérot, vous avez suivi ce procès pour Europe1. Ce verdict a été accueilli par des applaudissements et ensuite par des insultes.

[00:28:36]

Oui, à l'énoncé de la perpétuité. La salle entière s'est levée comme au spectacle pour applaudir. Des insultes ont ensuite fusé. Jean Lukaya s'est alors tourné vers le public en brandissant ses deux majeurs. La mère d'Audrey, elle, a pleuré longuement avant de sortir de la salle.

[00:28:52]

Jean-Luc Écailleuse pourra présenter une première demande de libération conditionnelle en 2027. Il sera alors âgé de 70 ans. Voilà donc pour cette histoire et j'ai invité ça m'a paru tout à fait naturel. Un médecin psychiatre à débriefer ce récit. Le docteur Coutanceau. Vous êtes expert en criminologie. Vous êtes président de la Ligue française de santé mentale. Vous venez d'écrire un livre qui s'appelle Violence ordinaire et violence hors norme aux Éditions du No. Ce n'est pas une affaire dans laquelle vous avez eu à vous prononcer comme expert.

[00:29:30]

Vous l'avez découverte en même temps que les auditeurs. Qu'est ce qu'elle vous inspire comme ça, à chaud? Est ce que vous y reconnaissez finalement l'un de vos clients? Assez typique. Premièrement, c'est une histoire hors norme, donc c'est pas celle, je dirais, du violeur ordinaire. On le voit ici, c'est un violeur récidiviste qui devient un tueur. Cette histoire hors norme est intéressante parce que là, vous avez raconté toute une histoire de vie transgressive et on voit que ça pose plusieurs questions.

[00:30:02]

Première question et ça avait été perçu par le psychiatre qui l'a vu dès la première affaire. Est ce qu'il y a des violeurs qui sont plus particulièrement inquiétant que les autres? C'est la première question que se pose le parquet, l'avocat général, mais aussi de la société. Deuxième question. Bien sûr, on se dit mais quelles auraient été les moyens pour essayer d'empêcher cette répétition? Les moyens, on va peut être en parler. Il y a bien sûr le suivi médical et psychologique, la castration chimique et aussi le bracelet électronique.

[00:30:34]

Et mon troisième commentaire de psychiatre criminologue, c'est qu'on le voit dans cette affaire aussi, c'est à dire que deux choses qui sont un peu particulières, on voit qu'il améliore son scénario. Dans la deuxième affaire, il met quelque chose qui rend la jeune fille dans sa glace qui induit un petit peu le sommeil. Dans la troisième affaire, on pourrait dire c'est comme un metteur en scène, un metteur en scène qui s'est inspiré en même temps, on le voit dans sa série télé d'une série télé, là où on le voit dans d'autres affaires.

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Ce qu'on voit aussi, qui est étonnant, c'est que il avoue peut être avant même que les enquêteurs le décode. Et là, ça me fait donner le dernier. Comment réinvestisse ces caractéristiques d'un certain type de sujet transgressif? Et j'ai eu du mal un petit peu quand j'étais jeune psychiatre expert, à le décoder. Des gens pour qui, d'une certaine manière, on se dit il y a un voyeurisme, un plaisir, son Feillet. Ils sont fiers et leur passage à l'acte.

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D'une certaine manière, j'ai eu du mal à le dire comme ça. C'est comme une œuvre et on comprend que finalement, ce qu'il produit entre guillemets, comme d'autres veulent réussir des choses, c'est finalement l'acte transgressif, un peu sophistiqué. Scène est vraiment caractéristique. C'est quand il dit. D'après vous, à quelle heure elle a été tuée? Les flics lui répondent quatre heures et demie du matin. Mais notre pauvre ami, vous n'y êtes pas. J'ai gardé toute la journée chez moi.

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Ça, vous ne l'aviez pas vu. Mon Dieu que vous êtes mauvais, quoi. Et en même temps, regardez. Dernier commentaire, c'est que même quand il avoue, il a un espèce de plaisir de mentir. Ou du moins, il ne peut pas tout dire. Il raconte quelque chose de bon, y compris sur son scénario qu'il dévoile.

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Docteur, c'est presque un cours que je voudrais que vous nous donniez. L'expression psycho pates est employé à tort et à travers. Qu'est ce que c'est? Comme si Copette? Vous avez raison, Christophe Hondelatte en fait. Finalement, psycho pâte, c'est un mot un peu galvaudé. Et pour le faire vivre un petit peu, je vais montrer que derrière ce mot, il y a des réalités de personnalité tellement différentes. Le psycho pâte un peu classique, celui qui est le plus fréquent dans nos prisons.

