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9 heures 9 heures 30. Franck Ferrand raconte sur Radio. Nous sommes en Suède, dans un port discret à l'est de Stockholm, le 9 août 1945. Il est 8 heures du soir et le ciel rougeoyant, un vieux bateau à voile, est en train d'appareiller. Il s'appelle Lerma, ce voilier. Et sur le pont de Lerma, 16 passagers, il y a sept hommes, cinq femmes. Ils ont plus ou moins la trentaine. Il y a quand même deux grands mères de 60 ans.

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Il y a aussi quatre enfants, deux familles enréalité et cinq célibataires.

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La plupart sont des gens blond, aux yeux clairs, au teint pâle. Ce sont des Estoniens. l'Estonie est vraiment très proche de Stockholm, de l'autre côté de la mer Baltique. Mais ce n'est pas du tout leur destination parce que leur pays, l'Estonie, vient d'être annexée par l'Union soviétique de Staline. Et s'ils prennent la mer? Tout au contraire, c'est pour fuir le plus loin possible.

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Ils veulent mettre entre Staline et eux un océan entier. Ils ont bien l'intention de traverser l'Atlantique et d'aller se réfugier aux Etats-Unis.

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Le voyage est quand même doivent faire 15 000 km. Tout ça au péril de leur vie.

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Il va falloir naviguer d'abord à travers la mer Baltique, puis la mer du Nord, puis l'océan lui même. Et les voilà donc sur le pont. Les grands mères, les jeunes grands mères. Vous l'aurez compris, ont quitté les cabines. Les enfants ont cessé de jouer. Paul, le mécano du groupe, amorce le vieux moteur Ari. Le capitaine largue les amarres et l'air marin commence lentement à s'écarter du quai. On met donc le cap à l'est, dans les méandres de l'archipel de Stockholm.

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Le premier est le premier but.

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Le premier cap, c'est la mer Baltique. Franck Ferrand Christiques.

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Pour comprendre la situation désespérée de ces Estoniens en 1945, il faut rappeler que leur pays a été envahi à trois reprises. Une première fois en 1940 par l'Union soviétique, Staline a ordonné la déportation de 13.000 Estoniens vers la Sibérie. Deuxième fois en 1941, évidemment, dans l'autre sens, si je puis dire, par les nazis qui vont déporter les Juifs, les Finnois et tout ce qu'il y a de résistants en Estonie. Et donc une troisième fois en 1945.

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Retour des Soviétiques avec de nouveau de la part de Staline, la déportation de 50 000 Estoniens et en voilà 30 000 qui s'enfuient vers la Finlande qui vont en Suède à travers la mer Baltique. Plutôt mourir en mer qu'en Sibérie, disent certains. C'est le cas de nos 16 Estoniens. Ils sont réfugiés à Stockholm, où ils se croient en sécurité seulement en mars 45. l'Union soviétique exige le rapatriement de tous ses citoyens et les réfugiés vont recevoir une lettre du gouvernement suédois qui leur demande poliment de bien vouloir rentrer dans leur pays.

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Voilà pourquoi, un soir de mars 45, à Stockholm, cinq amis se retrouvent chez l'un d'eux au coin du feu. Les marins Aris et Arvid, leur femme Hélène et Nora. Et puis il y a vol. Démarques est un historien célibataire. Ils ont tous la petite trentaine et ils sont littéralement terrifiés à l'idée de devoir repartir en Estonie pour d'être expulsés de la Suède.

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Si vous voulez, ils savent que s'ils rentrent chez eux, ce sera le goulag assuré. Ari propose Nous ne pouvons pas rester les bras croisés à attendre. Tôt ou tard, on va nous renvoyer d'ici. Il faut prendre un bateau et partir pour l'Amérique. Alors on discute. Évidemment, on pèse tous les risques et dans la nuit, on va finir par se décider.

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Oui, ces réfugiés vont prendre la mer et vont partir vers les États-Unis avec leurs maigres économies.

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Ils achètent donc ce vieux rafiot là, Lerma, 60 ans, un bateau de plaisance côtière pas du tout taillé pour la haute mer et n'a pas du tout été conçu pour 11 mètres 30 de long, seulement 4 mètres de large. Ça ressemble plutôt à une sorte de grosse coquille de noix, si vous voulez. Avec trois cabines minuscules pour partager les coûts pour acheter un moteur, il propose la traversée à d'autres Estoniens, par exemple à Heino. Voilà comment se constitue l'équipe dans son récit.

