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9 heures 9 heures 30. Franck Ferrand raconte sur Radio Classique. Nous sommes en Bourgogne, à Vézelay. C'est tellement beau, Vézelay. Nous sommes en 1839, un architecte parisien. Il a vingt cinq ans. Imaginez le grand mince, la barbe fournie, un chapeau de feutre sur la tête et sur les épaules, une grande redingote.

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Ce jeune homme gravit chaque jour la colline où s'élève la basilique romane Sainte Marie-Madeleine. Eugène Viollet le Duc, c'est son nom, a été envoyé sur le site par l'inspecteur général des Monuments historiques en personne.

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L'inspecteur général, vous le connaissez? Évidemment, c'est une des célébrités du temps. C'est prospère, Mérimée. La grande église avait fort besoin d'être restaurée.

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Mais avant Viollet le Duc, tous les architectes sollicités ont refusé de s'y coller parce qu'ils trouvaient que la tâche était désespérée. L'édifice est trop grand, trop délabré, beaucoup trop de travaux. On ne sait même plus par quoi commencer. C'est vrai que le monument est en mauvais état. Les murs sont lézardés, le toit plein de trous. Il y a de l'eau qui s'infiltre un peu partout. Les voûtes de la grande nef menacent de s'écrouler. La tour gauche de la façade d'entrée à l'ouest s'est complètement effondrée.

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Viollet le Duc observe tout cela depuis maintenant quelques semaines. Il réalise des aquarelles, ce qu'on appelle des élévations élévation de l'extérieur de l'intérieur de la basilique. Tout ça très minutieux. Il faut voir la beauté des aquarelles de Viollet le Duc. C'est magnifique. Il s'émerveille lui même de toutes sortes de petits éléments architecturaux et notamment, il se prend de passion pour les chapiteaux sculptés, chapiteaux d'époque romane.

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Bien entendu, le défi est de taille, mais Viollet le Duc sait que, contrairement à ses confrères, lui va pouvoir restaurer cet édifice, quitte à reconstruire carrément une grande partie de la basilique, en particulier les arcs boutants et même les voûtes.

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Il va falloir les rebâtir. Eugène commence par démolir et rebâtir plusieurs travées de la nef. Il restaure la façade et il reproduit dans le porche le bas relief de cette façade avant de s'attaquer au chœur. Le chantier en fait assez tiré en longueur.

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Cela va durer plus de vingt ans, mais ça redonnera à l'édifice tout son prestige natif.

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Après Vézelay en 1839, Viollet le Duc va être nommé second inspecteur des travaux de rénovation de la Sainte-Chapelle, à Paris. Et puis, il va œuvrer, à partir de 1844, à la restauration, bien sûr, de la cathédrale Notre-Dame, aux côtés d'un autre architecte, Jean-Baptiste Antoine Lassus, qui sera son, qui sera son associé. C'est un énorme projet qui l'attend parce que la cathédrale, elle aussi, est dans un état de décrépitude que les autorités parisiennes ont un peu négligé.

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C'était arrivé à un tel point qu'on avait même envisagé de la détruire. A la même époque, Viollet le Duc travaille sur la cité de Carcassonne, dont il va relever les Remparts, dont il va rebâtir les tours. La ville est délabrée, les habitations sont vétustes et bien qu'à cela ne tienne, Viollet le Duc travaille sur cette nouvelle enceinte de trois kilomètres. On peut dire qu'il redessine entièrement la ville avec l'élévation de 48 tours et d'un château fortifié ne recule devant rien.

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On verra aussi notre homme s'attaquer, à partir de 1846, au chantier pharaonique de l'église Saint-Sernin de Toulouse, de la basilique de Saint-Denis, puis de la cathédrale Notre-Dame d'Amiens Amiens, la plus vaste des cathédrales qui soit en France et qui deviendra son monument préféré. Fondu, Damien Viollet le Duc. Il ira jusqu'à faire sculpter discrètement son portrait sur un des portails.

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Franck Ferrand. C'est raté, christique. Qui est il?

