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La séquence Christophe Hondelatte aujourd'hui, l'histoire de Marc Giraud, victime d'un infarctus massif et qui, finalement, a dû se résoudre à une transplantation cardiaque. Ce qui est intéressant dans cette histoire, c'est que Marc est médecin chirurgien et que d'un coup, il bascule du côté des malades. Et il est là, bien sûr, puisque c'est une histoire qui se finit bien. Bonjour Marc Ferro. Bonjour Christophe. Vous avez raconté toute votre histoire dans un livre paru il y a quelques années, À corps perdu, aux éditions La.

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C'est donc à partir de votre livre que j'ai bâti ce récit très personnel que j'ai écrit avec l'aide de Simon Veil. Réalisation Céline Brace.

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Christophe Hondelatte. Nous sommes le dimanche 4 août 2002. Je suis dans le TGV Narbonne Paris 22. Finies les vacances.

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Il y a quelques heures, j'avais encore le titiste des cigales dans l'oreille. C'étaient mes premières vacances officielles avec Nathalie. Ça s'est bien passé avec mes trois enfants. Ils se sont entendus à merveille avec elle. C'est ma première grande satisfaction depuis mon divorce, il y a deux ans avec leur mère et dans quelques mois. A 45 ans, je vais me retrouver à donner le biberon. Nathalie est enceinte. Là, elle est restée chez ses parents. Je suis pas mécontent de remonter seul un petit soucis de célibat.

[00:01:45]

Demain, je serai au Bloc en train d'opérer. On a une heure de retard, le temps d'aller au parking récupérer ma voiture. Le périph. L'autoroute A1 sur 70 km. Je ne serai pas à Compiègne avant une heure du matin. Je suis associé dans une clinique là bas. Je suis urologues, chirurgiens. Avant, j'étais dans le public à l'hôpital Cochin à Paris, mais je n'étais pas trop fait pour obéir aux mandarins. Alors, je me suis endetté jusqu'au cou.

[00:02:13]

Je me suis fait très peur et j'ai repris une grosse clientèle à Compiègne, dans une clinique. Bien fait. En quelques années, j'ai doublé le chiffre d'affaires. Je me suis éclaté. Bon, c'est un peu soutenu comme mais garde le Bloc, les consulte les conférences, les dîners des congrès. Mais ça paye. J'ai une belle demeure face au golfe de Compiègne, avec un parc à la française. Mon niveau de vie a explosé. Evidemment, mon couple est passé au deuxième plan.

[00:02:57]

Je n'ai pas vu grandir mes enfants et il y a deux ans, cela s'est terminé par un divorce. J'ai la garde de mon fils Antoine et ma femme a la garde des deux filles. Et puis après, j'ai rencontré Nathalie, visiteuse médicale blonde, les jambes assez fines, de longs cheveux attachés en arrière, les yeux verts brillants. Et maintenant, on attend un bébé. Je me demande si je devrais porter les couches, les nuits blanches, les poussettes de l'école maternelle, les divisions, les devoirs du soir.

[00:03:28]

J'en prends pour un temps plus bon.

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Me voilà à la gare de Lyon. Fin du voyage. Je suis sur le quai, je zigzague au milieu de toute cette foule accélère le pas. Et là, d'un coup, une douleur atroce me traverse la poitrine. Une douleur qui m'écrase l'impression qu'à 15 tonnes est en train de me passer dessus. Je suis médecin. J'essaye de me souvenir de mes cours. J'ai l'impression d'une chape de plomb sur la poitrine, plus irradiations vers la mâchoire et les poignets.

[00:04:06]

Soit c'est une rupture d'anévrisme thoracique. Soit c'est un infarctus du myocarde en pleine gare de Lyon. Repartirons. Tombe personne ne se recoupent. Si ça continue, je vais crever. Qu'est ce qui vous arrive, monsieur? Ça ne va pas. Je suis médecin, je crois que je fais un infarctus. Vous pouvez appeler au secours. Et là, je vois deux pompiers arriver en courant. Allongez votre bras. Je vais prendre votre tension. Ce n'est pas la peine.

[00:05:04]

Je suis Metzinger, je suis sûr que je fais un Afars appelé le SAMU rapidement. Je vais le faire, monsieur, mais je dois d'abord prendre votre tension. Je ne peux pas appeler le SAMU tant que j'ai pas pris votre tension. On s'en fout de ma tension. Appelez le Samu 18. Bon, la tension est bonne. Vous êtes sur que vous faites un infarctus. C'est bon. Il a appelé le SAMU, OK, on le met dans le camion tout de suite.

[00:05:38]

Infarctus massif et tendu, velue, la totale. Il nous faut au plus vite une réa cardiaque une heure du matin, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, service de cardiologie. C'est la première fois que je vois défiler, allongé, les néons d'un couloir d'hôpital. Mon point de vue vient de changer. Je vois les gens par en dessous. On vous attend au troisième pour une Cornaro pour ceux qui n'y sont pas encore passés. J'explique la coroner graphie consiste à radiographier les artères du cœur avec un produit de contraste pour vérifier leur état et trouver la cause et l'endroit où elles sont bouchées.

[00:06:25]

Ensuite, on introduit des petites sonde à ballonnet pour dilater ou on les débouchés.

