La mort de Staline
Franck Ferrand raconte...- 1,470 views
- 22 Dec 2020
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9 heures 9 heures 30. Franck Ferrand raconte sur Radio Classique. MOSCOU Le samedi 28 février 1953, c'est le soir, la nuit est tombée sur la place Rouge et sur le Kremlin. Nous sommes dans le bureau du camarade Staline, 74 ans. Staline finit sa journée de travail. Vous savez qu'il règne d'une main de fer? C'est le moins qu'on puisse dire sur l'Union soviétique depuis trente et un ans. Un règne qui a coûté plus de 20 millions de morts.
Et encore, vous savez que les historiens ne sont pas tous d'accord sur le nombre de morts qu'il faille imputer à cette tyrannie stalinienne.
Après avoir signé un dernier courrier, Staline se rend dans la salle de cinéma du Kremlin, au premier étage, pour se faire projeter un film. Il a l'habitude de faire ça. Vous savez, il raffole des westerns, des films d'aventures. Il a convié. Quand vous recevez une invitation de Staline, inutile de vous dire qu'il vaut mieux pas ne pas y déroger. Il a convié quatre hommes pour lui tenir compagnie, quatre proches collaborateurs qui se plient à tous ses désirs.
Il y a alors c'est le plus lu, le plus fameux, peut être à l'époque, Beria Beria, tout chaud avec ses petits lorgnons replet, le bonhomme longtemps chef du terrible NKVD, la police politique.
Beria, c'est l'homme des purges, c'est l'homme des exécutions massives et du goulag. C'est le plus dangereux des compagnons de Staline, Malenkov. Et là aussi, avec son visage rond, la raie à gauche et la mèche à droite, le numéro deux du régime. Il est assez proche de Beria, lui aussi. Tout ce monde là forme une espèce de petit club. Khrouchtchev est là également.
Il est chauve, aussi, trapu, un peu plus massif que les autres, le regard espiègle avec les dents du bonheur. Le patron du Parti communiste à Moscou est un homme respecté et assez craint également.
Son poste est exposé, mais c'est un personnage madré, Khrouchtchev.
Qu'est ce que vous voulez? Il est très malin. C'est lui qui va d'ailleurs raconter le début de cette soirée. Et puis, il y a également le ministre des Armées, qui est un proche de Khrouchtchev et qui s'appelle le maréchal Bülent Guanine. Il est 11 heures du soir. On voit apparaître sur l'écran, dit M. Bien allons, dîner! Décide Staline. Il n'aime pas rester seul. Sa femme s'est suicidée vingt ans plus tôt. Vous savez, depuis, Staline est toujours toujours très entouré.
Les cinq hommes vont traverser Moscou en direction de la datcha du tyran, la datcha de Coons Séveno, qui se trouve à 10 kilomètres à l'ouest de Moscou. Chacun est de sa six, l'ESI. C'était ses limousines noires, toutes chromées et conduites à tombeau ouvert par le chauffeur du Kremlin. On arrive donc à coinçait au cœur d'une forêt de pins. Les voitures franchissent une à une la double enceinte gardée par des sentinelles. Il y a partout, constamment des patrouilles, beaucoup de chiens, etc.
Les limousines se rangent, se garent devant la datcha, vaste demeure aux murs verts, aux lignes horizontales, avec un rez de chaussée, un seul étage.
C'est là que, depuis les années 1930, Staline a choisi de vivre. C'est là qu'il passe le plus clair de son temps.
Franck Ferrand, raté, christiques.
Et le dîner va commencer dans le salon lambrissé. Cela peut durer jusqu'au petit matin parce que le maître est insomniaque. Il va lancer quelques boutades à ses convives et souvent, il le répète. Qu'est ce que vous feriez sans moi? Vous êtes plus impuissant que des chatons aveugles tout juste venus au monde. Les quatre invités font semblant de rire. Il rit jaune. Ils savent bien qu'ils vivent avec une épée de Damoclès au dessus de la tête parce que ce tyran est plus paranoïaque que jamais.
