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9 heures 9 heures 30. Franck Ferrand raconte sur Radio Classique. C'est une des phrases que j'ai le plus souvent entendue depuis quelques jours à l'occasion des traditionnels échanges de vœux de bonne année. Oublions 2020 et consacrons nous à 2021, qui sera forcément meilleur avec cette réponse si naturelle qu'on pourrait le croire programmé. De toute façon, ça ne pourra pas être pire. Je sais bien que ce genre de formule n'est pas à prendre au pied de la lettre, mais ça n'en traduit pas moins un état d'esprit face aux évènements.

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Nombre de nos contemporains sont convaincus que nous devons la grave crise actuelle à un virus qui, par hasard, a ravagé le monde. Ils ne se demandent ni ce qui a pu provoquer ce virus d'une façon globale, ni, si j'ose dire. A qui profite le crime en termes géopolitique? Michael est dans ce qui nous arrive, la part imputable au virus lui même et la part qui revient aux solutions adoptées contre lui dans les grands pays occidentaux, pays eux mêmes placés à des degrés divers, sous contraintes hospitalières et sanitaires.

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Alors, allons plus loin.

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Rares sont ceux parmi les porteurs de bons vœux qui se demandent si tout ce qui nous arrive ne serait pas dû avant tout un changement du regard sur la vie et la mort sous l'effet d'un individualisme qui est devenu désormais souverain. Non, on se contente d'attendre que la page se tourne avec la conviction plus ou moins étayée que 2020 serait la pire année que l'humanité ait jamais connue. Regardez par exemple la couverture de Time Magazine à la mi décembre, un grand 2020 qui est écrit en noir, barré de deux traces sanguinolentes, vous savez.

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Et c'est avec cette une percutante que le célèbre hebdomadaire américain a une nouvelle fois fait parler de lui en dessous de deux mille vingt rayer rageusement quatre mots de Worst You Ever, la pire année de tous les temps.

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Des mots écrits entre parenthèses, sans point d'interrogation, comme une affirmation, comme une information ou peut être comme un soupir, me direz vous.

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Car en lisant l'article de Stéphanie Saint-Carreuc sur lequel repose cette Une, on découvre dès le début un contenu qui est plus circonspect que ne le suggérait la couverture. Et sans sous titres, elle écrit notamment cette journaliste Il y a eu des années pires dans l'histoire américaine et, de façon certaine, des années bien pires dans l'histoire du monde. Mais la plupart d'entre nous envie aujourd'hui, n'en n'ont jamais vu comme celle ci. Voilà plus de Nouvian, nettement plus juste.

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D'un seul coup, le nombrilisme de cette journaliste est d'ailleurs assez assez sidérant quand vous lisez l'article. Elle s'étend sur la pandémie mondiale, sur ces tragédies. Elle s'étend aussi sur d'autres grands évènements qui ont marqué 2020. L'incendie gigantesque en Australie pour ouvrir l'année, la mort terrible de George Floyd à Minneapolis, qui a suscité toutes les réactions que vous savez. Elle interroge aussi notre capacité à changer en profondeur. Elle constate un sentiment répandu d'impuissance et d'isolement. Et malgré tout ça, elle relève des raisons d'espérer.

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Parce que c'est après tout le métier qu'elle exerce au delà de cet état des lieux, en fin de bail d'une année étrange et difficile. On peut penser que Time Magazine, avec sa une racoleuse et son regard très américain, aura au moins eu une vertu celle d'ouvrir la voie à un débat. Débat utile parce que, justement, on sort de deux mois difficiles, inattendu, désarmant. Où pouvons nous placer 2020 parmi les années tragiques que l'humanité a connues?

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Cette émission de début d'année, je vous propose un petit retour en arrière qui va pouvoir nous aider, nous aussi, à appréhender différemment ce que nous traversons.

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Franck Ferrand C'est raté. D'abord, déjà, rien qu'au vingtième siècle, il n'y a pas mal d'années qui semble entre nous, soit dit un petit peu plus tragique que celle qui vient de s'écouler.

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D'abord, on nous vient à l'esprit. Tous cette cohorte de crimes, des crimes à échelle à peine croyable, de ces machines à tuer qu'ont été, au XXe siècle, les grands régimes totalitaires. Et puis, il y a eu les périodes dévastatrices des deux guerres mondiales, bien entendu. Un exemple qui, d'ailleurs, est évoqué dans le fameux article de Time. Là, c'est l'ultime séquence du premier conflit mondial 1918. On pourrait en dire beaucoup aussi sur 1914 1918.

