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L'être, raconte Christophe Hondelatte. Bonjour a tous, je vais vous raconter aujourd'hui une histoire très célèbre du début du 20ème siècle l'histoire d'un poilu de 14 ans, Paul Grape, qui déserte et qui, pour passer inaperçu, va se déguiser pendant le reste de la guerre et même après d'ailleurs en femme. Vous verrez d'ailleurs que c'est un peu plus compliqué que ça. Cette histoire a donné un film en 2017, un film d'André Téchiné, Les années folles avec Pierre de la Domjean dans le rôle de Paul Grappe.

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Et pour écrire cette histoire, je me suis appuyé sur un livre qui est l'ouvrage de référence de cette affaire, La garçonne et l'assassin, paru aux éditions Payot. Un ouvrage écrit par deux historiens, Fabrice Virginis et Daniel Waldman, et Fabrice Vergely, qui est directeur de recherche au CNRS. Et là, avec moi, pour le débriefe. Bonjour à vous, bonjour. Vous êtes un spécialiste de la sexualité, c'est ça? Au début du 20ème siècle, pendant la période de l'entre deux guerres, oui, entre autres.

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Et la manière dont les guerres mondiales influencent les relations entre les femmes et les hommes. Et la sexualité est une part non négligeable de ces relations.

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On est pile dans le sujet. Voici cette histoire. L'histoire de Louise et de Paul laréalisation et de Céline Lebrun.

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14H15 Heure. On raconte sur Europa. Je vous emmène un soir de juillet 1928 dans le quartier ouvrier de Charonne, à Paris, à un pâté de maisons du cimetière du Père-Lachaise. Très exactement au 34, rue de Bagnolet. Ce qui va se passer ici dans deux secondes va révéler l'une des histoires les plus stupéfiantes du vingtième siècle. Accrochez vous, c'est du lourd.

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A minuit, un coup de feu retentit au 34, rue de Charonne. A cette heure là, les gens dorment. Bien sûr, la concierge enfile un peignoir et elle sort dans le hall et elle voit débouler la locataire du dessus. Madame Grape, en chemise de nuit, est pieds nus avec Popaul, son loupiots de deux ans et demi dans les bras. Rouge comme une tomate et en larmes. Mardi, Barry. J'ai eu Mme Grape, mais qu'est ce que vous avez fait?

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Vous devriez avec tout de suite au commissariat.

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Je vous accompagne si vous voulez. Et les voilà partis toutes les deux. Mme Grape est la concierge au commissariat de la rue des Hurteau. Un quart d'heure plus tard, elle reviennent avec des policiers.

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Ils montent et ils trouvent le mari agonisant dans l'appartement. Enfin, disons plutôt la chambre parce que c'est pas grand 15 mètres carrés, une table, deux commodes et un lit sur le lit. Le mari qui geint, mais qui n'est pas mort. Le commissaire note sur son calepin.

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Il porte une blessure à chaque tempe et il râle. Il n'y a pas de Samu à l'époque, alors on met Paul Grattes dans un taxi, direction l'hôpital Saint-Antoine. Il n'y arrivera pas vivant. Il meurt pendant le trajet. Dans le taxi, il avait 36 ans, comme sa femme.

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Et forcément, Louise Grape, qui vient de tuer son mari, se retrouve au commissariat de Charonne face au commissaire. Alors, Mme Grape, racontez moi ce qui s'est passé. Il avait tellement bu! J'ai eu peur, j'ai eu peur pour mon enfant et elle se met à raconter. Cet après midi, son petit garçon Popaul, n'allait pas bien. Il avait la rougeole à la Pentecôte et depuis, il toussé, donc vers 6 heures de l'après midi.

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Elle a décidé de l'emmener chez le docteur.

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Mon mari était sous comme un cochon, comme d'habitude. Il a quand même voulu m'accompagner au dispensaire. Je n'ai pas pu lui dire nous. Le médecin a pris la température du petit 38 8 et il n'a pas trouvé d'où ça donné. Et puis, sur le chemin du retour, le mon mari a voulu s'arrêter au bistrot, encore au bistrot. Je n'étais pas d'accord. Je lui ai dit qu'on allait coucher le petit. Il m'a répondu Tu fais chier la foule quand?

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Donc, je suis rentré toute seule avec mon fils. Elle raconte ensuite que vers 10 heures du soir, elle a entendu frapper comme un soudard à la porte de l'immeuble. Alors elle est descendue. C'était son mari et il était fait comme elle l'a aidé à remonter.

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Et il s'est écroulé sur le lit, tout habillé, au beau milieu de la nuit. Monsieur le commissaire gigoter dans tous les sens. Et puis il m'a envoyé une baffe.

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Popaul, ça l'a réveillé et il s'est mis à pleurer.

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Et elle dit que l'autre plus le gamin gauler, plus ça le rendait fou, fou.

