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Christophe Hondelatte Bonjour a tous par deux fois déjà, je vous ai raconté ici des petits bouts de la vie de Jacques Chirac tirés de ses mémoires parus chez Nil, son enfance pendant la guerre, son entrée en politique sous de Gaulle et, comme je ne m'en lasse pas, comme la lecture de ses mémoires. Oui, vraiment addictive parce qu'elle mêle grandes et petites histoires. Voici aujourd'hui un troisième épisode de sa vie. Toujours tiré de ses mémoires du moment où il est nommé premier ministre de Valéry Giscard d'Estaing en 1974, jusqu'à sa démission fracassante en juillet 1976, je vous concède que c'est surtout, pour les plus jeunes, un épisode un peu plus ardu que les précédents.

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Il va falloir s'accrocher, je suis désolé, mais pour les auditeurs de ma génération, il y a dans cet épisode un côté madeleine de Proust. Il y aura un délice de ma part en tant Deylaud comme ça, à prononcer des noms que franchement, je pensais ne jamais plus prononcés de toute ma carrière. Michel Poniatowski, Jean-Pierre Fourcade, Jean-Jacques Servan-Schreiber, Michel d'Ornano. Toute une époque. Un bout d'histoire que je débriefé comme les épisodes précédents avec vous, Jean-Luc Barré.

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Bonjour, bonjour. Vous êtes l'un des plus grands éditeurs de la place de Paris et vous avez été l'éditeur des Mémoires de Jacques Chirac que vous avez écrite avec lui. Et je compte évidemment sur vous pour nous éclairer sur quelques passages.

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Voici donc le troisième épisode de la vie de Jacques Chirac, la réalisation de Céline Lebrun de traquant un certain Christophe Hondelatte. On est en juin 1973, Jacques Chirac est ministre de l'Agriculture dans le gouvernement de Pierre Messmer et le président de la République Georges Pompidou rentre à peine d'un voyage officiel à Reykjavik, en Islande, où il a rencontré le président américain Richard Nixon. Tout le monde a remarqué qu'il marchait difficilement, qu'il était bouffi, qu'il était boursouflé, comme quelqu'un qui prend de la cortisone.

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On dit qu'il a un cancer et que ses jours sont comptés. Mais Chirac, qui a une admiration totale pour Pompidou, ne veut pas le croire. Il a remarqué sa fatigue, ses grippes à répétition, mais le président ne lui a rien dit. Et sa femme non plus. Alors, il n'arrive pas à envisager le pire. En revanche, il voit bien les autres se préparer à la suite. Il les trouve indécents. Deux clans s'opposent pour la suite.

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Le clan de Jacques Chaban-Delmas, qui pense que ça va aller vite. Et le clan de Valéry Giscard d'Estaing, qui semble penser que le président tiendra jusqu'à la fin de son mandat, mais qu'il faut déjà penser à l'après.

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Lui, Jacques Chirac, dans quel camp est il bien? Aucun. Aucun de ces deux là. Poussé par les conseillers de l'ombre, Pierre Juillet et Marie-France Garaud, il joue la carte Messmer, le premier ministre, qui n'est pas pourtant très en forme politiquement. On dit qu'il va sauter, mais il ne saute pas. Et du coup, Chirac est récompensé de sa fidélité. En mars 1974, il est nommé ministre de l'Intérieur. Signe que Pompidou nourrit pour lui de grandes ambitions, on voyait Jacques.

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Ainsi, vous aurez achevé un parcours pour connaître tout le gouvernement. Au ministère de l'Intérieur, Jacques Jover vous demandait de mettre de l'ordre. On ne peut plus continuer avec ces histoires d'écoutes téléphoniques. Il faut arrêter ça. l'Etat ne peut pas écouter aux portes comme ça. C'est de la basse police. Je n'en veux plus. Il faut dire qu'on sort d'une grosse affaire. Le prédécesseur de Chirac à l'intérieur, Raymond Marcellin, a fait poser des micros au Canard enchaîné.

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Ça a fait tout un scandale. Et donc, à peine nommé ministre de l'Intérieur, Chirac fait venir son directeur de cabinet. Le président veut qu'on en finisse avec les écoutes. Il ne veut plus de bretelles. Alors vous allez me faire remonter toutes les fiches d'écoutes signées par Marcelin et vous les annuler une par une. Sauf, bien sûr, les écoutes qui relèvent de la sécurité de l'Etat. Et comme tous les ministres de l'Intérieur, Chirac demande sa fiche, il vérifie s'il a été écouté lui aussi et il découvre qu'il l'a été en 1965, après un voyage de travail en Union soviétique.

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D'après ce que les services secrets ont écrit sur sa fiche dans le train qui l'amenait à Leningrad, dans son compartiment, il y avait une espionne du KGB. Les services secrets français se sont dit Chirac est une cible et donc ils se sont mis à l'écouter. Le 2 avril 1974, nous interrompant ce film, le président de la République est mort. Un communiqué du secrétariat général de la présidence de la République vient de signaler que M. Georges Pompidou était décédé à 21 heures ce soir.

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Ce communiqué est signé du professeur Vignal, le médecin de M. Pompidou. Chirac a beaucoup de chagrin, il perd son maître et le lendemain de la mort de Pompidou, il est dans sa voiture et il entend sur Europe1 le récit par un journaliste du dernier conseil des ministres. Il dit que Pompidou était prostré à la limite de ses forces. Inapte en vérité. Chirac appelle tout de suite Europorte et il demande à intervenir à l'antenne immédiatement. Il débarque illico dans les studios de la rue François 1er.

