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9 heures 9 heures 30. Franck Ferrand raconte sur Radio Classique. Hier soir, un peu avant 11 heures, je reçois d'un ami le texto suivant En cette étrange période, le vingtième siècle semble décidément vouloir nous dire adieu. Je savais le président Giscard d'Estaing bien malade et donc sans autre précision. J'ai tout de suite compris. En effet, avec lui, c'est un des derniers grands liens avec le siècle passé qui disparaît. Et, disons le, c'est aussi pour tous ceux qui ont, disons, plus d'un demi siècle, une part appréciable de nos souvenirs.

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Les années Giscard sont celles des boîtes Tupperware et des soupes acryliques, du skateboard et du Rubik's Cube, du théâtre du Splendid et des tournées Charles Barret, du Petit Rapporteur et du Grand Échiquier de midi, première aussi de l'Ile aux Enfants. La France d'alors, c'est celle d'Alain Delon et de Mireille Darc, de Louis de Funès, de Michel Platini, de Claude François, du commandant Cousteau aussi, celle de Michel Foucault et de Roland Barth. Au lendemain du premier choc pétrolier et pendant le second choc pétrolier, alors que le pays se couvre de centrale atomique et digère mai 68, à un moment où la technocratie s'impose entièrement et où les idées généreuses, parfois faciles, modifient le regard des familles sur le statut des femmes, l'apprentissage, le rôle du travail, un souffle de modernité à redessiner, une société qu'on croyait plus ou moins figée dans le modèle gaullien.

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Un président très jeune, il a 48 ans au moment de son élection qui vient de griller la politesse à Jacques Chaban-Delmas. Je vais vous raconter ça. Ce président est élu de justesse, presque par erreur, face au candidat unique de la gauche. Un vieux briscard, François Mitterrand. Ce nouveau président? Drôle de prénom aux noms à rallonge. Valéry Giscard d'Estaing, dont les vieilles familles raillent la particule et dont le peuple moque le ton, fait l'unanimité sur son intelligence qu'on prétend surnaturel et sur sa modernité.

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Est ce qu'après tout, il n'a pas été marqué à jamais par sa rencontre avec le président Kennedy? Giscard, comme tout le monde se mette à l'appeler, va faire souffler sur le pays un vent de renouveau. L'homme qui voulait regarder la France au fond des yeux s'inviter à dîner chez les braves gens et prétendait convaincre et rassembler deux Français sur trois. Cet homme politique que gauchement décontracter, qui se montrait volontiers torse nu ou en pul à col roulé, qui se rendait à pied à son investiture et ne dédaigne pas de jouer de l'accordéon.

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Ce président en rupture avec ses devanciers se mettent au coin du feu pour parler à ses contemporains et leur propose de s'intéresser davantage au statut des femmes, au statut des jeunes, à celui des personnes handicapées, tout en mettant sur le plan international le cap sur l'Europe de l'amitié franco allemande au serpent monétaire. J'entendais tout à l'heure Franz-Olivier Giesbert dire que Giscard avait été, en dépit de tout ce que je viens de dire à l'école du général de Gaulle. C'est très important d'en être conscient.

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Pendant de nombreuses années, jeune ministre des Finances du général, Valéry Giscard d'Estaing est aux premières loges pour voir de Gaulle présider la France avec autorité et grandeur. Et par la suite.

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Parvenu lui même à la magistrature suprême, même s'il refuse symboliquement d'occuper le grand bureau gaullien que reprendra après lui François Mitterrand, lui même saura constamment défendre sur la scène internationale cette idée sacro sainte de la grandeur française. Il incarne la fonction avec beaucoup d'allure. Disons le, Valéry Giscard d'Estaing n'est pas seulement l'homme qui fait ralentir le rythme de la Marseillaise. Il restera ce président qui, de bout en bout, aura dominé la situation avec, ne l'oublions pas, à l'époque, un budget à l'équilibre.