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A un moment donné, le commissaire m'a donné un grand coup dans le dos pour me sortir du lit. C'est là que j'ai pris le revolver qui était sur la cheminée. J'ai tiré. Voilà. Et après, elle a dévalé l'escalier et elle est tombée sur la concierge. Voilà comment c'est arrivé. Le commissaire. Interrogée, la concierge confirme que Paul Grape était invivable un soir, c'était dans la rue. Elle rentrait avec le fils à Paris, mais il lui demi espèce de puta et il la gifle.

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Il la gifle. J'ai dû fermer la porte cochère pour éviter que ça fasse scandale. Ces derniers temps, monsieur le commissaire, il lui faisait une scène tous les soirs. C'était toujours en pleine nuit que ça partait. Des fois, il hurlait comme quoi il devait les tuer tous les deux. La femme et le gosse, c'est à cause de l'alcool. Monsieur le commissaire, c'est tout. À cause qu'il était jaloux. À ces maladies, vous savez.

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Et tous les voisins confirment les cris la nuit, les coups, les meubles qui valdinguer, les pleurs du gamin. Mais enfin, madame, vous dites que votre mari était violent. Vous dites qu'il vous battez, mais vous n'avez jamais porté plainte contre lui.

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Je n'ai pas trouvé même une main courante. Louise prend alors sa tête entre les mains et elle se met à pleurer, à chialer, et il va lui falloir deux jours. Vous entendez deux jours entiers pour raconter au commissaire sa folle histoire et elle commence par le début, par la rencontre avec son mari. Et le commissaire la laisse dérouler sans l'interrompre, sans se douter une minute de ce qu'il va découvrir.

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Paul et Louise se rencontrent en 1911 à un cours de mandoline dans le 13ème arrondissement. Ils ont 20 ans à peine et ils ont tout de suite le béguin. Ils se marient. Mais trois ans plus tard, Louise découvre que son mari a une gigolo. Une petite bonne du 16ème arrondissement, rose. Ni une ni deux, elle va la voir. Grape est marié, mademoiselle et je suis sa femme. Kobel Bours Maria, dit il, a dit qu'il était célibataire.

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Le soir, apprenant que sa femme est allée voir sa maîtresse, Paul se met dans une colère de tous les diables. Mais de quoi tu te mêle? Ça ne te regarde pas. Ce sont mes affaires. Tu n'avais pas à faire ça. Et là, il lui explique qu'il est pour l'union libre. Et puis là dessus arrive la guerre. Et oui, on est en août 1914 et le jeune Paul Grape part se battre comme caporal dans la Meuse.

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Il est blessé une première fois à la cuisse. Et puis il repart au front. Et puis, il se blesse une deuxième fois au doigt. Et cette fois là, pour tout vous dire, on le soupçonne de s'être blessé lui même pour être envoyé à l'arrière et pour échapper aux tranchées. Il passe donc en conseil de guerre. Mais ses camarades témoignent en sa faveur et il échappe au peloton d'exécution. Et il va donc se soigner à l'hôpital. Et puis, à un moment donné, en mai 1915, on veut le renvoyer au Front Grape.

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Vous n'êtes qu'un tire au flanc dans deux jours, vous êtes sur le front. Le lendemain, il décide de déserter et il part retrouver sa Louise à Paris. Sauf qu'à Paris, en 1915, un jeune garçon de cet âge là qui n'est pas à la guerre, c'est louche. S'il se fait pincer, il risque le peloton d'exécution. En pleine guerre, on ne badine pas avec les déserteurs et Louise et Paul décide d'abord de déménager. Ils quittent le quartier de Charonne, où ils sont connus comme le loup blanc pour celui de la nation, où personne ne les connaît.

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Il emménage dans une petite chambre de bonne. Et là, Paul le déserteur a une idée géniale et un peu perverse. Vous verrez plus tard pour ne pas se faire passer. Il décide de se déguiser en femme. Et Louise l'aide, figurez vous. Physiquement, c'est jouable. Paul n'est pas très grand. Un mètre soixante. Il n'a pas les traits trop carrés. Ça peut le faire. Il enfile un tailleur de velours qui appartient à Louise. Il se rase de près.

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Louise l'arrangent un peu. Elle lui trouve un chapeau.

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Pas mal, non? Qu'est ce que tu en penses? Je trouve ça bien. Et si l'on descendait dans la rue pour voir si je passe inaperçu? Et donc, ils descendent dans la rue pour voir et ils ne passent pas inaperçus. Au bout de cinq minutes, un homme se retourne et se mettent à le draguer de loin. Incroyable, ça marche. Non seulement on le prend pour une femme, mais en plus, on le prend pour une belle femme.

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C'est très encourageant. Alors dans la foulée, il se fait percer les oreilles et ajoute à sa panoplie des boucles d'oreilles. Et puis, il se choisit un prénom. Qu'est ce que tu dirais de Suzanne? C'est joli nom. Suzanne l'Angkar, c'est pas mal. C'est ainsi que Louise Grape et Suzanne l'Angkar, deux femmes donc en apparence, se retrouvent à partager le même appartement entre nous dans ces années là. Deux femmes à la. C'est assez gonflé.

