Histoire de légiste : La femme dans la valise - Le récit
Hondelatte raconte - Christophe Hondelatte- 1,629 views
- 1 Sep 2020
L’histoire d’une femme que l’on retrouve dans une valise…
Christophe Hondelatte Voici une histoire de médecin légiste que je tire du livre du docteur Michel Sapin, né chez Plon, en direct de la morgue. L'histoire d'une femme que l'on retrouve dans une valise. Je l'ai écrite avec Nicolas Loupian. Réalisation Céline Brace.
Christophe Hondelatte. Un jour d'octobre 2013, les policiers de La Rochelle reçoivent un appel. C'est un sujet de ma mère. Je suis inquiète parce que je viens de l'avoir au téléphone et elle m'a dit comme ça, j'ai fait une bêtise. J'ai fait une bêtise et j'ai pas pu en savoir plus. Depuis, je n'arrive pas à la joindre pour les voir booké. Il envoie une patrouille sur place. Les flics tambourinent un bon moment. S'il y a quelqu'un ouvrées, c'est le loup blessé, la police.
Une femme finit par leur ouvrir. Cheveux mi longs, en désordre, visiblement pas très en forme. Vous voulez? Eh bien, on veut juste savoir si tout va bien, madame, c'est votre fille qui nous a contacté, elle est inquiète. Bah oui, ça va bruines les travaux dans la boutique du Flori, juste en dessous. Ça tape toute la journée. Et puis il y a les sirènes des ambulances et puis les hélicoptères de l'hôpital. On roule encore ce bruit.
Bon, et là, la dame essaye de refermer la porte. Mais le policier a mis son pied dans l'encadrement. Moi, madame, ça sent drôlement fort chez vous. C'est quoi? C'est de la Javel. Ne faut pas tout. On peut entrer une minute, madame. Juste pour être sûr que tout va bien. Non, non, non, tout va bien, je voudrais. Mais elle finit par céder. Elle va s'asseoir sur le canapé, le studio est impeccable, mais il y a toujours cette odeur.
Et puis il y a cette valise à moitié cachée derrière le canapé. Un policier s'approche. La valise est entrouverte. Un pied en dépasse. OK, OK, on arrête tout. Personne ne touche plus à rien et on appelle la police scientifique et le légiste de permanence. Cette nuit là, c'est Alexia qui est de permanence. Elle débarque sur place, avalisés, l'a ouverte et à l'intérieur, il y a le corps d'une femme d'un certain âge, nu, avec juste un string en dentelle blanche.
Elle s'appelait Sylvette. Le lendemain matin, c'est une autre légiste du service du CHU de Poitiers, Marie, qui est désignée pour pratiquer l'autopsie. Un officier de la police judiciaire est là. Bien sûr, c'est la règle et un interne qui rédigera le rapport. Marie commence par un examen externe. La victime est une femme d'une cinquantaine d'années. De corpulence menue 41 kilos pour un mètre 63. On a plusieurs lésions au niveau de la tête ainsi qu'une fracture de l'arcade zygomatique droite présence d'un petit morceau de verre sur une plaie du cuir chevelu.
La lèvre supérieure et les narines sont marquées par des traces noirâtres ainsi qu'une substance rouge. La langue est le fond de la gorge sont grisâtres, ça, ça évoque des brûlures par un liquide de type soude ou ou acide sur le bras droit. Présence de trois plaies superficielles typiques des lésions de défense face à une arme blanche. Enfin, on note une grande tache verte sur l'abdomen, ce qui signifie une mort qui remonte à hier ou avant hier. La rigidité cadavérique ont été rompues.
C'est sans doute quand on a voulu faire entrer le corps dans la valise Boquet. La Terre ne prend des notes frénétiquement. Bon, allez, on passe à la suite. La suite consiste à ouvrir le corps l'alévisme identifie quatre replet au niveau des poumons à droite et à gauche, et l'une des plaies a atteint le cœur. Le décès a été rapide. Il y a aussi de plaies au niveau du foie et finalement, pas de trace de brûlure dans les OFAJ, donc pas d'ingestion de soupe caustique.
Après quatre heures de travail, Marie confie le corps aux agents d'amphithéâtres. À eux de lui redonner son apparence humaine. Et puis Marie. @Phil dans son bureau, rédiger sa conclusion provisoire qu'elle envoie immédiatement par fax au procureur.
Et elle donne une copie aux policiers. À eux, maintenant, sous l'autorité du juge, de dire ce qui s'est passé dans ce studio.
La femme chez qui on a retrouvé Sylvette dans la valise s'appelle Corinne. C'est une retraitée dépressive, chronique et Sylvette. La morte était sans emploi et sous curatelle. Elles se sont rencontrées trois semaines plus tôt. Elles sont vaguement devenus amis et le jour du meurtre, elles ont décidé d'aller ensemble à un vide greniers sur le port de La Rochelle. Ensuite, elles sont rentrées chez Corinne pour manger un gâteau et boire une tasse de thé. Et voilà comment Corinne raconte la suite aux policiers.
