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[00:00:02]

La fréquence Christophe Hondelatte Je vous ai raconté ici toutes sortes d'histoires criminelles, de toutes les époques et de toutes les régions de France et même de l'étranger. Mais comme celle là, je ne vous en ait jamais raconté. Jamais. C'est une histoire récente. Les faits remontent à mars 2013. Le procès d'assises a eu lieu en 2016. Deux meurtres commis dans le département de l'Aisne, dans la région des Hauts de France. Je ne vous en dit pas plus parce qu'il y a au milieu du récit un incroyable rebondissement.

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Et pour le débriefe tout à l'heure, je serai avec l'un des avocats de la partie civile, avocat de la famille de l'une des deux victimes. Maître Cyril Bouchaoui ou du barreau de Laon. Vous êtes là, maître? Bonjour. Bonjour à vous et à tout à l'heure. J'ai écrit cette histoire avec Thomas Audouard. Réalisation Céline Lebrun.

[00:00:57]

Christophe Hondelatte. Voilà comment commence cette histoire absolument unique. Le crime presque parfait dans un petit village de la région de Compiègne. Comment 550 habitants. Le vendredi 15 mars 2013, aux alentours de 6 heures 10, Myriam rentre chez elle retrouver son amoureux Dominique, avec lequel elle vit depuis deux ans. Tiens! Le portail est ouvert. Elle se gare. Elle arrive à la porte. Elle n'a pas les clés. Il n'y a pas de sonnette. Elle frappe fort.

[00:01:35]

Pas de réponse. Et là, elle s'aperçoit que la porte est ouverte. En réalité, elle entre dans l'entrée. Elle voit son Dominique étendu dans une mare de sang, face contre terre, les pieds nus. Et elle crie. Dominique Covisint Pour moi, Dominique, c'est qu'elle n'est pas sûre qu'il est mort.

[00:01:58]

Alors elle appelle les secours, mon ami. Il est couché par terre. Il baigne dans le sang. J'avais vérifié chez lui, respirait encore. Non, elle ne l'a pas fait, mais elle ne peut pas le faire. Tout se sent. Elle ne se sent pas capable. Les pompiers arrivent et il est mort.

[00:02:25]

Dominique La Place avait 45 ans et Myriam prévient tout de suite les deux sœurs aînées de Dominique a été assassiné.

[00:02:38]

Bon, Lompret, il y a du sang partout. C'est ce qu'il aura.

[00:02:43]

Et les gendarmes arrivent et ils se penchent sur le corps. Oui, ça ressemble à un coup de couteau au niveau du cœur. Vu sur les mains. Sur les mains du cadavre, il y a des coupures qu'il sait protéger. Il s'est défendu avant de mourir. Il a lutté avec son assassin. Les tics, les techniciens en identification criminelle débarquent et ils ne trouvent strictement rien. Pas une trace ADN, pas une empreinte digitale, pas un cheveu, pas un poil rien.

[00:03:23]

C'est rare, ça donne les crimes d'aujourd'hui. La police scientifique trouve presque toujours quelque chose, mais là, étrangement, rien. Donc, on attend beaucoup de l'autopsie. D'après le médecin légiste, Dominique Laplace a reçu un coup de couteau en plein cœur, un qu'il l'a tué d'un coup en moins d'une minute. Plaie fait 4 centimètres de large sur 10 cm de profondeur et il pense que le meurtre a eu lieu entre 22 heures et 23 heures. La veille, le jeudi soir, donc le 14 mars, lui aussi relève les entailles sur les mains, mais il a trouvé autre chose après sa mort.

[00:04:06]

On s'est déchaîné sur ce cadavre. On l'a roué de coups sur la tête.

[00:04:16]

La police scientifique n'a donc rien trouvé. Donc, c'est parti pour la police à papa à l'ancienne, façon Colombo. Et donc, il faut d'abord répondre à la première question qui est le mort? Qui est Dominique Laplace? Est ce qu'il avait des ennemis? Est ce qu'il avait des embrouilles? Et si oui, avec qui?

[00:04:43]

Dominique La Place avait 45 ans et il était éducateur spécialisé depuis 18 ans. On interroge son entourage, ses collègues, un brave type sans problème qui avait deux passions la nature, la forêt et l'archéologie. Il avait d'ailleurs un détecteur de métaux. Vous savez, une poêle à frire avec laquelle il cherchait des pièces anciennes. On en trouve dans la région.

