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Raconte Christophe Hondelatte. Une étrange affaire criminelle aujourd'hui l'affaire Michel Prote, en 1994 en Charente-Maritime. Un homme tue deux fois deux femmes pour arrondir ses fins de mois. Une histoire que je débriefé tout à l'heure avec le chef d'enquête de la gendarmerie à l'époque, Gérard Le Hen. Je l'ai écrite avec Thomas Audouard. Réalisation Céline. Christophe Hondelatte. Une nuit de février 1994, vers 3 heures du matin. Oh putain, t'as vu deux automobilistes qui circulent sur une départementale à la hauteur de Saint-Thomas de Cognac, en Charente-Maritime, tombent sur une voiture en feu sur le bas côté, mais vraiment en feu.

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De grandes flammes sortent de l'habitacle. Ils s'arrêtent. Et s'il y a quelqu'un dedans, quelqu'un qui serait prisonnier des flammes, il voit quelque chose. Non, je crois qu'il n'y a personne. Le conducteur a dû se barrer, chercher des secours et il appelle. Les pompiers et les pompiers arrivent, suivis de près par les gendarmes.

[00:01:16]

La voiture qui est en train de brûler est un vieux modèle Mercedes.

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Je n'ai pas l'impression qu'il y ait eu de choc. Comment ça se fait? Bruno l'hosto wetlands. Trouve pas que ça sent l'essence, ça sent l'essence alors que la Mergault est un vieux modèle diesel. Les pompiers parviennent à éteindre l'incendie. Et là apparaît encore. Pas encore assis sur le siège avant droit, c'est à dire sur le siège passager. Mais où est le conducteur? Le mort ne peut pas être le conducteur. Il n'a pas pu se déplacer sur ce modèle de Mergault.

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Il y a une sorte de grosse console au milieu, donc le conducteur s'est enfui. Et s'il s'est enfui, c'est parce que ce n'est pas un accident. C'est parce que c'est possiblement un crime. Alors, à qui appartient cette voiture?

[00:02:38]

C'est à quelques centaines de mètres et donc en pleine nuit, les gendarmes vont toquer à la porte. Personne hypothèse donc, que l'autopsie devra confirmer le corps dans la voiture et celui de la propriétaire de la voiture, Françoise Brissaud, d'émailler.

[00:03:22]

Le lendemain matin, les gendarmes reçoivent un appel. Bonjour. Je m'appelle Michel Procs. Je vous appelle pour vous signaler le vol de ma voiture. Très bien, monsieur, très bien. Quel est le type du véhicule? Une Mercedes à un vieux modèle? Et quand est ce qu'il vous a été volé? Monsieur? Je ne sais pas trop parce que je n'étais pas chez moi cette nuit, mais quand je suis rentré ce matin, j'ai constaté que la voiture était plus là.

[00:03:52]

À quoi bon écouter monsieur? Mais le mieux serait que vous vous présentiez à la gendarmerie, vous vous n'enregistrera en pleine.

[00:04:15]

Et le type vient déposer plainte. Et là, les gendarmes s'aperçoivent que la Mercedes qu'on lui a soi disant volé et bien c'est celle qui a brûlé cette. Mais ils ne lui disent rien. Moi, je suis certain que c'est mon ex-femme qui m'a pris ma voiture. Elle s'appelle comment votre ex femme? Elle s'appelle Françoise Brissaud d'émailler. D'ailleurs, il y a quelqu'un, un double, des clés. Ça peut être auquel vous vous dites votre ex-femme? Et sa voiture était chez vous, mais moi, j'ai les papiers de ce véhicule.

[00:04:49]

Il était à son nom, monsieur. Moi, écoutez, c'est plus compliqué qu'il n'y paraît. Ouais, ouais, enfin, on est divorcés, mais on est restés très proches. Et vous voulez, c'est ma voiture. Mais la carte grise était restée à son nom. Il est temps d'abattre les cartes. Monsieur, la voiture en question dont vous dites qu'elle vous a été volé. A été incendiée cette nuit. Je dois vous dire également que comme corps.

