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Christophe Hondelatte Je vous raconte aujourd'hui une affaire criminelle qui se déroule juste avant la Deuxième Guerre mondiale et qui a suscité beaucoup de passions à l'époque parce que l'accusé est un Allemand, Jens Weidmann, un Allemand, en 1937.

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C'est forcément un criminel politique. Ben non, c'est un assassin tout court. L'affaire Weidmann, réalisation de Céline Lebrun.

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14H15 Raconte La première scène de cette histoire se joue un samedi de novembre 1937 dans une agence immobilière de Saint-Cloud, près de Paris. On est en fin de matinée et la secrétaire de l'agence, Mademoiselle Vauclusien et toute tourneboulé son patron, Monsieur le Zob, est allé faire visiter une maison à Vaucresson. Tôt ce matin, il aurait dû revenir à l'agence. Depuis, aucune nouvelle. Je ne comprends pas. Quand je l'ai vu partir ce matin dans sa voiture, il m'a dit Je vais prendre le client à la gare.

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Il a l'air vraiment intéressé. Ça ira vite. Il a dit Ça m'inquiète. C'est pas le genre à être en retard, les ordres. Les heures passent le soir. Monsieur le Zèbre n'est toujours pas là. Alors, mademoiselle Vauclusien, prévient la police. Oui, bien sûr. Sur le champ, nous voilà la ville. L'un s'appelle Monplaisir. Il était venu de Longchamp à Vaucresson bas. Le lendemain matin, le commissaire Syeco et son adjoint Primas Borne arrivent à la villa.

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Les volets sont fermés et la porte aussi. Bonjour Mademoiselle, vous êtes mademoiselle Vauclusien? Bonjour, vous avez les clés, vous pouvez nous ouvrir leur route et ensemble, ils pénètrent dans la maison. Ils font le tour des pièces une par une et il descend dans la cave.

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Oh merde! Dans la cave, un homme est couché sur le ventre, mort, les poches de sang par dessus retournées. Je crois que le voilà, votre patron, mademoiselle. On dirait qu'il a pris une balle dans la nuque à bout portant, je dirais. Et qu'on lui a fait les poches. Dites moi, mademoiselle! Savez vous avec qui il avait rendez vous précisément votre patron? Non. Mais d'après ce qu'on m'a dit, le monsieur avait un accent allemand.

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Je crois qu'il a laissé sa carte de visite à l'agence. Cette carte, vous savez vous certainement, elle doit être dans le dossier ha ha ha ha ha ha! Et effectivement, à l'agence, dans le dossier, il y a une carte la carte d'un certain Artur Scotts, représentant en lingerie féminine en Alsace. Les policiers l'appellent tout de suite.

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Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Mais alors, monsieur, comment expliquez vous qu'on retrouve votre carte de visite dans une agence immobilière de Saint-Cloud pour un rendez vous qui se termine par un meurtre? Je ne comprends pas cette carte de visite que je de faire imprimer. Je leur m'étonnait qu'une seule yaki, il s'appelle Commende et qui ne vit près. Et crée Shoup, ce Frith Fromveur.

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Ha ha ha ha ha ha ha! Ha! Ha! Ha!

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Les policiers foncent rue Saint-Sébastien. Bonjour madame, nous sommes de la brigade mobile. Avez vous parmi vos clients un certain Fritz Fromveur? Oui, oui, il a bien une chambre ici, mais je ne l'ai pas vu depuis 8 jours 8 jours, mais c'est exactement la date du meurtre.

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Les policiers rappellent le tonton alsacien de Sofri de Froment. Nous ne sommes pas parvenus à le trouver, monsieur, il a disparu de son hôtel depuis huit jours. Vous auriez peut être un moyen de le localiser? Non. Oya. Je crois qu'il fait appel à lui en prison en Allemagne. Je crois dans une belle maison que je la connais pas.

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Ils se sont connus en prison. Intéressant. Et la police finit par loger ce calvaire qui habite à La Celle-Saint-Cloud, dans une très belle villa. Effectivement, deux policiers débarquent. Ils sont. Personne, et là, se penche dans le parc de la villa. Il voit deux voitures. On a vu les deux voitures.

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Une selle à quatre et une vivacité là, et elles ont toutes les deux la même immatriculation, mais surtout la selle à quatre. Ce ne sera pas la voiture de l'agent immobilier Beausobre qui a disparu. Non d'odieux. Il décide d'attendre que ce Carrère rentre chez lui.

