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Christophe Hondelatte, c'est l'histoire la plus rude, la plus douloureuse que je vous ai jamais raconté l'histoire de Lydia Guardado, tirée de son livre paru il y a dix ans chez Michel Lafon, Le silence des autres. Le récit de son enfance martyre sous la houlette d'un père qui lui a fait six enfants. Elle sera là tout à l'heure pour le débriefe. C'est une histoire dure qui nous plonge dans les tréfonds les plus noires de l'âme humaine. Et ce n'est pas une histoire pour les oreilles et pour les cœurs fragiles, et certainement pas pour les enfants.

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Je l'ai écrite avec Nicolas Loupian, réalisation de Céline.

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Henrotin. Christophe Hondelatte. Je m'appelle Lydia. Lydia Guardado, j'osais à peine lire et encore moins écrire quand je me suis mis à raconter mon histoire. C'est en voyant l'horreur dans le regard des gens que je me suis rendue compte que ce que j'avais vécu n'était pas normal.

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Alors voilà comment ça commence. Je dois avoir dans les 4 ou 5 ans. Je suis placé dans une famille d'accueil de la DDASS avec mon frère Bruno qui a trois ans de plus, et ma soeur Nadia, qui a 15 mois de plus que moi. Je ne connais pas ma mère. Je sais juste qu'on m'a retiré à elle quand j'avais trois mois. Sur décision judiciaire, je ne connais pas non plus mon père. Je sais seulement qui s'appelle Raymond et qu'il purge cinq ans de prison pour vol à main armée.

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Mais mon frère Bruno le connaît un peu. Il dit souvent notre père, il viendra nous chercher un jour, tu verras. Et il nous emmènera dans une belle maison. Un soir, on est dans notre chambre avec ma soeur. Il est taré et on entend des cris. Un homme qui vocifère au loin va récupérer mes gosses. Pas. On peut plus récupérer mes gosses. Ah non! Ah non, vous n'en avez pas le droit. C'est au juge de décider.

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Donnez moi mes gosses, Bobby, leur père, ils sont à moi.

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Et là, je vois ma nounou rentrer dans notre chambre, suivi d'un homme grand et fort avec quelque chose de long à la main. J'ai toujours pensé que c'était infusées. Je vous dis que je vais récupérer mes gosses. Mon frère Bruno sort de sa chambre. L'homme le prend par la main. Nadia se met à pleurer. Moi aussi, j'ai l'impression que c'est un ogre qui va nous dévorer. Et en même temps, j'ai envie qu'il nous emmène. Il dit à Nadia de se lever et moi, il me soulève de mon lit.

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Je suis en culotte avec juste en haut. Je me laisse faire qui nous sort de la maison qui nous fait monter dans une grosse voiture bleue. On est presque nus et il démarre.

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Et ma nounou crée.

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Je vous préviens, je vais appeler la police. Et si le juge fait la fête, il y aura du sang sur les murs et il démarre dans la nuit.

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On a roulé pendant des heures quand je me suis réveillé, on était dans une grande ville, Blois. On est arrivé.

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Vous allez connaître votre nouvelle maman. Vous avez Interact bien gentil avec elle et Branchage. On a monté un escalier en grelottant et la vieille nous a ouvert la porte. Au début, je l'appelais maman et lui papa. Et puis je les ai appelés le vieux et la vieille. Le vieux travaille, il est imprimeur, la vieille travaille aussi à l'imprimerie, mais dans un bureau. Et nous, on va à l'école. Sauf que le vieux n'aime pas qu'on se mélange avec les autres.

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Un jour, il attrape Bruno et il nous fait aligner devant lui dans la salle à manger. Il le couche sur ses genoux, le short baissé. Il ne frappe pas. J'espère que tu as bien compris maintenant. Va te coucher, petit. Saloua ne veux pas que tu parles avec le fils du voisin. Comme le vieux et la vieille travaillent, ils prennent des jeunes filles pour nous garder. Il y a toujours un moment où le vieux peut les faire boire.

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Surtout quand la vieille n'est pas là. Un jour, une fille se met à crier et nous enferme dans notre chambre.

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Et on l'entend qui gueulent Fallope, voire. Ils ne veulent pas faire plus. Elle a réussi à lui échapper. Mais un soir, son père est venu sonner. On les a entendus s'engueuler, qui se sont battus. Le vieux est rentré avec du sang qui coulait de son gros pif. On n'a jamais plus de jeunes filles pour nous garder à la maison. Un jour, le vieux achète une caravane pour partir en vacances. Je ne suis jamais parti en vacances.