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Cet Eugène Viollet le Duc? D'abord, d'abord, il faut que je vous dise qu'il est né à la toute fin de l'Empire. Même début de la Restauration en 1814. Il est né dans une famille aisée. Son père sera conservateur des résidences royales. Sa mère, fille d'architecte, est une femme du monde qui tient salon. Il y a vraiment des gens importants qui fréquentent ce salon. Je pense à Stendhal, entre autres. l'Oncle d'Eugène Etienne, Jean de l'Écluse, est un peintre connu.

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C'est un critique d'art qui joue un rôle important dans la formation intellectuelle du jeune homme. Eugène va suivre la route tracée par la famille, si je puis dire. Il se destine à l'architecture et au dessin. Seulement, il ne va pas suivre les cours des Beaux-Arts. Il apprend essentiellement en voyageant. Il va faire notamment ce qu'on appelait encore un peu le Grand Tour en Italie.

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Et puis, il observe, il dessine.

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Selon lui, le dessin est absolument indissociable de l'architecture. Il écrit Voir ses savoirs et dessiner, c'est bien voir.

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A vingt ans, il est nommé professeur suppléant de composition et d'ornement à la petite école de dessin, comme on l'appelait la future École nationale supérieure des arts décoratifs. Vous savez, Viollet le Duc ensuite est. Sous inspecteur des travaux de l'Hôtel des Archives du Royaume, là, on est en 1836, ça veut dire que on a changé de régime. Au passage, on est passé sous la monarchie de Juillet. Depuis l'avènement de Louis-Philippe Louis-Philippe 1er en 1830, la volonté de l'État est de restaurer partout où on le peut.

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Les édifices qui ont été abandonnés soient détruits pendant la période révolutionnaire, soit simplement victime du temps, et notamment parmi tous ces monuments, ceux du Moyen Âge. Il faut dire que sous la monarchie de Juillet, on est en train de redécouvrir avec engouement. Romantisme oblige, cette période qui suscite l'admiration des écrivains, des artistes. C'est tout. Le courant romantique tel que Victor Hugo, Alexandre Dumas, etc. Vont le faire, le faire briller. Vous le savez, le poste d'inspecteur général des Monuments historiques a été créé.

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Il s'agit de classer les édifices, de, d'établir les priorités d'intervention, d'entreprendre des travaux de conservation qui peuvent aller de la simple réparation à la rénovation complète du bâtiment. C'est Ludovic Vitet qui a été le premier inspecteur en chef des Monuments historiques. Et puis, à partir de 1834, c'est donc Prosper Mérimée qui en devient le titulaire. Une commission des monuments historiques est d'ailleurs créée, dont le rôle est d'inventorier les monuments, de les classer, d'attribuer les crédits de restauration, bref.

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Elle est composée essentiellement d'archéologues. C'est important de le dire. Elle désigne les architectes responsables des travaux de restauration et Mérimée va donc confier toute une série d'entre elles à ce jeune inconnu. En tout cas, à ce débutant qu'est encore Viollet le Duc. A chaque fois, Eugène Viollet le Duc privilégie la structure architecturale de l'édifice. Il est historien dans l'âme. Il est théoricien par nature et au détriment du décor et de la diversité des ajouts. C'est la base qui l'intéresse à Amiens, par exemple.

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Il va restaurer les chapelles en détruisant les boiseries du 18ème siècle qui n'ont rien à faire dans une cathédrale gothique, dit il. Il faut vous dire que toutes ces cathédrales, elles ont été réaménagés à l'époque moderne. Viollet le Duc s'attache également à respecter tout ce qu'il va faire, les singularités régionales. Il écrit dans ses Entretiens sur l'architecture qui sont passionnants.

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Il écrit ceci autant l'architecture romane de la Bourgogne est robuste, hardie, pleine de sève, autant celle de la Normandie est grande, relativement savante, autant celle des anciennes populations celtiques de l'Ouest et fine, élégante, recherchée. Autant l'architecture de l'Ile de France est, vers le commencement du 12e siècle, simple contenu latine dans la construction et la forme, soumise aux matériaux employés, déjà empreinte d'un goût sévère, aussi éloigné de l'exagération que de la timidité. C'est ce que l'on appellera la grande mesure française.

