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Le monde est en proie à de nouvelles menaces, mais vous êtes loin d'avoir tout imaginé. Lisez Noir et rouge, les 2 premiers tomes de la nouvelle série événement Apocalypse avec Noir. Découvrez un Paris sans électricité plongé dans le chaos rouge. De nombreux incendies criminels provoquent la panique générale. Qui et derrière tout cela? Les romans noir et rouge sont disponibles en librairie chez Fleuve Éditions. Christophe Hondelatte, le 15 avril 2019. Un incendie a ravagé la toiture de Notre-Dame de Paris.

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Je vais vous raconter minute par minute le sauvetage de la cathédrale et de ses trésors, un récit que j'ai tiré tout droit d'un livre qui paraît chez Albin Michel, dans Les flammes de Notre-Dame de Sébastien Speeder. Sébastien Speeder, qui sera là tout à l'heure. J'ai écrit mon histoire avec Simon Veil. Réalisation Céline Braff.

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Henrotin. Christophe Hondelatte. Ce lundi soir, 15 avril 2019 marque le début de la Semaine sainte.

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Le père Jean-Pierre Cabots, le chanoine de Notre-Dame, est là. Devant environ un millier de fidèles, il célèbre les vêpres. La soliste au chant, un psaume.

[00:01:41]

Quand elle a fini, elle se retourne vers le prêtre. Il est 18h20. Le père Kabo s'avance vers l'hôtel. Il relève ses manches. Il tend les bras pour former une croix. Et là. Le père, ca vous entend, on va là, mais ça n'est pas la première fois qu'elle se déclenche en pleine célébration. Alors ici, c'est une fausse alerte. Et là dessus, les employés arrivent pour faire évacuer les fidèles. L'organiste ne sait pas quoi faire.

[00:02:11]

Il va voir le prêtre. Qu'est ce qu'on fait, mon père? C'est embêtant. Je n'en ai pas encore lu les Évangiles. Allez voir de votre côté et dites moi ce qui se passe. Je vais attendre un peu. L'organiste va jusqu'à la sacristie. Il regarde le boîtier de contrôle qui dit d'où vient la là? Et les zones nef, sacristie. En sortant, il croise un jean. Il ne le connaît pas. C'est un nouveau. Il est en ligne avec son chef au poste de sécurité.

[00:02:42]

Je n'ai rien vu. J'ai rien vu. Alors l'organiste retourne voir le prêtre qui n'a pas bougé. Un petit groupe de fidèles est encore là, au premier rang. Il veut terminer son office. Rentrez chez vous au jeu. Je vais rester jouer. Je vais faire une une messe basse. Pas que je n'ai pas pu lire les Évangiles. On comprenait donc le père Caveau se lance dans sa lecture lecture de l'Évangile de saint Jean Marie dans un flacon d'un parfum très peu et de très grande valeur.

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Elle répandit le parfum sur les pieds de Jésus, qu'elle essuya avec ses cheveux. La maison fut remplie de l'odeur du parfum.

[00:03:32]

Mais le père Caveau poursuit Judas Iscariote, l'un des disciples, celui qui allait le livrer.

[00:03:40]

Alors, j'ai tué mon père.

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Il faut évacuer. Vous pouvez plus dire la messe. Il y a une alarme. Tout le monde doit sortir. Le père Caro, soit, laisse alors conduire à la sacristie. Il est 18h42, ça fait plus de 20 minutes que l'alarme s'est déclenchée et sur le boîtier, dans la sacristie, le même message clignote toujours. Zone nef, sacristie. Et c'est une erreur. En vérité, une mauvaise configuration du système. Un problème identifié depuis plusieurs années.

[00:04:24]

Ce capteur qui vient de se déclencher n'est ni dans la nef ni dans la sacristie. Il est haut sous la charpente. Et d'ailleurs, le chef de la sécurité vient d'envoyer un de ses agents là haut dans la forêt. Lui aussi, c'est un nouveau. Il connaît mal les lieux, alors il le guide au téléphone. Il est 18h46.

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OK, tu prends une photo vite et tu dégages quand le chef de la sécurité reçoit la photo. Il est atterré. Il est 18h48. Ça fait presqu'une demi heure que l'alarme s'est déclenchée et là seulement, il compose le 18. Allo les pompiers! Quand l'alarme retentit à 900 mètres de là, à la caserne des pompiers de la rue du Cardinal Lemoine, la caporal chef Myriam est au réfectoire. Elle se précipite avec les autres feux de toiture à Notre-Dame.

