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On connaît tous un couple qui s'est rencontré grâce à Meetic. Non, ce n'est pas étonnant puisque vous savez combien de couples ont eu un coup de foudre grâce à Mitic 8 millions. Et ça fait 18 ans que ça dure. 16 millions de célibataires qui peut être comme vous, se sont casé. Mais attention, pas pour autant mis dans une case pour commencer une vraie histoire, Meetic est le service de rencontres numéro 1 des trentenaires. Alors, si pour vous, une relation sérieuse, c'est s'amuser ensemble quotidiennement et ça pendant longtemps, vous êtes au bon endroit.

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Meetic est ravi de sponsoriser ce podcast ex qui met en valeur des histoires d'amour extraordinaires. Et si vous aussi vous commencez une histoire, une vraie?

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Bonjour, je suis Agathe Lecaron. Bienvenue dans Exces, le podcast qui vous parle d'amour au travers d'histoires toujours extraordinaires. Ses parents avaient tout prévu pour elle, un mariage avec dérèglent un avenir tout tracé. Mais voilà, Djamila a des rêves, des rêves grands et rien ne peut l'arrêter pour les réaliser. Ni la justice, ni la prison, ni la raison. Parce que, tout simplement, l'amour brûle en elle. L'histoire que vous allez entendre n'a pas été romancée.

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C'est juste la rencontre de deux êtres qui veulent s'aimer. Absolument. J'ai 10 12 ans et on fait petit à petit sans que je me rende vraiment compte ce qui avait commencé comme un jeu aider aux tâches ménagères et des mamans, éplucher des légumes, faire le lit de mes frères à coudre, passer le balai, la serpillière, tout ça en fait. On m'avait présenté un peu ça comme un jeu et petit à petit, on fait là où on disait Tiens si envie, viens nous aider, etc.

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Petit à petit, je me sens plus ou moins un petit peu obligé de le faire et ça revient quasi quotidiennement. Quand je rentre de l'école, pas que j'aille jouer avec mes petites copines, doit on fait. Je sentais que j'étais un petit peu un petit peu limité dans mes mouvements, mais ça s'est fait vraiment progressivement. Donc, je m'en suis pas forcément rendu compte. Effectivement, le déclic, c'est à mes 13 ans, au mariage de ma sœur.

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Un mariage qui va se passer tout à fait traditionnellement, mais qui va m'interpeller. Parce que moi, effectivement, qui rêve. Très, très romantique, qui me pâme d'admiration devant Sissi impératrice, devant, devant les livres de princesses que je vais chercher à la bibliothèque et dont je lis l'histoire. C'est pas du tout ce à quoi j'assiste. En fait, j'ai l'impression que le mariage de ma soeur, il est plutôt austère. Il est plutôt enfermé dans des coutumes et ce cadre là est très, très loin de ce à quoi je m'attendais.

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Fort logiquement, je me dis qu'une fois que ma sœur va partir et quitter la maison, je vais prendre sa place. Je vais prendre sa chambre et sa place et donc je vais prendre mon tour dans ce qui, probablement un jour, va devenir ma vie, c'est à dire un mariage sinon arrangé, du moins balisé, et jalonner avec nos règles, nos coutumes et culturellement conforme à ce attend de mes parents. Et ça, ça me fait un peu flipper, en fait.

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Oui, je suis privé de liberté, c'est sûr, je suis privé de sortie. En plus, j'ai un frère qui a 3 ans de plus que moi et je vois bien que lui sort beaucoup, qui va à la piscine, qu'il a ses copains qui organisent des pique nique, etc. Et moi, je n'ai pas le droit. J'ai de moins en moins le droit de faire tout ça. En fait, non. Les filles sortent pas beaucoup, sortent moins et que je dois aider ma mère.

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En fait, tout simplement, il y a une dimension affective dans ce qui se met un peu en place. Et comme j'ai un attachement presque viscéral à ma maman, je trouve ça normal. Alors, justement, ce frère dont je parle et qui va avec des copains de la cité faire quelques bêtises puisque s'il était encore mineur. Mais il se retrouve quand même en prison et du coup, il se retrouve au centre de jeunes détenus de Fleury-Mérogis. C'est mon papa qui vit ça assez mal.

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Donc, il ne veut pas qu'on en parle et il estime qu'il a mal agi. Donc, on ne doit pas parler de cet épisode à la maison. C'est l'omerta, donc on n'en parle pas. Mais néanmoins, moi, j'y pense parce que c'était mon camarade de jeu. J'en souffre beaucoup et je trouve pas normal qu'on n'aille pas le voir. Ce n'est pas normal que le deuil du jour au lendemain fasse plus allusion à lui. Il n'existe plus.

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En fait, tout simplement. Moi, ça me convient pas. Déjà, j'ai 14 ans et demi, mais ça me convient pas. Donc je me dis bon, puisque c'est ça, moi, je vais faire les démarches. Je connais absolument pas la prison, je connais pas du je ne sais pas du tout ce qu'il faut faire. Ben, je me renseigne auprès de mes professeurs, je me renseigne auprès de mes camarades, des sœurs et frères, de mes camarades et je me dis Voilà comment je peux faire et qu'est ce que je peux faire pour aller vers mon frère?

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Donc, effectivement, et là, c'est mon premier contact avec la prison. Alors là, c'est un contact qui est extrêmement brutal, douloureux. Pour moi, ça va être une vraie cassure que je vais porter très longtemps. Moi que je porte probablement encore aujourd'hui en moi. Ça a été pour moi une injustice parce que je vais être toute petite et je vais vivre ça comme une expérience à laquelle je ne vais pas pouvoir faire face parce que je n'ai pas les armes.

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Je suis jeune, je suis naïve, je suis romantique et je me prends tout ça en pleine face. En fait, j'étais vraiment dépassée par écraser. Vraiment, c'était le terme vraiment écraser éparpille par le lieu et par le moment de me dire bien, je vais partir et je vais laisser mon frère là fait tout simplement. C'est vraiment, c'est les bruits, c'est les portes, c'est c'est l'autorité qui, c'est l'autorité qui est partout présente. Dit Vous faites, ça vous fait.

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Si vous enlevez vous vêtements, vous passez sous le portique. C'est extrêmement violent pour une enfant et rapidement, je vais essayer de me documenter pour savoir ce qu'est la prison parce que jusque là, je ne m'étais pas posé la question. Ça ne faisait pas partie de ma vie. Ça faisait pas partie de mon quotidien et petit à petit, je vais reprendre intérêt pour mes études et je vais me dire voilà. Et finalement, c'est vers là que je vais m'orienter, c'est à dire je vais faire du droit et je vais devenir magistrate très vite, même en étant au lycée encore avant d'arriver en fac de droit.

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Je pense pour essayer de transcender la puissance que j'ai ressenti, l'enfant que j'étais à ce moment là, qui pouvait rien faire contre cette machine gigantesque. J'ai rien pu faire et je me disais bien en étant en étant juge, moi, je serai une juge qui sera, qui sera compréhensive, qui sera gentille. Et en tout cas, j'aurai le pouvoir et je subirez plus. Effectivement, quand je serai en fac de droit, j'ai intégré le Genepi, groupement d'étudiants qui donne des cours en prison.

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En fait, c'était pour moi une manière aussi de voir un peu l'envers du décor. Tout ce qui me permettait finalement de découvrir que soit la façade de la prison, soit les livres, les films. Une expérience directe comme ça, assister à des procès, ça me permettait de nourrir un peu cet entre guillemets vocation. Et je me disais Voilà comme ça, je saurais. C'est un peu comme un médecin insisterait. Je pense à des opérations ou à des colloques, etc.