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Ça fait quatre ans en quatre interminables années déjà que dure la Grande Guerre, qui mobilise plus ou moins tous les continents. Au début de l'année, la manière dont tout cela va finir est encore assez difficile à prévoir. Les deux camps ont été très fragilisés puisqu'en mars, la Russie, qui depuis octobre 1917 est devenue bolchevique, signe le traité la paix de Brest-Litovsk, ce qui est terrible pour les anciens alliés de la Russie. Parce que ça veut dire que d'un seul coup, les Empires centraux et l'Allemagne, tout d'abord, vont disposer de troupes qui sont libérées à l'Est.

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Pour vous? Pour pouvoir frapper un rude coup sur les fronts occidentaux. Bref, des victimes s'ajoutent encore et encore aux millions de vies que la Première Guerre mondiale a déjà coûté. Maintenant, l'Amérique est venue au secours de. Et entraîne de nouvelles nouvelles troupes dans les combats.

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Une Europe complètement épuisée, saignée littéralement, et dont chacun a un signe concret aujourd'hui, ce sont tous ces monuments aux morts dans toutes les communes. Quand vous voyez les noms. Bien sûr, tous ces noms des morts avec parfois plusieurs frères et ou plusieurs parents d'une même famille, il faut imaginer le traumatisme. Tous ses voisins, ses amis, ses pères, ses frères qui ont disparu dans la boue des tranchées. Mais il y a aussi des conséquences économiques au niveau mondial.

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Et puis, voilà qu'un nouveau mal vient s'ajouter à tous les autres. Au printemps 1918, une grippe se répand à travers le monde. J'ai eu l'occasion de vous raconter ça il y a quelque temps. Elle se répand d'abord en Europe, mais aussi ailleurs. Parce que l'Inde, par exemple, va être très touchée. On va nommer cette grippe la grippe espagnole. J'avais eu l'occasion de vous dire que c'était une appellation qui était due à un petit épiphénomène.

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Ce que la presse en Espagne était libre? Pas tout à fait, mais elle n'avait pas la même censure que dans les pays où régnait la propagande de guerre et que cela avait créé une distorsion. Les journaux espagnols étaient le premier à en avoir parlé, donc on l'appelait la grippe espagnole, mais elle venait plutôt des Etats-Unis. Peut être. D'ailleurs, au départ, venait elle de Chine, via les Etats-Unis, à porter, en tout cas en Europe, par des militaires américains qui étaient venus épauler les pays de l'entente pour essayer de remporter cet interminable conflit mondial.

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La victoire, d'ailleurs, va intervenir très tard dans cette année 1918. En novembre, vous le savez, évidemment. Et après ça, tout est à reconstruire avec un monde complètement secoué et une France qui va payer à toute cette affaire le plus lourd tribut.

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Je cite Jean-Christian Petitfils dans son Histoire de la France.

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Le bilan humain était effrayant 1 million 400 000 militaires tués et 3 millions 200 000 blessés sur 7 millions 800 000 mobilisés. A ces chiffres s'ajoutaient 210.000 victimes civiles et 400 000 morts de la terrible épidémie de grippe espagnole qui sévit en 18 19 1 million d'invalides de guerre, trois cent mille mutilés, six cent mille veuves, 700 000 orphelins. La pyramide des âges en fut durablement affectée au vingtième siècle et la société, on peut le dire, avait changé. Ah oui, ça, c'est autre chose que le coronavirus qui, en France, pour le moment, et quelque soit évidemment la révérence qu'on est envers tous ceux qui ont disparu sous l'effet de cette épidémie.

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Un coronavirus qui, pour l'instant, n'a tué en France qu'une personne sur 1000.

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La danse infernale du roi Kast Shaye, extrait de L'oiseau de feu d'Igor Stravinsky, l'Orchestre symphonique de la radio bavaroise, était sous la direction de Marissiaux Son. Franck Ferrand sur Radio Classique Alors je viens de vous parler de l'épidémie de grippe espagnole. J'aurais pu évoquer tellement d'autres l'humanité avant les progrès de la santé publique, avant l'apparition des antibiotiques et certains vaccins, était impuissante face au déferlement de tous les maux subis. Rappelez vous, je vous avais parlé de cette peste d'Athènes au temps de Périclès ou de la peste Antonine Autain.

