Histoire de légiste : Enfant de chœur - L'intégrale
Hondelatte raconte - Christophe Hondelatte- 1,239 views
- 2 Sep 2020
Une affaire résolue par le médecin légiste. L’histoire intrigante d’une jeune femme retrouvée nue et morte en forêt… Est-ce un meurtre à caractère sexuel ?
Christophe Hondelatte Voici une intrigante histoire de médecin légiste que l'auteur du livre du docteur Michel Sapin, Le légiste à Poitiers. Les nouvelles chroniques d'un médecin légiste disponible chez Pocket. L'histoire d'une jeune femme que l'on retrouve nue et morte dans la forêt. On croit naturellement à un meurtre sexuel, mais le légiste va proposer une autre hypothèse. C'est une histoire que nous ferons tout à l'heure avec le docteur Satanées en personne. J'ai écrit ce récit avec Nicolas Loupian. Réalisation Céline.
Christophe Hondelatte. Il fait nuit et je rentre d'un congrès, un congrès international en anglais organisé en France serrera sur le thème des histoires exceptionnelles de médecine légale et j'ai encore dans la tête l'une de ces histoires, un gars qui s'est construit sa propre guillotine et qu'il a d'abord essayé sur des moutons avant de l'utiliser sur lui même pour se suicider. Il est une heure du matin. Je roule depuis 5 heures. Je vais m'arrêter boire un énième café dans une station service.
Réapprenne couper le moteur. Mon téléphone portable sonne. A cette heure là, je n'ai aucun doute sur l'origine de l'appel.
La gendarmerie de Lussac les châteaux à l'appareil, je suis désolé de cet appel tardif, docteur, mais on a besoin de vous pour une affaire, disons un peu un peu particulière. Je vous passe le directeur d'enquête. Bonsoir docteur. Bon, voilà, on a eu une disparition et alluviaux, une jeune femme à la vie, disons un peu agitée, fan de bars et de boîtes de nuit. Si vous voyez ce que je voulais dire, alors au début, Borat ne s'est pas trop inquiété, ou presque.
Elle avait l'habitude de partir comme ça quelques jours et en général, on l'a retrouvé bien imbibé et plus ou moins amnésique. Mais là, on l'a retrouvée morte hier soir. Complètement nue, en pleine nature. Bon, ça sent à plein nez l'agression sexuelle. Elle a de drôles de lésions sur le pubis. Vous verrez, on est sur la scène de crime, là, depuis un bon petit bout de temps. Je sais que c'est une erreur un peu tardive, mais il pleut et donc on a posé une bâche.
Si vous pouviez venir sans tarder? Ah, là, là, tout de suite, ça ne va pas être facile à jouer. Je rentre d'un congrès, je suis à deux heures de route de Poitiers. Appeler mes confrères, non, non, non, c'est une histoire tordue. Ce genre de truc qui fait que vous êtes flatteur. Mais bon, ce n'est pas raisonnable. J'ai 600km dans les pattes là bas ce soir.
Et si on gèle la chaîne de crime jusqu'à demain matin, ça va. Vous tenez vraiment à m'avoir, moi? Bon, OK. Demain matin, mais pas avant 10 heures. Le temps que je m'organise. Le lendemain matin, réveil en fanfare, petit déjeuner en famille, ça, j'y tiens et ensuite je vais à l'hôpital pour récupérer mon équipe. On lievin à quatre. Sophie, ma secrétaire. L'externe est en formation et le stagiaire juriste. Deux beaux gosses que Sophie appelle Brad Pitt et moi.
Direction le fin fond de la Vienne. Un rond point. On arrive à une route barrée par un gendarme.
Bonjour le docteur Sapat, n'échoue le médecin légiste. Docteur, on vous attendait, on a barré la route pour vous depuis hier soir. Au loin, je vois une longue file de voitures bleues à gyrophares. On est arrivé et il y a du beau monde. Signe que l'affaire est grave, la substitute du procureur est là. La juge d'instruction, sa greffière, des gendarmes du coin et des gendarmes de la brigade de recherche et même le maire. Le directeur d'enquête me refait son topo de la veille.
Bon, d'abord, c'est bien elle. On l'a identifié grâce à ses papiers. La famille avait signalé sa disparition. Il avait mis des affiches un peu partout. Bon, voilà, c'est une fille de type européen. Vous verrez une trentaine d'années. Bon, c'est sexuel comme histoire, a priori. Et puis, vu l'endroit où on l'a retrouvé, enfin, vous comprendrez mon ami, le gars qu'il a découvert en garde à vue. Vous comprendrez tout quand vous serez sur place.