[00:06:31]

Bonjour, j'aimerais aller voir toutes deux. Tu wolter théoriquement. J'en ai tout un surplus de poids à la plage au courant. J'ai un peu de mal à me exécutez dans cette grande pièce éclairée devant elle. Mais bon, j'obéis docilement et je me retrouve nu comme un ver. Deux infirmiers silencieux s'agitent avec de grosses seringues et des flacons de perfusion. Un homme masqué s'approche. On va faire des radios de vos Körner. Je vais passer un cathéter dans l'artère fémorale et je vais remonter vers le cœur.

[00:07:03]

Ne vous inquiétez pas, vous n'allez rien sentir.

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Je pourrais peut être lui dire que je suis jur en vue Binon éclair de lucidité. Les complications sont plus fréquentes quand on traite un confrère. J'ai déjà assisté à ce genre d'examens. Je connais la taille de l'aiguille qu'ils vont m'enfoncer dans l'aide, comme la corne d'un taureau, mais finalement, ça se passe bien.

[00:07:37]

Il y a un écran au dessus de ma tête. J'assiste en direct à la visite de mes coronaires et là, le cathéter lâche un liquide opaque qui fait apparaître mon coronaire gauche bouchée archi bouclée.

[00:07:51]

A partir de ce moment là. Je perd le fil des événements la douleur, la morphine, la fatigue. Je me sont glissées dans une sorte de coma douloureux et nauséeux, avec des pics de douleur qui me ramène à la réalité. Le radiologue est en train de retirais par un caillot de sang qui obstrue ma coronaire. J'ai envie de lui dire merci, merci. Vous êtes formidables, mais je suis déjà reparti. Destination inconnue que Célé, ce plafond crasseux ponctué de ces vieux néons Couchie revu Johnny Rock.

[00:08:35]

Et on devrait y faire des dessins, des tags géants, des écrirez charades. Au bip bip, je comprends que j'arrive à Musique. l'Unité de soins intensifs cardiaque dans une cellule de 4 mètres sur quatre est équipée comme un cockpit d'Airbus Airbus. On me branche de tous les côtés. Et puis j'arrive pas à m'endormir, je voudrais. Mais les néons en pleine figure, les alarmes, les biber, le tensiomètre qui se gonfle toutes les cinq minutes. J'ai envie de pleurer et de pleurer.

[00:09:37]

Il est 8 heures.

[00:09:39]

C'est ce que dit la pendule qui est en face de moi. Je suis là. Le film redémarre lentement. Ah oui, j'ai fait un infarctus. Je suis en réanimation cardiaque à la Pitié-Salpêtrière. 8 heures. Je devrais être à la clinique. Je devrais être au Bloc. Le patient doit être déjà sur la table. L'anesthésiste m'attend. Mon téléphone. Oui, mon téléphone, t'as obtenu une. Non, non, non plus de poche à mon téléphone.

[00:10:11]

Ils l'ont mis dans un sac plastique avec mes fringues et le sac, je le vois là, il est là, il est sur la chaise à l'autre bout de la pièce. Je dois l'attraper en. Avec mes perfusions, mes fils. C'est pas facile. Ça y est je? Arnaud Catherine Moi, je suis contente de vous entendre, vous n'avez pas de vacances. Le club cherche partout votre première page et arbore déjà, rejetteront Catherine Lara.

[00:10:50]

J'ai un problème. J'ai fait un infarctus. Je suis en réanimation à la Pitié-Salpêtrière, à Paris, prévenaient le Bloc. Il faut annuler. Je ne pourrai pas être là. Dites que je serai de retour. Je ne sais pas la semaine prochaine, la semaine prochaine.

[00:11:05]

Oui, tous mes copains qui ont fait un infarctus à 45 ans sont très bien intégrés. Un stade, quelques jours de surveillance. Une petite leçon de morale. Un bon régime et basta. Bon, maintenant, il faut que j'appelle Nathalie.

[00:11:25]

C'est Marc m'a. Mais pourquoi tu ne m'a pas donné de nouvelles? T'inquiète pas, tout va bien. J'ai eu un petit problème de santé. J'ai été hospitalisé en urgence à la Pitié-Salpêtrière.

[00:11:40]

J'ai eu un accident, non. J'ai fait un petit problème cardiaque.

[00:11:47]

J'arrive.

[00:11:56]

Oh là, j'ai la vessie pleine à craquer et pour la première fois de ma vie, on pratique sur moi ce geste que j'ai moi même pratiqué à des milliers patients. On me pose une sonde urinaire que ça fait beaucoup moins mal que ce que j'avais imaginé. Ouf, ça va mieux.

[00:12:24]

Et là, j'attends Nathalie. Et ça recommence. Cette douleur qui revient, mon corps qui ne semble plus répondre. Tout se brouille, tout, mais sans s'éteignent. Un tourbillon noir qui m'inspire vers une lumière blanche étincelante. Et là, je suis au bord de l'éblouissement quand d'un coup, comme si on avait mis le disjoncteur sur off tous éteints.

[00:12:44]

Qu'est ce qui s'est passé? Vous venez de faire un arrêt cardiaque assez sévère. Votre cœur a pas mal souffert. Il est encore faible. On va vous mettre un ballon de contre pulsion dans l'aorte pour le soulager. La suite demeure très vague. Trois chirurgiens attendent que j'ouvre les yeux pour me parler. Bon, monsieur, on va devoir vous mettre un cœur artificiel. Là, votre cœur est trop faible. Il ne répond pas. Nous avons dû vous ranimer plusieurs fois.