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Mais voilà, donc, je voulais être vraiment dans l'expérience directe de la prison et être là bas pour voir des détenus. Et pas seulement côté parloir, côté détention. Je ne partage pas ça avec mes parents du tout. Je leur en parle pas ma mère, je lui en parle pas parce que l'expérience vécue avec mon frère, elle, est pour elle extrêmement douloureuse. Et pour moi, ce qui est important, c'est que effectivement, la page soit tournée et que mon père, je suis pas sûr que ça l'intéresse forcément beaucoup.

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Je pense même que ça n'intéresse pas du tout. Un soir, je vois d'abord la bande annonce d'une émission qui va passer, Ex-Libris, présentée par PPDA, où on présente le livre de son ex-femme. Vaujour, qui a écrit un livre s'appelle La fille de l'air et qui va venir en parler. Ça m'intéresse parce que dans la bande annonce, on dit que c'est un détenu particulier, particulier par la façon dont il vit sa détention. Et ça m'intéresse.

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Les conditions de détention, extrêmement dures déjà, puisqu'il est à l'isolement et lui les rend encore plus dures volontairement. Donc tout ça, ça m'interpelle. Puis je me dis que finalement, je vais regarder l'émission. Je regarde l'émission et effectivement, je suis conforté dans ses impressions. Mais il y a quelque chose, ça m'interpelle. Mais comment on peut en arriver là? C'est déjà très compliqué. Donc quelque temps plus tard, je vais lui écrire un courrier.

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Moi, je me présente en disant Je suis future magistrate. Je ne doute de rien. Voilà donc si vous pouviez me parler de vos conditions de détention. Je mets du bon là où je le fais parce que ça m'intéresse, mais je me dis on ne va pas me répondre. Finalement, qu'est ce qu'il a à faire d'une étudiante en droit? On ne fait pas partie du même monde, c'est clair. Je veux connaître les implications psychologiques de sa détention et notamment de l'isolement au fait de cette détention dans la détention.

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Donc, il me répond une lettre très, très sobre, très posée. Il me dit Voilà où je vais, je ne vais pas vous parler. Il me tutoie d'ailleurs. Je vais te parler. Il commence comme ça. Je me dis je vais te tutoyer parce que j'aime pas. Vous voyez qui que ce soit. Il a 40 ans.

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Moi, j'en avais 20 ans, quasiment 23. Voilà, donc il me répond. Et puis, il me dit que le sujet est quand même très personnel. Donc il va rester sur un terrain plus général, mais qu'il est complètement disposé à répondre à mes questions. Et commence entre nous, donc une correspondance. Petit à petit, on va s'éloigner du terrain de la prison. On va parler de toute la littérature, de la peinture, de sa passion, des échecs, du yoga, de la nature.

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On va vraiment avoir une correspondance très enrichissante et qui va prendre de plus en plus de place. Je pense dans ma vie, c'est sûr, et dans la sienne aussi. Au départ, assez espacio. Au départ, on attend que l'autre répond, puis finalement très, très vite, au bout de quelques semaines, au bout de quelques mois. S'écrit tous les jours. On me parle rarement de la prison. Il me parle jamais de ce qu'il vit.

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Non, il est toujours très évasif là dessus. Mais bon, je vois la manière dont il traduit les sujets, la manière de ce qui transparaît entre les lignes. Je sentais une très, très grande souffrance. Je connais son histoire. Je sais qu'il a pris une balle dans la tête lors de sa dernière arrestation, qu'il est hémiplégique, qu'à sa sortie du coma, il n'a pas pu bénéficier de rééducation. Pas même une heure et que, à partir de là, on l'a remis à l'isolement.

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Donc, il a réappris à parler lui même et l'a réappris à marcher à quatre pattes dans la cellule lui même. Il n'avait pas le droit d'avoir du matériel parce que ça pouvait être une arme, ça pouvait être, etc. Etc. Son histoire, je la connais puisque je vais l'apprendre par ailleurs par les médias. Mais moi, je lui raconte ma vie, la vie d'une jeune femme de 20 ans, c'est à dire l'école. La fac. Mes copines, mes sorties.

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Je parle de ma culture qui ne connaît pas. Il me pose des questions. Et puis. Et puis on parle de philo. On parle de littérature, beaucoup. Il me fait découvrir des auteurs qu'il lit. Moi, c'est pareil. Michel va apprendre énormément de choses, va m'ouvrir à un tas de domaine qui m'intéressait. Pas avant des auteurs. Elle m'a fait découvrir beaucoup d'auteurs étrangers. Par exemple, là où moi, je lisais? Pas forcément, je lisais beaucoup de français.

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C'est un peu ce qu'on nous enseigne à l'école Zola, Flaubert et Balzac. Et voilà donc place. Par exemple, j'ai découvert Stéphane Zweig, Dostoïevski, etc. Je ne pensais pas que ça pouvait m'intéresser. Finalement, voilà la peinture pareil. Mes parents ne sont pas au courant, évidemment, de cette relation. Pas du tout. Et puis, comme forcément les cours, le courrier arrive contre moi. Je suis soit à l'école, soit soit au lycée, soit en fac.

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Ma mère glisse les courriers sous ma porte. Elle dit rien. Mais le soir, j'ouvre ma porte, je vois mon courrier. Parfois, ça arrive. Le lendemain, j'ai deux lettres. Ou alors, puis un jour, ma maman pose la question mais qui? Qui écrit comme ça sans arrêt, est tout juste. C'est une copine. Elle n'est pas dupe, je pense, mais elle me pose pas plus de questions que ça. Un coup de foudre amical, vraiment, vraiment et très, très intense.

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Et puis. Oui, je pense qu'on est tous les deux dans une situation compliquée. Et petit à petit, nous demandons qu'on se rejoindre.

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Clairement donné, Michel me dit Ecoute, voilà, je vais passer en procès à Paris pour mes derniers braquages. Si ça t'intéresse d'assister aux audiences, ça va durer une semaine. T'es pas obligé de venir toujours. Tu peux venir. Et puis, comme ça, on va voir. Et puis, tu vas prendre un peu la température. En gros, tu va mettre un peu des images, tu vas entendre un petit peu, etc. Bon, c'est sympa, mais jamais demandé de photo.

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Moi, j'avais vu des photos de lui, mais très anciennes comme il me connaît pas. Mais un foulard comme ça, vu qu'on était en été, je pense qu'on était au mois de mai ou de juin. Je pense que j'étais la seule à avoir un foulard vu qu'il faisait chaud. En même temps, il pouvait juste me reconnaître. Il me cherche. Je suis tout à fait. Il se tourne vers le public, donc je suis avec tout le monde.

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Et puis ses yeux s'arrêtent sur moi. Et voilà. Et là, on échange notre premier sourire, notre premier regard, et je pense qu'il est très heureux. Je suis un peu éberlué par toutes les mesures de sécurité. Je pense qu'au départ, c'est un peu ça parce que pour arriver jusqu'à lui, c'est quand même un peu hallucinant. Et je mesure le gouffre qu'il y a entre la personne que moi je connais par les lettres que je connais pas.

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En vrai que je n'ai jamais vu d'autres personnes que je vois là, dans le box, entouré par le gégène, il y a des patrouilles de chiens partout. C'est le tribunal est vraiment en état d'alerte. Quand je dis l'état d'alerte, c'est vraiment ça. Quand ça ne fait pas peur parce que je n'ai pas peur de lui. Mais je me dis c'est énorme quoi? Soit. Soit il y a un problème et je n'ai pas mesuré vraiment qui était le personnage ou soit ou soit.

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C'est disproportionné. Après, bon, je rentre dans les débats. Finalement, j'avais prévu de Paris. C'était très longtemps, puis après, je vais rester. Je vais demander une accréditation. Le procès va durer une semaine. Donc, Michel va prendre une peine très importante, mais n'aura pas vraiment d'incidence sur qui sera confusionnisme. Ça n'aura pas d'incidence sur son quantum de peine. Et on repart chacun dans sa vie. On continue à s'écrire. Et puis voilà, je pense que c'est cette dimension, le fait de cette vue.