Bien on approche, là, il va falloir descendre. On a imposé une corde. Alors tous ceux qui vont approcher le corps bombé, vous vous vous équipaient maintenant et les autres, vous pouvez rester sans protection, mais vous ferez que regarder.
La substitute du procureur et mon stagiaire juristes se contenteront de regarder. Je me demande s'ils sont pas en train de se dragoúmis et ces deux là. Bref, en tout cas, Sophie et moi, nous nous mettons en tenue combinaison intégrale blanche, calot de protection sur la tête, des gants, un masque et nous quittons la route et nous nous engageons sur un talus qui descend d'abord en pente douce, puis de plus en plus raide. Et comme le terrain est moussu et qu'il a plu.
C'est une vraie patinoire. La substitute du procureur doit regretter ses talons aiguilles et ça fait bien marrer les gendarmes. Et on arrive au fond d'un petit ravin. Bon, là, il a un petit mur à descendre. On a installé en rappel. Les gendarmes goguenards doivent descendre la substitute aux armées et nous voilà dans le lit, un ruisseau. On passe un bosquet d'ifs et de buis gigantesques et on arrive devant la scène de crime.
Le corps nu d'une blancheur absolue, comme crucifié sur un rocher noir, un encore dans une position très frappante, très frappante. Ses jambes sont repliées sous elles. Le talon gauche est au contact du pubis et l'autre talon est sous sa fesse droite. Ses bras sont écartés à l'horizontale. Elle a une chevelure rousse flamboyant. Sa tête est rejetée en arrière et sa bouche et ses yeux sont grands ouverts et donc sur le pubis. Il y a une tache noire en forme de cœur assez grande.
Elle fait bien la surface de deux mains, une tache avec des contours rouges. Il y a quelque chose au tableau de Goya dans cette image Goya, le peintre des souffrances humaines. Ils le savent autour. J'ai besoin de solitude pour m'imprégner des lieux, de l'ambiance et des alentours. Alors je marche le long du ruisseau. Je regarde autour. D'après les gendarmes, c'est par là que la victime et son assassin sont arrivés.
Je prends un premier cliché général et partout où il y a des indices, les gendarmes ont posé des petits chevalets jaunes avec des numéros. Ici, par exemple, une chaussure de femme. Je continue d'avancer vers le corps. Chevalet numéro 35 un sac à main ouvert et renversé. Pas docteur? Voilà ce qu'il avait dans le sac avec la pluie. On a préféré le mettre sous une ordonnance avec le cachet de la pharmacie. Les médicaments ont été délivrés et aussi des plaquettes de médicaments.
Et puis un petit carnet et des préservatifs dans un emballage ouvert. Et vous avez retrouvé la capote? Non, non. On a tout fouillé dans un rayon de 200 mètres à trois. Sofer. Sophie, vous pouvez recenser la liste des médicaments, s'il vous plaît. On vous a déjà préparé la liste Un docteur, c'est une liste longue. Je suis en train de la lire quand la voix du directeur d'enquête me fait sursauter. Alors, docteur, son pubis pose avait vu son pubis.
Il a l'air de s'accrocher à son hypothèse de crime sexuel. Et donc, je me penche. Je regarde. Les grandes lèvres sont gonflées et elles sont noires elles aussi, mais pas desséchées. Plutôt humide et suintant. Est ce que je vois? Surtout, ce sont des asticots. Ça grouille. Et vu la taille de ces asticots, ce corps est là depuis plusieurs jours. Mais je ne dis rien. Je garde tout ça pour moi en médecine légale.
Il ne faut jamais parler trop vite, docteur. On a mis de côté quelques bouteilles, des bouteilles pour l'apéro. Non, docteur, non sont des bouteilles qu'on a retrouvé en remontant la piste. Donc, on a deux bouteilles de tequila, trois de gin et cinq bouteilles de vodka. Elles sont toutes vides.
D'accord, je me concentre à nouveau sur le corps couvert d'ecchymoses et d'hématomes, y en a sur les deux bras et sur les deux cuisses, mais ça ne ressemble pas à des coups ni à des traces de contention forcée. Quelqu'un qu'on aurait maintenu de force et pas non plus de traces de strangulation et pas de plaies. Et une idée, mais je ne le dis pas. Bon, résumons, docteur. Elle a été vue vivante la dernière fois le 6 septembre.
OK, on l'a retrouvée morte hier 3 octobre, vers 17 heures. On est le 4 aujourd'hui. Est ce que vous avez déjà eu une idée de la date du décès? Eh bien, ça va manquer de précision. Il faudrait donner les asticots en entomologiste qu'ils nous disent. Mais bon, je dirais un DC autour du 28 septembre. Ça vous laisse un petit choix. 27 28 au 29, avant et après, j'y crois pas. Il est temps de passer à la suite avec Sophie.