[00:05:37]

Ils connaissent bien les lieux. Ils y font des exercices chaque année. Le camion sort, il tourne à gauche et là, il voit. Il voit la fumée. Renforts? Incendie, je répète. Renforts. Incendie. Le chef appelle tous les pompiers de Paris à l'aide. Il leur faut quatre minutes pour arriver sur place. Au même moment, deux engins pour parer Myriam déroule sa lance quelques mètres de tuyaux qu'elle branchera sur une colonne. Là haut, elle sait où elles sont et son rouleau à l'épaule.

[00:06:10]

Elle s'engouffre dans l'escalier de la tour nord, un escalier en colimaçon très étroit. Pas plus large qu'un homme, Myriam avale les marches deux par deux, voire trois par trois. Et derrière, suivent son cerveau et l'adjudant chef. Et il monte comme ça l'équivalent de 15 étages en courant. Il arrive en haut et en haut. Il y a une porte. Le Servan ouvre la porte. Et là, ce qu'il voit dépasse tout leur cauchemar. Une vision d'enfer.

[00:06:42]

Tout le trois est en feu et la base de la flèche et sa. Le blond commence à dégouliner. Et eux, ils sont trois sur un petit balcon qui fait à peine un mètre carré. En attaque, Myriam positionne sa lance Le Servan, la branche sur la colonne sèche qui immédiatement se gonfle de l'eau qui est envoyée d'en bas par les camions. Elle se met à arroser, ratisser. En vérité, sur ce brasier d'enfer qui semble se moquer d'eux, les flammes font plusieurs mètres de haut.

[00:07:12]

Elles font dix mètres et elles avancent. Et il y a du vent. Un bon vivant qui pousse les flammes vers eux. On va se faire coincer. Jeff. Pour l'instant, à ne pas pensé ne pas réfléchir. Tenir coûte que coûte.

[00:07:40]

Il est 19 heures 37 et Myriam est toujours là à lutter avec sa lance dérisoire.

[00:07:46]

Malgré son masque, son casque et son respirateur, elle sent la chaleur sur son visage. Elle a les yeux qui pleurent, mais elle se livre tout entière, toute entière. On change de point d'attaque. Myriam remballe sa lance. Elle s'engouffre sous le toit, dans la forêt. L'idée, c'est d'aller viser le cœur. Mais le danger est trop grand. Elle fait demi tour. Il faudrait saturer le feu.

[00:08:17]

Myriam a le plan de la cathédrale en tête. A une porte plus loin qui donne sur un chemin de ronde. Ils vont sortir par là. La lance est assez long, mais il faut qu'aucune poutre nous tombe dessus et vienne ralentir le débit, qui est déjà si faible. Myriam passe la porte. Elle s'engage dans la corniche. Les poutres sont en train de s'effondrer les unes après les autres et la chaleur est morte. Peut être 300 degrés, avec un effet four à pain qui est causé par la voûte en dessous.

[00:08:48]

La chaleur augmente à chaque pas.

[00:08:53]

Si elle va tout droit, elle pourra attaquer le cœur du brasier. Il doit y faire dans les 600 ou 700 degrés. Elle crève de chaud sous sa combinaison.

[00:09:03]

Ça y est, la lance est en position. Ils savent que de l'autre côté, côté sud, une autre équipe est en place. Elle ne voit pas le feu qui s'est emparé de la flèche. Elle ne voit pas que le feu crève la flèche. Elle arrose trois devant. Et soudain, un bruit assourdissant. Elle se colle au mur. Le vent semble devenu fou. L'air est saturé de flammèches qui cherche un point de chute et qui valdinguer dans tous les sens.

[00:09:31]

Mirianne ne sait pas que la flèche s'est effondrée, mais elle fait demi tour. Elle court vers l'escalier. La porte est fermée pour aller. Myriam est coincée avec son équipe sur une coursive à 40 mètres du sol. Cette putain de port treiziste? Y'a rien à faire. Il lavera de toutes leurs forces, ils donnent de grands coups de hache. Rien n'y fait. Et là, Myriam applique la procédure. C'est un réflexe conditionné. Radio en rade.

[00:10:14]

Il y a plus d'une balise de détresse à portée de main. Roqué, bouteille d'oxygène à moitié pleine. Il lui reste beaucoup d'air. C'est très bien. Ouf! La radio marche à nouveau, les gars. Leur balise a fonctionné, on les a localisés par GPS. Myriam balaye la coursive du regard. Le feu gagne du terrain et elle est dépitée. Ils ont perdu la bataille. Ils sont arrivés trop tard. Pourquoi est ce qu'ils ont donné l'alerte si tard?

[00:10:59]

Mais qu'est ce qu'il faut plus tard? On perd du temps. Quelques secondes plus tard, ils entendent des coups sur la porte et la porte s'ouvre enfin. Pas de blessés, R.A.S. Myriam et ses équipiers dévalent l'escalier et 100 marches au plus bas. Ils arrivent à l'air libre. Myriam enlève son casque. On fait quoi maintenant? On sort la danse et on crache là haut. Myriam avait la petite 2 ou 300 litres d'eau par minute, la grosse envoie de 1000 litres 8 litres d'eau à la seconde.

