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Raconte Christophe Hondelatte. Bonjour à tous. Vous m'avez rarement entendu dire qu'il y avait des leçons à tirer d'une affaire finie. Je n'aime pas trop ce qui pour raconter un crime, mon besoin de se cacher derrière le prétexte d'un phénomène de société. Mais l'histoire du jour sera une exception, car il s'agit de l'affaire Stéphane Moitoiret qui, durant l'été 2008 à Lagnieu, dans l'Ain, assène quarante quatre coups de couteau à un petit garçon de 11 ans prénommé Valentin. Et tout l'intérêt de cette histoire se résume dans la décision de la juge d'instruction de le renvoyer devant la cour d'assises pour les juger, alors que Stéphane Moitoiret, de toute évidence, est un malade mental.

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Mais à sa décharge. Vous verrez que dans cette affaire, les experts psychiatres, au nombre de dix, n'ont pas donné de leur profession le meilleur visage.

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Ils n'ont pas réussi à se mettre d'accord pour dire si oui ou non Moitoiret était schizophrène et j'ai donc fait appel à l'un de ces psychiatres pour le débriefe tout à l'heure. Le docteur Paul Bensoussan que je prends pour l'un des meilleurs experts français. Bonjour à vous, bonjour Christophe Hondelatte. J'aurais donc besoin de vous tout à l'heure. Voici cette histoire que j'ai écrite avec Thomas Audouard. Réalisation Céline Lebrun.

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Christophe Hondelatte. Cette histoire commence par un cauchemar durant l'été 2008 à Lagnieu, dans l'Ain. Michel garde le petit garçon de sa copine Véronique Valentin, 11 ans. La mère est en instance de divorce. L'idée, c'est de lui changer les idées. Et comme chez Michel, il y a un vélo à sa taille. Valentin en fait, du matin au soir et le soir du 22 juillet, il est dans la rue, derrière la maison et en début de soirée, il disparaît.

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Michel et ses fils partent tout de suite à sa recherche. C'est l'un de ses fils qui trouve d'abord le vélo juste à côté Valantin, au pied d'un portail couvert de sang. Des plaies sur le cou. Il n'est pas mort. Il respire encore, mais le temps que les pompiers arrivent. Son petit cœur s'est arrêté pendant une heure. Il essaye de le ranimer, mais un peu avant une heure et demie du matin, on les voit ranger leur matériel.

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Il n'y a plus rien à faire. Valentin est mort. Mort de quoi? Au début, les médecins pensant un chien à un gros chien qui aurait sauté à la gorge du gamin. Toutes les blessures sont sur le cou et sur le torse. Elles sont profondes. Ça ressemble à des morsures. Et c'est d'ailleurs ce que les gendarmes disent à la mère quand ils vont la réveiller en pleine nuit. Madame, nous sommes désolés. Votre fils Valentin a été attaqué par un chien.

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Il est décédé. Et dès que le jour se lève, les gendarmes se mettent donc à chercher un chien, un chien du quartier qui se serait échappé. Il trouve quelques grands chiens, mais les propriétaires sont formels mon chien aboie.

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Hier soir, il était enfermé.

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Je suis sûr et on voit débarquer à Lagnieu les premiers journalistes. Cette histoire de chien qui tue un enfant en pleine torpeur estivale, c'est une belle affaire. Mais ils sont à peine arrivés que l'histoire change complètement de nature. Dans l'affaire de l'enfant retrouvé mort hier soir à Lagnieu, dans l'Ain, le garçon de 11 ans a été tué à l'arme blanche. C'est ce qu'a indiqué tout à l'heure le procureur de la République de Bourg en Bresse, Emile Nora. Vous avez assisté à sa conférence de presse.

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On se dirige peut être maintenant vers une investigation de grande ampleur. Oui, on pourrait aller vers une enquête de grande envergure, selon le procureur de Bourg en Bresse. De nombreux coups portés par arme blanche, principalement à hauteur de la gorge du thorax le plus profond de mesurer jusqu'à près de 8 cm de long. Valentin n'a pas été tué par un chien.