[00:05:16]

Voilà un brave type.

[00:05:18]

Il était avec Myriam depuis deux ans. C'est une ancienne copine de lycée, Rias, qui dépasse apparemment. Sauf que la soeur Françoise vient assez vite voir les gendarmes. A acheté qu'il a tué. Françoise, sa sœur, s'appelle Françoise et elle va tout droit à la gendarmerie. Proposer un suspect, ou plutôt une suspecte. Vous savez, il y avait une femme très nuisible dans l'entourage de mon frère, une femme redoutable. C'est Véronique, son ex. Moi, dès que j'ai su ce qui lui était arrivé, j'ai pensé tout de suite à elle son nom.

[00:06:07]

Quel est son nom? Véronique plairaient pays. DeSerres. Reuters.

[00:06:19]

Et là, la soeur se met à raconter cette Véronique Pierer a vécu treize ans avec Dominique. C'est une belle femme rousse, plutôt séductrice, assez délurée, très chérie, chérie. Elle est infirmière et c'est d'ailleurs à l'hôpital qu'elle a rencontré Dominique, qui venait d'avoir un accident de voiture. Il s'était cassé le fémur et il s'est retrouvé dans son service. Et voilà, ça a duré treize ans, avec des hauts et des bas, d'après ce que dit la soeur.

[00:06:45]

Des disputes, des réconciliations et encore des disputes. Et finalement, au bout de treize ans, la rupture. Savez vous qui est à l'origine de cette rupture? Mme. Ben oui, lui, il n'en pouvait plus et donc il l'a quitté. Oui, et à partir de là, elle n'a eu qu'une idée, c'est de lui pourrir la vie. Elle lui a balancé un pot de fleurs à la figure. Elle lui a cassé les dents, vous savez.

[00:07:11]

Et la soeur dit que ça s'est aggravé quand Dominique a refait sa vie avec Myriam. Elle ne supportait pas que quelqu'un d'autre. Vous savez ce qu'elle lui a dit un jour, elle lui a dit Je te grèverait, je te grèverait et tu sauras pas quand. Et depuis, je vous dis la vérité. Ils avaient peur, ils avaient peur d'elle. La n'est pas la seule à montrer cette veronique du doigt. D'autres proches viennent dire que c'est elle, que c'est forcément elle, que c'est Véronique Pierer.

[00:07:42]

Et donc les gendarmes vont l'avoir chez elle à Saint-Gobain.

[00:07:49]

Bonjour Madame.

[00:07:50]

Gendarmerie nationale nous pouvons entrer un instant. Je vous en prie. L'accueil est impeccable, elle est courtoise et aimable. Elle n'a pas l'air d'une femme sur ses gardes. C'est important, la première impression. Et puis elle marche avec des béquilles. On voit mal une femme aller commettre un meurtre. Clopin clopant. Les gendarmes vont droit au but à un certain nombre de personnes. Madame suggère que vous êtes mêlés à la mort de Dominique Laplace. Qu'est ce que vous pouvez nous dire là dessus?

[00:08:33]

Je suis sous le choc, je comprends pas. Je n'y suis pour rien. Vous l'avez vu récemment? Récemment, nous. La dernière fois que je l'ai vu, c'était il y a six mois, sept mois. Je pense. Vous savez, on a été lié avec Dominique, mais j'avais tourné la page. Peut être, mais en attendant, les gendarmes veulent savoir ce qu'elle a fait dans la soirée du 14 mars, veille de la découverte du corps, puisque le légiste estime que Dominique Laplace a été tué entre 22 heures et 23 heures la veille.

[00:09:10]

Ça, c'est pas compliqué. J'étais chez moi, je recevais mon neveu préféré, Malorie, et il m'a présenté sa nouvelle petite amie Émilie, et elle dit que ça s'est tellement bien passé après qu'ils se sont revus le lendemain soir, toujours chez eux.

[00:09:27]

On vérifie le neveu Malorie et sa petite amie Emilie confirme Ils ont bien mangé chez Tatie Véronique et Locator et le 15 au soir, elle a un alibi solide. Et si vous ajoutez à ça qu'elle a des béquilles et qu'elle est plutôt coopérante? Les gendarmes se disent ça n'est pas à elle et à partir de là. L'enquête s'enlise. Aucune piste ne s'ouvre. C'est mal parti.