[00:11:37]

Faut s'accrocher. La pression peut monter d'un coup jusqu'à 8 bars. Quelque chose depuis peu plus. En bas, sur le parvis, ça grouille de monde. Près de quatre cents pompiers sont maintenant déployés. Toutes les casernes de Paris et de la Petite Ceinture. Aux alentours de 20 heures 5, un homme arrive sur le parvis. Il est confus de débarquer tard. Il s'appelle Jean-Marc Fournier. Il est militaire et prêtre. C'est l'aumônier des sapeurs pompiers. Oh, mon père, ont vous cherchez partout?

[00:12:25]

Je suis désolé. J'ai fait une cérémonie à l'Arc de Triomphe. J'avais coupé mon portable et c'est en partant en haut des Champs-Elysées que j'ai vu la fumée. Il y a bien des blessés. Non, mon père, non. Et le Trésor, justement, c'est pour ça qu'on va chercher. Le père Fournier s'engouffre sous une tente réservée aux personnalités. Le président Macron est là. Le premier ministre, la maire de Paris et le recteur de la cathédrale, monseigneur Chauvet.

[00:12:52]

A Monseigneur, c'est beau mon père. Vous y allez, mon père, et il faut aller sauver le trésor. Et il faut faire vite avant que tous ces fonds. Le trésor, c'est à dire surtout la Couronne, la couronne que le Christ aurait porté sur la croix, c'est Louis qu'il a acheté à l'empereur de Byzance en 239 et qu'il l'a ramené en France. Et depuis, elle a survécu à la révolution et depuis 10 806, elle est enfermée dans un coffre fort dans la cathédrale Notre-Dame.

[00:13:29]

Un coffre qui la protège du feu et de l'eau et de toutes les agressions chimiques et bactériologiques. Albert Fournier et il ne faut pas traîner et il faut aller chercher Gyver, Monseigneur. Vous avez le code du coffre, le code. Oh mon Dieu! Non! Vous ne l'avez pas. Ah non, je ne l'ai pas. Il faudrait demander au sacristain, mais ils sont injoignables. Je n'arrive pas à les joindre depuis tout à l'heure sur leur portable.

[00:14:01]

Y'a rien qui passe. OK, Monseigneur, je m'en occupe. l'Abbé Fournier s'élance vers la cathédrale. Il est équipé, il a son casque, son masque à gaz, sa tenue ignifuge qu'il engendre des dizaines de tuyaux et en même temps, il sort son téléphone et il essaye d'appeler les sacristain. Plus il s'approche de la façade, plus il doit éviter des brandons, des flammèches qui tombent du ciel, gros comme le pouce. Premier numéro.

[00:14:32]

Messagerie. Deuxième numéro. Messagerie encore. l'Abbé passe les grilles du jardin de la sacristie. Quand il entre dans la sacristie, il entend des coups. Il se dit c'est bon. Les pompiers sont en train de casser la vitre qui protège le coffre de la couronne, mais pas la vraie. La réplique en or, la vraie. Elle est au coffre. Un coffre rouge. Mais il est où, ce coffre? Alors, il appelle le recteur. Monseigneur?

[00:15:05]

Pas encore, Monseigneur. Il est roux, le coffre de la couronne. Et il n'est pas dans la salle des trésors. Non, pas du tout. Il est au bout, au bout, derrière le coeur, à tout au fond de Notre Dame. On l'a mis là. Maintenant, dépêchez vous avant, tout s'effondre. Le père Fournier, en tant qu aumônier militaire, a fait l'Afghanistan. Il est toujours allé sur le terrain, il n'a pas peur.

[00:15:42]

Il était aussi au Bataclan avec les pompiers en novembre 2015. Il est soldat, prêtre et aujourd'hui pompier. Il est là pour sauver. Il est vingt heures trente et une. Ça fait plus de deux heures que l'alarme a retenti. Performers, Alain-Fournier? Ça y est, on a trouvé le coffre. Il est là bas. Vous avez le code, mon père. Mais non, je n'ai pas le code et pas moyen de mettre la main dessus.

[00:16:06]

Bon, ben écoutez, on va devoir faire son volet. Le pompier fait demi tour. Le père Fournier le suit en marchant. Il se signe. Il passe la main sur la croix brodée sur sa veste anti-feu, près de son grade, et il prie pendant un quart de seconde. Et là, il entend un grand bruit, un craquement. Une poutre énorme vient de s'abattre à une vingtaine de pas derrière lui et dans la foulée, une pluie de plomb en fusion s'écoule sur l'autel central.

