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Christophe Hondelatte Bonjour à tous! Je vais vous raconter aujourd'hui une histoire absolument mythique, même s'il est tout à fait possible que vous n'en ayez jamais entendu parler. C'est l'histoire de deux alpinistes qui, en 1977, se sont lancés dans un défi fou vaincre un sommet de l'Himalaya qui n'avait jamais été vaincu. Le sommet de l'ogre, une montagne du Pakistan qui n'est pas la plus haute 7300 mètres, mais qui, jusque là, avait avalé tous ceux qui avaient voulu la défier.

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Ces deux alpinistes s'appellent Doug Scott et Cruise Bennington. Ils sont arrivés en haut, mais le Meet vient surtout de leur descente vers le camp de base, d'où Scott est descendu en rampant. J'ai bien dit en rampant. Il en a fait un livre qui paraît aux Éditions du Mont-Blanc. La première ascension de l'ogre et dont l'éditeur et ça tombe bien, une alpiniste que pour le coup, vous connaissez sans doute qui s'appelle Catherine Destivelle et qui est là avec moi pour débriefer cette histoire.

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Bonjour à vous, Catherine, bonjour. Voici donc la première ascension de l'ogre revisité pour rendre la raconte. Une histoire que j'ai écrite avec Christophe du Mazères. Réalisation Céline Lebrun.

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Christophe Hondelatte. Laissez moi d'abord vous présenter la bête. On se met face à une carte, vous voyez l'Inde OK en haut à gauche de l'Inde, c'est le Pakistan. Et maintenant, regardez tout en haut du Pakistan, au nord, dans le prolongement de l'Himalaya. En fait. Là se trouve un massif montagneux qu'on appelle le Karakoram ou Karakorum. Les deux se disent qui héberge entre autres le deuxième plus haut sommet du monde après le reste, le K2.

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Mais ce n'est pas lui qui nous intéresse aujourd'hui. C'est l'un de ses voisins, le Binta Brack, connu dans le monde de l'alpinisme par son petit nom, l'ogre l'ogre. Parce que au moment où débute cette histoire, en 1977, il a avalé des dizaines et des dizaines d'êtres humains. Personne n'est jamais arrivé à vaincre personne. Et c'est le défi que vont se lancer nos deux héros du jour, Douglas Scott, un Ecossais de 36 ans, et Crees Bennington, un Anglais de 44 ans.

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Ce que je vais vous raconter aujourd'hui, leur histoire relève du mythe absolu dans le monde de la grimpe et vous allez vite comprendre pourquoi.

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L'idée de s'attaquer à l'ogre traîne dans la tête de Douglas Scott depuis un bon bout de temps. Mais la décision de se lancer date du tout début de l'année 10 977. Il y a deux ans, Douglass a fait le reste par la face sud ouest, la pire premier Britannique à passer par là Hamal. Mais l'ogre, l'ogre, il serait le premier tout court. Le premier humain. Et il ne faut pas traîner parce qu'il y a du monde sur le coup.

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L'année dernière, il y a deux ans, des Japonais ont tenté leur chance. Ils ne sont pas arrivés au sommet, mais ça s'est joué à chouilla et dans la foulée, l'Américain Morisson a tenté le coup lui aussi. Il était bien parti, mais ses porteurs se sont mis en grève. Ils ont réclamé le doublement de leur salaire. Il n'a pas pu aller jusqu'au bout.

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Si Dooku veut être le premier, il faut y aller maintenant. Alors il appelle son copain Clive, qui, évidemment, sera de l'aventure. Qu'est ce que tu penses et on y va cet été? Tu raison? En espérant que personne ne lance avant nous. Live, donc, en sera aussi Mau Mau, dont la première qualité est d'avoir de la gouaille et de l'humour, et vous verrez, ils en auront besoin. Et la seconde qualité, c'est qu'il est riche et riche comme Crésus depuis qu'il a inventé un piolets à lame courbe et un casque de sécurité.

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Ça peut aider ça aussi. Et puis, il y aura toutes un grand calme. Ça aussi, ça servira Hénique à un bon vivant. Et puis le vétéran crissent, crissent Billington, un vieillard de 44 ans, tous britannique. Et là, il faut que je vous raconte une anecdote assez symbolique de l'époque. Jusque là, Douglas Scott a toujours fait des expéditions sans faire d'histoires, comme il dit, c'est à dire sans emporter de caméra, juste pour la beauté du geste, sans se faire mousser.

