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La Fréquence Scaphandres relate l'histoire de François de Grossouvre, qui se suicide dans son bureau à l'Elysée en avril 1994. Grossouvre, dans son genre, avait une place à part à l'Elysée. Un peu comme Alexandre Benallal, même si la comparaison s'arrête là. J'ai bâti mon histoire en m'appuyant sur un livre, le vôtre. Raphaëlle Bacqué, Le dernier mort de Mitterrand chez Grasset, est un carton en librairie. Vous avez remonté le fil du suicide et surtout de cette amitié entre François de Grossouvre et François Mitterrand pour arriver à la conclusion que, sans doute, François de Grossouvre s'est suicidé à cause d'un chagrin d'amour.

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Et son amour s'appelait François Mitterrand. Voici cette histoire. Je l'ai écrite avec Pierre Cretin. Réalisation Céline n'embrasse.

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Christophe Hondelatte. Nous voilà donc un soir d'avril 1994 à l'Elysée, dans la dernière ligne droite du règne de François Mitterrand. Il est malade, il a fini par le reconnaître. Il lui reste un peu plus d'un an à régner. Il est 19 heures 40. Le palais est déjà quasi désert. Le temps est au crachin. Le décor est un brin lugubre dans l'ouest, côté avenue de Marigny. Un gendarme du gégène poireautent sur un divan. Il attend son patron, François de Grossouvre, l'un des plus proches amis du président.

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Il doit le reconduire chez lui. Il regarde sa montre. Il est huit heures moins dix.

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Quelques secondes plus tard, le gendarme entend comme un coup de feu, comme un coup de feu. Mais assourdie, il se précipite dans le bureau et il trouve ressourcent dans son fauteuil, les jambes croisées, un 357 Magnum à la main. Il n'a plus de visage. Le haut de son crâne a disparu. Il y a du sang partout et des bouts de cervelle sur les murs au plafond. François de Grossouvre, 76 ans, s'est suicidé.

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Le garde du corps a un Holker. Il sort du bureau blanc comme un linge et il lit.

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Grossouvre s'est tiré une balle. Et c'est le branle bas de combat. On appelle le jeune aspirant qui assure la permanence médicale, et puis le directeur de cabinet du président Pierre Chassaigne, qui rentre dans le bureau avec deux gendarmes du GSPR, le groupement chargé de la sécurité de la présidence de la République. Arrive ensuite le docteur Claude Kalfon, le médecin du président. C'est lui qui appelle une ambulance de l'hôpital militaire du Val de Grâce. Il faut évacuer ce cadavre.

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Il faut protéger le président. On ne se suicide pas à l'Elysée.

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Et là débarque Michel Charasse, conseiller de François Mitterrand. Fidèle parmi les fidèles en bras de chemise et en bretelles, un sanguin, il déboule pile au moment où les gendarmes sont sur le point d'emmener le corps. Déplacer le corps, mais c'est la dernière chose à faire. Enfin, imaginez si La Presse en rendait compte avec tous les témoins. Non, vous laissez tout en état.

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D'ailleurs, on ne sait jamais. Ça pourrait être un acte criminel. Et vous appelez tout de suite le préfet de police. Là dessus, un gendarme du GSPR, de sa propre initiative, se met à courir vers le bureau de Mitterrand. Il passe devant la secrétaire médusée et il entre sans frapper.

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Monsieur le Président, Monsieur le président François de Grossouvre s'est suicidé dans son bureau. Mitterrand blêmir, il se recroqueville dans son fauteuil. Il a le teint encore plus cireux que d'habitude. Il est sonet. Je ne comprends pas. Je ne comprends pas et là, Michel Charasse, Pierre Chassaigne et la secrétaire générale adjointe Anne Lauvergeon débarquent à leur tour dans le bureau et assez vite chez Mitterrand. L'animal politique reprend le dessus.

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Il s'est tué dans son bureau parce que c'est un endroit qu'il aimait. Ça ne lui ressemble pas de s'être tué, mais il devenait sénile. Tenez, demandez à Védrine. Un jour, il est entré dans son bureau.