[00:16:35]

Et il arrive devant le coffre de la Sainte Couronne. Les pompiers du Louvre sont déjà là. Ils ont les plans de la cathédrale et la liste des œuvres à sauver. Ils ont réussi à briser la vitre qui protège le coffre. Et maintenant, ils cherchent un coffre dans le coffre. C'est ce qu'on leur a dit. Un meuble d'un mètre de haut arrondie sur le devant. On leur a dit que la couronne était de temps. Allez y doucement, un coup de hache mal placé détruirait la couronne.

[00:17:03]

Il est 20h38 et là arrive un groupe d'hommes, dont deux civils en veste, protégés par des casques. Bonjour, je suis le conservateur auprès de la direction des affaires culturelles et voici le régisseur de Notre-Dame. OK, le code, le code, vous l'avez? Oui, oui, oui, c'est bon, je l'ai. Ouf! Le gars s'appelle Laurent Prade, qu'il travaille à Notre-Dame depuis vingt ans. Il était à Versailles quand le feu s'est déclenché.

[00:17:31]

Il a pris le RER et ensuite un Vélib. Arrivé à la cathédrale, il a dû supplier un flic pour le laisser passer. Il est en mocassins et parka en toile, mais il s'en fout. Alors, Brad? C'est quoi le code? Putain, le code, c'est quoi déjà?

[00:18:07]

Entre temps, les pompiers ont réussi à dégager le coffre. Laurent Prade s'agenouillent. Il se souvient du début. Ça commence par zéro, mais il a un doute sur la suite. Alors il essaye. Erreur. Il essaye encore. Erreur. Il tente d'appeler un ou deux des trois sacristain qui ont le code. Ça ne passe pas à 20h40. Son téléphone sonne 888. Messagerie orange. Vous avez un message? Il appelle pour le consulter. Réseau indisponible, il tente une nouvelle combinaison.

[00:18:40]

Erreur. Et comme les textos passent, il envoie un SMS au sacristain. Et là, miracle, il est heures et le code s'affiche sur l'écran de son portable. Il le compose. Le coffre s'ouvre. Mon Dieu, Saillé! La couronne est sauvée.

[00:19:10]

Il est 22h42, le caporal chef Miryam vient de terminer sa deuxième rotation et a tenu son point d'attaque du parvis vers la nef. Elle tend sa bouteille d'air pour qu'on la lui remplisse. Elle va faire une petite pause de 30 minutes pour reprendre ses forces. Elle lève la tête là où les flammes atteignent maintenant 20 mètres d'eau, va mettre un type de la Croix-Rouge, passe avec un caddie rempli de bouteilles d'eau. Elle en attrape une et elle sidra longuement.

[00:19:40]

Elle a eu chaud, très chaud.

[00:19:58]

Il est 21 heures 41 et ça y est, le père Fournier et les pompiers ont réussi à sauver les œuvres de la cathédrale. Il a dû décrocher des tableaux lui même et au passage, il en apercevoir avec son pouce. Mais c'est comme ça. Il a sauvé la couronne du Christ. La tunique de Saint Louis et tout un tas de reliques. Des centaines d'objets qui s'entassent maintenant dans un Algeco jardin du chevet. Sous haute protection, les policiers de la mairie armés jusqu'aux dents.

[00:20:33]

Le prêtre entre dans Algeco. Il enlève son casque. Il ouvre une petite boîte en cuir rouge. La voilà, la couronne dans son anneau de cristal d'une vingtaine de centimètres de diamètre et à côté d'un tube qui renferme un morceau de la croix du Christ et ensuite enroulé dans un tissu.

[00:20:54]

Il déballe la troisième relique, une tige métallique d'une quinzaine de centimètres, un clou de la croix, un clou qui aurait perforé le corps du Christ lors de sa crucifixion. Il le soulève dans le faisceau de la lampe de son casque et il l'embrasse. Il a rempli sa mission, mais il lui reste une dernière chose à faire. Il se dirige vers la cathédrale et il faut que j'y retourne. Je voudrais sauver le Christ, c'est dangereux. Mon père, quand il dit qu'il veut sauver le Christ.

[00:21:28]

Lui, il pense aux hosties parce qu'une fois consacré pour des millions de chrétiens, ils sont le corps du Christ. C'est toujours difficile de voir quelqu'un périr dans les flammes. Il sait très bien où sont les hosties dans l'armoire du tabernacle, près de l'autel, mais l'endroit est inaccessible. Des billes de plomb brûlant pleuvent tout autour. Près du coffre fort, mon père Yagan, Giam, tabernacle et dedans, vous trouverez le ciboire. Le père Fournier remonte le déambulatoire.