[00:13:18]

C'est beaucoup plus grave que ce que j'avais imaginé. 45 ans. Un infarctus jeudi est sorti, mais là, là, c'est beaucoup plus grave. Va falloir vous opérer à ouvrir votre poitrine branchée directement à la sortie de votre cœur. Des tuyaux pour le court circuiter, en quelque sorte. Et ensuite, une pompe va être branchée parallèlement à la circulation sanguine. Bon, OK, j'embrasse Nataly qui est arrivé et j'entre dans l'univers familier de la salle d'opération.

[00:13:50]

Bonjour Monsieur Jairo, je suis votre anesthésiste. Je vais vous endormir dans quelques minutes. Ne vous inquiétez pas, vous êtes chirurgien. Je vais vous faire une petite pré médication pour vous détendre. Je me suis endormi comme un bébé quand je me réveille. Je suis passé de l'autre côté. Je suis entouré de scope écrans, de contrôle de colonne, de seringues. Je connais tout ça. En revanche, poser contre mon lit, il y a une machine insolite.

[00:14:18]

On dirait une machine à laver la vaisselle. Un gros cube en métal doit mettre de côté avec un écran de contrôle et de tuyau en caoutchouc en gros, comme des tuyaux d'arrosage. Deux tuyaux qui sortent de l'arrière de la lessiveuse et qui se faufilent sous mes draps, pénètrent dans mon corps entre mes côtes et viennent se ficher directement dans mon cœur. C'est donc ça, mon coeur artificiel. C'est le prix à payer pour ne pas mourir.

[00:14:53]

Les fleurs, c'est deux grosses artères qui sortent de mon cœur. Etrange sensation de pouvoir sentir le fruit de son propre sang bien chaud à travers le tuyau. Il ne faudrait pas qu'un tuyau aux coude pendant mon sommeil ou qu'il se vende par un coup de coeur, ça va durer longtemps. Mon accouplement avec Robocop. Quelques jours plus tard, une dame vient m'informer de la suite. Bien Monsieur Jairo, on a fait une demande de greffe en vue d'une transplantation.

[00:15:37]

On n'est pas du tout sûr que votre coeur récupère. Je reste liquéfiée sans réponse. Et dire qu'il y a 3 jours encore, j'étais en pleine forme et là, je réalise l'impact psychologique destructeur qu'engendre l'annonce d'un grave problème médical. Tous ces fonds, tous vos projets sont interrompus. La vie s'arrête et là. Je revois des scènes qui ont marqué ma carrière. La liquéfaction des patients quand je leur annonce un cancer. L'idée d'une transplantation m'éclate.

[00:16:06]

Le cerveau ne serait jamais plus comme avant.

[00:16:10]

Je ne serais pas va se casser, recollait, plus fragile.

[00:16:22]

J'ai décidé de veiller à mon look t shirt sympa, petit boxeur, short, rasage de près, déodorant, parfum et les cheveux surtout toujours nickel. Je n'ai pas droit à beaucoup de visites, mais Nathalie est là. Elle est enceinte de trois mois, mais sa grossesse est reléguée au second plan. Il faut bien l'avouer, mon frère est là aussi d'un optimisme débordant.

[00:16:45]

Mon beau père, mes parents et mon ex Valérie, qui est venue évaluer la situation pour les enfants. Pas une question sur ma santé. Pas la moindre compassion. Elle m'a porté une boîte de nougatine. Le seul truc à bouffer quand t'as des tuyaux partout. Et puis Claude, mon fidèle ami de randonnée qui vient me voir régulièrement. On a fait la fête et une bonne bouteille de Calon Ségur qu'il a passée sous sa veste. 15août, ça fait 11 jours que je suis descendu de ce TGV.

[00:17:19]

Je suis un peu étonné. Je ne vois que très rarement mon chirurgien. Tiens, le voilà, je me sens préoccupé ou plutôt solennel.

[00:17:31]

Ça marque. Désolé de pas venir te voir plus souvent, mais au mois d'août, tu sais. On est toujours un peu débordé.

[00:17:38]

Bon, les anesthésistes me disent que ton coeur est en nette amélioration. On va donc pouvoir te débrancher et remettre ton coeur en marche. Et la transplantation? Si tout se passe bien. Tu n'en aura pas besoin. Merci, c'est génial. Donc on va Therer opérer lundi et donc nous fêtons le départ.

[00:18:01]

Images de ma machine avec Nathalie avec une bonne bouteille de Bordeaux.

[00:18:14]

Le lundi, comme j'ai été rajoutée au programme à la dernière minute, je dois poireauter toute la journée. Il est 21 heures passées quand j'arrive au Bloc. Au réveil, j'entends arrêter de bouger, lever la tête. OK, ouvrez les yeux, respirez, respirez. Pourquoi tant de haine? Pourquoi tant d'agressivité?

[00:18:46]

J'aurais dû être heureux d'être débarrassé de ma machine, mais maintenant, ça m'angoisse. Et puis un soir. Eh bien, mon cher Jairo, vous vous en sortez bien, votre coeur est en train de récupérer encore un bon mois de rééducation et je pense que vous pourrez reprendre vos consultations le 1er novembre. Bonne soirée, JO et bon retour! Et me voilà donc de retour à Compiègne, au centre de rééducation Dolent Cours, pour me retaper et passer le plus vite possible à autre chose.