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Il s'est arrêté, sidéré. Il ne savait plus où il était. Il ne supportait plus l'idée de vieillir. Toutes ces fioles qu'il trimbale partout contre l'impuissance. Et tous ensemble, ils se demandent comment ils vont l'annoncer. De son bureau, le journaliste de l'Agence France Presse accréditée à l'Elysée, Pierre Favier, remarque très vite de l'agitation chez les gardes républicains. Alors, il alerte sa rédaction. Il appelle le secrétariat de l'Elysée. Charasse lui même le rappelle Claire.

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Le président me demande de te dire que François de Grossouvre a été retrouvé mort dans son bureau. Le suicide de François de Grossouvre, ce proche de François Mitterrand depuis une trentaine d'années, s'est suicidé d'une balle de revolver dans le bureau qu'il conservait dans l'aile ouest de l'Elysée.

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Alors, il faut que je vous dise maintenant ce qui les unissait tous les deux. Mitterrand et Grossouvre, ils se connaissaient depuis 35 ans. Depuis l'hiver 1959, ils se rencontrent au cours d'un dîner organisé par Pierre Mendès France, l'ancien président du Conseil de la Quatrième République. Au Berkeley, pas loin des Champs Elysées, dîner auquel assiste Françoise Giroud, la directrice de L'Express Grossouvre, l'un de ses soutiens financiers. A cette époque, Mitterrand a 43 ans. Il a encore des cheveux gominés, plaqués en arrière.

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Il a déjà roulé sa bosse. Il a été douze fois ministre sous la quatrième, mais là, en 59. Il est dans le creux de la vague. François de Grossouvre, lui, est un peu plus jeune, 41 ans. C'est un aristocrate, un Lyonnais qui a fait un bon mariage, comme on dit. Il a épousé la fille d'un grand industriel du sucre. Très bonne affaire. Physiquement, il sort tout droit de l'ancien régime. Barbichette d'aristocrate, veste de tweed, un côté un peu suranné.

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Au cours de ce dîner, disons que Mitterrand sort le grand jeu. Il est brillant, éloquent, drôle de l'esprit de la culture Grossouvre. Êtes vous t il comme il a lui même un peu de répondant? Il plaide aussi à Mitterrand. Ils sont de la même génération. Ils sont capables de se raconter leur guerre de 40 et ils sont provinciaux tous les deux et fiers de l'être. Mendès France dira un jour. J'ai l'impression d'avoir assisté à un coup de foudre.

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Donc, Mittérand a un nouvel ami riche quelques années plus tard, il embarque dans la campagne pour la présidentielle de 65 contre de Gaulle, Grossouvre Avantages, paye les meetings et les voyages et il écoute Mitterrand parler moi, candidat unique de la gauche à la présidence de la République, qui vous demande de l'écouter et de comprendre pourquoi je fais appel à vous.

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Et il finit par se convaincre que Mitterrand deviendra un jour président de la République et que donc, à ses côtés, un grand destin l'attend. Ce qui fait qu'on retrouve Grossouvre dans le giron de la campagne suivante, celle de 74 contre Giscard. Toujours dans le rôle de financier pour cette campagne, Grossouvre monte une pompe à fric redoutable. Urba, Graco. Je vous explique.

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Il s'agit d'une société de conseil spécialisée dans l'implantation des supermarchés en France. Et voilà la filouterie. Quand une commune de gauche veut implanter un supermarché, hop! Elle sollicite Urba, Graco, Grossouvre encaisse une commission de la part de l'épicier. En échange, l'autre peut construire sa boutique et il refile l'argent au Parti socialiste via de fausses factures. Magique!

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Mais le rôle de Grossouvre dans cette campagne de 74 ne se limite pas à ça. Il lui arrive aussi de conduire Mitterrand et vas y qu'on s'arrête dans des auberges évasives, on commande des plats du terroir, on parle des femmes. Un drôle de couple Mitterrand dans ses pantalons de velours hors d'âge, Grossouvre tiré à quatre épingles qui refont le monde autour d'un petit salé aux lentilles. Il se voit d'ailleurs.

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Vous connaissez la suite Mitterrand perd la présidentielle de 74 de justesse. 49 51 le soir de la défaite. Il dit qu'à Grossouvre. Je suis déçu, si on savait se battre, ça pourrait marcher, ce qui revient à lui donner rendez vous pour 10 980. Mais à partir de ce moment là, il y a autre chose qui va les rapprocher depuis plus de dix ans, Mitterrand a une maîtresse, Anne Pingeot, la fille d'un industriel de Clermont-Ferrand. Grossouvre est au courant, mais il s'en fiche royalement.