[00:10:00]

Ce qui va sauver cette enquête, c'est un autre meurtre commis le lendemain dans le même département de l'Aisne. Mais cette fois à Laon, la préfecture à 40 kilomètres de Caumont. Au début, les deux enquêtes sont séparées. Elles sont parallèles. Mais je vous le dis tout de suite quand les gendarmes vont s'apercevoir que ces deux meurtres ont un rapport, ils vont tomber sur une entreprise criminelle unique, hallucinante, d'une perversité redoutable. Mais n'allons pas trop vite. Voilà ce qui se passe le lendemain, allant chez José Barrère, 47 ans, et sa petite amie Laura, vers une heure du matin.

[00:10:46]

On frappe aux volets de leur porte d'entrée. José Barrère ouvre la porte, mais pas le volet qui s'est. De l'autre côté, une femme lui répond Bonsoir, j'ai rayé votre voiture en passant dans la rue, je suis désolé. Je pense qu'il faudrait qu'on fasse un constat. La petite amie raconte qu'à ce moment là, José ouvre le volet qu'il sort. Elle, elle est devant la télé, elle se lève, elle va à la fenêtre et elle voit une voiture démarré en trombe.

[00:11:26]

A l'intérieur, elle distingue deux silhouettes. Et là, elle sort. Et elle trouve son José couché en travers. Il a pris une balle dans la tête, mais il respire encore. Elle appelle immédiatement les pompiers. José Barrère est donc transporté à l'hôpital d'Amiens et il est placé en soins intensifs. D'après les médecins, il est conscient. Il comprend ce qu'on dit, mais il ne peut pas parler. Et les gendarmes débarquent donc à l'hôpital avec une ardoise et en feutre.

[00:12:00]

Monsieur. Est ce que vous savez qui peut vous en vouloir? José Barrère est très diminué. Il a un mal fou à écrire en tremblant. Il écrit sur l'ardoise trois lettres M.

[00:12:42]

Il y a une très grosse différence entre les deux meurtres quand les gendarmes arrivent chez Dominique Laplace. Il est mort. Il ne peut pas dire je sais qui m'a assassiné. Voici son nom alors que José Barrère, il est vivant. Mal en point, mais vivant. Il ne peut pas parler, mais d'après les médecins, il est conscient. Alors, les gendarmes lui tendent une ardoise et un feutre et ils lui demandent d'écrire qui a voulu le tuer? Et il écrit trois lettres eux mêmes.

[00:13:12]

Elle est là. Les gendarmes se tournent vers sa petite amie. Vous avez une idée de ce que ça peut vouloir dire, vous? Oui, oui, bien sûr. A mon avis, ça désigne son ex. Émilie. Émilie Viseur. Son ex et la mère de leurs enfants. Entre eux, c'est d'ailleurs ça le problème du moment. La garde du petit dernier, Emilie, la mère, vient d'être condamnée pour non présentation d'enfant. Ça fait un mobile, un sacré mobile.

[00:13:43]

Tuer le père règle la question de la garde d'enfants. Ça la règle, d'autant plus que José Barrère est mort. Il meurt le 24 mars, huit jours après son arrivée à l'hôpital.

[00:14:05]

Et là, je m'arrête deux secondes pour voir si vous suivez et vérifiez que vous faites le même chemin que les gendarmes au même moment. Cette Emilie là qui est soupçonnée d'avoir tué son ex José à coups de carabine.

[00:14:20]

Est ce que ça ne serait pas la même que les Mili qui apparaît dans le dossier du meurtre de Dominique Laplace? Vous savez, la petite amie du neveu préféré de Véronique. Elle s'appelle Emilie, elle aussi. Eh bien, c'est la même.

[00:14:34]

C'est la même Emilie qui fournit avec son petit copain Malorie, un alibi à Véronique Pierret. Elle n'a pas pu tuer son ex Dominique puisqu'elle dînait avec nous. Et qui, maintenant, dans un deuxième meurtre qui a lieu le lendemain du précédent, est désigné par la victime. Juste avant de mourir, c'est la même. Est ce que ça peut être une coincidence à 24 heures d'intervalle? Evidemment que non. Alors accrochez vous. Le stratagème que vous allez découvrir maintenant est absolument diabolique.

