Eugène après l'Empire
Franck Ferrand raconte...- 1,517 views
- 16 Feb 2021
Être le fils adoptif de Napoléon a permis à Eugène de Beauharnais, fils de Joséphine, et frère d’Hortense, de connaître une ascension fulgurante ; mais la chute de l’Empire ne pouvait qu’entraîner la sienne…
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9 heures 9 heures 30. Franck Ferrand raconte sur Radio Classique. Oui, l'histoire peut propulser certains hommes et accélérer certains destins. Il arrive aussi que le cours des événements vienne briser net une carrière et celle de Gênes de Beauharnais s'est brisée à la chute de l'Empire. Il faut dire que Gênes n'avait que 14 ans quand sa mère, qui était veuve, elle avait perdu son mari sur l'échafaud. Joséphine, quand elle a épousé le jeune général Bonaparte et le petit Eugène, a été littéralement transporté dans l'ascension de son beau père.
A 23 ans, il est roi d'Italie.
Vous imaginez?
Il va d'ailleurs rester l'héritier légitime de l'Empire jusqu'à la naissance du roi de Rome, en 1811. Il épouse la fille du roi de Bavière, la princesse Augusta Amélie. Il dirige toute sorte d'armée dans plusieurs campagnes. Il est général à 30 ans, Eugène. On peut dire qu'il aura été l'un des derniers fidèles de Napoléon lors de sa première chute, en 1814. Il était là pendant toute la campagne de France. Il n'a que 32 ans lorsqu'il entre donc dans une retraite prématurée.
Du reste, quand Napoléon a abdiqué, il a demandé aux fidèles Caulaincourt de défendre les intérêts de Gênes auprès des Alliés. Et le hasard s'est montré plutôt réceptif à cette demande particulière.
Il va garantir à Eugène un sort qui soit digne de son rang. La réalité, c'est qu'il y a dans la coulisse le roi de Bavière. Bien entendu, le beau père de Gênes qui oeuvre autant qu'il peut pour aider sa fille et son gendre dans le traité de Fontainebleau que Napoléon signe le 11 avril 1814. Il est spécifié, je cite il sera donné au prince Gênes, vice roi d'Italie, un établissement convenable hors de France. C'est à double tranchant.
C'est cette clause du traité puisque d'un côté, ça conserve à Eugène un titre, un établissement, mais en même temps, cela l'oblige à quitter définitivement le territoire français. Quoiqu'il en soit, Eugène est un des seuls de la famille de l'empereur à pouvoir retrouver un titre. Seule Marie-Louise dispose également de ce genre de clause particulière. Marie-Louise, l'ancienne impératrice, l'épouse de Napoléon. Sauf qu'elle se voit quand même attribuer le duché de Parme, alors que Gênes, lui, ne reçoit pour le moment aucun territoire.
Il va lui falloir se battent pour se battre. Pardon pour que son sort demeure à la hauteur des espérances qu'il a pu former.
Et c'est pour cela que Gênes va quitter Milan. Il était jusque là vice roi d'Italie. Il va quitter Milan et revenir à Paris pour essayer de plaider sa cause auprès des puissants de ce monde. De tous ses alliés qui, à l'époque, occupent la capitale, il s'établit auprès de sa mère Joséphine, à la Malmaison, ce qui va lui permettre de rencontrer tout ce que Paris, à l'époque, compte de monarques en période d'occupation. Le tsar Alexandre, vous savez, c'est pris d'une certaine amitié pour la famille de Beauharnais.
Il est très souvent avec Joséphine. On le voit fréquenter la Malmaison accompagné de son seul aide de camp.
Et c'est d'ailleurs au cours d'une des nombreuses promenades qu'il fait en au bras de l'ancienne l'impératrice douairière que Joséphine va prendre froid et qu'elle va tomber malade, très malade puisqu'elle meurt le 29 mai 1814. Et on peut dire que la mort de Joséphine laisse Eugène doublement orphelin si, si, j'ose cette expression.
