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Prêt à écouter une histoire d'amour extraordinaire chez Mitic, on adore les histoires extraordinaires comme celle que vous allez écouter. Ça fait vingt ans que nous sommes convaincus que les vraies histoires commencent grâce à de petites attentions qui ont des pouvoirs extraordinaires. Mythique et ravi de sponsoriser ce podcast exces qui met en valeur tous ses débuts attentionnés, inattendus, passionnés, qui se transforment au final en histoires extraordinaires.

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Bonjour, je suis Agathe Lecaron. Bienvenue dans Exces, le podcast qui vous parle d'amour au travers d'histoires toujours extraordinaires. Comment aimer quand l'amour est condamné d'avance, peut on aimer sans se toucher? Daniel va vous raconter son histoire d'amour fou pour Franck. Un amour sans aucun contact, sans caresses, sans baisers, sans pouvoir même respirer celui qu'elle aime. Une histoire sans issue, mais une histoire avec de l'espoir. Une histoire dans le couloir de la mort. Une histoire extraordinaire.

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J'ai 46 ans, je suis divorcé et ça fait un moment que je suis célibataire. Je suis resté 15 ans avec mon premier Ribou et on a divorcé par consentement mutuel parce que bon, moi, j'avais fait le tour de la question.

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Par moments, je me demandais vraiment ce que je faisais là et j'ai préféré, par honnêteté, de lui laisser la chance de refaire sa vie. Entre temps, oui, j'ai eu des petites relations, mais jamais de très longue durée. Je n'ai pas d'enfant par choix personnel. J'étais bien dans ma vie. Mes beaux gestes étant curieux de nature et quand même un peu aventurières, va beaucoup même. Je voyage énormément parce que j'adore les voyages et j'adore la découverte.

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J'adore la nature. J'adore la photographie aussi, où j'ai fait plein de pays. J'ai fait la Thaïlande et l'Inde. J'ai fait les Etats-Unis plusieurs endroits. J'ai fait la Jordanie, l'Egypte, le Botswana, la Namibie, plein plein de pays. J'en oublie sûrement le Rwanda, l'Ouganda, l'Afrique du Sud.

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Donc, j'aime bien voyager seule. Bon, mais toujours quand même organisé et d'une certaine façon, pas du style sac à dos. Mais voilà quand même la découverte.

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Un jour, Baget, j'ai commencé à faire des recherches sur Internet parce que je voulais en savoir plus sur la peine de mort qui est encore fortement appliquée aux Etats-Unis.

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D'une part, une curiosité, d'autre part. Sujet assez tabou et que j'avais envie de creuser. Et j'ai trouvé une association ici en Belgique, qui cherche des correspondants pour des condamnés à mort. Ce sont des cons, les condamnés qui ont envoyé une lettre à l'association et l'association se charge de mettre cette lettre sur Internet. Donc, on peut lire un peu l'introduction du détenu. Suite à ça, on fait un choix si ça correspond à notre attente. Bon aussi, il explique un peu le dossier.

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Pourquoi ils ont été condamnés? Parce que bon condamné à mort, il y a quand même beaucoup de cadres bien différents. Et je n'ai pas envie d'écrire à n'importe qui, quand même. Je ne voulais quand même pas quelqu'un qui avait fait du mal à des enfants ou des personnes innocentes dans la rue. Des sujets un peu, je vais dire acceptable. Voilà des cas de légitime défense. Un meurtre par accident, par exemple. J'ai choisi six personnes, dont cinq Américains et un Blanc, et le hasard a fait que j'ai eu réponse des cinq Noirs, mais pas du blanc.

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C'est un peu difficile à expliquer, en fait, comment on choisit la personne, disons en lisant leur introduction, il faut déjà qu'il y ait un atomes crochus. Déjà, de par leur dossier, puis bon leur introduction. Des fois aussi, une photo peut faire quelque chose. Quelqu'un qui a quand même une bonne présence, qui a l'air d'être, d'avoir un visage honnête. J'écris donc la première lettre. C'était un peu je vais dire une lettre type que j'ai envoyée aux cinq personnes avec une photo parce que j'estime que c'est quand même bien agréable d'avoir une photo avec un nom plutôt que d'écrire à une personne complètement inconnue.

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Et donc, j'ai écrit Voilà, je m'appelle Daniel, j'ai 46 ans, je suis célibataire, j'aime la nature, j'aime les voyages, j'habite en Belgique, presqu'un petit CV. Et puis j'ai j'envoie deux semaines après, je reçois donc les lettres dans ma boîte aux lettres. Et là, c'est quand même une part de curiosité, d'excitation, d'ouvrir les premières lettres. Ces cinq détenus, mon mari ponde, ils sont tous au Texas, au couloir de la mort qui est situé à Livingston.

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Livingston est à environ à une heure. Dégustons. Disons qu'ils sont tous favorables à m'accepter en tant que correspondante. Donc là, ils s'introduisent un peu auprès de moi. Il m'explique aussi un petit peu ce qu'est leur vie. Certains m'expliquent leurs dossiers, d'autres sont un peu plus réservés. C'est bon. On tente un petit peu le terrain des deux côtés. Et puis, petit à petit, au fil des lettres, il y a une amitié et une certaine confiance qui s'installe.