Il vient de brutalement limoger son secrétaire après vingt ans de bons et loyaux services. Pourquoi est ce qu'il l'a limogé? Pour avoir égaré des documents. Il a fait fusiller sa femme. Il a accusé l'ancien ministre Molotov de travailler pour L'intelligence Service britannique. Il a surtout commandé un rapport qui est en train de travailler à un rapport qui s'accumule sur la je cite la négligence et le laisser aller criminel de Beria à la tête des services de sécurité. Autant vous dire que Beria, pendant ce dîner, n'est pas très à l'aise.
Il sait que ses jours sont comptés et d'autant que Staline vient d'imaginer un nouveau complot d'envergure le complot des blouses blanches, six semaines plus tôt. La Pravda, le quotidien officiel, décrivait l'existence, je cite, d'un groupe terroriste, de médecins ayant pour but d'abréger la vie de dirigeants importants en leur administrant des traitements nocifs.
On sait bien, on sait bien qui qui est visé. Tout l'entourage de Staline n'a qu'à trembler. On voit bien sûr que c'est Staline lui même qui a commandité cet article. Comme la plupart des grands articles de la Pravda et son médecin, le propre médecin du dictateur est suspecté. Il a d'ailleurs. Torturé, interrogé très longuement au début, la Pravda évoquait une liste de neuf assassins en blouse blanche, la plupart juifs, à la solde des sionistes et des Américains.
C'est la phraséologie officielle. Et puis puis la liste est passée à plusieurs dizaines et bientôt à 150 conjurés. C'est bientôt toute la société qui serait menacée par un vaste complot juif international. Dans un livre très assez passionnant qui s'appelle Le phénomène Staline, Vladimir Fédorovski l'affirme le livre est paru récemment aux éditions Stock de Vladimir. Le temps est venu d'une épuration générale dans les rouages de l'Etat avant l'étape suivante, qui devrait être la déportation massive des Juifs. Engrenage kafkaïen où les dirigeants des services de renseignement militaires sont torturés quand ils ne sont pas violés et fusillés.
Ça rappelle les grands procès des années trente. Ça rappelle la Grande Terreur. Voilà ce qui attend non seulement Beria et les convives de Staline dans la datcha de Conceiçao. Mais voilà ce qui attend toutes les élites de ce pays. Il est 4 heures du matin quand le dîner s'achève. Staline, enfin, se retire dans sa chambre. Et c'est donc Khrouchtchev qui raconte.
Après cette séance, nous étions rentrés chez nous heureux, car rien n'y avait mal tourné. Les dîners chez Staline ne se terminaient pas toujours sur une note agréable. En fait, tous les convives qui sont là, coincés, vous ignorent que ce dîner aura été le dernier. La suite, c'est Alexandre Bibine, le garde du corps de Staline, qui la racontera en 1988, à la faveur de ce qu'on appelait à l'époque la glasnost.
Un témoignage, celui d'Alexandre Roubine, qui a été repris par le soviet Golog Nicolas Verte dans la revue L'histoire en 2013. La nuit est passée. Il est maintenant 14 heures, le dimanche 1er mars 1953, toujours dans la datcha de Staline. Le personnel s'inquiète. Aucun bruit ne filtre des appartements du maître. Il n'a même pas réclamé son déjeuner. Vers 18h20. Soulagement. Une lumière, enfin, semble s'être allumée dans son bureau. Seulement, il est bientôt 20.
Et puis 21 heures. Et Staline? À peine? Toujours pas. Personne n'ose entrer dans sa chambre parce que il est strictement défendu qu'on le dérange. Ça se rappelle ce qui s'était passé avec Hitler au moment du débarquement. Personne n'osait entrer. C'est l'arrivée du courrier du Kremlin à 23 heures qui va dénouer la situation. Gate Chef, qui est le vice commissaire pour la datcha, s'empare de ce prétexte du courrier pour pénétrer enfin dans les appartements du tyran.
Et la stupeur. Le petit peu, le petit père des peuples. C'est comme cela qu'on appelait Staline. Et là, qui gît au sol, sur le tapis de son bureau. Il est en pyjama et tricot de peau parce que le chef s'approche.
Staline roule des yeux effarés. Il est vivant, il est vivant, mais il est incapable de bouger. Il est incapable de parler. Il est là, qui gît, terrassé. Le deuxième mouvement de la symphonie numéro 10 de Dmitri Chostakovitch par l'Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam, sous la direction de Marie-Suzanne sonne en fait, cette symphonie, ce court scherzo, se voulait un portrait au vitriol de Staline après sa mort, vous l'aurez compris, puisque la symphonie a été créée le 17 décembre 1953 à Leningrad.
