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Christophe Hondelatte Je vais vous raconter aujourd'hui l'histoire d'une mère dont le fils Sabri est parti en août 2013 rejoindre Daesh en Syrie et publie un très beau livre dont j'ai tiré mon récit qui s'appelle Maman. Entends tu le vent qui paraît aux éditions l'Archipel. Bonjour Saliha Ben Ali. Bonjour, c'est vous la maman. Alors je dois vous dire que je me suis trouvé en lisant votre livre devant un dilemme parce que votre livre ne raconte pas que le départ de Sabri et sa mort quelques mois plus tard, en opération, comme on vous a dit en Syrie, il raconte toute l'histoire de votre famille, de vos parents qui ont immigré en Europe en 1965.

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Ensuite, votre histoire à vous, enfants de la deuxième génération, vous êtes aujourd'hui assistante sociale en Belgique et enfin, celle de vos enfants 3ème génération jusqu'au départ de Sabri. J'ai donc trouvé l'ensemble de l'histoire passionnant et j'ai choisi de tout raconter. Ce n'était pas facile. 45 ans de votre saga familiale? C'est un défi. En 30 minutes, mais je voulais être fidèle à votre histoire. La voici. La réalisation est de Céline Lebrun.

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Repin, Christophe Hondelatte. L'histoire de Salia et de son fils Sabry pourrait elle a commencé au moment où il part en 2013 pour un voyage sans retour au pays de Daesh. Mais croyez moi, ça ne serait qu'une toute petite partie de cette histoire. Alors, je vous embarque dans une saga familiale très emblématique. Presque un modèle, une histoire de migrants, pour le meilleur et pour le pire. Alors, par où commencer? Eh bien, au début, quand le père de Salia, qui est Tunisien, choisit d'émigrer en Europe en 1965 pour une vie meilleure, tout simplement.

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Pourquoi la Belgique? Parce qu'il a un cousin qui est là bas. La mère de Salia est marocaine. La même année 1965, elle vient à Bruxelles pour voir sa soeur. Pas pour émigrer. C'est sa soeur qui lui dit un jour en lui montrant une photo.

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Regarde, je t'ai trouvé un mari noir. Hors de question. Je suis pas venue pour me marier. J'ai l'intention de rentrer au Maroc. L'intention, peut être, mais sa famille ne lui laisse pas le choix. A 21 ans, elle épouse un homme qu'elle n'a jamais vu dans un pays qu'elle ne connaît pas. Donc, le couple s'installe dans un grand appartement, plutôt pas mal dans le centre de Bruxelles. Le père, qui n'a aucun diplôme, se fait embaucher chez Forde et ensuite chez Citroën.

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Et l'un après l'autre naissent les enfants 1, 2, 3, 4, 5 et 6. Salia et la deuxième.

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Là, il faut que je vous raconte dans quel état d'esprit le père de Salia choisit d'élever ses enfants. La discrétion dix fois par jour et répètent la même chose. On n'est pas chez nous.

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Il ne faut pas qu'on fasse parler de nous. Il faut faire profil bas. Il ne veut pas déranger. Par exemple, il aimerait bien se mettre en djellaba. Mais non, il s'habille à l'européenne et il exige de ses enfants une discipline de fer. On ne sort pas de la maison, on va à l'école.

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Et puis, en 1980, l'usine Citroën où travaille le père ferme d'un coup. Délocalisations Salia à 9 ans?

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Qu'est ce qu'ils vont devenir? Le père n'est pas qualifié. Il parle mal le français, pas du tout le néerlandais.

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Il ne trouve rien. Et il passe ses journées enfermé à la maison.

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Et ça dure comme ça deux ans. Et pendant ce temps là, il voit bien que la deuxième génération devient moins discrète. Ses enfants, il tient toujours. Mais les autres, les autres, il les voit qui commencent à squatter le hall de l'immeuble, à fumer, à boire. Je ne veux pas devenir des voyous ou des drogués. Et un jour, il débarque au volant d'une camionnette Citroën bleu.

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C'est avec cette camionnette qu'on va déménager à Tunis.

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Il a décidé de rentrer en Tunisie avec femme et enfants et Salia et, catastrophée, quittait l'école, les copains, la Belgique. Les semaines qui suivent sont une succession de crises de larmes. Je sais que ma mère s'oppose aussi à ce départ, mais elle ne laisse rien paraître. Je suis seul face à la toute puissance de mon père inflexible, Salia. À 12 ans, et elle voit s'éloigner par la vitre arrière de la camionnette bleue le pays où elle a grandi.