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Mais c'est vrai qu'avec un détenu, j'ai quand même une relation qui qui est un peu plus profonde, où j'ai joué un peu plus de sentiments. Je vais dire qui commence à grandir au fil du temps.

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Je sens que cette personne est très honnête parce que dès l'entrée, il m'a proposé d'envoyer son dossier, chose que j'ai accepté. Mais il me dit OK, tu veux correspondre avec moi, mais moi, je veux que tu saches qui je suis, pourquoi je suis condamné et il m'envoie son dossier. Je n'ai pas épluché le dossier de gauche à droite et de long en large, parce que bon, c'est quand même les dossiers très complexes. Surtout que la justice aux États-Unis est très, très compliquée.

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Mais je trouve que là, c'est déjà une ouverture d'esprit qui m'a intéressé.

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Parce que bon, moi, je suis une battante. J'ai un caractère assez fort et de ce côté là bas, la personne me montré exactement la même chose. C'est un peu un retour de la situation. Voilà, un climat de confiance s'installe entre cette personne et moi et petit à petit, l'amitié va se transformer en autre chose.

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On se raconte la vie, le travail, surtout de mon côté. Bon, je lui pose des questions. Il répond à mes questions comment il passe ses journées s'il a d'autres correspondants. Il m'explique un peu comment est la vie au couloir de la mort en m'expliquant que 22 heures par jour, il est enfermé dans une cellule qui fait deux mètres sur deux mètres 80 qu'il n'a pas de contacts humains, que les visites se font toujours derrière la vitre, qu'on n'a pas le droit de se toucher.

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Voilà, il m'explique un peu sa vie en prison et moi, je lui explique ma vie à l'extérieur et je partage des choses avec lui et avec les autres détenus aussi. Des choses que eux ne peuvent plus vivre. Je parle de mes promenades, j'envoie des photos aussi, puisque j'adore la photo, j'envoie des photos de ma vie, de la maison de la nature. J'explique les odeurs. Voilà, j'explique ma vie, tout simplement. Au début, c'est un peu espacé puisque bon, j'ai écrit, j'attends la réponse, j'ai écrit.

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Mais au fil du temps, j'ai eu lettre toute la semaine, trois lettres par semaine. Et puis c'est devenu tous les jours.

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Il a exactement le même âge que moi. Il s'appelle Franck. Deux semaines plus âgées comme moi, parce que lui, il est né le 15 mai. Moi, je suis né le 28 mai de la même année 1959. Franck a été abandonné à l'âge de 3 4 ans par sa mère, qui était une toxicomane. Il a été abandonné dans la rue et il a été recueilli par un membre de gants, une tête de gomme, les Crypt à San Antonio, au Texas.

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Il faut savoir que là bas, il y a énormément de gars et il a grandi au sein du Gorm, comme on pourrait dire au sein d'une certaine mafia. Donc, il a connu la rue, les trafics de tout genre. Et quand son parrain, celui qui l'a adopté, est décédé, c'est lui qui a repris la tête du gang. Et enfin, il y a eu une guerre des gangs. Comme dans toutes les villes où l'air Begum, ici, c'était une guerre de gangs entre les blocs, les crypt.

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Franck était un crypt et en fait, il y avait deux autres gars qui voulaient sa mort comme il était un gros bonnet. Ils ont essayé de le tuer. C'est lui qui a tiré en premier, donc il a tué deux membres du gang adverse et malheureusement, c'est un cas de légitime défense. Mais au Texas, ça n'a pas été reconnu.

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Là, il y a neuf ans qu'il est déjà au couloir de la mort. Avec la première lettre que j'ai reçue, il y avait des photos, mais c'est sympa parce qu'au mois où on s'imagine la personne à qui on écrit, c'est plus facile, c'est plus sympa. Je le trouve très beau, très charmeur. Il est grand, musclé. Donc oui, je le trouve très attirant. Je continue à écrire au 5 tout en disant à Franck que j'écris, j'écris avec d'autres détenus qui sont dans la même prison.

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De toute façon, tout ceci est là dedans et je ne veux pas jouer à cache cache. Donc, je lui dis que j'ai d'autres correspondants et je lui donne les noms et tout. On est en confiance l'un envers l'autre. Petit à petit, il y a des sentiments qui s'installent et assez rapidement, moi, je décide aussi de vouloir partir pour rendre visite.

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Donc je commence à préparer mon voyage parce qu'en fait, les détenus, il a une liste de visiteurs.

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Il peut avoir dix personnes qui leur rendent visite. Dans la prison, mais pour ajouter quelqu'un sur la liste, ils peuvent seulement faire ça tous les six mois. J'ai la chance que Franck. Très vite, peut changer sa liste avant que j'entame mon voyage.

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Deux semaines avant mon départ pour les États-Unis, le départ qui est prévu en septembre, je reçois une lettre de Franck où il me dit que malgré à jamais eu de relation amoureuse avec une de ses correspondantes du fait qu'il était en prison, il ne veut pas s'engager là dedans.

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Mais malgré lui, il est tombé amoureux de moi et il me dit que si moi, de mon côté, je ne ressent pas la même chose, il me renverra toutes mes lettres. Mais il arrêtera de m'écrire parce que ça deviendra trop difficile. Et moi, de mon côté, je le lui jusque là. Je ne lui ai jamais avoué mes sentiments parce que je ne voulais pas le faire fuir, sachant qu'il n'était pas à la recherche de moi. Je n'étais pas à la recherche non plus.