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Monsieur Jacques Chirac est ici. Il est dans le studio. Alors ce qui vous a froissé d'abord et peut être indigné, monsieur le ministre, dans ce récit de Jean Mauriac?

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Non, je n'ai pas été froissé. J'ai été choqué et peiné, choqué par ce que le récit qui a été fait par monsieur Jean Mauriac est en fait très éloigné de la réalité.

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Je regrette. Chirac reconnaît dans ses mémoires que ce jour là, il a menti, mais c'est l'image qu'il voulait qu'on garde de Pompidou inébranlable.

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La mort soudaine de Georges Pompidou laisse la droite désarmée qui défendra les couleurs de la droite face à Mitterrand, dont cette présidentielle anticipée. Je vous l'ai dit, Chirac ne veut pas choisir entre les deux prétendants au trône, Jacques Chaban-Delmas et Valéry Giscard d'Estaing. Il préfère de loin Pierre Messmer, le premier ministre sortant. Mais Messmer n'est pas prêt. Et il n'y va pas. Et il faut donc choisir Chaban, non? Pour Chirac, Chaban est un homme du passé.

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Il n'a aucune chance de l'emporter face à Mitterrand.

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Alors Giscard, ce qui me concerne, j'ai toujours considéré depuis très longtemps comme Giscard d'Estaing avait des qualités exceptionnelles d'homme d'Etat. C'est vrai, il a un sens éminent de la responsabilité. Ce qui est très, très important. Il est en quelque sorte le contraire du politicien.

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Chirac va voir Giscard dans son bureau du ministère des Finances où j'avais l'intention de m'appuyer Jack White. Et bien, sachez que si nous gagnons, je vous demanderai d'être mon premier ministre. Ah ça, je vous le dis tout de suite, c'est non. J'ai servi le général de Gaulle, j'ai servi le président Pompidou. Mon action politique s'arrête là. Chirac jure qu'à ce moment là, il est sincère.

[00:08:05]

Le soir du premier tour, Shaban, avec 15%, est écarté et à l'issue du deuxième tour, Valéry Giscard d'Estaing, avec 50,8 des voix, l'emporte de justesse sur François Mitterrand, ont obtenu messieurs Valéry Giscard d'Estaing desmillions 165.000 suffrages, soit 50 1,71 pour cent.

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Monsieur François Mitterrand 12 millions 791, soit 49 2,28 pour cent.

[00:08:40]

Deux jours après, Valéry Giscard d'Estaing veut voir Chirac. Il le fait venir à Neuilly, dans l'hôtel particulier de son ami Poniatowski. Il est en train de préparer son gouvernement. Je veux que vous soyez mon premier ministre Jacques en face. Chirac ne se montre pas très enthousiaste. Je ne suis pas sûr d'être le mieux placé, monsieur le président. La majorité, vous le savez, est très divisée. Je vous demande un délai de réflexion et Chirac court, demandez conseil à Pierre Juillet.

[00:09:09]

Il faut y aller. Jacques. Il faut y aller, les gaullistes ont perdu l'élection, mais au moins nous serons à Matignon si vous n'y allez pas, je crains qu'il n'y ait plus du tout de mouvement gaulliste. Nous serons laminés. Sauver la famille gaulliste, ça l'a convaincu. Il accepte. A ce moment là, Claude Pompidou, l'épouse de l'ancien président, l'appelle. Elle l'invite à dîner avec Bernadette. J'ai besoin de vous voir. Jacques. J'ai besoin de votre affection.

[00:09:47]

Le nouveau premier ministre en conclut qu'il est l'héritier politique de Georges Pompidou.

[00:09:57]

Et voilà donc Jacques Chirac à Matignon avec Giscard. Ils ne se sont jamais vraiment apprécié. Mais Chirac se dit j'ai été loyal, je l'ai soutenu dès le premier tour. Ça va s'arranger. Une nouvelle relation va s'instaurer. La désillusion est très rapide. L'homme de confiance de Giscard, Michel Poniatowski, ne voulait pas de Chirac comme premier ministre. Il n'a qu'une idée en tête éliminer les gaullistes du paysage politique, comme on l'appelle, est jaloux.

[00:10:27]

Il a peur de perdre de l'influence et sa cause. Dès la formation du gouvernement, Giscard a déjà sa liste. Alors, je vais mettre Poniatowski en intérieur, un. Jean-Pierre Fourcade aux Finances. Lecanuet à la justice, Michel d'Ornano à l'industrie et alors je veux créer un ministère de la Réforme et je veux le confier à Jean-Jacques Servan-Schreiber. Et puis un secrétariat d'Etat à la Condition féminine confié à Françoise Giroud. Servan-Schreiber et Giraud, je m'oppose catégoriquement. Monsieur le président, oui.

[00:11:07]

Mais enfin, j'ai promis le changement à ce moment là. Chirac ne peut pas claquer la porte. Il vient d'être nommé et donc il choisit de négocier au minimum. Monsieur le président. Pour le ministère de la Santé. Je pensais à Simone Veil, c'est une femme d'une grande intégrité morale et intellectuelle. Courageuse. Simone Veil Je me demande si elle n'a pas voté pour Chaban au premier tour et pour Mitterrand au second.

[00:11:38]

Giscard ne veut pas de Simone Veil, mais il finit par accepter sa nomination à la Santé.

[00:11:53]

Ça coince aussi assez vite sur le Centre Beaubourg, à Paris. Le grand projet de Georges Pompidou qui est encore au stade des fondations. Un jour, Giscard convoque Chirac. Je vais arrêter cette monstruosité qu'est le Centre Beaubourg. Dans ce cas, monsieur le Président. Cette décision implique que vous changez aussi de premier ministre. Je n'accepterai pas qu'on puisse remettre en cause ce qui a été la dernière œuvre de M. Pompidou. Je ne l'accepterai pas. Et là, c'est Giscard qui cède.