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Vous savez, Viollet le Duc proscrit l'emploi de matériaux qu'il considère comme trop modernes, et notamment le fer qui pourtant, à l'époque, fait les beaux jours de ses chers confrères. Je cite encore les Entretiens sur l'architecture si le fer n'est destiné dans nos constructions modernes, qu'à faire l'appoint de la maçonnerie insuffisante ou à dissimuler sa présence sous des revêtements parasites. Autant vous le laisser de côté et construire comme on construisait sous Louis 14 en cherchant des formes empruntées à une antiquité douteuse pour les surcharger d'une déclaration d'une décoration bâtarde.

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Mais si le fer est prescrit, alors il lui faut trouver les formes qui conviennent à ses qualités et à sa fabrication. Viollet le Duc veut revenir à un monument semblable à ce qu'il pouvait être au moment de son édification. C'est en tout cas l'idée, l'image qu'il s'en forge. Il ambitionne de rendre à la basilique de Saint-Denis ses imposants volumes aux chapelles. Leur niveau, leur décor d'origine. Il écrit encore, je le cite avec plaisir.

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Restaurer un édifice, ce n'est pas l'entretenir, le réparer ou le refaire, c'est le rétablir dans un état complet qui peut n'avoir jamais existé à un moment donné.

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Certains d'entre vous ont peut être reconnu la voix de Barbara Hendricks dans cette messe solennelle en l'honneur de Sainte-Cécile. C'était le Sanctus. Bien entendu, messe solennelle signée Charles Gounod. Un choeur de chambre et l'Orchestre symphonique de la radio suédoise étaient sous la direction d'Erik Erikson.

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Franck Ferrand sur Tu christiques. Viollet le Duc s'est fait un nom. Maintenant, tout le monde le connaît. Il est nommé chef du Bureau des monuments historiques en 46 1846. On est encore sous Louis-Philippe à l'époque. Il est membre de la Commission des arts et des édifices religieux, puis de la Commission supérieure de perfectionnement des manufactures royales de Sèvres, Gobelins et Beauvais. Il devient inspecteur général des édifices diocésains en 1853. Là, on est passé sous la Deuxième République, puis le Second Empire.

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Viollet le Duc travaille sur des chantiers qui vont durer des années, jusqu'à 25 ans pour la cathédrale d'Amiens. Et pourtant, alors que ses bureaux sont surchargés, que plus personne ne sait où donner de la tête, lui continue d'accepter de nouveaux projets de restauration, y compris pour des châteaux privés. Il vit tout ça comme une sorte de mission, dites vous bien. Et par ailleurs, il écrit, il écrit pas seulement sur le Moyen-Âge et la Renaissance, mais aussi sur l'art grec et sur la russe et sur le Mexique.

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Rien ne paraît pouvoir échapper à cette intelligence très ouverte et compréhensive, cette intelligence fondée sur tous les, sur tous les critères possibles de l'esthétique qu'il ne travaille pas le matin ou le soir où il travaille tout le temps. Viollet le Duc il travaille la nuit, notamment quand il s'arrête quelques minutes pour recevoir ses amis. Il est souvent en tenue du Moyen Âge avec une espèce de robe de bure et un ceinturon de cuir à la taille. Mais lorsqu'il estime qu'il faut se plonger dans l'esprit du temps dont on est en train de restaurer les vestiges, il est passionné.

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Par ailleurs, je ne voulais pas dit ça, mais de géologie, il va effectuer de grandes marches dans les Alpes et les Pyrénées, autour des au cours desquelles il réalise des aquarelles. Toujours, les critiques n'en sont pas moins nombreuses à l'encontre de ce boulimique de restauration. Certains jugent oui. Certains jugent ces travaux beaucoup trop coûteux. Et c'est vrai notamment pour Notre-Dame de Paris, dont les travaux vont devoir s'interrompre huit ans, le temps d'obtenir de nouveaux crédits.

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Il n'a pas fait dans l'économie, c'est le moins qu'on puisse dire.

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Surtout, surtout, les critiques vont peu à peu se concentrer sur son style, que l'on juge excessif. Démesuré? Pas du tout dans l'air du temps, il faut bien le dire. Et puis surtout, peut être un peu trop imaginatif par rapport à la base qu'il est censé restaurer. Je cite Anatole Leroy-Beaulieu, le grand historien de l'époque. La prétention de ramener les églises gothiques à leur état primitif n'est souvent ni moins spécieuses ni moins dangereuse que celle d'en améliorer la construction.

