Transcribe your podcast
[00:00:00]

France. 9 heures 9 heures 30. Franck Ferrand raconte sur Radio Classique. Socrate n'a jamais rien écrit, il n'est l'auteur d'aucun livre. Et pourtant, après 24 siècles, son nom est toujours aussi présent.

[00:00:31]

Il est considéré comme un des pères de la philosophie occidentale et comme à tout le moins la conscience d'Athènes, Socrate n'a pas écrit, mais il a eu, il faut le dire, un merveilleux avocat en la personne de Platon. Il y a 25 ans maintenant, on a découvert à Athènes une tombe qui a été identifiée comme celle de Socrate, qui était mort en 399 avant Jésus-Christ, mort pour avoir bu la ciguë.

[00:00:55]

Tout le monde, plus ou moins, a entendu parler de cet épisode, mais je ne suis pas sûr qu'on en ait conservé toute la portée. La condamnation de Socrate à mort est intervenue à l'issue d'un procès qui demeure évidemment une tache sur l'histoire de la démocratie athénienne. C'est ce procès que j'aimerais donc évoquer aujourd'hui. Alors, il faut se remettre, bien sûr, dans le contexte de la démocratie athénienne de l'époque.

[00:01:22]

En 411, à Athènes, les aristocrates ont repris le pouvoir sur le Parti populaire et en 404, avec le soutien des Spartiates qui avaient gagné la Grande Guerre entre Sparte et Athènes. Avec le soutien des Spartiates, ces aristocrates avaient fondé la tyrannie des Trente. Or, en 403, patatras, la démocratie est rétablie par un certain Troisi Bul qui, aidé des Thébains, va chasser les 30 d'Athènes. Or, parmi les trente proscrits figuraient entre autres le fameux Critias.

[00:01:56]

Critias, ça vous dit quelque chose? C'est un des dialogues de Platon, bien sûr, mais c'était donc un disciple de Socrate. Vous imaginez bien qu'une fois la démocratie rétablie, on va en profiter pour attaquer le gêneur, l'empêcheur de tourner en rond. Ce vieux philosophe qui avait eu des sympathies avec la dictature déchue. D'une certaine façon, on doit pouvoir dire que l'heure est aux règlements de comptes.

[00:02:23]

Franck Ferrand Si tu christiques, alors il faudrait peut être avant tout que je vous dresse un petit tableau de ce que pouvait être Athènes en ce début du quatrième siècle avant notre ère Athènes. À cette époque, c'est la cité reine de la Grèce, bien entendu, et qui a laissé tant et tant de somptueux vestiges. Vous savez penser au nom du tragédien Sophocle, celui de l'homme d'Etat Périclès. C'est à l'historien Hérodote et au sculpteur Phidias.

[00:02:52]

Bien entendu, il y a eu à Athènes, juste avant l'arrivée de Socrate, il y a eu un véritable siècle d'or.

[00:03:01]

Athènes est une ville de dix mille maisons, nous disent les chroniqueurs du temps. Dix mille maisons. Autant vous dire peut être 250 300. Certains disent peut être même quatre cent mille habitants sur ces quatre cent mille habitants, 25 000 citoyens seulement. Vous allez me dire mais d'où vient cette très grande différence? Eh bien, parce que pour être citoyen à Athènes, il fallait être un homme et un homme libre. Ce qui veut dire bon, alors, bien sûr, déjà que toutes les femmes sont exclues de cette démocratie.

[00:03:32]

Les métèques, comme on les appelle. D'une façon plus générale, tous les étrangers résidant dans la cité n'ont pas droit de cité. En tout cas, n'ont pas droit de vote. Il faut compter aussi tous les enfants, bien sûr. Et puis, n'oublions pas les esclaves, qui sont extrêmement nombreux à cette époque, esclaves qui, bien entendu, ne sont pas des citoyens. Donc, il y a eu ce conflit entre Sparte et Athènes, un conflit qui a duré 27 ans et nous sommes maintenant à l'époque des règlements de comptes.

[00:04:01]

Et l'un des moyens de régler ses comptes, c'est de mener un procès, un procès devant la célèbre Boullet qui est le tribunal d'Athènes. Chaque année, les Athéniens élisent quelque 6 000 juges, un petit peu plus de 6000 juges, puisqu'en fait, c'est 12 collèges de 500.