Nous emballons la tête et les mains dans des sacs de papier kraft pour ne rien perdre pendant les manipulations. Tiens! Elle a les ongles cyanose et très cyanose. Allez, ok, on la soulève.
On la pose sur un drap blanc sur le ventre. Tout le bas du dos et plus fouillé est bourré d'asticots. En revanche, aucune plaie, aucun hématome sur le dos et sur la nuque, mais des griffures superficielles sur le dos, les fesses, les genoux, les jambes et les avant bras. Le genre de griffures qu'on se fait dans des tailles. Sauf que là, toute nue, dans des taillis, on sans doute se balader à poil dans la forêt.
Tiens, tiens, j'ai une idée. La garde pour moi, mais j'ai une idée.
Bon, je n'apprendront plus rien sur place. Il est 14 heures et avant de nous séparer, le chef d'enquête revient vers moi, docteur. Je pense qu'il faut attendre pour en savoir plus. Ecoutez, je ne sais pas si c'est un crime sexuel, ça peut le faire croire, ça peut l'être. Mais franchement, y a rien de sûr. Et pour les certitudes, il va falloir attendre l'autopsie. Bon, d'accord. En attendant, je vais relâché le promeneur qui a découvert le corps pour l'intérêt qu'il avait à nous amener sur le lieu de son crime.
Le corps rapatrié dans nos locaux est entièrement passé au scanner et le voilà posé sur la table d'autopsie. J'examine les clichés. Rien d'anormal. Aucune fracture. Et je passe à l'examen externe que j'ai déjà réalisé sur le terrain, mais une fois sur la table, à la lumière, des détails peuvent apparaître. Je regarde à nouveau la peau sur toute la surface. Ensuite, je fais ce qu'on appelle des écoutes visionnage sur les surfaces de prises. Je passe un grand coton tige sur les endroits où l'agresseur a pu laisser des traces.
Un violeur en général, ça immobilise sa victime par les poignets et les bras, les chevilles, le cou. Il y a forcément de l'ADN. Ensuite, j'ai inspecte le dessous des ongles. Rien. La phase suivante consiste à rechercher des hématomes qui sont visibles sur la peau. Et là, j'ai décidé de faire un écorchées complet. Westtoer Aubrée fait de grandes incisions sur tous les membres. Je glisse la lame de mon bistouri entre la Grèce et le muscle et je la décoles entièrement.
Je ne trouve pas le moindre bleu sur la face profonde de la peau. La suite est plus classique. WESTOVER Je fais une incision profonde du menton jusqu'au pubis. Au niveau de la Tachon, la peau est dure comme du vieux cuir, mais en profondeur. Aucune trace de coup, aucune.
Une fois découpés les cotes, je retire un à un les organes et notamment le foie et les poumons, et ensuite le cerveau et je les pèse.
Tout est anormalement lourd et quand j'ouvre les poumons, il y a un œdème important avec une mousse rosée dans les bronches et la vessie est pleine à craquer. Tout cela me conforte sur la piste d'une intoxication souquet depuis le début. Mon hypothèse silencieuse à cause de la quantité de médicaments dans le sac et à cause des bouteilles. Dans l'estomac, je ne retrouve qu'un tout petit peu de liquide gastrique, comme chez quelqu'un à jeun, avec tout de même des tranches petites feuilles, trois feuilles arrondies, des feuilles de buis et d'autres petites feuilles plus étroites, plus longues, plates et luisantes, et aussi des petites boules noires.
Et ensuite, j'ouvre les Ofaj sur toute sa longueur et j'y trouve les mêmes feuilles bizarre. Bon, allez Marie, c'est à vous! Vous avez vu la technique plusieurs fois, vous allez extraire les organes génitaux. Je vous laisse faire un léger. Son bistouris part de l'arrière de l'anus. Il fait le tour des grandes lèvres et là, il ne reste plus qu'à extraire d'un seul mouvement tout l'appareil génital. Elle le pose sur la table de dissection et ensuite elle fait des prélèvements.
On cherche du sperme. Bien sûr, si elle a été violée, on aura donc l'ADN du violeur. Et enfin, un coup d'œil du côté de l'utérus et des ovaires. Pas de grossesse en cours. Autopsie terminée et je n'ai aucune cause de la mort à proposer. Aucune. La journée a été rude.
Quand j'arrive à la maison, les enfants sont déjà couchés. Je me sort une de mes terrine favorites, Dussert, avec des fruits secs, et je masse Opie tout doucement devant le feu qui crépite dans la cheminée. Et je me réveille donc, ou en sursaut couvert de sueur avec dans la tête un flash. Je l'ai vu dans ce petit vallon crucifié sur son rocher.
