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Christophe Hondelatte Je vous ai déjà raconté ici des histoires d'animaux que l'on a traîné en France entre le 12ème et le 18ème siècle, devant des tribunaux. Eh bien, voici deux autres histoires du même tonneau une histoire de charançons excommunier au 16ème siècle en Savoie et une histoire de brebis sodomites au 17ème siècle en Auvergne. Deux histoires que je tire droit d'un livre de Chantal Knecht qui paraît chez Plon. Des animaux au prétoire, elle sera là tout à l'heure. J'ai écrit ces histoires avec Bettina Servan, réalisation signée Céline le brave.

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Christophe Hondelatte. Du 12e au 18e siècle, dans l'Europe chrétienne et rurale, des hommes ont intenté des procès à des animaux, des animaux domestiques pour la plupart des vaches, des brebis et des juments. Des chiens, des chats, des coqs, mais pas qu'eux. Ils ont aussi traîné devant des tribunaux, des limaces, des papillons, des rats, des souris, des chenilles et au 16ème siècle, en Savoie, des charançons, des insectes qui se sont retrouvés dans le box des accusés.

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Nous voilà à Saint-Julien de Maurienne, dans le sud ouest de la Savoie. Un matin de février, 15 145 contesta paysans enfilent une veste en peau de brebis par dessus sa chemise.

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Et comme tous les matins depuis plusieurs mois, ils filent droit vers sa vie pour y planter des boutures de ceps de vigne.

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Sa vigne produit un bon vin blanc, doux et sucré. Le seigneur du château en raffole et l'évêque aussi. Il en commande plusieurs tonneaux par an. Et il en offre à tous ses invités venus de Rome ou d'autres régions. Son vin souvent bien et même de mieux en mieux. Jean Testa se frotte déjà les mains, d'autant qu'il vient de marier son fils Antonin, son unique Christ. Les six autres sont des filles avec Antoinette Duprat, la fille du vigneron voisin.

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Une aubaine. Une fois réunies les deux vies Safrane, domaine de près de 6 hectares. Mais le malheur frappe au mois de mai, peu de temps après Pâques, un matin, Jean Testa et les siens arrivent dans leurs vignes. Adieu le bon vin. Les vignes sont envahies par des cohortes de petits insectes grouillant des charançons, que certains appellent des vins ou des verpillière. Peu importe, ce sont des animaux terribles. Leurs larves, sorte de gros ver, se mettent à la fois dans les racines et dans les bourgeons, et les bourgeons tombent et il se dessèche.

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Mon Dieu, le ciel nous punit nos péchés. Qu'est ce qu'on va?

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Jean n'est pas le seul à se lamenter. Tous les vignobles du village sont touchés. Tous les paysans sont abasourdis de voir leur travail anéanti en quelques heures. Alors, ils pleurent et ils prient. Il implore la Vierge Marie. Que faire? Que faire?

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Jean eStat décide de rassembler chez lui, dans son cellier, tous les vignerons du village. Une réunion du désespoir. Moi, ce que je propose, c'est qu'on aille voir le syndic bûchettes au. Le Sadik, en ce temps là, représente la justice dans la commune. Celui de Saint-Julien s'appelle Pierre Ducol. Jean Testa va le voir sur le champ. Nous autres, pauvres paysans, on est abattus par ces mots dans un sac qui dévore nos vignobles, seuls fruits notre travail.

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Il faut faire quelque chose. Il faut aller voir l'évêque en notre nom et qu'elle nous délivre du mal pour que ces animaux, comme nos vignes, fêtent l'eau. Je vous en supplie. Le syndic en réfère immédiatement à l'official de Saint-Julien, c'est à dire le juge désigné par l'évêque pour rendre la justice ecclésiastique. Il se saisit du dossier, mais ça le laisse songeur. Mais enfin, que faire? l'Église pour arrêter ce fléau. Après tout, ces insectes auront bien le droit de se nourrir comme tout êtres vivants, comme d'autres créatures de Dieu.