[00:04:18]

Un juge pour qu'il n'y ait pas d'égalité. En cas de vote trop équilibré, 500, un juge multipliée par 12. Voilà ce qui constitue en quelque sorte la machine judiciaire d'une Athènes qui se veut donc démocratique et qui va juger cette machine. Socrate Socrate est le fils d'un tailleur sculpteur. Il est né dans une famille artiste. Son père s'appelait, soffre, honnissent que sa mère, Philarète, était sage femme. Et l'on dit que ça n'a pas été nul dans la méthode qu'avait Socrate d'interroger ses contemporains.

[00:04:52]

Vous savez, la célèbre maïeutique, il les faisait accoucher d'une vérité qu'il portait. Ces gens là, tous ceux qui croisaient son chemin qu'il portait sans le savoir. Voyez un peu à quoi ressemble Socrate doivent être vus des statues qui lui représentent. Il a 70 ans à l'époque. Il a un physique dont le moins qu'on puisse dire est qu'il est ingrat avec ses yeux globuleux et que son nez épaté, il a une grosse barbe blanche qui lui cache la moitié du visage.

[00:05:18]

Il est. Incertain alors surtout, il est toujours habillé d'une espèce de carré de laine plus ou moins propre dont il s'entoure. C'est un petit peu. Il est un peu habillé comme le sera au vingtième siècle Gandhi pour vous donner une idée. Il n'est pas du tout élégant, Sócrates, c'est le moins qu'on puisse dire.

[00:06:10]

Ça vous surprend peut être, mais c'est de la musique de la Grèce antique, un hymne au soleil tout droit sorti de ces temps très anciens.

[00:06:20]

Franck Ferrand sur Radio Classique. C'est en 469 que Socrate était né à Athènes. Entre parenthèses, c'est intéressant de voir. On pourrait d'ailleurs citer d'autres grands penseurs. Il y a eu en ce cinquième siècle avant Jésus-Christ. Il y a eu une période assez extraordinaire puisque on dit c'est la tradition en tout cas que Siddharta, le Bouddha serait mort en 483. Voyez donc, Socrate en Grèce naît dans la foulée de la mort de Bouddha, si je puis dire.

[00:06:51]

C'était une époque des veilleurs, une époque de grands penseurs de conscience. D'une certaine manière, c'est assez fascinant. Socrate vit à l'époque des fameux sophistes. On est dans une démocratie où le verbe a un rôle essentiel, où toutes les affaires se font par la parole, où il faut apprendre non seulement à s'exprimer, mais à se défendre, à tenir la dragée haute à ses interlocuteurs dans toutes sortes de débats. Il y a des gens qui se font payer pour vous apprendre le débat.

[00:07:21]

Ce sont les fameux sophistes qui sont capables, diton, de défendre à peu près tout et n'importe quoi. Ils sont capables, à deux minutes d'écart, de défendre une thèse et sont l'exact contraire avec autant de conviction et autant d'arguments. Et ça, c'est précisément ce qui rend Socrate malade. Lui veut s'approcher d'une vérité. Il refuse cette pensée pour la pensée. Il refuse cet exercice de style philosophique. Il faut vous dire que c'est un marginal. Socrate, il a quand même une femme, Xanthippe, qui est une femme acariâtre.

[00:07:54]

Tout le monde se moque de lui parce qu'elle passe son temps. J'allais dire aller là, l'attendre. Que le rouleau à pâtisserie, c'est un peu le genre de Xanthippe. Il a eu deux enfants, mais dans la pratique, il passe beaucoup de temps à se promener dans les rues, à interroger les gens. C'est cette fameuse interpellation qu'on appelle la maïeutique et qui veut conduire chaque citoyen à partir du moment où il s'adresse à Socrate, à révéler une vérité qui est en lui d'une certaine façon.

[00:08:19]

Dans Les nuées, qui avait été écrite vingt ans avant le procès, Aristophane s'était déjà beaucoup moqué de Socrate, qui était un gêneur, encore une fois, qui était quelqu'un qui ennuyait les Athéniens de son temps parce que ils avaient tendance, évidemment, à vous mettre en face de vos contradictions. Il était celui par qui le scandale arrive, celui par qui la mauvaise conscience finit par s'immiscer dans la vie. Il avait tendance notamment à essayer de faire penser les jeunes gens.