[00:21:58]

Il s'agenouille devant l'autel. Il se relève. Il ouvre le tabernacle. Il sort le ciboire hilotes, son couvercle. Et il prie. Il est 23 heures au PC des pompiers, la tension est retombée. Il n'y a pas eu de blessé grave, juste un pompier sous oxygène et quelques coups de chaud. Le patron des pompiers de Paris, le général Galler, affiche son premier sourire de la soirée. Il s'approche de Monseigneur Chauvet, le recteur qui est avec la maire de Paris, Anne Hidalgo, monseigneur Hahn.

[00:22:38]

Ça y est, on a sauvé, on a sauvé Notre-Dame. Le feu est circonscrit et la structure est sauvée. Elle a beaucoup souffert. Il faut rester prudent, mais elle est sauvée.

[00:22:51]

Dans la foulée, sur le parvis, le président Macron s'adresse à la nation que Notre-Dame de Paris, c'est notre histoire, notre littérature, notre imaginaire, le lieu où nous avons vécu, nos grands moments, nos épidémies, nos guerres, nos libération. C'est l'épicentre de notre vie. C'est l'Etalon d'où partent les distances. Et l'on se mesure depuis Paris. C'est tant de livres, de peintures. C'est une cathédrale qui est celle de toutes les Françaises et de tous les Français, même celles et ceux qui ne sont jamais venus, nous bâtirons Notre Dame.

[00:23:39]

Parce que c'est ce que les Français attendent. Parce que c'est ce que notre histoire mérite. Parce que c'est notre destin profond. Je vous remercie. Voilà pour ce récit. Le temps que je sors directement de votre livre Sébastien Speeder dans les flammes de Notre Dame, qui paraît chez Albin Michel. Quelle a été votre méthode de travail? Je précise d'ailleurs que je n'ai pas repris la totalité du livre. Il y a d'autres points de vue, d'autres personnages, celui de Anne Hidalgo, celui des journalistes qui annoncent et font vivre l'événement à la télévision.

[00:24:22]

Je me suis concentré sur place. J'ai envie de dire quel a été votre méthode pour arriver à reconstituer minute par minute ce qui s'est passé.

[00:24:30]

Ma méthode a été empirique. Je n'ai pas voulu faire une enquête. Je n'ai pas voulu être exhaustif. Je suis allé voir les pompiers parce que je n'avais pas mal d'amis qui étaient pompiers. J'ai été journaliste pendant des années. Je les ai suivi. J'ai dormi à la caserne, j'ai décalait avec eux dans leur camion. Je les connais. Et le lendemain de l'incendie, il les a appelés pour prendre des nouvelles et ils ont commencé à me raconter, m'a stupéfait et j'ai voulu en savoir plus.

[00:24:51]

Pas comme un livre d'enquête, mais comme un recueil de témoignages qui me permettait de palper la réalité. Parle facilement parce que ce sont des militaires, des pompiers de Paris. C'est un cas à part avec deux de Marseille. Alors, les premiers coups de téléphone ont été spontanés et faciles. Et ensuite, quand ça a été plus systématique, là, il a fallu obtenir des autorisations SSL, notamment par le biais de l'Etat. Ils sont tenus au devoir de réserve.

[00:25:13]

Il y a un devoir de réserve. Ce sont des soldats, des soldats du feu, une brigade créée par Napoléon et qui est régie par toutes les lois, qui correspond à la grande muette. On n'intervient pas, les militaires comme ça, donc il a fallu prendre du temps.

[00:25:24]

Mais vous pensez qu'il vous ont tout dit ou qu'ils ont laissé certains épisodes de côté? Je ne sais pas. En tout cas, ce qu'ils m'ont dit, ce qu'ils m'ont dit. Marveaux Dans vos yeux, à l'instant, je viens de découvrir ce qu'ils m'ont dit, m'a stupéfait.

[00:25:36]

Ce qu'ils m'ont dit m'a combler. Ce qui m'ont dit m'a suffi, m'a suffi parce que c'était humain, infiniment humain. Vous avez retenu le personnage de Myriam? Myriam, c'est un petit bout de femme. Elle a 25 ans. Elle est dur comme fer. Elle a un mental d'acier et c'est la première à se rendre sur place. Myriam a 25 ans quand elle était plus jeune. Elle rêvait d'être pompier. Elle est née à Arasse. Elle passait par la place des héros quand elle rentrait chez elle et elle est la première à monter là haut.

[00:26:02]

Imaginez vous cette femme, Myriam, avec son nom symbolique. Myriam, c'est Marie. C'est la marie, la Bible qui va sauver Notre Dame. Premier symbole fou. Eh bien, Myriam, elle est là, haut perchée sur Notre-Dame. Entre le vide et le néant. Le néant, c'est le brasier et le vide. C'est l'altitude coic, les 45 mètres qui les séparent du sol.