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Et pour consoler Salia qui, vous l'avez compris, n'a aucune envie d'aller en Tunisie, un pays qu'elle ne connaît que pour y avoir passé des vacances. Son père lui offre un cadeau une machine à écrire, une Lilliput de 2000, Salia à 12 ans, et elle perçoit ça comme un message. Ce n'est pas parce qu'elle quitte la Belgique que son rêve de réussite s'arrête avec cette machine. Elle va devenir une femme d'affaires qui tape des rapports ou une écrivaine qui écrit un roman.

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Et comment son père lui a promis à Tunis de l'inscrire au Collège français? Ça l'aide à digérer.

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A l'arrivée en Tunisie, toute la famille est accueillie par une sœur du père Sondait, qui vit seule avec sept enfants. Vous imaginez la smala? Trois adultes et 15 enfants dans le même appartement. Normalement, ça ne va pas durer. Le père a acheté un terrain dans un beau quartier de Tunis. Il doit faire construire une maison. Et là a lieu une scène terrible. Le père ouvre la camionnette, il attrape la machine à écrire et il la donne à une de ses nièces avec un grand sourire.

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Tiens, c'est pour toi! Salia et Tétaniser a t il conscience de ce que représente cette machine? À mes yeux, mes rêves de grandes s'effondrant de un éclair veut seulement pouvoir aller à l'école. On m'a t il menti une fois de plus, au bord des larmes, elle lui dit Papa.

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Mais c'est ma machine. C'est pas grave, je t'en n'achèterait une autre. En vérité, il ne lui en achètera pas une autre et il ne l'inscrit pas au Collège français et surtout, ils n'iront jamais s'installer dans cette maison qu'ils étaient censés faire construire. La tente sondait a eu raison du projet.

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Pourquoi vous ne seriez pas ici avec l'argent de ta maison? On pourrait rénover mon appartement. On a assez ici, tous ensemble. Et voilà comment ils vont se retrouver toute la smala dans 80 mètres carrés, entassés dans deux chambres avec une seule salle de bain.

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Un jour, Salia a 12 ans et elle surprend une conversation entre son père et l'un de ses oncles.

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Le père dit Je veux que Salvia aille à l'école. Elle ira à l'école. Et l'oncle répond Mais enfin, chez nous, les filles ne vont pas à l'école, elles s'occupent du foyer, achète une machine à coudre, les larmes aux yeux. Je suis suspendu à la réponse de mon père. Dites lui que ce n'est pas possible, que ce n'est pas la vie que tu veux pour ta fille. Allez, dit lui, mais dit quelque chose. Bon sang!

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Mais le père ne dit rien. Ça va dans sa chambre. Elle attrape une boîte de médicaments. Elle avale tout d'un coup. Plutôt mourir que de tirer un trait sur mon avenir. La mort vaut mille fois le destin de femme au foyer sage et servile qu'on me réserve. J'ai la tête qui tourne. Je veux partir. Je veux partir très loin pour toujours. Quand Salia rentre de l'hôpital, son père lui annonce Écoute Salia, on n'a pas les moyens de l'inscrire au Collège privé français, mais il y a un collège public au coin de la rue.

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C'est un bon établissement, crois moi. Les cours sont en arabe, certes, mais le niveau est bon.

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Mensonge. Le niveau est désastreux et la discipline, proche de zéro. Et pour Salia, qui vient d'Europe, c'est dur, on la toise, on la jalouse.

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Il n'y a pas que pour Salvia que c'est dur, pour sa mère aussi, qui se retrouve à vivre chez sa belle sœur sans intimité, sans autonomie, dans un pays ou entre nous, on n'aime pas beaucoup les Marocaines. Un soir après l'école, Salvia la trouve au lit. Ma fille. Rend moins service, s'il te plaît, attrape une écharpe. Oui, voilà. Non, tu la mets autour de mon cou et tu sers fort jusqu'à ce que je te dis stop.

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Salia s'exécute sans trop comprendre La Merdy. Plus fort, plus fort, elle voit sa mère devenir écarlate. Alors, elle arrête sa mère, attrape l'écharpe et elle se met à la serrer autour de son cou et arrête maman!

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Mais qu'est ce que tu fais là? Et elle comprend quand elle voit qu'elle perd connaissance. Alors, elle court chercher son père quand ils reviennent. La mère est en train de reprendre son souffle.

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Je te préviens, soit tu me laisse partir avec les enfants en Belgique, soit tu me laisse en finir. Et elle obtient gain de cause. La mère rentre en Belgique avec les trois plus jeunes et quelques mois plus tard, c'est tout le monde qui rentre en Belgique. Retour à Bruxelles. Brussels. Je t'aime, mon cauchemar est bel et bien terminé. C'est ma vie qui reprend. Et toute la famille s'installe dans une petite maison pas très loin du quartier de Molenbeek.

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Le père ne trouve pas de travail, bien sûr, et du coup, il se réfugie dans la religion. Il se met à prier et à lire le Coran tous les jours pile au moment où le wahhabisme et le salafisme commencent à gagner du terrain dans le quartier. Résultat la mère n'a plus le droit d'aller au marché. À la maison, le père exige que tout le monde prie au moins une fois par jour. Salia, un classeur où elle colle les photos de ses idoles.