[00:12:29]

Chirac est aussi le premier à affronter la crise économique née du choc pétrolier qui a eu lieu un an plus tôt, en 1973. Les prix du pétrole flambent. Ils entraînent une inflation considérable. Les prix augmentent de 13,8 cent. La croissance est en berne. Le chômage, qui ne touche que 200.000 Français en 74, concernera un million de personnes en 76. C'est une très grosse crise à chaud. Dans l'urgence, le gouvernement lance un plan d'austérité. Mais Chirac, ça, c'est très intéressant.

[00:13:03]

Chirac n'est pas libéral, il ne croit pas à l'austérité. Il ne croit pas à la rigueur. L'été 1975, il se bat au contraire pour un plan de relance. Et il le dit en conseil des ministres les entreprises ont besoin d'une relance. Même si certains technocrates ne cherchent qu'à freiner leurs investissements.

[00:13:30]

Et il obtient que le gouvernement mette 30 milliards de francs sur la table pour alléger les impôts sur les entreprises, pour augmenter les retraites, les allocations familiales, le salaire minimum et renforcer aussi l'indemnisation du chômage. Les licenciés économiques toucheront 90 de leur salaire pendant un an. Bref, il veut relancer la machine économique par l'action de l'Etat. A ce moment là, il est à peine de droite qu'il est presque socialiste. En tout cas, il n'est pas libéral et Giscard le laisse faire.

[00:14:10]

Un autre projet est sur la table légaliser l'avortement. Chirac y est favorable dès le départ, à la différence de la plupart de ses amis politiques et de l'électorat de droite. Il y est favorable parce qu'il veut en finir avec l'hypocrisie. Les femmes qui avortent clandestinement, elles, se mettent en danger. Ça ne peut plus durer. Quand Simone Veil monte à la tribune de l'assemblée pour défendre son projet de loi.

[00:14:45]

Parmi ceux qui combattent aujourd'hui une éventuelle modification de la loi répressive, combien sont ils ceux qui se sont préoccupés d'aider ces femmes dans leur détresse? Combien sont ils ceux qui, au delà de ce qu'ils jugent comme une faute, ont su manifester aux jeunes mères célibataires? La compréhension et l'appui moral dont elle avait un si grand besoin, il la trouve courageuse et admirable.

[00:15:08]

Et il trouve la majorité vociférante et injurieuse. Trois jours plus tard, Simone l'appelle à la rescousse parce que les débats prennent une mauvaise tournure. Il a cours à l'assemblée et il affronte, sans les ménager, les députés gaullistes récalcitrants. Il obtient d'eux qu'ils votent la loi. Bon gré, mal gré. Et il ajoute, perfide, dans ses mémoires. Certains observateurs noteront le silence de l'Elysée cette nuit là.

[00:15:43]

Jacques Chirac étant premier ministre de Valéry Giscard d'Estaing, la politique étrangère n'est pas sa priorité. C'est le domaine réservé du président. Mais une rencontre de cette époque l'a beaucoup marqué. En mai 1975, le dirigeant chinois Tennesse Hoping vient pour la première fois en visite officielle en France. Bien sûr, il est communiste. Mais Chirac le trouve fin, subtil, direct, peu chaleureux. Il sent en lui la Chine éternelle. Un soir, ils dînent ensemble en tête à tête avec un interprète, Deng Xiaoping est un peu surpris.

[00:16:20]

C'est la première fois qu'un dirigeant occidental connaît l'histoire de la Chine à un moment du dîner. Il évoque une période de la fin du 14e siècle et Chirac lui dit Il y a eu trois empereurs seulement à cette époque là. Non, non, ça n'est pas vrai, monsieur le premier ministre, il n'y en a eu que Dall. Ah non, pas du tout. Non, non, il y en a eu 3. Leur désaccord persiste jusqu'à la fin du repas.

[00:16:47]

DNCA Houplines rentre en Chine et il fait savoir à Chirac qu'il avait raison. Il y a bien eu à cette époque là trois empereurs, dont un empereur de ans qui n'a régné que six semaines.

[00:16:59]

Chirac le savait, et pas d'ancien Houplines. À part ça, comment est ce que ça se passe entre Jacques Chirac, premier ministre, et Valéry Giscard d'Estaing président? Eh bien, pas très bien. Contrairement au général de Gaulle, qui ne s'occupait directement que de politique étrangère et de défense et qui déléguez tout le reste à son premier ministre et à Georges Pompidou, qui avait élargi son périmètre aux questions économiques, mais qui laissait à son gouvernement beaucoup d'autonomie. Giscard, lui, veut tout contrôler, quitte à rabaisser son premier ministre et même parfois à le blesser.

[00:17:38]

Il arrive que Jacques Chirac prenne des décisions par la radio sans même avoir été consulté. Jean-Pierre Fourcade, par exemple. Le ministre de l'Economie et des Finances, annonce des décisions prises à l'Elysée sans prévenir Chirac, alors que l'UDSR de Chirac est le parti fort de la majorité. Le parti du président, les républicains indépendants, pèse beaucoup moins lourd, mais le président s'en fiche. En février 1975, 8 mois après sa prise de fonction, Jacques Chirac lui écrit une longue lettre Monsieur le Président.