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Mais là, en 1977, on bascule dans le monde. Des images crissent. Crise Bennington a eu une proposition de contrats publicitaires la marque Beauville, qui fabrique un extrait de boeuf en bocal très apprécié. Le soir, au bivouac, on lui propose trois mille livres pour tourner un petit film publicitaire pendant l'ascension La téloche au sommet de l'ogre nique qui s'est filmé et d'accord pour faire des images. Je vous passe les détails, mais il y a débat dans l'équipe.

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Doux n'est pas chaud. On ne va pas s'embarrasser de tout ce matériel. Enfin, on ne part pas en promenade. Ah bon? Tu crache sur trois mille livres maintenant? L'argument est imparable et donc ils prendront la caméra a une chose que je veux absolument vous dire avant qu'on se retrouve là bas aux pieds de l'ogre.

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On est dans les années 70, on est en plein baba cool. Et donc, ils ont décidé qu'il n'y aura pas de chef, pas de leader et pas non plus de planning et de tableaux de service. Chacun s'appliquera selon son expérience et sa personnalité. Ils vont le faire à la cool. Rendez vous au pied de l'ogre et le 23 mai.

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Toute l'équipe se retrouve à Rawalpindi, dans le Pendjab, à quelques dizaines de kilomètres de l'aube. Et là, ça n'est pas comme au Népal à cette époque là. Les alpinistes, on n'aime pas trop au Pakistan, mais un soir, ils parviennent à s'introduire au club de l'ambassade britannique. So chic. Et là, ils obtiennent un rendez vous avec l'ambassadeur et l'ambassadeur, leur arrange les bidons avec le ministère du Tourisme. Ils obtiennent notamment un prix raisonnable sur la rémunération des porteurs et quelques références de prix au cas où il faudrait négocier avec eux.

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En chemin, ils peuvent donc partir. Le 4 juin, l'expédition et sa caravane de porteurs se met en marche. Première nuit à 3600 mètres, deuxième nuit à 3.800 mètres. Et les voilà au camp de base. 30 degrés le jour et moins 20 degrés la nuit. Là, tout le boulot consiste à transporter à dos d'homme un mois de nourriture et de carburant jusqu'à l'étape suivante, le camp de base avancé à un aller retour aller retour. Ça dure plusieurs jours et c'est une excellente manière de s'acclimater.

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Et à partir de là, voilà comment ça se passe pendant cette phase de l'Ascension. La phase d'approche lexpédition se sépare tous les jours en deux équipes dont la composition varie d'ailleurs selon les envies des uns et des autres. Le Babak ou est toujours là. Une équipe monte les vivres et les combustibles du camp de base avancé jusqu'au camp numéro 3, par exemple, et l'autre équipe installe des cordes fixes au delà du camp numéro un que les autres pourront emprunter le lendemain avec leur barda et ainsi de suite jusqu'à 6 000 300 mètres d'altitude.

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Et c'est là, à 6300, que ça commence vraiment. Sauf qu'il y a du tangage dans l'équipe et ça s'aggrave quand un soir, crise, crise, Barrington, le vétéran fait une petite annonce. Les gars, je voulais vous dire demain, Nick et moi, on part pour le sommet tous les deux. Je ne vous dis pas la tête des autres, eux, ils ne sont pas prêts. Pas assez acclimatées. Ils pensent qu'il manque encore des vivres et du combustible pour se lancer.

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Bref, ils pensent que c'est trop tôt et ils ont les boules. De voir les deux autres se lancer sans attendre les grosses boules. Mais ça ne change pas les plans de Chriss Hédonique et le lendemain matin, 24 juin à l'aube, il charge une semaine de vivre sur leur dos. Et c'est parti droit vers le sommet. Les autres retrouvent leur tente vide au réveil. Ils sont dégoûtés, dégoûtés. D'autant que je ne voulais pas encordés en installant les cordes fixes.

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Doug a fait tomber à bout de rochers et toutes l'apprit sur la jambe. Il a rien de cassé, mais il a mal, très mal. Et donc, quoi qu'il arrive, ils ne peuvent pas partir tout de suite dans le sillage des deux séparatistes. Trois jours plus tard, Doug Clive M-O, es tu encore un peu boiteux? Se lancent à leur tour en pestant toujours contre Chris Scénique et en même temps, en s'inquiétant pour eux. Ils en veulent d'avoir fait bande à part.