[00:19:32]

Il m'a bien dit le 1er novembre, vous pourrez reprendre vos consultations. Non, j'ai un mois et demi pour me refaire une santé et au bout d'une semaine, mon enthousiasme commence à flétrir. Je me sens fatigué, puis j'ai tout le temps envie de dormir. Et puis, l'ambiance du centre commence à me peser. Alors, j'ai remarqué qu'entre 20 heures 30 et 7 heures du matin, personne ne passe dans ma chambre et mâchant tout près de l'issue de secours.

[00:20:01]

J'ai décidé de m'évader, de rentrer chez moi clandestinement tous les soirs, de rejoindre Nathalie et mon fils Antoine. On fait même l'amour comme des fous. Je suis à peine un peu essoufflé.

[00:20:13]

Le 1er novembre, je serai un homme neuf. Un soir d'évasion. Je commence avec Toufflers. Et mon cardiologue envie de me dit Je voudrais pas te faire peur. Mais ton coeur ne récupère pas assez vite. Les cardiologues de province, le grand professeur m'a dit que je pourrais reprendre le 1er novembre qui se fait de soucis pour rien. Avant les vacances, je me suis inscrit à un séminaire sur les infections nosocomiales en urologie, juste un week end au Mont-Saint-Michel.

[00:20:52]

J'y vais et de retour à Paris, je prends deux billets pour Djerba le week end du 1er novembre. Vous souhaitez une assurance annulation? Monsieur. Non merci. Non, non, non, pas nécessaire. Ma cardiologue est furieuse. Marc, je te prévient si tu s'obstine à partir, je ne te reverrai plus. T'es complètement inconscient. Et là, le doute s'installe. Et donc, je décide d'appeler la pitié. C'est pas raisonnable, c'est encore très fragile.

[00:21:26]

C'est trop dangereux. Je suis clair, voyez vous. Vous êtes clair. OK, je vais tout annuler.

[00:21:47]

Le 3 novembre, je devrais être dans l'avion pour Djerba. Je suis à la maison, je veux me lever pour aller chercher de l'eau et là, d'un coup, mes jambes vacillent. Quand tu nous entends. Ne bouge pas, reste allongé, j'étouffe. J'ai tout, je crois que j'ai fait une crise. Dans ma clinique, il n'y a pas de service de cardiologie et donc à minuit, je me retrouve aux urgences de l'hôpital de Compiègne, chez l'ennemi.

[00:22:17]

Mon coeur s'est encore dégradée. Mon retour à la Pitié-Salpêtrière n'est pas sûr que cette fois, je puisse échapper à la transplantation. Je me retrouve dans le même sas d'accueil trois mois après. Toujours aussi obstiné. Dites moi, j'ai juste une petite doléance. J'aimerais être mis sur pied assez rapidement. Je dois être à Saint-Malo dans 10 jours pour le départ de la Route du Rhum. Je ne vous promets rien. Le verdict de la cour est très mauvais.

[00:23:00]

Mon cœur fonctionne très mal, c'est un échec et je me sens pour la première fois atrocement seul à 45 ans. Tous mes projets s'arrêtent. Il y a même des fois où je me dis que je préfère mourir. Oui, je préfère mourir plutôt que d'être transplanté. Je n'ai pas peur de mourir.

[00:23:24]

Tous les jours, j'ai la visite de Maria, la cardiologue du service, elle la presse, ce côté inaccessible, pressé et lointain. Elle s'assoit souvent sur mon lit, à ma hauteur. Ça change beaucoup les choses. Elle n'est plus la science, la connaissance, la médecine qui domine. Elle se met à la hauteur de mes interrogations. Ça m'a beaucoup marqué, ça. Je ferais ça moi aussi. Je macéré sur le lit et c'est comme ça qu'elle me fait accepter la fatalité de la transplantation.

[00:23:59]

Vous savez, Marc, vous vivrez comme avant.

[00:24:03]

Vous pourrez reprendre le sport, partir en vacances à la montagne.

[00:24:08]

Il faudra juste que vous preniez le médicament anti-rejet deux fois par jour. C'est tout. Je pourrais aussi manger et boire du vin. Oui, vous devrez juste manger moins salé. C'est tout. Tu pourrais faire l'amour, bien sûr. Pourquoi pas?

[00:24:32]

Le jeudi 22 novembre, il est minuit passé. Nathalie dort déjà à côté, sur le lit d'appoint.

[00:24:40]

Monsieur Giraud, bonsoir. Réveillez vous! Réveillez vous! C'est bon, on a un coeur. Il va falloir y aller très vite. Bien entendu, on a un coeur. Ce soir, je suis prêt. Je regarde Nathalie une dernière fois. Tout va bien se passer. Je t'aime moi aussi, je t'aime.

[00:25:04]

Je suis totalement partant, aveuglément confiant et même enthousiaste. Injection dans le bras. Vertige vapeur. La tête qui tourne et payer. Je reprends mes esprits. Si je suis dans mon lit avec plein de machines auto. L'intervention a réussi, le miracle s'est produit.