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Cap sur la liberté, un récit qui a été publié en 1947. Waldemar Vidame, qui était historien, raconte Mon ami Heino est arrivé avec moi. Je lis de l'admiration dans les yeux des femmes. C'est vrai que Heino est beau, grand, mince, avec les yeux gris, une toison de boucles blondes. Il est habillé impeccablement. Il parle peu, mais sa manière d'être est charmante. Il avait fui l'occupation allemande pour éviter l'enrôlement forcé dans l'armée nazie lors de l'invasion russe.

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Il s'était évadé par la Finlande. Plus de la moitié de sa famille a été déporté par les Russes. On prenait mieux la motivation de ces personnes. Bien sûr.

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Alors on équipe le bateau, on est au port. Et voilà qu'un jour, alors qu'on est en train de s'affairer sur ce voilier, un homme s'approche.

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Il a un âge moyen de taille. Il est coiffé d'un feutre mou avec des lunettes rondes. Il va rester un moment. Regardez ce qui se passe ils les épillets, soudainement il disparaît et là, Harry et Vodelée Mars en sont persuadés. Ils se disent que c'est un agent du NKVD, l'ancêtre du KGB et des services spéciaux soviétiques.

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Il faut vraiment accélérer maintenant les préparatifs. Et les voilà qui, dans ce crépuscule rougeoyant du 9 août 1945, commencent déjà à s'éloigner.

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Les 16 Estoniens vont passer en mer la première nuit de leur traversée. Il faut s'habituer d'abord à la promiscuité. Valdemar tombe de sa couchette. Il va finir sa nuit au sol. Le matin, la brise se lève à et Arvid hisse la grand voile. Ça paraît encourageant, tout ça. Le soleil brille. On a fait du café chaud. On a du pain suédois en réserve. Bref, il y a comme un parfum de liberté et d'évasion dans cette affaire.

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Il s'agit dans un premier temps de longer la côte suédoise au sud seulement le soir, lorsqu'ils vont faire leur première escale. Un vieux marin les met en garde Je vous conseille de ne pas passer par la côte. La nuit, les torpilleurs et les sous marins russes tirent sur tout ce qui bouge. Pas mal de bateaux ont disparu, corps et biens. Si j'étais vous, je emprunteraient le canal de Göta. On y croise aucune patrouille russe.

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Ce canal de Göta, il traverse la Suède d'est en ouest. C'est en fait toute une suite de lacs qui ont été réunis. Les embouts des autres Arris. Le capitaine décide de suivre les conseils de ceux de Le vieux sage, si je puis dire. Neuf jours plus tard, les voilà qui vont. Et parce qu'ils ont pris le bon parti, parce qu'ils ont eu raison d'emprunter ce canal. Les voilà qui arrivent sains et saufs en mer du Nord.

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Et là encore, il y a un choix, soit une alternative. Soit on passe au sud, soit on passe au nord de la Grande Bretagne.

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Il pourrait rejoindre l'Atlantique par la manche. Me direz vous. Mais ils savent que les Français renvoient les réfugiés baltes en Union soviétique. Et pour éviter ça, eh bien, ils vont préférer la route nord. Donc ils mettent le cap, ils font cap sur l'Ecosse. Alors, évidemment, la mer n'est plus tout à fait la même.

[00:07:18]

Là, ça bouge plus. On voit bien qu'il y a des courants profonds. L'eau devient bleue, verte, c'est la couleur du large. Et maintenant, on peut dire que le danger, ça ne va plus être les Russes ou même les Français. Le danger, tout simplement, c'est la haute mer. Un extrait des Océanis, le poème symphonique de Sibelius. Bien sûr, l'Orchestre symphonique de la BBC du Pays de Galles, sous la direction de Thomas Garde.

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Franck Ferrand sur Radio Classique. Les côtes suédoises sont loin. Maintenant, ça fait deux jours qu'ils sont partis et ce sont les conditions climatiques qui deviennent le principal problème de nos réfugiés, de nos fugitifs. Ils sont au large, entre la Suède et l'Ecosse, et évidemment, les températures chutent. Les nuages s'amoncellent. Le baromètre ne va pas bien du tout. Je cite de nouveaux vols de Marvel dames au crépuscule. Le vent souffle en tempête. Le MMA semble ployer sous la terrible pression des voiles.