[00:05:17]

A été retrouvé dans la carcasse incendiée. Soit tu veux ou tu veux.

[00:05:37]

Les gendarmes insistent Je comprends pas bien, monsieur. La voiture était birr au nom de votre ex-épouse. Donc, si elle voulait la reprendre, elle n'avait qu'à vous demander pourquoi est ce que vous l'aurez volée dans la nuit? Je sais qu'elle est arrivée tard le soir à la gare de Bordeaux de vouloir la prendre à son arrivée cette nuit là, cette voiture a brûlé. Il est possible que votre ex-épouse soit morte dans l'incendie. Vous avez une idée de comment le feu a pu prendre puisque vous dites que c'est votre voiture?

[00:06:11]

Contrairement à ce qu'on croit, ça brûle pas facilement une voiture. Dans l'après midi, j'avais utilisé de l'essence pour nettoyer le filtre à gazole. Il a pris Jaimie de jerricanes d'essence à l'arrière de la voiture. Maintenant, j'y pense. Je pense que j'ai parmi le bouchons. Le jerricanes a dû se renverser. Et comme par ailleurs, il y avait un problème sur l'allume cigare. Il avait un défaut. Vous appuyez dessus et quand il est chaud, le ressort le projette comme ça.

[00:06:42]

Àmettre Je pense que c'est ça qui s'est passé. Elle a dû vouloir s'allumer une cigarette, l'allume cigare s'est projeté à l'arrière de la voiture et avec toute l'essence qui avait bas, ça a pris le feu. Quoi? Pourquoi pas? Un probable combat. D'autant que la dame était assise à droite côté passager, et donc l'ex mari Michel Prote change de statut. Monsieur, je vous signifie qu'à dater de cet instant, vous êtes placé en garde à vue pour une durée de 24 heures reconductible.

[00:07:33]

Mais alors, monsieur, pouvez vous d'abord commencer par me détailler votre emploi du temps? Disons à partir du début de la soirée derrière? Jusqu'à ce matin. Pas de problème, donc, à regarder dans mon portefeuille. J'ai tout le ticket et je l'ai. Je n'étais pas un saint Thomas De Koninck. Pas du tout dans son portefeuille. Effectivement, le monsieur a des tickets de péage d'autoroute. Il est allé à Bordeaux aller retour. Il y a aussi le ticket d'une épicerie à Bordeaux en pleine nuit.

[00:08:06]

Oui, c'était pour m'acheter des bières. Vous voyez bien les horaires? Moi, quand la voiture a brûlé, je savais que je n'étais pas du tout dans le coin. C'est ce qu'on appelle un alibi en béton, mais c'est presque trop. Qu'il ait gardé les tickets d'autoroute, OK, mais le ticket de ces bières à l'épicerie? Franchement, ça sent l'embrouille.

[00:08:37]

Si l'on en croit cette idée, Michel Prote a pris la route de Bordeaux à 21 heures. Il y est arrivé aux alentours de 22 heures. Qu'est ce que vous allez faire à Bordeaux hier soir, monsieur Prope? Je suis allé chercher Françoise, mon ex-femme, je vous ai dit qu'elle arrivait par le train. Je ne comprends pas bien, monsieur, vous êtes allé la récupérer à Bordeaux. Non, non, je l'ai attendu et attendu. Elle n'était pas dans le train.

[00:09:08]

Je me suis dit qu'elle était dans le train suivant. Elle n'était pas non plus. Bref, j'ai attendu cinq heures à la gare et je ne l'ai pas vu arriver. Cinq heures, c'est à dire qu'il a attendu jusqu'à 3 heures du matin, mais il n'y a pas de trains à cette heure là. Ceux qui racontent n'importe quoi, il délire. Il n'a pas passé cinq heures à attendre son ex-femme à la gare de Bordeaux jusqu'au milieu de la nuit.