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Ça s'est fait tout simplement. Donc, je réponds à cette lettre en disant que j'ai prouvé exactement la même chose pour lui. Mais il y a eu des circonstances par lesquelles il n'a pas reçu la lettre.

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En fait, je parle aux Etats-Unis fin septembre 2005 pour aller rendre visite à ce moment là, j'ai le dernier vol qui quitte Amsterdam pour Eustathe parce qu'il y a un gros ouragan qui plane sur tout le Texas et une partie de la Louisiane. Je reste bloqué trois jours à Eustathe parce que les gens évacuent. Je reste trois jours et puis seulement, je me dirige vers Livingstone via une station de radio locale pour les détenus. Ils ont tous l'habitude d'écouter cette émission.

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J'ai la possibilité d'envoyer un message en antenne pour dire que je suis bien arrivé à Rustom, mais que vu la situation avec l'ouragan que je ne peux me rendre à Livingstone, il y a des coupures d'électricité. Les gens évacuent parce qu'il y a beaucoup, beaucoup de dommages. J'ai réservé dans un genre de chambres d'hôtes, mais la chambre d'hôtes est fermée parce qu'il y a un arbre qui est tombé sur le toit. Je cherche un autre endroit, mais du fait que les gens évacuent tous les hôtels, les motels sont remplis et j'ai la chance de trouver une dernière chambre dans un petit motel à Livingstone.

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Jusque là, je ne sais toujours pas s'il a reçu ma lettre ou pas. Ça reste le mystère jusqu'au jour de ma visite. Le jour de ma visite, je me rends à la prison, je rencontre une Anglaise qui est là pour visiter aussi, qui m'explique un petit peu la procédure pour entrer dans la prison.

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C'est quand même un peu impressionnant de rentrer dans une prison à haute sécurité aux Etats-Unis sont quand même des bâtiments où il y a beaucoup de sécurité. Déjà, quand on arrive avec la voiture, il faut sortir de la voiture pour ouvrir le coffre, il faut ouvrir le capot. On regarde aussi. Vous n'avez rien dans le véhicule. Puis on va stationner. Puis on se rend à l'entrée. Il faut enlever les chaussures, pécho, enlever les manteaux, un peu comme à l'aéroport.

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Et puis, on passe par le détecteur, on donne son passeport et alors on reçoit un document prouvant que vous avez bien réservé une visite avec tel ou tel détenu. Et puis, vous pouvez rentrer avec une pochette en plastique avec 20 dollars en monnaie. Pas de billet. C'est tout ce qu'on peut prendre avec un mouchoir en papier. C'est le seul objet qu'on peut prendre à l'intérieur de la prison. Évidemment, la tenue vestimentaire est assez stricte aussi, c'est à dire on ne peut pas avoir les épaules dénudées, pas de grand décolleté, pas des jupes qui sont plus courtes que deux doigts au dessus du genou.

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C'est une prison d'hommes, donc on doit quand même rester assez discrète. Je m'habille quand même toujours très féminine. Des chaussures à talons. Robes, jupes. J'essaye d'être coquette, de ma prêter sans trop de maquillage parce que je suis quelqu'un d'assez naturel, mais quand même coquette et féminine. Oui, parce que je trouve que c'est très important d'être présentable, d'être jolie.

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Il y a quand même un petit peu l'angoisse de rentrer dans cette prison qui est immense. Il y a la curiosité, il y a l'excitation du moment.

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C'est un mélange de plein de sentiments.

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En fait, je rentre dans la salle de visite.

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Je donne mon papier à la gardienne qui alors appelle l'escorte, le team d'escort. Ce sont deux gardiens qui se rendent chaque fois en cellule pour aller chercher le détenu qui attend une visite. J'attends patiemment sur ma chaise. Et puis, une demi heure après, je vois Franck arriver. Je l'ai tout de suite reconnu. Puis on va faire entrer Franck dans C'est comme une cabine de téléphone, en fait. Donc lui, on le fait rentrer par derrière, menotté.

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Puis, une fois qu'il est dans la petite cabine, il doit passer les mains dans un trou dans la porte pour enlever les menottes. Et puis, il prend le téléphone parce qu'on communique par téléphone du fait qu'il y a une vitre. Moi, je prends aussi mon téléphone et là, moi, je lui dis Bonjour mon amour. Comment vas tu? Je vois le regard très surpris sur son visage. Et à ce moment là, je lui pose la question, je dis mais a tu reçu ma lettre?

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Ben non, il me fait suite à l'ouragan, etc. Service postal? Il n'y en a pas depuis deux semaines. Je n'ai pas reçu ta lettre, mais il avait un sourire jusqu'aux deux oreilles parce qu'il avait eu sa réponse. Ma réponse à sa lettre, mais de vive voix. Ce qui est encore beaucoup mieux. Et du coup, la glace était rompue. Ce jour là, nous avons quatre heures de visite et le lendemain, nous avons encore quatre heures de visite parce que chaque détenu a droit à une visite spéciale pour des personnes qui sont éloignées et donc à plus de 250 km venant de la Belgique.

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C'était beaucoup plus loin encore quatre heures. Au début, on parle beaucoup, on parle de nos sentiments, on parle, on fait, on fait un échange.