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Autant de Marc-Aurèle. Plus près de nous, à l'époque des Grandes découvertes, aux 15e et 16e siècle, il y a eu en Amérique des ravages extraordinaires dans le sillage du premier voyage de Christophe Colomb en 14 192. C'était ce télescopage de civilisations qui, en même temps, était un télescopage bactérien et viral à l'échelle mondiale, avec des mots inconnus de part et d'autre de l'Atlantique qui, d'un seul coup, ont attaqué des organismes qui n'y étaient respectivement pas préparés, comme l'explique Nathalie Brown.

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Les populations américaines disposaient d'une tolérance pathologique limitée aux maladies américaines. C'est ainsi que la variole, le typhus, la rougeole aussi ont anéanti en quelques décennies quatre cinquièmes. Certains historiens nous disent même Écoutez bien ça. Neuf dixièmes des populations concernées le siècle qui suivit l'arrivée des Espagnols constituent la catastrophe démographique la plus grande de l'histoire, nous dit encore Nathalie Brom.

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Une autre épidémie tient une place à part dans la mémoire collective. Et si je ne l'évoquer pas ce matin, je pense que l'on se pose la question. C'est évidemment bien sûr ces années 13 148 149, 350 en plein milieu du 14e siècle, où s'est répandue la peste noire qui s'est abattue sur une partie considérable de l'Eurasie. Et ça, en quelques années. Donc, quand je dis l'Eurasie, ça allait vraiment de la Chine, bien entendu, en passant par le sous continent indien jusqu'à toute l'Europe, jusqu'aux confins de l'Islande.

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En Europe, elle est arrivée apparemment par des bateaux génois à Messine ou tout à fait sur la pointe de la Sicile. Vous savez, à la fin de 13 147, c'est une escadre qui arrivait de Crimée où avaient eu lieu des combats. Le port de Kafa avait été assiégé par les Tartares et en guise de bombardement, il s'était servi de corps de pestiférés envoyés par le ciel dans les murs de la cité, et des navires italiens ont emporté ce mal avec eux.

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À bord, déjà, des personnes avaient déclaré la peste. Mais en route vers la Sicile, il a fallu se débarrasser dans la mer d'un certain nombre de corps meurtriers sans vie. Et dès qu'on s'est rendu compte à Messine que ces marins venus d'Orient avaient apporté avec eux une terrible épidémie, eh bien on a constaté qu'il était trop tard, qu'on ne pouvait plus contenir sa propagation. Il y avait déjà trop de trop de personnes qui étaient porteuses.

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Vous savez en quoi consiste cette peste? Il y a deux déclinaisons la peste bubonique. Divers symptômes, dont l'apparition de bons gorgés de pus, dont certains sont plus gros que des balles de golf. Le malade est vite affaibli. Il meurt dans deux cas sur trois. Peut être même trois cas sur quatre. Là encore, tous les historiens ne sont pas tout à fait d'accord. Et il y a la peste pulmonaire qui touche directement le système respiratoire. Et là, celle là, on n'y survit quasiment jamais.

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La maladie se répand par les routes, les fleuves, les ports. Elle ne peut pas être arrêtée et la désolation qu'elle a semé sur son passage est indescriptible.

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On a vu des villes entières ravagées.

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On connaît bien sûr le célèbre exemple de la cité papale qu'est Avignon à l'époque. C'est Barbara Tucumán qui en donne une idée. Je la cite dans Avignon surpeuplée, ont assuré que quatre cents personnes mouraient chaque jour. 7 000 maisons vides avaient été fermées et un seul cimetière avait reçu 11 000 corps en six semaines. Une fois que tous eurent été remplis, on jeta les morts dans le Rhône jusqu'à ce que des fosses communes fussent creusées. Au total, ce qui, pour ce qui est de l'Europe de l'époque, le bilan est évalué à 30 40.

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Certains disent 50 pour cent de la population. Une personne sur deux, probablement, aurait disparu au cours de cette terrible peste noire.

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La guerre dans la guerre de Cent Ans?

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Voici ce que nous dit Jean Favier, toujours un bonheur de citer Jean Favier. L'épidémie est d'autant plus meurtrière qu'elle cesse rarement dans une ville ou une région avant cinq ou six mois. À Givry, en Bourgogne. Givry, une petite bourgade.