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Mais en 1974, pendant la campagne, Anne Pingeot tombe enceinte de Mitterrand, une petite fille prénommée Mazarine, née le 18 décembre 1974, dans la seconde où elle vient au monde. Elle devient un secret vivant. Mitterrand pense que si on sait si les Français savent, il peut dire adieu à l'Elysée.

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Et revoilà l'ami Grossouvre, quelques mois après la naissance de Mazarine. Il propose à son ami de venir passer un week end dans sa maison de la très Vaisse, dans l'Allier. Pourquoi ne viendriez vous pas avec Han et avec Petite Mazarine? C'est l'endroit idéal pour goûter à un peu de quiétude.

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Et c'est vrai que l'endroit est idéal une grande maison 18ème, tout en longueur et un peu à l'écart. Un petit pavillon isolé. C'est là que Grossouvre installe Mittérand, sa maîtresse et sa fille, et ils s'y plaisent et ils y reviennent. Il y a une piscine, un tennis, des bois pour se promener. C'est simple, le pavillon s'appelle maintenant la maison de François. Chers amis, je vous demande de vous faire, accepteriez vous de devenir le parrain de Mazarine?

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Oh, bien volontiers avec François. Bien volontiers. Tout ça pour vous dire à quel point il était proche. Arrive la campagne de 1981, Mitterrand se présente contre Giscard. François de Grossouvre retrouve ses fonctions financières, mais pas que.

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Il joue aussi un rôle capital entre les deux tours. Vous allez comprendre? Giscard et Mitterrand se retrouvent face à face. Chirac n'a pas réussi son coup. Il est éliminé. Si Chirac soutient Giscard, qu'il déteste. Mitterrand est fichu. Mais si Chirac consent à être un peu mou dans son ralliement à Giscard, c'est jouable. Alors si on lui faisait un petit cadeau pour le convaincre? Mitterrand charge Grossouvre d'aller voir Jacques Chirac à la mairie de Paris. Et le cadeau consiste à s'asseoir d'avance sur une promesse faite aux Français.

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Monsieur Chirac, je suis chargé de vous annoncer, au nom de François Mitterrand, que nous maintiendrons le scrutin majoritaire à deux tours pour les législatives. Nous savons que vous y êtes attachés. Ah bon?

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Mais Mitterrand a promis la proportionnelle dans son programme? Oui, oui.

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Pour se ménager les bonnes grâces du Parti communiste. Mais je peux vous assurer qu'il ait décidé de ne pas instaurer la proportionnelle.

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Chirac, dans la foulée, annonce qu'il laissera ses électeurs voter en conscience. Il dit mollement que lui votera Giscard et Grossouvre est avec Mitterrand à Château-Chinon.

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Quand on annonce la victoire de François Mitterrand est élu président de la République.

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Mitterrand, ce soir là, se penche à son oreille et lui dit Vous serez à mes côtés, bien entendu.

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Alors, maintenant qu'il est mort, maintenant qu'il s'est tué, quelles étaient ses fonctions exactes à l'Elysée? Est ce qu'il y a là dedans quelque chose qui pourrait expliquer son suicide au début? En 1981, François de Grossouvre s'installe au cœur de la machine présidentielle. Il choisit lui même son titre chargé de mission auprès du président de la République. Et quand on lui demande à quoi ça correspond en général, il répond Je suis chargé des services spéciaux. C'est lui qui choisit son bureau dans l'aile ouest de l'Elysée.

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Il réclame qu'on le capitaine pour qu'on entende pas ce qui se dit entre ses mains. Il s'attribue un appartement de 250 mètres carrés où 11 ebranlé qu'il meuble avec du mobilier national, appartement dans lequel, tant qu'à faire, il installe aussi sa maîtresse Nicole. Il réclame une voiture, un chauffeur, un garde du corps à port d'armes et des secrétaires. Habiliter défense.