[00:05:15]

C'est la première fois que je vois la mer. C'est beau. L'après midi, on va à la plage et on va se baigner. Ça fait du bien de pisser dans la mer. Oh, c'est de l'eau avec un peu de pastis. Et là, il s'approche de Nadia par derrière. Il la serre fort contre lui dans l'eau. Elle se débat puisqu'il la tripote de bouger comme ça. Tomei la tête sous la flotte.

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C'est à partir de ce moment là que le vieux a commencé avec Nadia. Un jour que la vieille était parti faire des courses, il l'a dans la caravane. Il s'est enfermé. On a entendu Nadia qui criait. Et puis, elle s'est mise à pleurer. Et le vieux gueulé. C'est à partir de ce moment là qu'il est devenu vraiment méchant. l'Imprimerie a fermé et il a perdu son travail et la vieille aussi. Et là, il a décrété Bamboula Hakkar était l'école.

[00:06:24]

Ah, ça sert à rien à l'école et un jour, je dois avoir 6 ou 7 ans. Bon, on déménage pas en Seine et Marne et on arrive dans un HLM à Meaux. Et un soir depuis notre chambre. On les entend s'engueuler.

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C'est Toufflers sortira en prison. J'aimerais bien savoir qui peut Morlot jeu doit être bien succube. Desnos va y avoir du sang sur les murs. Un salaud de faire ça à ta propre. Puis ta gueule, c'est ma vie. Je fais ce que je veux. Pas content, tu dégages. Et d'ailleurs, je le ferai pas plus tard que soi. Et d'Argenton, c'est pas dans le couloir. La porte s'ouvre.

[00:07:06]

Il attrape Nadia bien par chez toi.

[00:07:14]

Il la charge sous son bras. Il me regarde les yeux pleins de larmes. Ils l'emmènent dans sa chambre. Il ferme la porte à clé et après, il la ramène. Il la couche sur le lit et il sort. Et le lendemain, je vois qu'elle a un gros paquet de coton. Plein de sang entre les jambes.

[00:07:42]

Un jour, le vieux est de bonne humeur, il nous laisse aller jouer au bac à sable avec les autres enfants. Depuis le temps que j'en rêvais. Vous avez le droit d'y aller. Mais vous parle beaucoup, Audrin? On descend tous les trois. On a peur des autres enfants. Une petite me demande comment tu t'appelles? Bien sûr, je ne réponds pas. Et là, les garçons commencent à m'embêter et regardent comment les fringues, celle là.

[00:08:09]

Ta mère, elle habite dans une poubelle? T'es une romanos? Non, j'suis pas une romanos.

[00:08:15]

Je m'appelle Guardado, Guardado, Romanos, Guardado, Romanos.

[00:08:22]

Alors on rentre. Et la vieille ma.

[00:08:25]

Vous êtes roulé dans la poussière comme des cochons.

[00:08:27]

Elle fait couler l'eau dans la salle de bain. Ici, d'une saleté. Elle me traîne jusqu'à la salle de bain. Il y a tellement de buée qu'on se croirait dans le brouillard et une chaleur, et l'Allemagne frappe.

[00:08:53]

Elle me plonge dans l'eau bouillante bouillante. Je regarde mes jambes, mon ventre.

[00:09:00]

Ils sont tout rouge. Il y a des morceaux de peau qui se détachent. Regarde, c'est la crasse qui s'en va. Et là, elle prend une brosse. Elle se met à affronter en arrachant des lambeaux de peau pleins de sang. Là, brusquement, la porte s'ouvre.

[00:09:18]

C'est le vieux bon Dieu de merde, Lucienne. Mais qu'est ce que le foot est devenu cinglé? Quoi? Qui me prend dans ses bras? Il me dépose sur mon lit et il va chercher de l'huile, de l'huile pour la salade et il me dahmer sur les jambes et je hurle Merde, putain, va falloir appeler une ambulance! Je me suis réveillé dans l'ambulance et j'ai entendu la voix du vieux au loin. C'est un accident. L'eau était trop chaude.

