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Christophe Hondelatte. Une affaire criminelle aujourd'hui assez récente puisque les faits datent de 2006. C'est le dernier procès remonte à 2011. Il s'agit de la disparition de Raffaello Moreau à Fall Kling, en Moselle, près de Forbach. C'est une affaire à classer dans la catégorie des crimes passionnels les plus intéressants, sans doute parce que ce sont ceux qui nous parlent le plus. Ce qui nous ressemble le plus. Est ce que je serais capable de faire ça? Moi, je ne vous en dit pas plus.

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Voici cette histoire que j'ai écrite avec Thomas Audouard, réalisation de Céline.

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EUROPE1 Christophe Hondelatte. Au début, c'est une histoire exotique, l'histoire d'un homme, un Français qui cultive de la vanille à Madagascar depuis cinq ans et qui disparaît tous les ans normalement, il revient une ou deux fois par an en France, où il a laissé femme et enfants à Noël 2006. Il ne rentre pas et là, on peut tout imaginer. Madagascar, c'est un peu le Far-West. Est ce qu'il y a eu une embrouille là bas? Un concurrent?

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Peut être. Ça marche bien, son affaire de vanille. Ou alors une femme. Une histoire de femmes. Mais l'issue de cette histoire, vous verrez, est beaucoup moins exotique que prévu. Beaucoup moins.

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Cet homme, il s'appelle Raphaël Lomo. Il est d'origine italienne et toute sa jeunesse, il a été mineur de fond dans les mines de charbon de Lorraine. Et puis, c'est un métier usant dès qu'il a pu. Il a pris sa retraite anticipée et il s'est lancé dans un projet fou la production et la commercialisation de vanille à Madagascar. Sacrée aventure pour un mineur et il part tout seul. Il laisse en France, dans la maison familiale de Folles Cling, près de Forbach, sa femme Simone et leurs six enfants.

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Après vingt trois ans de vie commune, disons qu'il y a commun un peu d'usure dans le couple.

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Il est parti il y a cinq ans et ma foi, ça marche bien. Son affaire de vanille gagne dans les 5.000 euros par mois au soleil. C'est pas mal. C'est beaucoup plus que ce qu'il gagnait à la mine, c'est sûr. Et donc, normalement, il rentre en France deux fois par an pour voir les enfants, sa femme, la famille. Il a 12 frères et sœurs qui vivent pour la plupart en Lorraine. En principe, ils rentrent une fois à Noël et une fois l'été.

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Sauf qu'à Noël 2006, il ne vient pas dans les mois qui suivent. Janvier, février, mars, avril, mai, juin. Il ne donne aucune nouvelle.

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C'est l'une de ses soeurs dont il est très proche. Mariette, qui s'en étonne. La première, alors, elle lui laisse des messages à 2 3. Ben dis donc, Raffa, tu exagères, jamais rappelé nous, on commence à s'inquiéter ici. Allez, donne nous des nouvelles. Juste un petit coup de fil, quoi. Ça fait longtemps. On espère que ça va pour toi. On t'embrasse. Et quand arrive le mois de juin et que Raphaël n'a toujours pas donné de nouvelles là, les lots moraux sont carrément inquiets et Mariette fait le tour des frères et sœurs.

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Personne n'a de nouvelles. Elle appelle aussi sa belle soeur Simone. Bonjour Simone! T'as des nouvelles de Raphaël? Non, aucune. Pas de coups de fil, rien. Faire appel. Il est comme ça, comme ça, comme ça, non? Normalement, il vient Noël. Il n'est pas venu. On l'appelle, il ne répond pas, on lui laisse des messages. Il ne me rappelle pas. C'est inquiétant.

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Et donc, à un moment, mi juin, Mariette se rend à la gendarmerie de Forbach pour signaler la disparition de son frère, m'écoutait. C'est vrai, il ne vient pas en France, mais on a toujours un petit coup de fil qui n'est pas venu à Noël. Il aurait dû rappeler qu'il lui arrivait quelque chose. Madame, à ce stade, la seule chose qu'on puisse faire, c'est ouvrir une enquête dans l'intérêt des familles, mais je vais être clair avec vous au bout de l'enquête, on pourra vous dire s'il est vivant, mais s'il ne veut pas communiquer avec vous, s'il ne veut pas qu'on vous dise oui, c'est son droit, c'est sa liberté.