En septembre 1814, toutes ces tractations vont se déplacer de la Malmaison et de Paris jusque dans une autre capitale européenne, puisque c'est le début du Congrès de Vienne. Bien entendu, Eugène n'est pas convié au traité de Vienne, au congrès de Vienne. Est ce que j'ai besoin de vous le dire? Mais néanmoins, il va y aller à Vienne.
Il a bien l'intention de continuer à plaider sa cause. Et d'ailleurs, disons le, ils sont nombreux, ceux qui vont essayer de récupérer quelques miettes du festin. Ils sont là, autour, à essayer d'obtenir quelque chose. Michel Ôterait, qui vient de consacrer une belle biographie à Eugène de Beauharnais chez Tallandier. Le livre s'appelle Eugène de Beauharnais, fils et vice roi de Napoléon. Michel est écrit. Chacun sait que dans la vaste foire d'empoigne qui s'ouvre, les absents auront tort de toute façon.
Reste pour les présents à se faire admettre et reconnaître.
Et ce n'est pas gagné. Dans cette jungle mondaine, Eugène sait qu'il doit prendre le plus de place possible et il lui faut se montrer. Il lui faut pas mal de temps déjà pour arriver à se présenter à tous les souverains présents et qui lui ferme leur porte. Et puis, il faut arriver à convaincre aussi les grands ministres Metternich, Naessens, Rhodes, Castle et bien sûr, qui est là au début du Congrès. Eugène est un petit peu isolé.
De nombreux monarques voient d'un mauvais œil la présence du fils adoptif de l'homme qui avait. Le continent depuis plus de 15 ans et dont on est en train d'essayer de réparer les dégâts. C'est en tout cas comme ça que les membres du congrès de Vienne envisagent les choses. Eugène ne rappelle pas à tout le monde de très bons souvenirs, il faut bien le dire. Et cependant, au fil des jours, parce qu'il est habitué à ce monde, parce qu'il s'est présenté, parce qu'il est malin, il arrive quand même à se faire une petite place.
Il est le seul à représenter le camp des vaincus de la dernière campagne.
N'oublions pas que le représentant du roi Louis 18, Talleyrand, se place lui même naturellement dans le rang des vainqueurs.
Même si on a du mal à admettre, Eugène représente si l'on veut, une image agréable de la domination napoléonienne. C'est le bon visage du défunt Empire. Et puis, disons le aussi, Eugène continue de bénéficier de cette amitié que le hasard avait noué avec sa famille lors de l'occupation de 1814. On le voit assez souvent se promener avec le ZAR dans les enceintes de Vienne au cours des négociations.
Plusieurs territoires vont être tour à tour évoqués pour essayer de doter Eugène, si je puis dire, le duché de Berg, sur la rive droite du Rhin, l'ancien archevêché de Trèves. On parle aussi du duché des Deux Ponts, à proximité de la Bavière. Les Alliés, cependant, ne parviennent pas à se mettre d'accord et on se demande s'il ne faudrait pas faire renaître carrément des duchés en Italie. Ou bien si l'on ne pourrait pas confier à Eugène Corfou et les îles Ioniennes.
Là bas, presque sur les côtes de la Grèce, là bas, à l'entrée de l'Adriatique, les mois passent. Rien ne se dessine. Le congrès de Vienne est aussi pour Gênes, disons le, l'occasion de se changer un peu les idées. On le voit courir les bals masqués, les tableaux vivants, les carnavals. Jusqu'à trois et quatre grands bals par semaine dans cette Vienne du Congrès, congrès qui commence à s'acheminer vers sa fin. On est au mois de mars.
Eugène prévoit de quitter la capitale autrichienne le 12 mars.
Et là là, une nouvelle vient bouleverser les festivités. Napoléon a quitté l'île d'Elbe à la barbe des Anglais et il vient de débarquer sur les côtes françaises.
Les premières notes de la symphonie numéro 4 de Napoléon, Henri Robert. Il faut vous dire que Robert était né en 1807. C'est pour ça qu'on lui avait donné, bien sûr, ce premier prénom. Il s'agit d'un premier enregistrement mondial de cette symphonie numéro 4 par le Cercle de l'Harmonie, sous la direction de Jérémie Rovère.