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Et voilà qu'un élégant jeune homme se présente dans l'allée. Bonjour Monsieur! Le type n'a pas l'air du tout inquiet. Pour vous dire, en avançant vers eux, ils s'arrêtent même pour caresser son chien. Puis je vous aider, monsieur? Oui, nous cherchons monsieur Carrère. C'est moi, que puis je pour vous? Nous travaillons pour les contributions directes, les impôts si vous voulez, on peut parler. Je vous en prie, André. Sauf qu'une fois dans le salon, vous pourriez à un moment donné votre carte.

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Sans doute avez vous une carte des contributions directement. Non, ils n'ont que des cartes de police, évidemment, et c'est celle là qu'ils sortent. Mais en les voyant, le Carrère ne manifeste aucune émotion. Et vous, monsieur? Vous pouvez nous montrer vos papiers. Le type, toujours aussi souriant, met alors la main dans la poche intérieure de son veston et il en sort une arme. La voilà, mais pas appelé.

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Il leur tire dessus. L'un des inspecteurs prend une balle dans l'épaule et l'autre voit une balle lui effleurer l'arcade sourcilière. Et celui là, qui est costaud, qui pratique la lutte Saulxures sur Carrère, il le renverse sur le canapé. Il ne peut pas riposter. Ils sont venus sans armes et il attrape un marteau de tapissier qui est là sur une table et Behm et lui colle un coup sur la tête. Carrère s'évanouit. Il lui passe les menottes et il appelle du renfort.

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Et voilà donc Monsieur Carrère dans les locaux de la brigade mobile de Versailles. Les deux flics commencent par lui faire un bandage. Ils l'ont quand même arrêté à coups de marteau sur la tête. Mais ça va. La blessure n'est pas profonde. Ils vont pouvoir le cuisiner et ils ne manquent pas de questions à lui poser. Parce qu'entre temps, ils ont vérifié la voiture. La salle Takato, c'est bien celle de nos jours. Il a changé les plaques, mais c'est la sienne.

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Et en plus, chez lui, on a trouvé un briquet en or gravé des initiales R.

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L. Comme Raymond les autres. Sans compter tous les faux papiers qui étaient dans son placard. Amusé. Tout ça a des noms différents, mais toujours avec sa tronche. Et puis les armes, le mot R avec lequel il leur a tiré dessus et un colt qu'on a retrouvé dans sa table de nuit. C'est le commissaire Saeko en personne qui mène l'interrogatoire. Il commence par le montrer, le pistolet Mauser. Vous reconnaissez ces. Monsieur le type répond par un hochement de tête, vous avez franchi le pas carrière.

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Vous avez tué? La réponse de Carrère est stupéfiante. Je ne me rappelle pas Carrère. Mon nom est Wittman, un jeune Reitmans. Et pourquoi donc une fausse identité? Vous ne pouvez pas comprendre. Mais oui, je peux comprendre. Libérez votre conscience, ça ira mieux. Je vous en prie pas ce soir. Ce soir, laissez moi dormir, demain, demain, je vous dirai tout. Le lendemain matin, Villemagne, puisque c'est son nom, est en pleine forme.

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Le commissaire Saeko sent tout de suite qu'il a envie de parler, de déballer son histoire et il va le faire poliment, calmement, comme quelqu'un qui se soulage d'un très lourd secret.

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Alors, pour commencer, pouvez vous me donner votre nom, prénom, lieu et date de naissance, svp? On m'appelle Eugène Feldmann, je suis né en 10 908 à Francfort, en Allemagne. Autant vous le dire tout de suite, j'ai fait dans la prison en Allemagne, puis je suis parti au Canada. J'ai fait de la prison là bas aussi. Et quand je suis rentré en Allemagne, j'ai été condamné à 5 ans de prison.

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Sacré pédigrée! Et là, il explique que depuis tout petit, il vole, il vole chez ses parents et il vole à l'école, il vole à la maison de correction en Allemagne, au Canada, il vole partout et partout où il se fait prendre. Il raconte comment, par exemple, récemment en Allemagne, il a cambriolé un appartement avec deux complices et comment ils ont ligoté la propriétaire chez elle.