[00:09:39]

Il n'aurait pas fait plutôt l'aller retour, l'aller retour jusqu'à Saint-Thomas de Cognac pour la tuer. Mettre le feu à la voiture. Après quoi il retourne à Bordeaux pour se forger un alibi en récupérant des tickets. L'hypothèse est sérieuse et en tout cas, à ce stade, c'est ce qu'envisage les gendarmes. C'est un meurtre mieux que ça. Il l'a tout prémédité, donc c'est un assassinat. Et donc, sur cette base, Michel protêt renvoyé chez le juge d'instruction de Saintes qui le mette en examen pour assassinat et le placent en détention provisoire.

[00:10:19]

Deux jours plus tard tombent les résultats de l'autopsie réalisée à l'Institut médico légal de Bordeaux. Très intéressant mon. Je n'ai trouvé aucune trace de violence. Il n'y a pas de plaie, il n'y a pas de strangulation. En revanche, dans l'estomac, les reins.

[00:10:38]

J'ai trouvé du phénomène orbital.

[00:10:40]

Ça, c'est un somnifère, mais à haute dose, je vous le dis tout de suite, ça fait dormir un cheval tire et l'autre va nous raconter que madame prenait des somnifères pour conduire, qu'elle s'est retrouvée somnolent dans une voiture, dans l'allume cigare, fait des bonds de cabri et tombe par hasard sur un jerricanes d'essence sans bouchon. D'après vous, docteur? Elle est morte avant l'incendie. Cette femme. Non, non, non, on trouve des traces de suie noire, là, vous voyez, vous voyez là, sur les parois des poumons et les poumons, ça aide à inhaler les fumées toxiques.

[00:11:16]

Elle est morte, brûlée vive. Dites moi, docteur, vous vous pouvez nous confirmer que la victime n'a Mme Brissaud d'émailler. Non, non, non, j'ai un gros doute, j'ai un gros doute parce que selon le dossier médical de Mme Brisson d'émailler qu'on nous a transmis, elle a subi une hystérectomie ablation de l'utérus. Si vous voulez. Or, la dame dont le corps est là, devant vous, a un utérus en parfait état, vous voyez là, c'est ça l'utérus.

[00:11:51]

Donc, et bien ça n'est pas le corps de Françoise Brissaud d'émailler, mais alors Guillestre et elle est où Mme Brissaud d'émailler? Et là, les gendarmes se lancent sur sa trace qui a vu cette femme récemment, il découvre avec stupeur que personne n'a vu Françoise depuis le mois d'octobre, c'est à dire depuis quatre mois.

[00:12:21]

A priori, le dernier à l'avoir vu et son médecin à Saint-Thomas de Conac, le lendemain, elle avait rendez vous chez le podologue. Elle n'y est pas allé et depuis, elle n'a donné aucun signe de vie. Mais ses proches, sa famille ne se sont pas inquiétés. Les gendarmes vont voir son père et sa soeur. Nous, on ne s'est pas inquiété, non. Pour nous, on est parti faire sa vie en Afrique, regardez elle nous envoyer envoyé trois cartes postales d'Afrique.

[00:12:55]

Vous les avez, ces cartes postales? Oui. Tenez, les voilà, il y en a bien 3.

[00:13:01]

Et là, les gendarmes regardent le cachet de la poste. Elles ne viennent pas d'Afrique du tout. Elles ont été postées à Toulon.

[00:13:14]

Dites, messieurs dames! C'est normal qu'elle ne signe pas les cartes postales de son prénom Françoise amarqué ex Françoise. Elle avait changé de prénom. Ah non, ça, on a pas trop compris. Et Toulon? Toulon, ça correspond à quoi pour vous? Elle s'était installée à bas quelques mois après son divorce. Elle voulait refaire sa vie là bas. Elle habite un appartement à Toulon. Ouais, les gendarmes vont fouiller son appartement. Manifestement, il n'a pas été occupé depuis des mois.