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Il a été tué à coups de couteau. C'est un meurtre, un meurtre d'une sauvagerie incroyable. Rendez vous compte, il y a du sang jusque dans les rues voisines, sur le sol, sur les murs. Il y en a même sur la devanture du pharmacien et sur celle du fleuriste.

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Les gendarmes, évidemment, font des relevés. Ils analysent ce sang. Ça n'est pas le sang de Valentin, donc c'est le sang de son agresseur. Et c'est un bon point pour cette enquête qui débute. Le tueur du petit garçon a signé son crime. Il a laissé son ADN partout.

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Quarante quatre. Le médecin légiste a finalement compté quarante quatre coups de couteau sur le corps de Valentin. Il en faut de la rage pour donner quarante quatre coups de couteau à un enfant de 11 ans et les plaies sur ses bras et sur ses mains montrent que le gamin a essayé de se défendre.

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Alors, qui est le sauvage qui a fait ça? On passe l'ADN isolé dans les traces de sang que le tueur a laissé partout au fichier des empreintes génétiques inconnues au début. Faute de mieux, les gendarmes s'intéressent à la famille, les parents, les amis des parents. Mais ça ne dure pas longtemps, car à Lagnieu, on pense avoir vu le tueur. A 23 ans, 50 55, Lagnieu sur la place en face était comment un mètre 80 dégarni en short avec une lampe frontale, gourde sur lui, sac à dos, 23h50 avec un sac à dos et une lampe frontale.

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Je connais un peu tout le monde, mais personne, non, ne me paraissait pas du coin.

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Deux soeurs qui rentraient chez leur mère tout près des lieux du crime l'ont vue aussi louche. Drôle de dégaine. Il avait le regard vide. Oui, oui, vide. Mis bout à bout, tous les témoignages permettent de tracer un portrait assez précis. Un mètre soixante quinze assez costaud. Le type était en sandales et en short. Il portait un tee shirt brun et il avait une tête de sud américain. Il n'y a qu'une seule caméra vidéo à Lagnieu.

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Elle est installée juste au dessus du distributeur de billets. Les gendarmes saisissent l'enregistrement et à 23 heures 37 précises, on voit l'homme passer en short. L'image n'est pas de très bonne qualité, mais on voit qu'il a un vêtement noué autour de la taille.

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Et les gendarmes ils sont maintenant 100 sur cette affaire se mettent à chercher un rôdeur, un routard, ils trouvent un toxicomane connu de la justice pour avoir agressé un enfant. Ils l'arrêtent, ils l'interrogent. Il n'était pas à Lagnieu le soir du drame. On demande aussi à toutes les brigades de gendarmerie du département de faire remonter tous les contrôles d'identité qui ont pu paraître suspects depuis le début du mois.

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Et la brigade de Léman signale avoir contrôlé un drôle de couple à la fille était complètement perché.

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Elle s'est présentée comme la princesse des esprits libres et le type n'était pas plus clair. Il nous a dit qu'il était le secrétaire de Sa Majesté.

[00:08:00]

La fille a aussi dit qu'elle était une amie du président Sarkozy et le type a tenu des propos incohérents sur la galaxie et l'univers. Ils disaient tous les deux qu'il était Australien et qu'il parcourait la France à la recherche d'esprits divins. Et vous avez leur identité. Ces deux individus?

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Oui, bien sûr. Alors lui s'appelait Attendez. Stéphane Moitoiret et Noëlla Hégo, 49 ans. Un automobiliste a vu les mêmes.

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Il les a pris en stop. Je peux vous dire qu'il n'avait pas une super hygiène. Et il voyageait avec leurs affaires dans des sacs poubelle. Il vous en parlait au cours du trajet. L'homme était assis sur le siège passager immature, discours qui qui tenait pas debout du tout. Comme quoi les gendarmes, les notables français étaient des tueurs d'enfants et des violeurs de femmes, etc. Et d'ailleurs, il m'a expliqué qu'il allait bientôt mener une opération en hélicoptère contre la gendarmerie de Lagnieu pour les punir de leurs actes.

[00:09:00]

Et d'après lui, les gendarmes en question appartenaient à sa liste noire. Et vous les avez laissés où? Je les ai déposés à Saint-Sornin en Bugey.

