Claude Tavernier, meurtre sauvage ! - Le récit
Hondelatte raconte - Christophe Hondelatte- 1,976 views
- 21 Aug 2020
En 2012 à Barbezieu en Charente, Claude Tavernier, 82 ans, est sauvagement assassinée de 40 coups de couteau. L’enquête va connaître un énorme rebondissement…
Christophe Hondelatte Voici une affaire criminelle très atypique. L'enquête sur l'assassinat à Barbezieux, en Charente, en juin 2012, de Claude Tavernier, une vieille dame de 82 ans. Vous connaîtrez le nom du tueur et ça va vous surprendre, mais vous connaîtrez aussi une énorme frustration. Vous ne saurez pas pourquoi il a tué cette vieille dame. J'ai écrit cette histoire avec Thomas Audouard. Réalisation Céline Lebrun.
Kristin sont Delatte. 26 juin 2012, vers 9 heures et demie du soir à Barbezieux, en Charente.
Allo oui, j'écoute Lampaulais. C'est la société dalarme de chez Mme Tavernier, dit on, reçoit pas le signal du système d'alarme de la maison la. Il y a la possibilité d'aller voir Robin. Oui, oui, je suis à 500 mètres. Nicole Polet est la femme de ménage de Claude Tavernier, une octogénaire qui habite tout près de chez elle. Elle se dit S'il m'appelle, c'est qu'ils n'ont pas réussi à la joindre et elle va sur place.
Et quand elle arrive au Montueux, il y a de la fumée qui sort par un volet entrouvert. Un incendie. Elle appelle tout de suite les pompiers.
Ils arrivent. Il entre dans la maison, elle les suit et c'est elle. Oh mon Dieu, c'est elle qui découvre Mme Tavernier étendu sur le sol. Elle ressort en hurlant Elle est morte, elle est morte.
Quand les gendarmes de Barbezieux arrivent sur place, les pompiers ont maîtrisé le feu. Vous pourrez y aller sans problème. Ils s'approche du corps. Rodilhan a vu. Ce n'est pas l'incendie qui l'a tué. C'est un meurtre. Putain 1 2 3 5 6. Je crois que je vais pas arriver à les contrer.
40 Elle a reçu 40 coups de couteau, 32 à la gorge et 8 dans le dos. Et c'est de ça qu'elle est morte. Le feu, c'était après 40 coups de couteau. C'est un meurtre d'une sauvagerie inouïe. Tout autour, beaucoup de désordre, comme si il y avait une bagarre et une lutte entre elle et celui qui l'a tuée ou l'a t il tuée? Là où on a trouvé le corps? Non. Non, pas sûr. Il y a du sang partout dans la maison, dont 27 endroits différents, y compris sur un volet.
Mais là où il y en a le plus, c'est dans sa chambre, sur le sol et sur le lit. C'est peut être là qu'on l'a tué et avant, on l'a bâillonnée parce qu'il y a un rouleau de chatterton. Mais l'indice le plus intéressant de ce début d'enquête, on le trouve sous les ongles de madame Tavernier. C'est confirmé, elle s'est battue avec lui. 82 piges. Elle s'est battue et on retrouve sous ses ongles un ADN masculin.
Et le même ADN sur ses poignets et sur son pantalon? Pas mal. On a l'ADN du tueur. À Barbezieux, presque tout le monde la connaissait Claude Tavernier. Pas grand, 4000 habitants. Tu vois la maison de maître à l'entrée de la ville, là, près du garage Renault? Bah voilà, c'est chez elle. Ou plutôt, c'était le lendemain du meurtre. Une marche blanche réunit 300 personnes dans les rues de la petite ville et les gens viennent accrocher des fleurs à la grille de la maison.
Ça faisait 40 ans que Claude Tavernier habitait là. Veuve d'un colonel, mère de garçons, officiers et deux filles, mariée à des militaires catholiques, bien sûr. Vingt sept petits enfants, trente trois arrière petits enfants. Fallait voir l'été, tout ce petit monde dans la grande maison, les grandes tablées de quatre générations.