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Le plus souvent, en effet, nous n'avons sur un ancien édifice d'autres documents que l'état actuel et c'est en respectant ce dernier que l'on conserverait le mieux le plan original. Il y a une autre difficulté cette prétention de tout remettre en état primitif et souvent inconciliable avec la manière dont ont été élevés ou reconstruites, à la suite de démolitions ou d'incendies partiels, la plupart de nos grandes églises. Voyez que Leroy-Beaulieu la défend. Un point de vue qui est notre point de vue moderne actuel.

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Ce n'est pas celui de Viollet le Duc. Lui, par exemple, va choisir des toitures de forme conique et des ardoises pour la cité de Carcassonne.

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Évidemment, ce n'est pas tellement on est dans le Languedoc. On aurait dû utiliser des tuiles. Et puis les toitures étaient plutôt plates sur les audépart sur les tours de Carcassonne. En 1857, Viollet le Duc reçoit une nouvelle commande prestigieuse puisque l'empereur en personne Napoléon 3 lui demande de restaurer pour lui le château de Pierrefonds. Pour lui, plutôt pour l'impératrice Eugénie. l'Empereur veut que cette forteresse du 14ème siècle, qu'il voit toujours lorsqu'il se rend à Compiègne, dans sa résidence impériale.

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Il voudrait que cette résidence, cette forteresse, retrouve de l'éclat.

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Voilà ce que ce qu'écrit Viollet le Duc dans sa description du château de Pierrefonds. Bien que la destruction de cette habitation seigneuriale ait été une nécessité, on ne peut, en voyant ces ruines, s'empêcher de regretter que qu'elles ne soient pas parvenues intactes jusqu'à nous, car elles présentaient certainement un spécimen complet d'un château bâti d'un seul jet, à une époque où l'artillerie à feu n'était pas encore employée comme moyen d'attaque contre les forteresses. Sous entendu à l'époque, on faisait encore de véritables forteresses.

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Le projet initial prévoit de restaurer seulement le donjon, de stabiliser les ruines, etc.

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Mais Viollet le Duc, bien sûr, va aller plus loin. Il mobilise des sculpteurs, des verriers, des orfèvres, une armée de menuisiers. Il exige que les artisans viennent installer leur atelier au pied même du chantier. Les pierres arrivent par blocs et sont façonnés sur place. Lui qui était si réticent à utiliser le fer va généraliser l'usage du métal. Il fait construire des charpentes métalliques renforcées, les planchers avec des poutres armé. Le plus gros chantier de Viollet le Duc reste à la même époque Notre-Dame de Paris.

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Surtout après la mort de Lassus en 1857, ce qui va permettre à Viollet le Duc de mener seule la fin de. Il installe son bureau dans la tour sud de la façade de la cathédrale. Il supervise tout. Il refait toute la façade occidentale, y compris des sculptures qui ne sortent que de son imagination. Il faut bien le dire. Et puis, il va faire. Vous le savez, c'est cette flèche, la flèche, qui avait été détruite en 1700 92.

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Il ajoute toutes sortes de statues d'apôtres, des symboles d'évangélistes. Il supprime les parties qu'il juge inutiles qui avaient été ajoutées sous Louis 14 dans le. En 1860, il intègre la Commission des monuments historiques et se lance dans la restauration de la cathédrale de Reince des remparts d'Avignon. Il travaille sur la cathédrale de l'Assomption de Notre-Dame de l'Assomption de Clermont-Ferrand, qu'il va refaire, là encore en grande partie dans cette lave de Volvic magnifique. Vous savez, c'est toujours Napoléon 3 qui lui demande tout ça.

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Il refait le maître autel de Notre-Dame de Paris. Les grilles du chœur, la chaire épiscopale. Et puis, surtout, à Notre-Dame, il va élever deux flèches de 90 mètres.

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Quelques notes de cette majestueuse troisième symphonie avec orgue de cinq sens, c'était l'Orchestre philharmonique de Berlin que dirigeait Herbert Cariane et on a mixé un enregistrement de 1981. On a mixé le son des grandes orgues de Notre-Dame de Paris, qui était joué par Pierre Cochereau.

