Transcribe your podcast
[00:00:02]

Bonjour Xavier Dolan. Merci d'être avec nous à Cannes. Merci.

[00:00:12]

Vous êtes à Cannes pour présenter votre 8ème film Matthias et Maxime en sélection, on va en parler mais d'abord c'est votre sixième Festival de Cannes à moins de 30 ans. A peine 30 ans pour être précis. En fait, vous êtes un vieux réalisateur cannois.

[00:00:27]

Ca en fait ça fait 10 ans cette année en 2019 que on débarqué sur la Croisette avec J'ai tué ma mère". Je me rappelle très bien, il y avait toute la distribution du film puis Anne Dorval puis Suzanne Clément. Puis on était ébaubi. Ebaubi, ça veut dire émerveillé (mais c'est un mot français c'est pas mon québécois).

[00:00:53]

Alors c'est moi qui ne sait pas parler Francais.

[00:00:58]

Mais en tout cas, on était émerveillé devant les hôtels et les palmiers. Evidemment esthétiquement ce qui est Cannes mais aussi l'univers l'atmosphère, le rythme auquel déferlent tout

[00:01:11]

Mais quand on a 20 ans et qu'on est en sélection pour son premier film à Cannes c'est quoi ces galvanisant, c'est vertigineux, ça fait peur. C'est quoi?

[00:01:20]

C'est juste que moi prétentieusement j'avais déjà dit à tout le monde vous verrez nous irons à Cannes, on ira à Cannes avec ce film il était même pas tourné. Et les gens disaient: oui oui oui...

[00:01:27]

A vous le saviez déjà. C'est marant, vous avez déjà ecrit votre destin.

[00:01:29]

Non je ne savais pas, mais je voulais en rêver.

[00:01:34]

Alors vous avez eu j'ai dit, 6 films à Cannes. Y en a qui étaient si merveilleusement bien passé. Et puis y en a un peu moins "Juste la fin du monde" le dernier, il y a trois ans. Vous avez des critiques et vous avez dit oui ça m'a blessé ces critiques.

[00:01:48]

Mais oui ça m'a blessé mais je suis encore en harmonie avec le discours que je tenais à l'époque qui était. C'était difficile de lire. Moi j'ai toujours été extrêmement attiré par la critique. J'adore lire la critique j'adore les lire. Il faut bien que je sache enfin ce que les gens voient quand ils voient mon film. Je ne sais pas vraiment les films que j'ai fait jusqu'à ce que j'en entende parler par les autres. Mais c'est vrai que dernièrement et puis depuis la fin du monde c'est devenu plus complexe parce que j'ai l'impression que je lis une critique qui est très biaisée qui est très qui est plus oblique plus coupante et est surtout axée autour de ma personne au lieu d'être axée autour d'un produit.

[00:02:28]

Est ce que faire un film il y a dix ans c'est différent de faire un film aujourd'hui?

[00:02:32]

Autour de moi je sens que le marché s'est métamorphosé. Je sens que les gens préfèrent vivre le plaisir des films puis de la télévision de façon individuelle et casanier plutôt que de se retrouver dans un espace socialement avec les autres. Je trouve que c'est dommage.

[00:02:52]

Oui mais si les gens veulent ça, si les gens aiment ça. Qu'est ce qu'on peut faire? Si entre si vous dites à un ami, viens on va au cinéma et il vous dit non je préfère regarder Netflix? Qu'est ce qu'on peut faire?

[00:03:04]

Moi aussi j'ai Netflix mais il faut que les deux puissent coexister l'un peut pas remplacer l'autre. Le digital c'est la platitude.Ca manque de relief ça manque de texture ça manque de vie.

[00:03:16]

Vous trouvez que ce qu'on trouve sur les plateformes ça manque de vie?

[00:03:19]

Oui mais on multiplie ces richesses inouïes et inépuisables de ces nouvelles plateformes pour créer une multitude de contenus qui est extrêmement chiant et mauvais. Il y a quelque chose d'asceptisé là dedans qui pour moi correspond assez aussi à la mentalité à la nature de ces plateformes, à la nature du digital à la nature de ces technologies.