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Ça aussi, je vais y revenir. On n'en finirait pas d'évoquer les années Giscard qui se sont ouvertes sur de grandes réformes. La majorité à 18 ans, la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse, bien sûr. Les médias d'aujourd'hui ont tendance à beaucoup insister sur cet aspect qui n'était finalement peut être pas celui sur lequel lui même s'attarder le plus. Et puis, l'institution du divorce par consentement mutuel, ça évite beaucoup l'éclatement de la RTF. La réforme Abis pour l'école, la création du collège unique.

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Ces années auront vu éclore dans des registres très différents le Centre Beaubourg, qui avait été commencé juste avant les élections européennes. Le TGV, bien sûr, le loto, la télévision en couleur. Selon vos centres d'intérêt, vous allez identifier les années Giscard à Modiano ou à Chantal Goya, ou encore, pourquoi pas, à Marine et à Carlos quand ce n'est pas à des films comme Emanuelle, sortis juste en 1974, ou Les Valseuses? Certains voudront se rappeler que la peine de mort était encore appliquée à l'époque.

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D'autres mettront le doigt sur des phénomènes de masse en émergence, à commencer par le chômage et par l'immigration. Sur un plan politique, ces années sont celles de Michel Poniatowski et d'Ornano. Celles de quelques femmes aussi. Simone Veil. Bien entendu aussi Françoise Giroud ou Alice Sonier.

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Citer Franck Ferrand, c'est raté. Christiques en 2014 pour le 40ème anniversaire de son.

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J'avais eu l'honneur de recevoir le président Giscard d'Estaing à la radio, c'était une émission spéciale que nous avions faite avec mon ami Guillaume Perrault du Figaro et il nous avait dit Le président Giscard d'Estaing insistait beaucoup sur le fait que de son temps, disait il, le président était un vrai président. Ça devait faire plaisir à l'époque à François Hollande, qui était à l'Elysée. Il disait qu'il avait pour lui la durée qu'on était à une époque où la dissuasion atomique était encore extrêmement importante.

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La voix de la France était très écoutée dans le monde. Il y avait beaucoup moins de supranationalité. Les normes étaient encore essentiellement françaises et là, on peut dire que le rôle de Giscard lui même aura été pour un transfert en partie vers vers l'Europe. Et puis il y avait, je vous le disais, cette grâce présidentielle. Cette peine de mort qui donnait à la grâce présidentielle toute son importance. Le président Giscard d'Estaing avait donc succédé au président Pompidou.

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Pompidou était mort le 2 avril 1974, après cette longue et pénible maladie. Vous savez, on est à l'époque, moins de quatre ans après l'autre grand décès, celui du général de Gaulle, face au socialiste François Mitterrand, qui est le candidat de toute l'union de la gauche. Il paraît évident à l'époque que c'est l'ancien premier ministre et maire de Bordeaux, Jacques Chaban-Delmas, qui va porter les couleurs de la majorité.

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Et voilà que le ministre des Finances sortant, le jeune Valéry Giscard d'Estaing, décide de poser sa candidature alors que Chaban avait posé la sienne très tôt. Giscard était en embuscade, si je puis dire. Il la dépose très tard. C'est une candidature qui va être soutenue par tout un groupe de gaullistes historiques menés par Jacques Chirac, lui même inspiré en coulisses par Marie-France Garaud et Pierre Juillet. La campagne est donc complètement bouleversé. La jeunesse de Giscard, qu'on n'appelle pas encore VGQ à l'époque, la modernité de ses affiches avec sa fille, notamment.

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Une certaine volonté de changement dans la continuité.

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Tout ça va faire de la campagne du candidat républicain indépendant un succès à l'issue du célèbre débat télévisé où il a l'air tellement plus à l'aise que François Mitterrand qui, à l'époque, paraissait d'un autre temps.

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Giscard était élu le 19 mai 1974 avec une courte majorité de 50,4, vingt un pour cent des suffrages exprimés. Il faut revoir cette campagne à travers le film qu'en a fait le photographe Raymond Depardon. Un film qui s'appelle 1974, une partie de campagne et que je vous recommande alors.