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À part ça, son accoutrement fait sourire dans les couloirs. Sa barbichette, sa moustache, ses allures de conspirateurs, son grand imperméable en cuir noir très années 40 quand il pleut, sa cape en laine quand il fait froid, c'est Puls assorti à ses chaussettes, son chapeau, sa toque de fourrure de loup en hiver et son canotier Jean Maurice Chevalier en été dans les couloirs de l'Elysée, ça fait marrer tout le monde.

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Mais c'est vrai qu'au début, Grossouvre est vraiment dans l'intimité du président plusieurs fois par semaine, le soir vers 7 heures et demie. Il va le chercher dans son bureau et ils partent bras dessus, bras dessous. Flâner sur les quais de Seine, faire le tour des bouquinistes. Mais surtout, Grossouvre accompagne Mitterrand rue Jacob, où vivent Anne Pingeot et leur fille Mazarine. Et d'ailleurs, assez vite, Grossouvre estime que la sécurité du président, de sa maîtresse et de sa fille ne sont pas assurées.

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Il convoque l'ancien patron du gégène, Christian Prouteau. Il lui demande de constituer une équipe d'élite pour assurer la sécurité du président. Ce sera le fameux GSPR Groupement de sécurité de la présidence de la République et c'est lui qui suggère à Mitterrand d'installer Anne et Mazarine dans le cinq pièces qu'il juste en dessous du sien, au quai Branly. Ce qui fait que désormais, le soir, Mitterrand et Grossouvre rentrent ensemble jusqu'à leurs appartements respectifs.

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Alors, à quoi sert François de Grossouvre, sachant qu'il ne participe à aucune réunion de cabinet ni à aucune réunion de conseillers? Il a ses réseaux.

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Son père a été banquier au Liban. Il connaît les Gemayel. Il chasse avec le roi Hassan 2 du Maroc et aussi avec le président Bongo du Gabon en Syrie. Il connaît très bien la famille al-Assad et il a même des contacts en Corée du Nord. Bref, Mitterrand a besoin de lui pour doubler la diplomatie et les services.

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Sauf qu'en vérité, Grossouvre ne connaît rien ni à la diplomatie ni au renseignement, et il agace beaucoup les conseillers du président. Le président m'a dit le président m'a demandé. Le président souhaite que un jour, Mitterrand lui même finit par lui dire Je vous interdit de parler en mon nom, je vous interdit de vous prendre pour moi. Les choses se compliquent quand, en juillet 1984, Mitterrand nomme un nouveau ministre des Affaires étrangères, Roland Dumas, et un nouveau ministre de l'Intérieur, Pierre Joxe.

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Ces deux là l'ont dans le nez. Ils bloquent toutes ces initiatives. Alors, au printemps 1985, Grossouvre envoie un billet à Mitterrand. Je crois qu'il vaut mieux que je démissionne. Mitterrand ne répond pas. Il ne le retient pas. Et l'arrêté qui met fin à ses fonctions est publié le 12 juin 1985. Mais croyez vous qu'il quitte l'Elysée? Non, non, pas plus que l'appartement du quai Branly. Il reste président du comité des chasses présidentielles et donc on continue de voir passer son nom dans les couloirs de l'Elysée.

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Ecarté isolée, amère, très amère, au point qu'il commence à bavasser auprès des journalistes et aussi auprès d'un juge, la bête noire de l'Elysée, le juge Thierry Jean-Pierre, qui enquête sur le financement occulte du Parti socialiste. Il lui déballe une partie de ses secrets et il lui explique aussi au passage qui est Anne Pingeot. Et surtout, il lui ouvre ses archives personnelles stockées dans sa propriété de la l'A13. Quand Mitterrand apprend ça, il le fait venir illico.

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Comment avez vous pu parler à ce jour? Enfin, vous savez très bien qu'il s'agit d'un ennemi et vous ne devez pas conserver les archives de la présidence. N'est ce pas? Vous allez rapporter ici vos papiers et les confier à Charasse. Ils seront plus en sûreté dans un coffre de l'Elysée.

[00:19:13]

Il n'en est pas question. Vous êtes entourés de bandits, vous ne pouvez pas dire ça. Non seulement je vous le dis, mais je peux le prouver. Je vous l'interdit. Cette fois, la rupture est définitive. François de Grossouvre est devenu un traître qui se sent persécuté.