Il leur arrivait d'être 70 à table. Une grande famille française traditionnelle, dont Claude Tavernier était donc la matriarche. Elle était aussi très investie à Barbezieux. Militante du Secours catholique, elle allait voir les personnes seules à l'hôpital. Une femme simple, riche, mais très simple, avec diton, le coeur sur la main. Le lendemain du drame, les gendarmes ratissent la villa et ils s'aperçoivent qu'on a volé deux ou trois babioles. D'abord, il manque la télé et puis la carte bancaire de Claude Tavernier et aussi une pendule en bronze qui aurait une certaine valeur, d'après ce que disent les enfants dans les 10.000 euros.
Et puis, il manque aussi la voiture. On l'aurait donc tué pour une pendule.
La voiture, on la retrouve le soir même incendiée, à quelques kilomètres de la sortie de la ville, tout près du camp des gens du voyage. Et là, il y a un contexte. Au cours des mois précédents, 70 cambriolages ont été commis à Barbezieux et ça venait souvent du camp de caravanes. Et dans ce camp, les gendarmes ont un homme dans le collimateur. Un alcoolique et héroïnomane connu pour des vols avec violence et pour plusieurs cambriolages. Est ce que ça serait lui?
Les gendarmes l'arrêtent d'ailleurs quand il l'arrête télé au volant d'une voiture volée. Et il le place en garde à vue. Shopbot trop bien dans ma tête en ce moment, je ferais n'importe quoi. Peut être, mais ce n'est pas lui. Premièrement, il a un alibi solide et deuxièmement, on a prélevé son ADN. Pour comparaison, ça ne marche pas. Le 30 juin, il y a plus de 700 personnes aux obsèques de Claude Tavernier en l'église de Barbezieux.
Environ deux semaines après les obsèques d'un gendarme de Barbezieux qui n'est pas du tout sur l'enquête, c'est la section de recherches de Poitiers qui est sur le coup. Un gendarme de Barbezieux, donc un gendarme motocycliste, s'aperçoit qu'il a peut être vu un truc. Le soir du crime qui pourrait intéresser ses collègues? M'assoir. Là, je prenais mon service de nuit. Et puis, quand je suis arrivé à la gendarmerie, je me suis aperçu que j'avais oublié mes clés.
Donc je vais retourner chez moi et au retour, en revenant en passant devant chez Mme Tavernier, j'ai vu un homme qui sortait de la propriété. Et pour moi, cet homme là. C'était un gendarme. En tout cas, il avait au moins le polo bleu clair des gendarmes avec écrit gendarmerie dans le dos, ça, c'est sûr. Et c'est aussi pour ça que j'en ai pas parlé jusqu'ici parce que je me suis dit c'est un gars de chez nous.
Ils doivent être au courant, quoi? Et ce gars, vous pourriez le décrire? Oui, oui, un homme de 25 30 ans ne sait pas mettre 75 brins. Il dit qu'à ce moment là, des formations de gendarmes. Il a regardé l'heure sur le tableau de bord de sa voiture. Il était précisément 19 heures 57 et je vous le dis tout de suite. Aucun gendarme de Barbezieux n'est allé chez Mme Tavernier ce soir là, autour de 20 heures.
En tout cas, officiellement, les seuls gendarmes qui sont allés sur place, ils sont allés à 22h15, juste après la découverte du drame. Incroyable! Un gendarme serait dans le coup. Un gendarme qui serait allé la tuer en uniforme de quarante coups de couteau. Dans cette enquête, c'est un sacré rebondissement et c'est très embarrassant pour la gendarmerie qui mène l'enquête et n'y croit pas les gendarmes. Et donc ils élargissent le cercle aux anciens gendarmes. Moi, je me dis que c'est.
C'est être un contrat court, le gars, un gars qui n'aurait pas été reconduit et qui aurait gardé son uniforme, et donc les gendarmes se mettent à dresser des listes d'ex gendarmes, d'abord en Charente. Et puis il élargisse à l'Aquitaine et aux Pays de Loire et il arrive à une longue liste de mille noms et à partir de là, pendant deux mois, face aux gendarmes. Têtu, obstiné, méticuleux, il raye des noms. Il enlève les blonds, par exemple, puisque le type était bois et les chauves, puisque le type avait des cheveux trop grand et trop petit.
Et celui là, il pouvait pas être là ce soir là. Et celui là non plus. Tous les jours, il raye des noms sur cette liste de cinq mille noms. Et un jour, au bout de deux mois, il ne leur reste qu'un seul nom.
Les gars, on a un an.
