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9 heures 9 heures 30. Franck Ferrand raconte sur Radio. Nous sommes en juillet 1745 sur une des îles Hébrides. On est dans les Hébrides, au Nord-Ouest de l'Écosse, et un jeune homme, il a 24 ans. Il est assez fin et il a un air très noble, avec de grands yeux expressifs, le nez légèrement pointu. Ce jeune homme pose le pied sur une terre qui lui est chère, même s'il la connaît en vérité assez mal. Il n'en revendique pas moins le statut d'héritier de cette terre.

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Et vous imaginez son émotion devant le paysage qu'il a maintenant sous les yeux pour lui qui a été élevé en exil dans un palais de Rome. Ses landes autant aux tons vert brun, ses landes parsemées de roches de bruyère. Bien sûr, c'est le paysage écossais idéal. Ces landes paraissent sans doute sortir d'un rêve, rêve qui l'obsède depuis longtemps depuis 10 707. l'Écosse a connu un tournant de son histoire. Sa couronne a été unie à celle d'Angleterre. C'est ce qu'on appelle l'Unione Act, en 1707.

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Or, ce jeune homme n'a qu'une idée en tête, c'est de reprendre ses royaumes au nom de son père. Je dis bien ses royaumes. Sa famille est à ses yeux la seule légitime pour tenir non seulement les rênes de l'Écosse, mais aussi celle de la Grande-Bretagne et de l'Irlande. Son identité a soit cette prétention il s'appelle Charles Édouard Stuart et oui, Stuart. Il est le descendant de cette dynastie qui a régné sur l'Écosse, puis sur l'Angleterre pendant des décennies.

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Il est le petit fils de Jacques 2. Ce roi a chassé de son pays à la fin du 17e siècle, au moment de la Glorieuse Révolution. Il a à l'époque Jacques 2 payer toutes les erreurs et politiques, sans doute trop trop favorable aux catholiques. Depuis, c'est une dynastie germanique et protestante qui s'est installée en Angleterre, son Hanovre. C'est à leur tour, pense Charles-Edouard, d'être renversé. C'est à leur tour d'être banni. C'est le moment d'agir!

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Se dit il. Des Écossais l'ont sollicité dans son exil. Et puis, il faut vous dire, en cette année 1745, qu'on est en pleine guerre de Succession d'Autriche. Ce qui veut dire qu'un grand nombre de troupes britanniques sont occupées sur le continent à se battre contre, notamment contre la France. La mission du prince Duarte commence donc là, sur cette simple plage des Hébrides. Et, admettons le, elle commence faiblement. Charles-Édouard et parti de France quelques jours plus tôt, il avait déjà à peine deux navires seulement en route.

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Un bateau qui battait pavillon britannique a forcé l'un de ses deux navires.

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Il l'a obligé à rentrer s'abriter en Bretagne pour être réparé.

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Bref, quand il arrive, Charles-Édouard n'a plus qu'une poignée d'hommes auprès de lui. Ils sont sept. Pour tout vous dire, il n'a pas beaucoup plus à proposer aux jacobites qui sont les partisans de sa famille. Pas beaucoup plus que son nom.

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Mais quand je dis son nom, quel nom?

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Franck Ferrand Si Radio-Classique, l'héritier Harte est arrivé bientôt, la nouvelle de sa venue n'est plus un secret.

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Dans cette partie des Hébrides, un certain Booze, qui est l'oncle d'un chef de clan local, vient à sa rencontre. Seulement, disons le. L'entrevue ne se passe pas comme espéré. Juste Jean Étienne Roi, qui était un des biographes de Bonnie Prince Charlie au dix neuvième siècle, Boisdeffre Boisdeffre, nous dit il, se présenta respectueusement. Mais une sorte de contrainte et de froideur qui n'échappa point à Charles-Édouard se faisait remarquer dans son attitude et dans ses paroles, feignant de ne pas s'en apercevoir.

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Le prince le pria d'aller de sa part prévenir son neveu que le jour était venu de se déclarer. Boisdeffre lui avoua alors qu'il trouvait son entreprise si hasardeuse qu'il croyait plutôt de son devoir de détourner son neveu d'y prendre part. Normalement, il y aurait eu, dans une réaction comme celle là, de quoi refroidir le prince, qui doit bien reconnaître qu'il est sans véritable moyens et qu'il est fort peu aguerri autour de lui, d'ailleurs. On lui conseille d'être raisonnable.