[00:26:20]

Et elle va y aller. Alors, prenons l'intervention. D'abord des pompiers de cet équipage qui arrivent de la caserne voisine, qui est donc à 900 mètres. Ce qu'on perçoit dès le début de ce récit, c'est que le problème vient de la sécurité de Notre Dame, qui met 28 minutes. Ça paraît surréaliste à comprendre et a appelé les pompiers.

[00:26:41]

On se demande s'il n'aurait pas pu appeler les pompiers avant de comprendre, mais c'est le départ du feu, c'est le départ du drame. Savez, Victor Hugo disait dans le drame, dans tous les drames comme dans la réalité, il y a du grotesque et du sublime, le grotesque qui s'est logé là dedans dans ce petit boîtier. En fait, il y avait un message d'alerte zone 9 sacristies. Tout le monde savait que ça désigne la nef. Et la sacristie n'a pas tout le monde.

[00:27:04]

Pas ceux qui ont fait le tour. Ils sont là, les agents de sécurité et ceux qui sont chargés de présenter tout de suite. Quand il y a un incendie, c'est un incident, un incendie. C'est à nouveau ça, un petit gars qui a été embauché la veille. Il voit sur le boîtier cette alerte là. Ce message là, il monte dans la sacristie. Mais la sacristie, c'est le petit bâtiment qui côté notre Notre-Dame, alors que le feu s'est déclenché sous le toit de Notre-Dame.

[00:27:24]

C'est une erreur d'appréciation de nomination. Une erreur d'appellation zone 9 sacristie qui va entraîner cette perte de temps phénoménale. Et vous savez, les pompiers disent une chose ils disent que pour éteindre un incendie au bout d'une minute, il suffit d'un verre d'eau au bout de deux minutes. Il faut un seau au bout de trois minutes. Il faut une tonne. Alors imaginez quand il a fallu au bout de deux minutes. Il y a un côté très dérisoire dans l'arrivée de ce premier équipage.

[00:27:51]

On comprend pas bien. Il y a le feu à notre. Ce n'est pas un camion, c'est à dire que normalement, ils doivent tous arriver en même temps. Il arrive tout seul, alors évidemment, bon, les autres suivent assez vite, je pense, mais il arrive tout seul. Un petit camion de pompier avec ses trois, ses trois pompiers qui s'engagent dans la tour nord. C'est dingue. Ils arrivent les premiers, mais très vite, ils font le tour du problème et ils sont très vite rejoints par leurs collègues.

[00:28:14]

Il y a Myriam Primo, intervenants au sol. Il y a une autre équipe au sol et un pompier qui s'appelle le lieutenant Julien, qui va rentrer par le portail principal, qui va lever les yeux au ciel et qui va voir qu'il y a quelque chose qui se passe. Il y a un crépitement au dessus de ce toit. Et puis le toit s'effondre parce que c'est la flèche qui vient de s'effondrer. Et il me dit quand il a une fois qu'il a vécu ça, il me dit.

[00:28:39]

Ce jour là, Sébastien, j'ai vu en levant les yeux au ciel, en levant les yeux en haut sur le toit Notre-Dame. J'étais dessous et je me suis dit C'est le diable qui entre nous vomir dessus. Toutes les flammes de l'enfer. Voyez ces images là fortes. Ils ont tous été très marqués par la symbolique, par la puissance de cet incendie. Pas par sa. Technique l'appréhendez en faire le tour, mais par tous les symboles que ça générait et le diable vaincre le diable.

[00:29:05]

Vous savez, les pompiers sont des soldats du feu. Ils sont là pour vaincre un ennemi. Ce jour là, leurs ennemis étaient diaboliques. Ils avaient une goo, une bouchée norme et ils vomissaient sur toutes les flammes de l'enfer. Alors ce qu'on perçoit aussi, c'est que le fait que les pompiers se soient entraînés et ces pompiers là se soient entraînés régulièrement à Notre Dame, qui connaissent la cathédrale est essentiel. C'est que Myriam, elle, sait précisément où sont les colonnes sèches auxquelles elle peut connecter sa lance pour faire monter de l'eau et arroser l'incendie.

[00:29:33]

Elle le sait, vous l'avez très bien dit.

[00:29:35]

Six mois plus tôt, quelques mois plus tôt, ils vont faire des repérages. Ils en font régulièrement dans la cathédrale. Elle en a le plan dans la tête, la connaît par cœur, sa cathédrale. Simplement quand il faut monter par ce petit escalier par lequel elle accède au toit de l'escalier est tellement étroit qu'il y a une seule personne qui peut tenir la forme avec son bras. A quoi ressemble cet escalier? On voit bien à quoi ressemble un étroit saint, petit sas en pierre.