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Il le jette et un jour, il exige qu'elles portent le voile.

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Je pourrais mettre un bonnet. Non, ça devrait suffire. Non, Salia, ça ne suffit pas et salvia, mais le voile en sortant de la maison et elle l'enlève quand elle arrive au coin de la rue. Sauf qu'un jour, elle croise son père dans la rue. Alors elle se met à courir et elle manque de se faire renversée par une voiture.

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Mais qu'est ce qui t'a pris, Salia? Je ne mets pas de voiles dehors. Papa, je ne veux pas le porter. Je suis désolé. Il suffisait de me le dire. C'est pas si important en bas. Tu ne vas pas te faire écraser pour ça. Ça, c'est tout mon père. Un homme de principes, certes, mais ça ne prendra jamais l'ascendant sur l'amour qu'il porte aux siens.

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Salia est maintenant en terminale. Et ça marche bien à l'école. Les profs l'ont choisi pour représenter le lycée dans le concours d'orthographe. Et là, elle tombe amoureuse. Un beau gosse, Larbi, vous voyez le genre veste Chevignon, Jinn, les chaussures de ville, le gendre idéal. Sauf que le père, quand il l'apprend ou Toolkit.

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Ou tu lépouse? Alors bein, elle l'épouse et elle intègre malgré tout une école d'assistante sociale. Et là dessus, elle tombe enceinte. Naissance de son premier fils, Ismaël. Et puis, deux ans plus tard, deuxième fils, Sabri. C'est lui qui nous intéresse. Vers 5 6 mois, Sabri se met à faire une crise de larmes tous les soirs, à 19 heures pile, comme une pendule. Les parents l'emmènent chez un psy. Vous savez, certains enfants ont des angoisses sourdes.

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Vous savez, il y a quelque chose qu'on pourrait faire. On attend que ça passe. Alias le nourrit au sein jusqu'à ses 2 ans. Deux ans, c'est beaucoup. Ils sont fusionnels tous les deux. Sabri a cinq ans. Ses parents l'inscrivent au club de foot du quartier, le Maccabi, un club juif. Mais la mère assume. C'est une manière d'enseigner à son fils la tolérance. Mais pour qu'il apprenne l'arabe, elle l'inscrit aussi à la mosquée.

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Un jour, elle l'emmènent directement du foot à la mosquée, sans le changer avec son maillot du Maccabi. Quand elle vient le chercher, le directeur de La Voix. Madame, nous avons décidé d'exclure votre fils pendant une semaine. Comment pouvez vous emmener vos enfants dans une mosquée avec un maillot qui arbore l'étoile de David?

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C'est une insulte. Salvia ne veut pas céder, alors, après une semaine d'exclusion, elle ramène Sabri à la mosquée. Sauf que les autres le traitent de vendu, le traite de juifs. Alors, au bout de quinze jours, elle cède, elle retire ses fils de la mosquée. Ce qui me révulse, c'est que des enfants, ces jeunes, soient la proie des escrocs de l'islam. Verser sétant, Sabry se met à bégayer et ça s'aggrave année après année dans son collège, on se moque de lui, on l'humilie.

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Il se défend. Il se bagarre. Maman, je ne peux pas rester tranquillement regarder ce qui se passe sans rien faire. A ce stade, rien ne laisse présumer de ce qui va se passer. Il veut intégrer une école hôtelière, alors Salvia lui achète tout le nécessaire un tablier, un smoking, des ustensiles en tout genre. Les deux premières années, ça se passe super bien. Et puis, en troisième année d'un coup, ça coince à cause d'un prof raciste.

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Disons le, qui prend un malin plaisir à l'envoyer au tableau pour le faire bégayer un jour au cours d'un exercice pratique. l'École se transforme en vrai restaurant. Sabri doit accueillir des clients et leur déroulez le menu.

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Aujourd'hui, nous avons une salade fraîcheur suivie d'un poulet rôti.

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La table éclate de rire et Sabri, lui, ne remettra jamais les pieds à l'école hôtelière. Et Salia? Sa mère pense que c'est l'épisode qui a tout déclenché. Je me suis posé mille fois la question de savoir qu'est ce qui a poussé un garçon plein de vie à prendre le chemin d'une mort certaine s'il est un déclencheur qui rend possible l'histoire qui va suivre. C'est ce jour où Sabri a décidé d'abandonner ses études.

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En attendant, puisqu'il a arrêté, Sabri doit trouver du travail, alors il s'inscrit dans une agence d'intérim et un jour, il annonce à sa mère Je commence demain matin à 7 heures, maman et devine ce que je vais faire chez moi, éboueur.