Franck Ferrand Si tu critiques, on vous racontait tous ces événements. Je m'appuie toujours sur la version du garde du corps Alexandre Roubine. C'est lui que nous suivons. Alors, on a trouvé Staline paralysé au sol. On l'a porté jusqu'à un divan. Il y a urgence. La santé du chef a déjà été vacillante depuis des années. Il souffrait d'hypertension et Dark Thério sclérose. Et voilà qu'il vient manifestement d'être frappé d'une attaque. Il faudrait appeler un médecin. Mais en plein complot des blouses blanches, vous vous doutez bien que personne à la datcha n'a l'intention de prendre un tel risque.
Le vice commissaire lOscar chef préfère s'en remettre à sa hiérarchie. Il appelle le ministre de la Sécurité, qui s'appelle Gros Shove, justement, on prévient aussi Malenkov et Bull Guanine. Et tous décide d'attendre la décision de Beria.
Beria qui, comme par hasard, est introuvable. On le cherche. Beria, on le cherche partout. Pas moyen de mettre la main dessus. Les heures passent et Staline, toujours abandonné sur son divan, est en vie.
A l'heure où je vous parle, on finit enfin par dénicher Beria dans l'une de ses datcha. Immédiatement, il va prendre le contrôle de la situation. Surtout, dit il surtout, n'en parlez à personne. Je viendrai moi même avec des médecins de confiance. On ne peut pas dire que Beria, pour autant, se précipite au chevet de Staline puisque ce n'est qu'à trois heures du matin.
On est donc maintenant le lundi 2 mars. C'est à trois heures du matin que Beria arrive à la datcha, accompagné de Malenkov, mais sans aucun médecin.
Où est il?
Demande Beria aux gardes. On le conduit auprès du mourant. Staline est aussi immobile qu'une statue laisse de temps en temps échapper quelques râles.
Eh bien, vous voyez qu'il dort. Pourquoi tant d'histoires imbéciles? Laissez le dormir et ne nous dérangez plus d'Iberia qui va dissuader lentourage de faire appel à de quelconques médecins. Quant à Malenkov, Khrouchtchev à boulga Wolverine eux aussi décide qu'il est urgent de ne rien faire. Voilà comment Staline va passer une deuxième nuit sans recevoir aucun soin. Et au matin, inutile de vous dire qu'on ne constate aucune amélioration dans son état de santé. Les gardes rappellent Beria, Malenkov et Khrouchtchev et Jeanine.
D'autres ministres sont aussi informés.
On finit par trouver des médecins qui auscultent Staline pour la première fois depuis son attaque.
La première attaque avait eu lieu 24 heures plus tôt. Le malade était inconscient. Tout le côté droit de son corps est paralysé. Sa tension est à 19 11. Les médecins sont unanimes hémorragie massive de l'artère cérébrale gauche.
Il a fait un AVC, si vous voulez. Et Beria, à ce moment là, s'en prend aux médecins. Garantissez vous la vie camas? Le cas du camarade Staline et les médecins sont là et il essaie bien quelques remèdes, mais ils sont pétrifiés. On va jouer des ventouses, des piqûres de camphre, un stimulateur cardiaque. On va envoyer vraiment les remèdes élémentaires qui, bien sûr, se révèlent sans et sans aucun effet. Les principaux collaborateurs de Staline vont s'organiser pour veiller le mourant deux par deux dans une atmosphère de fin du monde.
Beria, Malenkov d'abord, von Vayer, puis Khrouchtchev et Boulga Ninh, puis Kaganovitch et Vorochilov. Beria fait venir les enfants de Staline, dont Svetlana, Bienentendu et Vassili. Et le lendemain et dans les jours suivants, l'état du grand malade ne fait que s'aggraver. Évidemment, c'est Svetlana Staline qui racontera dans ses mémoires. Cela s'appelle Vingt lettres à un ami. Je cite L'hémorragie gagnait le cerveau. Les dernières 12 heures, le manque d'oxygène devint évident. Son visage devenait de plus en plus noir.