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Et si ce fléau et que voulu par la puissance céleste et ignorant, peut être taillait après tout bon leur péché, c'est qu'ils sont souvent réticents à payer la dîme du vin et réticents à accomplir leur devoir religieux. Alors, en attendant, je propose qu'il fasse des processions, des processions expiatoires et qu'ils payent leur dîme. L'année prochaine, ils n'auront pas de vin, ils ne paieront rien et ils doivent payer maintenant. Et voilà comment les vignerons de Saint-Julien se retrouvent pris au piège au mois d'octobre, c'est à dire au moment où les vendanges n'ont pas lieu, l'official envoie un prêtre sur place pour constater les dégâts et dresser un rapport.

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Le curé débarque dans les vignes en surplis et étole violette. Et il les asperge d'eau bénite chaque mardi. Créateur de gables d'Elmau invertébré, ça vous arda d'un bon raisin et de des campagnes de la vigne et Nominoë patrie. Et puis les burrito santé. Mais ça n'arrête pas les charançons. En revanche, malgré la misère, les vignerons sont bien obligés de payer leur dîme et leurs aumônes et d'observer le jeu, de s'agenouiller devant les oratoires, faire don de leurs larmes au Seigneur.

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Oh! Le 22 janvier, 15 146 d'un coup, leur désespoir devient fureur.

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Les vignerons de Saint-Julien Jean está en tête, se ruent à l'église et il empoigne la statue en bois de Saint-Vincent. Alors, dans leur verre, dans le.

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Oh, notre saint patron nous a pas protégés des bêtes qu'ils sont en rage et donc il enferme la statue pendant quatre mois avec leur tonneau.

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Pour se venger, ils sont à bout.

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Au début du printemps suivant, un an donc après l'arrivée des coléoptères, le syndic Pierre Ducol décide que l'affaire n'a que trop duré. Il envoie une requête au juge pour réclamer que les charançons soient excommuniés.

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Nous ignorons de Saint-Julien sommes désespérés de voir le fruit de notre travail réduit à néant. Puissiez vous intervenir auprès de la puissance céleste pour lui demander de ne pas favoriser ses insectes plus que sa progéniture humaine. Nous demandons que les chansons soient mis en dehors de l'Église et qu'il soit excommunié, que le Seigneur soit avec nous l'official de l'évêque. Il répond par un jugement cinglant.

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Les vignerons de Saint-Julien ne rend justice si les seuls l'ibère de leurs péchés, par des prières ferventes et souvent répétés et par leur participation aux cérémonies ainsi qu'aux pèlerinages. Quant aux insectes incriminés, ce sont aussi des créatures de Dieu et on ne peut pas les chasser sans offenser notre Seigneur. En tout cas, ils ne seront pas excommuniés. Que ce jugement fasse seul le roi. C'est un jugement, donc c'est plié. Les charançons ne sauront pas excommuniée. Blanchi et épargné par l'official, Monseigneur L'évêque A finalement, les charançons sont partis d'eux mêmes au début de l'été.

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Ils sont allés s'installer ailleurs, dans les vignes de Bourgogne. Et là dessus, 41 années s'écoulent et nous voilà en 15 187 dans le même village de Saint-Julien de M'auriez. Jean Testa et sa femme et ses sept enfants sont morts depuis longtemps et c'est son petit fils. Fils d'Antonin, qui s'appelle Jean lui aussi, qui a hérité du vignoble familial qu'il a fait prospérer. Et quarante et une années plus tard, les charançons sont de retour au même endroit.

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Et la réaction des vignerons est identique en tout point.

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Allons voir, leur fille chialent et les voilà qui débarquent, gonflés de colère, accompagnés du syndic François Avner, à l'évêché de Saint-Julien. Ils s'installent tous dans l'église qui fait office de tribunal et l'officielle se met dans un grand fauteuil sous la grande croix. SÉLANGE, je vous prie? Silence. H.L Ça indique la laveau écoute. Le juge. Si nous vous présentons aujourd'hui devant vous, c'est en raison de la gravité immense du malheur qui s'est abattu sur nos protègerait.

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Ce sont des braves gens, ils ont toujours été fidèles à leur devoir religieux. C'est pourquoi ils ne comprennent pas pourquoi le ciel les frappe si injustement. Les animaux sont de retour. Eux qui n'avaient pas été excommuniés par la Sainte Église par le passé. Dès lors. Nous indique. Vous demandons de nous autoriser à reprendre l'instance mue précédemment. Il veut qu'on reprenne la procédure d'excommunication des charançons, qu'on appelle en quelque sorte quarante et une années plus tard, l'official se racle la gorge.