[00:15:16]

Huit mois après les deux assassinats, les gendarmes vont donc chercher Émilie Viseur et Véronique Piré, chacune chez elles, et il les place toutes les deux séparément en garde à vue. Et il voit tout de suite que Véronique Piré est une coriace, alors qu'Émilie Viseur est plus fragile. C'est sur elle qu'ils mettent la pression. Et au bout de dix heures de garde à vue, la miss se débat Loann. J'ai quelque chose à vous dire. On vous écoute.

[00:15:47]

Je sais qui a tué José Barrère et Dominique la place Niclo, alors? Ces Malorie. Il m'a avoué qu'il avait tué Dominique avec sa tante Véronique. Et il m'a dit aussi que c'était eux qui avaient tué José Parain. Elle, elle se donne le beau rôle. Elle est au courant, mais elle n'y était pas. Elle n'a rien dit parce qu'il l'a menacée.

[00:16:08]

Malorie et Véronique m'ont dit que si je parlais de quoi que ce soit, ils s'en prendraient à moi, à mon fils. Donc, il y avait aussi Malorie, le neveu préféré dans le coup. Donc, on va le chercher. On le place lui aussi en garde à vue et c'est lui qui révèle le cadre incroyable de ce double meurtre. D'abord, c'est lui qui les a tués tous les deux. Et Dominique Laplace et José Barrère. Et voilà pourquoi il a été le bras armé d'un pacte noué entre les deux femmes.

[00:16:45]

Émilie Viseur, sa petite amie, et Véronique Pierret, sa tatie. D'après ce qu'il dit, c'est Emilie qui lance le bal. Un jour, elle dit Je n'en peux plus de José, fais quelque chose. Debarge, moi de lui. Sa petite amie lui demande de la débarrasser de son ex. Lui, il n'en est pas capable. Mais il va demander conseil à sa tatie Véronique. Et elle, elle leur propose à tous les deux un donnant donnant.

[00:17:14]

OK, Émilie. Si tu veux, je te donne un coup de main pour te débarrasser de ton mec. Mais en échange, il faut que vous m'aider à faire disparaître mon ex Dominique. Ça vous va? Donnant donnant. Tu me règle mon problème, je t'aide à régler le tien. Voilà le pacte que nous, ces deux femmes.

[00:17:38]

On a encore beaucoup de choses à apprendre sur ce pacte. Et en attendant, le 22 novembre 2013, après huit mois d'enquête, Malorie Grübel est mise en examen pour assassinat et Véronique Pierret et Émilie Viseur pour complicité d'assassinat.

[00:17:53]

Et tout le monde file en prison s'il n'y avait pas eu de deuxième meurtre. Il est probable que le premier n'aurait jamais été résolu. Il faut dire qu'il avait pris des précautions. Ils n'ont pas commis ces meurtres en amateur.

[00:18:15]

Et maintenant, pour juger des responsabilités des uns et des autres de chacun des membres de ce trio, il faut comprendre ce qui s'est passé. Il faut reconstituer le scénario et voilà la conclusion à laquelle arrivent les gendarmes.

[00:18:36]

A la demande de Véronique Pierret, il est décidé que Dominique Laplace doit être tué le premier et José Barrère le lendemain. La décision de tuer Dominique Laplace est prise le matin même. Véronique et Malorie y vont à deux, armé d'un couteau et d'une carabine. Et au dernier moment, Véronique sort un sac avec tout l'équipement nécessaire des perruques pour ne pas être reconnu, des bonnets pour ne pas perdre de cheveux et donc ne pas laisser de traces ADN et des gants pour ne pas laisser d'empreintes digitales.

[00:19:12]

C'est pour ça qu'on ne trouve aucune trace dans la maison. Il s'était équipé.

[00:19:19]

Tous les deux, Véronique et Malorie prennent la direction de comment ils arrivent chez Dominique Laplace. Ils se garent en bas de sa rue. Véronique se planque près de la porte d'entrée et Malorie frappe à la porte. Dominique ou. Bonjour Monsieur, je suis en panne de voiture devant chez vous, vous pouvez me donner un coup de main. Tout le monde le dit. Dominique est un brave type, toujours prêt à rendre service. Ils le savent qui se méfient pas.

[00:19:51]

Et Malorie, Cubaine, le poignarde en plein coeur et le tue sur le coup. Et là, Véronique Piré sort de sa cachette. Elle a la carabine à la main et avec la crosse, elle frappe son ex une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, tout en disant Bravo, va! Bien joué! Et vlan! VLAN! VLAN! Prends ça une furie.