[00:09:46]

J'ai eu un accident. C'est la faute de l'office HLM. Je vais les attaquer. Je me retrouve en réanimation dans un hôpital pour grands brûlés à Lyon. On va bien s'occuper de toi, alors on va pratiquer des greffes de peau. Dites moi, monsieur Edouardo. L'idéal, ça serait que vous donniez un peu de peau à votre fille. Vous pourriez faire ça pour elle? Non, non, je vous dis enfin, c'est une question de survie pour elle.

[00:10:34]

Je ne peux pas. C'est pas ma vraie vie. Qu'est ce que vous racontez? Sa mère l'a fait. J'étais bon là. J'étais en prison et content. Je suis resté à l'hôpital plusieurs mois. J'ai eu des dizaines de greffes et mon père était toujours là, à mon chevet, pas à pas parler aux gens. A très envie de rien à la maison. Alors tu vas quitter l'hôpital. Parce qu'ils font de toute façon, tu seras mieux soigné à la maison.

[00:11:15]

Et là, il a commencé à demander quand je pourrai sortir pour la garder ici contre ma volonté. Je connais mes droits.

[00:11:30]

Il prétendait qu'il savait faire les pansements et un jour, il est arrivé avec un certificat de notre médecin de famille, il a dit C'est ma fille, j'ai le droit et il m'emmenait. A la maison, c'est lui maintenant qui me fait la toilette. C'est lui qui me touche partout. Et un jour, il arrive avec un appareil photo. C'est pour les assurances à se faire de l'argent avec toi, tu vas voir et il me prend en photo toute nue.

[00:12:05]

Gros plan sur mes cuisses et sur mon bas ventre. Et puis l'enfer a commencé. C'est le chapitre de mon histoire qui est le plus difficile à raconté. Plus innovant et comme je ne peux pas marcher depuis l'accident, le vieux a décrété qu'il serait le seul à s'occuper de moi. Donc maintenant. C'est lui qui enlève les pansements d'un coup sec. Alors un jour, le docteur defamille lui prescrit les terres. Tu me fait respirer, alors je me sens, je m'éloigne, mais je vois, j'entends tout ce qui se passe.

[00:12:52]

Ils me touchent, qui se couchent sur moi. Je me sens les doigts. Il a sorti son truc, il s'introduit en moi. A partir de ce moment, il me viole tous les jours et des petites bouteilles bleues s'accumulent sous mon lit. Moi, je suis gentil avec toi. Je suis le seul à m'occuper de toi. Alors, faut que tu sois gentil avec moi répond Je serai gentille avec toi. Oui. Alors, laisse moi faire, sinon on va mal si je me rebelle, il me met la bouteille de terre sous le nez.

[00:13:46]

Il a installé des œilleton aux portes de nos flancs pour pouvoir nous surveiller. Et la vieille regarde tout ce qu'il me fait par l'œilleton. Un jour, il lui dit en rigolant. Pour mieux voir. Elle n'a pas voulu.

[00:14:07]

Petit à petit, les cicatrices de mes brûlures se sont refermées, laissant des boursouflures roser, des cratères, des lézardes, ma peau de chagrin, comme je dis alors, à chaque fois que le vieux n'est pas là, j'essaye de me lever. Je fais des progrès tous les jours et aujourd'hui, j'ai réussi à marcher jusqu'à la fenêtre. Je fais ça en cachette parce que lui, il ne veut pas que je remarque. Mais un jour, il me surprend que tu foula Bourdieu de merde, cette petite salope sélever, tu dois pas marcher.

[00:14:38]

J'ai fait des pompiers pour la pension. T'es invalide à pour cent. Si tu marches, ils vont la baisser. Et puis t'auras plus rien bouffer.

[00:15:02]

Ça devenait chaud avec les HLM, le bruit des voisins qui se plaignaient. Alors, on est parti pour une maison à la campagne, sans cuisine, sans salle de bains. La vie n'est pas très contente. Le vieux acheté à crédit avec mon argent. Je touche une pension sur un compte de la poste. Je suis handicapé à 80 puisque je marche et que j'ai refusé de rester en fauteuil roulant. Pour toucher son pourson, il s'en sert pour payer les mensualités de la maison.

[00:15:35]

Le vieux a repris ses activités d'imprimeur et il a obtenu le droit de mettre une camionnette sur le parking du centre commercial et sur la camionnette pour attirer les clients. Il a collé des affichettes avec ma photo prise toute nue, mes jambes et mes pieds brûlés et ce slogan Lydia Guardado, toujours pas indemnisé. Justice, où es tu? Il me force à venir avec lui et il exhibe pour leur montrer mes cicatrices. Il leur raconte mon histoire à sa façon.