[00:25:41]

Bonjour Monsieur Jairo, comment vous sentez vous? Bonjour, je vais super bien. J'ai vu une pêche d'enfer. Quel jour est on? Est samedi midi et on dormait depuis jeudi. Vous étiez en sommeil artificiel. On vous a plongé en sommeil artificiel pour laisser à votre nouveau coeur le temps de s'adapter. C'est génial. C'est le plus beau jour de ma vie. C'est ma résurrection. Je me sens bien. Je sens une nouvelle énergie en moi, une force terrible.

[00:26:17]

J'ai envie de me lever. J'ai envie de tout arracher. J'ai envie de courir. J'ai envie de revivre.

[00:26:30]

Il est l'un marque Jairo, preuve que l'histoire s'est bien terminée. Je rappelle que je tire cette histoire, marque de votre livre paru en 2013 aux éditions La Porte à cœur perdu. Alors, il faut, il faut terminer. L'histoire marque combien de temps avant de retourner au travail après cette dernière opération?

[00:26:51]

Ce qui est étonnant, c'est qu'après la transplantation, on a besoin de retrouver le plus vite possible goût à la vie. Et moi, ça a été assez rapide. Ça a mis un mois et demi de mois parce qu'en fait, j'avais retrouvé un coeur qui marchait très, très bien et j'avais vraiment retrouvé toute mon énergie. En plus, on est dopé par des corticoïdes, donc on est vraiment. J'avais vraiment cette envie de vivre énorme.

[00:27:15]

Donc que quelques jours avant de retourner prendre votre poste à la clinique, il y a une séquence qui m'a que je n'ai pas eu le temps de raconter, mais que je voulais vous laisser raconter que vous êtes reçu par votre associé. Et avez vous dit cette phrase terrible Je ne peux pas continuer à travailler avec un handicapé sympa. C'est vrai que il m'a convoqué dont j'avais des permissions. Oui, j'étais entré en rééducation et j'avais des permissions de week end et donc un week end convoque en me disant Voilà pourquoi j'étais avec mon remplaçant et il me dit Je te présente machin qui va te succéder, car je ne veux plus travailler avec un handicapé.

[00:27:53]

Ça m'a extrêmement choqué et je lui ai dit Écoute moi, je n'ai pas du tout prévu de m'arrêter et finalement, a posteriori, je le remercie parce que cette phrase m'a servi de défi, a boosté.

[00:28:07]

Ça m'a boosté. J'ai dit je vais lui prouver que je suppose que je ne suis pas un handicapé tout à fait votre moteur et de toute façon, il peut vous forcer à partir puisque vous aviez dit par oui, oui, vous n'étiez pas salarié, mais c'est surtout que ça marche.

[00:28:21]

Je me suis dit Maikel, Calandres me lance C'est extraordinaire et merci.

[00:28:24]

Finalement, parce que c'est salaud et merci.

[00:28:29]

C'est un des déchoit qu'il faut qu'on fasse quand on reprend la vie active. Soit on revient avec l'étiquette de quelqu'un qui a été malade et handicapé et les gens auront toujours cette espèce de compassion qui, finalement, est pénible. Soit on tourne la page et on considère que rien ne s'est passé. Et finalement, si j'ai pris, moi, cette deuxième option.

[00:28:49]

Mais finalement, ils vous ressemblent. Avant, il ressemble à celui que vous étiez avant. Vous aviez ce sentiment d'invincibilité. Vous pensez que la vie était une chose qui déroulait assez facilement?

[00:29:03]

La vie m'avait quand même souri jusqu'alors. Bien bien réussi mes études. J'avais une belle profession. Bienvenue, famille heureuse.

[00:29:11]

Et puis, tout s'est explosé en très peu de temps.

[00:29:15]

En janvier, votre collègue ne le sait pas encore. Que ça peut s'arrêter comme ça, quoi. Quelque part, vous avez philosophiquement un coup d'avance sur lui?

[00:29:22]

Je ne sais pas, mais en tout cas, c'est vrai que cette histoire, finalement, a posteriori. Pour moi, c'est une histoire très heureuse. Et même s'il y a eu des souffrances pour moi, je regarde un excellent souvenir parce que c'est finalement. Ça m'a permis de me poser. J'avais une vie de fou, je travaillais comme un fou. Et finalement, c'est la première fois dans ma vie où je me suis arrêté. Je me suis posé où il y a des gens qui se sont occupés de moi, que ce soit bien sûr toute ma famille ou mon entourage, mais aussi tout le personnel hospitalier.

[00:29:49]

Et vraiment, j'ai vraiment réalisé l'importance du personnel hospitalier, que ce soit les aides soignantes, que ce soit les femmes qui font l'entretien et on a besoin d'aide. Elles sont vraiment essentielles et là, j'ai vraiment réalisé leur importance ce jour là.

[00:30:04]

Alors, le point de blocage pour vous? Avant la transplantation, si j'ai bien compris, c'était les médicaments anti-rejet. Vous disiez au fond, ça va changer ma vie. Est ce que ça a changé votre vie? De devoir prendre ses médicaments matin et soir depuis le jour de votre transplantation? Je suppose que vous prenez toujours ce traitement aujourd'hui?

[00:30:21]

Oui, bien sûr, je les prends toujours et c'est quand même très stressant. D'abord, il y a les effets indésirables des traitements qui sont quand même là, mais c'est surtout extrêmement stressant. Quand on part en vacances, par exemple, j'ai toujours la phobie d'oublier mes médicaments et très souvent, je m'attends. Je m'arrête pour vérifier que j'ai bien mes médicaments. Quand je prends l'avion, je les mets avec moi. Je les mets jamais en soute parce que je veux on.