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Le saphisme, comme on dit à l'époque, n'est pas vraiment dans les mœurs. Mais bon, c'est la guerre. Les hommes sont au front alors que deux femmes partagent un appartement. Finalement, pourquoi pas? Et les voilà qui s'installent dans leur nouvelle vie. Louise va travailler et au début, Paul reste à la maison.

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Il joue de la mandoline. Mais il s'ennuie un peu. En vérité, sa vie de femme au foyer lui pèse. Alors, il se trouve un petit travail à domicile face au Neuss de bretelles assez chou pour un caporal en pleine guerre de façonner des bretelles. Mais surtout, au bout d'un moment, il se met à sortir habillé en Suzane. Bien sûr, il marche comme ça. Il se promène et ça se confirme. Susanne plaît, elle plaît aux hommes, mais elle plaît aussi aux femmes.

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Et ça, c'est une découverte assez excitante. Parce qu'en vérité, Paul Grape ne se déguise pas en femme que pour échapper aux gendarmes. C'est son petit secret. Ça lui plaît d'être une femme travesti en femme, tandis que Louise est au turbin. Ils se mettent à coucher avec des femmes. Et puis, un jour, avec des hommes travestis bisexuels, la tête du commissaire à qui Louise raconte son histoire depuis des heures et des heures. Il était parti pour recueillir les aveux d'une meurtrière et il se retrouve à entendre l'histoire la plus incroyable de sa carrière à un moment donné, monsieur le commissaire.

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Nous avons aménagé près du bois de Boulogne, dans le quartier. Vous savez comment faire? Il y a des cafés olé olé. Et puis, il y a le bois, l'allée des acacias. Je ne sais pas si vous connaissez. On s'y mélange à qui mieux mieux. Il était tout le temps, tout le temps, monsieur le commissaire, et vous vous laissiez faire.

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Ah ben oui, elle l'a laissé faire, la brave Louise, et ça a continué comme ça jusqu'à la fin de la guerre. Après la guerre, en 1919, une partie des déserteurs est amnistiés, mais pas Paul, alors ils continuent à jouer des Suzane puisqu'ils aiment ça.

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En 1922, le couple s'installe aux Batignolles. La guerre est loin derrière. Paris commence à s'encanailler. Alors désormais, il se présente comme un couple lesbien, deux lesbiennes qui vivent en ménage. Paul, entretemps, s'est fait épiler la barbe et la moustache à l'électrolyse. Son visage est devenu encore plus féminin et en s'installant aux Batignolles, ils se sont rapprochés de Montmartre, Montmartre et ses bars interlopes, comme on disait. Le clair de lune chez Graff, tout cela est à côté du Moulin Rouge, des cafés où se retrouvent ce qu'on appelle à l'époque les inverti de tous milieux.

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Il y a des bourgeois, il y a des aristos, il y a des ouvriers et des militaires. Pourvu qu'on s'amuse.

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Vous savez, le commissaire, il n'y avait plus que ça qui comptait pour lui le sexe, le sexe, c'était compulsif, compulsif et pervers.

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Louise raconte au commissaire quand 10 924 Paul qui lui a demandé de prendre un amant.

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J'ai accepté. Monsieur le commissaire, vous même si je dois dire que j'ai eu de la répulsion. Mais enfin, le métro porte Maillot. Nous avons rencontré un couple espagnol. Le monsieur s'appelait Paco. Il avait l'air gentil et Paul a voulu qu'il possède la première fois devant lui. Il m'a dit qu'il m'aimait davantage, alors j'ai accepté. Il s'est dissimulé et il nous a regardés. Avec cet homme, monsieur le commissaire, je n'ai jamais su me révolter.

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Mais Louise raconte aussi qu'à partir de cette époque là, Paul devient très difficile à vivre. Avant la guerre, il n'était pas commode, mais là, là, c'est le pompon. Il pique des colères et il picole. Il boit de plus en plus, ce qui le fait passer de la frénésie à l'abattement. Et là, il se met à broyer du noir et à parler de suicide.

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Et puis, le 3 janvier 1925, le Cartel des gauches arrive au pouvoir en France et il décide amnistié tous les déserteurs de 14 parce que pendant tout ce temps, ça a duré dix ans. Paul pouvait être arrêté et envoyé au Nuove à n'importe quel moment. C'est fini. La République passe l'éponge. Et la Dilem, qu'est ce qu'il va faire? Est ce qu'il reste? Femme? Est ce qu'il reste Suzane? Ou est ce qu'il redevient Paul Paul grappe caporal déserteur désormais amnistiés?

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Pour connaître la réponse. Venez avec moi, venez, venez, venez en bas de chez lui, aux Batignolles. Normalement, c'est son heure, a tonné le voilà. Bien, il est en homme, en pantalon, en veste, avec un béret basque. La concierge est comme deux ronds de flan. Madame Suzanne, vous êtes folle. Je ne suis pas madame Suzanne. Je suis Paul grappe, madame. Et il laisse la concierge plantée là.