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Avec le recul, on pourrait dire que chaque président de la Cinquième République aura eu son style. On pourrait dire que du général de Gaulle, qu'il était altier, de Georges Pompidou, qu'il était plus incisif, de François Mitterrand insinuant de Jacques Chirac qu'il était chaleureux, de Nicolas Sarkozy qu'il était familier. François Hollande plutôt bonhomme. Je ne me hasarde pas à qualifier le chef d'État de l'État en exercice. Pour ce qui est de Giscard, certains l'auront dit hautain, d'autres le qualifier de cérébral.

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Pour ma part, sachant la passion qu'il avait pour nos rois, et notamment pour Louis 15 dont il était fier de descendre, je le qualifierais volontiers, sinon de tout à fait royal, du moins de régalien.

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Georges CCIFR a interprété au piano cette gavotte en rondeau de Jean-Baptiste Lully. Franck Ferrand cite alors Giscard était le président, Giscard d'Estaing, devrais je dire, était un homme brillant, bardé de diplômes.

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Il s'était engagé volontaire à la Libération. Il était entré à Polytechnique, où il avait brillé leaks. Ça, c'était très important dans sa vie. Il avait fait ensuite l'ENA, sortie à l'Inspection des finances, fait pas mal de cabinets ministériels entre parenthèses, dont celui d'Edgar Faure à Matignon, qui l'avait marqué. Et puis, on est là encore sous la Quatrième République. Bien sûr, il était élu député pour la première fois en 1956, c'est à dire qu'il a trente ans dans le Puy de Dôme, où son grand père, déjà, était député.

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Il entre au gouvernement comme secrétaire d'État au Budget du gouvernement de Michel Debré.

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Là, on est en 59 et on va le voir très vite gravir les échelons pour devenir le grand argentier des années de Gaulle à partir de 1962, et le président Pompidou le maintiendra dans ses fonctions de ministre des Finances.

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Le président Gerfa, le futur président Giscard d'Estaing, est aux premières loges pour assister à la présidence du général de Gaulle. Mais en même temps, il n'est pas lui même gaulliste. Il est issu d'une autre famille, d'une autre. C'est très intéressant. D'ailleurs, toute cette histoire de la droite au vingtième siècle ne veut pas entrer dans tous ces détails. Mais disons qu'il est indépendant, comme on dit. Fait partie de ceux qui ont 62 au moment de la déchirure algérienne, soutiennent pleinement de Gaulle, mais qui le soutiennent déjà nettement moins.

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En mai 68 est carrément très peu au moment du référendum de 69.

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Evidemment, lorsqu'il était élu, je vous l'ai dit avec seulement 50,8 pour cent des voix en 1981, il apparaît comme un président newlook, si je puis dire.

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On se rappelle notamment qu'au moment de sa cérémonie d'intronisation, il était venu à pied. Moi, je me rappelle très bien cette journée là et on lui présente les insignes de grand maître de la Légion d'honneur avec le fameux collier que normalement, il doit revêtir. Mais il ne le prend pas. Ce collier se contente de le regarder. Il est en costume de ville. Il n'a pas revêtu l'habit.

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Il va faire tout de suite dénomination un peu un peu étonnante, notamment quand il nommera la directrice de L'Express, Françoise Giroud, en charge de la Condition féminine. Il y a une espèce d'ouverture, déjà, si vous voulez. Avec toutes ces réformes, la majorité qui passe de 21 à 18 ans avec le droit de vote à 18 ans, dont il sait très bien que ça ne va pas le l'avantager aux prochaines élections, d'ailleurs, mais il le fait quand même.

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C'est un risque. La réforme du Conseil constitutionnel? Très important, ça. Mais je ne veux pas entrer dans tous ces détails. Ce sont de nouveaux droits qui sont accordés à l'opposition, si vous voulez. D'ailleurs, lui même ne parlait jamais de ses adversaires politiques, mais de ses concurrents. On change de style et de ton. Il y a bien sûr l'autorisation de l'avortement après ces débats passionnés en janvier 75, le divorce par consentement mutuel. Et pour lui, c'était un moyen, encore une fois, d'affirmer la place des femmes dans la société.