Franck Ferrand sur Radio Classique. Ah oui, on peut dire que ce débarquement de Napoléon à Golfe-Juan a été pour Gênes une véritable catastrophe. Il ne s'attendait pas à ce que son père adoptif reprenne pleine voix dans le concert des nations et en dérangeant deux fois, une fois de plus, le bel ordonnancement qu'on était en train d'essayer d'organiser à Vienne.
Il écrit à sa femme le 4 mars 1815 Nous touchions à la réalisation de nos espérances. Le Congrès allait se terminer. Fixer notre sort et celui de nos enfants, Eugène, c'est qu'évidemment, on va le soupçonner, lui qui a si fidèlement, toujours servi Napoléon, et ce, jusqu'au dernier jour de la campagne de France. On va le soupçonner. Et peut être même pourrait il se faire arrêter. C'est vrai qu'à Vienne, on le surveille maintenant de près.
Sa correspondance est d'ailleurs interceptée. Cinq policiers demeurent en permanence devant son domicile et le suivent à chacune de ses sorties. Il lui est d'ailleurs demandé de ne pas quitter Vienne. Il ne pourrait en sortir en compagnie de son beau père, le roi de Bavière.
Eugène va donner des gages. Il proclame haut et fort à tous ceux qui veulent bien l'entendre à Vienne qu'il va rester neutre, archi neutre, dit il.
Il multiplie les signes de loyauté envers les Alliés. Il continue d'être reçu dans les différents salons. Il essaie de faire comme si rien n'avait changé, mais il voit bien que les regards qu'on lui adresse ne sont plus tout à fait les mêmes. Et à Paris? De son côté, son beau père Napoléon s'étonne que Gênes ne vienne pas le retrouver.
Il le nomme d'ailleurs dans la chambre, la nouvelle Chambre des pairs qu'il crée. Ça ne va pas améliorer la position de Gênes à Vienne. Pire, le tsar Alexandre déclare vouloir cesser toute relation avec lui et des lettres de sa sœur, de sa sœur Hortense, qui, elle, est à Paris. Des lettres ont été interceptées. Il faut dire qu'elle dépeint à son frère lenthousiasme des Parisiens à l'arrivée de Napoléon dans la capitale. Elle annonce également que le nouvel empereur attend Gênes dans ses rangs pour le hasard.
Ses lettres sont des preuves de complicité entre celui que tout vienne n'appelle plus que l'ogre corse et celui qui, qu'on le veuille ou non, aura été son fils adoptif et l'héritier de son empire. Et pourtant, Gênes reste ferme, droit dans ses positions afin de faire disparaître complètement les suspicions d'une complicité qu'il pourrait entretenir avec le nouveau régime parisien. Eugène attend la seconde abdication de Napoléon, en juin 1815, pour montrer à tous qu'il n'a pas bronché, qui n'a pas bougé devant les forces gigantesques que les Alliés ont alignés face à la France.
Il était évident que tout cela allait mal finir. Et vous savez que le 18 juin 1815, Napoléon va mettre plus qu'un genou à terre à Waterloo. On peut dire quater l'eau marque la fin de la saga napoléonienne, ce qui, a posteriori, donne raison, si l'on veut dire, aux calculs qu'avait fait Eugène de ne pas bouger de Vienne. Le Congrès va pouvoir prendre fin. Le sort de Gênes, pour autant, n'est pas clairement fixé. Le roi de Bavière propose quatre territoires pour son beau fils.
Et après avoir visité les différents endroits qu'on lui propose, Eugène de Beauharnais va choisir la principauté d'Aïcha, tête à tête qui lui confère le titre de duc de Locht Lundberg. C'est un territoire modeste. Il faut bien dire. On est à une centaine de kilomètres au nord de Munich, un territoire qui compte 25 mille habitants et comporte deux malheureux petits château, une ancienne cathédrale pas très brillante, une principauté qui ont tout fait 560 kilomètres carrés. En réalité, la famille de Beauharnais ne vit pas dans cette principauté d'acheteurs.