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Mais ça ne m'empêche pas d'être de bonne éducation. Nachbar suis né dans une famille bourgeoise, catholique et national socialiste. Bon, tout ça est très intéressant, mais ça n'est pas le sujet. On est là pour un meurtre. Le meurtre de l'agent immobilier Lesourd à Vaucresson. Qu'est ce qu'il a à dire là dessus? Est ce qu'il reconnaît qu'il l'a tué? Alors, dites moi, monsieur Rythm'n, pourquoi est ce que vous l'avez tué? Oh, par hasard!

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Commença par hasard. J'avais besoin d'argent. Vais payer mon loyer. Je me promenais dans Saint-Cloud. La première boutique que j'ai vu, c'était en argent. Je suis rentré. J'ai pris un rendez vous pour visiter des villas. Je suis dit qu'il aurait de l'argent sur lui. Et là, arrêt sur images parce que le type a dit ça sans aucun affect apparent. Aucun ne lui a donné rendez vous à la gare de Vaucresson. Il est arrivé en bas de sa voiture.

[00:12:33]

On est allé à la villa et une fois dans la cave, il est passé devant. Je sortais mon majeur et j'ai tiré une balle dans sa nuque et est tombé d'un coup. Il avait beaucoup d'argent sur lui. Il avait cinq mille francs et j'ai pris aussi son briquet et je suis rentré avec sa voiture.

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Eh ben dis donc! Voilà des aveux, comme on dirait circonstanciées, prononçait toujours avec ce ton extrêmement détaché. Le bonhomme s'effondre. Il est en sueur. Il se met à se lamenter, à pleurer, à parler de sa mère. Pauvre, ma pauvre mère va souffrir à cause de moi. Le commissaire Saeko, qui est un brave homme, essaye de le calmer. S'il vous est trop pénible de parler de monsieur Wittman, peut être pourriez vous écrire votre confession tonnait.

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Voilà un crayon et du papier. Prenez. L'autre prend le crayon sur le papier, il écrit Jean de Covens, qu'il faut lire en vérité à l'américaine Jinn de Corenne, et le commissaire Sicko n'en revient pas parce que DJing de Covens, c'est une Américaine qui a disparu il y a cinq mois. Ils n'ont aucune piste. Ça serait donc lui.

[00:14:28]

J'ai Goven est une danseuse américaine. Elle a disparu depuis juillet et elle est venue en vacances à Paris. Chaperonné par sa tante pour visiter L'exposition universelle. Elles sont descendues à l'hôtel Ambassador, boulevard Haussmann, et puis en soirée, au bar de l'hôtel DJing, à rencontrer un élégant jeune homme qui l'a invité à dîner. L'attentat Petiquay, mais elle l'a laissé faire. Et depuis, plus de nouvelles assis. Il y a eu une demande de rançon, mais personne n'a pris ça au sérieux.

[00:14:59]

Le type réclamait 500 francs 500 francs, c'est rien du tout.

[00:15:21]

Honnêtement, au début, les policiers ont pensé à un coup de foudre ou quoi? La jeune Américaine qui largue sa vieille tatie pour la grande vie, mais avec les pressions de la famille d'origine et par ricochet, celle de l'ambassade américaine, il a bien fallu se lancer dans une enquête pour vous dire. On l'a même retrouvé au fin fond d'un bordel de Tanger, au Maroc. Une Américaine prénommée June, mais qui n'était pas la bonne. Et depuis, il faut bien reconnaître que les policiers de la brigade mobile ont mis le dossier de Coven en dessous de la pile.

[00:15:54]

Et voilà que ce vide manes vient d'inscrire son nom, rien que son nom, sur une feuille de papier qui était l'arrivée à DJing de Covens Freedman.

[00:16:07]

Je l'ai étranglé. Pourquoi? Je ne sais pas ça, ça a dérapé et il se met à raconter qu'au début, il est allé au bar de l'hôtel Ambassador, boulevard Haussmann, pour trouver Heinrichs qu'il voulait enlever pour demander une rançon. Il était dans le canapé et il est venu s'asseoir à côté de lui. Jeune, blond, mince, le teint hâlé, toute excitée d'être à Paris. Vous êtes à Paris pour féliciter l'exposition Mademoiselle et profanés darrivée. Oui, et c'est formidable.