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Il faut partir pour mieux revenir un jour. Peut être qu'un jour, il reviendra avec un véritable soutien du roi de France. Mais non. Malgré ses doutes. Pas question pour lui de baisser les bras. Le rêve de Charles Édouard semble s'imposer à lui. Il est plus fort. La chronique écossaise a peut être un petit peu enjolivé la suite, mais une chose est certaine, c'est que le Stuart a poursuivi ses démarches clandestines auprès de divers clans et que, muni de sa force de conviction, de sa jeunesse, de son aura.

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Il a obtenu un certain nombre de soutiens. C'étaient les soutiens qu'il comptait, ce dont ils avaient le plus besoin et ont à peu près un mois, quelques solides troupes de Highlanders se sont mises à son service. Elles lui ont prêté leurs armes, si je puis dire. Il a atteint, selon les termes de James McNerney, qui est un des récents biographes du prince. La masse critique indispensable pour déclencher les opérations militaires, bref l'heure de la revanche des Stuarts contre Hanovre et contre leurs partisans qu'on va appeler les Hanovriens, cette heure va sonner.

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C'est en tout cas ce dont il est convaincu, lui et à la fin du mois d'août, ça se traduit par une avancée à un bon rythme dans les paysages montagneux d'Ecosse. On avance en direction des riches terres du Sud-Est et bientôt, Charles-Édouard et ces troupes vont entrer. Ils n'ont même pas besoin de se battre pour le faire, vont entrer dans Perf, qui est une ville très importante sur la route d'Édimbourg. Tout ça donne confiance à ceux qui, comme eux, qui commencent, ceux qui hésitaient encore.

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Une vague est en train de se lever en faveur du Stuart. Même s'il faut avoir en tête que toute l'Ecosse n'est pas jacobite à l'époque, loin de là, il y a énormément des Écossais qui sont favorables au Hanovrien.

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Si la capitale écossaise était déjà à portée du héros, naissance Dementhon, le héros naissant.

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Vous savez que tout le monde maintenant ne l'appelle plus dans son entourage et parmi ses partisans que Bonnie Springs Charlie.

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Sir Christopher Good, à la tête de l'Académie de musique, interpréter cette ode au Nouvel-An. En vérité, la première symphonie d'un compositeur qui n'est pas écossais, mais bien anglais, Wiliam Boyd. Franck Ferrand sur Radio Classique. Vous la voyez là bas, dans les lointains qui déjà se dessine cette capitale écossaise avec ses toits, ses clochers, le prince et ses alliés ont des raisons d'aller vite vers cet objectif ambitieux puisqu'il faut prendre Édimbourg avant que le pouvoir hanovriens depuis Londres ne se mette à riposter.

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Il faut aller le plus vite possible et ça veut dire que dès le mois de septembre, ça y est, c'est fait. Je cite Michel Duchemin, qui est auteur d'un bel ouvrage intitulé Les derniers start. Charles Édouard Stuart, prince de Galles et duc d'Albanie, entre en triomphe au palais de Holyrood, vêtu d'un costume national et coiffés de bérets bleus à cocarde blanche, entouré de l'élite de la noblesse écossaise et de 10 000 Highlanders. La ville, d'abord inquiète, se rallie au jeune prince qui tient sa cour à Holyrood avec une grâce.

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Avec un charme qui lui gagne tous les coeurs féminins, entre autres. Certes, tout n'est pas aussi simple que ça en a l'air, puisque les ennemis tiennent encore la citadelle de la ville et que les secours hanovriens commencent à parvenir pour essayer de reprendre Édimbourg. Une confrontation est en train de se préparer près de la capitale. Les troupes jacobites. Vous avez bien compris que ce sont celles de notre prétendant Stuart. Les troupes jacobites qu'on pourrait être tenté de caricaturer en bandes mal organisées, avancent au rythme des cornemuses.

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Bien entendu.

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En fait, ses sources et ses troupes sont pleines de qualités, pleines de force et dans cette occasion, elles vont le prouver. Stuart Tried, qui est auteur du documentaire Larionov Fires, nous dit Les Highlanders changèrent de position pendant la nuit pour gagner l'avantage d'un sol plus sec. Le brouillard du petit matin au dessus du terrain du terrain plat les aida à masquer leur survenue d'une direction nouvelle et inattendue. Leur charge soudaine provoqua une panique dans les rangs gouvernementaux. Autant dire que c'est un succès pour les jacobites et Hanovriens se débande.

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Charles Édouard se dit qu'il y a au dessus de lui une bonne étoile. Il peut y croire à cette étoile puisque ces forces maintenant sont capables de l'emporter lors d'un combat régulier et que la guerre européenne rend toujours le roi d'Angleterre George 2. Le roi hanovrien, si vous voulez, rend ce roi vulnérable. C'est peut être le moment de tenter une descente, d'aller d'aller jusqu'à Londres. Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est audacieux autour du prince Stuart.