[00:16:03]

Et après? Il leur vend des cartes de visite.

[00:16:13]

Un jour, un jour, on fait notre première fugue. On se barre tous les trois en se disant on va croiser des gens, on va leur dire qui nous bat. Bruno prétend qu'il n'a pas le droit de nous frapper si fort, mais on croise des gens et on n'ose pas. Et à la sortie du village, on voit sa camionnette arriver pour nous punir. Il nous enferme deux jours sans manger. Le vieux a aussi violé Bruneau quand il avait 15 ans.

[00:16:58]

Il a eu tellement mal qu'il ne pouvait plus s'asseoir. Et puis, un beau matin, Bruno a disparu. Il est allé se réfugier chez notre grand père. Le père du vieux qui lui a tout raconté. Enfin, presque tout. Il ne lui a pas dit pour les viols. Et ça, je lui en veux encore. Bref, le grand père l'a cru. Il l'a emmené à la police, puis devant un juge pour enfants qui a ordonné une enquête.

[00:17:22]

Une enquête? Tu parles plus vieux a été convoqué par les gendarmes de Crécy. Et comme il colle des affiches depuis des années pour le RPR local, il est bien vu. Alors, il les a baratiner. Et on n'a jamais vu les gendarmes à la maison. Jamais le juge a juste placé Brunon dans un foyer. Bruno a promis à Nadia de venir la chercher.

[00:17:57]

Maintenant, le vieux note le jour des règles de Nadia sur un calendrier, tu vois maintenant. Taloches d'avoir des gosses. Alors tu vois Montferrand A et on va calculer quand c'est le meilleur moment. Nadia a tellement peur qu'elle se coupe exprès avec une lame pour mettre du sang sur un coton et lui dire ce n'est pas possible. J'ai mes règles. Et puis, un jour, Bruno tient sa promesse. Il vient la chercher, il le lui avait promis pour ses 18 ans.

[00:18:28]

Je la vois monter dans une voiture au loin. Nadia Nâdiya Attends moi maintenant! Je suis toute seule. Bien. Le jour de mes 18 ans, le vieux me dit bien maintenant, t'es en âge d'avoir des gosses. On va refaire une vraie famille. Il reprend donc son calendrier et pour être certain que je tombe enceinte, il invente une nouvelle torture. D'abord, il se déverse en moi. Il ment semence et après, pour que ça descende, qu'il m'attache par les pieds, une poutre et il me soulève.

[00:19:19]

C'est comme ça qu'ils vont les bougnoules avec leur femme. Quand on voit tous les petits bougnoule qui sont capables de pondre, ça doit marcher. Et il me laisse trois, quatre jours enfermé dans le grenier, les jambes en l'air comme ça, et il attend mes règles. Et mes règles ne viennent pas. Je suis enceinte. Je déteste ce qui est en train de pousser dans mon ventre, alors je bois de l'eau, beaucoup d'eau, tellement d'eau que j'ai l'impression de déborder.

[00:19:53]

Je me dis ça va peut être le noyer. Il n'a pas voulu que Jacot Chameaux. Il dit que je suis trop connu là bas depuis mon accident. Alors il met dans sa camionnette et il m'emmène à la Salpêtrière à Paris. Rocaboy putain, retient toi!

[00:20:20]

On est bientôt arrivé. Quand tu seras, tu feras ton bébé. Et puis tu fermera ta gueule. D'accord, t'as pas besoin de répondre aux Joncheray. Là, je m'occupe de tout compris. Mon premier bébé, né le 8 décembre 1982 en tant que médecin, me demande qui est le père bat son père, c'est. C'est mon père. Le médecin tourne la tête vers le vieux qui lève les yeux au ciel pour me faire passer pour une idiote.

[00:20:55]

Bon. Ecoutez, si vous ne savez pas qui est le père. On marque Père inconnu. D'accord, qui n'est pas à moi? Ce bébé, qu'il est vieux, ça, il me l'a fait bien comprendre, alors je me mets à l'ignorer.