Bien sûr, Eugène se rend très rarement là bas. Il y va surtout pour chasser, à vrai dire, et l'essentiel du temps. Il vit à Munich comme un grand seigneur bavarois qu'il est. Il vit avec sa femme et ses six enfants dans la capitale bavaroise, à proximité du roi et de la cour Michel.
Le retrait résume la situation, la dernière époque de la vie de contraste, singulièrement avec celle qui l'a précédée, nous dit il dans cette biographie chez Tallandier, à l'activité frénétique des champs de bataille et du gouvernement, aux incertitudes épuisantes qui ont suivi, succède une vie un peu étriquée, mais confortable la famille, le rythme des saisons, la gestion patrimoniale, les chantiers de construction, l'enrichissement des collections artistiques. Il n'est pas certain que Jens soit parfaitement heureux, mais c'est tout ce qui lui reste.
On peut dire qu'il a trouvé sa place au sein de cette petite famille royale de Bavière, où il est apprécié par tout le monde, aussi bien par la haute société que par le peuple lui même. Le roi de Bavière doit par ailleurs son titre à Napoléon. Il ne faut pas l'oublier que c'est Napoléon qu'il avait désigné pour régner sur ce territoire au moment où il réorganiser complètement les États allemands. Les alliés au Congrès de Vienne n'ont pas évincé ce roi de Bavière parce qu'il avait eu la bonne idée, au moment des soulèvements populaires de 1813, de de se ranger dans le bon camp.
Eugène. Entreprendre de construire un somptueux palais à Munich, il faut dire qu'il aime l'architecture Eugène de Beauharnais. Ce sera le palais Leuchtenberg qui, aujourd'hui encore, demeure le plus grand palais de Munich, si l'on excepte la résidence royale. C'est l'époque où Eugène vante à Paris son hôtel de Beauharnais. Il faut dire que le roi de Prusse avait occupé cet hôtel en 1814. C'est à la Prusse que Gênes va vendre son hôtel en 1818. Et vous savez qu'aujourd'hui encore, il reste cet hôtel de Beauharnais absolument somptueux dans le 7e arrondissement.
Il reste la résidence de l'ambassade d'Allemagne. Eugène choisit de conserver pour lui la Malmaison. C'est le souvenir qu'il a de sa mère, bien sûr. A 35 ans, il est le seul duc de ce petit royaume de Bavière. Bien qu'il ne s'occupe pas de sujets politiques, il lui arrive quand même de jouer un rôle. Le roi de Bavière, Maximilien Joseph, concède à son peuple une constitution dotant le royaume de deux chambres qui vont désormais voter l'impôt et les lois les plus importantes.
On sait ce que cela vaudra plus tard à Louis dans cette affaire. Enfin, je ferme très vite ma parenthèse dans cette nouvelle organisation politique. On peut dire que Eugène va jouer un petit rôle. Il est admis au sein de la Chambre haute comme premier pair du royaume. La vérité, c'est qu'il parle très mal allemand et que, de ce fait, il peut difficilement participer aux travaux de la Chambre. Il y a une autre raison qui empêche Eugène de prendre complètement part aux travaux politiques de la Bavière, c'est que, quoi qu'il fasse, la mémoire de Napoléon finit toujours par le rattraper.
Et vous allez voir que les années qui vont suivre ne vont pas l'épargner.
Un extrait du célèbre Allegretto de la Symphonie numéro 7 de Beethoven.
l'Orchestre philharmonique de Vienne était sous la direction incomparable de Carlos Kleber, Franck Ferrand, Ratu Christiques. Quoi que fasse Eugène de Beauharnais, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il sait se faire discret depuis la véritable chute de l'Empire à Waterloo et bien malgré tout à Paris, on continue de redouter ce personnage. Après tout, il est deuxième au rang de succession de l'Empire, après le roi de Rome, bien sûr, qui, à l'époque, est encore en vie.