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Le fait d'avoir d'être resté comme ça pendant des heures parce que c'est quand même assez long. Ça commence à 13 heures et ça dure parfois jusqu'à 20 21 heures. Donc voilà, on est là où on se regarde, on passe son temps à sourire, etc. Je pense que ça a ajouté une dimension supplémentaire à notre relation. Un peu plus personnel.

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Puis, un jour, au cours d'une discussion avec le groupe du Genepi, un des étudiants qui interviennent en prison pour donner des cours, tiens, on a appris que au quartier d'isolement, on venait d'arriver. Michel Vaujour, entre autres, et pas que lui d'ailleurs. Mais en tout cas, moi, je me suis arrêté là dessus. Est au quartier d'isolement de la maison d'arrêt de Fresnes. Alors évidemment, moi, ça fait tilt. Ça fait tout de suite.

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Ça fait tilt très vite et je me dis Attends, mais moi, j'ai un laissez passer pour la prison de Fresnes. Évidemment pas pour lui. Donc je me dis finalement, je vais aller le voir. Je ne me pose pas de questions, mais j'enfile mon gym et santiags, puis j'y vais. Ou alors je prends mon sac, je vais. Et je me dis Burbage, comment je vais faire mal, je vais falsifier le passe Ruutu tout bêtement, je vais mettre du blancos.

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Et puis je vais photocopiés. Donc j'ai un papier vierge et je vais mettre voilà Michel Vaujour, etc. Comme je ne sais pas où il est parce que je n'ai pas son numéro de cellule, parce que je n'ai pas eu le temps, je mets juste quartier d'isolement parce que je me doute qu'il est au quartier d'isolement et je me prépare. Et je me présente en première division puisque quand on nous a fait la visite initiale avec le Genepi, on nous a montré les différents quartiers de la prison.

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Donc je sais où est le quartier d'isolement, donc j'y vais. Puis je me présente tranquillement. Je me dis peut être que je vais le voir tout de suite. Forcément beau. Bien sûr. De la peur aussi. Et donc, bon, il se passe un petit flottement. Trouve pas ou il n'est pas là. Puis bon, finalement, j'arrive à le voir. Michel, c'est pas du tout du tout que je viens de voir et je prendrai après lui.

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À ce moment là, il est en cours de promenade pour sa promenade du matin et il pleut. Et donc dit d'habitude moi, je ne vais jamais voir personne ni du service. C'est un principe, il ne répond à aucune. Si ce n'est pas un parloir, il n'y va pas, en fait. Mais comme il pleut, ça m'arrange. On me dit Vaujour, service social. Ben, ça veut dire que c'est l'assistante sociale qui le réclame.

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Voilà donc qui veut probablement lui plus lui parler de je ne sais pas d'une des modalités de sa détention, etc. Donc, il se dit Bon, ben moi, ça m'arrange. Parce que s'il pleut, de toute façon, vous êtes obligé de faire votre heure de promenade jusqu'au bout. Et là, du coup, ça casse la promenade. S'il accepte, il rentre, il accepte et il vient me voir et on se retrouve face à face. Au départ, il y a là aussi un flottement puisque évidemment, on est entouré par les surveillants et les surveillants partent ou on rentre dans la pièce.

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Lui, il est complètement lucide et se demande ce qui se passe. Qu'est ce que je fais là? Mais surtout, comment je suis arrivé là et là? Il comprend pas et il me dit mais pendant quelques secondes, je me dis Mais finalement, est ce qu'elle n'est pas l'alliée de l'administration pénitentiaire? Parce que c'est ça qui lui passe par la tête? Comment personne n'arrive jusqu'à lui? Michèle, vos jours en prison à ce moment là, c'est le sida.

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On ne peut pas le voir. Il est escorté. C'est juste pas possible, quoi. Et c'est possible. Et on est ensemble dans une cellule. Fin dans une pièce? Pas du tout. Tu doit faire? Je ne sais rien. Peut être 3 4 mètres carrés et on se retrouve face à face à Paris au moment où la porte se referme. Et là? Michel, il est sur le cul et se demande comment. D'abord, il a tout, il pense qu'on est observé et tellement il n'y croit pas.

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En fait, il se dit c'est pas possible, ont mis des micros. Ils sont en train de nous observer. Donc, il fait tout le tour et donc l'escalade de la table. Il monte sur une chaise. Tiens, moi, je le regarde. Et puis plus je le regarde. Et puis je me dis mais finalement, c'est ce que j'ai fait et ce n'est pas anodin. Si c'est grave, quoi. Et puis je prends conscience plus plus ça va.

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Finalement, il finit par se rasseoir. Voilà, je lui explique comment je suis arrivé là et me dit Mais tu te rends pas compte. Et au cœur du système. C'est dingue. La discussion s'engage. Moi, je suis extrêmement impressionné parce que je ne le connais pas. Je le connais pas directement. Donc je me rends compte que ça me dépasse. Et Michel est quelqu'un qui a un charisme absolument incroyable. Il me regarde et il a un regard extrêmement particulier, très particulier.

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Il a des yeux bleus, mais bleu presque. Je ne sais pas comment vous dire. Il vous hypnotise tel qu'il vous prend avec ses yeux et vous lâche pas quoi? Ce n'est pas un regard qu'on peut qu'on peut lâcher avec les yeux. Et vous scannent quoi? On essaye de d'établir une discussion. Moi, je vois surtout qu'il est extrêmement fatigué. Vois qu'il est qu'il est tendu, qu'il a du mal à parler puisqu'ils sont une hémiplégie, etc.

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Et puis, très vite, finalement, moi, je vais lui proposer de l'aider à s'évader. Je sais pas vraiment ce qui se passe dans ma tête, ce que je percute, je percute que lui m'a rien demandé, mais moi je suis arrivé là, je suis arrivé, j'avais rien calculé, mais ce que je me dis, c'est que je viens de lui donner quelque part un espoir. Je me dis que je ne peux pas partir et considérer que cette visite, c'est juste une visite de courtoisie.

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Dans ce contexte là, ça n'existe pas, les visites de courtoisie. Il aurait fallu que je percute ça avant. Je ne l'ai pas fait. Donc je suis là, donc je suis là. Donc il faut que j'assume. Et puis, je sens une énorme souffrance en lui. Moi, à ce moment là, dans ma vie personnelle, je ne sais pas vers quoi je vais, mais je me dis. Mes parents me laisseront pas. La liberté à laquelle j'aspire ne laisseront pas étudier, laisseront pas être juge d'instruction comme je le veux.

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Magistrate plus généralement, parce que je n'ai pas le droit d'aller à Bordeaux pour étudier. Je me retrouve intellectuellement, moralement et émotionnellement dans un cul de sac. Donc, en une fraction de seconde, je pense que ces demandes se sont télescoper celui de Michel. Sa souffrance, lui aussi dans un cul de sac juridique, physique, matériel. En fait, je fais la synthèse très vite et je me dis la manière de nous en sortir tous les deux, c'est de l'arracher et de s'arracher ensemble.

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Lui va demander Est ce que j'ai bien compris ce que j'ai, bien entendu, c'est pas rien quand même. Je suis jeune. Est ce qu'elle mesure ce qu'elle est en train de dire et ce à quoi elle s'engage? Et moi, je me dis je crois que c'est ma seule préoccupation. Est ce qui me fait suffisamment confiance pour me coucher. C'est la vie, en fait. Est ce que pour lui, il pense que j'ai les épaules pour faire ça?

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Ce qui, avec le recul, semble complètement lucide parce qu'il y a d'autres préoccupations, probablement avant de se poser ce type de questions. Mais. Mais je pense que j'ai été complètement naïf, j'étais innocente, j'étais mesuré, pas du tout vers quoi j'allais. C'est clair. Je pense que notre pacte s'est fait là, c'est à dire dans nos autres silences, dans les regards. On sait, on sait peser, on sait, on s'est compris et on s'est reconnus quelque part.