[00:21:14]

J'ai voulu partir. J'ai voulu faire une nouvelle fugue. Il m'a rattrapée et il m'a enfermée six mois au grenier. Il venait deux fois par jour avec de nouvelles choses à introduire en moi. C'était d'abord des ustensiles de cuisine et ensuite, il est passé à la boîte à outils. A la perceuse pour laquelle il a confectionné des accessoires. Un jour, il organise une cérémonie, un faux mariage en présence de la vieille. Il m'offre une alliance en or sur laquelle il a fait graver Lydia et Raymond Wa.

[00:22:01]

Maintenant, j'ai deux femmes. Une vieille et puis une jeune. On va faire une vraie famille avec beaucoup d'enfants. Et c'est comme ça que je deviens la mère des enfants de mon père. Après Raymond en décembre 82, arrive Bruno endécembre 86 et Rémy en avril 88 et Régisse en août 89 et @Brice en avril 91. Et Boris en janvier 93. Et Rudi en avril 96. En 14 années, de mes vingt ans à mes 33 ans, il me fait sept enfants et je n'ai pas le droit d'y toucher.

[00:22:58]

Je n'ai pas le droit de les prendre dans mes bras. Je ne suis qu'une pondeuse d'enfants et la vieille, une nourrice.

[00:23:19]

J'ai fait une nouvelle fugue un après midi, il va faire sombrer, ému. Il me laisse dans la camionnette, alors je cours jusqu'à la gare de Meaux. Je monte dans le train. J'arrive à Paris. Montueux que la gare grand. Je suis fatigué, alors je me mets dans un coin et là, trois flics s'approchent. Qu'est ce tu fais là, toi, pour pas rester ici? Des papiers? Je leur dis tout. Je leur dis qu'il me bats.

[00:23:46]

Je leur dis que la vieille m'a brûlé et ils ont appelé le vieux et ils l'ont laissé, m'emmenaient.

[00:24:04]

Au retour, il m'a frappée, frappée. Ça a duré trois jours et trois nuits. Le troisième jour, il a arrêté d'un coup. Bougeois. Je vais te faire définitivement passer l'envie de te tirer et là, il a sorti un petit flacon. C'était de l'acide. Il a pris un torchon. Il a fait couler le liquide dessus et avec Hima, frictionner les pieds et les chevilles. J'ai eu tellement mal que je suis tombé à la renverse.

[00:24:51]

Et puis, un jour, il est tombé malade, le diabète. On a commencé par lui couper les orteils du pied gauche et comme il se soigne pas, il s'est dégradé très vite. Et moi, je l'ai regardé crever sous mes yeux. Je l'ai laissé manger de la confiture, du Nutella, rajouter autant de sucre qu'il voulait dans son café et un jour, je suis allé le voir à l'hôpital. Vous êtes de la famille? Votre père est mort cette nuit d'une embolie pulmonaire.

[00:25:23]

Je suis désolé, nous n'avons rien pu faire. J'ai pleuré. Et pourtant, combien de fois j'ai rêvé de sa mort? Je me retrouve seule, orpheline, veuve privée de mon unique repère. Un jour, il m'avait emmené au cimetière regarde là, tu vois la Torment là. C'est là que je l'ai enterré. Si je meurs avant toi, tu viendra me rejoindre, a compris ce que je t'ai dit. Tu devras tuer juste après, tu prendra la camionnette, tu te jettera contre un arbre.

[00:26:02]

Tu as compris sur ma tombe que tu le fera, jure j'ai juré.

[00:26:07]

Et c'est devenu une idée fixe qu'il fallait que j'aille le rejoindre. Je suis au volant de la camionnette, je vois un pont au milieu du pont. Je donne un coup de volant, je vois le parapet qui se rapproche, l'eau dessus comme un trou aux jambes. Je m'évanouir. On a appelé les pompiers, Mlle. Ne bougez pas vous saigner de la tête. Les secours vont arriver. Une nuit de décembre. Les garçons sont allés tout casser sur la tombe du vieux.

[00:26:50]

Ils ont détruit les plaques, les lettres d'or, les vases, les plantes et au burin, ils ont tenté d'effacer dans la pierre jusqu'au souvenir de son nom. Voilà, en écoutant moi même l'histoire que j'ai enregistrée ce matin, Lydia. Je me dis comment j'ai pu raconter ça, mais c'est un problème auquel vous vous êtes heurtés, c'est à dire comment raconter ça, comment ils vont me croire.