[00:29:57]

Mais avec tout le matériel 20 30 kilos qu'elle a sur le dos. Puis cette lance qu'elle va porter. Et puis l'urgence de la situation. Ces marches, faut les monter. Il faut aller jusqu'au bout. Et puis, après ce qu'elle découvre, ces flammes immenses, c'est invraisemblable. Parce que ça, c'est une morale qu'on peut d'ores et déjà tirer. C'est que c'est l'entraînement des pompiers sur ce site dans les années qui précèdent l'incendie, qui leur permettent d'être efficace ce jour là.

[00:30:19]

Et que donc, sans doute, il y a la tentation de dire on va pas encore aller Notre Dame cette année, on y est déjà allé l'année dernière. N'empêche que à ce moment là, elle sait où est la porte. Elle sait où sont les colonnes sèches. Elle sait comment monter jusqu'à la corniche. Elle sait tout ça. Elle sait tout ça. Et ces chefs savent tout ça. Ils ont des plans d'évacuation, de lutte contre l'incendie en cas d'incendie de dame, en cas d'incendie du toit, en cas d'incendie de la forêt.

[00:30:42]

Ils savent très bien ça. Ils ont imaginé ce scénario, ils l'ont imaginé. Le meilleur moyen d'être efficace pour un pompier, c'est d'avoir répété dans ces lieux très fragiles.

[00:30:51]

C'est ce qu'ils ont fait plusieurs fois, simplement. Vous savez, Christophe, les militaires, ils ont tous sans tête que les plans de bataille sont faits pour être balayés le jour de la bataille. Et là, quand l'incendie prend prend vraiment, quand l'incendie se gausser un fumigène d'entraînement, il y a un facteur qu'il n'avait pas pris en compte, c'est le vent et le vent qui va pousser cet incendie vers la tour nord, vers le clocher et donc vers verreux et vers le clocher et vers le vers, ces énormes cloches qui risquent de s'effondrer en s'effondrant dans d'entraîner avec elles tout Notre Dame.

[00:31:22]

Mais là, ils ont les jetons. Et là, le général Galais a a mesuré la difficulté qu'il se présentait à lui. Et quand il va ensuite s'enfermer dans une salle de la préfecture, juste en face avec le premier ministre, avec le président de la République, il n'en menait pas large. Il paraît que le premier ministre était en larmes à ce moment là.

[00:31:38]

Alors, parlons du curé de ce père, Fournier, qui est donc aumônier militaire, à la fois soldat, pompier et prêtre. Bon, faut sans doute pas trop personnaliser la chose. Il n'est pas le seul à intervenir. Il a voulu raconter une brigade de sapeurs pompiers, les sapeurs pompiers du Louvre, qui sont déjà des gens habitués à manipuler des œuvres d'art, qui sont là avec la liste des objets à sauver. Ils ont tout inventorié et savent très bien qu'il faut aller chercher à quel moment et pour la plupart, ou exactement simplement comme vous vous l'avez raconté, le père Fournier.

[00:32:09]

Il y a un moment d'hésitation. Mais où est ce qu'elle est? La couronne du Christ? Parce qu'il y a une fosse, c'est une vraie. Donc, c'est dans la sacristie et la vraie est tout au fond de la cathédrale. Et peu de gens savent où elle est en vérité. Oui, oui, c'est ça. Elle est présentée une fois par an par toute l'équipe de Notre-Dame, par monseigneur Chauvet. Mais à ce moment là, il y a un tâtonnement, il y a une hésitation.

[00:32:28]

Et puis, l'histoire du code est invraisemblable.

[00:32:30]

Donc c'est quelque chose, ce sauvetage des objets et des reliques qu'ils font tous ensemble. Il, quel rôle là dedans? C'est lui qui donne l'impulsion et c'est lui qui motive les troupes.

[00:32:41]

Fournier, c'est sa mission. Fournier. Il est chevalier d'un ordre particulier qui est chargé de défendre la sainte Couronne. Ça fait partie de ses attributions. Fournier, il est le. C'est le premier prêtre qui va pouvoir rentrer alors que pulpeux. Alors que Notre-Dame est devenu un sanctuaire interdit à tous, où seuls les pompiers peuvent encore pénétrer cette couronne sacrée. Il y a quand même quelque chose que je veux dire ici. C'est que, certes, l'Eglise catholique dit que c'est la couronne du Christ qui a aucune certitude là dessus.

[00:33:12]

C'est comme le saint suaire de Turin. C'est comme le clou. C'est comme le morceau de la vraie croix. Ce sont possiblement de vraies reliques. Ce sont possiblement de faux objets. Personne n'a jamais pu dire si c'était vrai pour le dire, ça quand même. Parce que dans le bouquin, on vous sent Tasiast. Mais bon, moi quand même, j'ai une petite lumière qui s'allume. Je ne suis pas sûr que c'est la vraie croix. Je suis pas sûr que la vraie couronne, en tout cas, ils se sont battus pour la récupérer.