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Mais au fond, ils les trouvent courageux avant de partir. Criss a laissé un plan de son ascension. D'après leurs plans, ils devaient arriver au sommet le 28. On est le 29, putain, on a aucune nouvelle. Pourvu qu'il leur soit pas arrivé un truc les cons. Le problème, c'est qu'ils n'ont pas pris la même voie qu'eux et donc, au bout de 2 jours, toujours sans nouvelles, il décide de bifurquer, de rejoindre leur itinéraire, de les chercher quoi?

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Le soir, ils plantent leur tente. Doug dort avec Tutt et vers 5 heures et demie. Douk se réveille, il se demande s'il n'a pas rêvé. Il tend l'oreille et il les entend. Il les entend qui s'approche dans la nuit. Nick et Christ vivant et épuisé, ni la peau du nez cramé par le soleil. Et Doug demande la crise où l'avait fait. Qu'est ce qui s'est passé? On a manqué de vivres. Manquer de combustible.

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Je crois qu'on a manqué de force. Bref, il n'était pas assez acclimatée et Nicks confesse que pour avancer, il a gobé de la codéine et du moghadam, il s'est dopé. Moi, j'arrête là langue. Quand je descends et toi, crisse, anon, moi je vais jusqu'au. Et donc, Mo, Clave, Tutt et Doug réintègre Christe dans le banc. Il a eu du cran tout de même et bien que épuisé, il est prêt à continuer.

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Ça se respecte. La hache de guerre est enterrée.

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Et finalement, tout aussi capitules, sa jambe lui fait trop mal. Il attendra au camp de base avec Nick Douguet.

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J'aurais donné n'importe quoi à ce moment là pour être chez moi avec les miens. Une heure et demie plus tard, je jette un coup d'œil dehors.

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C'est l'heure de coucher de soleil et je me dis qu'il n'y a pas d'autres endroits où je souhaiterais être là, à 6700 mètres d'altitude et donc à 4, d'où grise mot clé. Ils reprennent leur marche vers le sommet et ils arrivent en vue de cette tour qui chapeaute Nobre. Que dis je, une tour à donjon. Ce qui est compliqué. A cette altitude, on approche des 5000 mètres, c'est qu'entre chaque série de mouvements, il faut s'arrêter et oxygéner ses muscles.

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La nuit tombe, ils creusent une grotte dans la neige et tous les quatre s'endorment comme des lois. C'est demain qu'il s'attaque au sommet.

[00:13:08]

Quand le soleil se lève, rien n'est encore décidé sur qui va monter là haut, qui, avec qui? Je vous rappelle qu'il n'y a pas de chef. Doug ferait bien équipe avec Claye plutôt qu'avec Crees qui, depuis sa tentative séparatiste, n'a pas trop la forme. Mais finalement, clève des clés. Je suis désolé, mais en trilogue, j'ai promis un mode l'aider à filmer, à les y passer devant un. On sera juste derrière où on va vous filmer de loin.

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Voilà comment s'écrit l'histoire. S'il doit y avoir un exploit aujourd'hui, c'est pour la première fois de l'histoire. Deux hommes doivent poser le pied sur le sommet de l'ogre. Il s'appelle Rondeaux Scott et Crees Bennington. Bonne chance, les gars! Et c'est parti! Mètre après mètre, dans une neige molle et profonde. Douguet Chriss arrive à 120 mètres du sommet, mais 120 mètres quasi verticaux et double voit bien que le Christ est au bout de ses forces.

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Il n'a pas récupéré de sa tentative séparatiste. Tout lui dirait bien plus tard avance. Si tu ne vas pas plus vite, on n'y arrivera jamais. Mais il se tait. Il dit juste. Je passe devant. Putain, c'est l'escalade la plus difficile que je n'ai jamais réalisée. Il ne reste plus qu'un dernier couloir de neige jusqu'au sommet des Ladoux grimpe sur les épaules de Christ. Il sourit jusqu'au sommet et le rejoint. Et ils y sont. Ils sont au sommet de l'autre.

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Les premiers Umma à fouler le sommet.

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Et là haut, tout en haut, Douguet Crees réalise qu'il est 19 heures, que la nuit est en train de tomber et qu'ils n'ont ni sac ni lampe frontale, et il n'a pas le choix pour descendre, mais pour descendre maintenant. Dog attaque la descente, le premier pendu à une corde Scheler. Il se lance dans des tissons en direction d'une fissure. A un moment, il pose les pieds sur une couche de glace. Elle est trop fine. Si ses pieds reep sur la glace, il part en pendule.