Elle s'est mise à parler fort comme wôrô wôrô wôrô wôrô et peut aussi taper sur la table avec la lame de son couteau en tentant TalkTalk. Moi, ça m'a énervé, quoi? Je lui dis d'arrêter. Et là, elle s'est mise à rire, à se moquer de moi. Je me suis jeté sur elle. Je lui ai cassé une bouteille de vin sur la tête et après, on s'est battu. Ma foi, après, ça s'est calmé. J'ai coupé un peu de gâteau et a recommencé.
Papa papa avait son couteau, kempo est plus grand, alors j'ai attrapé son couteau qu'elle voulait pas lyncher et je l'ai frappé à coups de couteau. Combien de fois? Je ne sais plus. Au moins trois fois. Trois fois, c'est sûr. Elle est tombé et sa tête a connu le plateau de la table basse. Elle était morte.
Et après, elle a nettoyé à grands coups d'eau de Javel. Elle dit qu'elle l'a déshabillé et lavé, qu'elle lui a mis un string parce que ça l'a gêné de l'avoir toute nue et qu'elle l'a mise tant bien que mal dans la valise. Le lendemain, elle est allée chez le coiffeur. Elle a retiré de l'argent au distributeur. Elle voulait rejoindre sa fille en Bretagne. Et puis, elle a changé d'avis. Elle s'est dit Je vais me suicider. Et donc, elle est allée acheter de l'essence, de l'acide et de l'alcool.
Elle voulait tout avaler et se mettre le feu. Et puis, finalement, elle a appelé sa fille, qui elle même a prévenu la police. Pour se faire une idée du rôle exact de Corinne dans le meurtre deux ans après, le juge d'instruction décide d'organiser une reconstitution dans son studio et il veut que Marie L'alévisme soit là pour voir si ça colle avec ses constatations. Sauf que Marie, elle, est en congé maternité. Et donc, c'est le patron du service, le docteur Satanées, qui s'y colle.
Et le voilà avec les autres, tous les autres qui sont une bonne douzaine dans le tout petit studio de Corrine qui fait 20 mètres carrés. Pas facile de se faire une place. Il y a le juge, sa greffière, trois policiers, Corinne, bien sûr, encadrés par deux agents de la pénitentiaire, ses avocats, le substitut du procureur et le légiste. Ça fait moins de deux mètres carrés par personne. Michel Sapin n'est pas son Saint-Cado. Il sort son matériel.
C'est un appareil photo, un Nikon numérique D300 avec un zoom grand angle 10 24. Ça, c'est idéal pour les petits espaces. Corinne est là. C'est une petite femme ordinaire, banal. Elle se tient légèrement penché en avant, les deux mains serrées dans une grande tension, une grande tension, et le juge lui demande de refaire les gestes. Allez y, madame, faites le geste avec la bouteille telle que vous l'avez fait. Les policiers font leur photo.
Le docteur panées fait des siennes bien maintenant, vous refaites exactement le geste quand vous vous emparer du couteau et que vous la frapper, allez y.
Et en la regardant rejouer la scène, le docteur japonais se dit ça colle, ça colle avec les constatations de Marie. Elle attrape le couteau. Elle lui porte 12 coups au total 9 dans le thorax et l'abdomen et 3 dans le bras gauche. S'il avait tenté de se protéger, ça colle tout ça. Ça colle, mais il y a un point qui coince. Une chose que je ne vous ai pas encore dite. Les analyses toxicologiques du sang de Sylvette ont révélé la présence de zolpidem zolpidem.
C'est en barbiturique qu'on donne en général pour traiter les insomnies. Le juge lui pose la question. Madame, il faut que je me repose cette question comment est ce que vous expliquez la présence d'un somnifère dans le sang de votre amie Sylvette? Bonjour sérieusement. Avant tout. Deux ans plus tard se tient le procès d'assises à simple procès auquel assistent, dans le cadre de sa formation, linterne de l'équipe de médecine légale du CHU de Poitiers. Et le docteur Panée est convoqué.
Bien sûr, comme d'habitude, il arrive très en avance et il va s'asseoir dans la salle. Il a le droit et Corinne est là, dans son box un peu perdu, tout en noir. La veille, on a raconté sa vie et sa panées se fait bonifay par son interne qui était là. Bon, elle a raconté sa dépression et suicide. Après la bonne vie rigolote, elle a été violée par son père, comme d'ailleurs ses neuf frères et soeurs dont vous voyez le tableau.
Et puis sa mère, qui était complice du père, qu'il a poursuivie avec un couteau pour qu'elle se taise. Voilà 14 ans, elle s'est enfuie de chez elle avec sa soeur. Bref, c'est une pauvre femme. Comme il est arrivé à l'avance, le docteur a assisté à la déposition des experts psychiatres. Ça l'intéresse toujours, ça, même s'il y a toutes sortes de psychiatres certains, on ne comprend pas un mot de ce qu'il raconte. Ceux d'aujourd'hui, heureusement, sont pédagogues et nombreux, et surtout pas d'accord entre eux.