Mathieu Bulinckx, 27 ans. C'est un ancien gendarme adjoint volontaire pendant cinq ans et jusqu'à il y a quinze jours à la gendarmerie de Baignes. Et depuis la fin de son contrat. D'après ce conseil, les agents de sécurité et là, on s'aperçoit que Mathieu Bulinckx connaissait la victime. En 2008, Claude Tavernier avait été cambriolé. Il est intervenu chez El. Alors, on va l'arrêter tout de suite là maintenant. Patience, patience. Les gendarmes de la section de recherches de Poitiers se rancard d'abord auprès de ses anciens collègues.
Le laugh impeccable des états de service irréprochables, voilà un bon gars, vraiment? Vous avez perçu de la colère contenue chez lui, de la violence rentrée. Robots du tout, nous! Non, mais toujours apparu équilibré, pas pas brillant, mais un type équilibré, quoi ajouter à ce tableau trop parfait que Mathieu Bulinckx est aussi fils de gendarme? Faudrait pas faire une boulette. Faudrait pas l'accuser à tort. Le 24 août 2012, Mathieu Blin est convoqué à la gendarmerie d'Angoulême.
Juste convoqué et il se présente très détendu, serein.
Monsieur Bulinckx, un collègue vous a vu sortir de la maison de madame Tavernier le soir où il a été tué. Qu'est ce que vous faisiez là, M. Effectivement, je suis allé voir Mme Tavernier. Elle a été cambriolée il y a quatre ans. À l'époque, j'ai eu à travailler sur l'enquête et de plus bas, on est devenus amis. Donc oui, il fut passé chez elle, mais je n'ai rien à voir avec sa mort. Je n'aurais pas fait de mal.
Vous êtes resté ami avec elle après avoir enquêté sur son cambriolage. Maroué. Vous nous avez dit à mon collègue, à moi qu'on pouvait revenir la voir pour prendre un café si on voulait. J'y suis allé. Cinq ou six fois, vous avez été gentille. Je me suis attachée à elle. On a beaucoup parlé après le décès de ma maman. Écoutez quoi réconforter, on se tutoyer, vous savez, on se faisait la bise aussi. Vous êtes resté combien de temps, monsieur Bulinckx?
Je dirais une demi heure. On vérifie. Il a vraiment perdu sa mère en 2003, mais cette histoire d'amitié avec Mme Tavernier. Les gendarmes ont du mal à le croire. Comme vous, comme moi, ça existe, les belles histoires, les amitiés intergénérationnelles, inter milieu social. Mais en général, si je me déplace, ce n'est pas pour vous raconter des romances.
Un point, tout de même Bulinckx. Le collègue qui vous a vu sortir de chez Mme Tavernier? Vous avez en uniforme? Ça fait 15 jours, monsieur, que vous n'êtes plus dans la maison. Qu'est ce que vous faisiez avec cet accoutrement à cet endroit là? Voyons comment il va se débrouiller avec ça. Mais en fait, je l'ai mise pour vous pour que chacun me reconnaisse bien quoi. Vous savez, il était quand même âgé. Il m'avait toujours vu dans cette tenue, alors.
OK, OK, il peut rentrer chez lui. Est ce que ça vous a convaincu? Non. Vous êtes durs? De toute façon, il ment, il ment quand il dit qu'il se tutoyait. Mme Tavernier n'a jamais tutoyé personne. Vous voyez ses cinq enfants et même ses petits enfants et même ses arrière petits enfants, et ça, depuis le plus jeune âge. Il paraît qu'elle vous voyez même les nourrissons. Pas du tout le genre à avoir des familiarité avec un gendarme adjoint du tout.
Et la bise? Les deux grosses marques sur la joue, madame Tavernier.
Vous n'y pensez pas, il ment. Et ajoutez à cela que dans l'entourage de Claude Tavernier, personne n'a jamais entendu parler de lui, ni ses enfants, ni sa femme de ménage. Personne. Il ment. Et ça se vérifie quand on interroge les collègues avec lequel il est intervenu à l'époque sur le cambriolage. Moi, je crois qu'il n'a jamais parlé avec elle à l'époque. Un seul chef de brigade qui lui a parlé, nous ou on était vraiment en retrait, quoi.