[00:15:54]

Il en bave et au bout de trois mois. Avant. J'ai croisé des potes. Ils se sont foutus de moi, ils m'ont dit Ouin, c'est toi qui est resté à l'école le plus longtemps. C'est comme ça que t'es récompensé, alors j'arrête. Maman, je ne veux plus ramasser la merde, découvrir. Koufa. Je n'ai jamais entendu ce terme, les musulmans ne l'utilise pas. Il désigne, je crois, les non-croyants. Je l'ignore encore, mais le compte à rebours a commencé.

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Sabri a maintenant 18 ans et arrive le ramadan 2013 et il se met à prier et à se faire pousser une barbichette, sans grand succès. Il a trois poils. Le grand père est enchanté, évidemment. Il lui achète des tenues de prière et des livres religieux. Un soir, Sabri rentre à la maison avec un de ses copains, Mohamed, qui débarque avec un accoutrement très religieux. Salvia demande à son fils Sabri.

[00:16:55]

Pourquoi ce qui me regarde pas dans les yeux? Bah, c'est parce que tu ne porte pas le voile. Et après, ça va vite, très vite. Le discours de Sabry se durcit de jour en jour, voire d'heure en heure. Le basket, c'est haram. La musique à la radio, c'est de la pornographie sonore. Sabry s'enferme des heures entières dans sa chambre, devant son ordinateur. Sa mère le secoue. Mais qu'est ce qui arrive à la fin?

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En fait, il perd la tête. Je respecte le Coran, c'est tout. Mais pourquoi veux tu respecter le Coran à la lettre? Faut vivre avec son temps.

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Sabri non. Notre époque est corrompue. Je reconnais plus mon fils. Réveille toi Saint-Bris, réveille toi mon sang! Et un jour, c'est son frère aîné Ismaël qui lâche le morceau. Il débarque à la maison en furie. Il a croisé un copain de Sabri.

[00:17:58]

Papa, maman, Sabri Sabri va partir en Syrie. Ce jour là est un peu particulier puisque Saliens et ses enfants partent en vacances au Maroc, où ils ont un petit appartement dans la voiture. Sabri a son iPod sur les oreilles quand sa mère lui parle des révélations de son frère.

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Il se met dans une colère noire, mais c'est pas vrai. Ismael était un menteur important.

[00:18:24]

On est en juillet 2013. A cette époque, le départ massif de jeunes Européens vers la Syrie est un phénomène absolument inconnu. On n'en parle pas ni dans la presse, ni dans le débat politique. Pendant les vacances, ça prend son fils sapart. Sabri, promets moi que tu partira pas en Syrie, promet le moins Sabri STP. Je te le promets, je n'abandonnerai jamais maman. Mais pendant toutes les vacances au Maroc, ils restent scotchés à Facebook.

[00:19:00]

Les vacances s'achèvent, il rentre à Bruxelles et sur Internet, Salvia tombe sur une vidéo d'un certain Jean-Louis Denis, un Belge, un converti.

[00:19:09]

Comment il ose faire ça? À leurs enfants de leur mentir en disant qu'il devait être musulman et démocrate, alors que là, il a dit que la seule législation appartient à la seule religion. Accepter d'embrasser l'islam. Et vous voulez mélanger la démocratie? C'est eux qui devraient se remettre en question. Et vraiment, je leur en veux, leurs parents, de mentir à leurs enfants comme s'ils étaient du bétail et du commerce pour le travail. Ils sont prêts à mentir à leurs enfants sur l'islam authentique et dans les mots de cet islamiste.

[00:19:40]

Elle retrouve les mots de son fils. Alors un soir, elle lui en parle. Sabri, tu connais un certain Jean-Louis Denis? Et toi, tu le connu? Je l'ai trouvé sur Internet, il tient exactement le même discours que toi, mais son discours ou le mien fait pareil. C'est le discours des musulmans. Authentique moment.

[00:20:00]

Ce jour là, Sabry réclame d'aller voir ses grands parents une dernière fois, en réalité pendant toute la visite. Il ne dit rien. Il les regarde avec un sourire doux. Oui, doux. Et puis il se lève. C'est l'heure de la prière. Placements. Un salut bref, sans affect. Il ferme la porte et il s'en va. La nuit qui suit, vers 3 heures du matin. Salvia se lève d'un coup. Elle va dans la chambre de Sabri.

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Le lit est vide et là, elle comprend. Elle appelle tout de suite son copain Yassine. Ça sonne à l'étranger, alors elle appelle d'autres copains. Vous ne l'avez pas croisé récemment, Sabry, autour de la mosquée de Vilvorde. La mosquée de Vilvorde met les pieds à la mosquée de Scherbak. On y va.