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Les gens, les rues, un magasin. Vous êtes venus comment? l'Amérique en bateau sur le Normandie? Le Normandie, ça fait tilt, c'est pas un truc pour les pauvres, ça. Il a trouvé ça, Richard. Alors il l'a baratiner. Il lui a proposé de lui montrer Paris. Visiter Paris avec un Allemand en 1937. Il dit que Jeanne a trouvé ça tellement drôle.

[00:17:23]

Il lui a donné rendez vous le lendemain. Là, ils ont pris un taxi pour Saint-Lazare, puis un train pour Vaucresson au prétexte d'aller chercher sa voiture chez lui. Elle ne s'est pas méfié, mais dites moi la vérité, vous l'avez enlevée parce qu'elle était jolie, parce que vous vouliez coucher avec elle, couchait avec elle. Pourquoi pas si elle avait accepté? Moi, je voulais surtout l'argent.

[00:18:07]

Il dit que quand ils sont arrivés chez lui, elle était surexcitée.

[00:18:12]

Elle a voulu visiter la maison, griller tout autant qu'ensuite, il lui a servi un verre et que dedans, il a mis du Klorane un sédatif qu'elle s'est endormie et qu'il s'est endormi lui aussi.

[00:18:26]

Je me suis réveillée. Elle était en train de fouiller ma veste pour prendre mon arme. Je me suis jetait dessus, l'étrangler. Et qu'avez vous fait de corps? Elle est enterrée sous le perron, chez moi, pour la trouver facilement. Je n'ai pas creusé profond, mais s'il vous plaît, ramenez pas là bas. Je ne pourrais pas supporter, vous, ultrasensibles, le tueur. Wittman dit qu'il a fait ça pour de l'argent, mais de combien parle t on?

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5000 francs qu'il a pris dans la poche de et 500 francs qu'il a finalement réclamés parce que c'est lui la demande de rançon pour libérer DJing de covens qu'il avait déjà tué. Tuer deux personnes pour si peu d'argent? On a du mal à le croire parce qu'il n'aurait pas d'autres motivations à un Allemand. En 1937, à Paris. La question est légitime. Les nazis sont au pouvoir en Allemagne, alors Jens Weidmann est il un sous marin d'Hitler? A Paris, il y a un monde fou qui traîne dans la capitale.

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À cette époque, il y a des réfugiés allemands, des Polonais, des Tchèques, des juifs, des communistes, des anti-nazis, des espions. En veux tu, en voilà. C'est aussi la guerre en Espagne. Bref, Jens Weidmann dit qu'il tue pour voler. Mais est ce que c'est vraiment sa seule motivation? Pourquoi est ce que vous êtes venu en France Hitman? Parce que j'ai rencontré deux Français en prison millions et eh! On avait des projets.

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Dès que je suis sorti de prison, je suis venu le rejoindre. Ah tiens, des complices! On se rend cardes immédiatement sur ce million et ce blond. Effectivement, ils ont été emprisonnés en Allemagne pour un trafic de fausse monnaie. Mais bon, une grosse affaire. Milion est un fils de bonne famille de 27 ans, propriétaire de son appartement avec une tatie qui subvient à ses besoins et n'a jamais travaillé. Mais il n'a pas d'attaches politiques particulières et il n'a jamais été condamné jusqu'à cette histoire de faux billets.

[00:21:10]

En revanche, Jean Blanc, lui, c'est ce qu'on appelle une petite frappe. Né dans la misère à sa mort en ancien des chasseurs d'Afrique, l'oiseau fréquente la pègre, mais à petit niveau. Et toujours rien de politique. Le commissaire Sico en est là, disons, dubitatif et circonspect quant au cours de l'interrogatoire, Wittman se remet à écrire sur son papier.

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Trois noms. Bouffis, Leblon et Frommer. Des gens qui l'auraient tués aussi trois de plus, ça ferait cinq noms de dieux.

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Il lève la tête de sa feuille de papier. Voilà, monsieur! D'avance, j'accepte la punition qui m'attend. Et pas besoin de le cuisiner pour qu'il raconte, confie d'abord Joseph Couffé. C'était un chauffeur de grande remise que l'on prend à la journée en général pour faire de grandes distances.

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Je l'ai abordé place de l'Opéra. Je lui ai demandé de me conduire à Nyx. On s'est arrêté pour déjeuner. Et puis, un peu avant Lamotte-Beuvron, c'est ça. Il s'est arrêté pour pisser contre Renard. Je l'ai suivi et j'ai tiré une balle dans sa nuque et j'ai pris l'argent qu'il avait sur lui. Combien d'argent? Mes quatre enfants et je suis reparti avec sa voiture. La vie Vastel dans la cour de vie de Man. C'était la sienne.