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Il a juste les manches de sa robe. Massieu, j'ai entendu vos griefs. Le fléau que vous décrivez? On ne peut pas nous laisser indifférents. S'attaquer à un autre Bonvin, enfin, comment est ce bien possible? Le vin n'est il pas la boisson de la Bible? Les noces de Cana, la Cène, la boisson qui remplit le calice, notre pape innocent enceinte, ne joignaient t il pas ces maladies par des cures de vin? Donc, je pense qu'une enquête sérieuse s'impose et je désigne Guillaume Fromentin en tant que commissaire.

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Et comme il est logique que la partie adverse, c'est à dire les dénommés charançons qui sont des bêtes de Dieu après tout, puisse assister eux mêmes à l'expertise, je nomme Antoine filiale comme leurs avocats. Le second procès contre les charançons s'ouvre le 6 juin 15 187. Filiale. En tant qu'avocat de l'accusé, nous vous écoutons en. Le juge. J'exhorte la cour de ne pas s'acharner sur ces pauvres bêtes du bon Dieu qui n'ont fait qu'obéir à la loi naturelle et ne cherchent qu'à survivre.

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Et j'ajoute qu'aucune excommunication, aucune censure n'est en vérité de nature à les affecter. Alors, que disent les livres saints? Voilà que je vous ai livré les plantes de la terre ainsi qu'elles vous servent d'aliments et soient la pâture de tous les animaux. Je demande donc à la cour de déclarer la demande de nul. Et non avenue. Je vous remercie. Le juge rend son jugement une semaine plus tard bien nous avons décidé de choisir la voie de la sagesse.

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Nous préférons une solution à l'amiable. Notre intention est de donner aux charançons. Une nouvelle pièce dotèrent qui soit loin des vignobles pourqu'il Egypte et subsistance.

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L'avocat Filiol, l'avocat des charançons et contre. Enfin! Je me suis rendu moi même pendant la suspension. Non, les gens qu'on prétend affectés aux insectes. Ils sont stériles, ils sont stériles des forêts, des ronces, des buissons, des thiou, de la terre, mortes, sans fruit. Je vous jure, monsieur le juge ne débouté mes adversaires de leurs demandes. Tout cela est absolument faux. Vous êtes l'avocat du diable. Enfin, le lieu qui n'aura été attribué est paradisiaque.

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Ça n'est que justice. Et là, l'official prend une dernière fois la parole. Eh bien, puisque les charançons ne veulent pas obéir à l'ordre divin. Je prononce leur excommunication. Cette sentence sera annoncée publiquement dans nos églises. Qu'ils soient maudits et anéantis avec l'aide de Dieu. La séance est levée. Après l'excommunication des charançons, voici l'histoire d'une brebis à Rions, en Auvergne. Au début du 17e siècle, elle commence le mardi 28 avril 16 106 dans le bureau du juge Dorian.

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Exposez votre nom, monsieur. Je sais que votre adresse et votre date de naissance. Le juge. Pierre Gauthier. Gebrane Fisons. Je suis laboureur à Rio depuis 10 ans. Mariez! d'Enfants. Le gars vient de passer trois jours en prison. Il est complètement abattu. Gauthier. Connaissez vous la brebis dont il est question dans cette affaire? Oui, monsieur le juge, oui, on la remarque chez. La seule noire du village emballent. L'importun Monvoisin.

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Jaillissait Monsieur? Des dépositions qui vous accusent d'un crime diabolique. Vous avez, monsieur? Ouvert, cette Barbies noire? Et plusieurs fois. Vous êtes accusés de copulation diabolique avec cette femelle? C'est un crime et empêcher que l'on ne peut pardonner. Enfin, monsieur! À quoi vous sert donc votre femme? Et pourquoi diantre, vous êtes vous mariée à. Vous l'avez dit vous même à l'instant, vous n'avez pas d'enfants. Cela s'explique puisque. Au préférerez, cette boîte talen à votre femme n'a pas.

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Non, je ne sais pas vraiment, mais en fait, je. Je suis innocent et j'ai aussi. Moins. Commencez donc par demander pardon à Dieu, je vous prie. Vous avez commis un péché, l'irréparable. Vous avez une inclination sodomites, monsieur, et seul Dieu pourrait effacer votre crime. Depuis votre mariage, monsieur Gautier? Avez vous? Fréquenter une autre agree! Assister à la messe du dimanche. Non, non, moi, c'est ma femme qui va à, confesse Pardies.