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C'est un sujet, certes, qui a une dimension d'impulsivité, d'instabilités, mais en même temps, il est un peu fragile qu'il prend de la drogue. Il s'alcooliser a des addictions. Il a une deuxième type de psycho pâte, des sujets qui sont contrôlés, qui se déprimes jamais et qui n'ont pas besoin d'avoir recourir à la drogue, l'alcool. Mais dès qu'ils ont envie de quelque chose, dès qu'ils sont tentés, il s'autorise à transgresser sans être trop culpabiliser.

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Moi, j'appelle ça le psycho pas assuré. Et puis, il y a un troisième type de psycho pates. Ce sont des petits copains, certes aussi assuré, mais chez eux. Ce que je décode, c'est une boursouflure de l'ego, mais qui va jusqu'à la mégalomanie ou des grands paranoïaques. Et on voit que sous ce vocable, il y a ces trois profils assez différents. Sauf qu'on leur accole aux trois le qualificatif de psycho pates. Est ce qu'on peut dire, comme l'a dit votre confrère au cours des procès précédents où il a été jugé pour viol, qu'il est incurable?

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Alors, on peut le dire de cette façon là. Et on peut lire d'une autre façon Sverre, d'un terme aussi, qui est la préoccupation de toute société démocratique. Est ce que chez lui, on a un risque de récidive? C'est difficile, mais en même temps, je dirais que en étudiant les personnalités, les actes aussi. Parce que un viol, c'est une chose. Violer avec un couteau, c'est encore quelque chose de violer avec séquestration. On le voit dans votre histoire.

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C'est des gens plus dangereux. Et donc, c'est vrai que ceux chez qui la dangerosité est la plus forte. L'intelligence sociale, c'est d'avoir le maximum d'accompagnement quand ils sortent de prison. Presque. Je dirais d'une expression un peu populaire les marquer à la culotte pour aller lâcher, il ne faut pas les lâcher. L'intelligence sociale, c'est de mettre le paquet sur la minorité de ceux qui, à tort ou à raison, sont les plus dangereux et avoir un suivi moins structuré avec d'autres qui apparaissent moins inquiétants.

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Mais si ils ne peuvent pas se soigner, alors c'est quelque chose dont ils sont porteurs. Finalement, à l'insu de leur volonté. Jean-Luc Cailley, s'il n'a pas de prise sur sa maladie, c'est une maladie.

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Moi, je dirais non pour les raisons suivantes l'image qu'on se fait d'un violeur récidiviste, c'est quelqu'un qui, au fond, a une fantasmatique un peu fixée pour eux. Agresser quelqu'un contre son gré, c'est presque plus excitant que de faire l'amour avec quelqu'un qui est consentant. Alors, comment ça peut se traiter? Est ce que la solution, c'est psychologique? Oui, mais il faudrait aller si c'était possible, au coeur de son fantasme pour le. Le seul élément psycho chronologique que je connais, c'est finalement une forme de bracelet électronique, voire un bracelet électronique.

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Certes, on peut faire un acte, mais à tous les coups, on perd. Si je viol encore quelqu'un, je suis sûr de me faire d'être pris. Vous avez vu que a fait cette petite ruse quand même dans la construction de son scénario? Il a l'espoir un peu infantile que les soupçons aillent vers lui alors qu'il est le concierge. Tout simplement. Il a eu l'idée un peu stratégique d'injecter le sperme d'un autre. Mais est ce que même s'il n'avait pas avoué, on ne l'aurait pas fini par le penser?

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J'ai connu des enquêtes où les enquêteurs ont été avec le même scénario. Ils ont fini par se dire mais justement, il a tellement le profil de l'emploi, le père Cailley. Finalement, est ce qu'il n'aurait pas pu injecter quelque chose? Donc, oui, c'est stratégique, mais en même temps, c'est un peu cousu de fil blanc. Donc, vous avez évoqué la piste de la castration chimique. Il a subi. Le problème, c'est qu'il faut continuer à prendre son traitement et dès qu'on l'arrête, les pulsions reviennent.

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Il y a aussi la piste de la castration physique à un certain nombre de grands pervers, comme ceux qui disent Écoutez, moi, je peux rien faire contre ma perversité. En gros, coupez moi les couilles.

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Alors ceux qui nous écoutent pourraient se dire Ben voilà! Là, ça serait la solution. La solution? Je veux dire, il n'y a pas cette fameuse autorisée autorisée dans tous les pays démocratiques en Allemagne. À un moment donné, ça a été pratiqué la castration des testicules. Pas du sexe qui serait un acte barbare. Donc, ce n'est pas possible dans les pays démocratiques chlamyde dans des pays qui ne sont pas des démocraties. Il pourrait être tenté, mais regardez.

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Est ce que ça serait une solution? Non, parce qu'on voit que quand quelqu'un est tordu, on ne viole pas qu'avec le sexe, on peut violer avec des objets. Donc, l'obsession d'agresser quelqu'un dans sa sexualité peut être fait avec quelque chose d'autre que le sexe. Des centaines d'histoires disponibles sur vos plateformes d'écoute et sur Europe1.fr.