[00:22:55]

Le blond, maintenant Roger le blond. Birdman raconte que ces millions qu'il a tué. Il avait cinq mille francs sur lui. Bonheur partagé. Quant à Fromveur, Fritz Fromveur, c'est autre chose. Il se connaissait depuis l'Allemagne. Sa l'inquiétait. Il savait trop de choses. Une balle dans la nuque, il l'a enterré dans sa cave.

[00:23:33]

Voilà, ça fait donc cinq meurtres et plus tard, pendant l'instruction, ça fera 6 parce qu'un jour il ira. Ah, j'avais oublié madame carreleurs, Jeanne et une queleur. Celle là, il a attiré en lui promettant un poste d'infirmière auprès d'une riche Anglaise butin 100 francs. Il a tué sept filles pour 100 francs et une fois de plus. Et il vient d'avouer ses crimes tranquillement, sans émotion, sans, sans affect. Calmement, poliment, sans jamais se départir d'une sorte d'élégance.

[00:24:13]

Et non, ces motivations ne sont pas politiques. Il n'est pas un sous marin des nazis à Paris, c'est juste un tordu, c'est juste un bras de zinc, un type qui tue pour remplir son porte monnaie. Rien de plus, mais rien de moins. Évidemment, la presse se passionne pour le personnage. Les journaux publient une photo de lui au moment de son arrestation, avec son bandage sur la tête à cette photo. Elle a eu son petit effet.

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Les gens le trouvent beau, figurez vous. Beau, élégant et troublant. Le journal Paris-Soir l'appelle l'assassin aux yeux de velours et l'écrivain Jean Genet, qui s'y connaît en beauté masculine, écrit cette phrase complètement folle. Son beau visage révèle aux bourgeois attristés que leur vie est frôlée, d'assassin, enchanteur.

[00:25:14]

Le délire et le fait qu'il soit allemand, évidemment, rajoutent au mystère. Vous êtes vraiment certain que ce n'est pas un nazi parce qu'on en est toujours là. Il n'y a dans ces aveux pas l'once d'une motivation politique, mais on n'arrive pas à croire qu'un Allemand si beau, si élégant, aussi troublant, ne soit pas un envoyé du diable. Ça serait la cerise sur le gâteau. Un espion des clercs, c'est beaucoup plus excitant qu'un psycho pâte. Et donc, on mobilise les services secrets avec une première question.

[00:25:53]

Jens Weidmann était en prison en Allemagne, il est sorti de prison et 15 jours après, il arrivait à Paris. Dans quelles conditions a t il été libéré? Réponse des services secrets il a été libéré par la Caisse à Pau. On vous l'avait dit. On y revient. La Presse adore ce rebondissement. Paris-Soir titre à la une. Vidal est il un agent nazi? Alors que lui, je vous le rappelle, dit qu'il se retrouve à Paris depuis sa sortie de taule?

[00:26:27]

Parce qu'en prison, il s'est acoquiné avec deux Français. Rien de plus. A propos, où sont ils ces deux là? Roger Milion et Jean Blanc, et une certaine Colette Tricaud, dont il a aussi parlé dans ses aveux qui auraient participé à leur projet d'enlèvement?

[00:26:52]

D'après ce qu'ils racontent, tous ont plus ou moins participé aux meurtres qu'il a commis en prenant des rendez vous, en faisant paraître des annonces dans les journaux. Des complices, quoi. Son projet Milion, qu'il accuse carrément, demeure. Le juge ordonne leur arrestation à tous les trois. Colette Trigo est la première arrêtée ramenée devant le juge. Elle éclate en sanglots. Je ne savais pas à moi ce qu'il allait faire.

[00:27:27]

Après, elle fait plus pitié qu'autre chose. Elle s'est faite embarquer là dedans sans rien comprendre.

[00:27:45]

Jean Blanc maintenant, on lui demande pourquoi il a donné un coup de main avidement. Je pense que je m'en millieu. Vous vous ennuyez? Ben oui, ça m'a occupé. Quant à Roger Millions, lui, il nie avec vigueur. Je n'ai pas tué ce Leblanc. Il ment en français. C'est lui qui l'a tué. Ce qui est amusant, c'est ce que le juge a écrit dans son petit carnet. Après avoir interrogé Roger Mignon, petite frappe fripouilles prête à tout.