[00:20:55]

La mosquée de Jean-Louis Denis Saliens et son mari Larbi foncent au commissariat. Il est peut être encore temps de l'arrêter. Écoutez votre fille, c'est majeur. S'il n'est pas réapparu dans les 48 heures, on ouvrira une enquête. Mais je ne peux rien faire de plus. Salia passe toute sa journée à pleurer.

[00:21:23]

Quatre jours plus tard, son dernier film, Midy, vient la chercher. Mama, maman vient, il y a quelqu'un qui veut nous parler sur Facebook. Elle s'installe devant l'écran. Elle est connectée à un certain Abou Tourabi et c'est Sabri. En vérité ou étude? Maman, s'il te plaît, ne sois pas fâchée. Je suis au Cham. Je suis partie pour aider le peuple syrien. Sinon, qui va le faire? Ma vue se brouille, mes dernières forces m'abandonne.

[00:21:54]

Trou noir. Il y aura comme ça d'autres appels. Maman. Moi, comment ça va? Comment crois tu que nous allons Sabry ici, tout le monde était effondré. Tu nous a bousillé la vie. Alors soit tu rentres, soit tu appelles plus d'accord. Et puis, les messages se font plus rares. Un message par semaine, au mieux et assez vite. Tous les 15 jours, Salia est au bout du rouleau. Elle finit par appeler son psychiatre.

[00:22:22]

Docteur, bonjour Saliha Ben Ali, docteur, il faut hospitaliser très, très vite. Je vais faire une connerie. Elle va rester trois semaines à l'hôpital psychiatrique. Et puis, un jour, c'est son mari qui l'appelle. Salia. Viens avec les enfants, j'étais parent. Je viens d'avoir un appel d'offres, il vient vite. Elle a compris, Sabry est mort, il est mort à la guerre. Aujourd'hui encore, j'ignore comment mon fils est mort.

[00:23:12]

Je veux simplement croire qu'il n'est pas tombé les armes à la main. Mon intime conviction n'a jamais été ébranlé. Sabri n'a pas pu faire de mal à des innocents. C'est en pensant les sauver qu'il s'est perdu à jamais.

[00:23:30]

Voilà donc pour cette longue et longue histoire pas facile à revivre pour vous, Salia Ben Ali, histoires que j'ai tirées de votre livre, magnifique témoignage extrêmement rare. Un récit comme un sur trois générations. Je n'avais jamais jamais lu ça. Maman, entends tu le vent? C'est un livre qui paraît aux éditions l'Archipel. Alors, j'ai voulu évidemment terminer sur cette analyse que vous faites du départ de votre fils. Parce que j'ai senti que c'était votre conviction profonde.

[00:23:57]

Peut être que c'est aussi pour vous rassurer, mais vous voulez croire que Sabri n'a pas rejoint Daesh pour faire le mal?

[00:24:05]

Tout d'abord, il est parti rejoindre la Syrie et les Syriens. Par la suite, comme il le disait dans ses messages, il est là pour aider le peuple syrien contre Bachar el-Assad, qui était juste en train de les exterminer à cette époque là. Les Français étaient prêts à agir là bas. Les Américains étaient prêts à agir là bas, mais personne n'a rien fait contre le même ennemi, Bachar el-Assad, même ennemi qui était le président de ce pays.

[00:24:30]

Et puis, petit à petit, qu'est ce qu'il est devenu là bas? Je ne sais pas. Il ne voulait jamais nous répondre. Il avait du mal à nous contacter. Donc, ce que j'ai appris par la suite, c'est que les jeunes ont transité par pas mal de groupes de rebelles. Et finalement, Sabri est mort avant même l'existence de Daesh.

[00:24:47]

Vous avez pas mal d'infos par des écoutes téléphoniques qui ont été réalisées de conversations entre votre fils et d'autres radicalisés comme lui.

[00:24:56]

Et effectivement, mon fils a été fait l'objet d'un procès. Celui des jeunes partis en Syrie, mais aussi celui des recruteurs et des prédicateurs en Belgique. Et il y avait des jeunes qui étaient revenus, qui avaient eu des contacts avec Sabri là bas en Syrie, et qui, eux, étaient mis sur écoute par la police fédérale. Et c'est comme ça, lors du procès, qu'on a eu des preuves que Sabri téléphonait à ces jeunes là pour faire part de sa déception là bas sur place.

[00:25:22]

Ces gens lui donner qui est responsable du départ de Sabri, entre autres. Il a été condamné pour ça.

[00:25:27]

Il a été condamné tout d'abord comme dirigeant de Sharia4Belgium et on appelle ça. Sa condamnation à été réduite à la moitié parce qu'il a été condamné comme membre uniquement de cette organisation, à faire combien d'années en 5 ans seulement?

[00:25:48]

Votre fils a été condamné à 5 ans également parce qu'évidemment, ils ne veulent pas croire qu'il est mort, parce qu'ils ne veulent pas croire qu'il est mort.