[00:18:17]

Dès l'instant où vous m'avez fait l'honneur de me confier ce poste, je me suis promis que mon ambition politique personnelle ne viendrait jamais encombrer votre route ou compliquer votre tâche. Je souhaiterais avoir votre sentiment et vos instructions afin d'être assuré dans l'action que je suis bien. L'interprète fidèle de vos pensées. Signé Jacques Chirac. Aucun effet, aucun dans les semaines qui suivent. Un ministre centriste, le ministre de la Coopération, déclare Il nous faut battre l'UDSR avec toute notre énergie.

[00:18:50]

Et Jean-Pierre Fourcade, le ministre des Finances, dit J'ai une plus grande expérience de la gestion que le chef du gouvernement et tout cela en toute impunité. l'Elysée ne moufte pas. Si vous ajoutez à ça l'idée de Giscard de changer le rythme de la Marseillaise qui irrite au plus grand point les gaullistes. Et puis, ce que Chirac appelle les gadgets médiatiques, l'idée de Giscard d'inviter des éboueurs à déjeuner à l'Elysée ou les dîners qu'il va faire chez les Français de condition modeste.

[00:19:20]

Chirac est créé. J'ai du mal à être convaincu par ces initiatives démagogiques qui me paraissent davantage relever d'une proximité de façade qu'exprimer la volonté réelle d'organiser une société plus juste et plus humaine.

[00:19:43]

Excédé d'être sans cesse humilié le 31 mai 1976, Jacques Chirac va voir le président avec dans sa poche une lettre, une lettre manuscrite. Monsieur le Président. Après mûre réflexion, j'ai acquis la certitude que l'impression de flou qui ressort de l'action gouvernementale et l'esprit de division qui marquent celle de la majorité troublent un grand nombre de ceux qui, en vous portant à la tête de l'Etat, vous ont confié leur sort. Jacques Chirac propose à Giscard de dissoudre l'Assemblée nationale, de provoquer des législatives.

[00:20:16]

Giscard lui répond Ecoutez Chirac. Je souhaite prendre le temps de la réflexion. Par Longeons si vous voulez à la Pentecôte à Brégançon, puisque vous venez passer le week end avec nos. D'accord, sauf qu'à Brégançon, résidence des chefs d'État, Giscard se fait servir le premier avant ses invités et qu'il leur offre des chaises alors que lui et sa femme sont assis dans des fauteuils. Une scène cultissime a lieu le lendemain de l'arrivée de Chirac à Brégançon. Les Chirac ont passé l'après midi dans leurs chambres à attendre qu'on leur fasse signe.

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Arrive le dîner et Giscard, a t il invité à dîner. Son moniteur de ski et sa femme lui débarque en polo et sa femme en jupe courte.

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La situation est si embarrassante, écrit Chirac, que la malheureuse épouse du moniteur passe la soirée à tirer discrètement sur sa jupe pour lui faire gagner quelques centimètres. Et Giscard, toujours selon Chirac, n'a pas un mot pour détendre l'atmosphère et tenter d'atténuer la gêne de ses invités. Il a l'air d'ITIL de son délectés. Conclusion de Chirac après son séjour au fort de Brégançon Je n'ai plus grand chose en commun avec ce président. Au conseil des ministres du 15 juillet 1976, Valéry Giscard d'Estaing, sans en avoir parlé avant à Chirac, demande au gouvernement son avis sur l'élection du Parlement européen au suffrage universel.

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On ne le tient même plus à former de l'ordre du jour du Conseil des ministres. Chirac est convaincu que l'autre n'a pas fait ça par hasard. Le 19 juillet, Chirac bavoirs Giscard et lui demandent à être démis de ses fonctions. Il oppose Chirac enfin.

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Je ne comprends rien les raisons de votre lassitude, votre irritation, mais enfin, votre départ serait prématuré si vous le voulez bien. Reparlons Jean à la rentrée. La rentrée le 26 juillet, Jacques Chirac vient en personne remettre à Valéry Giscard d'Estaing sa lettre de démission. Ils conviennent de n'en parler à personne jusqu'au conseil des ministres de la rentrée, le 25 août.

[00:22:59]

Le 25 août, Chirac arrive au Conseil des ministres avant Giscard et il annonce lui même sa décision à ses ministres. Écoutez, je persiste à penser que le premier ministre doit disposer, outre la confiance du président de l'Autorité sur les membres du gouvernement et d'une certaine autonomie tactique. Pas obtenu les moyens du gouvernement que je demandais. Le premier ministre obéit où il cède sa place. Eh bien, c'est ce que je fais. Après le Conseil, Chirac s'entretient quelques instants avec le président.

[00:23:40]

Le ton est détendu. Il lui annonce qu'il va faire une déclaration à la télévision. Il rentre à Matignon et sur un ton un peu raide. Il annonce sa démission aux Français.

[00:23:52]

Je pense que dans quelques secondes, en entendant cette déclaration de Jacques Chirac, il s'agit d'une procédure tout à fait inhabituelle de la Ve République. Lorsqu'il y a le changement du premier ministre, il y a toujours eu un simple échange de lettres avec une grande action de la part du premier ministre et vicaire général. C'est le cas aujourd'hui. Cette déclaration avait été annoncée avant même la fin du conseil des ministres de Jacques Chirac. De remettre la démission de mon gouvernement.

[00:24:30]

Au président de la République. Je l'avais préalablement informé. De mon intention. En effet. Je ne dispose pas. Des moyens? J'estime aujourd'hui nécessaires. Pour assumer efficacement. Mes fonctions de premier ministre et dans ces conditions, j'ai décidé. Même Jacques Chirac croise à nouveau le président dans la soirée, Jacques Chirac. La façon dont vous avez présenté les choses? Le taux que vous avez employé. Enfin. Une dernière scène le soir même, Jacques Chirac quitte son bureau à Matignon.

