Lamartine Président !
Franck Ferrand raconte...- 1,539 views
- 8 Dec 2020
Alphonse de Lamartine demeure, dans l’inconscient collectif, un célèbre poète romantique, auteur de vers impérissables. C’est sa carrière politique qui nous intéresse néanmoins, et le rôle qu’il a joué en 1848.
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9 heures 9 heures 30. Franck Ferrand raconte sur Radio Classique. En France, le dix neuvième siècle est celui des révolutions et chaque fois que Paris gronde, ce sont un peu les mêmes scènes qui se rejouent les rues complètement coupées par des barricades, des barricades qu'on fait de plus en plus au déplaces, embraser les pavés couverts de sang, piétiné par des foules en colère, mais qui sont en même temps pleine d'espoir.
En ce 24 février 1848, cela fait trois jours que la capitale exprime son rejet du roi Louis-Philippe et de sa monarchie libérale. Les Parisiens veulent des réformes, des réformes sociales. Ils veulent qu'on donne davantage la parole au peuple. Bref, c'est un esprit nouveau qui souffle. On va bientôt appeler ça, vous savez, le printemps des peuples. On n'en est pas encore tout à fait là, au Palais Bourbon, à la Chambre des députés, si vous voulez.
La tension est vive. Le roi vient d'abdiquer et maintenant, les élus qui sont présents dans l'hémicycle vont devoir faire un choix.
Il va falloir soit maintenir un royaume, soit créer une république. Et on ne peut pas dire que le débat soit vraiment aisé. Des membres de la famille royale vont bientôt faire leur entrée. Et puis, ce sont des révolutionnaires qui forcent le passage. Tout le monde se bouscule un peu confusément. Les princes finissent par s'en aller. Et dans ce tumulte, un député monte à la tribune. C'est Alphonse de Lamartine et déjà, il est devenu en quelque sorte l'emblème du romantisme.
C'est un poète célèbre. Du coup, on veut bien l'écouter. Lui d'abord, il présente bien. Il a 57 ans. Il est assez grand, le front haut, le regard fin. Il a cette espèce de nez très long.
C'est remarquable, son statut d'historien engagé, d'auteur à succès. Un statut qui le sert. Mais ce n'est pas son seul atout. Depuis des années, le député mâconnais défend à la Chambre des idées qui sont des idées avancées, des idées réformatrices. Et puis, contrairement à d'autres, il a réussi à maintenir une certaine intégrité. On ne peut pas dire que il ait connu les rapprochements douteux avec la monarchie ou avec des partis que l'on considère comme immobiliste. Il n'est pas non plus radical.
Il est resté assez équilibré depuis le perchoir.
En tout cas, depuis La Tribune, c'est en homme modéré qu'il s'exprime, modéré et indépendant. Ce lyrisme de Lamartine, bien entendu, il avance l'idée d'un gouvernement provisoire. A ses yeux, la sérénité doit revenir pour que la France puisse ensuite faire des choix d'avenir. Mais alors que Lamartine parle de façon très, très ferme et très belle, un certain nombre de enragés font irruption dans l'assemblée.
Certains émeutiers paraissent nettement moins enclins à entendre ce qu'a dire Monsieur de Lamartine. Je cite Daniel de Montplaisir, qui vient de faire paraître une biographie du poète, un individu survolté et ne sachant à qui il a affaire. Mais Lamartine en joue, qui reste de marbre. Il tire, mais l'un de ses compagnons a eu le temps de dévier le canon du fusil. Il s'en est fallu de peu que le cours de l'histoire prit alors une autre tournure. De leur banc, les députés appellent le représentant de Mâcon à prendre la présidence de la Chambre, ce qu'il refuse.
Il refuse. Lamartine, mais en revanche, il va activement contribué au choix d'un certain nom d'un certain nombre de personnalités pour ce gouvernement provisoire qui va se mettre en place. Inutile de vous dire que parmi les personnalités en question, il s'est placé. Il ne s'est pas oublié. Bien sûr, il sait que maintenant, il va falloir agir très vite pour calmer Paris. Et pour cela, il a une idée entraîner une partie de la foule qui lui fait face en amont de la Seine, sur la rive droite, jusqu'à l'hôtel de ville où l'hôtel de ville qui est toujours le cœur de l'insurrection parisienne.
C'est là qu'il doit expliquer qu'il doit apaiser et convaincre. Je cite André Castelot dans un article dans un article d'historiens par la rive gauche, on se met en route.