[00:28:27]

Voilà donc pour les complices et vous aurez remarqué. On est toujours très loin du réseau d'espionnage téléguidé par les nazis, mais il reste que Wittmann a été libéré après avoir été interrogé par la Gestapo et donc à un moment donné, le juge pose ça sur la table.

[00:28:47]

Pas comme c'est drôle.

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Mais vous avez chainon. Il j'interroge tout le monde. C'est la procédure habituelle. Je crains qu'il ne faille se faire une raison ce garçon tue pour l'argent et rien que pour l'argent. En attendant dehors, la passion pour cette affaire ne faiblit pas. Par exemple, vous vous souvenez de la sixième victime, celle qu'il avait oubliée, Jeanine Calaire? C'est une femme de chambre qui l'a recruté par une fausse annonce dans laquelle il disait chercher une dame de compagnie. Il l'a enterrée dans une grotte en forêt de Fontainebleau.

[00:29:32]

La grotte dite des Brigands. Au cours de son instruction, le juge organise une reconstitution sur place. Et bien figurez vous qu'à cette occasion, un marchand a l'idée de faire fabriquer des cartes postales Grotte des brigands, où l'assassin allemand Freedman tua Jeanine queleur et le jour de la reconstitution. Il en vend comme des petits pains. Gros succès. Et en sortant de la grotte, le commissaire Syeco et le juge Baeri s'arrêtent pour dédicacer les cartes postales. Vrai de vrai.

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Je ne vous raconte pas de sornettes. Quel cirque! En attendant, Jens Weidmann n'a eu aucun mal à trouver un avocat pour le défendre, et même plusieurs. C'est une affaire médiatisée qui, logiquement, doit se terminer sous la guillotine. Ça attire les mouches. Wiedemann, qui, vous l'avez compris, n'a pas un fifrelin à demander qu'on lui donne un avocat commis d'office. Eh bien, c'est le bâtonnier du barreau de Versailles, maître plantule surnommé le bâtonnier Soleil, qui se désigne lui même le salongo sous serre.

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Le premier maître Florio, la star du barreau de Paris, est furieux et il finit par se faire engager lui aussi par la famille. Et de deux. Mais ce n'est pas fini. Un autre ténor rejoint la défense de Villemagne, maître Moro Giafferi, un antifasciste déclaré. Ça, c'est finement joué. Parce que s'il le défend, c'est qu'il n'est pas nazi. Donc, aux jeunes, Wittmann ne va pas manquer d'avocat, mais après tout, il risque sa tête.

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Eugène Vid Man et ses trois complices sont renvoyés devant la cour d'assises de Seine et Oise. Wittman millions pour assassinat et les deux autres, Colette Tricaud et Jean Blanc pour complicité. Le procès s'ouvre le 13 mars 1939 à Versailles, six mois avant le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale. C'est un procès très suivi. Je vous l'ai dit depuis le début, la presse est passionnée pour cette affaire et d'ailleurs, le quart des places dans la salle d'audience est réservé aux journalistes.

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Et pour l'occasion, les PTT ont rajouté dans le palais de justice dix cabines téléphoniques et 40 téléphones. Et sur le banc de la presse, il y a du beau linge. Lazareff, le patron de Paris-Soir, a dépêché l'écrivaine Colette l'avant veille du procès. Elle a déjà écrit un grand article sur le bonhomme. Elle se demande comment il va se présenter. Après quinze mois de prison, caffet la détention de ce jeune homme dont les aveux épouvantables une fois qu'il fut pris, se succédèrent avec une sorte d'abondance bondissante.

[00:32:27]

Qu'aura t il de commun? Ce prisonnier Bouvry est diminuée par la privation de lumière solaire avec le jeune homme que ses victimes et les témoins de ses crimes s'accordaient à trouver séduisant.

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Alors, comment se tient t il? Vid man devant cette cour d'assises? Bien comme à son habitude.