[00:20:16]

Et puis, ils s'en vont. Et sur le chemin du retour, Malaurie et Véronique s'enfoncent dans la forêt de Saint-Gobain. Ils s'arrêtent le long d'un chemin de terre. Et là, ils enlèvent tous leurs vêtements et leurs chaussures. Et ils les brûlent comme ça. Si on les soupçonne, on ne trouvera pas sur eux de traces de sang. La première partie du pacte est accomplie. La deuxième partie, Tuer José Barrère, est programmée pour le lendemain. Le lendemain, le 15 mars au soir, Véronique Piré passe chez Malorie et ensemble, ils se rendent talan.

[00:21:01]

Ils se garent près de chez José Barrère et cette fois, c'est Véronique qui va servir d'appât puisque José ne la connaît pas. Elle frappe au volets de sa porte d'entrée.

[00:21:13]

Bonsoir, j'ai rayé votre voiture en passant dans la rue. Je suis désolée. Je pense qu'il faudrait qu'on fasse un constat. José Barrère sort de chez lui, Véronique le conduit jusqu'à l'extérieur et Malorie, Kub, elle, est en planque. Armé de la carabine, il tire et lui colle une balle en pleine tête. Et là, même scénario que la veille. Ils repartent la forêt, ils se déshabillent et ils brûlent tous leurs vêtements.

[00:21:47]

Et Miller dans tout ça? Émilie Viseur, quel est son rôle? C'est son ex à elle qui vient d'être assassiné. Et bien, les deux soirs, elle reste chez Véronique. Et pendant que son mec et sa tante tuent deux fois elle avec le téléphone portable de Malorie, elle envoie des SMS. Elle le géolocalise chez Véronique et elle lui fournit donc un alibi. C'est ingénieux, c'est bluffant. José Barrère n'aurait pas survécu et ne l'aurait pas balancé. C'était le crime parfait.

[00:22:26]

Et le mobile lors de ces trois là, Véronique Pirès, c'est clair, elle ne supporte pas que Dominique ait refait sa vie. Elle le liquide pour se venger. Émilie Visor aussi. C'est clair, elle est possessive. Elle n'accepte pas que son ex, José, revendique la garde de son fils. Alors, elle le liquide en face à son petit ami Malorie, qui kilos liquide. Lui, on a un peu de mal à comprendre son mobile.

[00:22:58]

Il est le dindon de la farce. Il n'a aucun intérêt personnel à tuer ces deux hommes, sauf pour être agréable à sa petite amie et à sa tante. Et quand Malorie s'aperçoit qu'il s'est fait manipuler par ces deux femmes et que c'est lui qui va payer le prix maximum, il ne le supporte pas. Il est rongé par le remords. Et au mois d'août 2014, ça fait dix mois qu'il est en prison. Il se pend dans sa cellule de la prison de Laon et il laisse une lettre.

[00:23:30]

Je ne peux plus vivre avec ce que j'ai commis. Beau procès. Il n'y aura donc que les deux femmes dans le box. Et donc, pas de Malorie au procès. Véronique Pierer et Émilie Viseur se retrouvent seuls dans le box de la cour d'assises de Laon, le 14 novembre 2016. Et d'entrée, ce qui frappe, c'est l'attitude de Véronique Pierer depuis le box. Elle fait des coucous à ses proches dans la salle et elle leur envoie des bises ou des clins d'œil.

[00:24:10]

Elle se croit au théâtre et c'est très mal perçu par la famille de Dominique La Place et celle de José Barrère. Et sans doute aussi que ça choque les jurés. Emilie Visor, elle, se fait plus discrète. Elle est recroquevillée dans son coin. On aperçoit à son cou les tatouages que José, son ex, a assassiné, qui était tatoueur. Il a dessiné lui même.

[00:24:35]

Cependant, dans sa cellule, Malorie Goubel, le tueur, leur a rendu un fier service. Elles peuvent le charger et elles ne se gênent pas. Elles lui collent tout sur le dos. Elles, elles n'ont rien fait, ni l'une ni l'autre. Tout est de la faute de Malorie tôt. Véronique Piret dit qu'elle voulait juste parler avec Dominique, pas le tuer. C'est Malorie qui a voulu le tuer. Et le lendemain, idem. Elle dit qu'elle va chez José pour récupérer des affaires d'Emilie.