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Il y a une attirance, une attirance physique évidente, mais c'était probablement une forme d'amour. Oui, bien sûr. En même temps, s'il n'y avait eu que l'amour, je pense qu'on n'aurait pas fait ça, que je n'aurais pas fait. Ça n'aurait pas été suffisant. Ce n'est pas possible. Je ne le pense pas vraiment. Je pense qu'il devait y avoir autre chose, l'amitié, un sens de l'engagement, même si j'étais très jeune. Pour moi, c'est c'est, c'est des valeurs qui comptait.

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C'était évident que j'allais à tout moment que je me suis engagé n'aurait pas eu de marche arrière si ça s'était posé. C'était acté dans ma tête. Moi, je repars. On est tous les deux extrêmement bouleversés. Lui, parce que ben, il était dans dans une immobilité. La prison, c'est extrêmement insidieux. Ce n'est pas uniquement l'extérieur, c'est ce qui est en nous. La léthargie de la prison finit par gagner, en fait. Si vous vous battez pas contre, il faut avoir envie.

[00:23:11]

C'est une volonté, non pour pouvoir. C'est comme secouer un bateau, casser. Donc, lui, il en était là et là, j'arrive et je lui donne de l'espoir un peu. J'allume la lumière dans une pièce où il était dans l'obscurité depuis cinq ans, ce qui vient de sortir de cinq ans d'isolement seul 23 heures sur 24, ce qui est inconcevable.

[00:23:34]

Toute sa vie à lui vient d'être complètement bouleversée.

[00:23:38]

Et moi, je repars dans ma vie. Mais moi, je repars dans ma vie avec ce secret. Donc je continued à être une étudiante. Je continue à être avec mes parents de la même manière. Et voilà, je suis lesté de ce secret en me disant voilà, il y a quelque chose qui commence et ce quelque chose qui commence en fait, au final du final. Il y aura trois issues à cette décision que je viens de prendre. Soit je vais mourir, soit je vais me retrouver en prison, soit ça va marcher.

[00:24:06]

C'est un peu ça un peu. Voilà les Trois Grâces, quoi. Ou pas? Mais voilà, c'est un peu simple, ça. Alors du coup, qui se met en place, c'est que déjà, je vais retourner le voir parce que je pense que c'est important aussi. Parce que le premier parloir, c'était l'émotion. Il y avait lui, t'es pas au courant. Je sais qu'il faut que j'aille le voir parce qu'en fait, on n'a rien pré préparé.

[00:24:25]

On n'a rien prévu. Mais je pense qu'il faut aussi qu'au, je pense que lui avait besoin de savoir si moi, je confirmait un petit peu le wala et mon engagement. Et le début de cet embryon, finalement de préparation. Tentative d'évasion? Voir si Bassi, mon engagement était constant, effectivement. Donc, cette deuxième entrevue a lieu. Et donc, on reprend un peu les bases de notre discussion et on confiant et finalement, au moment de se séparer, on échange, on échange un baiser et c'est magique.

[00:25:00]

Et c'est pas, c'est pas du tout prévu. C'est complètement contradictoire avec l'endroit où on est, en fait, et c'est extrêmement romantique parce que c'est les trous et les trop baiser et trop bien quoi lui dire, je me dis mais ouah!

[00:25:18]

Et fatalement, ça va rendre les choses plus compliquées. Je me dis sur le coup, c'est un peu la phrase que je lui dis. D'ailleurs, ça ne va pas faciliter les choses. En même temps, c'était un peu inévitable, donc il a lieu. Et puis la porte s'ouvre, on s'y attend pas et on est séparés brutalement. Michel et emmenez moi me demandent mon pass, donc je réussis leur l'ordonnée, etc. Et ça s'arrête comme ça.

[00:25:39]

Ça s'arrête assez brutalement. Michel va être transféré et on va se revoir longtemps après, très longtemps après. Elle va être transférée en centrale. Et moi, je ne vais pas d'existence officielle, si vous voulez. Si, au delà de au delà de nos échanges, il faut que je fasse une demande pour le visiter, il va y avoir tout un processus d'enquête, donc il va falloir qu'on peut me le refuser. Je n'ai pas de lien de parenté officiel avec lui.

[00:26:16]

Je ne suis pas paj pas membre de sa famille. Si, au bon vouloir du directeur, finalement. Donc, quand c'est comme ça, vous avez une enquête de moralité à votre lieu de résidence. Une enquête sur vos antécédents, bien sûr. Mais alors on continue notre correspondance, mais doublée d'une correspondance non officielle, donc, qui va sortir et lui parvenir par des canaux clandestins. Et c'est donc par ces courriers là qu'on va continuer à parler de cette évasion de manière mesurée.

[00:26:50]

Parce que par courrier, on ne peut pas vraiment effacer ça. Ça reste. Puis, on n'est jamais à l'abri. Finalement pas que ces courriers soient soit pris. Donc, c'est quand même beaucoup de périphrases et on ne veut pas mettre en difficulté les personnes. Tous les noms sont codés, les numéros sont codés, tout effacer. C'est une procédure, c'est une langue à part. Tout ça va durer jusqu'au moment effectivement, où on va se revoir physiquement et on va pouvoir reprendre la discussion en direct.

[00:27:16]

Il me parle peut être pas d'égal à égal encore, mais. Il me dit plein de vérités, il me manque pas. Il me maquille pas la réalité, c'est grave. La réalité, c'est celle là a été une arme dans la main. Tu peux te faire tuer, mais tu peux tuer. C'est ça. Et j'apprends parce que ce n'est pas mon monde du tout. Moi, le seul dénominateur commun avec le grand banditisme, c'est Michel. Moi, je connais rien de ce monde là.

[00:27:43]

J'ai pas forcément envie d'apprendre non plus. Mais bon, c'est pas ça obligé. Donc, au moment où je vois, oui, le sentiment qu'on a l'un pour l'autre. Il a grandi, il a grandi dans l'absence, il a grandi dans ce qu'on a partagé dans les courriers. Pas tellement officiels parce que c'est très convenu puisqu'ils sont lus par la censure, évidemment. Mais dans les courriers clandestins, on. Mais on est très mesuré quant à notre relation amoureuse.

[00:28:07]

On sait bien que ben, c'était aussi le contexte. On ne tire pas des plans sur la comète, car je pense qu'on est très lucide par rapport à ça. Donc, à partir du moment où on se revoit, on sort ensemble, donc on échange des baisers, etc. Mais de manière un peu cachée, parce que notre relation doit rester un peu neutre vis à vis de l'administration pénitentiaire. Parce que si j'avais d'entrée de jeu avec lui le statut de compagne ou de concubine, etc.

[00:28:33]

J'aurais été probablement l'objet de contrôles beaucoup plus et qu'on n'avait pas besoin de ça puisque j'allais être la cheville ouvrière de cette préparation d'évasion. Donc, au fil des semaines, en fait, Michel va me former pour que je sois capable de monter cette évasion. Je vais vraiment suivre un apprentissage de toutes les facettes, c'est à dire tant au niveau de d'Issam qu'au niveau des voitures, que des appartements, des identités. La manière de se comporter pour ne pas attirer l'attention d'une possible cavale.

[00:29:08]

Comment se comporter, etc. Toutes les précautions finalement à prendre pour se fondre dans la masse avant, pendant et après. Ça va consister en fait à un apprentissage et la préparation matérielle de l'évasion qui aura lieu en juin de l'année suivante. Une petite année plus tard, on fête. Le doute, si vous l'avez jusqu'au bout. Mais le doute fait partie du voyage, en fait. Le doute, la peur. Moi, je faisais des cauchemars, je me réveillais, je pensais que j'étais en prison.