[00:32:49]

Il est calme, il est poli, mais il est toujours indifférent au sort de ses victimes. Parlons si vous voulez bien de gin de covens, monsieur Freedman. Elle est restée chez vous de 7 heures à 23 heures. Vous étiez étendu prédelle. Elle était prête à tous les abandons. Son sac et son carnet de chèques étaient là, vous n'aviez qu'à faire un geste pour tout avoir. Elle attendait une caresse. Et vous, vous avez serré son cou entre vos doigts.

[00:33:21]

Wiedemann, pourquoi est ce que vous avez fait ça? Vid Man prend sa tête entre ses mains. Il ne dit rien. Au nom de votre mère, monsieur Wittman, au nom de la religion catholique dont vous avez réclamé le secours en prison, m'a t on dit. Je vous conjure de parler. Je ne peux pas, monsieur le président. Je ne peux pas. Le seul regret qu'il exprime encore du bout des lèvres. Je regrette d'avoir fait de la peine à ma mère.

[00:33:53]

À part ça, il semble attendre son sort résigné. Le psychiatre le qualifie de dégénérés supérieur. Autrement dit dégénéré, mais intelligent, mais il le déclare responsable. Maître Moreau Rugari plaide pendant deux heures et demie. Sa plaidoirie est un long pamphlet politique. Jens Weidmann. Est une victime du système nazi, est une victime de l'âme germanique. Beau discours, mais assez éloigné du sujet, néanmoins. Le 31 mars à minuit, les jurés de Versailles condamnent sans surprise Eugène Wittman à la peine de mort et milion avec lui.

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Jean Blanc prend 20 mois de prison. Colette Tricaud est acquittée, vide. Mans accueille le verdict avec un petit sourire. Son pourvoi en cassation est rejeté. Début juin, le président Lebrun reçoit ses avocats, qui formule une demande de grâce. C'est à ce moment là que Vid Man reçoit une lettre de l'écrivain Georges Bernanos qui, pendant le procès, projette une retraite dans un monastère du Var. Du coup, il a parlé de l'affaire avec les moines.

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Bernanos s'écrie Je ne suis pas psychologue et encore moins moraliste. Étant chrétien, je crois juste à la solidarité de tous les hommes dans le Christ. Les moines prient dans leur cellule pour prendre fraternellement une part de votre épouvantable fardeau. Le président Lebrun rejette finalement la demande de grâce de Whitman, mais il accepte celle de Roger Mignon. Il commence à peine en réclusion criminelle à perpétuité.

[00:35:59]

Dans la soirée du 16 juin 1939, on installe la guillotine place Louis Barthou devant le palais de justice de Versailles. La foule commence à se rassembler. Les cafés ont obtenu une autorisation d'ouverture tardive. L'exécution est prévue demain matin à 4 heures et demie, au lever du soleil. À quatre heures et demie précises, le bourreau @henri des fourneaux est là, près de la guillotine. Wiedemann, lui, est amené par deux gardes. Il porte une chemise blanche dont le col a été découpé et il a les coudes attachées dans le dos et les chevilles, entravé.

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La foule est immense, mais pas un bruit. On installe vite Manes sur la bascule, mais l'aide du bourreau ne referme pas assez vite la lunette qui bloque la tête. Alors, instinctivement, Vignemale rentre la tête dans les épaules. Le bourreau doit s'y reprendre à trois fois pour refermer la lunette. Ça dure 12 secondes. C'est très long 12 secondes. Et puis, des fourneaux activent la manette. Qui fait tomber la lame? Et juste après, on voit des femmes venir tremper leurs mouchoirs dans le sang de Wittmann.

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Elles prétendent que c'est bon pour la fertilité. On ramasse la tête, on ramasse le corps, on dépose le tout dans un cercueil que l'on va inhumé au cimetière des Goguenards à Versailles. La semaine suivante, des photos de l'exécution paraissent dans Paris-Match. Elles sont tirées d'un petit film que deux cinéastes amateurs sont parvenus à tourner depuis les fenêtres d'un immeuble voisin. Un petit film muet que vous trouverez facilement sur Internet et qui va changer le cours de l'histoire. Parce que l'épisode de la tête que l'on n'arrive pas à faire entrer dans la lunette a beaucoup choqué.

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Et devant l'ampleur du scandale. Le président du conseil Daladier ordonne que désormais, les exécutions aient lieu à l'intérieur des prisons. Et Eugène Wittmann a été le dernier condamné à mort exécuté en place publique en France. Des centaines d'histoires disponibles sur vos plateformes d'écoute et sur Europe1.fr.