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Elle a des choses à se faire pardonner. Reconduisait donc en prison. Pour ramène Pierre Gauthier dans sa cellule sombre et humide à l'isolement. Son crime pourrait provoquer des émeutes. Et il est interdit de visite. Mais qui pourrait venir le voir? Sa femme, ses voisins, ses amis? Ils l'accusent tous.

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Cinq jours plus tard, le juge fait venir par les témoins dans son bureau. Pierre Gauthier est là, dans un coin de la pièce, tout recroquevillé. Le premier à témoigner est écuyer, conseiller du roi. Il s'appelle Melchior Gaspard de Trolleys. Jurer de dire toute la vérité, monsieur. Je le jure, monsieur le juge. Bien, je vous écoute. Bien. Cela s'est passé il y a un mois environ. Un dimanche matin, vers 9 heures, alors que nous sortions de la sainte messe avec ma femme et mes deux enfants.

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J'ai vu cet homme là en veste à carreaux et bonnet rouge contre l'une des façades de l'église. Il est en train de s'accoupler et de s'accoupler avec un mouton noir près de l'église. Un dimanche matin. Acuña Frémy Tout le monde est scandalisé. Voilà ce que je peux vous dire, monsieur le juge. Le deuxième témoin s'appelle Pierre-Jacques Monterai. Il est marchand de vin, Arion, et lui aussi était à l'église. Vous savez, monsieur le juge? Chez un commerçant bien connu et les gens me parlent.

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Et je compte plus le nombre de clients qui m'ont rapporté les mêmes faits. Je les compte plus. Vous pouvez me croire, monsieur le juge. Certains m'ont dit qu'il s'était accouplé avec un cheval. Et d'autres avec une chienne enfin de taille Prater conteuses peuvent ruiner notre cité. On n'a pas le droit de copuler avec une bête.

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Le troisième témoin est le propriétaire de la brebis Étienne d'Hotel, devant le juge. Il est un peu impressionné. Monsieur le juge. Je suis bien d'accord avec tout ce qui vient d'être dit. Il ne faut pas condamner la bête, elle est innocente. La bête, elle qui subissait ces assauts et essuyé le blé qu'elle protestait. Bahasa Sheba, ce que ça veut dire quand une bête belle d'une manière ou d'une autre. Vous savez, monsieur le juge? Une bad bank utile pour les jeunes peut encore servir quelques années sans viande.

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Sans oublier les vêtements chauds grâce à sa laine, la nature retrouvée, une très grosse perte pour moi et pour ma famille. Ce n'est pas parce qu'un homme a péché avec un animal que celui ci doit payer pour son crime. Seule responsable? Elle est d'ailleurs. Et il m'a dit plusieurs fois que c'était son goût. Il m'a même dit qu'il préférait la brebis noire à sa femme. C'est vous dire. Très menacé de le dénoncer plusieurs fois. Immense, oublié, il m'a promis qu'il recommencerait, paru en monsieur le juge.

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Monsieur le juge, rendre justice à ce pauvre animal, ne le tuez pas, je vous en supplie. Ouais, ouais, ça n'est pas l'agneau de Dieu que nous jugeons aujourd'hui. C'est une brebis lubrique. Parfait qui oublie sa propre nature et les mâles de sa famille. Robinson Ce que deviendrait le genre moutonniers? Toutes les brebis agissait de la sorte. Vient ensuite l'aubergiste Thomas Bonami. Oh moi, c'est sa femme! Rien Menton racontait un soir à l'auberge.

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Depuis qu'il fréquente l'animal, il remplit plus son devoir conjugal. Elle a surpris deux fois avec la brebis près du ruisseau. C'est un vicieux. Vous condamné à mort et. Mais la brebis? Je vous remercie, monsieur. Et maintenant, la femme de l'accusé. Elle s'appelle Claudine Claudine Gauthier n'est montée près d'une petite femme aux cheveux roux bien campés sur ses pieds. Quand elle entre dans le bureau du juge, elle jette un regard haineux à son mari.