L'agonie fut terrible. Il étouffait là, sous nos yeux. À un moment. Vers la fin, il ouvrit soudain les yeux pour envelopper tous ceux qui l'entouraient. Ce fut un regard horrible entre la démence et le courroux, plein d'horreur face à la mort et aux visages inconnus des médecins penchés sur lui. Et soudain, c'est toujours Svetlana qui raconte. Soudain, chose incompréhensible et terrifiante, il leva sa main gauche. On aurait dit qui m'ont dit que quelque chose haut et qu'ils nous maudissant.
Chacun est saisi d'effroi. Un frisson glacé parcourt Beria comme s'il doit du commandeur était là qu'il l'accusait. Mais la main de Staline finit par retomber et se met à vomir du sang. Il va bientôt perdre conscience et quelques heures plus tard, on peut dire que cette fois, ça y est. Staline est mort. Nous voici debout à côté du corps mort. Nous ne parlons presque pas, raconte Chauffes et Svetlana enchainent. Le silence de la chambre, où tout le monde était rassemblé autour du lit de mort, avait été déchiré par la voix de Beria, ouvertement triomphante.
Crost, Aliyev, ma voiture avant de partir, Beria, qui, on l'imagine, doit être infiniment soulagé, ordonne à tous les membres du personnel de la datcha le coup de cerveau de rentrer chez eux. Pas un mot, sinon vous serez immédiatement arrêtés. Staline a été victime d'une hémorragie cérébrale alors qu'il travaillait dans son bureau du Kremlin. Voilà ce que nous allons dire.
La date et l'heure officielle de la mort sont donc fixée au 5 mars, à 20 heures 50. Voyez pas grand chose à voir avec la réalité, évidemment. Et a une question demeure est ce que Staline est mort de cette seule attaque cérébrale ou est ce que on l'a un peu aidé à passer dans l'autre monde? Dans son livre sur Staline, l'admirent, Fedorov skient suggère que Staline ait été empoisonné sur ordre de Beria après la V.C. Qu'il avait subie.
Il s'appuie pour le faire sur des comptes rendus médicaux exhumés par la Pravda du 29 décembre 2005. Là, en plein air, poutine, la dimère Fédorovski nous dit le 4 mars la peau de son visage et de ses membres est bleu. Symptômes d'une intoxication par l'aniline, nitro, benzène et autre substance. Dans la nuit du 4 au 5 mars, les résultats de ces examens sanguins et d'urine révèlent d'un empoisonnement. Mais l'affaire demeure secrète. Le 5 mars, Staline vomit du sang.
Son pouls est imperceptible, sa cyanose est plus prononcée. Quant aux comptes rendus de l'autopsie mentionnant des hémorragies intestinales laissant supposer un empoisonnement, il allait disparaître sans laisser de traces, tandis que ses auteurs allaient être déportés sur ordre de Beria.
Là, vous voyez que l'accusation est assez est assez forte.
Alors tout ça, ce sont des soupçons, bien entendu. Mais pour le moment, il faut bien dire qu'on ne dispose pas de preuves formelles.
Valeri Guerguiev dirigeait l'Orchestre symphonique de Londres dans cette célèbre danse des chevaliers qui longtemps a servi de générique à l'ami Olivier Bellamy, que j'en profite pour saluer au passage, bien sûr, une danse des chevaliers signée Serge Prokofiev, qui est mort, figurez vous.
Le même jour que Staline, Franck Ferrand, si tu christiques. Pendant les cinq jours qu'a duré l'agonie du chef, Beria, Malenkov, Khrouchtchev et Bougane se sont réparti le pouvoir. Beria s'est imposé en plaçant son allié Malenkov à la tête du conseil des ministres et en s'octroyant pour sa part un super ministère de l'Intérieur, tandis que Khrouchtchev héritait du Parti du Parti communiste, tellement essentiel dans cette Union soviétique.
Immédiatement post stalinienne, il ne reste plus qu'à annoncer au peuple soviétique la mort de son guide avec un G majuscule. Déjà, le 4 mars, la voix grave et puissante de Iouri Lévitan, le speaker de Radio Moscou, avait annoncé que le petit père des peuples avait été victime d'une hémorragie cérébrale. Et pendant deux jours, la radio n'a diffusé que du bac, ce qui préparait évidemment à chaque fois les Soviétiques à un deuil. Et le 6 mars, à 4 heures du matin, roulement de tambour solennelle à la radio, puis la voix du speaker qui, lentement, prononce.