[00:25:02]

Rien de plus. Je savais pas que Malorie avait une arme. Elle dit même quelque chose qui révolte la famille de Dominique la place avant de mourir. Il m'a dit Pardon, ma chérie, je t'aime! Et à la fin, comme dans tous les procès d'assises, on évoque la personnalité du défunt et en l'occurrence la personnalité de Dominique Laplace et ses proches viennent expliquer qu'il était sensible, serviable, généreux. Et elle ose dire. Pensez vous? C'est un alcoolique, c'est un lâche.

[00:25:38]

C'était un coureur de jupons. Et pour parfaire le portrait de Véronique Pirin, un collectionneur de monnaies anciennes de Toulouse est appelé à la barre. Je vous rappelle que Dominique Laplace passait son temps à battre la campagne avec son détecteur de métaux pour rechercher des pièces anciennes. Et bien trois jours après la mort de Dominique, Véronique prend contact avec son numismates pour récupérer une bague d'une valeur de 3.000 euros que Dominique avait exhumé au avecsa.

[00:26:17]

Et pourtant, quand ses proches défilent à la barre, ils en font un portrait souriant. Véronique. C'est quelqu'un de très chaleureux. Très humaine, très souriante, au point que la présidente de la cour d'assises doit remettre les pendules à l'heure. Elle a quand même été présente sur les lieux de deux meurtres en 24 heures.

[00:26:45]

Et après deux semaines d'audience, le verdict tombe. Véronique Piré est condamnée à 20 ans de réclusion criminelle et Emilie Aviseur qui, rappelons le, n'était pas présente au moment des meurtres.

[00:26:58]

A 10 ans, aucune des deux femmes ne fera appel de ce verdict.

[00:27:08]

Et pour débriefer cette histoire, je suis avec maître Cyril Bouchet UGT du barreau de Laon, dans l'Aisne. Mettre un commentaire peut être source de ce verdict. J'ai noté que les deux femmes ne font pas appel. Aucune des deux. C'est sans doute parce que c'est un verdict assez clément. Qu'en disent vos clients?

[00:27:28]

C'est un verdict assez clément, on peut le penser. Mais surtout, c'est un verdict qui prononce la culpabilité des deux co-accusés qui, comme vous l'avez démontré lors de votre synthèse, que ces deux personnes, l'une recroquevillée dans son box, c'est l'autre qui joue la comédie pendant deux semaines. Et donc, je pense que le fait d'entendre la culpabilité a été une chose, une très bonne chose, en tout cas pour les parties civiles, le fait qu'elles écopent toutes les deux de peines extrêmement différentes.

[00:28:04]

Véronique Piré, 20 ans, Émilie Viseur, la moitié 10 ans recoupent le niveau de responsabilité, selon vous, de l'une et de l'autre? Absolument.

[00:28:16]

Je pense que d'abord, nous avons un trio de meurtriers qui ont organisé de manière machiavélique ces deux assassinats. Bien bien avant d'ailleurs, le 15 et 16 mars 2013. Ils se connaissaient depuis au moins deux semaines, trois semaines et ils en parlent même. Oui, oui, oui, ils se connaissaient depuis plusieurs semaines et c'est à l'occasion de certaines rencontres que ce mauvais signe a été échafaudé par les trois. Je pense que Véronique Tirerez a sans doute été celle qui a tiré les ficelles, si je puis dire, puisqu'elle n'avait qu'une haine incommensurable envers Dominique la place.

[00:29:05]

Et elle voulait d'ailleurs récupérer une parure aristocratique à son domicile. Depuis plusieurs années, elle se dit tiens, c'est peut être l'occasion, parce que cela n'a pas été évoqué, peut être lors de l'exposé. Mais c'est aussi l'un des mobiles de l'assassinat de Dominique Laplace qui a fait que, finalement, Véronique Pierer a organisé d'une certaine manière cet assassinat. Et comme il y avait aussi Emile Viseur, qui avait démêlés avec José Barrère, on s'est dit certainement à trois tiens, on va faire d'une pierre deux coups.