[00:29:41]

Bien sûr, vous avez du doute, mais voilà, je l'acceptaient comme comme faisant partie des parties de l'histoire. En fait. Mais je n'ai jamais eu la tentation de renoncer, par exemple jamais Michel, après avoir abordé la question de la forme de cette évasion comme lui, avait mis en pratique en 86 l'hélicoptère au dessus de la prison de la Santé, que ça avait marché. Du coup, il connaissait très, très bien ce mode opératoire et tout ce que ça impliquait, tout ce que ça induisait en termes de sécurité, en termes de préparatifs, etc.

[00:30:20]

Donc rapidement. Finalement, après avoir abordé d'autres formes d'évasion, on a opté pour l'hélicoptère. Lui surtout. Donc voilà. Donc, à partir de là, on a mis en place la préparation proprement dite. Les sentiments étaient de plus en plus. Je pense qu'il était évolué crescendo avec la date. On savait plus ou moins que la date serait avant l'été. Donc plus ça devenait concret, plus on était accroché l'un à l'autre, en fait, parce que ça pouvait complètement nous péter dans les doigts et finalement mourir tous les deux.

[00:30:57]

À ce moment là, je veux dire ne plus jamais se revoir. 16 juin 93, deux jours après mon anniversaire. Quelle horreur! Bonjour le cadeau!

[00:31:11]

Ça a par une prise d'otage, prise d'otages du pilote d'hélicoptère et de sa famille avec l'objectif d'un décollage le matin pour intervenir directement sur la centrale. Envoyer le matériel à Michel pour qu'il puisse rejoindre l'hélicoptère saleuses. C'était ça le plan, et le plan a été contrecarré à cause du bouya. Un brouillard complètement lunaire, vraiment complètement lancinant, qui nous a fait arriver finalement trop tard au dessus de la centrale et donc l'alerte ayant été donnée, évidemment, tous les détenus avaient réintégré les cellules et donc on s'est retrouvé face à des cours de promenade complètement vide.

[00:31:48]

Il a fallu décrocher et donc on s'est retrouvé en cavale. Il y aura une deuxième tentative au mois d'août. Sur Paris, un saint-cyr-l'école selon la même modalité, avec prise d'otage. Et là, avec une évasion de la prison de Fresnes, puisque Michel avait réintégré le quartier d'isolement de Fresnes. Et là, les gendarmes sont intervenus parce que je pense que les héliports je pense pas fous sur les héliports étaient en alerte et donc étaient surveillés. Je pense qu'on les a alertés.

[00:32:20]

Ils sont intervenus et là aussi, on a réussi à s'arracher. Mais du coup, l'évasion ou la tentative, en tout cas, avaient échoué à nouveau. Et là encore, un mois de cavale et on s'est fait arrêter au mois de septembre. Le 23 septembre. Septembre 93. Donc, on est arrêter. En fin d'après midi par le CRB, l'Office central de répression du banditisme, c'est un existe plus d'ailleurs 24 heures de garde à vue. Présentation aux juges et mandat de dépôt.

[00:33:05]

Donc en 48 heures. Je me retrouve en prison à Fleury-Mérogis, en pleine nuit. Dans une cellule surpeuplée. On ne voit rien escaladée, quasiment les corps que je devine par terre. Premier contact avec la prison. Bienvenue en enfer! Et ça va durer cinq ans. Quasiment jour pour jour. Toutes mes pensées vont vers Michel et ma principale crainte à ce moment là, c'est qu'ils se suicident. Et ce, jusqu'à ce que je vais voir son avocat qui sera notre avocat commun dans un premier temps, et donc chez les nouvelles.

[00:33:49]

Ce sera une pensée qui va m'habitait jour et nuit. Ce sera vraiment une crainte permanente. Tu vas absorber tout le reste, en fait. Donc voilà. Donc ça va durer à peu près une quinzaine de jours. Tant que je n'ai pas de nouvelles de Michel, je me dis c'est beaucoup trop espérer, c'est partir en vrille et donc là, il va se tuer. Et ça, c'était ma crainte et je ne sais pas ce que j'aurais fait si ça avait été le cas.

[00:34:15]

Mais voilà, c'était c'était mon principal souci à ce moment là. Non va être interdit de communiquer jusqu'en début d'année pendant quatre mois. On ne va pas avoir la possibilité de changer de courrier, donc par les avocats dans un premier temps. En tout cas sur ce jeu, sur son intégrité et sur le fait que ben, il est là et qu'il va faire face. Et qui va me soutenir et que bon bah, on a échoué. Mais voilà, maintenant, la situation, c'est celle là, donc il faut qu'on avance.

[00:34:44]

Donc, je reconnais bien Michel. Je trouve bien Michel et je me dis bon, voilà, maintenant, je vais me poser et je vais faire le point sur ma vie. Je suis un peu un peu dans la merde et en fait la manière d'avoir des nouvelles de Michel. Très vite, ça va être une surveillante de la maison d'arrêt où je suis à la maison d'arrêt d'Orléans, que je vais surnommer Madame Souris et qui, avec une gentillesse incroyable, va m'apporter les lettres de Michel avant qu'elle n'aille chez le juge d'instruction.

[00:35:15]

Puisqu'une fois qu'elles sont ces juges d'instruction, je ne reçois plus jamais en retour. Ça va mettre 4 mois, en fait. En fait, quand elle reçoit, elle passe, elle transite par la prison. Ensuite, elles sont envoyées au juge et moi, je les reçoit pas elle. Elle va les intercepter, elle va les prendre et mettre dans sa poche. Elle va me faire sortir de cellule pour un prétexte. Complètement la première fois en me disant vous.

[00:35:36]

A midi notification et donc elle va me sortir les lettres elle même. Elle me dit Je vais vous mettre dans le local des surveillante et moi je me dis je vais faire une crise cardiaque, c'est pas possible. Moi, je regarde ce qu'elle a en main et moi, je reconnais tout de suite l'écriture de Michel et je me dis c'est pas possible. Moi, c'est toute première lettre. Il écrivait en vers. Je me souviens et elle me dit bon, je ne sais pas combien de temps parce qu'en fait, elle travaille en binôme.

[00:35:59]

L'autre surveillante est au courant, donc elle me dit Je vais vous mettre là. Lisez ce que vous pouvez et je reviens vous chercher. Moi, je lis à toute vitesse, toute vitesse, toute vitesse. Je me dis bon, tout ce que je veux. Voilà, je me Jemâa, Brunhoff, des mots de Michel. Je me dis que y'a que de l'amour. Et lui, il est dans le souci permanent lui aussi, la peur, la manière dont je vais vivre la prison.

[00:36:19]

Et ces lettres ne sont qu'amour. Et voilà. Et là, il est indestructible et il est fort et ne parle pas de lui. Parle que de moi, à quoi je lui dire? Et donc je me dis Bon, ça va, ça me donne de la force et je ne sais pas ce que j'aurais eu, comment j'aurais vécu ces premiers mois. Qui sont les plus durs dans une détention pour les premières semaines, les premiers mois après vous êtes un plus ou englués dans une forme forme de routine qui vous anesthésie.

[00:36:41]

Mais si je n'avais pas eu Mme Sourie qui m'avait donné ce bol d'air incroyable, assez, c'est plus chouette. C'est plus que de la bienveillance, c'est une générosité d'âme. C'est ce que je suis arrivé. C'était Bonnie and Clyde. C'était une petite maison d'arrêt de province. Notre histoire avait fait la une de tous les journaux. Localement, c'était un peu comme histoire, donc elle prenait un risque. Elle me connaissait pas. En plus, je peux juste la remercie infiniment et ce sera vraiment une reconnaissance éternelle.