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Il se met à tournoyer dans le vide qui ne peut pas s'arrêter. Et bam bam! Il vient de s'écraser contre la roche. Il a perdu ses lunettes. Il a perdu son piolet. La corde se stabilise. Il teste ses jambes d'abord la gauche aïe! Et puis la droite, il s'est cassé les jambes, il réussit à s'accrocher à habito 15 15, Bazzi à toi crissent, le rejoint crise. Crise plutÃt crise, je crois que je me suis battu, j'en ai même deux, je crois plutôt.

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Et le pire, c'est Camba dans leur sac de couchage dans la grotte, Mo et CLIVENT ont tout vu, mais c'est trop tard, ils ne peuvent pas les rejoindre. La nuit est tombée. Doug et Christe n'ont pas d'autre choix que de passer la nuit là sur une petite terrasse de neige, et ils ne sont pas assez équipés. Ils n'ont que des puls et leur coupe vent et rien à manger et rien à boire. Ils passent toute la nuit face à face doux avec ses deux jambes cassées, à se masser les orteils pour éviter les gelures.

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Une nuit interminable, mais crissent, crissent, finit par s'endormir et Doug l'entend ronfler. Mo et Esclave grimpent à leur rencontre et pendant deux heures, Chriss, à genoux comme un crabe, attaquent la descente. Mètre par mètre et il leur faut deux heures pour atteindre la grotte où Douguet crees peuvent enfin manger et boire chaud.

[00:17:45]

Ils se glissent dans leur sac de couchage.

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Le lendemain matin, il fait un temps de chien. Il a neigé toute la nuit. L'entrée de la grotte est bouchée. Un an plus tard, c'est la tempête, le gars, on ne peut pas descendre aujourd'hui. Sauf qu'hier, ils ont mangé leur dernier repas lyophilisés. Le lendemain, c'est encore pire, mais là, pas le choix, faut y aller. Et la meilleure solution, c'est de remonter jusqu'au sommet, figurez vous, et de redescendre de l'autre côté qui est plus direct.

[00:18:38]

Et Doug n'a pas d'autre choix que de ramper dans la neige, par ramper en traînant ses jambes inertes derrière lui, pendant que les trois autres, magnifiques, le sécurisent autant qu'ils le peuvent. Mètres par mètres dans la tempête et tout d'un coup. Crise crise vient de faire une chute de sept mètres. Il s'est fracassé la poitrine sur la paroi et sur le moment, il ne réalise pas, mais il vient de se casser plusieurs côtes. La scoumoune.

[00:19:09]

Il arrive Katinka, un campement abandonné par une expédition japonaise et la crise se met à tousser. Pourvu que ce ne soit pas un œdème pulmonaire. Et ils n'ont rien à manger. Rien. Et cette descente à pas de fourmi, de rochers en glaciers, dure un jour, deux jours, trois ou quatre jours. Huit jours, ça fait 8 jours que Doug s'est brisé la jambe. Sept jours que Chris s'est fracassé contre la paroi. Et maintenant, il crache d'éclair orange.

[00:19:48]

Mais il ne se plaint pas. Jamais. A l'approche du camp de base, Cliparts part en éclaireur, il revient deux heures plus tard. Vous n'allez pas le croire, les mecs plus techniques, ils ont dû penser qu'on était mort. Ils sont tirés, ils ne sont pas au camp de base. Heureusement, ils ont laissé des vivres. Et quand le quatuor arrive, après une descente dantesque de huit jours, il y a au moins à manger.

[00:20:15]

Ils sont sauvés. Au camp de base, M-O décide d'aller chercher des porteurs et les jours passent un jour, deux jours, trois jours, quatre jours. Rien ne vient. Faudrait pas que mon soit tombé dans une crevasse sur le glacier. Il ne leur reste plus rien à manger que trois barres de nougat. Romain Duris. Alors tant pis. Le cinquième jour, il décide de descendre tout seul avec la mousse des tapis de sol d'où se fabriquent des coussinets pour ses genoux et Clive bande les côtes de crise avec une chemise.

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Et il attaque un périple de 50 kilomètres jusqu'au village d'Ascoli. Sauf que ça, ils ne le savent pas. Mais entre temps, Mo est arrivé au village et il est tombé sur Nick Obert. Je pensais que vous étiez tous morts et au moment où le trio se lance dans la descente depuis le camp de base, il voit arriver Nick avec des porteurs et avec des vivres et des médicaments antidouleur et avec surtout des branchages pour faire une civière. Et pendant trois jours, les porteurs, avec d'infinies précautions, descendent Dogues vers le village.