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Je ne saurais pas dire exactement ce qu'on raconte, cette première visite, mais c'était quand même très intense. J'ai les petits papillons dans le ventre, comme une gamine de 15 ans, et je vois bien que lui, il est super heureux aussi de m'avoir d'avoir ma visite.

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Et encore plus de savoir que j'ai les mêmes sentiments pour lui que lui. Il là, pour moi, on ne peut pas se toucher parce qu'on est séparés par un double vitrage. Ça, c'est très frustrant. Alors on met la main sur la vitre. Chacun de son côté. Mais bon, forcément, double vitrage. On ne sent pas la chaleur de l'autre personne. C'était très frustrant, mais c'est comme ça au Texas. On n'a pas le choix.

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C'est pour moi, mais c'est pour tous les détenus et pour tous les visiteurs. C'est pour les familles. C'est possible pour les enfants qui ont leur père, qui est condamné et qui ne peuvent jamais prendre leur papa dans les bras. Donc sais, ce sont des situations très difficiles, mais on n'a pas le choix. Il faut les accepter. Les regards sont très importants. D'ailleurs, on ne s'est pas quitté les yeux dans les yeux, tout le temps, tout le temps.

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Oui, c'est très intense. Je suis vraiment comme dans une bulle. D'ailleurs, je ne me rend même pas compte que plus loin, il y a d'autres personnes qui ont des visites. Je suis vraiment dans ma petite bulle avec lui, sur notre petite planète.

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Après ces quatre heures, on doit se quitter. Et là, c'est difficile parce que moi, je quitte, mais je quitte pour le monde extérieur, mais lui, je dois le laisser là, dans sa cellule. C'est un peu comme un abandon, malgré que je sais que je vais la revoir le lendemain. Mais c'est très difficile de laisser une personne qu'on aime derrière, sachant que la vie y est très, très, très, très difficile. J'en parle dans ma lettre parce que dès que je rentre à l'hôtel, je commence à lui écrire.

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Et là, je lui explique le sentiment que j'ai le sentiment que Bob, c'est difficile de l'abandonner et de la laisser là, alors que moi, je peux aller où je veux. Il y a un très beau parc à Livingstone, au bord d'un lac qui est magnifique. Il y a des couchers de soleil superbes. Et ça me fait mal de ne pas pouvoir partager ça avec lui. Donc, je décris tout ça dans ma lettre. Je n'ai pas le droit de lui donner quoi que ce soit.

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Donc j'ai l'ai à l'hôtel et puis je vais la déposer à la poste à Livingstone. Parce que si on va la poster à La Poste, lui l'a déjà le lendemain, parce que celle ci, c'est le même village, donc le courrier est très vite distribué.

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Le lendemain, je m'apprête, je me fais toute jolie, je mets d'autres vêtements que la veille. Je me rends à la visite et de nouveau les petits papillons. Le bonheur de retrouver Franck, de faire, d'avoir des échanges avec lui, de sentir que les sentiments de la veille sont toujours là, même encore plus profond. Et je vois que pour lui, c'est la même chose. C'est le bonheur de partager ces quatre heures ensemble, malgré que quatre heures sur une chaise avec un téléphone, c'est pas très confortable, mais le bonheur est tellement intense que on oublie où on est et on est dans notre petite bulle.

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À nous à se partager le bonheur et l'amour. En fait, j'avais 8 heures de visite pour le mois de septembre et la semaine d'après, j'ai encore deux journées de quatre heures et c'est à ce moment là qu'on commence à parler de sa condamnation. Donc là, il me dit que effectivement, il a tué deux personnes, que c'est un cas de légitime défense, que c'était dans le contexte Dagorn dans la rue, mais que oui, effectivement, il a tué deux personnes, mais deux personnes qui ont qui veulent le tuer, lui.

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Donc, c'est un cas de légitime défense. Mais au Texas, ce n'est pas reconnu en tant que tel. Donc, il sait très bien que les chances de sortir du couloir de la mort sont très petites. Mais on s'accroche à un bras, une brindille d'herbe, on s'accroche à quelque chose, un espoir.

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On vit le moment présent plus que penser à demain ou après demain. On vit le moment présent parce qu'on sait que l'avenir est incertain. Chose que je conseille encore le jour d'aujourd'hui. Vivez chaque jour à 100% parce que nul ne sait de quoi demain est fait.

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En tout, je suis resté trois semaines au Texas quand la dernière visite est arrivée là, c'était encore beaucoup plus difficile, parce que non seulement en quittant ce jour là, je retrouve l'extérieur, mais je sais aussi que le lendemain, je reprends un avion pour revenir en Belgique et que je le laisse.

[00:24:48]

Lui a autant de milliers de kilomètres derrière moi, dans sa cellule en béton. A ce moment là, je suis sorti Tami. Donc, là, c'est encore beaucoup, beaucoup plus difficile et je n'ai qu'une hâte, c'est de retourner au Texas et je lui promet de revenir au plus vite fin novembre, mais je pars avec la boule au ventre, bien sûr. Et quand l'avion décolle, je pleure.

[00:25:20]

Là, il y a de nouveau les échanges de lettres qui se fait il y a donc 6 semaines à peu près entre mon départ et mon retour au Texas. Et là, à ce moment là, à partir de ce moment là, on s'écrit tous les jours, lui aussi bien comme moi, donc, qui a du courrier qui arrive, pour ainsi dire tous les jours. Tout commence à se mettre en place et les sentiments commencent à s'approfondir de plus en plus.