[00:08:48]

Et il y avait beaucoup de pères de famille qui se disaient qu'ils étaient bien assez grands quand même pour éduquer leurs enfants, qu'ils n'avaient pas besoin de cette espèce de vagabonds pour mettre de mauvaises idées dans l'esprit de leur fils. Sauf que Socrate, lui, considérait que c'était sa mission dans la vie. Alors à l'époque, on ne disait pas mission, on parlait de Daï Mone. C'était son démon. Si vous voulez, c'est à dire ce qu'il avait à accomplir dans l'espace de sa vie, il va donc être accusé de ne pas croire aux dieux de la cité.

[00:09:16]

Il faut vous dire qu'il remet beaucoup de croyances en cause et accusé surtout de corrompre la jeunesse. C'est donc devant le tribunal de la Boulaie qu'il va devoir répondre de ses chefs d'inculpation. Pour vous dire qu'à l'époque, il n'y a pas de ministère public à Athènes. Ce n'est pas comme ça que ça se présente. Il y a des accusateurs qui sont des accusateurs privés et qui vont mener l'accusation contre celui qui donc va devoir répondre de ses actes. Et celui ci ne peut pas avoir d'avocat.

[00:09:46]

Il a, c'est vrai, ce qu'on appelle un logo grave, c'est à dire quelqu'un qui vous aide à construire une plaidoirie. Mais cette plaidoirie? Soit vous êtes capable de la présenter seul, soit vous la lisez, vous l'a confié un logo, mais en tout cas, vous devez vous défendre seul. Donc des accusateurs privés face à un défenseur privé. Qui sont les accusateurs de Socrate? Il y a d'abord un tout jeune poète qui s'appelle Mais les lithos, qui est totalement imberbe, qui a un grand nez aquilin, nous dit Platon.

[00:10:15]

Pour tout dire, et qui va être le plus acharné, d'une certaine manière, contre Socrate, Lycos est un politicien du nouveau régime, quelqu'un qui veut asseoir la nouvelle démocratie athénienne et qui en veut à Socrate d'avoir eu pour ami un certain nombre de ceux qui ont mené la dictature des 30, et notamment le célèbre Critias. Et puis, n'oublions pas le plus méchant de tous. Si je puis dire à Mito, qui est un tanneur, lui, c'est un citoyen tout à fait ordinaire, si je puis dire.

[00:10:44]

Il n'appartient pas du tout aux classes élevées de la population. Il n'est sûrement pas un intellectuel, mais son père. Son père a été ridiculisé en public par Socrate. Un jour où Socrate avait eu avec lui un débat et vous savez, tous les débats avaient lieu sur l'Agora. C'était public et donc il y avait évidemment des réputations qui sortaient très écornée d'une confrontation avec Socrate. Mais les taux Stilicon et habito qui vont attaquer Socrate qui se défend lui même, mais ce qu'il faut vous dire, c'est que Socrate n'est pas un orateur, c'est un philosophe.

[00:11:19]

C'est quelqu'un qui vous amène à réfléchir. C'est quelqu'un qui est excellent pour vous poser des questions. Mais il n'est pas un orateur. Il n'est même pas, je vous l'ai dit, un auteur. Lysias, ce qui est le plus grand logographique de l'époque et le plus grand avocat, si vous voulez, lui propose de lui écrire une plaidoirie. Il fait d'ailleurs un beau discours de défense de Socrate. Socrate lit le discours et il lui dit Ton discours est très beau, Licia.

[00:11:42]

Mais il ne me ressemble pas. Crois tu qu'un manteau somptueux et des sandales magnifiques me conviendrait? Et oui, c'est un langage trop fleuri. Ce sont des références beaucoup trop raffinées pour un homme qui a bien l'intention de se défendre sainement, purement et simplement de cette accusation de corruption. Il ridiculise l'accusation de vouloir imposer de nouveaux dieux. Je ne crois à aucun, dit Socrate.

[00:12:10]

Il va contre attaquer. Il dit J'ai mené une longue enquête parmi les savants, car on m'a accusé.

[00:12:18]

On m'a beaucoup accusé de n'être pas aussi bon que d'autres savants. Alors, j'ai voulu rencontrer les savants. Je suis allé les voir. J'ai beaucoup réfléchi et effectivement, j'ai constaté que j'étais le plus savant. Le tribunal de la Boulaie murmure à ce moment là et oui, je suis le plus savant parce que en discutant avec eux, j'ai constaté qu'ils étaient convaincus de tout savoir. Or, moi, ce que je sais, c'est que je ne sais rien.

[00:12:46]

La véritable conscience, selon Socrate, c'est la conscience de sa limite.