Et les jours passent et les gendarmes poursuivent leur enquête.
Il reconstitue son itinéraire dans les jours qui précèdent sa disparition. Ils n'ont aucune piste et moi, j'ai repris mon activité ordinaire, mais cette histoire me tracasse. Au point d'ailleurs que j'en fais des rêves étranges et des rêves à répétition. Toujours les mêmes. Je me revois, enfant de choeur, dans mon petit village, le jour de la fête des Rameaux.
Le curé est là en soutane et moi, je tiens une branche de buis entre les dents et le curé se précipite vers moi et me hurle quelque chose d'incompréhensible. Ma conscience me travaille.
Et puis arrive ce qu'on appelle la toxicologie, c'est à dire les analyses de tous les liquides, et elle n'est pas banale.
D'abord le sang prélevé à coaguler, ce qui le rend inexploitable. Ensuite, les urines. Le toxicologue a trouvé de la Carpi Pradines à très forte dose. Et ça, c'est le principe actif du médicament utilisé pour traiter l'anxiété et les troubles psychotiques. En revanche, il a pas d'alcool et il n'y a pas de stupéfiant non plus. Je commence à comprendre ce qui est arrivé à cette gamine. A partir de là, c'est une autre histoire qui se dessine, une autre histoire qu'un viol, une autre histoire qu'un meurtre.
Elle est déprimée. Elle est anxieuse, trop anxieuse et elle prend son médicament en grandes quantités, en trop grande quantité. Et du coup, elle est perdue. Elle est incapable de s'orienter, elle entre dans une errance sans fin et elle suit donc ce petit ruisseau. Au passage, elle sème ses chaussures, puis ses habits. Elle bataille avec les branchages et ensuite, elle glisse sur la mousse humide jusqu'à heurter ce gros rocher et elle meurt d'un surdosage de son médicament.
Voilà mon hypothèse, même s'il reste des interrogations. Quid des bouteilles d'alcool? Qui sont elles? On l'a retrouvé dessus, ces empreintes. Disons qu'elle a peut être passé quelques jours à boire dans ce petit vallon. L'alcool aussi est un anxiolytique et qu'après, elle a absorbé ses médicaments. Mais du coup, que viennent faire mes rêves là dedans? Mais rêves de curé qui me saute dessus parce que j'ai une branche de buis dans la bouche et d'un coup, je me souviens de ce que le curé me dit.
Jacques Hochard, petit malheureux qui va empoisonner. Et là, je me précipite vers mon bureau, j'ai un livre bien, un livre sur les plantes toxiques, et ce livre me confirme que le bruit est un poison, c'est un poison. Et livre aussi est un poison. Elif correspond parfaitement aux petites feuilles étroites que j'ai identifiées dans son estomac. Ils sont des Ofaj et donc dans son délire. Cette jeune fille a également mangé des végétaux hyper toxiques.
Alors, quant à savoir lesquelles des toxiques végétaux ou médicaux l'ont tué, ça je ne sais pas. Ça restera une interrogation, en tout cas, c'est certain. Elle n'a pas été assassinée. Elle n'a pas été non plus violée. Elle est morte empoisonnée au cours d'une crise de folie. En tout cas, depuis, mes rêves d'enfant de choeur ont disparu. Cette histoire, Michel Sapin venait de le tirer de votre livre Les nouvelles chroniques d'un médecin légiste, disponible chez Pocket.
C'est typiquement l'affaire dont on se dit si vous n'êtes pas là, les gendarmes restent sur un meurtre sexuel, évidemment non coupable. Et donc, ça reste en cold case. Commander une affaire non résolue.
Oui, mais on imagine difficilement qu'il fasse pas intervenir un légiste, donc, à ce stade. Actuellement, il y a peu de raisons que ça soit un kolkhoze.
Il y a une frustration de ne pas être capable de dire c'est le buy, L'IFF, où ce sont les médicaments qui tuent?
Non, non, il y a le médecin légiste dans son dans son expertise. Il sait que de temps en temps, il ne peut pas répondre. Donc, ce n'est pas frustrant. Il faut juste essayer d'avoir les arguments suffisants. Alors là, on a un médicament qui, à doses toxiques. On n'a pas poussé les investigations plus loin. Mais on aurait pu demander effectivement une expertise toxicologique sur les produits qui sont toxiques dans le but d'en arriver à déterminer.
Bah non, parce que je pense que là, on est dans l'association de toxique. Donc, on est dans une problématique assez classique. On ne peut pas dire lequel des deux va avoir tué.