[00:37:07]

Parce que parce qu'elle n'avait rien en retour, je la fais vraiment par bonté d'âme. Et quand je vais changer de prison, pas sorcier, en effet. Transférer ou elle me. D'abord, on va être toutes les deux en larmes parce que c'est moi. Ça me fait mal de la quitter, parce que je sais, elle m'a fait un bien, tellement fou et elle a toujours veillé vraiment à ce que tout aille bien. Elle m'a renflée plein plein de choses, mais des trucs hallucinants et elle va me tenir les mains.

[00:37:32]

On va se tenir les mains et elle va me dire J'ai continuez à vous aimer comme ça parce que j'ai jamais vu un amour comme le vôtre. Et ça y est, vous allez réussir et elle me dit C'est complètement dingue comme il vous aime tout vraiment. Et on est. On est en pleurs et je me dis mais c'est une surveillante. Il y a aussi ce visage là en prison.

[00:38:06]

Avant ça, il y avait des sentiments, il y avait, il y avait de l'amour, forcément. Je pense parce que c'est arrivé. On est, on a toujours été dans l'absolu, dans l'extrême, dans notre relation. Mais je pense que notre amour s'est vraiment déployé durant ces cinq ans. Quand on s'écrit tous les jours pendant cinq ans, sans interruption quasiment ou là, on était vraiment dans la vérité, dans notre vérité, c'est à dire que l'on ne pouvait pas tomber plus bas.

[00:38:35]

On pouvait pas perdre plus que ce qu'on avait perdu puisqu'on avait tout perdu pendant ces cinq ans. On va s'écrire tous les jours et je pense que c'est ça a été enfin. Moi, je situe à ce moment là le début vraiment de notre histoire d'amour. Vraiment, parce que j'ai vraiment senti que on souffrait vraiment l'un à l'autre.

[00:38:57]

Entièrement, totalement. On était dans le même projet de vie, même si, en termes de perspectives, c'était plutôt plombée puisqu'on ne sait pas vers quoi on allait. Par contre, on était sûr que ce vers quoi on allait, on allait y aller ensemble d'une manière ou d'une autre. Et ce qu'on s'offrait dans nos courriers, c'est jour après jour, par petites touches. C'était vraiment les racines de notre amour, de notre relation, de ce qu'on voulait pour l'avenir, de ce qu'on voulait ensemble, comme on était l'un et l'autre dans un contexte mortifère.

[00:39:29]

En fait, il n'y avait pas la place pour le mensonge. Je n'avais pas la place pour ce qui sortait de nous et ce qu'on offrait à l'autre. Finalement, c'était la quintessence de se comporter en loup. C'était vraiment l'amour avec vraiment un groupe à quoi? Si on n'avait pas pu, à ce moment là, partager cette forme d'amour. On aurait explosé en vol. Je pense qu'il n'aurait rien rester de notre relation. C'était évident.

[00:39:50]

Moi, je savais que pour moi, l'histoire allait s'arrêter là. Par contre, je savais que Michel, c'était l'homme de ma vie, c'est clair. Là, je l'avais la certitude. Donc, si on n'était pas capable à ce moment là, de construire, de partager. Si on avait eu des doutes à ce moment là, je pense qu'on aurait été verreux. Rien du tout. Et ça a été tout le contraire. On s'est construit, on s'est offert beaucoup de choses.

[00:40:11]

On s'est presque cinq ans. C'est long, c'est très long quand il y a que les lettres et on a vraiment mis en place finalement une gradation dans cet amour. En fait, on l'a vraiment nourri de plein de choses. Il y a eu plein de périodes, il y a eu. En fait, on aborder des sujets différents pour se connaître, pour savoir ce que l'autre attendait de la vie? On était vraiment sur. On va se donner les moyens de moi.

[00:40:33]

Ça a été après ma ligne de conduite jusqu'au bout, parce qu'après contre moi, je me suis investi pour que Michel sorte légalement. Moi, j'étais pétri de tout ça. J'étais nourri de tout ça et en fait, je me suis construite. J'ai construit notre amour là dessus. En fait, ce n'était pas des mots vides. Donc oui, c'est cinquante cinq ans de relation épistolaire. D'une part, effectivement, ça m'a permis de tenir parce que il n'y a pas beaucoup de centres d'intérêt quand vous êtes en prison, quand même.

[00:40:55]

Même si j'essaie de reprendre mes études et que bon, ça me donnait un cap. Les lettres de Michel, oui, c'était mon oxygène tous les jours. Quoi, c'était? Je lui ai écrit, je le lis et voilà. Et ça continue. Ça avance et on va vers nous, quoi. C'est complètement essentiel, bien sûr.

[00:41:14]

Un an plus tard, je suis resté un an à Orléans.

[00:41:16]

J'arrive en région parisienne, à la maison d'arrêt de Fresnes et quelques semaines quelques mois plus tard, j'apprends que Michel vient d'être lui aussi transféré au quartier OME, à Fresnes. Là, c'est un choc parce que je me dis que c'est possible d'avoir un parloir entre mari et femme ou entre concubin et concubines à l'intérieur des parloirs inter détention. Moi, je fais une demande parce que je pense qu'il n'y a pas de raison qu'on me le refuse. Et entre temps, je me dis que je me prépare vraiment mentalement.

[00:41:48]

Je prépare et je me dis Tiens, je vais m'habiller comme ça.

[00:41:50]

Je vais maquillée, comme si c'est inespéré de se voir parce que ce n'était pas prévu, parce que c'est ça fait à ce moment là. Peut être deux ans et demi qu'on ne s'est pas vus depuis l'échec de la tentative d'évasion. Donc, je suis vraiment complètement excitée. J'en parle à Michel. Je lui dis toi de ton côté, fait pareil, fais une demande, etc. Et je fais une demande à la direction, donc demandant qu'on nous autorise à nous voir.

[00:42:20]

Michel n'y croit pas du tout. Il sait que de toute façon, ça ne marchera pas. Et moi, je suis sur mon petit nuage jusqu'à ce que je reçois effectivement un courrier du directeur. Et c'est marqué en Stilo. Bien grand. Grandes lettres, des fois que je sache pas lire. Refus pour raisons de sécurité. Et donc, là dessus, Michel m'expliquent chez lui. Je lui parle de ma déception. Je suis. Je suis un peu révolté parce que je me dis que c'est un peu bête.

[00:42:46]

On est vraiment distantes de quelques mètres et on ne peut pas voir. Et ça me frustre terriblement. Je reste à la fenêtre en gardant le quartier homme comme une. Comme je ne suis pas une vous malheureuse en me disant mais c'est quand même assez dingue parce que je veux dire je ne sais pas, je suis à 200 mètres. Quoi, donc? Je ne peux pas le voir et je vais être dans cet état jusqu'au moment où il va être transféré et Michel va me dire mais non, mais nous autoriseront jamais à le voir.

[00:43:10]

En fait, c'est pas possible, ni maintenant, ni plus tard. C'est effectivement ça et ça s'est avéré puisque plus tard, on nous l'interdire. Donc voilà donc ça. Oui, ça a été un épisode extrêmement douloureux parce qu'après un espoir énorme, en fait, on se prend un mur et on se dit qu'elle le dure. C'est pas si simple que ça, à quoi? Pour mes parents, pour ce qui concerne ma relation avec Michelle du début, c'est à dire du moment où je vais être arrêtée jusqu'au moment où je vais sortir de prison cinq ans plus tard.

[00:43:38]

A aucun moment, ils vont aborder la question de Michel. À aucun moment, ni mes parents, ni aucun membre de ma fratrie. Pour eux, Michel. Il n'existe pas. C'est complètement tabou. Donc ils n'attendent qu'une chose, c'est que je sorte. Et un peu comme finalement ce qui s'était passé avec mon frère quelques années plus tôt, c'est à dire c'est un accident de parcours. Au départ, c'est très douloureux pour moi parce que finalement, j'aimerais leur expliquer, j'aimerais leur dire ben voilà, moi, j'en suis arrivé là parce que ceci, parce que cela, ça me semble nécessaire aussi à leur compréhension et pour leur dire que je ne me suis pas levé un matin en me disant Fqih, je vais partir en vrille, quoi?