[00:33:33]

Oui, oui, eux, ils en sont sûrs, en tout cas. Et intimement convaincu. Oui, oui, intimement convaincu, il va prendre tous les risques pour aller la sauver des flammes. Et puis, il va prendre une deuxième fois tous les risques pour les sauver. Une miette de pain et ça va être assez fascinant. Alors, ça s'appelle comment? C'est ça aussi? Oui, l'hostie. Mais derrière ça, la présence réelle, la présence, c'est le corps du Christ, l'hostie, un CV qu'on a bâti, des cathédrales et des églises, pas seulement pour abriter des.

[00:33:59]

Mais pour faire autant de temples consacrés à ce petit bout de pain, là, assez pour héberger ce petit bout de pain là qui est le symbole du Christ, et donc lui ne peut pas imaginer que le feu tombe sur le corps du Christ.

[00:34:12]

Non, non, c'est de la symbolique Wielgus.

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Et il prend des risques parce qu'à ce moment là, quand même, les poutres tombent, les poutres tombent quand il retourne une deuxième fois dans Notre-Dame pour aller chercher l'hostie. Il faut se figurer la situation quand le toit est encore en train de s'effondrer. Il y a assez. Il y a cette cascade de plomb puisque c'est le fond le plus au fond. C'est quoi, ces tubes qu'on est en train de rôtir? Aujourd'hui, c'est le toit, c'est la charpente, c'est les restes de la flèche qui était couverte de plomb.

[00:34:41]

Tout ça, c'est un brasier et il a son casque. Il n'y a plus personne à l'intérieur à ce moment là. Le général Galey, qui est un homme avisé, a fait sortir ses équipes parce que parce que le toit s'était effondré, parce que la flèche s'était effondrée, il est plus question. Il n'est pas question de perdre d'hommes. C'est un homme avisé qui a déjà vécu comme ça des situations dramatiques, a perdu des hommes sur une autre opération quelques mois plus tôt.

[00:35:06]

Il est hors de question d'en perdre. Donc, il a cette préoccupation là en tête Mayenne. Mais le père Fournier a sa mystique chevillée au corps. Il a son idée et il faut qu'il y retourne. Et puis, il y a cet épisode du code, donc, que tout le monde a oublié. En fait, on n'arrive pas à joindre les gens qui ont le code et le type qui est censé avoir le code l'a oublié. Il s'en souvient partiellement et finalement, il l'a par SMS de la part d'un sacristain.

[00:35:32]

Là encore, quand même, y'a un truc qui ne va pas dans le système. C'est leur empreinte qui me raconte ce qui me raconte ça. C'est lui qui était devant le coffre à ce moment là. C'est lui qui cherchait désespérément le code. Et puis, me disait Sébastien. Dans un moment de panique, dans un moment d'urgence, je me souvenais plus, je me souvenais plus. Mais bon, au dernier moment, il y arrive quand même.

[00:35:53]

Le sacristain lui envoie le code. Il arrive à y retrouve le code. Puis ils mettent la main sur le trésor. Ils arrivent à le sortir de là.

[00:35:59]

Mais il y a un côté pardon. Ce qu'on comprend, c'est que la sécurité de Notre Dame. Mais qu'en fait, tout ce qui est secret important, c'est les curés qui ont ça sous le boisseau et que donc, ce n'est pas très professionnel. En fait, eu égard à l'importance du trésor et du bâtiment, on est face à un trésor immense.

[00:36:17]

Et puis après, c'est de l'humain. Après, c'est de l'humain, avec des moments de panique, avec des moments d'hésitation, avec des erreurs commises, avec ce grotesque dont vous parlez tout à l'heure pour le boîtier qui indiquait la mauvaise zone allait chercher la source de l'incendie.

[00:36:30]

Et oui, les jeudis, il y avait une gestion hasardeuse.

[00:36:36]

Ça changera sans doute. Il n'est pas normal que le chef de la sécurité de Notre Dame n'ait pas le code en vérité. Voilà, c'est tout simple que ça soit un sacristain qui est dans sa sacristie. Il laveille sans le remplacer. Prade avait le code. Il ne s'en souvenait plus, mais ça, c'est une autre journée. C'est un choc traumatique. C'est un choc traumatique. Il avait le code, bien sûr, mais il s'en souvenait plus.

[00:36:55]

Passionnant, Bouguer? En tout cas, vous m'avez beaucoup faciliter le travail parce que c'est exactement le genre de bouquin que je cherche pour raconter des histoires. Ça s'appelle Dans les flammes de Notre-Dame. C'est beaucoup plus, beaucoup plus complet que ce que j'ai raconté. Aujourd'hui, c'est signé Sébastien Speeder et ça paraît chez Albin Michel.

[00:37:14]

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