[00:12:52]

Si vous me tuer Athéniens, ajoute Socrate, vous ne trouverez pas un autre homme comme moi. Apollon m'a mis ici pour maintenir la cité en éveil. Si vous me tuer, le dieu vous plongera dans un sommeil éternel.

[00:14:34]

En fait. Et pas. Les mots. Auto. l'Atrium musical de Madrid, sous la direction de Gregorio Panîs Aguas interprété cette musique de la Grèce antique.

[00:16:01]

Franck Ferrand sur Radio Classique. Alors, comment s'effectue le vote au tribunal de Laboulaye Beya, ces espèces de plantes toupies? Vous savez, comme des rondelles avec une tige de métal qu'on dépose dans une urne ou dans une autre est d'abord la première question qu'on pose aux 500 un juge qui se sont réunis, qui sont là en plein air. Imaginez le chant des cigales autour du tribunal de la. On est assis sur des petites nattes de jonc. Les juges vont donc défiler l'un après l'autre pour répondre à cette première question.

[00:16:32]

Socrate est il coupable?

[00:16:34]

Et soyons honnêtes, l'opinion est relativement partagée 220 juges vont considérer que Socrate est innocent et 281 seulement le considèrent comme coupable. C'est donc quand même particulièrement partagé. Donc, une chose est sûre maintenant, c'est que Socrate va être condamné. Ça, bien sûr, il n'y a aucun moyen de faire autrement puisqu'il est jugé coupable.

[00:16:59]

Mais le fait que le tribunal soit très partagé fait qu'il va très probablement éviter la mort. Quelle est la sentence la plus appropriée? Les Grecs pour pousser la démocratie jusqu'au bout. Les Athéniens avaient alors l'habitude de demander à l'accusé lui même la sentence qui lui paraissait le mieux adaptée.

[00:17:19]

Et voilà ce que va dire Socrate. Normalement, on pourrait penser que Socrate va dire Écoutez, bannissez moi ou condamnez moi à une lourde amende. Il a tellement d'amis riches, Socrate, que ses amis pourraient se cotiser pour payer son amende. Eh bien non. Lui estime que non seulement il n'a pas fait de mal, mais qu'il a fait du bien à la cité. Donc là, une fois de plus, il se montre incroyablement provocateur. Il ne reconnaît pas sa culpabilité.

[00:17:45]

Et d'ailleurs, voilà la sentence qu'il propose. Je propose, dit il, d'être nourri au Prytanée et le Prytanée. C'est l'institution la plus noble, la plus la plus chic et le plus dur de la Tène de l'époque. C'est un peu comme s'il disait Je vous propose d'entrer à l'Académie française. Oui, c'est un peu ça, hurlait littéralement parmi les juges. Tout le monde est scandalisé.

[00:18:03]

Et voilà la raison pour laquelle, au deuxième vote 361, je dis bien 361 juges contre 140 vont voter la mort pour le punir de cette espèce de hardiesse contre laquelle on n'a jamais rien pu.

[00:18:21]

Socrate entend la sentence d'une certaine manière, il l'avait prévu, c'est à se demander s'il ne l'a pas cherché. Même comme si Socrate voulait donner à ses disciples une ultime leçon, comme s'il cherchait une très noble porte de sortie. Vous sortez d'ici pour vivre? Lance t il au juge. Et moi, je vais en sortir pour mourir. Je ne sais de ces deux sorts. Lequel est le meilleur?

[00:18:48]

Franck Ferrand Christiques.

[00:18:50]

Socrate a bénéficié avant son exécution, si je puis dire. Avant sa mort programmée, il a bénéficié d'un petit sursis qui a duré un mois à cause des fêtes des Liên, dont l'exécution aurait dû être rapide. Sauf qu'en ce printemps, 399 avant notre ère, il y a des pèlerins qui sont partis, des pèlerins athéniens qui sont partis pour Délos. Donc, il est prévu que l'on suspende toutes les exécutions capitales pendant le départ des pèlerins. On attendra donc le retour du navire qui rentre de Délos.

[00:19:18]

Pendant ce temps là, inutile de vous dire que les disciples de Platon et de Socrate pardon, dont fait partie Platon, bien sûr. Les disciples sont complètement effondrés et ils vont tout faire pour essayer de sauver Socrate, écrit Criton va même lui proposer de l'aider à s'évader. Mais on ne peut pas aller contre les lois. Voilà ce que leur dit Socrate, qui est d'une sorte de calme olympien impavide. Et arrive finalement le navire de Délos. Et vient le terrible matin où la sentence va devoir être exécutée.