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Et il s'en va prendre le métro. Et il va tout droit à la prévôté de la place de Paris. La police de l'armée. Mon lieutenant caporal Paul Grape, j'ai déserté le 19 mai 1915, mais je viens d'être Amnesty. N'est ce pas par la loi du 3 janvier 1925? Je demande donc à être rayé des contrôles de désertion et il retrouve ses droits, tous ses droits comme avant.

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Là, ne vous demandez pas comment un journaliste est au courant de cette histoire. N'empêche que le 4 février 1925, le petit journal titre Mademoiselle Suzanne, dite La garçonne, revit. Paul Grape, Le déserteur amnistié. Tout le monde est désormais au courant. Et là, ça devient compliqué pour Paul. Le propriétaire de l'appartement des Batignolles, par exemple, ne peut plus lui établir de quittance de loyer. Ah non, non, moi j'ai loué à une femme, je n'ai pas loué à un homme.

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Le journal l'Humanité titre alors. Va t'on expulser la garçonne? C'est à partir de ce moment là que Paul sombre dans l'alcool et la dépression. Parce qu'au fond de lui, vous l'avez compris, il est une femme. Il est ce qu'on appellerait aujourd'hui un transsexuel et donc il ne tient pas longtemps en homme et il finit par remettre une robe, des talons hauts, un chapeau. Et avec ça, comment voulez vous qu'il trouve du travail et qu'il se mette à boire de plus en plus?

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Il buvait tellement, monsieur le commissaire, que certains matins, il tremblait au point de ne pas pouvoir porter son bol de café à la bouche. Passer ses journées habillé en femme, il allait sur les bords de Marne et jouer de la musique qui buvait. Il buvait toujours. Et puis, il rentrait au milieu de la nuit, ivre mort. À cette époque là, j'étais enceinte. Eh bien, il a attrapé son rasoir et il me disait Je vais te sortir ton salaire que tu as dans ton ventre, tu vas boire.

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C'était terrible, monsieur le commissaire Terry.

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On est là trois ans avant que Louise ne tue Paul et on voit bien les prémices de ce drame et à ce stade de l'histoire, on est touché par le destin de l'un et de l'autre. D'ailleurs, il a souffert et elle a souffert et on est au bord de lui pardonner son geste.

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Franchement, non.

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Eh bien pas sûr. Parce qu'il y a quelque chose qu'elle n'a pas encore racontée. Vous vous souvenez de Paco, l'Espagnol qui l'avait forcé à prendre pour amant pendant toute cette période? Louise le voit toujours et même un jour, il est plus violent que d'habitude. Elle se réfugie chez lui et ils s'enfuient tous les deux à Lyon. Et Paul devient fou, fou de jalousie. C'est la concierge qui le raconte.

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Or, il était dans une rage. Il a tout cassé chez lui. Il se frapper la tête contre les murs. On aurait dit qu'il était possédé. Il disait Si je la trouve pas, je me tue, je me tue, je me tue, je vous jure, c'était quelque chose à voir.

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Alors il lui écrit. Il lui promet de ne plus boire, de ne plus la frapper. Bla bla, bla, bla, bla bla. Et elle rentre.

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Et là arrive le bébé. Au début, Paul y est très attaché. Il lui donne même son prénom Paul. C'est pour ça qu'il le surnomme Popaul. Et pour prouver qu'il a changé, il trouve même un bon travail chez un opticien de Levallois-Perret. C'est à ce moment là qu'il emménage dans le 15 mètres carrés du quartier de Charonne, qui sera le théâtre du drame. Mais l'alcool? Vous savez ce que c'est? Ça ne vous lâche pas comme ça.

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Alors un jour, il va bosser bourré et il se fait virer. Et maintenant, Louise se privent de repas pour lui acheter son vin et pour éviter ses crises.

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Vous savez, vous, ce que le commissaire, il lui fallait bien? Ça a cassé par.

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À la Pentecôte 1928. Le petit Popaul attrape la rougeole. Le médecin délivre une ordonnance et Sammer le père dans une rage folle. Et oui, l'argent des médicaments, c'est ça de moins pour boire.

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Il guérira tout seul remède fait de l'argent foutu en l'air. Ton médecin, c'est un charlatan. C'est tous des cons. Mais Louise achète quand même les médicaments, alors lui va mettre son alliance en gage au mont de Piété chez ma tante. Il boit tout l'argent qu'il en tire. Deux mois plus tard, Popaul est à nouveau malade et le 21 juillet, juste après minuit, Louise prend le revolver et elle le tue. Voilà, maintenant, elle a tout raconté.