[00:44:16]

Il y a une histoire, il y a une genèse et j'avais envie de leur expliquer ça.

[00:44:25]

Le procès va avoir lieu. 39 mois après mon arrestation. Il aura lieu à Versailles et va durer une semaine. C'est un procès assez pénible. Pénible d'abord, je pense, pour les victimes, bien sûr. Pour nous, parce que la présidente des Assises est évidemment partiale, comme elle le sont souvent. Peut être, mais là, elle nous fait vraiment sentir. Je revois Michel pour la première fois, on est en décembre 96 et on s'est quitté en juin 93.

[00:45:03]

Trois ans et demi plus tard. C'est énorme, c'est. C'est aussi une manière de voir comment pas de mettre notre amour à l'épreuve, mais de voir finalement la manière dont cet amour, confrontez finalement à notre présence réciproque à tous les deux. Comment il va s'exprimer? C'est important parce que même si c'est très, très limité, on se regarde et on comprend. On sait, on sait qu'on est ensemble. On sait que ça va être dur, mais que voilà, c'est le début de quelque chose aussi, que quelque soit le déroulé du procès.

[00:45:35]

Le verdict va nous donner un point de départ pour notre histoire. Ça va être le début de quelque chose parce que c'est comme ça qu'on le vit. On essaye un peu, entre guillemets, de positiver les choses. Et puis on est ensemble pendant une semaine, donc c'est donc énorme parce que Michel a une escorte bienveillante pendant les suspensions d'audience. Michel pourra demander à son escorte de nous laisser quelques minutes. Alors, c'est pas. On n'est pas dans une chambre, ça va de soi.

[00:46:01]

On est dans un mort, un bout de couloir, entouré par le gégène. Mais bon, ils ont l'intelligence de nous laisser un peu, de ne pas être complètement à côté de nous. Et nous, on n'est pas non plus. On essaye de rester là, on s'embrasse, on se parle et on voilà.

[00:46:22]

Vendredi 13. On se voit donc les jurés se retire pour délibérer. Ça va durer quelques heures et donc l'escortent, nous laisse nous voir puisque ce sera probablement la dernière fois. Michel me demande en mariage, alors je suis un peu soufflé. D'abord par la demande, par le contexte. En même temps, on n'a pas d'autre contexte à notre disposition, malheureusement. Et forcément, oui, je lui dis oui, tu dis que c'est ça, me, ça me touche infiniment, énormément.

[00:46:46]

Et voilà, quelque part, c'est un peu l'aboutissement. L'aboutissement de cette épreuve, c'est le début de quelque chose dont je cherche mesure vraiment. Et puis, en même temps, très vite, tu percute et je lui dis Je ne veux pas que Michel se sente redevable de quoi que ce soit. Ça, c'est pour moi, c'est quelque chose de très important. Donc, je veux vraiment décorrélés les deux, c'est à dire rien, notre amour. Et à ce que j'ai fait, ce que j'ai fait, je l'ai fait parce que j'avais envie de le faire.

[00:47:09]

Et si demain notre histoire d'amour s'arrête, je ne vais pas dire ben ouais, mais j'ai fait ça parce que non, c'est deux choses pour moi qui sont complètement dissociées, même si elles sont liées, bien sûr. Mais voilà, donc j'accepte. Et donc voilà, on est des futurs promis et on remonte quelques heures plus tard la cour d'assises pour entendre le verdict. Après le procès, je vais être libéré un an et demi plus tard. Je vais donc purger une nouvelle peine.

[00:47:44]

Ensuite, je vais être libéré. On va me refuser la libération conditionnelle.

[00:47:50]

Mais ça, c'est pas grave, c'est normal. Je sors en fait sortir par mes propres moyens parce que je ne sors pas tout directement peine sortie sèche, comme on dit, et je vais bénéficier d'une semi-liberté pendant trois mois. Donc, en fait, c'est les surveillants qui vont m'accompagner au centre de semi-liberté, donc j'arrive et on met dehors. Je ne pense pas que ce serait comme ça, mais ça a été comme ça. Donc je vais prendre le RER et rentrer chez mes parents en banlieue parisienne.

[00:48:18]

Voilà, donc c'est comme ça que ça se passe. La vie va se dérouler comme ça pendant une petite année. Et donc, la seule possibilité de nous revoir l'année suivante, c'est de nous marier parce qu'on aura un lien officiel. Et donc, voilà donc ce que j'aurais aimé, moi, que le mariage ne se passe pas en prison, évidemment. Mais on n'a pas le choix, donc on le fait et on se marie en prison. Le mariage se passe dans des conditions assez austères.

[00:48:41]

Dans un box de parloir, quelques mètres carrés, des chaises en plastique. Des témoins comme à l'extérieur, les formules rituelles. Et puis voilà Gourmet, votre livret de famille et vous êtes mariés. Voilà, vous repartez tout seul. C'est un moment très heureux parce qu'on arrive à s'extraire de toute cette aridité pour se dire finalement, ce qui importe, c'est ce qu'on vit. Nous, c'est notre histoire et on essaye de ne pas s'arrêter effectivement aux restrictions.

[00:49:12]

Même si moi, j'essaie d'aller chez le coiffeur, de mettre des petites fleurs dans les cheveux, de faire ce que je peux. Malgré le contexte. Mais l'essentiel est ailleurs pour nous et on le sait. Et voilà. Mais c'est quand même douloureux. C'est douloureux. Le soir, quand je rentre chez ma mère, je me dis je ne peux rien partager avec elle, obligée d'enlever mon alliance parce que personne ne sait que je suis mariée dans ma famille.

[00:49:31]

C'est douloureux, douloureux, de laisser Michelle dans sa prison, rien partager avec lui, même si ses camarades de détention lui faire une fête, etc. Mais on n'est pas ensemble et ça, ça arrache le cœur quand même. Un peu, un peu, beaucoup même. Mais bon, on est obligé de se lever. Et la prochaine étape, c'est la sortie de Michel, donc on y travaille, on est plus fort. Le fait d'être unis comme ça, même si ce n'est jamais qu'une signature sur un papier, ce n'est pas l'essentiel.

[00:49:58]

L'essentiel, pour nous, c'est vraiment une union du cœur et beaucoup plus fait. Qu'on reprend la valse des parloirs, donc on se voit. Moi, je vais aller travailler, je vais avoir d'appartement appartement, organiser ma vie, mais ça sera une demi vie parce que Michel et pas avec moi. Parce que même s'il essaie d'être présent, il me laisse un message tous les soirs sur mon répondeur que j'écoute le soir. Quand je rentre, j'ai des vêtements lui même si je mets deux brosses à dents dans l'appartement, même s'il me peint des peintures que j'accroche dans mon petit studio.

[00:50:33]

Même si vous me donnez des cassettes qu'il va enregistrer là, je vais entendre aussi pour avoir sa voix plein de choses. Il met le magnétophone le soir et puis me fait partager sa soirée. Alors voilà, je fais ça. Alors on me parle de ses aspirations, de ce qu'il fait, de ce qu'il a fait dans sa journée, de ce qu'il aimerait pour nous, de comment il voit les choses, etc. Et puis moi, je les écoute en boucle, je vois avec moi, je l'écoute le matin, quand je vais au boulot, je l'écoute le midi quand je mange.

[00:51:02]

Et puis il est là. En fait, c'est une manière de le faire vivre. Et oui, tant que Michel n'est pas avec moi, c'est CCC. C'est un demi de mes victoires. On va dire si on peut parler de toi et j'attends que ça, je ne vit que pour ça. Je ne vit que pour le moment. On va être ensemble parce que quand il n'est pas là, j'ai l'impression que je me noie, ont fêté. C'est vraiment ça.