[00:19:53]

Il faut relire les dialogues de Platon, le Criton, le Phédon, etc. Phédon et là, bien sûr, et Criton et Apollodore. Criton est venu avec son fils Christos Bul Hermogène et pigeait Nakhlé Zips qui est là? Euclide, le célèbre mathématicien, Euclide et Platon, me direz vous? Non, pas Platon. Platon est malade. Ce jour là, il est resté chez lui alors que Platon considérait comme insurmontable l'idée de voir mourir son maître adoré.

[00:20:17]

C'est très probable. En tout cas, il ne va pas assister à la cérémonie. Alors Xanthippe est là, elle aussi, la femme de Socrate. Elle est arrivée dans sa prison. On vient de préparer Socrate. On lui a retiré ses chaînes pour qu'il puisse mourir en paix, si je puis dire, tout le monde est là. Et quand Antibes arrive, elle s'arrache les cheveux, elle se griffe le visage, élurent, elle pleure et Socrate la renvoie.

[00:20:37]

Il n'a pas besoin de tout cela du tout. Ce qu'il veut, c'est une dernière belle conversation, un dernier beau dialogue avant sa mort. Un dialogue pendant lequel, d'ailleurs, il va comme il le fait presque toujours. On parle de la musique, de l'art de l'âme et Socrate va s'agiter. À ce moment là, le bourreau pointe une tête et lui dit ne tagine pas trop Socrate. Sinon, le poison n'agira pas. Et c'est le seul moment où l'on va voir Socrate s'énerver un peu.

[00:21:02]

Il dit C'est ton métier, tu mettras deux fois la dose. Socrate va prendre un bain. Je veux éviter aux femmes le travail de laver un cadavre, dit il. Un bain qui va durer un peu. Et puis, il se représente dans la cellule. Tous ses disciples sont là, qui pleurent maintenant à chaudes larmes. Et Socrate les tence, littéralement. Si j'ai renvoyé les femmes, dit il, ce n'est pas pour que vous pleurez à leur place.

[00:21:25]

Et le bourreau arrive. Salut à toi! Que convient t il de faire? Socrate est le bourreau tant la coupe aux philosophes, une coupe d'une préparation où l'on a mis de la ciguë. Bien sûr, ce terrible poison, il suffit que tu boive, dit le bourreau jusqu'au bout. Et le bourreau explique que petit à petit, le poison fera son progrès, commencera par les pieds, puis par les jambes, et puis refroidira le ventre et jusqu'au cœur de Socrate.

[00:21:52]

Et quand il arrivera au cœur, Socrate sera mort. Que faites vous? Homme déconcertante, insiste Socrate. Voyant ses compagnons qui n'arrivent pas à s'empêcher de pleurer. Enfin, arrêtez, je ne veux point de tels excès. Le bourreau a confié la coupe à Socrate, qui la boit très calmement. Le bourreau lui tâtent les pieds et lui demande s'il ressent quelque chose. Non, dit Socrate. Il lui a ensuite les jambes. Et puis, petit à petit, petit à petit, le poison fait son effet.

[00:22:21]

Et le ventre de Socrate est déjà froid lorsqu'il appelle Criton auprès de lui et lui dit Criton, Criton n'oublie pas que nous devons un coq à Esculape. Je trouve ce dernier mot, ces ultima verba de Socrate absolument magnifique. Parce que d'abord, ils sont un pied de nez extraordinaire à cette démocratie athénienne qui vient de le condamner pour impiété, qui dit qu'ils ne croient pas aux dieux de la cité et qu'ils envoient Criton sacrifier un coq au dieu de la médecine à Esculape.

[00:22:51]

Mais pourquoi? Aux dieux de la médecine? Lui qui vient de prendre un poison qui est en train de l'emporter dans le tombeau est bien au dieu de la médecine. Peut être parce qu'il considérait que la vie était une maladie dont la mort allait le guérir.

[00:23:08]

Et voici Christian Morin Bonjour cher Christian, bonjour mon cher Franck, rendez vous demain matin, bien sûr, dès 9 heures. Et puis ce poison d'État, cette sigurðr, rappelons le, faite à base de sucre de grande ciguë. La grande ciguë, qui est une plante herbacée bisannuelle de la famille des A.P.C. Dont tout le monde parle, mais surtout fait très attention. Soyez prudents si vous faites un peu de.