[00:21:16]

Le commissaire l'a écouté pendant deux jours, deux jours entiers avec des pauses. Bien sûr, cette histoire l'a passionné, c'est évident. Mais voyez vous, ça n'est pas un émotif. Le commissaire, il entend que le mari était violent et que Louise n'a sans doute fait que se défendre. Mais il a aussi noté qu'elle avait un amant, ce pactole. Espagnol. Alors, il se demande si elle n'a pas tout simplement tué son mari pour filer le parfait amour avec le Paco.

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Ça arrive tous les jours, des histoires comme ça.

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Puis, il veut comprendre les conditions du meurtre. Est ce que c'était prémédité? Mme Grape, dites moi quelle était la position de votre mari quand vous lui avez tiré dessus sur le lit. Il était sur le lit. Debout, assis, couché, s'agiter. Il était furieux. Je ne sais plus comment il Stoney, combien de fois avez vous tiré? Je ne sais pas, je ne vais pas compté. Une fois non plus cinq fois, je ne sais pas, monsieur le commissaire.

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Le revolver était il chargé? Oui, oui, je crois. Vous croyez peut être l'avez vous chargé alors? Non, non. Il était déjà chargé sur la cheminée. Dites moi encore une chose, madame Grape, votre ami pas cool. Vous le voyez encore, où étaient il? Bacot, mais je ne l'ai pas vu depuis, je suis parti dur par acquit de conscience après les aveux de Louise. Le commissaire retourne sur les lieux du drame.

[00:22:54]

Il balade la pièce du regard et par terre, il voit deux douilles.

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Elle a donc dû tirer deux balles au pied de la cheminée. Il trouve une balle non percutée 9 intacte. Et là, il se dit Cette balle a très bien pu tomber quand Louise a chargé le revolver alors qu'elle dit qu'elle a pris le revolver déjà chargé. Autre chose? Louise a raconté qu'avant le meurtre, il a gueulé et que le petit Popaul hurlait. Mais les voisins n'ont rien entendu cette nuit là. Rien. Et pourtant, les cloisons sont fines.

[00:23:27]

Donc, au moment de boucler son dossier, le commissaire a un doute sur la préméditation. Mais finalement, il ne va pas aller au bout de son doute. Il renonce à l'inculper pour assassinat. Il se contente de l'inculper pour meurtre et il l'envoie, dans l'attente de son procès, à la prison pour femmes de Saint-Lazare.

[00:23:53]

Quant au petit Popaul, il part pour l'hôpital Trousseau parce qu'il tousse toujours autant et le diagnostic est très grave méningite tuberculeuse. Louise obtient une autorisation de sortie pour venir le voir. Une petite demi heure et deux jours après, Paul est mort et le juge laisse Louise assister à ses obsèques. Et maintenant, le procès, si elle arrive à convaincre les jurés qu'elle n'a fait que se défendre, ma foi, elle peut être acquittée. Et en vue du procès devant les assises, Louise enrôlent un tout jeune avocat très prometteur, maître Maurice Garçon, qui sera la star du Barreau dans les années 40 et 50, et première victoire maître garçon, lui obtient la liberté provisoire dans l'attente du procès.

[00:24:40]

Et donc, Louise sort de prison et c'est libre qu'elle comparaît devant la cour d'assises de Paris, le 19 janvier 1929.

[00:24:57]

Mesdames et messieurs Laco. Au début, on lit l'acte d'accusation, donc le juge n'a pas été tendre avec la victime. C'était un ivrogne invétéré, demeure spotters, déserteur pendant la guerre, ne paraissant digne d'aucun intérêt. D'entrée, un bon point pour Louise Louise, qui est là sur son banc tout en noir. Un chroniqueur judiciaire de l'époque qui s'appelle Géo London, l'a décrit. Rien d'extraordinaire dans sa tenue très classique de veuve en long voile de deuil au chapeau de crêpe bordée d'un mince liseré blanc.

[00:25:37]

Elle est en deuil de son petit Popaul et d'ailleurs, elle porte sa photo en médaillon.

[00:25:47]

Et elle raconte tout, tout, tout. La désertion?

[00:25:52]

Les robes de femmes, le bois de Boulogne, Paillencourt, l'alcool, les violences. Tout est petit à petit. Elle gagne la sympathie de l'assistance. Les gens ont de la compassion pour elle et il y a de quoi. Et les magistrats sont touchés aussi. Ça se voit. Le président la laisse raconter. Il ne la contredit pas et ça ne m'intéresse pas de savoir si l'arme était chargée sur l'acheminer ou pas. Et quand elle parle de son fils malade et mort, elle n'est plus une criminelle, c'est une maman que l'on plaint.

[00:26:27]

Le journal Le Temps du 21 janvier écrit La légitime défense invoquée par l'accusé n'est contestable par personne. Il n'y aura finalement que l'avocat général pour avoir une pensée pour Paul Grape. C'était un homme tout de même, il avait droit à la vie. Mais même lui ne requiert qu'une peine de principe avec sursis. Maître Garçon n'a plus qu'à faire revivre le drame aux jurés.