[00:30:42]

Canalys, 48 heures sans médicaments, je suis mort. Donc vous aviez raison. D'angoisser là dessus et en même temps, ça se gère.

[00:30:50]

Oui, c'est une dépendance qui se gère. C'est la seule contrainte aujourd'hui. Sept ans après. En fait, ç'aurait pu être la seule contrainte. Sauf qu'en 2012, j'ai fait la bêtise d'arrêter pendant quelques jours un médicament et j'ai eu une récidive en 2012.

[00:31:04]

Killam à ce que j'ai eu le temps de raconter puisque ça se passe après la fin de mon histoire. Mais comme vous, vous faites un nouvel infarctus majeur en 2012 avec un cœur qui n'est pas le vôtre? Exactement. Ça veut dire que vous avez rendu ce cœur malade. En fait, j'ai une maladie qui fait que mon sang coagule trop et donc peut boucher mes artères. Et quel que soit mon cœur ou le cœur d'un hôte et c'est ce qui s'est produit en 2012, j'ai arrêté un traitement anticoagulant pendant 3 4 jours et finalement, mon cœur nouveau s'est rebouchées.

[00:31:38]

Incroyable!

[00:31:38]

Il y a donc un épisode qui intervient assez vite après votre transplantation grâce à Nathalie, vous savez quel est le profil de votre donneur? Celui dont vous portez le cœur aujourd'hui? Comment ça se passe? Comment il le sait alors? Ce qui est important de le dire, c'est que lorsqu'on est tout de suite après la transplantation, on pense pas du tout aux donneurs, on pense à soi même à récupérer. Et finalement, pour l'instant, le fait du don d'organes n'intervient pas.

[00:32:04]

Et c'est six mois après que je fais une petite course. L'âge, mon cœur s'emballe et je me rends compte comme si j'avais quelque chose d'étranger en moi et qu'il ne m'a pas tient pas.

[00:32:16]

Donc, on en a discuté avec Nathalie et là, Nathalie m'a révélé une situation très particulière.

[00:32:26]

Depuis le premier jour, elle LLC. Depuis le premier jour. Elle le sait depuis que je suis au Bloc au moment de ma transplantation, car j'ai été transportée au moment du congrès d'urologie qui se tient tous les ans porte Maillot. Et puisque les visiteurs médicaux réguliers.

[00:32:39]

Puisqu'elle est visiteuse médicale et donc en attendant des informations sur ma situation, sur mon état de santé, elle se dit je vais au Congrès et donc là. Mais mes collègues et amis Diba alors ma. Comment va? Etc. Dit Je sais, il va bien, mais comment tu sais que tu peux savoir? Il a été appelé cette nuit à 2 heures du matin et ce n'est pas possible que tu saches. Et finalement, cet urologue lui dit Ben écoute, oui, je sais.

[00:33:07]

Parce que j'ai été appelé pour prélever les reins d'une personne de cette personne cette nuit qui est de 27 ans, d'un motard de 27 ans qui s'est tué en moto sur le périph.

[00:33:16]

Donc, vous savez que c'est encore jeune, mais vous pouvez savoir plus. Un accident à date fixe sur le périphérique?

[00:33:23]

Bien sûr, j'aurais pu savoir parce que j'avais des amis qui travaillaient à la Pitié-Salpêtrière. Dans tous les blocs opératoires, il y a des registres, donc je pouvais très bien savoir. Et c'est une question a été tenté. Bien sûr, ça me turlupine pendant des années, pendant des années. Un peu comme ce film qui s'appelle 21 grammes. On voit le receveur qui fait une enquête sur son donneur et moi, j'avais envie de savoir qui c'était. Pourquoi?

[00:33:48]

Pour tout simplement leur dire merci. Car si aujourd'hui je suis là, aujourd'hui, je suis vivant parce que c'est parce qu'ils ont dit oui. Vous auriez voulu dire aux parents de ce garçon de tête il y avait une chasse à l'enfant. C'est grâce à lui que je grâce à vous, je suis là.

[00:34:02]

Mais ce qui m'a plu, ce qui m'a convaincu d'arrêter toute recherche, c'est que j'ai été invité par le professeur Jacques Petiot, 20 ans de la transplantation à Amiens. Et là, je racontais ce sentiment devant tout le monde.

[00:34:15]

Et il y a un monsieur dans l'assemblée. Il y avait 500, 600 personnes qui étaient là. Il y a un monsieur qui s'est levé, qui m'a dit Écoutez, moi, mon fils est mort et j'ai pas du tout envie de savoir que Bechara a son cœur.

[00:34:27]

Machin Assalam ravageaient qui vit avec Wankel et d'Urban. De gens qui vous détesterait en vérité de vous voir vivant avec le cœur de cet enfant mort. D'où l'importance du secret vous étonna. D'où l'importance du secret du don d'organes. Donc, vous avez arrêté vos recherches. Du coup, j'ai tout arrêté et tant mieux. Et j'ai dit merci à ce monsieur qui m'a dit et voilà.