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On ne pourra rien faire de plus. Je vous mets en garde. Bah, déjà, si vous faites ça, ça nous enlèverait un bois. Le savoir, c'est tout ce qui compte pour nous. Mais j'ai peur.

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Vous savez que ce soit plus grave. Les gendarmes ont du mérite parce que ça ne sera pas facile d'enquêter à Madagascar dès qu'on met les pieds hors de France, ça se complique. Normalement, les pays doivent s'entraider sur le plan judiciaire, mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Il est probable que les Malgaches vont traîner des pieds. Ça va être long.

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Mais bon, les gendarmes commencent à se rend Cardet et ils commencent par l'ambassade de France à Madagascar. Au moins eux, ils ne sont pas censés traîner des pieds. Et là, ils apprennent que Raphaël Domoraud vit depuis 2002 dans une petite ville portuaire du Sud-Est de l'île, Tamatave. C'est là qu'il a installé son entreprise, qui emploie une dizaine de personnes, mais surtout par les compagnies aériennes. Il découvre que Raphaël est venu en France à Noël. Tiens, tiens.

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Après vérification auprès de l'aéroport de Tananarive, il est monté dans un avion pour Paris le 14 décembre. Oh oui, monsieur! Et il a atterri à Roissy le 15 à 7h20. La police de l'air et des frontières a enregistré son passage et la douane aussi. Il a débarqué avec un gros paquet de vanille. Les douaniers ont dû parlementer un peu. Donc, il est venu en France à Noël et dès qu'il est descendu de l'avion, il a passé des coups de fil.

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Ça, on le sait, grâce à son portable. Plusieurs coups de fil depuis l'aéroport de Roissy, juste avant 9 heures. Et après, plus rien, plus rien. Son portable cesse d'émettre. Une certitude il n'a pas pris l'avion du retour.

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Intéressant. Alors, qui est ce qu'il a appelé en posant le pied à Roissy et ses amis de Forbach? Les gendarmes vont le voir, ces. Il vous a dit quoi au téléphone? Vous pouvez nous donner le maximum de détails qui vous reviennent. Enfin, elle n'a pas parlé longtemps. Il m'a dit qu'il venait d'atterrir, qu'il passerait de moi à Forbach. L'après midi, c'est à peu près tout ce qu'il m'a dit, je crois. Il est venu vous voir l'après midi?

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Non. Depuis ce coup de fil, pas une nouvelle. Au départ, je me suis dit qu'il avait un empêchement qui viendrait plus tard. Mais il ne m'a pas rendu visite de toutes les vacances, ni depuis, rien. Et sa femme, alors Simone, est prévenu qu'il arrivait le 15 décembre à Roissy. Ben oui! D'ailleurs, ce matin là, on s'est levé tôt pour aller le chercher. Voici. Vous dites on qui on? Bah, moi et ma fille Samanta.

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Elle a quel âge votre Samanta? A 17 ans. Et donc, vous l'avez retrouvé à Roissy? Bah, on a attendu, on s'est dit qu'il s'était fait coincer aux contrôles, on a attendu au moins deux heures. Et ensuite, ensuite, on l'a. On l'a vu arriver, mais bon, quatre mois que je n'avais pas vu. Il n'a pas été sympa. C'est à dire?

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Moi, je venais de me faire faire de l'orthodoxie. Vous savez, vous savez ce qu'il m'a dit. Il m'a dit Alors tu t'es fait refaire la salle à manger? Vous voyez un peu l'ambiance. Après 4 mois sans boire. Donc, ça ne s'est pas bien passé à l'arrivée à Roissy. Et après? Alors on est partis en voiture. Qui conduisait? Ah ben moi ça, Menta était à côté de lui derrière. Et donc, vous avez pris tous les trois la route de Kling?

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Non, pas vraiment, parce qu'avec cet accueil, j'aime autant vous dire qu'on s'est embrouillé. Noms d'oiseaux et tout le tralala, quoi, donc? Dispute la rafale, me demande de descendre de voiture. Elle dit qu'ils ont roulé 500 mètres, pas plus qu'elle l'a laissé à Roissy ou pensez vous qu'il est allé ensuite? Je pense clairement qu'il est reparti à Madagascar. Moi, je n'ai plus de nouvelles. Et non ça, les gendarmes en sont certains.