[00:13:47]

Françoise Brissaud, d'émailler, s'est volatilisée et c'est confirmé par les quelques amis qu'elle avait sur place. Françoise Moi, je ne l'ai pas vu depuis septembre ou même octobre ou septembre octobre, je dirais. On va voir sur son compte en banque pas un mouvement, pas un retrait. Depuis le mois d'octobre.

[00:14:13]

Et Michel Prote, alors, il a eu de ses nouvelles. Ces derniers temps? Ah bah oui! Ah ben moi, François, j'ai eu régulièrement des contacts avec elle ces dernières semaines. Alors je dirais même ces derniers jours, les gendarmes vont perquisitionner la maison de Michel Prote. Ils tombent sur le sac à main de Françoise et d'Oudon, sur son chéquier, sur son porte monnaie et sur ses papiers d'identité. Tout est là, y compris ses lunettes de vue et par acquit de conscience.

[00:14:41]

Les gendarmes appellent son ophtalmo. Dites moi, docteur? A votre connaissance, elle peut se passer de ses lunettes. Madame Brissaud d'émailler ses lunettes?

[00:14:55]

Non, non, non, elle est totalement myope.

[00:14:57]

Par exemple, elle pourrait conduire sans lunettes correctement qu'impossible.

[00:15:07]

Elle n'est pas morte dans la voiture, elle n'est pas en Afrique, elle n'est pas à Toulon, il l'a tué, mais quelqu'un d'autre à sa place dans la voiture en feu, ça. Pour l'instant, c'est encore un mystère. Mais c'est Michel protêt, un sacré tordu.

[00:15:27]

Cette affaire est un mystère et les médias adorent les mystères et donc, depuis le début, le journal local Sud-Ouest n'en loupe pas une miette et en matin, on peut y lire notamment que le corps dans la voiture incendiée n'est pas celui de sa propriétaire. On ne sait pas qui c'est le jour même.

[00:15:48]

Un homme appelle les gendarmes. Je vous appelle parce que ma mère a disparu depuis quelques jours. Elle s'appelle Blanche Vicherat, elle a 67 ans et je pense qu'il y a un rapport avec l'arrestation de M. Prote. Elle, elle le connaissait bien. A très bien monsieur et qu'est ce que vous faites entre la disparition de votre mère et cette affaire? Écoutez moi, je vous l'ai dit elle, je connaissais quoi et je crois même qu'elle devait le voir le jour où elle a disparu.

[00:16:21]

Elle habite outre mer. Aboyant. Il dit que sa mère a disparu le 19 février 1994, c'est à dire le jour de l'incendie de la voiture.

[00:16:40]

Est ce que c'est elle qui était dedans?

[00:16:43]

Est ce que c'est elle qui a brûlé d'après le fils de cette Blanche, Vicherat? Elle a disparu alors qu'elle avait rendez vous avec Michel Prote, qui était un de ses amis. Elle venait de rentrer de voyage en Italie. Elle avait acheté un masque vénitien. Elle a demandé à Michel de venir l'aider à l'accrocher sur le mur avec sa perceuse. Les gendarmes vont chez elle. Effectivement, on a fait un trou dans le mur et mis une chauvy dedans.

[00:17:11]

Et il y a de la poussière de plâtre sur la plainte et sur le sol. Et d'après l'Office, ça n'était pas du tout le genre de la mère. Ma mère est une maniaque. Elle aurait nettoyé le lit, puis regardé l'appartement et n'aurait pas laissé traîner ses pantoufles comme ça. Et puis laller, les tasses sales dans l'évier, ce n'est pas du tout son genre de laisser traîner des tas, ça.

[00:17:33]

On interroge tout de suite Michel Brott sur ce rendez vous le matin de l'incendie. Je confirme qu'elle m'a appelé. Pour que j'aille faire un trou avec ma perceuse chez elle. Après, elle voulait me garder à dîner, mais je ne pouvais pas puisque il fallait que j'aille chercher Françoise à la gare de Bordeaux.

[00:17:51]

Sauf qu'on vérifie les factures détaillées de son téléphone. Ce n'est pas elle qui l'a l'appelait.