Le psy, qui l'a vu en garde à vue, dit qu'elle n'était pas dans le délire, qu'elle n'avait pas de hallucinations, mais que son jugement était altéré. Le deuxième psychiatre qui l'a vu quand elle était hospitalisée en psychiatrie, au contraire, a retenu une forme l'hallucination. Il parle de fureur pathologique. Il dit que son discernement était aboli et qu'on ne peut pas la juger. Le troisième psychiatre l'a vu en prison et il est d'accord avec le premier.
Et donc, pour les départager, le juge d'instruction a désigné trois autres psychiatres en leur demandant de rendre une décision collégiale. Alors, nous ne parvenons pas à expliquer son passage à l'acte. Nous pensons qu'elle ne dit pas la vérité, en quelque sorte. Et qu'elle nous mène en bateau. Donc, nous considérons qu'elle peut être jugée, mais en même temps, nous considérons qu'elle relève plus de la psychiatrie et des soins psychiatriques. Coût de la détention? À la psychiatrie, ce n'est pas facile.
Et puis arrive le moment où le docteur Satanées est appelé à la barre.
Docteur Chabanais, vous juré d'apporter votre concours à la justice, d'accomplir votre mission, de faire votre rapport et de donner votre avis en votre honneur et en votre conscience. Vous levez la main droite et vous dites je le jure, je le jure. Vous écoutez, docteur? Il récapitule les faits tel que rapporté par l'accusé et ils les mettent en regard avec les constatations faites lors de l'autopsie. Et il ajoute. Cela dit, je pense que les choses auraient pu se passer différemment si la victime était sous l'influence du zolpidem, le somnifère qu'on a retrouvé dans le sang.
Ça tombe bien, les toxicologues témoignent juste après deux experts cuando et tous les toxiques dans les liquides prélevés lors de l'autopsie et qui ont également examiné les cheveux de la victime, car les cheveux ont la mémoire des absorption de drogues et de médicaments. Les cheveux prélevés sur silhouette faisaient 4 centimètres et donc au rythme d'un centimètre par mois. On a en mémoire quatre mois de consommation. Et moi, ce que je peux dire avec certitude. C'est que dans le mois qui précède la mort de cette femme.
Elle n'a pas consommé de zolpidem. Et le deuxième expert toxicologue ajoute un élément de poids. La dose de zolpidem que nous avons retrouvée dans le sang de la victime indique qu'elle a avalé deux ou trois comprimés de zolpidem quelques instants avant sa mort.
Le dosage n'était pas mortel, mais il était suffisant pour Dijon l'assommer, d'autant plus que elle n'en consommait pas régulièrement. Or, Corinne a toujours nié avoir administré du zolpidem à Sylvette. Et là, l'avocate générale bondit de son siège. On l'a un problème là? Non? Madame. Est ce que ça ne serait pas le moment de nous dire la vérité? Oui, je lui ai donné un médicament. Et pourquoi vous ne l'avez pas dit avant Mme? Aujourd'hui, c'est différent.
Les assises. L'avocat de la partie civile plaide. Je rappelle ici le motif totalement futile de ce meurtre parce qu'elle parlait trop fort, parce qu'elle tapoter sur la table avec son couteau. Et puis vient la plaidoirie de l'avocate générale. J'admets qu'on pourrait être tenté de classer ce meurtre comme un acte de folie. Mais tout de même. Les enquêteurs ont démontré que cette femme n'était pas si déséquilibrée qu'il n'y paraît. Elle nettoie la scène de crime parfaitement. C'est du jamais vu et ensuite elle s'organise pour partir rapidement, sans doute avec ce corps dans cette valise, et nous avons vu ensuite sa capacité à mentir, à manipuler les gens.
Et tout cela témoigne d'une capacité d'organisation qui s'accommode assez mal d'une pathologie psychiatrique grave. Alors oui, je considère que c'est une rescapée, mais il n'empêche que cette femme est dangereuse.
Et cette femme, je vous demande de la condamner à une peine qui ne saurait être inférieure à 10 années.
De réclusion criminelle. Et puis vient la plaidoirie de l'avocate de Corinne. On nous dit on nous a dit que l'état de santé mentale de Corinne était altéré. Certes, elle n'est pas irresponsable, mais, nous dit on. Elle relève plus de la psychiatrie que de la détention. Et donc, moi, je dis que son passé traumatique, son état dépressif est très sérieux et l'absence de mobile de cet acte fou. Justifie une diminution de peine. Levez vous, je vous prie, comme le prévoit le Code de procédure pénale.
Vous avez la parole en dernier. Nous vous écoutons. Je voudrais dire que je regrette. Et quand je demande pardon? Après plus de trois heures de délibéré, Corinne est condamnée à quinze ans de réclusion criminelle, cinq de plus que les réquisitions de l'avocate générale, et elle ne fera pas appel. J'ai tiré cette histoire du livre de Michel Sapin, né chez Plon, en direct de la mort.
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