[00:26:53]

L'enfant se réveille, il a peur de son père. Elle pleure, elle le protège.

[00:27:01]

Les rugissements augmentent, accompagnés d'injures. L'enfant hurle, elle prend le revolver sur la cheminée et elle crie. Les jurés délibèrent en un petit quart d'heure. Ça ne fait pas un pli. Louise Grape est acquittée, acquittée. Elle a vécu jusqu'en 1980. Elle est morte à l'âge de 89 ans.

[00:27:23]

Retrouvez Christophe Hondelatte sept jours sur sept, dès 14h à 15h30. Et en question, Antoine. C'est amusant d'ailleurs ça le fait qu'elle ait vécu jusqu'en 1980 rapproche en quelque sorte l'image de nous pour le débriefe de cette histoire. Je suis avec Fabrice Virginis, qui est historien, directeur de recherche au CNRS et co-auteur, donc avec Daniel Vehlmann, d'un magnifique livre sur le sujet dont je me suis beaucoup inspiré La garçonne et l'assassin, paru aux éditions Pailloux et que vous trouverez dans la Petite Bibliothèque aujourd'hui de la maison Pailloux.

[00:28:01]

Alors, bien sûr, Fabrice Virginis ont été émus par l'histoire de cette femme. Vous, Lórien, quittez vous?

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Écoutez, je suis historien, je ne me suis pas vu. Vous êtes néanmoins, certes, mais je ne suis pas juge. Et c'est vrai que je tiens beaucoup à cette distance là. Quand je suis dans le rôle d'historien, je suis là pour donner tous les tenants et les aboutissants, expliquer ce qui se passe, mais sûrement pas prendre la place du juge ou des jurés. Je laisse le lecteur le faire. Vous pouvez le faire, mais là, je me laisse entendre.

[00:28:30]

Oui, j'ai bien compris.

[00:28:32]

Elle est attendrissante, mais en vérité, lui aussi, en tout cas, avec le recul que nous pouvons avoir aujourd'hui avec nos lunettes du 21ème siècle. On trouve son histoire à lui, attendrissantes, puisqu'on sent bien qu'il est fendu en deux par cette apparence d'homme et cette profondeur de femme. Mais à l'époque, on ne voit pas ça. Manifestement, sa souffrance à lui n'intéresse strictement personne.

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En tout cas, elle est présentée de manière à intéresser personne. Il ne faut pas oublier que l'essentiel des sources sur lesquelles nous avons travaillé et aussi sont celles de la défense. Certes, nous n'avons pas son histoire racontée par lui même. Donc, évidemment, c'est un peu à charge, il faut le reconnaître, puisque son avocat, c'est l'essentiel des papiers que nous avons, sur lesquels nous avons pu travailler, fait tout pour construire la défense de Louise.

[00:29:19]

Mais je crois que vous avez travaillé notamment sur le journal de bord de Louise Grape, qu'elle a elle même rédigé. Est ce qu'elle a de la tendresse pour lui, malgré tout ou pas? Oui. Par moments, cette grande tendresse transparaît sans aucun doute. C'est à dire que maître Maurice Garçon est là aussi. On ne peut être que surpris par le non maître garçon qui va défendre un travesti.

[00:29:40]

Là aussi, le genre de l'histoire on lit des archives assez extraordinaires et un alcoolique qui s'appelle Grape.

[00:29:49]

Comme moi, je vais arrêter là. Mais c'est vrai que vous n'êtes pas historien.

[00:29:53]

Vous êtes coquetteries. Quand on regarde ces archives.

[00:29:58]

Est ce que l Atlas Wibrin, selon lui, elle en a assez d'être maître oryzae à son va tout faire pour effacer sa tendresse et mon thé. Un dossier à charge. Mais on voit bien dans son histoire elle même si elle se plaint de tous ces comportements, qu'elle a non seulement de la tendresse, mais que toute une partie de leur vie commune, ils sont semble totalement complices. Elle est totalement complice de la désertion et sur la question du bois de Boulogne et de leur vie libertine.

[00:30:27]

Tous les deux de l'amant espagnol Paco. Là aussi, ça ne s'invente pas. On peut l'envisager comme lui, qui impose finalement sa sexualité. Mais on peut également l'envisager si on lit entre les lignes comme un choix d'une sexualité plus libre à deux. Qui, dans ce contexte des années folles, n'est pas aussi incroyable qu'on puisse l'imaginer?

[00:30:49]

Est ce qu'il apparaît que Louise a trouvé un plaisir un peu pervers à ce que son mari joue les femmes? C'est difficile à dire.

[00:30:57]

Il faut se souvenir que l'histoire commence avec la désertion, avec la guerre. C'est un homme qui est parti comme un bon petit soldat. Il fait quand même deux ans de service militaire juste après le mariage, alors que quand on vient de se marier, on a envie d'autre chose que de faire son service militaire. Mais à l'époque, c'est deux ans. Et quand le service militaire vient de s'achever, la guerre commence et il part immédiatement au front. Et il part, résigné.