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Les lames déferlent sur le bâbord avec un grondement et un sifflement d'express. De temps à autre, une masse d'eau s'abat, inondant le pont d'eau tourbillonnantes, du blanche d'écume au pardon. Dans la cale, l'eau monte dangereusement, alors il faut bien essayer d'écoper. On pompe jusqu'à l'épuisement. Et soudain, Arvid le marin s'écrie Il y a une voie d'eau à l'avant. Et oui, cet air m'a décidément est une véritable passoire. Et on peut dire que le voilier est en train de couler, tout simplement.

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Il va falloir maintenir le bateau à flots et tout ça et tout ça pendant la tempête. Alors, les réfugiés se résignent à ce moment là à faire route vers la Norvège. C'est pas la peine d'essayer d'aller directement en Écosse. Au port, ils vont mettre le bateau à sec. Ils vont découvrir à ce moment là avec horreur, qu'une partie de la coque est littéralement rongée par les termites. C'est pour ça qu'ils coûtent pas cher, ce bateau. Ils vont devoir clouer des plaques de cuivre sur la coque en espérant que cette espèce de rafistolages un peu hâtivement opérée va bien, va tenir jusqu'en Amérique.

[00:10:32]

Et puis, les voilà qui reprennent la mer à nouveau en direction de l'Écosse. Nous sommes maintenant à la fin d'août. Un soir, au crépuscule, Arvid bondit de la proue jusqu'à l'arrière. Il saisit la barre et voilà que d'un seul coup, il braque la barre à bâbord. Donc mine à tribord, hurle t il. Le bateau pivote juste au dernier moment. Il passe à quelques centimètres d'une mine qui était là, à flotter entre deux eaux.

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Ils ont vraiment failli partir en fumée. Un matin de septembre, les voilà qui atteignent une côte ensoleillée. Oui, ils sont en Écosse. Ils vont accoster à Fraser. Bug. Les officiers d'immigration ne sont pas très regardants sur les formalités en Écosse. Ils seraient même plutôt inquiets. Vous ne comptez quand même pas traverser l'Atlantique dans cette Barkat avec des femmes et des enfants, mais c'est de la folie!

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Leur distillent quelques jours plus tard, après avoir traversé le canal calédonien qui relie la mer du Nord à l'Atlantique, au nord de l'Écosse.

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Ils se jettent Saillé dans l'océan. Les voilà prêts à traverser l'Atlantique.

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Enfin bref. C'est en tout cas ce qu'ils essaient de faire. Ils vont être pris dans un contre courant dans un premier temps, qui les pousse sur des récifs de l'île de Seye.

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Le capitaine arrive son second Arvidsson, désorienté. Disons, les choses commencent un peu à paniquer. Le bateau n'est plus qu'à 50 mètres des récifs. C'est trop tard pour allumer le moteur. Une des grands mères et femmes de marins intervient. Le bateau coule. Inverser la barre, donner du vent venait vent arrière. Il faut reprendre de l'air, dit elle.

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On se rend compte qu'elle est bonne navigatrice, alors on lui obéit parce que elle sait ce qu'elle fait, ce qu'elle dit. Et grâce à elle, Lerma va éviter in extremis les récifs qui n'étaient plus qu'à quelques mètres. On peut remercier la grand mère et son sens de la mer.

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Ensuite, il va falloir longer l'Irlande, comme nous le raconte Pierre Enquetes, qui a préparé l'émission de ce matin faire cap directement sur Madère. Ils veulent trouver, nous dit il, les alizés et traverser l'océan au portant. Mais plus ils descendent et plus le vent se tarit.

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Ils se retrouvent encalminé pendant des jours et des jours, et des provisions à ce moment là commencent à manquer. Des vivres ont été gâtés par l'humidité. L'eau douce se fait rare. Enfin, un matin, on est là. À ce moment là, le 10 octobre, Waldemar aperçoit un point à l'horizon. Je le cite lui encore. C'est lui qui nous raconte cette histoire. Deux pyramides bleutées se dessinent, se dressent au loin, semblables des nuages. C'est Madère, île principale de l'archipel.

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Ils grandissent lentement. Au crépuscule, on distingue les flancs de la montagne madère et portugaises et portugaises. Vous savez, à Funchal, c'est la police de Salazar, le dictateur portugais de l'époque Salazar, qui accueille nos réfugiés. Les policiers leur interdisent de descendre du bateau.