[00:27:19]

Nettoyante, donc, pas besoin de faire quoi? Parce que c'est douloureux à raconter. Moi, je ne suis pas allemand, pas compte. C'est douloureux à écouter un petit peu quand même. Mais bon, quoi? Il m'a brûlé, par exemple, quand on est brûlé à l'acide, n'a pas brûlé les jambes brûlées, les bras. Il m'a brûlé tout, même pour aller aux toilettes. Il me brûlait tous tout le système. Et ça, ça reste aujourd'hui.

[00:27:51]

Ben oui, vous le voyez tous les jours? Ben oui, m'a toujours dit toute manière, même quand je serai pas, tu ne verra derrière toi ou je serai toujours là, tu pensera à moi. La raison? Mère et les enfants, pour me faire penser à lui malgré les brûlures et tous les jours.

[00:28:09]

Voilà, c'est tous les jours quand vous faites aux toilettes. Ben, je pense à mon père. Ma mère était complice, m'attacherai. Et mais c'était votre mère. Ce n'était pas votre maman, c'est ma belle mère aussi. Votre mère qui est CGTT, Jacqueline Rothmans. Et elle est décédée. Jamais connu, jamais connu.

[00:28:28]

Alors il faut qu'on raconte la suite. Il y a une petite histoire assez joli derrière, à savoir ça change.

[00:28:35]

Vous avez en boite de nuit après la mort de votre père et vous tombez sur un garçon qui s'appelle Sylvain.

[00:28:41]

Il était beau et vous êtes toujours avec lui aujourd'hui. Oui, vous avez refait des enfants.

[00:28:46]

Oui, je voulais des enfants. Un mois d'amour. Combien de mandine, Maxence? Et ils sont toujours avec vous? Un peu, oui. Ils ont quel âge aujourd'hui?

[00:28:55]

Amandine a 17 ans. Et puis Maxence a 14 ans.

[00:28:58]

Alors le vieux n'a pas pu être jugé. Mais la vieille, oui, oui, ouais. Je trouve que être jugé comme ça.

[00:29:05]

Elle a pris 3 mois avec sursis en première instance et 4 ans avec sursis en deuxième instance. Elle est pas allé en prison, non? Et pourtant, j'aurais voulu qu'elle aille en prison. C'est à dire que y avait de quoi l'amener à perpétuité? Non, sans doute.

[00:29:20]

Bah, moi, je pense qu'elle aurait été en prison là bas. Ils ont peut être fait les vacheries chez moi, me disait toujours ça, t'inquiète pas, y'a une justice là bas et il n'y a pas eu. Elle est libre. Elle est toujours vivante.

[00:29:34]

Elle me donne 480 euros tous les mois. Elle me paie pour mes brûlures.

[00:29:38]

Ca m'a fait quand même un bon roman parce que ça a été reconnu et ca m'a bien brûlé.

[00:29:45]

C'est le minimum. Elle était aussi victime. C'est Xansa, qu'imposer ou pas? Dire qu'au début, on voit qu'au début de l'histoire, elle n'est pas d'accord dans cette conversation que vous entendez dans la chambre? Pas d'accord. Et puis après, elle devient complice.

[00:30:00]

Elle est complice. Elle est et elle. Puskás, c'était qui m'attache? Qui vise donner une mémé Merreikh qui écrivait Tous acquis, qui?

[00:30:08]

Qui dit aux yeux Basie Molo qu'elle est complice à %100. La lâcheté a ramené là parce qu'il y des gens, des gens qui ne comprennent pas, mais amarqué. Là, je le dis.

[00:30:20]

Vous me donnez votre carnet de santé, carnet de santé de mes enfants et marquez quand ils me faisaient mes enfants et professions mères de famille.

[00:30:29]

Dernières menstruations du dimanche 19 juillet 87 18 heures ou jeudi 23 juillet 87 12 heures.

[00:30:35]

Tout ça est marqué dessus, marqué tôt, et ça a été vu par la PMI. Ça a été vu par tout le monde et personne.

[00:30:41]

Un point qui a pu gêner les gens. Il vous a fait six enfants. En vérité, il a cru vous en faire sept. Le septième n'était pas de lui. Ça, c'est un garçon que vous avez rencontré un peu.