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Il n'est jamais rentré à Madagascar, il n'a jamais repris l'avion. Jamais. Alors, à ce stade, il y a clairement deux pistes. La première est séduisante Raffaello Moreau fait des jaloux à Madagascar à cause de son affaire de vanille florissante, alors il se fait des sondés par la mafia malgache. Sauf que. Pourquoi est ce qu'ils serait venu faire ça en France? C'était tellement plus simple de le dézinguer sur place. Deuxième hypothèse, c'est qu'il s'est fait zigouiller par sa femme à sa descente d'avion et pour être honnête, c'est celle là qui tient la corde à la gendarmerie de Forbach.

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Pour une raison très simple les deux femmes, la mère et la fille, sont deux sacrées cocottes. Et ça, les gendarmes s'en aperçoivent assez vite. Vous savez comment on l'appelle la jeune Samanta dans son village? La parricides tonnes de Forbach. Pourquoi? Parce que c'est une Bibot toujours sapé comme une princesse qui achète sans compter des chaussures, de la lingerie. Tout ça avec le chéquier de papa. Et régulièrement, elle organise des fêtes où l'alcool coule à flots.

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Il semble que son père se soit plusieurs fois agacé de son train de vie à ses frais. Quant à Simone, la mère. Pourquoi est ce qu'elle a résilié l'abonnement téléphonique de Raphaël depuis Noël? Pourquoi est ce qu'elle s'est débarrassée de ses vêtements et de ses outils? Pourquoi elle a donné la voiture de son mari à des amis? Comment savait tel qu'il ne reviendrait pas? Rassurez vous. Pendant ce temps là, elle a continué à percevoir sa retraite.

[00:11:14]

Les gendarmes l'interrogent à nouveau. Mme. Vous vous comportez comme si votre mari n'allait pas revenir. Comment est ce que vous expliquez ça? En bas, je vais vous le dire, pourquoi il ne va pas revenir? Je vais vous le dire, il a refait sa vie à Madagascar. Il y a une femme, une jeune. Elle a dans les 30 ans, il a deux enfants avec elle. Alors que voulez vous? Bah, il nous a laissé tomber amoureux des six enfants.

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C'est pour ça que je fais tout ça. Et de raconter que c'est Samanta qui a découvert le pot aux roses la dernière fois que son père est venu à Paul Kling, elle est allée fouiller sur son ordinateur portable et dans le dossier photos. Elle a trouvé la photo d'une femme et de deux enfants en bas âge. Voilà. La fille, bien sûr, l'a répété à sa mère. Et ça, ça, ça ouvre une autre piste. La piste de la maîtresse malgache, il faut la retrouver.

[00:12:12]

Cette femme et les gendarmes la retrouvent. Et sur ce point? Mère et fille n'ont pas menti. Raphaël avait bien refait sa vie à Madagascar. Sauf que la dame est sans nouvelles de lui depuis Noël. Il est parti en France. Elle ne l'a jamais revu. Elle raconte que l'exploitation de vanille de Tamatave est à l'abandon, que les employés n'ont pas été payés et qu'ils sont tous partis. Donc, Raphaël ne se planque pas chez sa maîtresse à Madagascar.

[00:12:40]

Il a vraiment disparu en France, juste après son atterrissage à l'aéroport de Roissy.

[00:12:50]

Je vous le redis, ce sont de sacrées cocottes. Je vous ai déjà parlé de Samanta, la ces tonnes de Forbach et de Simone qui s'est allègrement débarrassée des affaires de son mari disparu. Il n'y a pas que ça. En enquêtant à Folle Kling, les gendarmes découvrent assez vite en détail dont Simone a oublié de leur parler. Elle a un amant. Babar assure qu'elle a un amant, s'appelle François et vous l'a pas dit. Eh bien non, elle ne l'a pas dit, elle a joué les femmes indignées.

[00:13:22]

Elle a dénoncé la maîtresse de son mari, mais elle a omis de dire qu'elle aussi le faisait cocu, ce qui était assez naïf de sa part.

[00:13:29]

Parce que tout le monde est au courant.

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Tout le monde. Alors, sous François, les gendarmes l'identifient assez vite. 59 ans, retraité. Normalement, il vit en région parisienne. Je dis normalement parce que depuis le mois de juillet 2006, il vit chez Simone, enfin chez Simone et Raphaël.