[00:25:48]

Au début, c'est un peu difficile parce qu'il faut se dire aussi que toutes les lettres qu'on envoie détenus, tout le courrier vérifié et lue par le préposé au courrier. Donc, on se met un peu à nu devant des gens qui ne connaissent pas. Moi, je fais, je fais l'amour sur papier et Franck fait l'amour sur papier, mais d'une façon très, très belle, très romantique. Pas de vulgarité. C'est des caresses, beaucoup de tendresse.

[00:26:20]

On s'échange nos désirs. Voilà les rêves. Il y a une grande sensibilité et tu dis c'est très tendre, tout en douceur, et je me nourris de ça. Et lui se nourrit de ça.

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De toute façon, on n'a pas le choix. J'en parle autour de moi, mais je suis quand même une personne. Je m'en fous de ce que les gens peuvent penser. Je ne demande pas aux personnes de comprendre. Je demande simplement de respecter mes choix parce que mes choix, je les assume jusqu'au bout et ce sont mes choix. Et je ne me laisse pas dicter ma conduite par qui que ce soit. D'accord ou pas d'accord. Comprendre, pas comprendre.

[00:27:06]

Respecter, tout simplement, c'est tout. Et je dois dire, mon entourage n'a pas vraiment beaucoup juger. Ma propre maman m'a dit. Cet avis ne pense pas à moi, pense à toi. Si c'est ton bonheur, vas y. J'avais, j'avais son accord, maman avait approuvé. Malheureusement, elle est décédée quelques semaines avant mon premier voyage pour le Texas. Mais elle était au courant et elle avait approuvé. Elle m'avait donné en quelque sorte sa bénédiction.

[00:27:47]

Oui, en fait, à ce moment là, on vit d'une visite à l'autre, d'un voyage à l'autre. On est à peine dans l'avion. Qu'on pense déjà au prochain. Parce qu'on ne vit plus que pour ça, on ne vit plus que pour les moments qu'on peut partager ensemble. Oui, il y a forcément les lettres, mais une lettre ne remplacera jamais une visite. On peut lire quelque chose, mais être face à la personne qu'on aime, les yeux dans les yeux, ça reste quand même beaucoup plus profond.

[00:28:21]

Puis Franck, malgré tout, c'est un grand romantique, il écrit des poèmes. Quelque part, le romantisme que je n'ai jamais connu dans mes relations avant Franck.

[00:28:36]

Je repars fin novembre pour une semaine de visite. Et puis j'ai mes visites de décembre. Et puis je reviens en Belgique encore. Et puis la fois d'après, ce sera en février. Et là, on fête le 14 février. On décide de se fiancer. Et moi, comme petit cadeau, j'ai fait tatouer les deux lettres d f entrelacés sur ma cheville gauche. C'est comme un petit tribal, mais en fait, ce sont les deux premières lettres de nos prénoms entrelacés.

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Et lui, il a fait la même chose aussi. Il a le même tatouage que moi parce que je lui ai envoyé le projet. Et lui, il a réussi à le faire en prison, malgré que c'est interdit. Mais en prison, il y a beaucoup de choses qui se passent, qui ne sont pas autorisées, mais qui se font quand même. Comme dans toutes les prisons du monde d'ailleurs, on avait parlé des fiançailles et à ce moment là, on a parlé du mariage.

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Effectivement, oui, parce que comme comme je dis, moi, je suis quelqu'un qui va au bout des choses.

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Donc moi, je dis Diabo, j'aime Franck, Franck même. Donc on va au bout des choses et je vais être là pour lui, pour le meilleur et pour le pire. C'est quand même la Saint-Valentin, toujours des amoureux. C'était malgré tout, malgré le contexte difficile. On se fait des belles promesses.

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Ce jour là, tout en sachant que le pire peut arriver, mais toujours en gardant dans le coin de nos têtes un petit une petite lueur d'espoir. Après ses fiançailles, moi, je reviens en Belgique et puis au mois de mai 2006, tout en Belgique et je pars vivre au Texas.

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Tête baissée, sans vraiment avoir pris les bons renseignements. Quels sont mes droits en vivant là bas? Etc. C'est un peu l'erreur que j'ai fait de ne pas me renseigner correctement avant de partir pour vivre aux États-Unis. Il faut avoir soit un travail là bas, de travailler pour une société là bas ou quelque chose comme ça. Avoir des revenus, mais dans le cadre d'un mariage, puisque nous avons planifié notre mariage pour le 6 juin, on ne peut pas faire une application pour devenir résident aux États-Unis à travers d'un mariage avec un détenu.

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Puisque c'est un mariage qui n'est pas consommé. Il est légal sans être légal. Il est légal parce qu'on se marie à la mairie, mais il n'est pas légal au milieu de limites au niveau de l'émigration. Je ne peux pas faire ma demande de carte verte à travers ce mariage là, mais à ce moment là, je ne sais pas encore. J'habite d'abord quelques semaines chez une dame qui correspond aussi avec un détenu qui d'ailleurs va se marier aussi. Et puis, la cohabitation ne se passe pas très bien.