[00:17:57]

C'est lui. Il les a tué toutes les deux Namor, François en octobre, ensuite Blanche en février. Il y a fort à parier que le cadavre calciné dans la voiture et celui de Blanche. Mais pourquoi a t il fait ça? Pour l'instant, les gendarmes ont un peu de mal à y voir clair. Et c'est là que les gendarmes s'aperçoivent que Michel Brott a un petit passé criminel. Petit, je vous laisse juger. Il a fait de la prison pour meurtre.

[00:18:32]

En 1980, il a étranglé un retraité après l'avoir cambriolé. L'homme a été retrouvé étranglé avec une cordelette dans le coffre de sa voiture. Et pour ce meurtre, il a pris vingt ans. Il en a fait huit. Il est dehors depuis cinq ans seulement. Mais il n'y a pas que ça dans son casier. A une époque, il était pompier à Bruxelles, en Belgique. Il a été accusé d'incendie volontaire. Un pyromane. Il aurait mis notamment le feu à une villa de Bastogne.

[00:19:00]

Il s'est fait virer des pompiers. Le feu, déjà le feu.

[00:19:12]

Alors, est ce qu'on est sûr que c'est Blanche lui fera la morte de la voiture? Le juge d'instruction ordonne une expertise complète de la carcasse incendiée et en passant les cendres au tamis. Les experts découvrent une prothèse dentaire, une couronne que l'on compare avec le dossier dentaire de Blanche. Et elle est à l. C'est elle, la morte de l'incendie. Mais alors, où est passée Françoise? Les Gendarmes décide de survoler la propriété de Michel Prote avec un hélicoptère équipé d'une caméra thermique et l'hélico repère une tranchée sur le terrain, un endroit où on a creusé récemment.

[00:19:59]

Et les gendarmes creusent à leur tour en présence de Michel Prote et l'autre qui a compris qu'il était coincé. Lâche bombe. Cette fois, je suis coincé. Qu'est ce que vous avez dit? Rien, rien. Il est inquiet. Il est nerveux. À un moment, il essaye même de se karaté. Mais les gendarmes le rattrape.

[00:20:21]

Et au bout de quelques heures, stop, on dirait les gendarmes, exhume un cadavre enroulé dans une couverture. C'est Françoise Brissaud d'émailler en robe de chambre. Elle a une cordelette autour du cou, une cordelette. Vous vous souvenez que c'est comme ça qu'il a tué? Il y a quatorze ans en Belgique. Et quand on va comparer, on va s'apercevoir que dans les deux meurtres, il a fait les mêmes nœuds sur les deux cordelettes.

[00:20:55]

Il nous reste à comprendre le mobile de ce double meurtre. Pourquoi, après avoir tué son ex-femme Françoise en octobre, t il son amie blanche en février et place t il son corps dans la voiture avant d'y mettre le feu pour faire croire que c'est celui de son ex-femme?

[00:21:11]

Allez faire tourner un peu les neurones. Enfin, depuis le temps que vous racontent des crimes, vous devriez avoir trouvé le mobile de temps de crime. L'argent. Michel Protêt, artiste peintre qui n'a pas un fifrelin. Longtemps, il a ponctionné les comptes de son ex-femme dans son dos. Il lui a pris jusqu'à 10 000 francs par mois. Et puis, il s'en est aperçu et lui a retiré la procuration qu'elle lui avait imprudemment donnée. Alors, il l'a tuée et il a rétabli la procuration en imitant sa signature.

[00:21:44]

Et pendant quatre mois, il a continué à siphonner son compte en banque. Mais ça ne pouvait pas durer pour deux raisons. D'abord, la Sécu a convoqué Françoise pour des examens. Elle pouvait pas y aller et sa famille a commencé à se poser des questions sur sa disparition. Il s'est retrouvé coincé. Alors, il l'a faite mourir officiellement en utilisant le cadavre de sa copine blanche, qui l'a tuée. Il a tué Blanche pour servir de substitut au cadavre de sa femme.