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Certains sont sceptiques, mais c'est bien son plan qui l'emporte. La marche vers le sud est lancée et pour tout vous dire, cela fonctionne. Les jacobites entrent en Angleterre en novembre. Manchester est bientôt dépassé. Puis Derbi, l'armée des jacobites, a fait en quelques semaines plus de la moitié du chemin, jusqu'à Londres seulement. On a l'impression que son élan quand même commence à faiblir. Malgré leur progression, ces jacobites ont quand même quelques raisons d'hésiter. Des alliés de Charles Édouard lui font remarquer que leur armée n'est pas si grande que les sujets anglais sur leur route ne sont pas si favorables.

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Par ailleurs, la France se fend d'un soutien militaire. C'est vrai, mais c'est un soutien bien modeste. Surtout, surtout, la contre attaque hanovriens n est proche. Vous vous doutez bien que le roi George ne va pas se laisser faire aussi facilement que ça. On dit tout ça au Prince, on essaie de lui expliquer, on essaie de lui faire entendre raison seulement face à tous ses arguments. Lui dont le caractère tend à se réduire a tendance à monter un peu sur ses grands chevaux, si vous voyez ce que je veux dire.

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Il s'énerve contre le manque de cran de ses alliés, dont il espérait qu'il se montrerait un peu plus un peu plus vaillant. C'est l'historien Matthew Bennett, toujours dans le Hainaut Fires, qui souligne que dans le camp d'en face, au même moment, on n'est pas serein du tout. Il ne faudrait pas croire que tout va bien pour les Hanovrien. Je le cite cependant à Londres, c'était la panique générale et le roi George 2 avait préparé tout son trésor pour être mis sur des bateaux et envoyé au loin.

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Quand on commence à mettre l'argenterie de côté, si jamais ce n'est pas généralement qu'on est très confiant dans l'avenir. Londres et son roi, si je puis dire. Le roi hanovrien vont bientôt pouvoir se rassurer, néanmoins, puisque Charles-Édouard, à contrecœur, finit par se rendre aux raisons de cet entourage qui ne croit plus danser dans ses forces. Et en décembre, c'est le repli sur l'Écosse. Les troupes jacobites. Après avoir de nouveau emporté une confrontation face à une force hanovriens, ces troupes vont finir par s'installer pour la suite de l'hiver 1746, de l'autre côté de la frontière.

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On est de nouveau en Écosse. Charles-Édouard n'est pas rassuré, mais il a un motif de joie parce que pour tout vous dire, il est en train de vivre une belle histoire sentimentale. Il peut aussi apprécier sa popularité. Pour ses partisans, Bonnie Prince Charlie incarne quelque chose. Il le sait. Le duc de Cumberland, qui est le fils du roi George III, le duc de Cumberland, a imaginé cette espèce de gaillard à la mine replet. Comme Verlinde approche avec des contingents importants, des contingents qu'on a rapatrié du continent, tout simplement à mesure que la campagne sur le continent s'arrêtait.

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Bien entendu, vous savez qu'on ne se battait qu'à la belle saison. Évidemment, il faut aussi noter que Cumberland possède dans ses rangs de nombreux Écossais pro hanovrien. Je disais ça tout à l'heure. Je crois qu'il faut insister. Ce n'est pas tout à fait un combat d'anglais contre écossais. Cette affaire, c'est bien d'un combat politique de Hanovriens contre jacobites. C'est ça, la vérité. Le prince Duarte progresse de plus en plus vers le nord et bien sûr, comme Berlin suit la même direction par une autre route et les deux forces, bientôt, vont se rapprocher de plus en plus.

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On est à deux doigts maintenant d'une explication définitive.

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Le 25 avril, donc, c'était le 14 avril dans le calendrier qui, à l'époque, était en usage sur place. Peu importe, les jacobites du prince Duarte, installé à Inverness, savent que les Hanovriens se sont beaucoup rapprochés au Nord-Est de leurs bases. Et dès lors, Charles-Édouard et ses alliés se disent qu'il faut maintenant aller à la confrontation. On se rapproche, on approche de Kolding.

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Voilà, le nom est prononcé. Et là, c'est une attente qui commence. Attente terrible. C'est là que le sort de la cause Stuarts. C'est là aussi que le sort de l'Angleterre vont se jouer. Un extrait de la huitième symphonie de Sir William Herschel, l'ensemble Lumsden Mozart Players, était sous la direction de Matthias Babs.