[00:25:54]

Donc, il a été condamné par contumace et aussi pour faire un exemple par rapport aux autres jeunes qui s'y reprenait l'idée de partir. Ben voilà un message clair.

[00:26:05]

Aujourd'hui, la Belgique reconnait que Sabri est mort. Pas du tout. Il est toujours vivant.

[00:26:11]

Il est, comme on dit, présumé mort, c'est à dire qu'un mandat d'arrêt international existe toujours. Au point où mes enfants, qui portent le nom de leur père ainsi que mon mari se voient l'interdiction de certains pays comme les Etats-Unis, par exemple. Vous ne pouvez pas voyager aux Etats-Unis? Non.

[00:26:29]

Eux ne peuvent pas, moi, je peux. Mais tous ceux qui portent le nom de famille de réflète ne peuvent pas le titre de votre livre Maman, entends tu le vent?

[00:26:37]

C'est la dernière phrase que Sabry, vous avez dit au téléphone.

[00:26:40]

C'est le dernier coup de fil quand il a voulu vraiment me faire comprendre que rien ne pouvait rivaliser avec l'univers magnifique, sans limites de son créateur qui est Dieu? Et il a voulu exprimer par là sa foi, son immense amour et dévotion pour sa foi. Au point où il avait, il était prêt à mourir.

[00:27:03]

Alors, évidemment, j'ai trouvé passionnant votre récit de cette saga familiale sur trois générations. Qui raconte quoi, au fond?

[00:27:12]

La difficulté d'être migrant dans le temps et pour trois générations, la difficulté de pouvoir porter et déposer ses valises à un moment donné, quelque part, et d'accepter la destinée qui s'offre à nous, voilà tout simplement votre père.

[00:27:29]

Alors je me suis, je me dis que les gens qui nous écoutent doivent trouver que c'est l'immigré idéal parce que évidemment, il ne faut pas déranger. Donc, c'est à peu près le rêve de chacun que l'immigré ne veuille pas déranger. Mais en même temps, c'est un piège qui ouvre parce que ne pas déranger, c'est ne pas s'intégrer et ne jamais devenir belge. Mais à l'époque, l'intégration n'était pas demandée à nos parents. Nos parents étaient de passage, les immigrés qui arrivaient en Europe le disaient clairement on va travailler, on va retourner chez nous.

[00:27:56]

Et quand on était à l'école petit, quand on ne comprenait pas une matière, par exemple, l'instituteur nous disait C'est pas grave, tu vas quand même retourner chez toi. Ça, c'était le genre de phrase qui était présente au quotidien.

[00:28:09]

Et lui, dans sa tête, il pensait rentrer. Il pensait rentrer, mais pas si vite. Pas si vite. Disons que la fermeture de l'usine Citroën l'a précipité dans ce choix là.

[00:28:20]

Le retour en Tunisie avec la scène terrible de la machine à écrire. Mais le retour en Tunisie, pour lui, c'est quoi? C'est un échec.

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Mais pour lui, c'est l'échec d'avoir perdu son travail et l'espoir de redevenir quelqu'un à nouveau papa, avec des responsabilités sociales et économiques dans son pays d'origine, ce que son pays n'a pas pu lui offrir. Là bas, il n'a jamais pu trouver du travail en Tunisie. Quel jugement!

[00:28:45]

Ouf! Au final, vous portez sur votre père. On comprend bien que vous l'aimez, que vous lui avez largement pardonné. Mais on comprend aussi qu'il vous a quand même pour une partie de votre enfance et de votre adolescence.

[00:28:55]

Moi, je me suis toujours dit depuis petite que je n'étais pas né dans la bonne famille et je pense qu'il y a beaucoup de personnes qui ont ce sentiment là. Je ne veux pas être injuste envers mes parents, je les adore et ils ont fait leur maximum. Mais il y a une contradiction tellement visible et une maturité, malheureusement pour moi, qui est arrivée très vite et qui m'a empêché peut être de vivre les événements de manière innocente.

[00:29:22]

Qu'est ce qui s'est passé pour vous deuxième génération? Vous avez été aspiré par la Belgique au fond, qui était plus puissante. C'est quand même à la fois intéressant et presque rassurant puisque c'est là que vous, Viveris, qui était plus puissante que l'histoire familiale que la Tunisie, le Maroc et tout ça réuni.

[00:29:40]

C'était mon pays, la Belgique, donc je m'y sentais bien. J'avais des perspectives que j'avais tout à fait réaliser depuis. Petite, je rêvais d'être soit hôtesse de l'air, soit institutrice. Donc ça, c'était. Mais de mes deux premiers choix, on m'a dit après médecin, à un moment où mon père voulait que je devienne médecin. Moi, pas vraiment. Mais quel parent immigré n'a pas rêvé que ses enfants fassent des études universitaires pour justement dépasser leur réussite à eux?