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Elle tue 11 personnes en juillet, 110 en août, 302 en septembre, 168 encore en octobre et 35 même en novembre à Paris. Elle dure d'un été à l'autre. Elle ravage Reince du printemps jusqu'à l'automne. La paralysie s'empare des villes et des villages. Chacun reste tapi chez soi ou prend la fuite. Dans un réflexe incontrôlable et inefficace de sauvegarde ou simplement de peur, ceux qui partent trouvent parfois au rendez vous la mort ou la xénophobie, comme on peut s'en douter.

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Toute sorte d'effet induit un effet socio économique, culturel, religieux, même effet inimaginable à long terme. On va parler d'un fléau du siècle à l'époque. On se met en quête de coupables faciles, et notamment les minorités juives qui vont, comme à chaque fois, payer un lourd tribut. Elles sont accusées d'empoisonner les sources d'eau, racontent toutes sortes de sornettes. Mais à chaque fois, les conséquences sont terribles avec des massacres. Rappelons de surcroît que pour la France, cette peste apparaît à une période difficile.

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C'est le début de la guerre de Cent Ans, marquée par toutes sortes de difficultés, de tous ordres, à commencer par des difficultés agricoles. On peut penser que tout ça a fait de ces années du milieu du 14ème siècle les pires années de l'histoire. Eh bien non. Un historien il s'appelle Mike McCormick nous dit qu'on peut trouver encore bien pire.

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Vous avez bien sûr reconnu le célèbre chœur de début et de fin de Carmina Burana s'appelle O Fortuna et c'est la belle version qu'en a donnée en 1993 le choeur Arnold Schönberg avec l'Orchestre philharmonique de Vienne, sous la direction d'André prévint ce Carmina Burana signé bien sûr Carl Orff.

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Franck Ferrand Si tu christiques, figurez vous que c'est l'analyse des carottes glaciaires qui a permis d'identifier une période terrible entre toutes dans l'histoire mondiale. C'est le milieu du sixième siècle de notre ère. Vous me direz pas besoin des carottes glaciaires pour avoir une image assez peu avenante de ce début du haut Moyen Âge en Europe depuis l'effondrement de l'Empire romain. L'instabilité politique générale est partout, avec beaucoup de sécurité, de guerres, de violences. S'y ajoutent des événements météo anormaux qui frappent de nombreuses régions du monde à partir de 536.

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Voilà la date où elle est prononcée. Sarah Serrement d'Adda, dans un article de Sciences et Avenir en 2018. Moodie. En cause une catastrophe climatique, peut être une ou plusieurs éruptions volcaniques qui auraient obscurci l'atmosphère au point de faire chuter la température d'un demi à deux et demi degré, phénomène décrit dans la littérature de l'époque et appuyée par des études précédentes. Résultat des conséquences désastreuses pour les récoltes et des sociétés fragilisées. De quoi, là aussi, favoriser l'apparition de toutes sortes de maladies plus dévastatrices les unes que les autres, dont la célèbre peste Justinien.

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Ce que McCormick Justel, justement, avec ses collaborateurs, prouve par les recherches qu'il a pu mener dans les profondeurs de la glace alpine, c'est que la présence de particules de plomb a subitement chuté dans l'atmosphère. Cela témoigne d'un terrible marasme, d'une production en chute libre. Et McCormick de lancer, toujours dans Sciences et Avenir, que je cite C'était le débit, le début d'une des pires périodes pour être en vie.

[00:18:06]

Si ce n'est, et voilà, ça y est 536 que vous avez retenu la date. Si ce n'est la pire année de toute l'histoire, Franck Ferrand, c'est raté.

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Christique, ce rapide aperçu de certaines des crises qui ont miné l'humanité.

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Terrible et effrayant. Évidemment, je ne vous parle là que des temps historiques, puisque nous ne savons rien de tout ce qui s'est passé pendant les millénaires de la préhistoire.

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Mais il faut arriver aussi à mettre un peu en perspective notre année 2020, qui a été présentée par le plus célèbre magazine du monde comme la pire année de l'histoire. Il faut le faire.