En 1818, Napoléon, lui, est exilé.
Vous savez, à l'autre bout du monde, là bas, au milieu de l'Atlantique sud, dans l'île de Sainte-Hélène, en 1818, le duc de Richelieu, qui est président du conseil de Louis 18 Richelieu, parle encore de Gênes, comme je cite l'homme qui, dans la disposition actuelle des esprits, pourrait devenir le plus dangereux, dit il.
En 1817, l'ASCAD, qui est rentré de Sainte-Hélène et qui se veut un petit peu le porte parole des mauvais traitements que reçoit l'empereur là bas, dans son île, l'Asca, se rend auprès de Gênes et Gênes dans un premier temps. On ne veut même pas recevoir l'Asca. Il a peur des rumeurs. C'est toujours. Il sait très bien qu'il doit constamment donner des gages à ceux qui ont combattu l'empereur et continuent de le redouter. Les deux hommes vont néanmoins se rencontrer en juillet 1818, alors que feignons ne sait pas qu'il faille.
Ils sont tous les deux au zoo de Bade. Ça permet une rencontre et l'Asca déplore la situation difficile dans laquelle se trouvent Napoléon. Napoléon qui aurait dû vendre son argenterie pour vivre décemment, raconte l'ASCAD. Et à ce moment là, Eugène accepte de faire passer chaque mois 12 000 francs à Sainte-Hélène pour aider son beau père. Son père adoptif. A partir de là, des rumeurs interminables sur cette aide financière que Gênes apporterait à l'empereur déchu vont continuer de circuler.
En 19, il achète un terrain en Suisse où il fait élever une maison pour sa famille afin de se faire une sorte de refuge au cas où il faudrait qu'on l'expulse de Bavière. Voyez quand même dans quel état d'esprit on se trouve. Le 11 juillet 1821, alors qu'il se trouve à Bad avec sa famille, Eugène apprend donc la mort de Napoléon, le 5 mai précédent. Il va rentrer à Munich, bien sûr. La famille prend le deuil et en décembre, l'ancien grand maréchal Bertrand, le comte de Montholon, les exécuteurs testamentaires de Napoléon, vont lui adresser un courrier.
En effet, Napoléon a légué quelque chose à Eugène. Il lui a laissé un chandelier de vermeil alors que Gênes n'a que 42 ans. Sa cité et sa santé est maintenant déclinante. Une personne qu'il avait connue sous l'Empire et qui le retrouve huit ans plus tard nous le décrit. Je l'avais laissé maigre, pâle et fluet. Il était maintenant gros et gras. Il avait le visage plein et coloré, les yeux brillants et toute l'apparence d'une excellente santé au moral.
Le changement était encore plus sensible. Ce prince autrefois si vif et expansif était devenu apathique et tellement circonspect dans ses paroles, excepté dans le tête à tête. On ne pouvait tirer de lui que des phrases banales et insignifiantes. La chute du régime impérial et les humiliations qu'il avait été forcé de subir dans l'intérêt de ses enfants avaient abattu son esprit et semblaient lui avoir ôté tout ressort. En réalité, Eugène le concède lui même, il a tout sacrifié pour ses enfants.
Il a finalement mis cette considération avant tout ses quatre filles et ses deux fils. Chacun va d'ailleurs recevoir une bonne éducation. Son fils aîné, à onze ans, porte déjà l'uniforme de son père, sa fille aînée Joséphine, ça ne s'invente pas et épouse en 1822. Elle n'a que 15 ans. Le fils du roi Charles 14 de Suède, Jean-Baptiste Bernadotte, la fille du duc de Locht de Berg, a été préférée à toutes sortes de princesses dont l'alliance aurait sans doute été plus prestigieuse.