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Il le dit à un journaliste. On est en train de monter une affaire contre moi, je suis lynché par tous, c'est sans issue. Le jour de son suicide, il déjeune avec son fils aîné Patrick. Le président m'a mis sur écoute leur toi et il me fait suivre. Regarde ce type, la balle, il est partout.

[00:19:55]

Je me trouve ce jour là vers 17h30. Le docteur Souben, un vieil ami, lui rend visite dans son bureau. Il le trouve dans un état épouvantable, amère, morbide.

[00:20:10]

Il parle de se suicider. Alors quand il le quitte sous bien, va prévenir Mittérand.

[00:20:18]

Monsieur le président, je trouve votre ami François très mal. Il parle de suicide. Je crois qu'il faudrait l'hospitaliser. Mitterrand se tourne vers sa secrétaire générale adjointe, Anne Lauvergeon. Hein, il faudrait voir ce qu'on peut faire pour Grossouvre. Deux heures plus tard, un coup de feu ont retenti dans l'aile ouest de l'Elysée. François de Grossouvre est mort.

[00:20:49]

Juste après la découverte du cadavre, les gendarmes du GSPR interroge le personnel de l'Elysée. À part le garde du corps de Grossouvre, personne n'a entendu de coups de feu. Mais il faut dire que le bureau était capitonnés et doté d'une double porte.

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Ensuite arrive la police judiciaire. Le patron en tête, Claude Guéant cesse, s'est accompagné du substitut du procureur, Bernard Pagès. Les policiers retrouvent la balle nichée dans le plafond. Ils relèvent des empreintes. Ils trouvent de la poudre sur les mains de gros sous et ils établissent qu'il n'y a eu ni intrusion dans l'Elysée avant le coup de feu, ni fuite après.

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Vers 8 heures et demie. Mitterrand appelle lui même l'un des fils de Grossouvre, Xavier, pour lui annoncer la nouvelle. Un autre fils, Patrick. Le rappelle un peu plus tard il veut venir à Paris tout de suite. Mitterrand le dissuade d'aller chez son père. Je n'en ai pas la peine d'aller chez lui. Il n'y a plus rien là bas. Nous allons le faire transporter au Val de Grâce. Demain matin, vous recevrez. Et oui, chez lui.

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Ebranlé, qui a la maîtresse Nicole juste en dessous, il y a Anne Pingeot et Mazarine. Mitterrand raccroche. Il se tourne vers Michel Charasse.

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Il faut déménager l'école.

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Occupez vous en voiture du GSPR file discrètement au 11, quai Branly, avec deux missions. Un, déménageaient Nicole. 2. Faire le ménage avant la perquisition de la police judiciaire. Nicole fait ses bagages. Elle vivait là depuis 13 ans et les gendarmes se mettent à fouiller le cinq pièces, tiroir après tiroirs, étagères après étagères, en prenant soin de tout remettre en place. Il tombe sur une boîte de munitions du 357 Magnum. Il la laisse à sa place.

[00:22:40]

A 23 heures, ils ont fini et ils emmènent Nicole et ses bagages.

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Quelques minutes plus tard débarquent les policiers de la police judiciaire. Il ne trouve aucune lettre laissée par de Grossouvre pour expliquer son geste.

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Il embarque la boîte de munitions et l'enquête conclut à un suicide. Quatre jours plus tard, le 11 avril, ont lieu les obsèques dans l'église Saint-Pierre de Moulins, dans l'Allier.

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La famille a fait passer le message qu'il vaudrait mieux que Mitterrand ne vienne pas à l'enterrement. La chef de cabinet du président répond. Voyez vous, le président tienta, y a assisté et vu le contexte. Il est absolument inenvisageable qu'il ne vienne pas. La porte de l'Église grince, François Mitterrand et Pierre Joxe font leur entrée. Le fils de François de Grossouvre se détourne pour ne pas leur serrer la main.

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Vers 10h40, le visage impénétrable de François Mitterrand entre dans l'église et prend place auprès des proches de François de Grossouvre. Sa veuve Claude et ses six enfants et ses petits enfants. La dernière fois que le président de la République s'était rendu sur les terres de son ami à lui, Zinni. C'était en septembre 1992, à la veille du référendum sur le traité de l'Union européenne. Ce fut ici leur ultime soirée intime.

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