[00:29:42]

Est ce que Véronique Pierer est le leader de cette entreprise criminelle? Est ce qu'elle est le leader? Je pense que les peines ne le démontre. Elle est condamnée à une peine de 20 ans, le double de la peine de prison à l'encontre des diviseurs qui, d'ailleurs, je rappelle, avait un rôle sur les deux soirées, celui de tenir le téléphone de plus belle, qui devait donc se borner dans la zone dans laquelle elle se trouvait, ce qui permettait effectivement d'obtenir un alibi pour le tueur.

[00:30:22]

Mais c'était tout de même qui a l'initiative. Enfin, d'après le récit des effet, vous me dites si j'ai eu tort, mais c'est elle qui, la première, demande à Malorie de tuer son ex. Il vous est barré. Et c'est ensuite que vient cette opportunité pour Véronique de se venger elle aussi de son ex.

[00:30:42]

C'est difficile de le dire ainsi de la vérité judiciaire, mais il n'en demeure pas moins que ce sont deux destins croisés avec Véronique Tirerez, qui a une haine envers Dominique Laplace et qui souhaite l'exécuter. Elle a la matière, si je puis dire, puisque elle a tué entre ses mains qui n'est autre que son neveu. Et puis Émilie Viseur, qui raconte effectivement qu'elle a également des démêlés avec José Barrère. Mais je pense que c'est plutôt dans cet ordre, c'est à dire que je pense que Emilie Viseur vient après.

[00:31:24]

Il y a quand même une coincidence qui n'a pas été évoquée dans le sujet. Cette confidence est le 16 mars. 16 mars 2013. Le lendemain, le meurtre? Absolument. Le 16 mars 2013, José Barrère, bénéficier par un juge aux affaires familiales, a bénéficié d'un droit de visite en lieu neutre pour l'enfant commun. Et ce 16 mars 2013. José Barrère avait donc une visite en lieu neutre à 15 heures. Il est assassiné dans la nuit du 15 au 16 mars.

[00:31:59]

C'est très, très lié au droit de se les gardes à l'égard de l'enfance. Je voudrais qu'on essaye de répondre à cette question. Pourquoi? Malorie Rubel se trouve t il embarqué dans cette histoire? Parce que lui, deux hommes qu'il ne connaît pas de sang froid, comme l'indique le sujet.

[00:32:18]

Il est le bras armé des deux femmes qui le manipule. Et il bascule. Je pense parce qu'il est influencé par la tante qui a, je pense, une énorme influence sur ce jeune homme et sa petite amie Émilie Viseur également, qui a un ascendant sur lui. Les deux ont un ascendant sur lui et je pense que tout va basculer à ce moment là, c'est à dire que il va prendre pour argent comptant les instructions qu'on va lui donner. C'est un faible quoi?

[00:32:51]

Absolument.

[00:32:53]

Qu'est ce que vous pouvez nous dire sur Véronique Piré, que vous avez eu face à vous pendant ces deux semaines de procès d'assises que nous n'aurions pas ressenti? Pas vu, pas totalement compris. Quelle sorte de femme elle? On dit que les rousses, elle est plutôt jolie, qui est assez expansive. C'est plutôt ce qu'on appelle quoi, la bonne copine d'apparence?

[00:33:16]

Alors oui, je me souviens d'un témoignage de personnes qui travaillaient dans le secteur infirmier et ont parlé d'elle comme étant une humaniste, ce qui est d'ailleurs tout à fait aux antipodes de ce qu'elle peut être. Au moment des faits, une image rigolote, humaniste et humaniste, quelqu'un de d'ouverts, quelqu'un de gentil, quelqu'un qui aime faire la fête aussi, qui n'a rien à voir avec l'image, évidemment, de la commanditaire de crime. On ne voit pas d'ailleurs une telle image dans un trio de tueurs en série parce qu'on peut les considérer comme des tueurs en série tous les trois.

[00:33:58]

Et j'ai eu ce sentiment, en tout cas lors du procès que nous avions en face de nous. Finalement, une comédie Delsarte, c'est à dire franchement, une actrice extraordinaire, un peu à côté de la plaque. Et je pense qu'il y a un témoin qui en parle très bien. D'ailleurs, lorsque elle va surtout à l'enterrement de Dominique Laplace et lorsqu'elle est à l'enterrement de Dominique, la place a avec ses béquilles et elle joue la comédie devant tout le monde parce que ça va très loin et par delà même cette observation, je pense que cela montre évidemment le sujet le montrent bien.

[00:34:37]

D'ailleurs, cela montre l'absence d'empathie vis à vis de ces victimes.