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Pour eux, tous les Estoniens sont des communistes. C'est une question de principe. C'est quand même un comble quand vous savez que précisément, les nôtres sont en train de fuir le communisme. Finalement, après huit jours d'attente, après un interrogatoire qui n'en finit pas au commissariat, ils vont être autorisés à repartir.

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Et cette fois, c'est une traversée de cinq cent cinq mille milles qui les attend pour atteindre l'Amérique. La grand mère le répète mieux vaut se noyer que de rentrer. Ils n'ont de toute façon aucune intention de faire machine arrière. Les jours suivants se passent bien, disons le, presque paradisiaque. Joli soleil, brises régulières, Lerma vogue sous les alizés durant ces journées. Puis on se met à rêver d'une nouvelle vie à Innov finir ses études de pharmacie. Valdemar veut exercer son métier d'historien, ce qui était bien sûr impossible.

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Et sous les nazis et sous les Soviétiques, Ari se voit parcourir l'Amérique du Sud. Paul Semet voudrait se mettre à son compte. Maya donne des cours d'anglais aux enfants à bord du bateau et un jour, un jour, on voit un cachalot qui fait 15, 20 mètres de long et qui manque de renverser les embarcations. Ils l'ont encore échappé belle à la fin du mois de novembre. Ils estiment qu'ils ne sont plus très loin. Ils commencent leur remontée.

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Ils font route maintenant vers les États-Unis et c'est à ce moment là que la météo se dégrade, que la mer démontée, avec des vagues qui atteignent des hauteurs gigantesques.

[00:15:55]

Vous vouliez de la musique estonienne?

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Eh bien, en voici l'Orchestre symphonique d'Etat d'Estonie sous la baguette de Pain Vos yeux vie interpréter ce chant à la mémoire de Benjamin Britten Darveau Perte Arvo perte dont Jérémie me disait tout à l'heure qu'il est le compositeur classique vivant le plus joué dans le monde.

[00:16:15]

Franck Ferrand Si tu christiques à la tempête est extraordinaire avec des larmes qui soulèvent le navire et quand d'un seul coup on redescend, c'est pour découvrir qu'il y a à l'horizon des rangées de lames identiques. Une tempête qui va durer pendant trois jours et deux nuits, qui va épuiser les passagers de Lerma et surtout, une tempête qui va les repousser très au large.

[00:16:38]

Ils sont maintenant complètement à l'opposé de l'Amérique. On est début décembre 45. Nos 16 réfugiés sont transis de froid. Ils ne sont pas du tout équipés pour affronter les éléments et pour affronter l'hiver, ils n'ont plus de provisions. Disons les choses il faut manger un petit verre de Ripart par jour maintenant. Et le 12 décembre, ils sont à 50 Maïlys seulement d'Atlantic City, à 150 kilomètres de New York. Ils seront là, tout près du but.

[00:17:03]

Quand une nouvelle tempête se lève, elle les a. Elle les a surpris. Celle là, elle les repousse, mais cette fois, très au sud, elle annule presque la distance qu'ils ont parcouru en une semaine. Vous vous rendez compte alors qu'ils n'ont plus de vivres et qu'ils sont à bout. Et de nouveau, on est en pleine mer. Il n'y a plus de moteur et la cuve de fuel est tasset et il n'y a pas de chauffage.

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Non seulement il y a plus de vivres, mais il y a quasiment plus d'eau douce. Ils sont condamnés. Le seul espoir maintenant, ce serait de rencontrer un autre navire. Harry était à la barre et je pompey quand Allen est arrivé sur le pont, raconte Valdemar. Elle s'est tenue debout pendant un moment, scrutant la mer sans sans mot dire. Puis elle a pointé du doigt et crié Nous avons regardé à travers la neige qui tombait et nous avons vu un navire.

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Il se dirigeait vers nous à un quart d'heure de là, un navire américain de l'US Navy.

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Tout va bien à bord, demande le capitaine. Non, nous manquons d'eau, de vivres et de mazout, répond évidemment l'autre petit capitaine. Quand les Marines comprennent qu'ils ont affaire à des réfugiés baltes qui ont traversé l'Atlantique pour fuir Staline, vous imaginez? Ils sont ébahis. Alors, on va ravitailler Lerma. On leur donne du jambon, du cacao, du lait, des vêtements chauds. On fait le plein de fioul. De quoi finir la route. Sauf que le lendemain, on dirait vraiment que c'est un fait exprès.