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Franck Ferrand sur Radio Classique. 26 avril, 17 146. Le terrible duc de Cumberland fête ses 25 ans, ce qui veut dire que ses hommes ont droit à une relâche et que, selon toute vraisemblance, on va bien arroser la chose. Et pendant ce temps là, à Culloden, vous savez que le camp jacobite patientait. Cette fête du côté hanovriens fait émerger une idée dans l'entourage de Charles-Édouard. On se dit que ce serait peut être bien de profiter de l'occasion pour surprendre l'ennemi au moment où toute une partie des soldats sont encore un peu groggy.

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Soit l'entreprise précisée par George Meret, qui est le solide chef jacobite, est mise à exécution. On lance une nouvelle opération nocturne pour atteindre les ennemis au petit matin. Seulement, il faut bien dire qu'il n'y a pas beaucoup de coordination dans ce mouvement et surtout, ce mouvement se fait lentement. Bref, il y a trop de temps qui s'écoule. Il est évident que l'effet de surprise ne va pas pouvoir jouer. Il paraît maintenant préférable de faire machine arrière et on se replie vers Culloden.

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Voyez que cela s'appelle un couac. Ça a été joué n'importe comment. Stuart Atrides, qui raconte tous ces détails, explique le prince, était furieux, mais il n'y avait rien à faire. Après une nuit passée à tâtonner dans l'obscurité, tout ce qui avait été accompli, c'était d'avoir épuisé ses hommes à la veille du jour de leur plus grande épreuve. Voilà ce qui va se passer où ils vont devoir se battre. Les jacobites n'ont déjà plus non déjà plus de force.

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Il y a eu sans doute des dissensions sur le meilleur lieu qu'il fallait. On aurait pu choisir pour aller affronter Cumberland, comme Polanski maintenant servi, si je puis dire, qui approche, qui approche vite. Ce sera donc Culloden et sa triste lande sous un ciel très menaçant, comme on en connaît très souvent dans cette belle région. Les armées se font face. Bientôt, les artilleries rugissent et les boulets fendent des rideaux de pluie. Et on peut dire que Cumberland, évidemment, sur ce terrain très conventionnel, beaucoup plus fort du côté des jacobites, les premiers corps, commence à s'effondrer sur ce sol spongieux très froid.

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Et pour ne rien arranger, les Hanovriens entreprennent une offensive secondaire sur leur droite. Côté jacobite, on mise sur la capacité légendaire des fameux Highlanders pour charger des ennemis. Avec ce courage peu commun qu'on leur a toujours connu dans tous les combats, les voilà qui s'élancent avec vigueur. Les hommes de Cumberland répondent par des tirs, des mouvements méthodiques, alors que les Highlanders sont gênés dans leur course par les étendues fangeux qui sont là et qui parsèment partout qui parsèment le champ de bataille.

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Bref, tout cela va finir dans un gigantesque bain de sang.

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Franck Ferrand, c'est un raté christique et la victoire hanovriens n est absolument sans nuance. Les jacobites ont perdu jusqu'à mille six cents hommes. Certains disent même jusqu'à deux mille hommes.

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Les Hanovriens ont perdu de leur côté combien 50 hommes? Vous imaginez, le prince Stuart ne s'est pas fait prendre. Ne s'est pas fait prendre. Il y en a même d'ailleurs, pour tout vous dire, qu'il se demande si, dans ces occasions, il n'est pas parti un petit peu vite du champ de bataille. Je ne voudrais pas trancher cet aspect. Toujours est il que maintenant, il est pourchassé à travers l'Écosse. Il sait très bien que Cumberland est prêt à tout pour se saisir de sa personne.

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Je cite Michel du Shah. Ce prince s'est levé dans le confort d'un palais romain, fait preuve alors d'une endurance, d'une énergie qui stupéfie ses compagnons.

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Il dort à la dure, sur des paillasses ou des rochers. Il mange du saumon pêché dans les torrents, des oiseaux de mer, des coquillages, de la bouillie d'orge. Quand il en a l'occasion, il boit sec. Il en gardera malheureusement l'habitude. Ses vêtements tombent dans l'eau. Il ne sera pas. Parfois, on le prendrait pour un voleur de chevaux. Il aurait même été obligé un moment de se déguiser en humble servante pour essayer d'échapper aux hommes de Cumberland.