On trouve souvent des problématiques comme ça. On a souvent des associations dans les suicides. On a beaucoup d'associations de médicament, mais là, je ne suis même pas sur un suicide.
Alors justement, qu'est ce qui lui est arrivé, cette femme? Qu'est ce que vous faites après?
Ce sont des hypothèses, évidemment, mais c'est une femme qui est mal dans sa peau, qui est psychotique, programmée vraisemblablement, qui a des épisodes effectivement de psychose et de perte de contact avec la réalité, soit ce soit schizophrène, soit alors qu'aux dépressifs bipolaires, oui, ou à Fabbro.
Alors là, du coup, on rentre dans la psychiatrie. C'est tellement mon domaine.
C'est pour ça que je m'entoure de psychiatres qui décolle du réel, décolle du réel par périodes. Elle a une vie qui est assez agitée, un mal être général. Et puis, elle a une très forte consommation d'anxiolytiques parce que je pense qu'il y a un support du point de vue psychologique, une présence d'une anxiété majeure qui peut conduire effectivement à des situations de désespoir, voire à des suicides.
Alors, elle est en forêt. Il reste longtemps. Ah oui, oui, oui. Et a priori, elle a dû passer plusieurs jours, d'après les enquêteurs. Et après? Ça se comprend.
Parce que vu la quantité d'alcool et vu qu'on n'en trouve pas dans son sang, il y a une anomalie avec le nombre de bouteilles qu'il y a sur les lieux. On est sûr qu'elle a bu. On est sûr qu'elle a bu, mais elle a cuver son semble, l'alcool complètement. Et puis l'alcool a un effet anxiolytique. C'est un excellent anxiolytique. C'est pour ça que beaucoup de gens boivent pour faire passer leurs angoisses existentielles. Donc, à partir du moment où la plus d'alcool, elle, reprend ses médicaments.
Mais le problème, c'est que vous pouvez avoir une espèce d'acte compulsif, une immédiateté. Vous, c'est tellement sous l'emprise de l'anxiété que vous voulez la faire céder ou avaler trop de comprimés.
Je pense que c'est vraisemblablement Safeway. Probablement ça. Après, on est dans des effets secondaires à manger et certains n'ont rien à manger.
Donc on est un peu fou. Imaginer que c'est un peu le brouillard dans sa tête pour pas dire plus. C'est très confus, vraisemblablement une grosse confusion. Et dans ce comportement, on peut imaginer parfaitement qu'effectivement, elle avale des végétaux parce qu'elle a faim et manque de bol et fait du bruit. C'est ce qu'il y a autour.
C'est la première fois dans toutes les histoires que vous racontez que je vous vois affecté par la scène de crime, au point que vous en faites en cauchemars la nuit. Jusque là, ça m'a toujours surpris. Vous n'aviez jamais d'implication personnelle. On se disait tiens, il a passé la journée face à un cadavre en plein d'asticots. Il rentre chez lui et il se passe rien. Il tourne la page. Ce que je peux comprendre, puisque c'est votre vie depuis 1980.
4 5. 7 7. Donc depuis plus de trente ans, vous êtes affecté. Pourquoi l'a? Je suis pas certain que je sois affecté.
J'ai mon cerveau qui est une interrogation qui comprend soit qui ne comprend pas qu'est ce que ces feuilles font dans le chauffage et dans l'estomac?
Et puis les petites graines également, qui sont finalement les belles lif. La graine elle même, puisque la partie rouge a disparu, elle a été digérée et je pense que mon cerveau va travailler inconsciemment et mon cerveau, en travaillant inconsciemment, va chercher des souvenirs. Et comme ça se passe pendant le sommeil, ça me génère des cauchemars. Avec la solution, faites en même temps mes solutions que je ne comprends pas tout de suite.
Mais il n'y a pas d'affectations lié à la victime. C'est une jeune femme, Julie. Semble t il malgré tout. La scène est terrible et en même temps, elle est érotique. Est ce que la nature de la victime vient travailler?
Je ne crois pas. Je ne crois pas. Je crois vraiment que c'est cette association.
Ramo le Bui Ramo, enfant de chœur, curé, crucifixion et crucifixion?
Oui, tout à fait tout à fait, avec une image très forte. Par contre, là, ce n'est pas tellement. C'est presque moins la victime qui me qui me qui m'interpelle que l'image. Parce que là, vous avez parlé de ce cadre autour de cette victime qui fait un peu une scène à Nagoya.
Mais à côté, plus loin, il y a le ruisseau.
Il y a un petit pont et je me retrouve avec Monet.