[00:30:50]

Mais lui même m'a dit qu'il allait m'aider. Puis m'a payday. Il m'a remis à mon père. Oui, et puis, en vérité, vous n'êtes donc pas la fille de votre père? Il ne m'a pas menti. Maintenant, il a dit ça aux médecins. Mais y'a une horreur dans l'horreur. C'est quand fait vous êtes la fille du grand père de son père à lui? Oui, le même qui a sauvé votre frère. Mon Dieu, il n'y a pas de bonne personne.

[00:31:11]

Bon sens, toi, si on fait le bilan, d'ailleurs, c'est intéressant ça. Dix ans après, ça vous a fait du bien et ça m'a fait du bien de raconter votre histoire. Mais en plus, je n'ai pas pu tout dire parce que je n'est pas dans le livre.

[00:31:24]

Non, et tout n'est pas dans mon histoire, encore moins. Et des trucs qui sont vachement plus, c'est très intime.

[00:31:29]

Moi, je pense, beaucoup de Français ont lu votre histoire. Des centaines de milliers. C'est un gros succès de librairie. Dubreil, vous le savez maintenant. Mais ça l'est. Qu'est ce qui vous a fait du bien? Que tout le monde sache. Vous disiez tout à l'heure, tout le monde savait, mais juste que vos voisins, votre entourage. Mais que la France sache que des salauds comme ça existe, ça existe.

[00:31:49]

Je ne pense pas que ce soit la seule. Donc faut que tout le monde se réveille ou quand il y a quelque chose qui bouge. Parce que moi, mes voisins savaient ou on le savait et ils n'ont pas bougé. La gendarmerie savait. Personne n'a rien dit.

[00:32:00]

Et la gendarmerie d'homos là dessus? Parce que le Kherici de Kreisky et mot dans les années 80, la gendarmerie de Crécy était conciliante avec les colleurs d'affiches du RPR. C'est vrai, la malhonnêteté de votre percoler desfilms.

[00:32:12]

Ben Harper avait sa carte. Il avait tout.

[00:32:15]

Il y avait des postaire de Chirac partout sur les murs de la maison et donc les gendarmes. Comme c'était un mec qui coller des affiches pour leur père, ils ne vont pas chercher des noises. Non, pas du tout. Il y a eu une enquête à la gendarmerie.

[00:32:27]

Non, mais des sanctions n'ont jamais aucune suite à ce scandale parce que c'en est un. Comment êtes vous aujourd'hui avec Bruno et Bruno? On sent dans l'histoire que vous lui en voulez beaucoup parce qu'il est venu chercher Nadia. Il n'est pas venu vous chercher, vous.

[00:32:44]

Alors Nadia, donc, elle est décédée, décédée d'un cancer. Ça fait cinq ans. Vous? Oui, oui, je leur n'avait pas pardonné, mais je veux leur parler quand même, pas comme mon frère, ma soeur et Bruno et Bruno. Je lui parle de temps en temps, mais j'ai toujours la rancune. Il le sait très bien que je lui en veux et ne pas être venu vous chercher.

[00:33:04]

Voilà pourquoi il n'est pas venu.

[00:33:06]

Parce qu'il disait que pendant qu'il s'occupait de moi. Ce qui ne pas d'eux et oui, il était en fuite. Il les cherchait, il les a toujours cherché. Il voulait même leur enlever leurs enfants. Pourquoi?

[00:33:19]

Il ne l'a pas dit alors à votre vrai père et son vrai père a lui aussi qui était donc votre grand père? Tout ça est abominable. Pourquoi est ce qu'il ne lui a pas dit qu'il vous violait?

[00:33:29]

Je ne sais pas. Tu ne sais pas. Vous l'avez vu, lui, j'ai vu une fois.

[00:33:33]

Après, je n'ai jamais été coincé dans tes questions.

[00:33:40]

Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! C'est à dire? Comment dire à un moment, ayant raconté tant d'horreurs, je me demande toujours comment j'ai pu le raconter.

[00:33:52]

Vous voyez où on dit toujours ça n'existe pas, ça ne peut pas exister. Ben si ça existe. Et après, il faut vivre avec ça parce qu'il faut que j'apprenne, parce que j'ai j'ai appris à lire. J'ai appris Batou grâce à Sylvain, parce qu'elle sait, veut alors Sylvain.

[00:34:11]

Il a récupéré la maison parce que cette maison l'était. À vous de jouer chez moi avec votre.

[00:34:17]

J'étais la seule héritière de la maison et la fille? La maison Tamoil, mais vous l'aviez payée.

[00:34:23]

Voilà, donc vous y vivait toujours. Oui, c'est dingue.