[00:14:04]

Il y a installé ses affaires. Il ne se cache pas et il se sent tellement chez lui qu'il est allé voir un architecte pour réaménager la maison de Simone. Il a des plans. Et si c'était lui qui avait été froissé? Raphaël de la planète Terre.

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Il est temps de placer tout ce petit monde en garde à vue. Le 13 novembre 2007, les gendarmes interpellent toute la smala Simone, ses deux filles aînées Samanta et Valérie et François Lamand, et qu'Eddie garde à vue, dite en général perquisition.

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Les gendarmes commencent par fouiller l'appartement de l'amant en région parisienne, et le type possède toute une quincaillerie, un stock d'armes de collection impressionnant. Et si parmi ces armes se trouvaient l'arme du crime? Supputation. Parce que pour l'instant, on n'a pas de cadavre. Les armes sont envoyées au laboratoire. Les balistiques les examinent sous toutes les coutures. Elles sont démilitarisées, toutes inutilisables. Réduites à prendre la poussière accrochée à un mur pour la décoration. François est dans les clous.

[00:15:18]

Il n'a pas enfreint la loi.

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Alors maintenant, fouillons son garage et sa voiture dans le coffre tient des bottes en caoutchouc et des gants en latex et une pelle pliante. Et pourquoi faire diable dans la voiture elle même? On fait cheap shit avec une bombe de blues star, et ça alors qu'il y a des traces de sang. Les gendarmes font des prélèvements crottes. Les traces de sang sont inexploitables.

[00:16:01]

Alors, passons à l'interrogatoire de François. Pouvez vous nous dire où vous étiez le 15 décembre 2006? Bah ouais! Je peux tout à fait vous le dire le vendredi, je prends des cours de tibétain à Dauphine. J'étais là bas. Vous pointez dans ces cours ou est ce que quelqu'un pourrait attester de votre présence ce jour là? Ah ben non, on pointe pas, c'est la fac, mais les profs vous le diront, je ne rate pas un cours.

[00:16:34]

Problème le prof de tibétain est interrogé. Il est incapable de confirmer avec certitude la présence de François ce jour là. Il assiste à ses cours, c'est vrai. Mais est ce qu'il était là? Le 15 décembre 2006, le prof ne le sait pas. Les gendarmes se font envoyer la fadettes de François, le relevé de son téléphone portable doublé de la localisation. Eh bien, il n'a pas menti. Le 15 décembre, il était à la fac de Dauphine.

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Il assistait à son cours de Tibétain. Passons maintenant dans le bureau d'à côté, Valérie, la fille aînée de Raphaël et Simone, est en garde à vue elle aussi. Mlle. Pour quelles raisons? Est ce que vous ne vous êtes pas inquiété de la disparition de votre père? Vous savez, on s'est jamais trop entendus avec mon père. J'ai été élevé par mes grands parents, alors pourquoi voulez vous que je me soucie de son absence?

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Allons maintenant dans le bureau où est interrogé Samanta, qui intéresse bien les gendarmes puisque le 15 décembre 2006, elle était avec sa mère à l'aéroport.

[00:17:52]

Il n'y a pas grand chose à tirer de sa. Elle raconte à nouveau la dispute, le père qu'elle abandonne au bord de la route à Roissy. Et elle s'en tient là.

[00:18:04]

Et Simone? Alors, il faut d'abord que je vous raconte ce qu'on a trouvé chez elle pendant la perquisition. Vous allez voir, c'est passionnant. On a trouvé au rez de chaussée la carte Vitale et la carte d'identité de Raphaël. Qu'est ce qu'ils font là? On a aussi trouvé l'ordinateur portable de Raphaël. Qu'est ce qu'il fait là? Et surtout au sous sol? On a trouvé des armes, ce qui est tout à fait normal. Raphaël avait une licence de tir.

[00:18:34]

Il avait le droit de détenir des armes. Sauf qu'il en manquait une. Il manque un revolver, un 357 Magnum. Simone est donc interrogée sur tout ça. La carte d'identité, la carte Vitale, le revolver, elle n'a rien à dire, mais une garde à vue, c'est long. Nous voilà à la 36ème heure. Vous n'avez pas beaucoup de réponses. Madame, je ne vous ai pas encore demandé de justifier pourquoi, par exemple, vous aviez effectué quatre retraits d'argent à Forbach entre le 15 et le 27 décembre 2006.