Et là, c'est assez fantastique. Et ces images là, le visage et par ailleurs paysage, est par ailleurs magnifique.
Et là, c'est assez fantastique. C'est un peu comme les images qu'on peut avoir dans un film comme Drowning Bannockburn Numbers de Peter Greenaway.
C'est l'histoire d'un légiste coronaire anglais qui finalement camoufle les crimes de trois femmes pour bénéficier de leurs faveurs sexuelles et qui finit noyé par elles parce qu'elles veulent se débarrasser du complice.
Dans ce film, il y a des images extraordinaires en couleurs, avec une espèce de petite musique répétitive.
Et vous voulez retrouver la dent? Et là, je retrouve ces images et ces contrastes, les couleurs flashy, très, très puissantes. Mais en même temps, il reste une interrogation.
C'est cette interrogation qui travaille et qui travaille mon cerveau. Inconsciemment, puisque c'est même pas la solution, je la trouve même pas pendant que je suis réveillée.
Je la trouve de la religion.
Oui, ça ouvre la porte et la porte finale s'est brutalement passÃ.
Petit malheureux, tu vas empoisonnait, qui était une image que j'ai oublié de mon enfance.
J'étais loin, l'inconscient, ça me fait inconscient. Recracher ça. Et c'est là où vous voyez le travail du cerveau qui est absolument fantastique.
Le chef d'enquête lui lance son idée dès le départ. On sent bien que vous, dès la découverte de la scène de crime. Malgré cet hématome au niveau du pubis, vous n'y croyez pas?
Non, parce que ce n'est pas un hématome. C'est une tache noire qui peut passer pour un hématome, mais qui tient en fait à l'Association de la putréfaction puisqu'elle est là depuis plusieurs jours et de la déshydratation de la peau. Et c'est pour ça qu'elle est dure comme du cuir, du vieux cuir cartonnait. Et ça, je identifie tout de suite comme n'étant pas un hématome et la région rouge autour. Ce n'est pas non plus une trace de violence. C'est simplement la putréfaction qui se propage et donc le diagnostic.
Moi, je sais d'emblée que s'il y a eu quelque chose de sexuel, ce n'est pas des violences. Non, ce n'est pas la représentation mentale que s'en est fait le directeur d'enquête. C'est une agression sexuelle parce que j'ai cette lésion alors que ce n'est pas une lésion, c'est un phénomène de putréfaction.
Evidemment, le doute, vous l'avez aussi à la lecture de l'ordonnance. Ça, vous ne vous est pas là dessus dans le livre. Mais en fait, on comprend que c'est à ce moment là que vous voyez que le média est psychotique en antipsychotique et à un moment donné, il y a un risque de surdose?
Oui, tout à fait. Après, il faut toujours se méfier.
Ce n'est pas parce que vous trouvez des blister de boîte de booster de remake les a toutes à ce moment là. Il faut surtout pas penser ça. Il y a des gens qui jettent pas leur ni leurs bouteilles vides, ni leurs plaquettes vides de médicaments. Il ne faut pas tirer de conclusions hâtives, mais il n'empêche que effectivement, c'est une série de petits indices qui viennent les uns avec les autres. C'est un cumul.
La première anomalie, c'est bon. On trouve pas les gens de cet âge dans cette position nue dans la nature. Ça, c'est évident, c'est le problème qu'on a à résoudre. Et derrière les informations, c'est la dispersion et la dispersion des objets qui, pour l'instant, vous l'enregistrer.
Vous n'en faites rien, vous gardez l'information, les objets sont dispersés et à la fin, on a un corps nu et vous avez. Les bouteilles sont dispersées et à la fin, j'ai quand même pas d'alcool. Et puis j'ai ce pubis. Oui, d'accord, mais non.
Si des étrangers dans le coin, c'est que les asticots, je ne suis pas progressivement.
Les indices s'accumulent et la vessie pleine. Alors ça peut paraitre idiot, mais ce n'est pas une preuve de mort toxique, mais ça s'explique par le mécanisme de la mort toxique.
Quand vous avez une mort toxique, vous avez une défaillance d'abord du cerveau, et puis après, des organes les uns après les autres. Mais les reins. Pendant ce temps continue. Avant vous, Morihei et les Vici continuent à se remplir. Sauf que comme il y a plus d'actes d'aller uriner puisque la personne est inconsciente, la vessie est gonflée, gonflée, gonfle.
Il y a un moment, quand on a une vessie extrêmement dilaté, pleine, il faut se dire ça peut être un toxique, mais ce n'est pas un argument de preuve.