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Le juge. Quelle femme peut souffrir plus que moi? Je suis la risée de toute la ville. J'aurais dû me méfier. Mon mari n'a jamais été trop fort pour ce qui est du devoir. Le devoir conjugal. Et d'ailleurs, tout jeune, elle voulait pas se marier. La dernière fois, c'était il y a cinq ans. Je me souviens qu'il n'était pas trop Beilin. Il est impuissant. Monsieur le juge, comment voulez vous avoir une progéniture? Bien Madame, je vous remercie.

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Le procès est suspendu. Ramener monsieur Gauthier en prison? Le juge nomme ensuite deux experts chirurgiens à qui il demande d'examiner le corps de l'accusé et qui déclare dans un procès verbal Monsieur Gauthier a visité et habité la brebis. Et puis, Pierre Gauthier finit par avouer oui, il a effectivement copuler avec la brebis noire. À plusieurs reprises. Et le 30 mai 706, le juge de Rion rend sa sentence. Kashagan Tyler. Vous êtes convaincu de crimes de sodomie envers une brebis noire appartenant à Etienne Hôtels Berger?

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Vous êtes donc condamné à être attaché à un poteau planté sur la Grand-Place de Rions. Et à y être brûlé vif, assis. Que la brebis noire. Tout va bien seront confisqués au profit de la ville et du roi. Le jour de l'exécution, toute la ville de Rions est là, sur la place du marché, dans une ambiance bon enfant. Il y en a qui dansent et d'autres qui chantent en hurlant Mort, gables, mort, sodomite.

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Enfin, la vraie vie. On commence par pendre Pierre Gauthier à la potence et ensuite deux gardes traînent la brebis juste en dessous sur une sorte de escabeau, et un bourreau l'étrangle dans le geste. Bref, ensuite, les deux cadavres, celui de l'homme et celui de l'animal, sont jetés au sol. On lance sur eux des bouts de bois et de la paille, et le bourreau y met le feu et les gens autour hurlent de joie.

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Et les cendres de ces deux êtres maudits sont ensuite enfouies profondément dans la forêt.

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Je vous ai raconté aujourd'hui deux procès d'animaux qui ont eu lieu dans notre pays. Jean Tacna, votre livre est mon inspiration. Il s'appelle Deux des animaux au prétoire, chez Plon. Combien de procès d'animaux avez vous recensé dans l'histoire de France?

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Oh, il y en a! Il y en a plus d'une centaine depuis le 12e siècle.

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Mais ce sont par la suite entre le treizième et le 18e siècle en gros, qu'on trouve ceux qui sont le plus documentés dans cette histoire de brebis sodomites et celle de deux charançons excommuniée en Savoie. Quelle est la parade absolue de certitude? Sur quels documents repose votre récit?

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Pour les procès d'animaux les plus documentés, c'étaient essentiellement des juristes au dix neuvième siècle, qui avaient beaucoup travaillé dans les archives judiciaires au préalable et qui racontaient ces histoires soit à travers des petits fascicules, soit à travers des livres de sociétés savantes. Il y avait par exemple les sociétés d'ethnologie ou d'archéologie. Il y avait La Revue des deux mondes.

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C'est un travail intellectuel de recensement des transactions financières à l'époque donné exactement avec plus ou moins de documentation.

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Et évidemment, pour ce livre, j'ai pris les archives les plus documentées qui a existé, ce qui veut dire que les deux histoires que vous venez de raconter, brillamment illustrées, ce sont des personnages, des faits, des époques réelles. Les dates sont réelles, précis. Les verdicts, les plaidoiries, les jugements sont réels. Les sens sont basés vraiment sur des sur des récits.

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On trouve quels types de documents on trouve des rapports, des comptes rendus réalisés à l'époque.

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Oui, c'était comme des espèces de tirer. Voilà, la truie a fait ça. Puis après, elle a fait ici. C'est là l'intérêt. C'est un tout petit peu selon les sens, selon les procès d'animaux de légèrement les romancés. Sinon, c'est trop sec. Quoi? C'est pas, mais c'est vraiment basé sur des récits historiques réels.

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Alors, le procès des charançons à Saint-Julien de Maurienne, en Savoie? Il est intéressant parce que c'est un procès ecclésiastique. Oui, il ne s'agit pas de justice civile, mais de justice religieuse. C'est la seule qui exerce à l'époque où il y a deux justices qui fonctionnent en parallèle.