Deux tambours, quatre ouvriers en blouse précèdent Lamartine, qui donne le bras gauche à un ouvrier armé et le bras droit, un garde nationale. Il faut du sang froid en direction de l'hôtel de ville. La situation devient vraiment houleuse. C'est très imprévisible. Il faut franchir des barrières, fendre la foule, ne pas trop redouter des hommes qui sont partout en armes. Enfin, on arrive à l'hôtel de ville. Lamartine entre avec plus ou moins près. Les membres du gouvernement qu'il veut faire adouber dans le bâtiment qui maintenant, est donc occupé.
On peut dire que l'agitation est grande. C'est la révolution. Victor Hugo a magnifiquement décrit ça dans ces choses vues. Le poète et ses alliés doivent discuter dans une pièce où la foule accède sans trop de difficulté. Ils n'en parlent pas moins des attributions gouvernementales. Lamartine sait garder pour lui les Affaires étrangères. Il a mis Arago à la marine. Intérieur à Ledru-Rollin. En bref, les socialistes et les radicaux n'ont pas l'intention de se laisser distancer. Il n'est pas question de se laisser mettre de côté.
Il se rappelle au souvenir de tous ces modérés et Lamartine, avec toujours cette attitude très posée qui est la sienne.
Écoute ce qu'on a à lui dire. Il argumente soit des postes vont être distribués à la gauche de la gauche, comme nous dirions nous aujourd'hui.
Des postes de moindre importance, disons le. Autre demande de la foule que l'option républicaine soit clairement admise.
La fin de cette journée intense va donc être marquée par des empoignades, des avancées confuses. Le gouvernement est confirmé. Le régime n'est pas loin d'être confirmé lui aussi. Et le lendemain, au même endroit, le débat va pouvoir se poursuivre. C'est un débat extrêmement, extrêmement nerveux. Bien entendu, le sujet le plus sensible du moment, c'est quel drapeau on va choisir. Vous allez me dire ils n'ont rien d'autre à faire maintenant, mais c'est le symbole.
Le drapeau, c'est essentiel. Dans la foule, beaucoup voudraient l'étendard rouge. Lamartine a laissé entendre qu'il serait prêt à accepter, mais ça n'a pas duré longtemps. Le voilà qui se lance de toute sa prestance face aux insurgés qui sont là, massés. Et il va défendre Lamartine.
Il va défendre le bleu blanc rouge. Ça ne plaît pas à tout le monde, seulement avec beaucoup de cran. Le poète fait fi des menaces qu'il entend çà et là. Il est grimpé. Il a grimpé carrément sur un siège et lance des mots qui sont restés des mots célèbres.
Le drapeau rouge que vous rapportez n'a jamais fait le tour du Champ de Mars, traîné dans le sang du peuple en 91 et 93, et le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie. Quelques mesures des Préludes Delitte. Bien entendu, l'Orchestre philharmonique de Londres a été dirigé par Bernard Haitink.
Franck Ferrand sur Radio Classique. C'est la révolution à Paris, alors Louis-Philippe s'est enfui. Pendant ce temps là, et on peut dire qu'il y a pendant ce tout début de la Deuxième République, une espèce de souffle, quelque chose de particulier dans l'air.
Il y a des gens qui sont d'origine sociale, qui sont d'opinion, qui sont de culture extrêmement diverse et qui paraissent au moins un temps prêt à avancer ensemble. De nombreuses réformes vont être lancées, dont la mise en place du suffrage universel. Je précise à l'époque bien sûr, que c'est un suffrage universel masculin.
On établit également des ateliers nationaux pour donner de l'emploi aux chômeurs. On sait comment ça finira, cette aventure. Mais à l'époque, on y croit encore. Lamartine, qui se veut toujours un peu au dessus de la mêlée. Vous l'avez compris, peut penser à ce moment là que la Concorde va l'emporter.
D'accord, mais l'élan commun ne va pas se maintenir bien longtemps.
Il faut le dire qu'au fil des jours, il va se fragiliser. Les divisions sont inévitables dans une alliance aussi hétéroclite que celle qui s'est mise en place dans ses tout premiers dans ses premières semaines de 1848. En résumé, vous avez d'un côté ceux qui veulent calmer la soif de réformes pour ne pas tout bouleverser et de l'autre, ceux qui veulent accentuer la révolution en remettant en cause l'ordre bourgeois et l'exploitation qui découle de cet ordre bourgeois et dont a tellement pâti la monarchie de Juillet.