[00:21:44]

Et tout d'un coup. Le pilote, un gros Pakistanais avec deux flingues à la ceinture, descend Je n'ai qu'une seule place et c'est pour blesser, mais pas de problème. Je serai de retour dans quatre heures. L'hélico décolle, il arrive au dessus du village. Et là, vous n'allez pas le croire. Le moteur de l'hélico s'arrête dans un bout de ferraille et un l'hélico vient s'écraser sur les rochers sept mètres plus bas. Heureusement, personne n'est blessé.

[00:22:16]

Doug et ses deux jambes cassées et sauvé. Mais là où les autres attendent, et notamment Kriss et ses côtes cassées, qui tousse comme un soudard et qui a sans doute une pneumonie. Et là, je vous fais courte. Mais Chriss Crees va descendre à pied, à pied, en ruellan de douleur à chaque pas.

[00:22:42]

Aujourd'hui, Dukes côte à 77 ans, les crises, Bennington, 84 ans et jusqu'en 2001, ils sont restés les seuls humains à avoir vaincu l'ogre.

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J'ai adoré écrire cette histoire, l'éditer dans votre maison d'édition Catherine Destivelle, Les Éditions du Mont Blanc. La première ascension de l'ogre, un livre de Douk Scott. Il y a d'ailleurs une suite à cette histoire que je n'ai pas eu le temps de raconter. Que l'année d'après, ils repartent dans la même région. Doug Hénique ensemble et qui se termine dramatiquement. Ils sont pris dans une avalanche. Hénique est tué.

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En fait, il a fait plus de 60 expéditions Népal au Tibet, un peu partout en Inde. Et donc, il y a eu souvent des morts.

[00:23:37]

Mais c'est un miracle, du coup, qu'il soit arrivé à cet âge canonique de 77 ans. Il n'y a pas beaucoup d'alpinistes de ce niveau là.

[00:23:43]

Finalement, on dit que les meilleurs alpinistes sont morts ou meurent dans leur lit, mais hors de leur lit.

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Oui, parce qu'en fait, les meilleurs, c'est ce qu'ont réussi à déjouer les dangers. Voilà les risques. Et du coup, c'est l'alpiniste qui est prudent qui arrive à rester vivant. Donc, il y a donc Scott qui écrit Bennington. Tous les deux sont des vieillards bien vivants et ils sont des héros.

[00:24:08]

En Grande-Bretagne, c'est un des plus grands alpinistes actuels. Même dans le monde, on vient de leur remettre d'ailleurs ça il y a deux ans et quatre ans.

[00:24:17]

Le Piolet d'or, carrière assez grand monsieur. Ce sont des seigneurs, des grand monsieur. Ils continuent à grimper les deux. Ah bon? Oui, oui, oui, oui, oui, oui.

[00:24:26]

Les 2 173 924 Glaoui très actifs. Il ne rate pas une occasion pour repartir à droite, à gauche.

[00:24:32]

J'ai pas menti quand j'ai dit que cette histoire était absolument mythique dans le monde de l'alpinisme.

[00:24:37]

Complètement. Moi, j'ai de 77. Moi, je débutais l'escalade. J'ai déjà débuté 3 ans avant. Je connaissais cette histoire et cette histoire m'avait hautement impressionné. Je connaissais pas tous les détails.

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Je savais qu'il était rentré en toi, mais moi, ça m'a en tout cas beaucoup, beaucoup inspiré lorsque j'ai eu moi même un accident du même acabit.

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Vous avez vu dans l'Antarctique, je crois. Ouais, ouais, c'était bien.

[00:25:06]

Vous vous êtes cassé la jambe en Antarctique. Je me suis cassé une jambe, mais c'était une fracture ouverte. Alors moi, je savais pas que lui, il avait les deux jambes. J'avais, je savais. Je pensais qu'il s'était ouvert aussi. Bon, lui, c'était pas ouvert. Moi, c'était une fracture ouverte parce que sinon, j'aurais peut être perdu le moral parce que c'était un peu plus grave. Quand c'est ouvert, c'est quand même pas la même chose.

[00:25:27]

Mais quand c'est son histoire qui vous a aidé? Complètement, complètement.

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J'ai pensé à lui et je me suis dit Ah, il a survécu à ça. Y'a pas de raison que j'y arrive. Pas non plus. Après, on était dans des contrées différentes. C'est compliqué d'aller en Antarctique. On arrive à plus tard Rennaz. De là, y'avait un Hercule qui est affrété pour emmener des gens. 8 heures de vol. L'avion est loin de tout.