Est ce qu'à la fin, elle vous a dit revenez quand vous voulez? Oh non, non, je crois pas. Comme certains, nous ne vous a pas parlé, vous dis? C'est la confirmation que Mathieu Bulinckx ment. Par ailleurs, si on regarde en détail l'activité de son portable, il a coupé son portable le 26 juin à 14 heures, ce qu'il ne fait jamais, et il l'a rallumé le lendemain du crime. 11H45. Louche. Mais là où il y a plus aucun doute, c'est quand on compare son ADN à celui prélevé sous les ongles de la victime.
C'est lui, c'est lui qui l'a tué. Et après, ça va très vite.
Il est placé en garde à vue et par rapport à la fois d'avant. Il est beaucoup plus tendu et les gendarmes ne finissent pas. On a retrouvé votre ADN, monsieur Bulinckx. Sous les ongles de la victime. Il avoue tout de suite. C'est lui qui l'a tué. Il est que ce jour là, il est allé la voir chez elle une première fois, qu'il est parti, qu'il est revenu et que c'est là qu'il l'a tuée. Mais n'espérez pas plus de détails.
On se souvient plus de rien. Quelques flashes comme ça, mais le reste, j'ai oublié amnésies. Vous voyez y le flash dont je me souviens? Dans la chambre à coucher, elle est là. Elle me regarde. Elle crie de lui mettre du code sur la bouche. Et puis, je lui donne un coup de couteau au niveau de la gorge à coups de couteau. 40. Eh bien, les autres, il les a oubliés. Il est possible que ce soit vrai.
Un choc, un choc émotionnel. Il ne peut pas assumer ça, alors il le fasse. Ou alors, il Schick. Mais pourquoi est ce que vous avez tué cette femme bélarusses? Je ne me souviens pas, je me souviens plus. Ça fait deux mois que j'y pense. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça. On ne va pas pouvoir compter sur lui pour les explications. Pour moi, puisqu'il a fait ça. Il va falloir se passer de lui et donc échafauder un scénario fait d'hypothèses.
Le 26 juin 2012, à midi, Mathieu Bulleuse coupe son téléphone portable et le soir, aux alentours de 19 heures, il quitte son domicile à Angoulême et prend la direction de Barbezieux. A ce moment là, il a clairement son plan en tête. Il veut tuer Mme Tavernier. Il se gare à proximité de sa demeure. Il veut d'abord s'assurer que l'octogénaire est bien chez elle et qu'elle est seule à ce moment là. Il porte son ancienne uniforme. Il s'introduit dans le jardin.
Il s'approche de la maison à pas de loup, par la porte fenêtre du salon. Il la voit assise devant la télévision, un plateau repas posé sur la table basse. Il l'observe un moment assez longtemps pour s'assurer qu'elle est bien seule. Il ressort. Il retourne à sa voiture et c'est là que le gendarme de Barbezieux le voit. Là, il se change probablement. Il revient en civil avec un couteau de chasse et un rouleau de chatterton. Il passe par une porte fenêtre restée ouverte à l'arrière de la maison.
Il entre et il se jette sur elle. Il tente de la bâillonner avec le scotch. Mais elle se rebiffe. Elle le griffe. Elle se débat. Il n'y arrive pas. Elle réussit alors à se réfugier dans sa chambre. Il la rattrape. Cette fois, il la bâillonne et lui plante les premiers coups de couteau et il l'a laissée pour morte sur son lit. Là, il fait le tour de la maison pour mettre en scène un cambriolage.
Il repère la télé, la pendule en bronze et la carte bancaire. Il met tout ça dans la voiture de Mme Tavernier. Et là, il revient dans la chambre. Il s'aperçoit qu'elle n'est pas morte. Elle a enlevé son bâillon et elle est en train de ramper vers l'extérieur. Et c'est là qu'il ressort son couteau et qu'il l'achève. Et ensuite, il met le feu. Les experts ont mis à jour son système. Il a utilisé des bougies.
Il les imposer au pied des rideaux et il les a enflammé. Voilà à peu près comment ça s'est passé.
Sans doute. Ça colle avec la scène de crime, ça colle avec les traces de sang, ça colle avec les projections sur les murs. Il n'y a qu'une seule chose qu'il n'avait pas prévu que le feu allait ronger les fils du téléphone et empêcher la connexion avec la société dalarme. Et évidemment, il n'avait pas prévu qu'un ancien collègue la percevraient en uniforme. Mais s'il ne l'avait pas vu, c'était le crime parfait. On ne saurait jamais remonter jusqu'à lui.