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Les gendarmes filent donc dare dare à Saint-Sornin et ils tombent sur le maire, qui les a vu lui aussi. Mieux, il leur a parlé. Le type l'a interpellé en pleine rue. Vous savez ce qu'il m'a demandé. Il m'a demandé qui s'occupe du catéchisme ici. Il parlait tellement mal.

[00:09:27]

J'ai demandé de répéter. Il était très agité.

[00:09:30]

Il n'avait pas l'air normal qui s'occupe du catéchisme ici. Les gendarmes comprennent assez vite que ce n'était pas le catéchiste qu'ils cherchaient. Il cherchait un endroit pour dormir. Une salle paroissiale. Et là, ils apprennent qu'une bénévole leur a ouvert l'ancien presbytère. Et cette école, précisément. C'était dans la nuit du 28 au 29 juillet. La nuit du crime, la nuit où Valentin a été massacré. Les deux zozos ont dormi à quelques kilomètres de l'endroit où le gamin a été égorgé.

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Donc, tout semble indiquer que ce sont eux qui ont tué l'enfant.

[00:10:15]

Ils ont dormi chez le curé de Saint-Sornin le soir du meurtre. Ils ont donc sans doute laissé des traces, et notamment leur ADN. Les gendarmes vont voir des traça. Il y a des traces. Il y a des traces de sang sur la porte. Il y a de l'eau sur le sol, comme s'il avait nettoyé. Il y a des bougies éteintes posés sur des chaises. Et maintenant, il suffit de comparer ces traces ADN à celles retrouvées sur la scène de crime.

[00:10:39]

Et si ça marche, on sera certain que cette.

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Mais ce qu'on attend, les résultats pour les arrêter? Non, bien sûr. Un mandat d'arrêt est lancé, accompagné de deux portraits robots. Et ça ne traîne pas. Quelqu'un les a vu faire du stop loin de Lagnieu, dans l'Ardèche.

[00:11:08]

Dans l'enquête sur le meurtre du petit Valentin, les gendarmes ont mis la main hier sur le suspect principal, Stéphane Moitoiret, un marginal de 39 ans, et sa compagne Noëlla Hégo. Leur portrait robot avait été diffusé en début d'après midi hier. Ils ont été arrêtés sans violence. Quelques heures plus tard, en Ardèche, des automobilistes qui.

[00:11:34]

Ça y est, ils ont été arrêtés et les voilà en garde à vue. Et d'entrée, les gendarmes remarquent que Moitoiret est blessé à la main gauche. Selon les médecins, la blessure remonte à il y a cinq jours, c'est à dire au jour du meurtre de Valentin. L'interrogatoire commence chacun dans une pièce, chacun face à un gendarme. Vous faites quoi dans la vie? Mr Moitoiret? Je suis en mission divine. Vous faites quoi dans la vie?

[00:12:07]

Mme Hégo Je suis présidente des Grandes missions divines et à ce titre, on m'appelle Sa Majesté ou Son Excellence. Et je dois vous appeler Sa Majesté oui monsieur, sinon vous vous exposez à une forte amende 5 milliards d'euros. Même un pape me doit son respect comme vous faites votre travail. Je verrai si je vous envoie cette amende.

[00:12:33]

Voilà le genre de propos que les deux oso tiennent au début de leur interrogatoire. Et quand on leur demande où ils étaient le soir du crime, ils répondent tous les deux à la cure de Saint-Sornin. Ils n'ont pas bougé et ça dure comme ça. Toute la première journée de garde à vue, les gendarmes apprennent que ça fait 20 ans que ces deux là vivent ensemble. Ils n'ont jamais eu de téléphone, jamais eu de carte de crédit. Ils font du stop, ils se font héberger de ci de là.

[00:13:00]

Ils vivent de l'aumône qu'on leur fait. Au bout d'une journée de garde à vue, les gendarmes pose sur la table tout ce qu'ils ont réuni comme éléments à charge contre eux. Réponse de nos illégaux. C'était sans doute des clones qui ont commis le crime. Ils ont voulu nous gêner dans notre mission divine. Les gendarmes apprennent aussi que le duo a eu un enfant, une petite fille, Noëlla Hégo, a d'ailleurs du mal à se souvenir de son prénom.