[00:25:48]

Là et là, il se pose sur la glace. Vive l'avion! Je t'avais krick de quand mon compagnon de cordée et mon et mon mari? Et ensuite, on est tous les deux dans cet avion. Et puis, à un moment donné, le pilote nous dit Qu'est ce que vous êtes, ce qu'on vous pose? On voit des montagnes magnifiques, vraiment en mixte.

[00:26:06]

Vous les choisissez de visu? Ben oui, comme ça, par le hublot, c'est étonnant. Je n'avais jamais fait ça de ma vie à poser nue là. Bon, alors, l'avion se pose sur un comme une plaine blanche que c'est que de la neige, de la glace. Ils nous posent épisodique en disant OK, vous nous frayssinet tous les soirs, si vous voulez. On est en vacation radio tous les soirs. Si vous voulez nous appeler, on peut vous pouvez nous appeler.

[00:26:27]

On vient vous chercher dans un mois. Ah oui, très bien.

[00:26:30]

On est là, alors ils repartent. Et puis nous nous vla tous les deux. En autonomie complète pour un mois, avec qu'on avait une espèce de traîneau dans lequel on limite notre nourriture, notre barda pour dormir. Et puis le matériel d'alpinisme en Antarctique.

[00:26:43]

On aura compris que c'est beau, mais tu paumées. On est plus éloigné encore des secours que d'en bas.

[00:26:49]

Il n'y a pas de secours possible à personne. Il n'y a pas d'hélico, y'a personne. Mais il y a juste cette petite avion, ce tout une hauteur qui peut emmener éventuellement des alpinistes qui viennent vos pieds et qui vient à qui vient. Si on l'appelle, il viendra. Mais là, on est, alors on fait cette voix tous les 2. Alors, ce qui est pratique en Antarctique? Comme il fait jour tout le temps l'été, on n'a pas besoin de gros matériel de bivouac.

[00:27:10]

Alors quand on part tous les deux avec un sac très léger, on monte tous les deux ans en solo, puis 100 mètres sous la semelle. Je trouve que ça devient délicat et on décide de prendre la corde. On avait une corde, on s'assure, on arrive au sommet tout content, puis on fait des photos. Puis je ne sais pas ce que j'ai fait. J'ai bouché trop vite que je bouge trop vite. Il perd l'équilibre parce que mon pied est tombé, s'est mis sur un endroit mou et je perd l'équilibre.

[00:27:34]

Mais en arrière, première galipette, deuxième lame, je me vois morte. Je me dis en plus, je m'en veux. En plus, je vais entraîner Eric dans cette stupide tombée comme ça. Par ma faute, il va mourir aussi. Et puis enfin, la corde s'arrête là et j'avoue que je n'ai pas eu. J'étais tellement contente d'être en vie que je n'avais pas mal nulle part. Et puis, je vois qu'il y a peu de chance sur la neige.

[00:27:58]

Et puis, je me dis comme ça vient d'où? Vraiment, je n'avais pas mal. Ma jambe droite faisait un drôle d'angle et voilà, je suis descendu. Alors je soulève le pantalon. Fracture ouverte, il ne pouvait pas descendre. Je t'oublie de remonter, de ramper. Alors j'ai fait ramper comme Marescaux à la cote, un peu sur la gauche pour rejoindre l'arête sommitale, parce qu'il fallait redescendre par la voie qu'on venait de gravir. C'est le seul endroit qu'on connaissait et là, il a commencé à descendre.

[00:28:25]

On faisait des petits rappels de descendais bouts de corde après un petit rappel. Heureusement que c'était raide comme ça. Mais par contre, moi, j'étais obligé d'être vigilant. Faire des relais, etc. Avec des sangles avec il vous reste vos bras et vos mains.

[00:28:39]

Voilà qui vous permet.

[00:28:39]

J'ai une jambe quand même. Je suis peut être en appui sur une nuit. Dans les deux cas, c'est quand même lui. Il avait les deux, les deux cassés, il avait les deux genoux.

[00:28:47]

Alors j'adore ce passage où il est donc décidé. On est en 1977, dans les années qui suivent mai 68 et il est décidé qu'il n'aura aura pas de chef et que ça fonctionnera dans une forme d'autogestion, c'est à dire que chacun agira en fonction de son expérience et de sa personnalité, écrit Doug Scott. Ça se fait plus ça aussi.