[00:30:09]

Mais on vous sent très tiraillé, en vérité, entre votre père qui raidh sur le plan idéologique raide, dont ses principes d'éducation, et cette Belgique qui vous offre un avenir presque physique parce que, à un moment donné, ça se traduit par une tentative de suicide.

[00:30:29]

Là bas, en Tunisie. Effectivement, quand je vois que tout, tout, tout ce rêve dont notre père nous avait parlé et ses espoirs de recommencer une nouvelle vie en Tunisie s'effondre parce qu'il subit la pression de ses frères et de ses sœurs. Et là, on me dit ben voilà, on est foutu, donc on a voilà. Et face à cette grande déception, et je ne vois qu'une chose, c'est cette boîte de médicaments et la fin, et pas que vous.

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Votre mère aussi. Alors ça ne sera intéressant que vous parliez un peu de votre mère parce que bon vous glissa un peu sur le personnage de votre mère. Mais sans doute est ce que ça recouvre la réalité, c'est à dire qu'elle est effacée. Elle subit. On fait ce qu'on lui dit, mais à un moment donné quand même, elle fixe la limite et le dit. Moi, je resterai pas ici.

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Je veux rentrer en Belgique avec les gosses, mais ma mère, elle, a été malheureusement très vite dépassée par les événements. Elle n'a malheureusement pas pu nous protéger tous. Elle a été confrontée à un choix rester, souffrir ou partir et sauver trois enfants. Et c'est ce qu'elle a. C'est ce qu'elle a fait. Là, j'ai trouvé qu'elle avait vraiment eu du courage de laisser derrière elle trois autres enfants.

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Et elle ne dure pas longtemps. Ça dure trois mois, ça dure quand même 9 mois ou 9 mois.

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Et là, jusqu'à ce que lui dise Bon, allez, on rentre en Belgique, où mon père a retrouvé ma mère deux mois après, en nous laissant finalement nous trois avec notre tante en Tunisie et ma mère, elle. Je pense qu'elle a vraiment misé sur sur moi pour prendre le relais par rapport à mes frères et sœurs. Et c'est ce que j'ai fait.

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Au fond, quel fil est ce que vous tirez vous entre votre père? Et Sabry, votre père, qui était raide sur le plan religieux, votre père qui lui même avait été touché par la vague de wahabisme qui a touché la Belgique à la fin des années 80, et Sabry qui se radicalise. Est ce qu'il y a un fil à tirer entre les deux?

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Sabry n'a pas connu son grand père radicalisé entre guillemets, parce que mon père a été radicalisé aussi.

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Il l'a été, il l'a été, parle au moment où on veut vous mettre le voile. Il est radicalisé et tout à fait tout à fait.

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Je l'explique dans le livre. Cette pression qui est venue à un moment donné s'installer dans les mosquées à Molenbeek, c'était purement et simplement une radicalisation des mains de la masse des pères qui étaient au chômage. Puis glander entre guillemets à la maison, qui avaient face à eux une famille avec plein de filles à gérer. Et mon père, quand ils allaient le vendredi aux prêches de la mosquée, revenaient. Et le vendredi, nous, les filles, on avait peur de notre père parce qu'il revenait remontés à bloc par rapport à sa femme et ses filles.

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Et mon fils n'a pas connu tout ça. Un jour, votre père s'est calmé. Après, mon père s'est calmé. Dans les années nonante 90, parce qu'il a changé de pratique musulmane, entre guillemets. Mais mon fils, lui, il a eu. J'ai vu en mon fils la même chose à un moment donné et c'est là que j'ai eu peur. Mon mari, lui, n'a rien vu venir parce qu'il n'a pas connu toute cette crispation par rapport à la religion.

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Moi, je l'ai connu via mon père et quand mon fils a commencé à pratiquer l'islam comme mon père l'a fait à un moment donné. Là, j'ai eu cette boule au ventre qui m'a dit stop!

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Il y a quelque chose qui se passe là, alors j'imagine que l'assistante sociale que vous êtes, comme moi, passionnée par ce qui arrive à Sabry. Tout petit, je me suis demandé si vous aviez vu là, à rebours. Évidemment, le premier signe de quelque chose qui n'allait pas chez votre fils. Il est tout petit. Il a quelques mois et tous les soirs, à 19 heures, il pleure. Et un psychiatre qui est un type intéressant.

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Manifestement, vous dit, ce bébé a des angoisses sourdes. C'est intéressant.

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Déjà, la démarche d'aller voir un pédopsychiatre était unique. On va dire parce qu'on ne l'a pas fait pour les autres enfants. On aurait peut être dû, mais pour Sabry, c'était clair et net. Il fallait avoir un problème. Il y avait un problème parce qu'il n'avait pas ces angoisses là avant. Et tip top. Tous les jours, à 19 heures, on était face à une crise de larmes qu'on n'arrivait pas à gérer. Et finalement, on l'a.