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Ce sera peut être la grande idée de son septennat. D'une certaine manière. Réforme de l'audiovisuel avec l'éclatement de la RTF, le collège unique dans l'Education nationale. C'est ce qu'on appelle la réforme Abis, tellement décriée par ailleurs. Mais à l'époque, on croyait que c'était formidable. N'oublions pas qu'on est seulement quelques années après 1968, bien sûr.

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Et puis alors, quand même. Une conjoncture économique qui est très dégradée par le premier choc pétrolier qui a eu lieu avant l'élection en 73. Forte crise de la sidérurgie lorraine. C'est la grande inquiétude de l'époque. Vous savez, des grèves, des manifestations à répétition, les journaux télévisés, j'allais dire en boucle à l'époque, on était pas en boucle, mais quand même. La CGT va même aller jusqu'à lancer une radio pirate lorraine Cœur d'acier pour défendre les sidérurgistes.

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Et puis, en tout cas, les ouvriers de la sidérurgie, devrais je dire, pour être plus juste.

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C'est le début du chômage de masse. Quand même. Je me rappelle très bien le jour où on nous annonçait qu'il y avait un million de chômeurs en France. Ça paraissait complètement fou.

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C'est ce qui s'est passé par la suite. Beaucoup de prestations sociales qui augmentent à l'époque. On va indemniser le chômage à hauteur de 90 du salaire brut pendant un an, ce qui, évidemment, n'était pas une très bonne idée.

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Peu importe, je vais pas me mettre à faire de la politique là ce matin, mais en tout cas, c'est le début.

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En tout cas, de cette politique sociale qui va, qui ne va faire que croître et embellir au fil des décennies. C'est sur la question du chômage que vont achopper les relations entre le président et son jeune premier ministre Jacques Chirac. Mais disons le surtout un problème d'incompatibilité d'humeur, un choc d'homme plus qu'un choc d'idées. En 76, Chirac claque la porte et c'est Raymond Barre qui remplace Raymond Barre, dont on disait qu'il était le premier économiste de France qui donne toujours un peu de leçon d'économie à tout le monde, d'ailleurs, mais qui va maintenir des budgets à l'équilibre, qui va pendant cinq ans avec le fameux plan B, rester aux manettes dans une période très, très troublée puisque évidemment, les gaullistes ont repris leur indépendance et que la majorité n'est donc pas acquise à l'Assemblée nationale à l'époque.

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Ça n'empêche pas le développement du RPR des lignes ferroviaires. Du téléphone qui s'installe partout dans toutes les maisons.

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Le président de la République va aller jusqu'à publier un livre qui s'appelle Démocratie française, où il défend son idée de mettre en avant une espèce de politique consensuelle tourné entièrement vers l'Europe, bien entendu, sans pour autant négliger la dimension, sans négliger la dimension nationale de ce projet européen. Le président Giscard d'Estaing n'était pas ce qu'on pourrait appeler un fédéraliste. Alors, au cours de la fameuse émission de 2014 dont je vous parlais, je lui avais demandé quels étaient, selon lui, les grandes dates de son septennat.

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Il parlait de son élection, il parlait de la majorité à 18 ans. 5 juillet 74. Il parlait du 7 août avec la liberté de la presse et l'éclatement de la RTF dont je vous parlais. Le premier sommet de Rambouillet. Après tout, il avait créé le G6. Faut pas l'oublier, du 15 au 17 novembre 1975. Son discours du bon choix à Verdun sur le dos, le 27 janvier 78. Et puis, ça ne m'avait pas tellement surpris.

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Il avait cité le 19 mai 78 lorsqu'il avait envoyé les parachutistes sauter sur colverts pour aller libérer les otages occidentaux qui étaient prisonniers là bas, dans le sud du Zaïre. C'était donc le 19 mai 1978 et d'une certaine manière, c'était sa victoire à lui.

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Benchley Ennemy. Même quand on sait que. Le Choeur de l'armée française, sous la direction de Rorty, a interprété bien sûr ce chant du départ de Méhul, le chant du départ, qui a servi d'hymne à la campagne présidentielle de Giscard en 1981. Franck Ferrand, si tu cites un brillant observateur de la vie politique française, m'écrivait cette nuit l'épopée gaullienne s'est achevée en 1969.