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Il y a trois types de procès. On le voit, il y a les procès laïcs où on prenait les animaux à titre individuel, par exemple un port, une vache ou une jument, etc. Et là, on pouvait les appréhender, comme on disait à l'époque, on les mettait en prison, les juges, etc. Mais là, on était typiquement dans la France rurale et chrétienne. On avait affaire à des masses d'animaux. Quand on a affaire à des masses d'animaux, on peut quand même pas les prendre par la main, ni même s'en ressent.

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Et on ne peut pas les mettre dans un tribunal. Donc, encore une fois, les taxes étaient les références bibliques.

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Encore une fois et là, la justice ecclésiastique s'exerçait vraiment de plein gré. Parce que, d'une part, il y a une chose qui est très importante dans ces procès d'animaux en général, c'étaient des procès exemplaires, ont donné vraiment l'exemple aux gens. Mais alors là, comme on avait affaire à des paysans, quand il y avait des masses d'insectes qui dévaster les récoltes, c'était quand même important parce que ça faisait partie des grandes peurs de l'époque. Les inondations, les famines.

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Dans ce cas précis où les grandes maladies comme la peste, tout ça. Et que faire? Parce que la science agronomique n'existait pas, il n'y avait pas de pesticides. Donc on faisait pareil avec cette espèce de parité entre l'homme et l'animal. On les mettait pas dans un tribunal, mais on les faisait représenter par un avocat. Il y avait des plaignants qui étaient les laboureurs, les paysans, etc. C'est fini. On a plus de récoltes finies et avant de sanctionner les animaux, on incriminé les paysans, on leur donnait un peu.

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Un peu comme s'ils venaient à confesse. Il fallait d'abord qu'ils passent par des processions, des prières, etc.

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Ils n'avaient qu'à payer leur dîme et va payer. Voilà deux qu'ils allaient bien à la messe et que vous avez repris la messe que les femmes arrêtaient de jurer parce qu'elles jurées trop.

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C'était inadmissible. Qui devait payer la dîme, qui faisait des processions sur trois jours, etc. Donc, une fois qu'ils avaient fait tout ça, c'est à dire en gros, il obéissait à la justice divine, il obéissait à l'évêque. L'évêque était le représentant de la justice ecclésiastique. Il avait fait ça. Ayant décidé qu'il fallait excommunié les animaux ou les exorcisé ou leur jeter un anathème à l'air du temps, c'était l'excommunication.

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Justement, ce qui est intéressant dans cette histoire de charançons, c'est qu'on a deux verdicts qui, en vérité, à mon sens à 41 années d'intervalle, procèdent de la même logique. C'est à dire que l'évêque défend une foi du charbonnier pour ces gens qui, pour la plupart, sont analphabètes. Lui, on voit bien au premier, au deuxième birdie, qui n'en croit pas un mot de tout ça. La première fois, il dit C'est pas possible, ça ne tient pas debout.

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D'excommunier des charançons. Et puis, la deuxième fois, d'une certaine manière, Reedus aucune. Si ça vous fait plaisir, je les excommunie. C'est ça?

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Oui, c'est une affaire de famille. Parce que dans le fond, ça se passait tout le temps comme ça. Sauf que ça a été, ça a été vraiment précisé du petit fils. C'est son grand père. Excommunications, c'était quand même incroyable. Encore fallait il quand on excommunie un chrétien, ça veut dire qu'il appartenait à la communauté chrétienne. Donc là, il faut dire que les chansons ont été chrétiens.

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Ils étaient chrétiens et ils devaient être baptisés. Donc on les excommuniés.

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C'est tout l'absurde de la situation, mais ça révèle des croyances.

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Au début du 17ème siècle, on juge donc une brebis avec l'homme qui l'a sodomisé et on considère que c'est ça qui est ahurissant. Quelle est sa part de responsabilité? On va même jusqu'à dire, à un moment donné, qu'elle néglige les mâles de son espèce au profit de ses hommes.