[00:34:42]

Qu'est ce que vous pouvez nous dire sur Emilie Viseur maintenant? Qui doute donc l'ex de José Marin dont vous représentez les intérêts? Elle est beaucoup plus introvertie que Véronique Tiaré?

[00:34:56]

Absolument. Elle est sur la réserve. Et d'ailleurs, j'ai eu la faiblesse de penser pendant le procès. Je l'ai dit que diviseur, finalement, était peut être la plus machiavélique. Pourquoi, malgré le fait qu'elle soit effectivement sur cette réserve? Elle parlait très peu. Elle répondait pratiquement pas aux questions. On l'entendait à peine. C'était caché, peut être quelque part un rôle. Finalement, elle a vu bien plus important. Peut être aussi, mais ça lui.

[00:35:26]

L'histoire ne le dit pas parce qu'il y a beaucoup trop de contradictions. Mais peut être a t elle eu la plus haute responsabilité. Effectivement, en demandant d'aller tuer d'abord José Barrère, puis ensuite dans le cadre d'un pacte diabolique, on considère que pour faire du donnant donnant, on va tuer Dominique Laplace.

[00:35:47]

Ce qui frappe aussi dans cette affaire, c'est le travail de professionnels qui réalisé manifestement sous la houlette de Véronique Pyrites, puisqu'on ne trouve aucune trace ADN. Pas un poil, pas un jeu. Tout ça parce qu'elle a fourni le matériel. Elle s'est expliquée là dessus.

[00:36:06]

Absolument. Effectivement, on a cette sensation puisque chez Dominique Laplace, on ne trouve pas d'ADN. Pas de trace particulière. On trouvera plus tard, bien plus tard, lors d'une perquisition chez Véronique Kéré, une loupe qui appartenait à Dominique Laplace. Cette loupe était présente d'après les témoins, les profs témoins dans la maison au moment du crime. Mais avant d'en arriver là, effectivement, on ne trouve pas de traces d'ADN. On n'a pas d'élément qui permette effectivement de remonter à la surface.

[00:36:40]

Elle s'équipe elle même de grandes Dubonnet.

[00:36:43]

L'équipe Malorie, deux gants de bonnet. Après le crime, ils vont dans la forêt. Ils enlèvent tous leurs vêtements. Sage précaution. Il n'y a pas deux comme les professionnels, comme des professionnels professionnels. Pas de voyous sur les mains de Malorie. Il n'y a pas de voyous, de d'éclaboussures, de sang. Aucun des deux. C'est ce qu'ils ont fait. Ils se sont expliqués là dessus. Ils ont gardé les experts toutes les semaines à la télévision ou.

[00:37:07]

Faites entrer l'accusé. Alors moi, à mon avis, c'est parce que c'était une organisation préparée largement à l'avance et non pas la veille, comme elle tentait de l'expliquer, en tout cas lors du procès. C'est une organisation qui est faite lors de deux week ends. Et d'ailleurs, le dessein criminel n'est pas la veille, n'ai que deux semaines, trois semaines avant, et je pense que Véronique Pierer a pensé à tout. Alors, elle a peut être une imagination débordante, mais il n'en demeure pas moins que elle a été Vreizh.

[00:37:46]

Absolument. Elle est d'ailleurs, elle va s'habiller. Elle met plusieurs événements sur elle. Elle met des bottes systématiquement. C'est le même mode opératoire. Ils mettent des vêtements doubles sur eux. Ensuite, lorsqu'ils repartent, ils vont aller brûler l'événement. Ils ont jeté des armes dans les étangs, dans la forêt de Saint-Gobain et le même mode opératoire aussi pour Dominique Laplace et José Barrère. C'est l'histoire des constats. Problème de voiture en panne? C'est tout à fait bien pensé, mais bien pensé longtemps à l'avance.

[00:38:22]

Merci beaucoup.

[00:38:22]

Mettre bout Chailloux, c'était une affaire passionnante, qui n'a pas eu beaucoup de coups à l'époque, ni au moment du procès, ni au moment du meurtre. C'est un des mystères du récit des affaires criminelles. Certaines affaires intéressantes comme celle là, passent à l'as innocent racontée par personne ou pas grand monde.

[00:38:42]

Nous nous sommes rattrapés aujourd'hui en vous racontant une histoire disponible sur une remplaçant d'écoute et certains Ottintoise.