[00:22:14]

Rien de plus. Et après, ma foi, il espérait vivre de la pension de réversion de Françoise.

[00:22:27]

On l'interroge bien sûr sur cet incroyable scénario.

[00:22:31]

Il n'a rien à dire. Mieux que ça. Il se lance dans une démarche désespérée et risible pour tenter de se dédouaner. Depuis sa prison, il envoie deux lettres qui revendique les deux meurtres. Ce serait des meurtres commis par les services secrets belges, figurez vous. J'ai des assassinats politiques. Sauf que dans ces courriers, il fait une grosse bêtise. Il appelle les services secrets belges. Le Gladio, c'est le Gladio avec Michel Hodder. Ce type est pitoyable d'un bout à l'autre.

[00:23:16]

Ce n'est pas fini. Le 2 juin 1995, accompagné de deux autres détenus, Michel Prote tente une évasion de la prison de Gradignan, près de Bordeaux. Armé d'explosifs, de détonateurs et d'armes blanches, la tentative échoue. Cela lui vaudra sept ans de prison.

[00:23:49]

Le 25 septembre 1996, Michel Prote comparaît devant la cour d'assises de Saintes pour le double assassinat. Et à l'audience, il se prétend amnésique. Il dit qu'il a tout oublié. Il veut se faire passer pour un fou. Il ne donnera aucune explication. Le 27 septembre 1996, Michel Prote est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

[00:24:28]

Pour débriefer cette incroyable histoire, je suis maintenant avec Gérard Le Hen, vous dirigez Monsieur L'U.N. Le groupe homicide de la section de recherches de la gendarmerie de Poitiers. Ce qui m'a surpris, c'est que quand on vous a appelé pour réveiller ce souvenir vieux tout de même de plus de vingt cinq ans, vous avez tout de suite dit oui. C'est donc que cette histoire vous a marqué? Effectivement, c'est une affaire qui marque dans une carrière, c'est une affaire surprenante, d'abord deux cadavres et puis ensuite les circonstances font que cette affaire sur laquelle on a longuement travaillé et qui a occupé notre esprit.

[00:25:12]

Qu'est ce qui vous a intéressé là dedans?

[00:25:14]

C'est le stratagème monté par ce bonhomme qui, en même temps, est entièrement cousu de fil blanc, c'est à dire qu'on voit tout de suite qui ment.

[00:25:22]

De toute façon, ce qu'il y a, c'est fait dès le départ, quand il est placé en garde à vue et qu'il nous sort dans son portefeuille et qu'il nous donne son portefeuille. Le ticket d'autoroute, encore qu'il ait gardé le ticket d'autoroute, c'est possible. Mais l'achat d'une bière dans une épicerie de nuit à Bordeaux, c'est surprenant. On Sachiko si vous demandez la totalité des gens qui font des achats la nuit, si vous leur demandez le ticket, c'est pas possible, c'est poss.

[00:25:53]

Pas sûr. Ils sont partis dès le début.

[00:25:56]

En deux mots, on va être obligés de faire une coupure pour l'input. Mais en deux mots, il se rend compte où il se rend compte que ce qui sera qu'il raconte est énorme. Finalement, on l'accuse plus que ça ne nous défend. Il ne se rend pas compte alors qu'il donne des explications qui sont extravagantes et donc on n'y croit pas. Bien sûr, c'est tellement énorme qu'on n'y croit pas.

[00:26:23]

Il dit comment, en deux mots, cet homme là? Et on en reparle après la pub. Et il est pourtant sûr de lui quand il vous regarde et vous explique calmement, lui, que c'est comme ça que ça s'est passé avec beaucoup d'aplomb. Vous en faites quoi? Oui, il y a beaucoup d'aplomb et il a réponse à tout. Sauf que quand on l'a poussé à l'extrême, où il peuplus répondent bien et se bloque, il ne répond pas.