[00:18:23]

Lerma va perdre son hélice. Allez y! Était vraiment grand temps d'arriver le 14 décembre à 8 heures et demie. Nora va crier, taire. Et cette fois, c'est l'Amérique. Enfin, après cent vingt sept jours de navigation et où elle était partie en août, on est maintenant à la mi décembre. 127 jours depuis Stockholm, 58 jours depuis Madère. On peut arroser ça avec une bonne rasade de cognac. C'est du cognac que les Marines avaient offert.

[00:18:52]

On boit à l'Amérique, on boit à la liberté, ajoute Arvid. Et le lendemain, c'est sous la neige que nos réfugiés atteignent le port de Norfolk, en Virginie. Ils sont accueillis par des marines qui se sont attroupés sur le quai pour les observer débarquer. Les quatre enfants descendent les premiers avec leurs parents, puis les célibataires. Il faut imaginer ces réfugiés épuisés plus Camille gris par les semaines de jeunes, l'APO par cheminée, par le soleil et par le vent et les Embrun.

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On les conduit au chaud. On leur prépare du café bien chaud.

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Et puis, dans les jours qui suivent, eh bien, ça y est. Enfin, ils peuvent se laisser envahir par le seul sentiment dont ils avaient vraiment rêvé. Celui de la sécurité. Ne plus être sur ses gardes. Ne plus se sentir en danger. On avait presque oublié ce que c'était depuis tout ce temps. Les articles de presse vont se multiplier non seulement en Amérique, mais dans le monde entier pour évoquer l'épopée des Vikings de la liberté. On va en faire un véritable sujet dans ce début de guerre froide.

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C'est presque des articles de propagande. Ils vont obtenir d'abord un visa de séjour aux Etats-Unis pour six mois, puis la naturalisation après quelques années avec plus ou moins de facilité, il faut quand même le dire, ils deviendront bien comme ils voulaient.

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Journaliste, chercheur en laboratoire, employé municipal à Miami, un autre à Chicago, ingénieur chez Boeing. Et puis, certains vont rester marins.

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Ce sera le cas de Harry David et de Paul. Quant à Lerma, cette espèce de bateau qui les avait beaucoup fait souffrir et qui, en même temps, les a conduits vers la liberté et la sécurité. Lerma coulera à son ponton aux alentours de 1965. De tous les passagers, seuls deux des enfants et leur mère auront l'occasion de retourner en Estonie. Mais ça, ce sera en 1991, après la chute de l'Union soviétique. Et là, ce sera dans de bonnes conditions, par avion et en tant que touristes.

[00:20:53]

Voici quelqu'un qui ne vient pas du tout en touriste au micro de Radio Classique. C'est vraiment un beau jeu de questions mis en bateau, en bateau, mais bien par la scène, autant avec les tempêtes qui nous entourent. Ce serait plus prudent. Alors, vous étiez à Lille hier, après enregistrer plusieurs émissions. Je sais que tout cela s'est très, très bien passé entre semelle spéciale de Gaulle et émissions qui seront diffusées tout au long de la semaine prochaine.

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Chaque matin, je vous vendrai les thèmes. Je m'adresse aux auditeurs en leur disant bonjour et donc que le général de Gaulle, c'est lui qui a voulu bouter hors de France les occupants. Il y a eu une Jeanne d'Arc qui a voulu bouter les Anglais hors de France il y a quelques années et je suis en train de lire. Je ne peux pas prendre votre voix, mais je commence ainsi. C'était en 2023. Passé par les circonstances poursuivre l'épopée de Jeanne, une autre Jeanne, j'eus tout loisir, depuis la coulisse, d'observer cette jeune fille inspirée, de l'écouter, de la comprendre, etc.

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Etc. La suite, c'est dans L'année de Jeanne, chez Plon, un livre fort intéressant. Et pour une fois bien, Franck se précipite dans l'avenir parce que nous sommes en 2023. Que va t il se passer à ce moment là sur des évènements actuels? On ne sait pas, mais vous le raconter à votre manière, avec d'autres jeunes que vous rencontrez et dont vous vous occupez très, très bien dans ce livre. Merci beaucoup, Christian. Vous me faites trop généreusement?

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Non, pas du tout. Ça va très bien avec votre costume et votre cravate. Tout va bien, c'est parfait. Et je rappelle que ce livre, L'année de Jeanne, c'est compliqué, car il faut le présenter comme ça et sorti chez Plon depuis le 1er octobre.