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Donc un mois après, je décide de louer mon propre endroit. Et là, je loue une petite maison au milieu d'un beau quartier tout vert où il y avait les biches qui se promenaient la nuit par un endroit magnifique, à dix minutes en voiture de la prison. Mais un endroit très paisible et c'est ce que j'ai besoin quand je suis là bas. J'ai besoin de descendre dans la nature, d'être tranquille, parce que quand même, les visites à la prison, c'est quand même stressant, malgré le fait qu'une personne qu'on aime, ça vous prend énormément d'énergie parce que c'est un vase clos.

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C'est une ambiance. On n'est pas assis dans le canapé à la maison. Donc j'ai besoin d'être dans la nature et c'est vraiment un endroit rêvé où je me retrouve en pleine nature. Si j'arrive le 26 mai au Texas et le mariage est prévu pour le 6 juin. En fait, en ce qui concerne les condamnés à mort qui ne peuvent pas avoir de visites contacts, je dois me rendre à la mairie avec une personne qui a été désignée par Franck Frankl lui donne le pouvoir de remplir les documents au moment du mariage.

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Donc, le préposé de la mairie me marie avec cette personne désignée par Franck. Cette personne me met la bague au doigt. Et puis après, je me rends à la prison en robe de mariée qui était de couleur corail parce que le blanc étant interdit puisque les détenus sont en blanc. Et j'avais passé mes quatre heures de visite avec Franck le jour de notre mariage.

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C'est un moment de pur bonheur, parce qu'évidemment, il est très fier d'avoir son épouse, qui est toute jolie, qui est toute rayonnante, et il me demande même de marcher tout le long dans la salle de visite pour me montrer aux autres détenus. Je demande bien sûr l'accord à la gardienne qui est présente ce jour là, qui est une dame adorable. Donc, elle m'autorise à aller jusqu'au bout de la salle de visite pour montrer ma robe aux autres détenus.

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Parce qu'après, je suppose qu'ils en parlent de ce qu'ils ont vu dans la salle de visite ce jour là. Franck et Touré, on en est fou de joie et il est super heureux, très fier.

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Il n'a pas le droit de porter son alliance parce qu'on ne peut pas faire rentrer des objets à l'intérieur de la prison.

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Malheureusement, donc, la personne qui est mariée avant d'être incarcérée à la droite, de garder son alliance. Mais la personne qui se marie une fois qu'il l'aide dans la prison ne peut pas avoir de nouveaux objets. Après cette belle journée, je rentre chez moi puisque j'habite là bas et le lendemain, j'ai encore 4 heures de visite. Donc, on parle le lendemain, on parle de jours avant comment on a vécu, comment je me suis senti, comment lui s'est senti par rapport au fait que nous sommes mariés.

[00:35:28]

Il faut aussi savoir comment j'ai fait légaliser le mariage en Belgique. J'ai dû faire traduire tous les documents en français, faire apposer ta postede lahi pour pouvoir enregistrer mon mariage en Belgique pour qu'il soit à 100% légalisé.

[00:35:46]

Après ce mariage, malheureusement, au mois d'août 2007, moi, je dois quitter le Texas parce que je ne peux pas rester là bas pour des raisons de visa. Je dois revenir des Etats-Unis. Bon, après, je continue à faire les allers retours jusqu'au jour fatidique, le 17 octobre 2008, où là, France est appelée par la cour parce qu'il a. Il a utilisé tous ses appels. Il arrive en bout de procès et il est appelé à San Antonio, là où le crime a eu lieu.

[00:36:27]

Il doit apparaître à la cour pour recevoir sa date d'exécution. Donc là, je la prends, je prends un vol dare dare pour être présent le jour où il passera à la cour et donc je suis dans la salle à cours et là, c'est encore plus difficile parce que là, il est à trois mètres de moi. Il n'y a pas de vitre et je ne peux pas le toucher. L'envie est forcément aillet de courir vers lui dans la série dormait bras.

[00:37:02]

Mais je sais aussi bien que si je fais cette démarche, je risque d'être arrêté. Donc je ne bouge pas, mais c'est très difficile et en plus, entendre le juge prononcer la date de son exécution. C'est le couperet, c'est le couperet, on se dit c'est pas possible là, presque tous les espoirs s'envolent.

[00:37:28]

Badinter prévue le 29 janvier. L'année d'après 2009. Donc, là, nous sommes trois mois et demi avant, forcément. En parlant lavisite après à San Antonio, là, il est allé à la prison du comté pour cette séance à la cour pour quelques semaines. Puis après, il sera transféré au couloir de la mort. Et là, on en parle. Il dit Bon, je vais quand même essayer encore avec mon avocat. Les dernier recours. Mais bon, il n'y avait plus de dernier recours.

[00:38:05]

En fait, à ce moment là, on commence à réaliser que la fin est proche. Ça, c'est évidemment très difficile. Moi, encore une fois, de voir revenir à ce moment là en Belgique, tout en sachant que mes visites seront comptées. Et qu'il faut Foras préparer la fin, c'est une peine incroyable, c'est une souffrance insoutenable. De voir préparer. L'enterrement de quelqu'un en ayant la personne en pleins pouvoirs, en bonne santé, devant soi.

[00:38:46]

D'avoir contacté la maison funéraire, etc. Lui demander Qu'est ce que tu veux? Au cas où tu es exécuté, qu'est ce que tu veux parce que tu veux être enterré ici? Est ce que tu veux être incinéré? Tout ça, ce sont des questions qui sont difficiles à poser, mais que malgré tout, je dois, je me dois de le faire puisque c'est à moi d'organiser les funérailles.