[00:13:30]

Il leur a été retiré par la DDASS. Trop occupé par leur mission divine. Et c'est à ce moment là que tombe le résultat des comparaisons ADN. Et c'est bien lui. C'est Stéphane Moitoiret qui a tué Valentin. Le sang retrouvé sur la scène de crime et le sien. M. Moitoiret, comment est ce que vous expliquez qu'on retrouve votre ADN sur la scène de crime? Ça doit être un clone. Il y a, figurez vous, 250 milliards de clones de ma personne sur la Terre.

[00:14:01]

Alors vous voyez? Au deuxième jour d'interrogatoire, c'est finalement Noëlla Hégo qui craque la première. Stéphane était très en colère ce soir là contre la gendarmerie qui nous avait contrôlé, contre l'Etat et contre la mairie. On s'est disputé. Il m'a dit qu'il était temps que cette mission se termine et qu'on devrait faire un retour en arrière.

[00:14:24]

Un retour en arrière, vous pouvez nous préciser de quoi il s'agit. C'est un concept que j'ai créé, c'est pour interrompre une mission. Il s'agit de créer un incident, en l'occurrence en tuant quelqu'un. Et Stéphane Moitoiret vous a parlé ce soir là de procéder à un retour en arrière. Oui, oui, je l'ai dit que c'était une bonne chose parce que moi aussi j'en avais marre de cette mission. Et là, elle raconte qu'il s'est absenté une heure, qu'il a quitté la cure, qu'il est parti tout seul et qu'il est rentré couvert de sang.

[00:15:02]

Elle lui a demandé ce qui s'était passé. Il lui a dit qu'il avait tué un enfant. Noëlla Hégo a craqué et à la fin de son audition, elle signe le procès verbal de son nom. Elle n'écrit pas comme elle l'a fait jusque là. Sa Majesté À la fin de cette garde à vue, ils sont mis en examen tous les deux Moitoiret pour assassinat sur mineur de moins de 15 ans avec Actes de barbarie, et Noëlla Hégo pour non empêchement et non-dénonciation de crime.

[00:15:35]

Sauf qu'à partir de là, vous vous en doutez. Va se poser une autre question. Ces deux là ont des allures de malades mentaux. Ils ont délirait pendant des heures devant les gendarmes. Alors, sont ils responsables pénalement? Est ce qu'on pourra les juger devant une cour d'assises? Ou est ce qu'ils relèvent de l'hôpital psychiatrique? La première a apporté son grain au débat.

[00:16:02]

Et la propre mère de Stéphane Moitoiret, Stéphane vraiment Lafay, n'est pas officiellement. Il se sentait persécuté quand on lui parlait. Il répondait en partie quand il était espionnée. Quand il était sur la route des avions leur. Il a relevé la tête que les braqueurs voulaient qu'on voulait les écraser, qu'on voulait le tuer et qu'on en avait après eux. Pour moi, il est un 100% irresponsable de Delaigue. Lui qu'il a commis est totalement irresponsable de la.

[00:16:44]

Stéphane Moitoiret et Noëlla Hégo ont déliré pendant vingt ans, ils n'ont jamais été hospitalisés. Jamais on a retrouvé quelques uns de leurs écrits et ce qui est intéressant d'ailleurs, c'est que c'est elle, Noëlla, qui apparaît comme le penseur délirant du duo. Lui se remplissait de ce qu'elle disait. Elle faisait vivre un monde où se côtoyaient Luke Skywalker, la reine d'Angleterre et Dark Vador.

[00:17:18]

Il devient donc urgent pour le juge d'instruction de répondre à la question.

[00:17:22]

Sont ils oui ou non des malades mentaux? L'un et l'autre, et donc la juge, se tourne vers des experts psychiatres, trois experts et elle leur pose la même question. Moitoiret et Hégo relève t il de l'article 122 Thiré 1 du Code pénal? Leur discernement était il aboli par la maladie au moment du meurtre de Valentin? Si la réponse est oui, alors il n'y aura pas de procès et les deux fileront en hôpital psychiatrique.