L'arbitrage doit venir de l'élection de l'Assemblée constituante. Ça doit avoir lieu le 9 avril. Or, dans les milieux qui sont le plus à gauche, ce scrutin du 9 avril a de quoi inquiéter. Jusque là, le monde rural a été laissé de côté et il est à supposer qu'au moment où les paysans sont immensément nombreux et tout à fait dominants et majoritaires dans la population française de l'époque, au moment où les paysans vont devoir voter, eh bien ils opteront pour un vote conservateur hostile à toute radicalité parisienne.
Et c'est pour parer ce coup là que certains ont bien l'intention de faire pression. L'idée, c'est de repousser le scrutin. Le 17 mars, une vaste manifestation a lieu devant l'hôtel de ville. De nouveau, Lamartine se présente face aux mécontents. Il va mobiliser tout son art oratoire. Si vous me demandez de délibérer sous la force et de prononcer la mise hors la loi de toute la nation qui n'est pas à Paris de la déclarer pendant trois mois, six mois que Celje exclut de sa représentation et de sa constitution, je vous dirai ce que je disais à un autre gouvernement il y a peu de jours vous n'arrache rien, ce vote de ma poitrine, qu'après que les balles l'auraient percé, en voilà.
Au moins, c'est clair. Discours bien reçu. Le poète et ses alliés n'ont pas l'intention de flancher. Il accorde tout de même à cette partie un peu enflammée de la gauche une concession. C'est que l'élection aura lieu deux semaines plus tard par rapport à ce qui était prévu. Elle aura donc lieu à la fin du mois d'avril. Désormais, aucune manifestation ne pourra plus changer cette date et il va falloir que les électeurs s'expriment.
Les urnes vont parler, si je puis dire. Et elles sont sans appel, ces urnes. La France choisit la voie modérée, bien entendu, et les socialistes sont humiliés par ce scrutin. Ils vont avoir très peu de sièges. Je cite encore Daniel de Montplaisir. Lamartine apparaît plus que jamais au dessus du lot. Il a considérablement fait pencher la balance, obtenant pour lui même le plus grand triomphe électoral de toute l'histoire politique française. Le système permettant alors les candidatures simultanées dans plusieurs circonscriptions, comme le droit accordé aux électeurs de voter et d'élire une personne non candidate dans leur département.
Près de 1,8 million de voix se sont portées sur son nom, soit presque 23 pour cent des suffrages exprimés au plan national. Vous imaginez un Français sur quatre parmi tous ceux qui ont voté? Ils sont très nombreux, s'est prononcé en sa faveur. Autant dire que le poète est l'homme du moment.
Lamartine sait, se voit adulé, cependant, au moment de désigner les cinq commissaire chargé du pouvoir exécutif en attendant que la Constitution soit écrite. Les députés les lisent avec un score qui est assez médiocre. Il faut dire que Lamartine a déplu en tenant à ce que Ledru-Rollin, qui est la figure de la gauche républicaine vaincue, soit désigné quand même parmi ceux qui doivent qui doivent figurer.
Ça, c'est quand même. C'est quand même intéressant parce qu'on voit que Lamartine, dans toutes les circonstances, opte toujours pour la concorde, pour l'ouverture, pour l'apaisement, pour l'équilibre. Un geste d'ouverture qui a beaucoup agacé la droite, sans pour autant satisfaire vraiment la gauche ou la désolation. Depuis son élection, sur fond de détresse économique, se répand de plus en plus. Bref, certains vont décider de passer à l'action. Et à la mi mai, une foule fait irruption.
Rassembler les forces de l'ordre finissent par mettre fin à ce débordement, mais ça n'empêche pas un fort émoi. Et là, il faut bien dire que Lamartine est un peu dépassé par les événements. Peu après, c'est la remise en cause des ateliers nationaux qui, à l'Assemblée, sont accusés d'être beaucoup trop coûteux pour des résultats qui, il est vrai, sont assez peu probants. Puis, on dit que ces ateliers nationaux sont un véritable creuset de désordre. C'est une poudrière qui n'attend que l'étincelle.
Voyez un peu le tableau le 23 juin, l'insurrection qui couvait finit par exploser. Et de nouveau, ça y est, Paris s'embrase. Les quartiers se soulèvent. On voit des barricades s'installer sur les avenues et sur les boulevards.
Et dans ce contexte, Lamartine et son équipe n'ont plus la confiance des députés. Le pouvoir exécutif va être transféré au seul général Cavaignac, qui va se montrer d'une grande dureté et artisans d'une répression militaire d'une violence sidérante. On va relever au moins quatre mille morts sur le pavé. Des milliers d'émeutiers sont condamnés à la déportation. A l'époque, on déporte les gens en Algérie. Le parti de l'Ordre triomphe et le début du printemps, avec tous les beaux espoirs qu'il avait pu faire naître dans les quartiers populaires, paraît déjà loin.