[00:03:40]

J'ai bien fait au début de vous dire que vous êtes un vieux réalisateur parce qu'au fond vous êtes...

[00:03:44]

Mais oui mais je suis un romantique, et puis conservateur.

[00:03:47]

Vous êtes vous êtes romantique et conservateur?

[00:03:51]

Non mais traditionaliste disons artistiquement.

[00:03:51]

Vous êtes vieux dans la tête? Vous êtes old school.

[00:03:55]

Moi je suis une vieille ame.

[00:03:57]

C'est pas mal d'être une vieille âme!

[00:03:59]

Non mais je ne m'en plains pas.

[00:04:00]

Là vous avez 30 ans on vous souhaite quoi. Vous aimeriez être ou dans dix ans à 40 ans.

[00:04:06]

Dans dix ans j'aimerais être en vie dans la société dans laquelle on vit au rythme où on détériore le climat puis vous savez, pour moi. Je ne me ferai pas d'amis là dessus mais. Est-ce que je devrais rentrer là dedans. Pour moi c'est excessivement déprimant qu'on puisse reconstruire à une vitesse, vouloir reconstruire à une vitesse phénoménale un monument historique qui est extrêmement important mais qu'on préfère sa reconstruction à la défense du climat. Imaginez si à la vitesse à laquelle vous vous avez en tant que nation à l'international à l'échelle internationale amasser autant de fonds pour reconstruire cette part de votre identité si vous aviez pu amasser ce genre de ressources et les mettre auu service de votre climat

[00:04:58]

Donc les milliards pour notre dame pour traduire ça vous choque.

[00:05:01]

C'est difficile de sortir l'été dans Paris puis de respirer. En fait ce qu'on est en train de nous dire à travers ce phénomène là c'est que c'est beaucoup plus facile pour nous en tant que société de réparer une part de notre identité qui nous définit en tant que société et qui définit notre économie que d'assurer notre notre notre avenir à long terme. C'est incroyable quand même.

[00:05:29]

Venons en au film à votre film Matthias et Maxime. ça raconte quoi. En deux mots pour quelqu'un qui ne l'a pas vu et qui a envie de le voir.

[00:05:39]

C'est un film d'amitié. C'est un film qui parle d'amitié et d'amour. C'est un film qui parle aussi d'identité sexuelle puis de ce qui nous définit. De ce qui nous a définit moi ma génération disons sexuellement, des blocages aussi psychologiques qu'on a par rapport à notre sexualité. C'est aussi ça le film mais c'est vrai que en sous couche on aborde cette question de l'aisance que l'on a avec de la souplesse que l'on a de la flexibilité que l'on a sexuellement en tant qu'humain qu'on soit hétérosexuels ou homosexuels à aller d'un côté ou de l'autre. Pour moi c'est très difficile. D'imaginer avoir une aventure hétérosexuelle il n'y rien que je désire plus. J'aimerais mais d'un point de vue biologique, ..., c'est impossible pour moi.

[00:06:32]

C'est ce que raconte aussi le film d'une certaine manière?

[00:06:34]

Non pas exactement mais c'est ce que moi je vous raconte présentement. 100% homosexualité. C'est tout ce que j'ai à vous dire. C'est pour ça que je suis venu à stupéfiante ce soir.

[00:06:46]

Vous avez bien fait. C'était une psychanalyse

[00:06:48]

Mais je suis super content. Combien je vous dois?

[00:06:50]

Xavier Dolan, vous avez gagné le Prix du Jury à Cannes où vous avez gagné le Grand Prix du Jury à Cannes. Si j'ai bien calculé là il faut la Palme d'or cette année pour Matthias et Maxime.

[00:07:04]

Je ne sais pas comment mon film va se mesurer à. Il est ce qu'il est c'est un film d'amour et d'amitié avec une émotion plus lente moins flamboyante moins immédiate que les autres. Après c'est vrai que je trouve la compétition très impressionnante. Je sais pas si ces metteurs en scène puis metteuse en scène vont être impressionnés par mon film, je l'espère!

[00:07:34]

Merci Xavier Dolan. Bon courage. Bonne chance pour le film. Si Matthias et Maxime.