[00:17:57]

Les trois psychiatres répondent que nous, illégaux et irresponsables. Mais concernant Stéphane Moitoiret, il diverge. Et au lieu de rendre un rapport commun, un rapport de consensus comme c'est l'usage, ils rendent deux rapports différents. Le docteur Paul Bensoussan diagnostique chez Moitoiret une schizophrénie paranoïde. C'est la plus grave des psychoses. Et pour lui, c'est clair, il est irresponsable. Il n'y a aucun doute là dessus. Il ne peut pas y avoir de procès, mais les deux autres experts psychiatres ne sont pas d'accord.

[00:18:30]

Il n'est pas schizophrène. La preuve il a nié son crime devant les gendarmes et ensuite, il s'est enfui. Les schizophrènes ne font pas ça. Donc, son discernement n'était pas aboli, il n'était altéré. Et donc, il peut y avoir un procès. La juge d'instruction reconnaissait que c'est un casse tête, alors il sollicite un deuxième collège de trois experts psychiatres et eux, ils sont unanimes Moitoiret est schizophrène, il est irresponsable. La juge sollicite alors un troisième collège de psychiatres experts.

[00:19:13]

Et là, on est l'usine. Ils disent tous les trois que Moitoiret n'est pas schizophrène et la juge fait de colonne à gauche. Les psys qui disent qu'il est schizophrène, ils sont quatre à droite. Ceux qui disent qu'il n'est pas schizophrène. Ils sont six, ils sont plus nombreux. Et donc, elle décide de renvoyer Moitoiret devant la cour d'assises. Et la maman de Valentin, qui réclamait ce procès, est soulagée.

[00:19:40]

Vraiment un énorme soulagement. Probablement un poids en moins sur les épaules. On en a parlé, tranchant la mémoire. Parfois, on aurait déjà, par rapport à cette douleur qui nous attend, accablé pendant deux mois, tout le temps présent avec la lecture. Le procès a attiré tout le monde.

[00:20:09]

Et donc, le 5 décembre 2011 s'ouvre à Bourg en Bresse le procès de Stéphane Moitoiret et de nos Go pour le meurtre du petit Valentin. Dans le box, Moitoiret ressemble à un zombie. Il a la tête penchée, il annone et elle a le regard totalement figé. Et le débat sont ils fous ou pas? Et au coeur du procès avec d'un côté les avocats de Moitoiret, maître Berton et de la rue pour qui c'est clair, leur client est fou.

[00:20:37]

Et de l'autre, Gilbert Collard, l'avocat des parents, qui concède qu'il est déséquilibré, mais qui constate qu'il est conscient de ce qu'il a fait. La suite ressemble à une sorte de congrès de psychiatrie, un affrontement entre deux races de psychiatres auquel sans doute les jurés ne comprennent rien ou pas grand chose, et à la fin de l'avocat général qui, depuis le début penche pour la responsabilité de Moitoiret, donne ses réquisitions. Je retiens que monsieur Moitoiret, avec un discernement altéré au moment des faits.

[00:21:14]

Je demande donc en conséquence 30 ans de réclusion criminelle assortie d'une peine de sûreté des deux tiers.

[00:21:20]

Concernant Mme Legault, je demande de 16 à 18 ans de réclusion criminelle.

[00:21:32]

Les avocats de Moitoiret ont beau plaider ensuite qu'ils n'ont aucune raison d'être là, qu'on ne doit pas juger les fous et qu'il faut envoyer Moitoiret à l'hôpital psychiatrique, le verdict tombe. Stéphane Moitoiret est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de 20 ans, et Noëlla Hégo est condamnée à 18 ans de réclusion criminelle. Ils font appel. Il y a un deuxième procès à Lyon en novembre 2011. A ce procès, Moitoiret apparaît très différent.

[00:22:08]

Il a doublé de volume. Il est énorme. Et pour parler, il parle, il parle, il parle, il est en plein délire et il commence par dire Je ne suis pas fou. Ses avocats se disent enfin, ça va se voir. Les jurés vont voir qu'il est complètement frappadingue. Eh bien non. A la fin, le verdict tombe. Moitoiret est condamné à 30 ans. Noëlla Hégo a quatre ans. Elle a déjà fait quatre ans de détention provisoire.

[00:22:36]

Elle est donc libre et Stéphane Moitoiret retrouve sa cellule à la prison sans aucun suivi psychiatrique particulier.

[00:22:45]

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