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Voilà, c'est exactement calqué sur le modèle humain. On reproche à l'homme de ne pas honorer sa femme sur le plan sexuel. On reproche à la brebis de ne pas honorer pareil. Le bouc, je ne sais quoi. De fait, d'autres animaux, c'est exactement pareil. Là, c'est intéressant parce que dans les crimes sexuels dits de bestialité ou de sodomie. Là, c'est le crime absolu. C'est l'infamie la plus totale. C'est impardonnable. Ça existe depuis des millénaires.

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Ça existe aussi maintenant.

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Ça existe, bien sûr. Elle existe toujours. Briser ce tabou, d'ailleurs aussi tabou.

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Mais il me semble qu'il y a eu des histoires récemment où juste l'homme avait quelques mois de prison de sursis et qu'il avait abusé.

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Alors là, c'est le crime absolu.

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Alors la brebis est comparée avec l'homme au nom d'un seul et unique argument qu'elle est aussi une créature de Dieu. Et c'est très intéressant de voir que dans cette interprétation, au 17ème siècle, deux des textes chrétiens, on applique une lecture absolument littérale. Et donc, s'il y a écrit dans la Bible que les animaux sont des créatures de Dieu, alors ils seront jugés comme des hommes.

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Voilà, ils sont de toutes façons l'animal dans ces histoires de procès d'animaux. L'animal est toujours coupable. Le propriétaire n'est pas responsable. Jamais, jamais, jamais.

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Il compassée, pas le propriétaire de la victime, sauf dans ce cas là, de sexualité avec un animal. Ils sont tous les deux coupables, forcément, puisqu'ils ont tous les deux participé à cette à sexualité perverse, comme il disait, où le terme exact, à l'époque, était habitation charnelle.

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Moi, il y a un truc qui m'a bien plu, c'est un mouton noir. Oui, et que le mouton noir est une expression courante. Le hasard fait que c'est un mouton noir. Oui, il est décrit comme un mouton noir parce que l'expression le mouton noir peut être un peu des deux son quavait une habitude.

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Moi, j'ai recensé 40 40 procès de bestialité. Il y avait une habitude, c'était toujours de parler de la couleur de l'animal. Une vache sale était tachetée de roux. Un chien était blanc. Une jument était blanche.

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Il y avait toujours une façon de stigmatiser la couleur. C'était assez amusant, mais parmi les 40 procès, c'est très drôle parce que j'ai trouvé qu'une seule femme. Ha ha! Et en plus, une femme avec un chien sur les 40 procé, c'était 39 hommes avec des femelles. Et oui, il n'y avait pas encore le Pacs, mais ça, c'était assez intéressant parce que c'était c'était toujours de sexe opposé. Bon, peut être un fantasme de fécondité, à mon avis, rien d'intéressés.

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L'homme de justice que je suis, c'est que le juge comme maître des experts, chirurgien, oui. Voir le monsieur qui en conclut après donc avoir examiné, je suppose, son sexe, qu'il a habité la brebis absolument. Et les les expertises. D'où tire t il la certitude qu'il a habité la brebis?

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Et puis, il y avait des expertises médicales sur les femmes, sur les femmes, parce que là, elles étaient évidemment les médecins de l'époque. Confirmer qu'il y avait eu sodomie dont il fallait bien quelques petites preuves, malgré les délations des experts de l'époque, valent ce que elles valent aujourd'hui.

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C'est à dire? C'est une expertise assez mesurée. Le pouvoir médical en place.

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Alors, le facteur aggravant pour ce monsieur sodomites, c'est qu'il ne va pas à la messe. Ça, c'est quand même l'idée. Cela ne va pas la messe.

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Il est aussi condamné pour ça.

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Oui aussi aussi. Mais les crimes de sexualité, de bestialité, c'était vraiment une infamie totale. À tel point que y a eu quelques archives retrouvées. Moi, j'ai 40 procès. Il y en a beaucoup qui ont été perdus parce que quand on brûlait les corps, c'était tellement infâme qu'on brûlé les corps et ont jeté la procédure en jetés. Il arrivait qu'on jette aussi la procédure. Il y avait, c'est fini. Il n'y avait plus de témoignages. On n'avait plus rien.

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Tout était complètement annulé. Et ça, c'est assez drôle.

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Mermet l'animal payait quoi? Merci infiniment pour ça. Merci à vous pour le commentaire que vous en faites des animaux au prétoire de Chantal Knecht, dans la collection Labbaye chez Plon. Un petit lifting à 9 euros.

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