[00:26:49]

Ce qui frappe, on en a dit un mot avant la pause, c'est l'amateurisme de ses hommes. La première chose qui reste un mystère. Alors, peut être de vous. Vous avez la réponse. Mais pourquoi les styles nous cadavre sur le fauteuil passager s'il veut vendre son idée de l'allume cigare qui fait un, qui met le feu à la voiture, vient nous jerricanes ouverte. Au moins faudrait il qu'elle soit au volant?

[00:27:15]

Oui, tout à fait. Donc, en fait, ça, c'est des constatations qui sont faites sur place et qui indiquent dès le départ que le corps retrouvé dans la voiture ne pouvait pas se trouver sur le siège du conducteur se trouvait sur le siège passager. Ça, c'est une certitude. Et donc, en fait, dès le départ, si vous voulez, si vous mettez la position du corps retrouvé dans la voiture plus jerricanes d'essence malencontreusement oublié, ouvert sur le siège arrière.

[00:27:50]

Bien sûr, ça fait quand même beaucoup de coïncidences.

[00:27:55]

Deuxième chose il aurait pu se douter que vous alliez faire une autopsie dès que les médecins légistes ne sont pas des charlots. Ils ne vont pas confondre une femme avec une autre vision quand ils pensent.

[00:28:09]

Ils pensaient justement que la combustion aurait abîmé suffisamment le corps. Sauf que le corps, ça ne se produit pas comme ça. Et donc, il y a des éléments qui ne peuvent pas disparaître ou qui peuvent disparaître dans une combustion, dans une voiture à l'air libre. Et donc, en fait. Effectivement, il faut faire une autopsie complète et on a pu démontrer rapidement que ce n'était pas le corps de bébé, mais celui de Blanche, l'Iseran.

[00:28:39]

On le démontrera à la fin. C'est peut être l'occasion de doute de dire les choses au passage, parce que moi, c'est des choses que je retrouve très souvent dans des récits toujours faits. Les voitures ne brûle pas comme ça. C'est très rare qu'une voiture se mette à brûler toute seule, qu'un incendie se déclenche tout seul. Les cadavres ne disparaissent pas aux poudres. Il reste toujours des morceaux entiers.

[00:29:01]

Oui, tout à fait. Un cadavre reste entier et les organes profonds, c'est à dire qui sont bien à l'intérieur du corps, ne parviennent pas facilement, selon l'homme que vous avez en face de vous.

[00:29:16]

Moi, je ne l'ai jamais vu. Je n'ai aucune idée de ce à quoi il ressemble. À quoi ressemble t il?

[00:29:24]

Petit à petit, monsieur, qui est bien intégré dans la vie locale. Il fréquente débits de boisson et il fréquente les magasins divers. Il ne se fait pas remarquer. C'est quelqu'un de gentil. Tout le monde. Lors de l'enquête dIrak, il avait de bonnes relations avec les gens autour de lui.

[00:29:47]

Il est sympathique où on sent un pervers.

[00:29:50]

Tyler, manifestement un enfant. Oui, c'est sale, le côté pervers, parfois affleurer sa personnalité. De quelle manière? En fait, on voit quand même, mais qu'il essaye toujours de tirer profit, quoi? Et donc, ça peut l'amener. La scène des tickets qu'il a conservé indique qu'il a préparé son coup et en même temps, il a absolument pas préparé son coup puisque il raconte cette histoire selon laquelle il serait resté cinq heures à la gare de Bordeaux, jusqu'à une heure où plus aucun train n'arrive tout à fait.

[00:30:34]

A ça en plus. Bien sûr, on a fait des essais de transport de Bordeaux jusqu'à son domicile Châteauvert, Conac, sur les l'incendier, etc. Et on s'est très rapidement rendu compte que dans ce créneau horaire, il avait le temps de faire des allers et retours et de procéder à la sortie de la voiture.

[00:30:58]

A votre avis, c'est ce qui s'est passé. Il a fait l'aller retour.