[00:34:48]

Alors évidemment, ce qui est très intéressant dans votre affaire, c'est tout ce que le médecin apprend sur la position du malade. Et on a quand même cette impression que presque vous n'aviez pas réfléchi à ça jusque jusque là. C'est d'ailleurs, par exemple, le moment du diagnostic. Le moment où on vous dit c'est grave, ça va être lourd, ça va être brutal. Votre vie s'arrête là. Pendant des mois, vous serez là, etc. Vous dites en gros jusque là.

[00:35:10]

Moi, j'ai annoncé des cancers à des tas de patients. Je n'avais pas perçu à quel point c'était massif. Ça m'a bouleversé. Une vie, c'est tout à fait. On ne se rend pas compte de la parole du médecin et tant qu'on n'a pas été patient et qu'on ne s'est pas pris l'information en pleine gueule.

[00:35:29]

Si je puis dire, parce que c'est comme ça, votre vie bascule. On vous annonce une maladie grave. Votre vie bascule. L'argent n'a plus d'importance. Les sentiments, ça a plus d'importance. C'est votre vie. Vous allez mourir. Donc, tant qu'on ne s'est pas pris cette information directement. Eh bien, on ne se rend pas compte de l'impact de la force de la parole du médecin. Et ça a changé votre manière d'annoncer des diagnostics graves? Ah oui, complètement.

[00:35:57]

Vous nous expliquer comment? En quoi? En fait, quand j'annonce. Parce que maintenant, vous savez qu'on a le devoir d'information dont on doit dire aux patients la vérité, on n'a pas le droit de cacher.

[00:36:07]

On n'a pas le droit de mentir, mais je cultive et je ne sais pas comment vous l'expliquer. Mais intuitivement, quand j'explique à un patient l'annonce, j'imagine que je suis dans sa peau, que je suis celui qui reçoit l'information. Vous y pensez à chaque fois, à chaque fois, je me dis. Et si c'était moi qui assistait à moi qu'on disait que j'ai un cancer du rein? Et je crois que ce qui compte, l'élément le plus important, c'est le ton qu'on va donner derrière à l'explication cas à partir du moment où on a.

[00:36:39]

Moi, ce qui m'a rassuré, c'est pas. Vous allez être transporté, c'est vous allez vivre comme avant. Et ça, c'est une phrase qui m'était une puissance. Vous allez vivre comme un monstre? Yako. Oui, vous avez quelque chose de grave, mais finalement. So what? Qu'est ce que ça va impacter? Pas tant que ça. Mais qu'est ce que vous essayez de nous faire passer le message à vos collègues qui, eux, n'ont pas encore vécu ce que vous avez vécu?

[00:37:01]

C'est très impressionnant. C'est très difficile de ne pas passer. Ils ne savent pas à quoi ils seront pas.

[00:37:05]

Il n'y a que ceux qui sont passés et qui viennent nous voir. Bienvenue au club. Il n'y a vraiment que ceux qui ont vécu quelque chose.

[00:37:12]

Tant qu'on n'a pas vécu l'expérience, je crois que c'est très difficile de faire passer ce message.

[00:37:18]

A C'est quelque chose de très intéressant. C'est qu'on découvre que d'être médecin dans un système médicalisé, ça n'avance pas grand chose. Ils font à peine attention au fait que vous êtes chirurgien, vous tutoient, c'est ce que vous gagnez. Mais tant mieux, tant mieux. On tyrant rien, je crois que le nom sera traité comme un malade ordinaire.

[00:37:41]

Heureusement, heureusement, et je remercie les infirmières de nous traiter normalement parce qu'on est comme tout le monde et surtout moi, jamais, jamais, jamais voulu faire d'ingérence dans la décision thérapeutique.

[00:37:58]

Y a vraiment une scène très marquante. Je pense que vous en avez conscience. C'est ce moment où Maria, qui est la cardiologue de votre transplantation, s'assoit sur le coin de votre lit pour vous parler. Vous n'aviez jamais fait ça vous même? Vous parliez d'en haut.

[00:38:15]

C'est vrai que quand les chirurgiens médecins à l'hôpital ont fait ce qu'on appelle la visite avec les infirmières, il y a tout ce côté cortège, si je puis dire, qui, finalement, est très traumatisant pour le patient qui lui est allongé et souvent mal habillé, à moitié nu, déconsidéré. Et c'est ce décalage de hauteur et abaissent les gens. Et là, j'ai vraiment été très sensible au fait qu'elle s'assoit. Qu'elle me touche parce que j'aime le contact de la main et qu'elle qu'elle se mette à ma hauteur pour m'expliquer des choses simples et pour me faire comprendre et intégrer ce qu'il fallait que j'accepte.

[00:38:58]

Ce décalage m'a permis de ce même niveau, m'a permis d'accepter ce que je n'avais pas, ce que j'étais prêt a totalement refuser avant. C'est agaçant le médecin qui thomine de sa science. C'est vrai.

[00:39:13]

C'est vrai qu'il est donneur de leçons un peu. Moi, je dis ce que je dis à valeur de ce que ça a eu. Un impact aussi sur moi, c'est Canteleu. Le grand patron est passé un soir dans le service. Il m'a dit Jérôme, vous reprenez vos consultations le 1er novembre.

[00:39:27]

Vous l'avez cru? Moi, je l'ai cru qu'elle était debout. Et moi, j'étais dans le déni le plus complet. C'est dire que quand les autres cardiologues me disaient Mets ton cœur se dégrade. Mais attendez, c'est bon. Le grand patron de la pitié m'a dit que c'est bon.