Mais dans ce scénario rebute toujours sur le mobile. Pourquoi? Pourquoi est ce qu'il a fait ça? Pourquoi ces 40 coups de couteau? On a beau lui poser la question, il n'en sait rien. Il n'a pas fait ça pour la volée et n'a rien gardé, ni la pendule, ni la télé. Il n'a même pas essayé d'utiliser sa carte de crédit. Alors pourquoi? Là encore, il va falloir se contenter d'hypothèses et l'hypothèse la plus probable. C'est un traumatisme lié à la mort de sa mère quand elle meurt d'un cancer du sein en ayant caché sa maladie à ses enfants jusqu'au bout.
Mathieu a 17 ans et grâce aux témoignages de ses proches, on sait qu'à partir de ce moment là, il se met à s'habiller en noir. Il est hanté par la mort de sa mère. A ce moment là, il ne s'accroche qu'à un projet devenir gendarme comme son père, ce qui était aussi le rêve de sa maman. Mais il rate deux fois le concours de sous officier. Et tant pis. Il se rabat sur le statut de gendarme auxiliaire volontaire pendant cinq ans.
Il enchaîne les contrats courts. Et puis ça se passe mal et il est mise à la porte. Quinze jours avant de commettre cet assassinat, on peut donc envisager que le moteur du crime, c'est le ressentiment, c'est la frustration. Et pourquoi elle? Mme Tavernier est bien parce qu'elle est l'un des enfants, militaires ou officiers généraux même. Elle a des enfants qui ont réussi, ce qui l'a lui raté.
Voilà donc l'hypothèse qu'on peut formuler quant au mobile de ce crime. Vous trouvez ça un peu tiré par les cheveux? Eh bien malheureusement, je n'ai rien d'autre à vous proposer. L'instruction n'a rien de mieux à proposer et c'est dans cet état de supposition que Mathieu Bulinckx est renvoyé devant la cour d'assises pour assassinat. Plus les vols, plus l'incendie.
Son procès s'ouvre à Angoulême le 16 novembre 2015 pour cinq jours et on comprend d'entrée qu'il n'a pas changé d'avis.
Il assume son geste, mais il prétend qu'il ne l'a pas prémédité depuis son box. Il est à peine audible. Il est sans cesse au bord des larmes. Et d'entrée, il s'adresse à la famille Tavernier. Je suis désolé, vraiment désolé pour le mal que je vous ai fait.
On apprend à l'occasion que le gendarme Bulla était un geek, qu'il passait des heures et des heures sur son ordinateur, sur des blogs kotick, sur des sites de rencontres ou sur des plates formes de poker en ligne.
On attend beaucoup, bien sûr, des experts psychiatres, il vient dire qu'il est en proie à des pulsions et qu'il est dangereux, mais qu'il est en état d'être jugé. Il n'est atteint d'aucune pathologie psychotique. Le procès dure cinq jours et à la fin, Matthieu Bulla est condamné à 30 ans de réclusion criminelle, assortie d'une peine de sûreté de 20 ans.
Il fait appel à la dernière limite et il est rejugé à Bordeaux en mai 2017. Et d'entrée, il s'explique sur cet appel. J'ai beaucoup hésité. Je ne voulais pas. Infliger un second procès à la famille Tavernier. Mais vous comprenez? J'ai été condamné pour meurtre avec préméditation et ce n'est pas la vérité. Je n'ai rien prémédité du tout. Et là, on découvre un épisode qui était passé totalement inaperçu lors du premier procès. Et pourtant, c'est dans le dossier, au moment où il a été arrêté.
Mathieu Bulinckx était sur le point d'entrer dans la police. Il avait passé avec succès le concours pour entrer dans la police technique et scientifique. Il ne lui restait plus que les oraux à passer. Il a été interpellé juste avant. On a eu chaud. Ça s'est joué à pas grand chose.
À part ça, il n'a toujours aucune explication à son geste. C'est très frustrant pour la famille Tavernier. Ils ne sauront pas. Ils ne sauront jamais. Et le verdict confirme celui du premier procès. Mathieu Blin est condamné à 30 ans de réclusion criminelle avec 20 années de sûreté.
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