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On a laissé passer cette crise qui a duré quand même quelques mois. Mais Sabri était quand même assez particulier par rapport à ça.

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Et ensuite, il y a eu les bégaiements, qui sont aussi un signal de mal être, peut être à partir de 7 ans.

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On pensait qu'ils avaient du mal à parler et à respirer en même temps. On a laissé traîner les choses. Et puis, quand on a décidé d'aller voir un spécialiste du bégaiement, il avait 9 ans. La thérapie qui lui était conseillée était de faire des stages de chansons pour apprendre à chanter.

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Là, ils ont pour but de masquer le bégaiement. Et là, il a décrété que tout allait bien pour lui. Si les gens n'étaient pas prêts à l'écouter jusqu'au bout, c'était leur problème et ils avaient décidé d'assumer ce côté là. Et puis, on s'est dit bon, ça passera donc comme plein de choses. Et puis finalement, pas passé.

[00:35:25]

Ce n'est pas passé que quelque part. C'est un peu à l'origine de son départ de l'école hôtelière où pourtant, il était en 3ème année. Il était au bord d'être diplômé, bégaye. Le prof s'en moque. Ou en tout cas, le stigmatise à travers ce bégaiement. Et à un moment donné, il dit Stop et vous dites vous? C'est ça le vrai début de ce qui va se passer. Ça a été le déclencheur, en tout cas. Le déclencheur?

[00:35:48]

Pourquoi? Parce qu'il a arrêté l'école à ce moment là alors qu'il était en dernière année.

[00:35:52]

Vous pourriez me poser la question comment ça se fait que vous avez laissé votre enfant suivre cette filière d'études qui demande quand même aussi certaines pratiques et une certaine cuisine, pas seulement au service, au service, au service, donc une proximité avec le client.

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Tout simplement parce que son père avait fait ses études là, était devenu diplômé en hôtellerie et qu'il voulait être comme son père. Et donc, il a tenté de braver ces difficultés là pour rendre son père fier de lui. Sabri avait besoin de cette reconnaissance de fierté.

[00:36:25]

Sa radicalisation va extrêmement vite. J'ai été frappé par ça. Vous dites ça? Il se radicalise de jour en jour et même à un moment donné, vous écrivez il se radicalise d'heure en heure.

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Tout à fait.

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C'est ce qui a été très frappant dans son parcours. C'est qu'entre le moment où il a commencé à s'intéresser à fond à la religion et le moment où il est parti, il y a eu deux mois et demi seulement, dont trois semaines passées au Maroc, en vacances, en vacances.

[00:36:51]

C'est dingue, c'est dingue.

[00:36:53]

Et il y a tous les signes de la manipulation mentale. Parce que la dernière fois que vous le voyez et qu'il vous voit, c'est ce moment où il part faire sa prière et vous dit Salut mon point. Il n'y a pas d'émotion, il n'y a pas d'affect. Il a coupé les ponts.

[00:37:09]

Mais avant cela, il avait quand même posé une question qui m'avait travaillé toute la nuit et qui a fait que je me suis réveillé au beau milieu de la nuit pour aller voir dans sa chambre. C'était cette question, maman. Est ce que tu m'autorise à aller à un mariage d'un Frère musulman?

[00:37:23]

J'étais surprise par cette question. Je lui disais mais déjà, tu peux faire ce que tu veux. A 18 ans, je te fais confiance. Pourquoi est ce que tu me demande cette autorisation? Il me dit Maman, s'il te plaît. Est ce que tu motorise? Et pour lui, c'était sa manière de demander l'autorisation d'aller faire le djihad. Parce que le lendemain, il partait. Donc, il a embrassé ses parents. Mais moi, il n'a pas pu.

[00:37:43]

Je vous remercie beaucoup, Saliha Ben Ali, nous avoir confié ce bout de votre histoire personnelle, j'ai bien conscience que de réentendre cette histoire à voix haute racontée par moi n'était pas facile, mais je vous remercie vraiment de nous avoir livré cette saga familiale qui est sans doute très emblématique de ce que vivent et ont vécu beaucoup de migrants du Maghreb en France et en Belgique. Je n'ai pas beaucoup insisté sur l'aspect belge parce que je crois que ça pourrait très bien se passer en France.

[00:38:07]

On est d'accord.

[00:38:08]

Je vous remercie à vous d'avoir pu en faire quelque chose de d'Inuits.

[00:38:13]

Merci infiniment. Le livre s'appelle Maman. Entends tu le vent? Il est édité chez l'Archipel.

[00:38:20]

Des centaines d'histoires disponibles sur vos plates formes d'écoute et sur un point. FR.