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Imaginez. C'est le genre de péripétie qui va durer des mois, jusqu'à ce que la marine française recueille le prince le recueille. Au mois d'octobre seulement, son avenir, malgré ses rêves persistants, malgré toutes les velléités qui accompagneront sa vie et son avenir, ne sera pas sur les trônes d'Écosse, d'Angleterre et d'Irlande. Il ira continuer, j'allais dire, sa petite carrière sur le continent. Quant à Cumberland, il a engagé depuis Culloden une politique vindicative et sans retenue pour mater une bonne fois l'esprit de rébellion.

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Certaines de ses troupes l'appliquent avec violence, une violence absolument sidérante. Vous savez qu'au soir même de Culloden et dans toutes les journées qui ont suivi, on a fait véritablement la chasse aux jacobites qu'on est allé chercher partout dans les campagnes. Il y a encore quand vous vous promenez dans toute cette région des Highlands. Vous avez des petits cairns avec des inscriptions qui marquent l'endroit où sont tombés. Nombre de ceux qui s'étaient battus pour Bonnie Prince Charlie, mais au delà de la simple chasse aux jacobites, tous toute cette campagne, cette fin de campagne passe par des incendies, des destructions terribles.

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On essaie de détruire tout ce qui pouvait nourrir la population et la lutte du pouvoir hanovriens va aussi prendre pendant plusieurs années une forme politique, juridique et, disons le, une forme culturelle. Ça, c'est extrêmement important. Dans son Histoire de l'Angleterre, Roland Marx écrit Je le cite C'est ça, c'est important. Les Highlanders sont privés du droit de porter les armes, de revêtir leur costume régional, de jouer de la cornemuse. On retire aux chefs des principaux clans leur pouvoir judiciaire, on abolit tout fief militaire.

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Des confiscations frappent les grands propriétaires rebelles. Les Anglais, aidés par des juristes écossais, décide de s'attaquer aux mœurs traditionnelles parce qu'ils les considèrent comme les supports d'une société primitive et militarisée. Et ils trouvent des appuis dans les familles royales au Hanovre. Tout le système clanique trouve ainsi une fin rapide dans ses aspects les plus pratiques. Il va falloir attendre le siècle suivant le dix neuvième siècle pour que les Anglais. Mais ce serait une tout autre histoire! Retrouve en quelque sorte les traditions écossaises et les remettent à la mode.

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Mais ce seront des traditions écossaises, en quelque sorte, revues et corrigées par l'époque victorienne. En attendant, on peut dire que au 18ème siècle, c'est bien l'esprit d'indépendance de l'Écosse qui a été cassé. L'épopée de Bonnie Prince Charlie marque d'une certaine façon un déclin, une cassure. Je vous l'ai dit, mais elle marque aussi, et c'est assez terrible, une forme de lent et progressif. Oubli.

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Nous retrouvons maintenant notre Christian Morin Bonjour Christian, bonjour mon cher Franck. Vous terminez sur le mot oubli, justement, hier. Vous évoquiez cet espion du Condroz. Oui, ce Belge du temps héroïques que nous en parlions hier soir au téléphone. Mais c'est vrai que quand on remet tout ça dans le contexte, il fallait quand même un sacré gros extrait. Et hier soir, vous comme moi avons appris la disparition de Benjamin Orenstein. Oui, le dernier survivant de Hawzi.

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C'est incroyable le jour même où nous parlions de Ashfield. C'est de cet espion. Effectivement, le dernier des rescapés de ce camps de la mort nous a quittés à l'âge de 94 ans.

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Vous vous rendez compte, il a été déporté dans cette quand il était né dans un village en Pologne, transformé en ghetto. Il est arrivé seulement à Zurich en 1944. Il avait participé à cette marche terrible à la fin de la guerre n'était pas terminée en 45, en janvier 45. Il y a eu ce qu'on a appelé la mère la mort pour arriver au camp de Dora et libéré en avril par les Américains, bien sûr. Ce qui est formidable pour honorer la mémoire de Benjamin Orenstein, c'est qu'après le procès Barbie, vous vous en souvenez probablement.

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Franck, il avait témoigné inlassablement dans les collèges, dans les lycées, pour que les témoins deviennent les témoins des témoins, etc. Qu'on n'oublie jamais cette période.

[00:24:08]

Si c'était moi, ils ne sont plus là. Donc, c'est à nous. Si je puis dire très modestement, d'essayer de prendre un peu le relais et de relever le flambeau pour que ces souvenirs là, qui sont terribles, ne s'évanouissent jamais, bien sûr, comme vous l'avez fait d'ailleurs hier matin.

[00:24:23]

Donc, une pensée ce matin pour Benjamin Orenstein? Merci.