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Mais pour mourir, la grandeur française a attendu 1981 moi même pour avoir depuis trente ans, consacré le plus clair de mon énergie à scruter l'histoire de France. Je crois que ce jugement est assez vrai. Il y a quelques années, alors que je prenais le thé dans les bureaux de Valéry Giscard d'Estaing, rue de Bénouville, l'ancien président avait lancé la phrase suivante Voyez vous, il existe une différence essentielle entre la décadence et le déclin, dit il. Le déclin est un phénomène objectif contre lequel on doit pouvoir lutter.

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La décadence est un phénomène subjectif contre lequel personne ne peut rien. Eh bien, j'ai le regret de vous annoncer que nous sommes en pleine décadence. Et là, il avait marqué un léger silence.

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Il avait ajouté Et pour tout vous dire, je me demande depuis quand, sur le coup, j'ai préféré remuer poliment monté pour n'avoir pas à répondre et laisser laissé la question en suspend. Peut être qu'au fond, je reprochais un peu trop de choses au président Giscard d'Estaing de sa politique d'immigration, notamment avec le regroupement familial. Son engagement européen peut être un peu excessif, la vente du paquebot France. Certaines décisions qu'il avait prises en usant ou en usant pas de la grâce présidentielle.

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Bref, je croyais qu'il voulait seulement, en me posant une telle question, tester son visiteur en attendant qu'on lui réponde. Depuis quand est ce que nous sommes en décadence? Mais depuis 1974, monsieur le président, la vérité et je le comprends aujourd'hui qu'il n'est plus la vérité.

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C'était sans doute qu'il attendait au contraire qu'un historien lui donna l'absolution de sa connaissance, d'une certaine façon. Je n'ai pas su le faire sur le coup. Je vais y sacrifier ce matin sans illusion quant à la possibilité de me rattraper. Depuis quand sommes nous en décadence? Monsieur le Président, mais depuis votre départ, depuis cet au revoir un peu un peu grandiloquents, un peu ridicule à la télévision et qui a tellement fait rire les humoristes par la facturation qu'il semblait trahir.

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À mon avis, cet au revoir qui a duré sept secondes de silence, n'était pas rien.

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C'était un peu un adieu à ceux qui avaient pendant si longtemps été la grandeur française. Les derniers mots, je les laisserais au président Giscard d'Estaing, lui même cité par Eric Roussel dans la magnifique biographie qu'il lui a consacré il y a quelques temps aux Éditions de l'Observatoire. Eric Roussel cite un entretien qui avait été accordé dans La Revue des deux mondes par Valéry Giscard d'Estaing à Valérie Toranian et Franz-Olivier Giesbert. Voilà ce que disait l'ancien président. Ma vision de l'éternité, c'est le cosmos.

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Les civilisations chinoises sont des civilisations du ciel. l'Empereur était le fils du ciel. Le christianisme, c'est une lecture de la relation avec le ciel. C'est une volonté qui vient d'ailleurs. Ce n'est pas une volonté terrestre. Nous exprimons dans notre culture gréco latine par la religion telle qu'elle a été transmise par les Évangiles. En ce qui me concerne, je la prends au sens large. Quand vous lisez Saint Jean, vous vous rendez compte que c'est un philosophe du cosmos.

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Nous sommes Français, nous avons une culture assez ouverte et variée. Nous devrions avoir une certaine aisance avec cette idée. Nous venons du cosmos et nous y retournerons. Voici notre Christian Morin bonjour Christian, bonjour Franck. Si souvent vous évoquez les pages de l'histoire en évoquant bien sûr le passé. Aujourd'hui, on peut dire qu'une page se tourne vraiment en direct et c'est tout un pan de cette fin du vingtième siècle que vous venez d'évoquer. Je vous en remercie et après avoir tourné cette page, et bien on vous donne rendez vous demain matin dès 9 heures sur Radio Classique.