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Vous ne le saviez pas? Simone était épuisée. Et elle répond. Pour vous occuper de mes enfants. Elle est mure et la voilà qui reprend son récit de la matinée du 15 décembre. Elle est bien allée chercher son mari à Roissy avec sa fille et il a bien été odieux avec elle. Mais il n'est pas descendu de voiture. Ils ont pris la route de Forbach. Depuis un moment, il était à l'arrière, il s'est endormi, j'ai roulé pendant une heure.

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Je me suis arrêté sans trop faire de bruit. Il dormait toujours. Puis j'ai attrapé le revolver que j'avais pris à la maison. Votre fille Samanta était là. Ouais, je vais demander de regarder. Et puis j'ai tiré une balle dans la tête. Comment se fait il qu'on n'a pas retrouvé de sang dans votre voiture? Il n'y en avait pas beaucoup. Ça n'a pas beaucoup coulé, s'est Samanta qu'à nettoyer avec des mouchoirs en papier, ça suffit.

[00:20:27]

Après, Simone dit qu'elle lui a mis une couverture sur la tête et que mère et fille, elle ont repris la route, il leur restait 300 km et pendant 300 kilomètres, elles ont roulé avec le cadavre de Raphaël à l'arrière. Le mari de l'une, le père de l'autre. Il en faut du sang froid pour faire un truc pareil. 300 kilomètres. Elle arrive à Folle Kling vers 15 heures. Elle mettent la voiture au garage et elle la ferme à clé.

[00:20:59]

Et là, qu'est ce que vous avez fait? Bah, j'avais des cartes de vœux à faire pour le Nouvel An. Je me suis mis tout l'après midi des cartes de bonnes années avec un cadavre dans le garage.

[00:21:12]

Sacré Simone! Et après? Après, elle retourne à la voiture.

[00:21:17]

Ça fait six heures que le cadavre est à l'arrière. La nuit est en train de tomber. Elle se met au volant et elle va d'éthyle jusqu'au verger. Elle essaye de sortir le corps. Il est trop lourd, alors elle manœuvre. Elle met la voiture dans le sens de la pente et elle arrive à le faire tomber dans l'herbe.

[00:21:34]

Et ensuite, vous avez fait quoi du corps? Madame? Bah, je me suis souvenu, Ravel m'avait dit un jour qu'il aimerait être incinéré. Alors je l'ai brûlé. Comment? Elle dit qu'elle a mis deux palettes de bois sur le cadavre qui était allongé sur le dos, qu'elle a ajouté de vieux vêtements.

[00:21:54]

Elle a imbibé le tout de 5 litres d'essence et a mis le feu. Elle a entretenu le brasier, dit elle.

[00:22:02]

Pendant plusieurs jours, elle raconte qu'ensuite, elle a ratissé les débris qui restaient et qu'elle les a jeté à la poubelle et qu'au printemps, elle a semé du gazon. Il y a plus de traces. Vous verrez, il y a plus de traces. Et l'arme, le 357 Magnum? Vous en avez fait quoi? Je l'ai détruit avec une masse, puis j'ai foutu les morceaux à la poubelle. Simone vient d'avouer dans le détail le meurtre de son mari.

[00:22:31]

Les gendarmes, bien sûr, vont sur place et c'est vrai qu'on ne voit plus rien. Ils trouvent tout de même un tout petit morceau de dedans et de minuscules fragments d'os qui s'avèrent être des eaux Banimmo.

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Et là bas, il y a un doute on aurait fait brûler un cadavre ici à moins d'un an et il n'y aurait aucune trace. La méthode est étonnante. Je me doute que vous n'avez jamais fait brûler de cadavres et moi non plus. Mais je vous jure que si vous mettez des palettes en bois sur un cadavre, il n'y a pas beaucoup de chances qu'il brûle. C'est un peu comme si, au barbecue, vous mettiez le charbon sur la brochette.

[00:23:15]

Vaut mieux le mettre dessous.

[00:23:24]

Donc, il y a un doute qui va demeurer jusqu'au bout de cette affaire.