[00:29:10]

Si, si, ça peut se faire encore. Mais bon, ça marche pas forcément très bien.

[00:29:18]

Si ça peut se faire sur des petites expéditions, on va dire souvent maintenant les expéditions à 100 ans, elles se font en style alpin, c'est à dire sans porteur, un instant porteur, sans trois types qui sont accrochées à l'autre.

[00:29:30]

Et on sent qui montre comme s'il était dans les Alpes.

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Est ce que ce n'est pas l'absence de chefs qui conduit à ces dissensions qui sont quand même assez dramatiques dans ce genre d'expéditions?

[00:29:38]

Oui, surtout quand il y a des ego assez développés. Et il y en a en Inde. Il y en a deux, en tout cas, qui se sont avérés oui, oui, des vrais chefs.

[00:29:48]

En fait, oui, il y a eu des rivalités, forcément.

[00:29:50]

Forcément, le premier qui va mettre le pied là haut, c'est le premier et ne sera pas le deuxième.

[00:29:58]

Par exemple, vous aimez un chef ou vous aimez l'autogestion?

[00:30:02]

Alors moi, je n'ai jamais fait de grosses expéditions. J'ai toujours fait des petites expéditions, annonce Off. Une. J'en ai fait une 8000 dans l'Himalaya.

[00:30:09]

Oui, mais on était deux.

[00:30:11]

Donc voilà, il n'y a pas de chef. Non, c'était la face sud du chichas Pragma.

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Mais non au Pakistan. J'y suis allé une fois autour de 30Go où là, on était 8 ou 9. Et là, il fallait un chef. Mais sauf que le chef est arrivé à moi trop tard. Ça a duré deux mois, cette expédition, et le chef était occupé aux Etats-Unis à faire plein d'autres choses. C'est déjà Flos et quand il est arrivé, il y avait pas mal de zizanie dans l'équipe. Ça, c'est clair.

[00:30:39]

Il y a ce débat aussi qui est assez marrant parce que là aussi, on est au tout début d'une histoire. L'histoire des images dans le monde de l'alpinisme, c'est ce débat autour de la caméra. J'adore l'expression de 12 coups de midi. Jusque là, je faisais de la montagne sans faire d'histoires.

[00:30:53]

Oui, faire des images, ça demande des efforts. Il faut plus. De plus, il faut prendre le temps de filmer et de faire des photos. Et du coup, ça prend un peu d'énergie qu'on a. On n'a qu'une envie. Souvent, c'est bon de profiter du moment, mais pas de se préoccuper de ça.

[00:31:10]

Et donc ça, ça se fait encore aujourd'hui de partir sans caméra. En Bosnie, chez vous? C'est vrai que non?

[00:31:16]

Ah ben oui, moi, très souvent, très souvent, pas d'histoire. Mais bon. Et après, quand on vit de l'escalade de la montagne, on est un peu obligé parce que si on n'en parle pas, personne ne va nous soutenir.

[00:31:27]

C'est le sponsoring qui amène les images. Voilà, on est obligé de ça. Ça enlève quelque chose d'avoir la caméra par rapport à l'expérience intime qu'on peut vivre sans images.

[00:31:36]

On les oublie alors que si c'est un drone ou même les hélicoptères, quand ils viennent de loin, de toute façon, ils s'approchent pas trop que ça fait du vent, ça fait du bruit. En général, ils reste assez à distance. Moi, ce que j'avais, c'est y rester à distance, donc ça me gênait pas forcément. Il ne reste pas longtemps une minute. Et puis après, ils s'en vont et ils font leur image. Mais ça va, ça ne perturbe pas trop.

[00:31:59]

Alors évidemment, l'épisode des séparatistes est très intéressant. D'abord, on ne s'y attend pas parce qu'au fond, je me disais, moi, que comme dans ce genre d'aventure, il ne pouvait pas y avoir de place pour ce genre de crise entre êtres humains. Alors, sans doute, ça n'existait pas. Et au fond, cette histoire nous ramène à la réalité. Ça arrive.

[00:32:18]

Catherine naisseur Ça arrive, ça arrive. Oui, il y en a un qui sent des ailes et qui se dit Bah moi, je suis en forme. Je ne vois pas pourquoi j'attendrai que les autres soient en forme.

[00:32:28]

Il fait beau, j'y vais d'égoïstes. C'est un peu égoïste. Mais est ce que dans ce truc là, à ce moment là, il y a?