[00:25:43]

Depuis qu'il est là, son directeur de cabinet, Jérôme Monos, a remarqué que l'un de ses tiroirs est toujours fermé à clé. On va enfin l'avoir.

[00:25:54]

Collection de littérature érotique. Ecoute Jérôme, maintenant nous partons.

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Je n'ai plus rien à cacher et là, Chirac ouvre le tiroir dans le tiroir. Il n'y a que des livres et des revues de poésie. Chirac écrit C'est comme si mon image de marque et l'idée que mes proches, au fond de moi, ne m'accorder pas le droit d'aimer les poètes. Et d'avouer cette passion qui ne m'a jamais quitté depuis l'adolescence.

[00:26:25]

Voilà pour ce troisième épisode de la de la vie de Jacques Chirac que je vais débriefer, comme les deux précédents, avec l'éditeur qui a écrit les mémoires de Jacques Chirac, Jean-Luc Barré, qu'il a avec moi. Il faut qu'on s'arrête sur cette dernière anecdote un instant. Jean-Luc passe donc il planquées de la poésie dans le tiroir de son bureau fermé à clé? Il y a de l'amertume. Je trouve dans cette dernière phrase mon image de marque et l'idée que mes proches se font de moi ne m'accorde pas le droit d'aimer les poètes.

[00:26:58]

Oui, c'est un peu le drame de Chirac, je trouve. C'est à dire que tout ce qu'il était profondément ses goûts et un peu caché. Je peux dire aussi ses amours, parfois tout ce qu'il était vraiment. Il y a une espèce d'excès d'éducations, une espèce de dissimulation, presque de pudeur, une jambe d'inquiétude par rapport aux autres, sans doute à une absence de confiance en lui.

[00:27:17]

Mais le sentiment aussi qu'une certaine liberté, pour l'avoir exercé, il faut la planquer. D'une certaine manière, il faut être un peu à l'écart, il ne faut pas s'exposer, etc. Donc, il a été un peu prisonnier de ça. Il y un peu d'amertume. Je pense que quand il écrit ça, quand il me dit ça à la fin, dans les années, la fin de sa carrière, au moment où il n'est plus au pouvoir, je pense qu'il fait des bilans au fond de lui et qu'il y a des regrets.

[00:27:36]

Sans sans doute. Sans doute que je me dis qu'il a le plus aimé quoi. Mais les gens n'ont pas su qu'il aimait la poésie. Mais c'est de sa faute puisque c'est lui qui planquées. Tout ça dans un tiroir fermé à clé. C'est psychanalytique.

[00:27:47]

Est ce politique? Souvent, on n'est pas obligé d'avoir une certaine image, de donner une certaine image qui fait que ce n'est pas exactement le reflet de la vérité. Parce que électoralement, politiquement, il y a des choses qu'on ne peut pas dire. On ne peut pas montrer. En tout cas, c'est le sentiment que Chirac a eu, lui. Je pense que s'il avait tout dit de lui même à ce moment là, sans doute qu'il aurait pris des risques un peu inutiles.

[00:28:08]

Je pense qu'il est passé chez lui. Non pas qu'il y ait une chose grave, si vous voulez, mais dire qu'il aimait la culture chinoise. Ce que je voulais quand il était élu de Corrèze, c'est compliqué. Donc il n'y a pas, disons. Ça ne paie pas. Et puis, dire qu'on aime la poésie. Bon, on va faire un peu, voilà.

[00:28:22]

Mais en même temps, sa culture est très particulière. Enfin, cette connaissance du 14ème siècle en Chine est du nombre d'empereur. Alors, autant je me souviens dans l'épisode précédent, quand il était incapable, à l'oral, de dire ce qu'est Beyrouth, l'oral d'entrée aux grands tours de l'ENA, de dire ce qu'est Beyrouth, autant on lui aurait pardonné de savoir combien il en d'empereurs au 14ème siècle en Chine. Chirac est un autodidacte.

[00:28:45]

En réalité, il a bien sûr fait les études. Mais la culture profonde qui est la sienne, il l'a acquise dans les lectures dont il allait au musée Guimet. Tout le monde sait ça, mais il allait au musée Guimet, très jeune adolescent. Et parfois, il faisait un peu l'école buissonnière buissonnière pour aller vraiment voir ce qu'étaient des oeuvres d'art. Et puis, dans mon souvenir épisode numéro 1, il y a un vieux professeur, quelque, bien sûr qu'il allait voir chez lui.

[00:29:05]

Le signé son professeur de belles années, Witches, qui a beaucoup compté pour lui. Quels sont les personnages majeurs? La vie de Chirac? Il y a ceux se souviennent. L'exilé russe, qui était chauffeur de taxi et qui lui avait dit, avait demandé à prendre le risque. D'ailleurs, Chirac parlait un peu louche. Je rappelle qu'il a traduit Pouchkine, un livre de Pouchkine.

[00:29:22]

Alors reprenons l'histoire à son début la maladie de Pompidou. Il ne peut pas y croire, écrit il. Mais on comprend pourquoi. Assez vite, il n'est pas intime avec Pompidou. En fait, il adule. Il l'admire. Il est invité à dîner chez lui le à une ou deux reprises. Mais ça ne va pas au delà. Je ne suis pas même certain qu'il se tutoie. Non, non, il se tutoie. Évidemment pas parce que Pompidou ne tutoie pas grand monde, comme François Mitterrand d'ailleurs.

[00:29:48]

Non, je crois que c'est au delà de la dame du fait qu'il n'y a pas une réelle intimité. Il y a le fait de refuser la mort de cet homme qui l'aime. Je veux dire pour lui, il voit bien, comme tout le monde, qu'il a grossi et qu'il marche difficilement. Il est informé. Mais il y a une espèce de refus de croire ça. Il ne veut pas l'admettre dans ses mémoires. Effectivement, j'en ai beaucoup parlé.