[00:39:43]

Maintenant, le docteur Gero s'assoit sur le coin du lit.

[00:39:47]

Oui, oui. Et le docteur Gero dit aussi au patient que c'est très agréable de prendre une douche. C'est 13. Et moi, je me bats contre les baisses de camisole de force qui sont de ces combinaisons atroces qu'on me donne à l'hôpital parce qu'on ressemble à rien. Et moi, je dis aux gens Mettez un T-shirt, mettez un short sympa, habillez vous, prenez une douche parce que moi, pendant 3 semaines, j'ai rêvé d'avoir de prendre une douche.

[00:40:09]

Vous leur raconter, il vous est arrivé de raconter une histoire. Bien sûr aussi. Je suis passé par là où vous êtes, mais bien sûr, et au contraire, ça, ça crée une sympathie. On fait partie de la même famille.

[00:40:20]

Pour autant, il faut qu'on tordre le cou à deux séquences qui, évidemment, ont beaucoup amusé. Vous avez l'air d'être bon vivant, mais enfin, les gens ont sans doute été choqués en écoutant de vous voir boire du bordeaux réanimations cardiaque.

[00:40:34]

Bah oui, oui, ça fait partie de je pense qu'il faut désacraliser les désordres, les choses et effectivement, la réanimation cardiaque. C'est un endroit comme un autre avec des gens humains, et les infirmières sont venues trinquer avec nous et étaient contentes.

[00:40:54]

Et finalement encore, j'ai économisé une scène puisque le jour de l'anniversaire de Nathalie, vous oui, vous vous ouvrez une bouteille de champagne.

[00:41:02]

Oui, ce n'était pas contre indiqué, c'était pas gênant. Et on l'a fait, bien sûr avec délicatesse. Mais l'arrêt cardiaque était très dur parce que j'étais en quarantaine et j'avais droit à une visite de cinq minutes par jour.

[00:41:14]

C'est un plaisir, mais j'étais sans défense, au grand complet. C'était très, très dur.

[00:41:21]

Est ce qu'il reste une trace du trompe la mort qui voulait aller à Djerba? Ou est ce que c'est ce Marc Märklin a disparu? Ce Märklin a disparu en 2012 ou l'arrivée rechutent, rechute ou l'a fait jusqu'alors.

[00:41:37]

Comme j'avais été sauvé d'un arrêt cardiaque à la Pitié-Salpêtrière au tout début de mon histoire, pour moi, j'étais un peu invincible et je crois vraiment. J'étais fou, quoi? J'étais. J'étais tellement heureux de vivre que pour moi, il n'avait pas de limites et j'y étais. Et j'ai été brutalement ramené à la case départ. Quand, en 2012, je me suis retrouvé dans un ànouveau dans un camion de SAMU, à nouveau avec un alphas, parce que j'avais tout simplement arrêté de prendre un médicament pendant quatre jours.

[00:42:06]

Et là, ce n'est pas de mourir que j'ai eu peur parce que j'ai eu peur de ne plus vivre. Ce qui est totalement différent parce que la mort, la mort, c'est la mort. Mais ce que j'ai vu là, dans ce camion de Samu qui m'a emmené à Compiègne et Paris, j'ai dit au revoir à ma femme, j'ai dit au revoir à mes enfants et je me dis quand je pense que ça se trouve demain, je verrai bien un bébé.

[00:42:27]

Alors j'ai raconté la naissance du bébé. Mais c'est une fille. Elle est née, Capucine. Et bien sûr qu'à. Un autre vrai? Oui, il y a eu un petit garçon qui s'appelle Auguste et qui est là derrière la bête. Il assiste à l'émission. Quel jugement vous venez de l'hôpital public? Vous étiez à Cochin, à l'Assistance publique, qui est passé ensuite à la médecine privée de rentabilité. Vous lui dites? Dans votre livre, on ne le cache pas.

[00:42:50]

C'est une médecine qui fait du cash. Vous vous le reconnaissez vous même dans les premières pages de votre livre? Quel jugement est ce que vous portez sur cet hôpital public, la Pitié-Salpêtrière, qui accueille l'élite de la médecine française, mais dont on dit qu'elle est vétuste? Vous le dites vous même. Les bâtiments sont sur décatie. Vous vous retrouvez dans des Piolot moyennement accueillantes. Au total, quel jugement avez vous sur la médecine française d'aujourd'hui? Privé ou public, ces deux systèmes sont différents, qui ont rien à voir.

[00:43:19]

Mais la médecine française d'aujourd'hui, elle, est quand même assez exceptionnelle. Faut savoir quand même que je prends mon exemple personnel. J'ai fait neuf mois de réanimation cardiaque, j'ai eu trois interventions à cœur ouvert. J'ai eu le cœur de quelqu'un d'autre. On ne m'a pas demandé un centime par pas un centime. C'est quand même dingue.

[00:43:38]

Vous avez une idée de ce que ça a coûté à Bruges? Je n'ai pas fait le calcul, mais c'est énorme.

[00:43:44]

1000, 2000 euros par jour pendant neuf mois.

[00:43:47]

C'est la moitié d'un qui a même été sauvé par des gens d'une gentillesse et d'une accessibilité, d'une disponibilité, mais que je remercierai jamais assez des centaines d'histoires disponibles sur vos plateformes d'écoute et sur Europe1.fr.