[00:39:35]

Faire 5 6 janvier je m'envole pour le Texas pour rester un mois là bas, comme je suis revenu en Belgique en janvier, j'ai ma vie si spéciale deux fois 8 heures et la semaine après, je n'ai plus que deux heures, sauf au moment où, trois derniers jours avant l'exécution ou là, c'est des journées complètes de visites, mais où je relaye avec deux autres correspondants qui habitent au Texas, qui veulent dire au revoir à Franco aussi, ce qui est tout à fait compréhensible qu'on alterne ces deux heures l'un de l'autre et ainsi de suite.

[00:40:17]

Et moi, entre temps, j'ai pris toute l'organisation en main pour après l'exécution. Ça, seuls des moments très difficiles parce que je dois aller au funérarium où je dois aller organiser tout cela. Je pense que pour lui, c'est un soulagement parce que lui, il me dit toujours ce n'est pas une vie arrachée à l'extérieur, a une meilleure vie comme moi ici. Mais je me tracasse pour toi parce que toi, tu vas rester derrière avec tout l'amour que tu as pour moi.

[00:40:48]

Tu vas être très seul. Je sais que tu n'auras pas beaucoup de soutien et surtout, son message est. Continue ta vie, ta beaucoup d'amour encore à donner. Même si je ne serai peut être plus là, continue ta vie parce que tu as beaucoup à donner. C'est un très beau message. Et en contrepartie, moi, je choisis d'assister à l'exécution. Franck me dit. Si tu ne te sens pas forte, assez, si c'est trop difficile, tu ne vas pas y assister.

[00:41:25]

Mais Machault lui répond J'étais marié pour le meilleur ou pour le pire. C'est le pire qui risque d'arriver. Mais je veux que tu parte avec l'image de l'amour. C'est mon choix.

[00:41:40]

Donc, je décide d'assister à l'exécution le 29 janvier 2009, donc le matin, j'ai deux heures de visite, puis je pars une heure. Je laisse la place à deux autres personnes de la dernière heure, dont 11 heures à midi. Je vais à la visite. Je lui ai ce jour là, alors dit. Parce que je n'ai pas encore accepté le fait qu'il ne sera plus là lui aussi, il me dit a dit, mais à midi, le détenu est transféré parce qu'en fait, les exécutions ne se font pas à l'Epine stone.

[00:42:25]

Les exécutions se font à Huntsville, qui est à 45 minutes de là où le couloir de la mort se situe donc à midi. On transfère le détenu qui sera exécuté le soir à 18 heures avec un minivan du couloir de la mort à l'autre prison qui s'appelle Droit aux sunnites et qui se trouve à un civil. Et là, il passera l'après midi. Il aura son dernier repas. Il peut téléphoner à Allah. On appelle ça la femme. l'Irak, c'est une maison où la famille peut se retrouver.

[00:43:03]

Les amis peuvent se retrouver. La personne qui sera exécutée le soir me téléphone trois, quatre fois cet après midi là en disant oui. Ça va aller. Je ne vais pas être exécuté, mais quand on y croit encore, on essaye d'y croire jusqu'au bout. Et puis, vers 17 heures, on vient chercher les personnes qui sont témoins à l'exécution, c'est moi, c'est une amie qui est prêtre. Et puis deux autres correspondantes qui habitent Abdallah, qui sont là aussi.

[00:43:37]

Donc, nous sommes quatre à assister à l'exécution de Franck.

[00:43:45]

Les derniers échanges à ce moment là, une fois qu'on rentre pour être témoin, on se voit, mais on ne peut plus se parler. Donc lui, il est déjà couché sur la civière avec les aiguilles dans les bras et au dessus de sa tête. Il y a un micro. Oui, il peut dire la dernière chose qu'il a envie de dire.

[00:44:04]

Il me remercie pour l'amour que j'ai apporté dans sa vie. Il remercie ses correspondants. Et puis, quand il a dit ce qu'il a à dire et il dit au directeur Je suis prêt et c'est à ce moment là qu'on lance la procédure d'exécution. Donc c'est une injection létale qui se fait en trois étapes et en tout, ça prend plus de dix minutes. La personne est sur la table à souffrir. Donc, c'est. Excessivement difficile, c'est très, très, très douloureux d'assister à ce meurtre légalisé, comme je l'appelle.

[00:44:45]

C'est super douloureux. Et franchement aussi à ce moment là. J'aurais pu prendre sa place, je n'aurais pas hésité une seule seconde. En fait, donc, après l'exécution, on amène le détenu dans une chapelle parce qu'à ce moment là, il n'appartient plus à l'Etat, il n'est plus détenu puisqu'il est décédé. Donc, il est t'emmener dans une chapelle qui se trouve pas loin de là où il a été exécuté, où là bas, je peux le toucher.

[00:45:20]

Et là, j'ai un besoin de le toucher. Mais un besoin à ma juste Jéhan. J'ai, je le prends dans mes bras, un ange. Là, je l'embrasse, je le touche, j'ai, je mets l'alliance à sa main.