Les idées de Concorde du poète ont beaucoup perdu de leur crédit et de leur éclat. Et d'ailleurs, depuis des semaines, les détracteurs de Lamartine disent que cet homme là n'est plus capable de tourner, n'est plus capable que de tourner des vers et qu'il n'est plus du tout capable de tenir le pouvoir. Son lyrisme, ses phrases un peu trop satisfaites, tout cela finit par agacer les gens. On se moque de lui. Certains vont jusqu'à le dire, compromis avec les semeurs de révolte.
Bref, en août, Lamartine va subir l'affront d'être carrément interrogé par une commission qu'il veut faire.
Qui veut faire la lumière sur un certain nombre de ses agissements? Autant vous dire qu'il n'est pas heureux.
Bien sûr, l'été va passer de façon assez pénible. Le poète se défend avec dignité. Les débats autour de la Constitution sont l'occasion pour lui de reparaître avec un certain brio au sein d'une arène politique qui l'écoute seulement d'une oreille. Le texte est voté le 4 novembre et une élection présidentielle doit découler bien entendu de cette nouvelle Constitution.
L'élection a été fixée au 10 et 11 novembre, donc élection présidentielle de la Deuxième République pour élire un président de la République. Lamartine, évidemment, est un candidat naturel dans cette élection, mais dans un premier temps, il se fait discret. Le redoutable Cavaignac est là, bien sûr. Il y a aussi Ledru-Rollin, le monarchiste Changarnier, qui va jouer un rôle. Le socialiste Raspail qui va laisser un nom. Tous ces gens là sont déjà en lice.
Et puis, il y a un aspirant au pouvoir qui, lui, est plus difficile à classer. Un certain Louis-Napoléon Bonaparte, qui n'est rien moins que le neveu de l'empereur qui est rentré d'exil, qui, entretemps, est devenu député. On peut dire que en cette année de rebondissements incessants, le scrutin s'annonce imprévisible.
C'est un recueil poétique de Lamartine intitulé Harmonies poétiques et religieuses, qui a inspiré cette invocation à Franz Liszt. C'était François Frédéric Guy qui était au piano.
Franck Ferrand Si tu christiques à l'époque une campagne présidentielle, c'est pas bien long.
En quelques semaines, Lamartine adopte une attitude de vrais faux candidats. On ne sait pas trop ce qu'il veut, en fait. Daniel de Montplaisir nous dit le 13 novembre, refusant aux citoyens de Mâcon la présidence d'un banquet où il pourrait présenter son projet pour la République. Il rejette toute idée de campagne. Je croirais indigne de la France de chercher à la capter par des démarches ou des paroles, dit il. C'est à mon pays de juger si je peux ou non lui servir encore à quelque chose.
A quoi bon un manifeste, un programme pour un homme que la France a vu agir en plein soleil pendant trois mois? Mon nom est un manifeste. Ma vie est un programme.
Si on me désigne, j'accepterai et je serai dévoué. Il s'adresse tout de même aux Français par écrit, à travers une vibrante profession de foi pour le régime qui vient de naître. Puis, il va consentir à se proposer un peu plus clairement pour l'élection. Ce qu'il explique par une sorte de nécessité d'être présent. Mais en même temps, il assure à des proches qu'il voit Cavaignac l'emporter.
Et comme il est, comme nous le dit Daniel de Montplaisir, il dit qu'il votera lui même pour Cavaignac.
Une question s'impose est ce que Lamartine est sincère dans tout ça? Ou est ce qu'il attend, sans l'avouer, que les Français lui offrent une sorte de revanche d'autant plus grande et vertueuse? Même qu'elle ne serait pas sollicitée, cette revanche qu'elle serait spontanée?
Bref, le vote finit par avoir lieu. Neuf millions de personnes vont se mobiliser.
C'est complet, c'est considérable.
Et au moment de faire les comptes le 20 décembre, eh bien, il y a plus d'une surprise. Je passe la parole à André Castelot.
Louis-Napoléon recueille 5 millions 658 mille suffrages, Cavaignac 1 million, 4 148.000 et Lamartine 17, 1910.
Un bourdonnement ironique se fait entendre. On murmure avec commisération Schütte inches qui, sans la pitié Victor Hugo, prétend que la droite éclata de rire. Chétive vengeance, pauvre sarcasmes des impopularité de la veille à l'impopularité de demain, dira Hugo. Comme l'explique Maurice Agulhon, ce que nous appellerions la classe politique avait été largement battue par un mouvement d'opinion irrationnel. Ni programme défini, ni personnage vraiment connu, mais une légende accrochée à un nom. Lamartine, lui, aura payé le fait de n'avoir pas fait campagne et le dénouement pénible de son printemps au pouvoir.