[00:31:24]

Mais il part. Il est un bon tireur. Il a eu un insigne d'argent montrant ses capacités militaires. Il est caporal, donc il a gagné ce premier grade au cours de son service.

[00:31:34]

Donc, il ne rechigne pas à aller faire la guerre et il va être comme ça. Comme toute une génération envoyée au mois d'août qui est, rappelons le, le moment le plus meurtrier de toute la guerre. Août 14, la journée la plus meurtrière, c'est le 22 août.

[00:31:47]

De mémoire, et c'est plus de 20 000 morts en une journée. Il n'y aura jamais, y compris dans les tranchées plus tard. Autant de morts en une journée. Vous imaginez un lâche qui l'a, comme tous ses camarades, subir ça? Un tiers de son régiment est mis hors de combat au mois d'août. Il est blessé une première fois. On le renvoie dès qu'il a été soigné et je crois qu'il y a un moment où il dit non.

[00:32:10]

Il dit je n'y retourne plus et il a cette intuition alors que c'est lui. Ciel! Comment ils l'ont? Quand on se déguise en femme, il y échappera!

[00:32:19]

Resitue donc Fabrice Virginis. Cette histoire dans le contexte moral de l'époque. D'abord, la désertion en 1915. Beaucoup de gens désertent. À l'époque, c'est très grave de déserter en 1915. Sans aucun doute, c'est très grave de déserter. Les pertes au front sont énormes et l'armée et les autorités ont besoin de plus en plus d'hommes, quelles que soient les conditions sociales. On va envoyer des hommes qui, au début, il n'était pas prévu démobilisé, père, veuf et père de quatre enfants et malgré ça, on les envoie parce qu'on a besoin, on a besoin d'hommes.

[00:32:50]

Donc déserter, c'est très grave et c'est surtout la porte ouverte à d'autres désertions. Donc il ne faut surtout pas déserter.

[00:32:56]

S'il est découvert à Paris en 1915, déserteur, il lui arrive quoi alors? Il n'est pas, contrairement à ce qu'on pense souvent fusillé. Il y a une différence fondamentale entre la désertion au front devant l'ennemi et la désertion à l'arrière. Donc, il va être d'abord renvoyé en première ligne, la première ligne, parce qu'on a besoin des hommes.

[00:33:16]

Mais néanmoins, si le cas se répétait, il pourrait effectivement être abattu. D'ailleurs, il est menacé quand il est blessé et on peut soupçonner qu'il entretient sa blessure à l'hôpital. Parce que pour un index, il va passer quatre mois ou cinq mois à l'hôpital.

[00:33:30]

Donc, évidemment, au bout d'un moment les médecins, il craint probablement qu'un certain nombre d'indices et le capitaine qui vient inspecter tous ces malades, lui dit Paul Grab, vont retourner au front. Et si vous recommencez, je vous abautret moi même d'un coup de revolver. C'est à dire que la tension est assez crâneur. Parce que ça aussi, c'est peut être un élément attachant pour le personnage du nom, mais vous n'aurez pas l'occasion.

[00:33:53]

Je m'en vais déserter ce qui est. Personne ne le croit.

[00:33:56]

Même si on déserte, on ne va pas le dire comme ça devant devant son capitaine et on déserte le lendemain. Mais pas au front. Il déserte. Il est à Chartres en convalescence et il s'échappe de l'hôpital militaire où il se trouve.

[00:34:07]

On est d'accord que si on le découvre déguisé en femme pendant la guerre, moralement, ça n'est pas recevable, non?

[00:34:14]

Moralement, ce n'est pas recevable d'être en femme, d'être déserteur. La totalité, voilà. Tyrossais, rien. Rien n'est recevable.

[00:34:21]

Mais en 1922, quand ils vont tous les deux s'installer aux Batignolles, c'est à dire en vérité pas loin de Pigalle, le Pigalle était déjà Pigalle. Et qu'ils se mettent à fréquenter ces bistrots le clair de lune chez Graff et qu'ils vivent au milieu des invertis et qu'ils se présentent comme un couple lesbien. Est ce que c'est plus recevable?

[00:34:38]

Manifestement, oui, et c'est ce qui est intéressant. C'est au delà des des cabarets dont vous rappelez le nom où là, on imagine bien que c'est recevable. Mais même dans son voisinage, il habite rue de Saussure, dans le 17ème, et ils sont un couple de femmes de garçonnes.

[00:34:54]

Ça ne veut pas dire que tout le monde les félicite. Bien sûr d'avoir demago. Mais voilà, il y a des ragots, forcément, mais ils vivent là et il n'y a pas de preuve. Ce qui est extrêmement paradoxal dans cette histoire, c'est quand il redevient homme que la propriétaire engage une procédure pour les expulser, alors que bon, c'est un couple de femmes. Peut être qu'elles n'étaient pas très satisfaites. Mais en tout cas, elle n'a rien dit et c'est à ce moment là, je crois.