Chers amis, chers camarades, le président Joseph Staline est décédé le 5 mars à heures 50 d'une longue maladie et la précision de ce communiqué.
Immédiatement après, ce sera le quatrième mouvement de la Symphonie pathétique de Tchaïkovski. Tout à fait mortuaire à souhait dans Le Monde du 7 mars 1983, Jean Cathala, qui vivait alors à Moscou, s'est souvenu.
Partout, des haut parleurs clamaient des requiem. En Géorgie, on se épinglettes une image du défunt sur la poitrine, comme on fait pour les morts de la famille. Sur les quais de gare du Transsibérien, des sortes de reposoir drapés de deuil exposaient le portrait de Staline dans les églises, ont imploré le Seigneur d'accueillir parmi les saints son serviteur Joseph. Je ne suis pas persuadé que cette prière ait été entendue. Je ferme ma propre parenthèse, reprend le texte de Jean Català à Moscou après l'après midi du 6.
Peu après que le pardon dans l'après midi du 6, peu après que le corps eut été exposé au palais des syndicats, éclataient. Des émeutes de l'adoration des Kohut chargèrent hommes, femmes, enfants, se piétinant pour un dernier hommage à celui qu'on avait encore vénéré de loin. Les émeutes de l'adoration en question ont fait quand même, il faut le savoir, quelque 500 morts. Au bas mot, ce sont les derniers morts de Staline, si l'on peut dire.
Les obsèques vont se dérouler le 9 mars, à partir de 10 heures et demie du matin. On joue la marche funèbre de Chopin. Le corbillard est tiré par six chevaux noirs transportés à travers la place Rouge jusqu'au mausolée de Lénine. Les principaux dignitaires du régime sont là, qui vont prononcer des discours.
Seul Molotov écrase un sanglot. Peut être parce qu'il va retrouver son épouse que Staline avait envoyé au goulag en quelques semaines seulement. Beria, le tout puissant ministre de l'Intérieur, va abattre des pans entiers du système totalitaire qu'avait patiemment mis en place le camarade Staline. Il libère tous les accusés du complot des blouses blanches. Il amnistie un million 200 000 prisonniers sur les deux millions cinq cent mille que compte le pays. Il lève les restrictions de résidence et de circulation de millions de Soviétiques et il va jusqu'à imposer à la RDC la République d'Allemagne de l'Est.
Une libéralisation? Il envisage même à l'époque une réunification de l'Allemagne. C'est vous dire. La bouffée d'espoir provoquée par les émeutes à Berlin ne sera que de courte durée. Tout cela est assez vite réprimé, ce pas de trop vers l'Ouest.
C'est le faux pas que Khrouchtchev attendait le 26 juin 1953, au cours d'une réunion shakespearienne du Politburo, nous raconte Pierre Enquetes, qui a préparé ce récit d'aujourd'hui au cours de cette réunion. Khrouchtchev, maintenant allié à Malenkov, va faire arrêter Beria, qui est fusillé six mois plus tard et en février 56.
Eh bien, vous connaissez la suite. Khrouchtchev va pouvoir dénoncer les crimes de Staline. Le 31 octobre 1961, dans la nuit, dans le plus grand secret, le cercueil de Staline sera retiré du mausolée de Lénine pour être enterré au pied des remparts du Kremlin, sous une forte coulée de béton.
Néanmoins, est ce que pour autant, on a bel et bien enterré le stalinisme? La question reste posée.
Je sais que vous êtes nombreux maintenant, notamment parmi les très jeunes auditeurs, à attendre le père Noël, mais voici d'une certaine manière son grand chancelier. Il s'appelle Christian. Bonjour Monsieur, vous le savez, on peut le dire, son beau frère et son beau frère. Je n'osais pas le dire parce que vous souhaitiez que ça soit n'a aucun trait de ressemblance par le prénom. Demain matin, Louis ans d'Autriche seront évoqués par Franck. Je vous souhaite une bonne journée.