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Où est le cadavre? l'A t elle vraiment fait brûler? Quoi qu'il en soit, Simone Moro n'est pas mise en examen et écroué, et sa fille Samanta, qui avait 17 ans, est mise en examen pour modification de la scène de crime et envoyé en prison. Elle aussi, la fille aînée Valérie et relaché. Mais l'instruction se poursuit et au fil des interrogatoires, Simone se construit une défense qui va éclairer ce meurtre. Sous un jour nouveau, elle dit que Raphaël était un tyran qui la battait, qu'il l'a cognée, qu'il l'a brûlée avec sa cigarette.

[00:24:17]

Et surtout, elle dit qu'il a violé sa fille aînée, Valérie. Elle l'a tué parce qu'elle n'en pouvait plus de ces violences. Est ce qu'on doit à la croire? Ce sera à la cour d'assises de trancher. Si elle l'a tué de sang froid et sans raison, elle prendra perpète. Si elle arrive à convaincre qu'il la battait, elle peut espérer moins, beaucoup moins. Les enfants, en tout cas, confirment que le père était violent. Et puis, au moment de boucler le dossier d'instruction, il reste un doute sur le rôle de Samanta.

[00:24:50]

Est ce que Simone, en vérité, ne couvre pas sa fille?

[00:24:54]

On se pose la question parce qu'un jour, le juge présente plusieurs armes à Simone. Allez y, prenez celle que vous avez utilisée. Elle ne désigne pas le 357 Magnum. Elle désigne un Beretta, c'est troublant. Lors de la reconstitution qui a lieu le 25 novembre 2007 sur l'aire d'autoroute sur laquelle elle dit avoir tué son mari, on lui demande de prendre l'arme à la main. Allez y! Prenez la. Elle ne sait pas la tenir. Et quand on lui demande de dire où elle sétonner, quand elle tiré, elle dit qu'elle a tiré entre les deux sièges.

[00:25:29]

Avant, on pose la même question à Samanta. Elle dit qu'elle a vu sa mère tirer entre l'appuie tête et le montant de la portière conducteur. Voyons comment la cour d'assises va se dépatouiller avec tout ça.

[00:25:46]

Et c'est donc en tant que témoin que Samanta assiste au procès de sa mère, qui s'ouvre le 18 mai 2010 devant la cour d'assises de la Moselle. Les 12 frères et sœurs de Raphaël sont assis sur le banc des parties civiles.

[00:26:14]

On ne leur a pas rendu de cadavre et donc ils attendent que Simone prenne chair, qu'elle prenne le max. Mais Simone, elle, s'accroche à sa ligne de défense. Elle a voulu débarrasser sa famille d'un prédateur violent. Il l'a paté. Il battait les enfants. Il a violé sa fille aînée. Elle réclame des circonstances atténuantes. Alors, on fait venir les enfants à la barre. Est ce que c'est vrai? Est ce que c'est vrai ce que dit votre mère?

[00:26:59]

Et d'une seule voix. Les petits confirment. Ils confirment tous sauf. Sauf l'aînée, sauf Valérie, sauf celle que le père est censée avoir violé et n'a pas violé. Il ne m'a pas violée. J'ai menti. Et là, Samanta se lève furieuse, furieuse de voir sa soeur aînée se désolidariser et lui dit on aurait dû inviter au barbecue de ton père.

[00:27:29]

On. On aurait dû t'inviter. Pourquoi est ce qu'elle dit on? Samanta ne vient pas de dire, sans le vouloir, qu'elle a eu un rôle beaucoup plus actif que ne le prétend sa mère et qu'elle ne le prétend elle même dans l'assassinat de Raphaël.

[00:27:51]

Le verdict tombe. Simone ne s'en sort pas mal. 17 ans de réclusion criminelle. Le verdict sera confirmé en appel. Quant à Samanta, elle est jugée devant le tribunal pour enfants de Sarreguemines et elle est condamnée à dix huit mois de prison avec sursis pour avoir modifié la scène de crime et aidé à transporter le cadavre et à le brûler. Il y a eu dans la foulée une tentative des frères et sœurs de Raphaël de faire rouvrir ce dossier pour incriminer l'amant François.

[00:28:21]

Mais la Cour de cassation a refusé et Simone est définitivement la seule et unique meurtrière de son mari.

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