[00:32:33]

Ce sera moi le premier, je pense. Moi, je pense, je pense votre façon. Ensuite, on a bien vu la carrière qu'ils ont fait. Ces deux alpinistes, ils ont, ils ont fait une belle carrière, mais parce qu'ils ont été pushers, comme on dit.

[00:32:47]

C'est compliqué parce que l'alpinisme, normalement tel que ça nous est souvent raconté avant tout, c'est un homme face à la montagne. Charnellement, des gens comme vous tiennent à la main. La montagne, vous montez sans corde avec. Avec vos mains, c'est charnel et on nous dit que c'est presque passé une histoire d'hommes à montagne, quoi. Et puis là, tout d'un coup, apparaît une histoire d'ego. Je veux être le premier, je veux être. D'ailleurs, il y a un moment que je n'ai pas raconté.

[00:33:16]

Mais où? Crise dès qu'ils ont vaincu le sommet, la première phrase qui lui vient à l'esprit, c'est de dire On va faire un bon bouquin, on va gagner des sous.

[00:33:23]

Oui, oui, oui, mais c'est très contradictoire. Effectivement, mais en même temps, déjà, se montrer à prouver à lui même qu'il est capable. En plus, si on peut le dire aux autres, c'est encore mieux.

[00:33:33]

Et alors ça, ça génère ce départ des deux séparatistes.

[00:33:37]

Chez les autres, un mélange de d'énervement, de jalousie et d'admiration et d'admiration assez ambivalents. Leur sang, bien sûr. Et puis de frustration. Parce que eux, ils peuvent pas y aller vu qu'ils sont crevés les clous.

[00:33:52]

C'est terrible et je trouve qu'ils sont de bonne composition. Ça aurait pu vraiment scinder l'équipe complètement.

[00:33:58]

Ha oui, oui, ils ont le pardon facile. Oui, j'ai trouvé bon. Moi, on fait ce coup là.

[00:34:04]

Je ne vais pas vous leur adresser la parole, mais je vous le jure, son clan. Pas pendant 15 jours, on doit être.

[00:34:11]

On doit être vert. Ah, je suis là, j'ai fait tout ça. On leur a tracé un peu la route. Et puis, le moment venu, ils se battent sans nous. Ça ne se fait pas.

[00:34:20]

Une chose qui m'a marqué dans le livre. Je n'ai pas pu faire plus que ce qu'il avait dans le livre. Quand il arrive au sommet, c'est le but de toute cette expédition. Il n'y a pas d'effusion. Il n'y a pas la trace du début d'une joie et d'un bonheur dans le livre, décrit de manière extrêmement simple, plate, un peu britannique dans le côté poétique.

[00:34:39]

Oui, mais c'est vrai que c'est un moment particulier parce que bon, là, on l'a voulu, mais.

[00:34:45]

Mais ne faut pas traîner, car on a encore toute la descente à faire et souvent, les descentes sont plus compliquées. Donc, on est content. Mais voilà, il faut, il faut absolument descendre. Et je comprends tout à fait leur attitude de ne pas s'épancher. Ils ont du faire quand même une photo, mais c'est tout. Pas+ la photo et on redescend vite et ça ne vaudra que si on rentre vivant.

[00:35:06]

Exactement ce que vous savez vous de votre propre expérience? Qu'est ce qui donne à Scott l'énergie de rampé du sommet de l'ogre jusqu'au camp de base?

[00:35:18]

Oh, l'énergie Baath! Façon, il n'a pas le choix. Il a envie de vivre. Il n'a pas le choix. Il n'y a personne pour aller chercher si il le fait pas. Personne ne peut le porter.

[00:35:26]

Donc, si c'est si il bouge pas lui même. Ben passe, c'est tout.

[00:35:32]

De toute façon, c'est la base de l'alpinisme que d'envisager les choses. Mètre après mètre.

[00:35:38]

Oui, c'est vrai, mais quand on n'a plus le choix, il faut juste pas penser à ce qu'on fait. C'est assez bizarre d'ailleurs comme phénomène dans la tête. Et faire admettre qu'on n'a pas vraiment pensé en devient un peu bestiau. On se dit bon, allez, j'y réfléchis plus. Je le fais quoi? C'est une preuve.

[00:35:56]

Formidable histoire dont je vous ai raconté. Peut être que 10% vous invite donc à lire le reste dans ce livre qui paraît aux Éditions du Mont Blanc, dont Catherine Destivelle est la directrice. Un livre de Doug Scott qui s'appelle La première ascension de l'ogre.

[00:36:12]

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