[00:35:15]

En ce 22, en vérité, on est à mi chemin entre la Première et la Deuxième Guerre. Est ce que c'est un moment de liberté qui va se retendre?

[00:35:25]

Rendu à l'âge de 39 ans, la manière dont une société vit sa morale, sa sexualité. Il n'y a pas un progrès linéaire d'années en année. On a après la Première Guerre mondiale, même si le pays est profondément en deuil. Et on le sait, un million cinq cent mille morts, c'est quelque chose d'effroyables. Chaque famille porte le deuil en même temps. Il y a une aspiration gigantesque à la vie à s'amuser, à passer à autre chose.

[00:35:49]

Et ce que l'on a appelé les années folles. C'est ce moment là, cette nécessité et ce besoin de ne pas vivre uniquement dans un univers morbide et du deuil. Donc, y les de l'un n'empêche pas l'autre. On peut ériger un monument aux morts et aller vouloir danser et s'amuser.

[00:36:04]

En 1925, quand il fait le choix de redevenir publiquement un homme, est ce que c'est parce qu'il sent que ça ne va pas être possible longtemps de rester comme ça? Une femme travestie?

[00:36:15]

Non, je crois qu'il est ambivalent. Et elle aussi. Louise également. C'est à dire? Quand elle attend, ils attendent l'amnistie. Ils ont une grande déception parce qu'en fait, l'amnistie se passe en deux temps. Mais il n'est pas concerné par la première amnistie pour les raisons juridiques sur lequel je m'arrêterai pas.

[00:36:33]

Il faut attendre et on a une correspondance. Elle écrit au député de l'arrondissement pour y présenter le cas Illyrie. Il faudrait faire quelque chose. Et la réponse est. Rassurez vous, l'amnistie va arriver. On attend cette amnistie. Elle est souhaitée par beaucoup de monde parce que c'est un moyen aussi de montrer qu'on s'éloigne de la guerre, qu'on passe à autre chose. Et quand elle arrive, c'est un soulagement pour les deux. Je pense en fait sack crise.

[00:37:00]

Si on peut appeler comme ça, c'est comme ça.

[00:37:02]

Et son alcoolisme de plus en plus fort, est probablement due davantage à la fois à ce qu'il a vécu pendant la guerre, qu'il ne le lâche pas autrement, c'est mérité.

[00:37:12]

Le traumatisme de guerre, n'est ce qu'on appelle la névrose de guerre, n'est pas quelque chose qui passe avec la paix. C'est quelque chose qui le hante. Ce sont des cauchemars, c'est l'alcoolisme. Il a des symptômes très clairs de ce traumatisme de guerre, mais c'est aussi simplement vouloir s'en éloigner. Et entre être un homme et une femme, il. Il va se promener, il reprend son habit d'homme. Il va dans les cafés et il montre les photos de l'époque où il était femme.

[00:37:39]

En racontant cela comme une sorte de gloire. Et puis, on le flatte un peu. Il y a un imprésario qui veut raconter son histoire. Déjà, à ce moment là, on perçoit bien qu'il y a quelque chose.

[00:37:48]

Je l'aurais invité si je vois la révision de radio en 1925. L'histoire, je me rends pas compte, était vraiment connu à l'époque.

[00:37:56]

Elle paraît dans Le Petit Journal, alors elle paraît dans de nombreux journaux. On va dire à trois reprises au moment de l'amnistie, parce qu'il va quand il va se déclarer. L'histoire, manifestement, est racontée et répétée, et très rapidement. Vous l'avez cité, La Presse s'en empare. On a plusieurs articles avec une opposition idéologique assez marquée du côté de la droite, les nationalistes les plus ardents. On condamne ce comportement absolument déplorable, dépravé, et on en profite pour attaquer la loi d'amnistie.

[00:38:26]

A l'inverse, l'humanité, mais aussi les milieux anarchistes, au contraire, disent regardez ce que doit ce qui a été obligé de faire un pauvre prolétaire pour échapper à la boucherie impérialiste. Il a été obligé de se déguiser en femme et on va manifester quand il est expulsé. Il y a une petite manifestation, la section locale du Parti communiste dans le 17ème arrondissement.

[00:38:44]

Extraordinaire l'histoire. Merci beaucoup, Fabrice Virginis. Merci infiniment. D'abord d'avoir, avec Daniel Waldman, écrit ce livre grâce auquel nous pouvons accéder, nous profanes, à cette histoire formidable. L'une des plus belles histoires que j'ai raconté depuis le début de cette émission. Jean-Jean rappelle le titre La garçonne et l'assassin. Vous le trouverez aujourd'hui dans La Petite Bibliothèque Payot, faisant d'autres livres comme Virginie. Je vais essayer.

[00:39:09]

Merci beaucoup. Des centaines d'histoires disponibles sur vos plateformes d'écoute et sur un point. FR.