[00:30:07]

Écoutez, vous savez très bien que ce n'est pas la vérité que Pompidou était plus. Il a reconnu que mais à l'époque, c'est plus. Il a menti comme un arracheur de dents sur Europe1. Oui, oui, il a brillamment, c'est à dire qu'il n'a pas voulu.

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Finalement, oui, bien sûr. Le mensonge fait partie des charmes de Chirac. Ne va pas non plus le nier.

[00:30:23]

Mais disons qu'à ce moment là, c'est un peu comme quelqu'un qu'on aime dans sa propre vie. On n'a pas forcément envie qu'on sache ce qu'il a été à l'extrême fin de sa vie. C'est un peu ça. Il y a une sorte d'affection et de pudeur extrême. Chirac est un grand pudique, alors j'ai beaucoup, évidemment, la scène de l'espionne russe dans le wagon pour Saint-Pétersbourg, qui s'appelle à l'époque Leningrad. Il dit pas les choses, c'est assez amusant.

[00:30:45]

Peut être vous a t il raconté différemment. Est ce vous qui avez mis un peu de pudeur leur donnant donnant? En vérité, ce qu'on comprend, c'est que cette femme a été mise là dans ce wagon pour le séduire et que peut être a t il été tenté de se laisser séduire et qu'il découvre dix ans plus tard, que il a été considéré par les services secrets comme un traître potentiel quoi que ce soit.

[00:31:05]

Ça avait beaucoup amusé. Ça l'a beaucoup amusé. On me l'a raconté dans n'a pas dit beaucoup plus. Mais oui, j'ai le sentiment qu'il n'a peut être pas, n'est peut être pas passé tout à fait à côté de cette espionnant. En tout cas, alors, sa relation avec Valérie Giscard d'Estaing?

[00:31:17]

Intéressant parce que au début, il choisit Valéry Giscard d'Estaing plutôt que Chaban-Delmas. Valérie. En vérité, il n'aime pas, il ne le dit pas dans ses mémoires, mais on le pressentait, il ne l'aime ni avant, ni pendant, ni encore moins après. Et il ne l'aimera jamais plus. Mais il le choisit plutôt que Chabon parce qu'il le trouve plus moderne. Et Shaban du passé, dit il. Oui, d'abord, on ne saura jamais ce qu'ont été les consignes.

[00:31:45]

Les dernières consignes de Pompidou par rapport à ça, on le saura peut être un jour.

[00:31:48]

D'ailleurs, pour la consigne de Pompidou, il est possible qu'à un moment donné, tout cela, en passant par le relais évidemment de juillet de Pompidou, ait pu laisser entendre qu'il estimait que Giscard était un meilleur successeur que Chaban, qui apparaissait à tout le monde quand même comme un homme assez léger. Finalement, il y avait un joueur de tennis.

[00:32:08]

Il y a eu conflit Pompidou, Chaban après Chirac. Mais moi, j'étais pour la nouvelle société. Enfin bon. Mais ça, c'est un peu une réécriture de l'histoire. Je pense qu'à l'époque, il est très, tout à fait évidemment très proche de Pompidou contre Chaban-Delmas. Je pense qu'il est un peu téléguidé à ce moment là. Chirac et surtout, et surtout, il a le sentiment qu'il se serait sans doute vérifié que Chaban ne pouvait pas battre Mitterrand.

[00:32:29]

Et donc, le seul qui pouvait battre Mitterrand, c'était Giscard. Je crois qu'il n'y a pas de gaieté de cœur.

[00:32:33]

Il a déjà été secrétaire d'État au Budget, du temps où Giscard est ministre des Finances, c'est à dire sous Pompidou au début du mandat. Et ça s'est très compressé dans sa vie, comme très mal. Donc, il le sait. Il sait qu'il est très épaté par l'intelligence de Giscard et d'ailleurs, il s'acharnaient à la fin de la période où on se voyait beaucoup dire C'est un grand homme, Giscard, mais ça, c'est évidemment un peu de la langue de bois.

[00:32:55]

Il sait très bien que Giscard a une forme de mépris pour lui.

[00:32:59]

Il s'est amusé à me raconter un jour comment, comment Giscard, vous voyez, vous considèrera Imedi, je vais vous montrer. Alors, il avait levé la main très haut comme ça dans l'idée de Giscard, dans l'estime de Giscard, il y a d'abord Giscard de lui même. Après, il y a un vide, un grand vide en dessous.

[00:33:16]

Autrement dit, c'était vraiment l'idée que Giscard, mépriser beaucoup de monde, s'acharnait à faire croire, à faire sentir aux gaullistes qu'il était plus intelligent.

[00:33:24]

Que donc il s'est aliéné beaucoup de monde. Ce qui est très important quand même, c'est que grâce à Chirac, en effet, le mouvement gaulliste a pu perdurer parce que l'une des erreurs de Giscard en 74, c'est ne pas avoir dissout l'Assemblée. Il n'a jamais eu de majorité à lui. Il avait une majorité gaulliste qui était contre lui, qui ne lui pardonnera pas un certain nombre de choses quelque part. Chirac, en lui proposant de dissoudre en 76, il aurait peut être rendu service.

[00:33:43]

Probablement pas. Ça se peut sans doute. L'histoire n'a pas retenu. On n'a pas retenu que c'est Jacques Chirac qui impose Simone Veil dans le gouvernement, le premier gouvernement Giscard d'Estaing. Laquelle? Simone Veil deviendra l'héroïne de la Loi sur l'avortement.