[00:18:44]

On pourrait dire que dans le passé, les gens disposaient de moyens infiniment inférieurs que les nôtres pour combattre les maux auxquels ils étaient confrontés. Nous n'en avons pas fini avec toutes les difficultés. C'est vrai que par essence, l'humanité est fragile. Peut être qu'en faite, ces rappels de la finitude humaine nous troublent parce que nous ne sommes plus ce que je vous disais pour commencer cette émission.

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Nous ne sommes plus tellement capables aujourd'hui d'affronter l'idée que. Eh bien oui, nous sommes fragiles, nous sommes mortels et que voilà, ça fait partie encore de la vie. La mort, d'une certaine manière, fait partie de la vie. Et là, il faudrait se replonger dans les travaux de Philippe Ariès sur la mort en Occident pour se rendre compte que cette mort, elle a été de plus en plus mise de côté, de plus en plus niée, de plus en plus cachée.

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Et que, peut être aujourd'hui, nous payons les effets ultimes de ce refus de voir les choses en face.

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L'histoire, comme vous le voyez, est un merveilleux moyen de remettre les choses à leur place.

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C'est toujours comme ça que je l'ai considéré que l'histoire d'un très grand réservoir d'expériences humaines qui permet justement de modérer certains jugements qu'on pourrait avoir. Ça permet peut être aussi parfois de combattre un certain repli sur soi. Bien entendu, si je m'en tiens à l'histoire de France, il est souvent arrivé que dans cette histoire de France, nous descendions assez bas. Vous savez, nous nous entendions assez loin dans le gouffre. Rappelez vous 14 120 au lendemain du désastre d'Azincourt, le terrible traité de Troie qui, carrément, allait jusqu'à donner la souveraineté française à l'Angleterre.

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À l'époque, et on sait que quelques années plus tard, c'est Jeanne d'Arc qui était arrivée pour mettre un terme à ce grand délire. En 15 125, il y avait dû là la défaite effroyable de François 1er à Pavie et Charles Quint.

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A l'époque, nous avait demandé une gigantesque rançon qui avait saigné à blanc le royaume de France. Et puis alors, on poursuit bien bien bien des dates 1712 en plein coeur de la guerre de Succession d'Espagne, où Louis 14 a bien cru qu'il allait perdre son trône et s'en servir lui même sous les ruines de la monarchie. Et puis 1814 1815, avec la double chute, si je puis dire, de Napoléon 1er et le Congrès de Vienne et l'Occupation. Là encore, les Alliés nous ont, en 1815, demandé des sommes énormes.

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Ils ne sont pas pris. Les Prussiens ne se sont pas privés d'en faire autant. En 1870, après l'effondrement de Sedan, et là encore, ça allait très mal. Je vous parlerai d'ailleurs de 1870 1871, là, dans les jours qui viennent. C'est un anniversaire. Et puis, bien sûr, 1940, est ce que j'ai besoin de développer 1940?

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Alors, je vous rassure, même en France, 2020 est donc loin d'être la pire année que nous ayons connue.

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Je me dis que si nos ancêtres ont si brillamment remonté des pentes bien plus abruptes, nous, nous devrions y arriver aussi.

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Et puisque nous sommes l'un et l'autre physiquement dans ce studio ce matin, j'ai grand plaisir à souhaiter une très belle année 2021 à notre Christian Morin National et j'en profite pour vous renouveler des vœux qui avait été enregistré la semaine dernière. Bonjour, chaque question que je partage avec vous à l'endroit de nos auditeurs. Bonjour Franck. J'imaginais un jeune historien comme vous en 2025. Des jeunes très braves, mais c'est la moindre des choses pour votre âge, en tous les cas en 2025 ou 2026.

[00:22:30]

Un historien qui pourrait raconter ce qui s'est passé en 2020? Eh bien, n'allez pas chercher midi à 14 heures. Plongez vous dans un monde qui s'appelle un roman d'anticipation écrit par Franck Ferrand, passé, mais façon historique un peu qui nous propulse en 2025 2026 par rapport à cette taille que vous avez aiguisée sur la période que nous traversons actuellement. Merci de le sens. Si oui, mais oui, parce que je suis plongé dans ce livre actuellement. Et si je fais le parallèle avec vos propos de ce matin, ça oui, ça va faire couleur locale, si j'ose dire.

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C'est vrai. Merci. C'est chez Plon. Je vous rappelle que bonne journée.

[00:23:09]

Et puis bien sûr, demain matin.