Sa position souvent jugée ambiguë également. Cet homme déquilibre sans étiquette, ça ne peut pas faire recette dans une élection populaire. Les uns l'ont accusé d'avoir trop ménagé la gauche. D'autres d'être un monarchiste qui ne s'avoue pas lui même. Un bruit souvent cité ajoutera que le monde rural ne connaissait pas l'auteur des Méditations poétiques et que quand ils ont vu ce candidat appeler Lamartine, ils ont cru que c'était Lamartine en deux mots, que c'était une candidate. Oui, au printemps, ça n'avait pas empêché le poète d'obtenir quand même un franc succès électoral, me direz vous.
Louis-Napoléon Bonaparte aurait suggéré à Lamartine d'entrer au gouvernement. J'ai perdu toute popularité, aurait objecté le poète. Très vexé. Vous l'avez bien compris, j'en ai pour deux.
Se serait t il vu répondre de la part du prince président? On en resta là. À part une courte interruption, Lamartine va rester député, prêt à défendre son bilan et ses idées. Puis ce sera le coup d'État de décembre 51, un coup d'État de Napoléon qui va bientôt devenir Napoléon 3 et qui met fin à la carrière politique de Lamartine. Après ça, il vivra un peu moins exposé, mais faisant face à de gros problèmes d'argent. Il reste quand même actif.
Il écrit beaucoup et il va finir par recevoir un soutien financier du régime impérial. De fait, le vieil artiste a entamé à ce moment là son déclin et il mourra un an avant la chute du Second Empire, en 1869, dans la mémoire collective.
Lamartine reste avant tout un poète. Oui, c'est un poète, bien plus qu'un homme politique, mais néanmoins, il me semble que ce serait dommage d'occulter l'œuvre politique de cet homme là. Il ne faut pas se contenter de la caricature. Il faut essayer de regarder ce qu'il a fait ou en tout cas, ce qu'il a tenté de faire. Il va rester sans doute l'un des pères fondateurs, courageux autant qu'ambitieux et parfois d'ailleurs en avance sur son temps. L'un des pères fondateurs de la Deuxième République et qui sait, peut être à sa manière, l'un des inspirateurs de la notre.
Merci beaucoup à Pierre-Louis Lancel pour cette émission sur Lamartine.
Le moment est venu de retrouver notre Christian Morin bonjour Christian, bonjour mon cher Franck, allongé sous les yeux, un livre dans lequel je viens de me plonger depuis quelques jours, qui s'appelle L'année de Jeanne. Si vous voyez ce que je veux dire, un certain Franck Ferrand, ce que j'adore, ce que je voulais citer ce matin, ce sont les exergue que vous avez placée en recoder Lamarche-Venne. Moi, de votre côté, Lamartine à vous, si j'ose dire.
Oui, les exergue d'un certain Chesterton que personnellement, j'adore cet auteur anglais, journaliste, poète, apologue de l'aube du christianisme. On peut le dire et il y a cette phrase que j'aime beaucoup. La seule façon de ne pas rater un train est de manquer celui d'avant. Certains évêques, souvent dans ma vie, moi, ce n'est pas terminé pour vous. Et ce que je voulais dire, c'est que la seule façon de ne pas rater. Franck Ferrand le matin, ce n'est pas de manquer, c'est l'émission d'avant.
Au contraire, puisque vous pouvez les retrouver en podcast, j'en profite, je le rappelle aux auditeurs et on vous retrouvera demain avec plaisir. Je rappelle le titre de votre ouvrage Franck Ferrand L'année de Jeanne, conte politique chez Plon. Un bouquin formidable. Je ne dis pas ça parce que nous sommes amis, mais je dois dire que je commence à me régaler. Oui, également. On peut rajouter aussi la préface m'a beaucoup plu parce qu'elle est tellement collée à notre actualité que c'est un régal et inciterait les gens à se plonger dans cet avenir que vous décrivez, que vous racontez puisque nous allons jusqu'en 2070, dont on verra bien tout ce qui va se passer en ce moment.
C'est plutôt la phrase, autant que faire se peut, que l'on devrait rajouter à tout ce qui est en projet. Je vous souhaite une bonne journée, mon cher Franck. Merci infiniment, Christian. Le plaisir de vous lire et de vous entendre, bien sûr.