[00:33:59]

On n'a pas retenu ça grâce aux mémoires, on le sait désormais. Chirac lui même n'a pas toujours la même chose que l'on a qu'on a souvent dit le désir de ne pas se mettre à l'avant, de ne pas se vanter d'une certaine manière. Ce qui est clair, en tout cas, c'est que Chirac est resté très proche de Simone Veil, même si Simone Veil, après la combattues vous savez sur le plan européen, elle a pris la tête de liste qui était contre celle de Chirac.

[00:34:21]

Mais il y avait un lien très ancien entre eux, une véritable estime, une véritable affection. Et on peut dire que c'est lui qui a sauvé la loi, la loi Veil, parce qu'à l'époque, la majorité très contre. Et il arrive au dernier moment. Non pas qu'il soit lui même extrêmement favorable à cette loi. Je crois que c'est pas vrai.

[00:34:34]

Il constate qu'il y a bien un argument pour son argument, c'est de dire ça suffit, que ce soit légal.

[00:34:42]

Et puis il connaît la souffrance des femmes, etc. Et il impose véritablement sa majorité. Ce qui était très frappant d'ailleurs. Ce qui m'a beaucoup frappé, c'est l'absence de Valéry Giscard d'Estaing aux obsèques de Simone Veil. Je ne dis pas, il y a toujours eu entre alors qu'il était malade. Mais ça n'est pas tout à fait anodin, cette absence. Je pense que la véritable proximité était avec Chirac.

[00:35:00]

Oui, mais on ne le sait pas lorsqu'on on rend grâce à Simone Veil de sa loi. On ne dit jamais que derrière Chirac, on va le dire encore plus grâce à vous.

[00:35:09]

Voilà, c'était une contribution à la vôtre.

[00:35:13]

Voilà la vôtre. Alors, il nous faut donc parler d'économie parce qu'il y a au passage tout à fait passionnant qui est passé, si j'en suis absolument conscient, pour tous les jeunes qui nous écoutent, qui peut être ne visualisent pas. Mais en 74, encore un an après le choc pétrolier qui secoue la France comme jamais, qui déclenche une inflation absolument incroyable. Chirac fait la preuve qu'il n'est pas libéral, qu'il est en vérité nourri de culture économique de gauche.

[00:35:39]

C'est un socialiste sur le plan économique. Il est pour l'intervention de l'Etat. Il est pour la relance, pour injecter des milliards, pour que l'économie redémarre.

[00:35:48]

Pourquoi dites vous socialistes? Moi, je dirais gaulliste. Après tout, le général de Gaulle, qui n'était pas spécialement un homme de droite, n'était pas socialiste, a nationalisé lui même. Il a nationalisé en 45, à une époque où il fallait le faire.

[00:36:01]

Mais je crois qu'en ça, il est profondément gaulliste, c'est à dire un homme de l'Etat qui a conscience du rôle de l'Etat, du régulateur et l'Etat.

[00:36:10]

Et c'est tout de suite un débat. Vous dites que ce n'est pas sexy. Vous avez raison, mais il reste un débat qui se pose encore aujourd'hui. Quelle est la part de l'Etat? On nous parle toute la journée de libéralisme. Que veut dire le mot libéralisme? Qu'est ce qu'on met derrière cela? Est ce que c'est le laisser faire, le laisser aller? Il y a tout de même un État. Nous sommes un pays, en effet. Chirac est un homme.

[00:36:25]

Les choses telles qu'elles sont. On voit bien que le rôle de l'État est très puissant et que nous sommes notamment un pays qui assure une aide sociale considérable à la population et tout cela a un coût. Naturellement, ça participe d'une certaine vision de l'économie. Le libéralisme libéralisme américain se passe largement de ce type de de secours à sa population. Chirac et je ne dirais pas qu'il est socialiste en cela. Il est profondément gaulliste à mes yeux.

[00:36:46]

Il avait un regard critique sur l'évolution du capitalisme parce que vous boucler sa biographie en 2009, après la crise financière de 2008, il avait là tous les éléments pour juger l'évolution du capital.

[00:36:57]

Oui, ça, ça fait partie de son de son. Sa critique très profonde du système américain du capitalisme américain. Il n'est pas. Il n'aime pas les grands patrons, sauf ceux, m'a t il souvent dit, qu'ils se sont faits eux mêmes. Alors, c'était François Pinault et c'était Eric. Étaient des gens qui étaient partis de rien. Mais ils n'aiment pas ces gens là. Ils dénoncent souvent les dérives financières, les abus financiers, les excès de richesse, les inégalités, l'injustice.

[00:37:24]

Il y a quelque chose de très profond chez Chirac. C'est son sentiment aigu de la justice. Évidemment, qu'est ce qu'il y a de plus injuste, d'une certaine manière, qu'une certaine forme de capitalisme? Bon, il est pour la loi du marché, etc. N'en faisons pas non plus un socialiste, mais je veux dire, il a un sens aigu. En tout cas, des inégalités, de l'injustice. Et tout cela chez lui provoque des formes de dégoût.

[00:37:44]

Alors, venons en à l'exercice du pouvoir par Valéry Giscard d'Estaing. Parce que c'est tout à fait passionnant. On voit là un système qu'on a vu ensuite plus tard entre Sarkozy et Fillon, c'est à dire que le président de la République Valéry Giscard d'Estaing, mais son premier ministre de Côté prend des décisions directement avec les membres du gouvernement, sans même l'en informer. On imagine qu'il bous à ce moment là parce que ce n'est pas homme à se laisser humilier Chirac.