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Franck Ferrand sur Radio Classique, ça commence à grincer des dents. Pour tout vous dire, dans le beau monde parisien commence à en avoir assez des excès de Mr. Viollet le Duc. Anatole France écrit à propos de Pierrefonds Les vieilles pierres, les vieux témoins ne sont plus là et ce n'est plus le château de Louis d'Orléans, c'est la représentation en relief et de grandeur naturelle de ce manoir. On a détruit des ruines, ce qui est une manière de vandalisme.

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Il a beau enseigner l'histoire de l'art et l'esthétique à l'école des Beaux-Arts à partir de 1863, Viollet le Duc est de plus en plus contesté pendant la guerre franco prussienne. On va le voir en charge des fortifications pendant le siège de Paris. Et puis, après la capitulation, il part pour la Suisse et partagera désormais son temps entre Lausanne, où il construit un chalet qui est aussi son atelier qui s'appelle La Vedette. Et puis la France, il organise le retour d'Angleterre des cendres de Louis-Philippe, dont il avait été proche, et de la reine Marie-Amélie.

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Il va travailler sur la chapelle royale de Dreux. Vous savez qu'il sera un nouveau chef d'œuvre sur le château 2.

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Même où il va alors là faire preuve de modernité. Il installe un éclairage nouveau, le chauffage central, etc. Oui, qui n'était pas forcément fermé à l'innovation.

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Franck Ferrand Si tu christiques. Pas fâché pour autant avec la République naissante, Viollet le Duc va travailler en 1878 à l'organisation de L'exposition internationale de Paris. Il a encore toutes sortes de chantiers en cours, et notamment la restauration de la cathédrale de Lausanne. Mais ne nous emballons pas parce qu'il est trop tard. Le grand architecte, un des esprits les plus visionnaires, une nature généreuse de son siècle, va mourir à Lausanne, justement, le 17 septembre 1879.

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Il avait seulement 65 ans avant de mourir. Il avait eu le temps de formaliser son ultime projet. Son projet le plus fou? Vous allez comprendre. Rénover le massif du Mont-Blanc et le rendre par artifice à son état primitif. Mais oui, mais oui. Pour Eugène Viollet le Duc, les montagnes finissaient par être des monuments comme les autres, susceptibles même d'être restaurées. Après tout, c'est lui qui avait écrit cette phrase vertigineuse.

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Notre globe n'est qu'un grand édifice. L'architecte de vos matinées sur Radio Classique s'appelle Christian Morin, Bourgeault, Christian. C'est vrai qu'il a fait les Beaux-Arts, mais architecture. Mais justement, vous ne croyez pas si bien dire comme j'ai vu des dessins qui commencent à se profiler à l'horizon? Je, ce que vous voulez dire, on aura l'occasion d'en reparler. J'ai vu l'évocation d'une certaine Jeanne aussi, qui se profile à l'horizon. Tout cela, c'est pour le 1er octobre.

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On y reviendra, bien sûr avec vous. Oui, un certain monsieur Joubert, qui n'est plus là aujourd'hui, n'aimait pas Viollet le Duc. Non, car Joubert, c'est mon professeur d'histoire de l'art et lui reprochait justement ces réajustements. Je crois que la cathédrale de Bordeaux ou ailleurs, on voyait l'ange Gabriel qui annonçait la bonne nouvelle à la Vierge Marie. Alors elle avait déjà Jésus dans les bras. Donc, il n'était pas satisfait de ce réaménagement. En dehors de ça, il a quand même fait les travaux tout à fait remarquable.

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Il a sauvé une grande partie du patrimoine, exactement. Mais il faut tenir compte aussi, peut être, de l'époque et des sensibilités, des sensibilités. Et puis des moyens aussi techniques qu'il n'y avait pas. Car on revient justement à la flèche de Notre-Dame. Mon cher Franck, demain matin, s'il serait bon que vous soyez là. Ecoutez, si vous le voulez, je serai donc là avec plaisir. Je ne le veut pas, je le souhaite et je ne suis pas le seul.

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Demain, vous?