[00:45:37]

Là, ce besoin est là et je le serre. Je le serre tout en pleurant, en pleurant. Mais j'ai ce besoin de le toucher parce que pendant toute la période d'avant, je n'ai jamais pu le toucher. Après donc la maison funéraire de Livingstone, ils sont là pour venir chercher le corps. Franck ne se trouve jamais dans un cercueil. Il est sur une civière qu'on peut un peu comparer avec une ambulance. Moi, je suis assise à côté.

[00:46:09]

Je le tiens pendant les 45 minutes de trajet jusqu'au retour à la maison funéraire. Je le tiens, je tiens sa tête, je tiens ses épaules. J'ai besoin, si besoin, de le toucher tout le temps, tout le temps.

[00:46:27]

Alors, les jours suivants, tous les jours, je vais à la maison funéraire pour passer deux ou trois heures avec Franck. Chaque fois, on l'amène dans un petit salon où je lis. Je mets des pétales de roses sur lui.

[00:46:44]

Et logiquement, l'incinération doit avoir lieu le samedi.

[00:46:51]

Mais pour des raisons administratives, des documents mal remplis, l'incinération n'aura pas lieu ce samedi là, elle aura lieu seulement le lundi après midi, mais moi j'ai un vol retour vers la Belgique le lundi à midi, donc je ne sais pas assister à l'incinération.

[00:47:13]

Et. Je me suis arrangé avec la maison funéraire pour m'envoyer les cendres par courrier. Donc, encore une fois, j'ai dû laisser Franck derrière moi. Et je reçois l'urne 15 jours après ici en Belgique, et l'urne, je l'ai encore le jour d'aujourd'hui.

[00:47:38]

Il est toujours chez moi. Il a été très longtemps sur l'armoire.

[00:47:44]

Mais bon, à un moment donné, la vie continue. Il y a quand même 12 ans.

[00:47:49]

Donc là, maintenant, elle est dans l'armoire. Mais je n'ai pas encore eu le courage. J'ai toujours dit que un jour, j'irai disperser les cendres, mais jusque là, je n'ai pas encore eu le courage de le faire. Il m'a fallu trois ans pour me remettre de cette douloureuse épreuve.

[00:48:34]

Parce que, comme je dis, c'était un meurtre légalisé et ça, j'avais du mal à l'accepter au bout de trois ans. J'avais toujours autant de peine et alors j'ai décidé d'aller faire un trek en Mauritanie, dans le désert, avec un petit groupe de personnes où chacun a des problèmes différents. C'est avec deux psychologues. Ça dure une semaine qu'on fait toute une boucle dans le désert. On marche 10 km tous les jours, chacun avec un travail à faire sur soi.

[00:49:07]

À un moment donné, je me suis trouvé en haut d'une dune en plein milieu du désert. Et là, j'ai enfin pu lâcher prise. J'ai commencé à hurlé et hurlé. Les larmes ont coulé à flots, comme si le robinet est cassé. Les larmes coulaient. Coup d'écoulées. Et c'est là que j'ai enfin senti un poids qui tombait de mes épaules. Je ne vais pas dire que j'ai accepté. Encore une fois ce meurtre légalisé, mais j'ai accepté le fait que Franck n'était plus là et que la vie continuait.

[00:49:41]

On ne peut pas retourner en arrière dans la vie. On peut uniquement aller vers l'avant.

[00:49:46]

Donc, j'ai ensuite fait encore un autre très carnon. Après, parce que je me suis trouvé très bien dans le désert. Ça m'a apaisé beaucoup. Et puis bon, la vie continue. Donc maintenant, je me suis tourné beaucoup vers les animaux. Faire du volontariat, faire des bons voyages. Mais c'est dans la nature où je me retrouve le plus. Je fais énormément de photographie, donc des animaux m'apaise. Énormément. J'ai retrouvé une certaine forme de sérénité.

[00:50:27]

Mais je ne l'ai plus jamais rencontré l'amour et je ne suis vraiment pas à la recherche non plus. On ne peut jamais dire Fontaine, je ne parle pas de ton eau. Peut être qu'un jour l'amour frappera de nouveau à ma porte, mais tant que maintenant, ce n'est pas le cas.

[00:50:49]

C'est la plus belle histoire d'amour que j'ai vécue dans ma vie. Et là, je vais bientôt avoir 62 ans, donc vraiment une très, très belle histoire d'amour que j'ai vécu enfant, malgré qu'il n'y avait pas la sexualité. Mais il y avait tant d'amour. Il y avait une belle complicité et une très belle histoire d'amour dont je parle maintenant avec sérénité. Parce que pour toutes belles histoires d'amour vaut la peine d'être vécue. Merci à Clémentine Delagrange, qui a réalisé cet épisode, et à Alexandre Ferreira, qu'il a monté et mis en musique.

[00:51:43]

Si vous l'avez aimé. Faites le savoir, mettez nous des étoiles et des commentaires. Merci. Extraordinaire l'histoire d'amour que vous venez d'écouter. La recette magique pour en vivre une aussi belle. Être à l'écoute de son cœur, de son intuition. Et porter, dès les premiers échanges une attention particulière à l'autre. Oui, les petites attentions ont de grands pouvoirs. Et ce n'est pas les 8 millions de couples qui se sont rencontrés sur Meetic qui vous diront le contraire.

[00:52:11]

Si vous aussi vous voulez commencer une vraie histoire, rejoignez d'autres célibataires engagés sur Meetic et peut être un jour, vous viendrez la raconter ici.