[00:38:11]

Il dit des choses dans ses mémoires, mais je pense que ce qu'il vous a dit va au delà de ce qui a été écrit.

[00:38:16]

Oui, enfin humilié. Évidemment, c'est le mot le plus exact. Je pense qu'il y avait chez Chirac le sentiment d'abord que Giscard humilié tout le monde et en même temps, il était conscient du côté un peu ridicule du personnage Barbies. Il s'amusait beaucoup. Mais une chose qu'il a raconté dans les mémoires, mais qui nous maltot? Il m'a beaucoup parlé parce que pour lui, c'était l'épisode évidemment très significatif. C'est le besoin de Giscard d'être reconnu dans l'ordre de Cincinnati lors de Cincinnati.

[00:38:39]

C'est un homme qui rassemble ceux des Français qui se sont battus en Amérique pour libérer les Etats-Unis. Et tout le monde sait que Giscard s'est jamais appelé destin. Donc, il y avait. Il y avait un destin qui avait contribué à cette libération. Donc il voulait absolument être reconnu dans l'ordre de Cincinnati. Il avait demandé à Chirac d'intervenir pour cela. Évidemment, il avait totalement échoué. Donc, il savait que les limites de ce personnage dans sa grande intelligence, il y avait des limites incroyables et surtout, ce mépris des autres sentiments lui même qu'il faisait sentir profondément aux autres.

[00:39:07]

Enfin, cet aspect d'intelligence qui se voulait supérieur et qui voulait qu'on sache qu'elle était supérieure. Et ça, évidemment, pour lui. Il y a le fait, surtout dans cette affaire là, que Giscard a commis cette maladresse absolument invraisemblable, alors que la majorité n'était pas la sienne de ne même pas tenir informé son premier ministre d'un nombre de décisions qu'il prenait.

[00:39:24]

On ne voit pas les Sud-Sarthe parce que c'est comme en même temps. Giscard, en effet, s'étonne de la rupture de 76, mais il a tout fait pour la provoquer. Elle est totalement logique et totalement logique parce qu'elle vient d'un homme, Chirac, qui est blessé au plus profond de lui même, qui en a assez d'être traité comme ce qui n'est pas quand même. Il est tout de même le premier ministre. Alors, il y a l'épisode de la Pentecôte à Brégançon.

[00:39:44]

Comme moi, j'avais toujours entendu raconter comme étant un épisode que Chirac avait jugé humiliant pour lui même, c'est à dire que Giscard était invité son moniteur de ski à un dîner avec son premier ministre. Moi, on m'a toujours dit ça. Chirac a trouvé ça humiliant pour lui, mais ça n'est pas du tout ce qu'il raconte. Lui, il trouve que c'est humiliant pour le moniteur de ski.

[00:40:06]

C'est dire que ça lui révèle plutôt confirme ce qu'il pense de ce président. La meilleure, c'est d'être de monarques, de monarque à particule, en l'occurrence, qui fait en sorte d'abord de s'asseoir sur des fauteuils en cuir, sur des chaises.

[00:40:20]

Mais Chirac aimé Chirac sur une chaise.

[00:40:22]

Et lui, alors, tout ça, finalement, Chirac, ça l'amuse un peu. Parce qu'il sait maintenant. Il y a déjà eu la séquence où le président se fait servir une tasse de thé dans le bureau sans en proposer à son premier ministre qui l'oblige à rentrer par une porte qui n'est pas la porte principale. Donc, dans tout ça? C'est un jeu un peu dérisoire, d'ailleurs, m'enfin, qui finit par amuser Chirac. Mais la scène n'aime pas Chirac.

[00:40:41]

C'est l'humiliation qui est infligée à ces gens qui n'ont pas été prévenus. Reste Deauville. Voilà cet épisode. Il faut bien voir une chose, c'est que Chirac l'a beaucoup raconté et s'est amusé à raconter. Alors Giscard a dit C'est pas vrai, il a mille a brodé là dessus. C'était comme une scène de théâtre qui recomposés.

[00:40:57]

Pas l'épisode de la jupe de la Juve.

[00:41:00]

Je vais vous dire moi, il me l'a raconté. Est ce que c'est exactement comme ça que ça s'est passé? J'en sais rien, mais ça, ça l'amusait beaucoup. Tout ce qui pouvait. D'une certaine manière, Giscard était un sujet inépuisable de plaisanterie. Chez il y avait deux, il y avait deux hommes qui, à un jet de plus en plus vindicatif, c'est Sarkozy. Et puis Giscard quand même. Puis n'oubliez pas qu'il se retrouvé au Conseil constitutionnel, etc.

[00:41:23]

C'est un peu comme si. Personnages qui n'ont jamais fini de régler leurs comptes d'une certaine manière avec quelqu'un qui avait un peu plus d'humour que l'autre et qui s'en amusés beaucoup. On peut imaginer d'ailleurs que ce soir là, il n'a pas véritablement regretté que la jupe de la jeune femme soit courte. C'est ce que j'ai adoré décrypter une fois de plus cet épisode de la vie de Jacques Chirac avec vous qui le connaissez bien? Jean-Luc Barré et Jean Ravoire, donc, à ces Mémoires de Jacques Chirac, premier tome qui s'appelle Chaque pas doit être un but!

[00:41:52]

Publié aux Éditions Nil. Il y aura un quatrième épisode, je peux déjà le dire parce que j'en ai envie. Je suis tombé dedans et j'irai jusqu'au bout de cette histoire. Je ne sais pas ce que je choisirai. Peut être ce moment de la cohabitation avec François Mitterrand Le Pen, mais ça vaudrait la peine. Alors ça sera ça. Ça appartient au tome 2.

[00:42:10]

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