C'est un argument d'orientation qu'on fait à ce moment là. Attention à ma toxicologie, mais ma toxicologie est positive. Bon, mais ça ne m'explique toujours pas. Alors ça peut suffire. Le médicament en question était suffisant pour tuer. Il faut être très clair. Mais c'est vrai qu'une fois que j'ai fait mon diagnostic du buis et de l'if, je ne peux pas dire lequel a été le plus mortel dans l'ensemble.
Pourquoi est ce que, alors que on s'en vient à vous lire, que en gros, au bout de un quart d'heure ou une demi heure sur la scène de crime, vous êtes déjà sur l'hypothèse d'une intoxication? Pas du tout sur l'hypothèse d'un crime sexuel.
Pourquoi est ce que vous ne dites rien au directeur d'enquête qui lui reste tronqué sur l'hypothèse d'un crime sexuel?
Parce que l'expérience m'a montré que quand on parle trop vite, si après on est démenti, il va falloir faire une volte face et expliquer ça.
C'est très compliqué parce qu'il y a des fois où passer pour un Charlot.
Si vous faites ça, on prend un gros risque. Bien sûr, on risque. On dit ça maintenant dit ça. Alors voilà, mes étudiants.
Un jour, j'ai un jeune légiste qui a dit Il venait à peine d'ouvrir le thorax. Ah mais voilà, il y a une grosse anomalie cardiaque et c'est la cause de la mort. Et puis puis après, c'est une deuxième cause de mort qui n'avait rien à voir. Donc, pour le même personne, c'était un peu embêtant. Donc, du coup, il m'a appelé en salle parce que là, il était embêté.
Il avait annoncé au EMTEC aux enquêteurs que c'était une mort d'origine cardiaque. Et en fait, c'est simplement que le cœur lawsky avec les battements, le coeur est un muscle avec les battements, il frotte contre l'environnement et ses frottements vont transformer le muscle en surface pour faire un petit tissu fibreux. Alors, c'est très fréquent, ça, sur les cœurs. On a très fréquemment une plaque blanche qu'on appelle une plaque blanche nacré qui est là et qui est simplement le témoignage du frottement.
Mais quand vous ne l'avez pas vu, vous ne l'avez pas analysé que vous ne savez pas. Vous pouvez prendre ça pour une anomalie qui sera en rapport avec la mort.
Donc, il vaut mieux pas dire au départ garder ses impressions, surtout quand on va en contradiction avec les enquêteurs. Alors ça m'est arrivé sur la scène de découverte, de dire tout de suite Franko. C'est pas ça, c'est pas du tout votre hypothèse. Voilà ce que c'est. C'est très difficile, très difficile, parce que derrière, il faut assumer les asticots.
Alors là, c'est une autre science. On grand dans les séries télévisées. L'expert médecin légiste est aussi celui qui dira oui, mais l'asticot fait le tag. Donc le cadavre est là depuis trois jours. En vérité, c'est une autre science qui n'est pas la vôtre, c'est l'entomologie. Vous avez un entomologiste spécialiste des Osty pointus?
Non, non, du tout. Il y a quelques laboratoires spécialisés en l'entomologie médico légale en France.
On fait les prélèvements pour leur permettre de cultiver afin de mettre en culture ces fameuses asticots qu'on a récupéré pour qu'elles déterminent de quels insectes ils proviennent. À partir de là, on est capable de dater la mort.
Spontanément, on ne reconnaît pas l'asticot. Oba moi, j'en suis tout à fait incapable. Dis asticot et la taille de l'asticot est l'un des gros. Plus ça remonte à longtemps. Vous avez plusieurs populations, c'est encore plus vrai. L'entomologiste, c'est daté.
Finalement, la mort à partir de la taille des instigué?
Non, il date la mort. C'est très compliqué parce que les insectes, il leur faut des températures en degrés et des jours.
Donc, c'est le produit des deux qui est nécessaire pour part pour chaque espèce.
Pour obtenir l'adulte, la mouche et donc plus.
Eux, ils les mettent en culture quand ils les reçoivent dans un laboratoire, dans une enceinte dont ils connaissent la température. Donc, ils voient au bout de combien de jours ils ont la mouche. Et après, vous vous servez des relevés de température de la météo sur les lieux de découverte pour savoir quelle était la température moyenne. Et donc, vous avez donc deux périodes la période qui est parfaitement cadrée et où on connaît le nombre de jours et le nombre de degrés, et la période qui est incertaine, où il y a des jours où on ne sait pas lesquels.
Et les degrés, on les a à peu près. Voilà, et il y a des tables qui leur permettent, connaissant pour chaque espèce le temps nécessaire au développement complet de la larve jusqu'au stade adulte. Il y a des étapes qui vous permettent de faire un calcul à rebours et de vous donner une date de décès. Mais c'est. Fantastique de précision, la précision relative, évidemment, mais quand, deux ans après la mort, vous avez des entomologistes qui sont capables de vous dater, la mort a dit qu'un jour près.