[00:51:22]

C'est horrible. Physiquement, je suis coupé en deux qu'on a tranché en plein milieu et que dès qu'on a pris une moitié, qu'on ne l'achetez quelque part et que voilà, c'est viscéral. C'est vraiment l'amour. L'amour absolu, total, dire. Et rien d'autre qui compte, en fait. Toutes mes journées sont conditionnées par ça. J'attends que d'aller voir les parloirs. C'est ce temps qu'on a et on voudrait qu'il soit élastique à l'infini. Et malheureusement, on ne dure pas longtemps.

[00:51:46]

Dure quelques heures. Et puis voilà. Et puis ça, ça va nous tenir quelques années, jusqu'au moment où il va sortir.

[00:51:57]

Trente ans de détention, il n'avait jamais parlé ni avec des surveillants, si ce n'est vraiment ponctuellement pour des demandes, mais il n'avait jamais eu de conversation, ni même avec les directeurs de détention. Il n'avait jamais, jamais voulu. Pour lui, c'étaient des ennemis. Il était en guerre. Et donc voilà, dans sa tête, c'était un peu ça. Il a fallu faire un travail sur lui même. J'arrive à le convaincre de ça. Et ensuite, petit à petit, les portes se sont ouvertes, les mains se sont tendues et surtout, en 2000, la promulgation de la Loi sur la présomption d'innocence qui nous a donné une vraie vraie espérance et qui nous a donné vraiment la clé fait pour sa sortie puisque ce qui avant était une audience qui se déroulait au ministère de la Justice.

[00:52:39]

L'audience lointaines auxquelles vous n'assisterait pas votre avocat n'y assistait pas, donc est devenue une audience à l'intérieur de la prison, comme une forme de jugement ou de procès où vous pouvez assister. Vous pouvez défendre votre point de vue. Vous pouvez proposer un dossier. Votre avocat est là, vous avez un procureur, donc c'est un débat contradictoire. Donc, principe même de la justice. Donc là, vous pouvez vraiment physiquement être là et défendre finalement votre dossier.

[00:53:08]

Et ça, ça a tout changé. Et la première première demande a été acceptée avec un sas de six permissions de sortie au préalable. Donc, si tout se passait bien, Michel était libre. Il a été libre le 1er septembre 2003. Fait quand on quand on s'est marié, Michel m'avait dit Je te promets dans cinq ans, je suis d'accord avec toi. Et effectivement, cinq ans plus tard, quasiment jour pour jour, puisqu'en fait j'ai été libéré le 31 août, il lui a été libéré le 1er septembre.

[00:53:53]

C'était divinatoire, mais ça, c'est qui s'est vraiment passé comme ça. En fait, on s'est installé ensemble, cet amour qui se construisait, etc. Là, c'est complètement déployé. Il n'y a pas eu du tout de décalage entre a aucun moment. Ça fait 17 ans, plus de 17 ans maintenant qu'on vit ensemble. A aucun moment, il n'y a eu de ruptures ou de décalages ou de phase d'apprentissage l'un de l'autre. En fait, jamais.

[00:54:17]

C'est à dire que tout ce qu'on a construit pendant cette période. Tout ce qu'on a échangé dans ces lettres, même je pense dans les phases de préparation où c'était dur, la préparation des évasions. Mais on a beaucoup échangé et finalement, on s'est beaucoup appris dans des situations extrêmes puisque c'était on jouait notre vie quand même. Je pense que tout ça, sans le savoir, a travaillé en nous et je pense que notre amour était vraiment été, a été pétri de toutes ces choses, à toutes ses facettes, de tout ce qu'on sait faire, de toutes les silences, de tous les doutes qu'on a partagé parce qu'on a toujours été main dans la main.

[00:54:50]

En fait, il y a jamais eu de disputes, je n'ai jamais eu de remises en question, etc. Et ça semble idyllique comme ça. Mais ça a vraiment été comme ça. Ça a été des étapes et je pense que c'est ce qu'on voulait depuis le départ. En fait, on s'est toujours tenu la main. Même quand on n'était pas ensemble. On s'est tenu la main pour aller là où on voulait aller. C'est à dire là où on est aujourd'hui.

[00:55:09]

On est vraiment à notre place et c'est merveilleux. Et aujourd'hui, évidemment, le chemin n'était pas facile. C'était très dur pour lui, surtout pour moi, dans une certaine mesure. Mais je me dis je ne regrette rien, c'est évident. Ce chemin là, il valait la peine parce que ce que je vis aujourd'hui avec lui et j'espère que lui vient avec moi, j'allais dire on ne vit qu'une fois dans sa vie. Oui, probablement, mais je pense que c'est relativement rare.

[00:55:34]

Moi, je peux mourir tout de suite là maintenant. Et vous dire. C'est super quoi! Je viens de vivre 17 ans merveilleuses. Finalement, quand Michel est sorti, on a vécu ensemble tout de suite. Mes parents ne savaient pas que je vivais avec Michel. S'ils le connaissaient pas, ils le connaissaient pas. Donc, ils n'ont pas tilté quand il a été libéré. Même si ça a été médiatisé, Michel connaît l'attachement que j'ai, notamment avec ma mère.

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J'ai toujours eu une relation complètement fusionnelle jusqu'à aujourd'hui et ce sera toujours comme ça. Mais pour lui, il pensait qu'un mariage religieux, finalement, avoir la bénédiction de mes parents, ce serait important pour moi. Et ça l'était. Et ça l'est. Un an après sa sortie, on a. On a organisé sa fête par l'intermédiaire de mon oncle paternel, donc on a mis mes parents au courant. On a demandé s'ils acceptaient finalement s'ils donnaient leur bénédiction.

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Tout simplement parce que c'était une formule de notre culture pour qu'on puisse faire un mariage religieux, d'une part. Pour nous, c'était une manière aussi de faire un mariage un peu moins austère. Et mes parents ont mis aucune réserve et ont complètement accepté. Ils ont accepté Michel qui adore.

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Comme dit Michel après la cérémonie, les murmures parce qu'évidemment, chez nous, le mariage, c'est un peu pudique, on s'embrasse pas où on est côte à côte, mais c'est très bon. Là, il me dit à l'oreille Tu es ma princesse et moi, je pleure vraiment. Je n'arrive pas à arrêter mes larmes. C'est l'objet de recommencer les photos parce qu'elles sont les premières photos. Je suis mes yeux inondé de larmes parce que je me dis Mais c'est dingue, parce que pour moi, ça résonne en moi.

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C'est pas tellement, ça me dit, mais tout a commencé par ça. Finalement, mon refus, ça a été ça. Ça a été de me dire ce que je veux de la vie. C'est ça si je veux être Sissi. Parce que c'est tellement beau, elle est tellement magnifique qu'elle est tellement, c'est tellement féérique sous ce là de l'affinement pour arriver à ça, ça a été tout sauf Sissi, quoi. Mais je me dis au final voilà, la boucle est bouclée chez mon prince.

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Je suis sa princesse.

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Merci à Clémentine Delagrange, qui a réalisé cet épisode, et à Alexandre Ferreira, qu'il a monté et mis en musique. Si vous l'avez aimé. Faites le savoir, mettez nous des étoiles et des commentaires. Merci.

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Extraordinaire l'histoire d'amour que vous venez d'écouter. Vous savez quoi, finalement? L'engagement, c'est être déterminé à aimer pour une durée indéterminée. En tout cas, chez Mitic, on en est convaincu. Et ça fait 18 ans que ça dure. En 18 ans, le service de rencontres préféré des célibataires français de plus de 30 ans a été à l'origine de 8 millions de couples 8 millions de couples.

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Ça fait donc 16 millions de célibataires qui ont trouvé chaussure à leur pied. Rendez vous vous aussi sur Meetic pour commencer une histoire, une vraie.