[00:31:01]

A notre avis, ce qui s'est passé, il a fait l'aller retour, il est allé à Bordeaux le soir, il est revenu dans la nuit, repart à Bordeaux, sont faits commis et il est rentré le matin pour aller chercher son ticket de péage pour aller chercher ce ticket d'achat de billets.

[00:31:17]

Quoi exactement? Ça, c'est plutôt intelligent dans la perspective d'un crime parfait. Mais quand? À côté de ça, il prétend que l'allume cigare fait des bonds de cabri dans la poche, capable d'aller incendier un jerricanes opportunément ouvert derrière.

[00:31:31]

C'est vrai, il a trop regardé Colombo?

[00:31:37]

Oui, je sais. Je ne crois pas qu'il s'était rendu compte des moyens qui sont déployés sur les enquêtes criminelles.

[00:31:45]

Quand même, les cartes postales de Françoise de Brissaud d'émailler qu'il envoie depuis l'Afrique, mais qu'il poste à Toulon.

[00:31:53]

Sa réussite est l'amateurisme et l'amateurisme puisque, en fait, on a vu des cartes postales. La première chose qu'on va regarder ça, c'est le cachet de la poste faisant foi, le lieu où elles ont été postées et on s'aperçoit qu'elles sont postées à Toulon. Veux dire, je ne crois pas en Afrique. Pourquoi elle envoie des cartes postales de Toulon?

[00:32:14]

Il y a aussi ces lettres anonymes qu'il envoie de prison lui même et qui désigne les services secrets belges. Là, il y a quelque chose, peut être une explication que je n'ai pas donnée, c'est que Blanche Vicherat a travaillé à la DG si elle était secrétaire au sein des services secrets français. Oui, c'est ça. C'est donc assez grave pour impliquer les services secrets belges?

[00:32:38]

Oui, alors qu'en fait, il a tenté d'impliquer les services secrets belges. Mais il se trompe sur le nom. Ce n'est pas Gladio, c'est Gladio. Oui, c'est exactement. Et il se trompe sur une lettre.

[00:32:51]

Il m'est arrivé à la place et ça confirme l'amateurisme du bonhomme. Tout à.

[00:32:59]

Alors il y a quelque chose qui est très troublant dans cette histoire, c'est des cordelettes. Vous avez donc établi que le nœud qu'il fait autour de la cordelette qui servait à étrangler Blanche Mishra de même nature que le nœud qu'il fait autour de la cordelette qui, en 1980, étrangle cette personne qu'il tue au cours d'un cambriolage?

[00:33:21]

Oui, parce que nous sommes rendus, nous nous sommes rendus en Belgique pour suivre les investigations et que nos collègues belges ont pu nous ressortir le dossier de l'époque de 1980. Et donc, c'est là qu'on a vu les traits spécifiques sur les cordelettes et on a pu faire un rapprochement avec la cordelette retrouvée autour du pot pourri sur Débraillés.

[00:33:45]

Il était petit. Me dites vous? Mais c'est un ancien commando, un petit et râblé, fort, costaud.

[00:33:54]

Il avait donc probablement appris chez les commandos cette technique pour faire des nœuds. Qu'il reproduis, quoi? Voilà vraisemblablement ce qui fait penser à un tueur en série au petit rituel du tueur en série. Exactement. C'est un tueur en série qui a tué trois personnes, trois personnes, une en Belgique et deux hommes.

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A aucun moment, il ne reconnaît quoi que ce soit et n'admet rien, n'avoue quoi que ce soit.

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Non, il restera jusqu'à la fin où il dit n'importe quoi pendant l'enquête. N'importe quoi. Et pendant le procès, il a dit qu'il était armé de rien.

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Il a tenté de se faire passer pour fou, exactement.

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C'était assez vain.

[00:34:43]

Mais les experts ont rapidement démontré que cet homme était un grand pervers. Tout à fait.

[00:34:51]

Tout de même condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, ce qui n'est pas banal dans ce genre d'histoire. Je vous remercie beaucoup d'avoir réveillé ces vieux souvenirs et beaucoup de votre émission à bientôt.

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