Mais qui sait, se disait on à Stockholm, si l'ordre établi ne connaîtrait pas d'autres bouleversements qui finiraient par emmener la famille de Beauharnais sur le devant de la scène, en France ou ailleurs? Eugène, peut être, en tout cas fier de sa descendance. Mais disons le, il n'a plus tellement goût à la vie et sa santé décline, décline vite. À partir de 1823, il subit plusieurs attaques d'apoplexie. Il multiplie les cures et son état de santé malgré des signes qui se montrent se encourageant.
Cet état de santé se dégrade au début de l'année 1824. Le 19 février, il sent la fin approcher et là, il va signer son testament. Et c'est dans la nuit du 20 au 21 février 1824 que Jeanne de Beauharnais va mourir d'une ultime attaque. Il avait seulement 42 ans. Alors, on va lui réserver à Munich des funérailles grandioses. La ville entière vient saluer une dernière fois cet homme au destin si peu commun. La descendance d'Eugène de Beauharnais va durant longtemps marquer les mémoires.
Il faut dire qu'après sa mort, ses enfants vont multiplier les mariages princiers et qu'aujourd'hui, on peut dire d'Eugène de Beauharnais qu'il est l'ancêtre de la majorité des grandes familles des dîners des dynasties qui règnent. La Norvège, la Belgique, la Suède, bien sûr, le Danemark, etc. Eugène laisse autour de lui l'image d'un homme fidèle. Même s'il n'a pas rejoint son père adoptif dans l'aventure des Cent-Jours, dont il sentait bien qu'elle pourrait porter préjudice à sa nouvelle famille, il a toujours eu le sentiment de demeurer fidèle à sa devise, une devise qui était Honneur et fidélité.
Il est à sa place en studio, notre Christian Morin, j'ai un cadeau pour vous ce matin. Christian, quel est il? Vous vous offrir une revue qui est parue, publiée par le passé? Ressuscité. Très belle revue qui s'intéresse à des univers complets dont elle fait le tour avec de très belles photos, des articles un peu inattendus. J'ai vraiment bien fait. Ça s'appelle Faire petite communauté, grande histoire et cette fois, c'est consacrée au reconstitueurs. Vous savez, on dit, on dit tantôt reconstitueurs, tantôt reconstituteurs.
Voilà, ce sont ces gens qui passent leur week end à se plonger dans le passé en en reconstituant soit des batailles, soit des mariages ou que sais je ou des chantiers de cathédrales. Mais j'y pensais en vous écoutant tout à l'heure, puisqu'il y a tous les fidèles de Napoléon, les grognards, les floury soldats. Et on voit. Alors je ne sais pas comment ils font parce que les costumes sont tout à fait remarquable. A eu un reportage récemment que j'ai vu sur ces reconstitueurs.
Justement, dans ce numéro de sphère est un numéro qui paraît de façon mensuelle, hebdomadaire. Non? Oui. Enfin, la revue n'a pas de périodicité particulière, mais c'est ce qu'on appelle une belle revue. Vous savez, c'est presque comme un beau livre. Oui, oui, oui, d'accord. Donc, ce mois ci, c'est ce numéro aussi et que les reconstitueurs, exactement situé de situation géographique, c'est assez passionnant. Et vous n'avez jamais fait de collection de soldats de plomb, vous?
Non, je n'avais pas de soldats de plomb. J'ai eu des petits soldats comme tout le monde. Oui, une belle collection de soldats. Il y a quelqu'un qui avait une collection extraordinaire de soldats de plomb, ces Roger-Pierre, un Roger-Pierre, Sacha Guitry, Sacha Guitry aussi. Je crois que Alain Duhamel également est un collectionneur de ce type de recours, ces figurines historiques de figurines. Donc, se faire numéro intéressant à propos des reconstitueurs, eh bien, vous serez un reconstituteurs de l'histoire.
Je me disais que tous ces gens ne se sont jamais rendu compte en leur état il y a des siècles pour certains, une centaine d'années pour d'autres, en faisant ce qu'ils faisaient. Ils vous permettaient d'alimenter régulièrement toutes vos anecdotes et vos histoires. Shinsei. C'est bien de se dire rendons hommage. Merci! Les remercie du fond du coeur à Dommartin.