C'est quand même une performance splendide quand vous arrivez sur la scène de crime, notamment dans cette histoire, vous dites j'ai besoin de m'imprégner de la scène de crime là dedans, côté côté, malgré un côté colombo. D'un côté, il y a une part de romantisme de l'enquêteur, mais vous n'êtes pas enquêteur, en vérité. C'est à dire qu'on comprend bien que le flic a besoin de s'imprégner de la scène de crime. Le médecin légiste Zhiqiang, est ce que ce n'est pas un peu superfétatoire?
Non. C'est le principe des regards croisés. Croiser les regards, croiser le regard. J'ai le regard de l'enquêteur. J'ai le regard du légiste.
Je l'ai croisé et c'est de ce croisement que vont déboucher les conclusions les plus pertinentes. Ce n'est pas un travail de solitaire. Le travail de légiste l'a été, mais ça ne l'est plus du tout. Je vous l'ai déjà dit il y a des fois, on est la pièce essentielle. Des fois, on ne sert pas à grand chose. En tout cas, croiser les informations, c'est toujours très enrichissant.
Après, il y a d'autres considérations très pratiques connaître la météo des jours précédents. C'est important parce que ça vous donne le degré de chaleur. Est ce que mes asticots vont se développer plus vite ou savoir s'il a plu ou pas? Ça vous évite de vous embourber quand vous gardez votre voiture. Ça peut paraître idiot, mais c'est utile.
Vous avez vu les bosquets d'ifs et debuts? Oui, je les ai vus et vous les connaissez. Je connais l'if et je connais lebut. Oui.
Vous me dites ça comme ça parce que vous êtes un gars, un gars de Poitou-Charentes qui chassait le week end?
Oui, mais il n'y a pas de chasse. Il n'y a pas, il y a quelques buis, mais il n'y a pas d'ifs. Mais quand vous allez dans les Pyrénées, en montagne, vous avez des régions où vous trouvez des buis en quantité, des ifs en quantité. l'IF, c'est finalement assez commun un peu partout. Après, c'est des connaissances générales acquises du fait de la curiosité. Je suis quelqu'un de très curieux. Je m'intéresse à plein de choses qui ne servent à rien dans l'activité professionnelle.
Et puis d'autres sont extrêmement utiles.
La chasse, j'en parle comme ça. Ça peut être anecdotique, mais vous êtes chasseur. Vous m'avez amené un jour à la chasse avec vous chasser. C'est vous qui, évidemment, qui découper les bêtes.
Je ne suis pas le seul. Mais oui, oui, je participe à la découpe avec cet esprit qui est le même que celui du légiste puisque finalement, il y a une interrogation principale au terme de la chasse c'est qui a tué l'animal? Oui, parce que ça, c'est l'objet de grandes bagarres, autant aux assises.
Personne ne veut avoir tué autant la chasse.
Alors là, oui, si c'est moi, je suis sûr de vous retrouver le dimanche et le samedi ou le dimanche.
Ça dépend des week ends. Mais je me retrouve avec des équipes où leur principale préoccupation, c'est de pouvoir dire c'est moi qui l'ai tué. Alors quand il n'y a qu'une balle de tirer, ça va.
Mais la jazzistique sur le fusil du gars qui a tiré dans les yeux sans orientation du tir par rapport à quel endroit est sorti. L'animal qui était à droite ou à gauche est celui qui est tiré, etc. Après les calibres des différents calibres, il y en a un qui tire avec la balle. Pour les fusils de chasse classique, ça va faire un gros trou. Et puis après? Vous avez toute une variété de calibre, mais qui vont laisser leur trace.
On a un orifice d'entrée, on peut avoir des orifices de sortie. On est capable de les différencier, mais ils sont très forts aussi. Mes collègues chasseurs. Et puis, à un moment, on a pu atteindre le gibier, mais ne pas l'avoir tué dans lequel il a pris trois balles. Laquelle l'a tué?
Chez les conflits du conclave, oui. Des fois, c'est comme dans la médecine humaine. Des fois, je ne suis pas capable de dire et en plus, on fait un examen vétérinaire puisque là aussi, il s'agit que la viande soit consommable. Donc, on va examiner les poumons, le coeur, la rate, le foie, les reins. De la même façon que chez l'homme.
Merci Michel Sapin. Je rappelle le titre de ce livre dont j'ai extrait l'histoire d'aujourd'hui. Les nouvelles chroniques d'un médecin légiste disponible chez Pocket.
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