[00:34:27]

l'État ne m'a pas relogé. Même quand il y a eu le truc du tribunal et ils ne m'ont pas relogé. Il n'y a personne qui m'a aidé. Même pas de Sécu, même pas d'assistante sociale n'a rien du tout. Donc, je me suis débrouillée toute seule.

[00:34:42]

Alors évidemment, la question qui me vient maintenant, c'est comment allez vous faire? Comment on peut vivre avec?

[00:34:48]

Ça n'avance. Je veux profiter. J'ai pas profité pendant 38 ans, j'ai été enfermé dans le grenier pendant un bon bout de temps et il y a des gens qui me disent et une fois, ne me dit qu'à manger de la merde. Bah moi, je peux dire que j'ai mangé ma mère parce que je ne vais pas manger.

[00:35:05]

Vous l'avez vraiment mangé parce que j'avais faim et mon père m'avait oublié dans le grenier parce que j'étais enfermé jusqu'à 38 ans. Puisque les éléments d'où vient le petit ressort?

[00:35:16]

Parce que bon, vous avez un très gros coup de mou. Après, on vous comprend. Cette tentative de suicide, il n'y en a pas eu d'autres.

[00:35:22]

Si il y en a eu pas mal. Mais bon, oui, pas mal. Mais bon, on s'en sort chez Mme Christophe, mon psy qui me suit bien et je remonte. Et puis, je dis qu'elle est belle la vie et je profite. J'aime bien que j'ai regarde partout où je voyais toujours un psy aujourd'hui.

[00:35:41]

Oui, c'est indispensable et je suis obligé.

[00:35:45]

C'est vous qui avez dû le trouver ou il y a quelques années, nous vous proposons c'est moi qui l'ai trouvé. Pas évident avec ce que vous avez vécu d'aller toquer à la porte Homsy?

[00:35:54]

Non, pas du tout.

[00:35:56]

Il fait un peu bizarre d'expliquer son cas et de demander. Bon, j'ai fait des bêtises à ce moment là. Je m'étais retrouvé à l'hôpital de Coulommiers parce que j'avais fait une tentative de suicide.

[00:36:09]

La Presse avait fait un suivi.

[00:36:10]

Et puis vous avez connu cette femme. J'aimais bien qui vous aide et qui est très gentil avec vos enfants.

[00:36:19]

Parce que pour eux aussi, le traumatisme est terrible. D'abord, ils l'ont connu. Votre père, bien sûr, ont été violés aussi. Ils ont été violés aussi tous. Oui, il les a fait travailler comme des esclaves. Je n'ai pas raconté à construire cette maison aménagée. Cette maison dort la nuit dans le froid. Il avait 3, 4, 5 ans et a apporté des briques.

[00:36:37]

On peut dire qu'il marchait. Les gamins portent des cailloux. Je n'allais pas à l'école non plus. Non.

[00:36:44]

Alors, comment est ce qu'ils vont?

[00:36:45]

Parce que le problème? Suis très fier d'eux. Parce qu'ils ont tous un travail pour quelqu'un qui n'a pas de diplôme. Mais ils ont un travail, ils ont une famille, ils sont. Elles ont même été embêtés par les grands mères.

[00:37:04]

Oui, 14 fois, ils n'ont pas chômé.

[00:37:10]

Ils ont su umami et on s'entend bien. Bon, on a des hauts et des bas, comme toute la famille. Mais quand on branche famille, on est frères et soeurs et quand on est normal, suis leur maman.

[00:37:25]

Et parce qu'il y a ça aussi. Vous êtes à la fois frères et soeurs et leur mère. Les séquelles physiques, c'est régulier. Il y en a. Vous souffrez de bien.

[00:37:36]

Ça fait mal les brûlures, ça fait mal. Encore aujourd'hui, même pas sûr s'attirent.

[00:37:41]

Et je me fais des dessins, des petits tatouages. Comme ça, les gens regardent pas brûlé.

[00:37:47]

Regarde de tatouages, donc ça marche bien. Ouais, ouais. Parce que depuis tout à l'heure, l'air de rien quand même. Regardez vos bras et j'ai vu que les tatouages juste à chaque fois.

[00:37:59]

Oui, mais mes jambes, elles sont toutes volées. Mais voilà, je n'ai pas fait de tatouage et tout est brûlé.

[00:38:05]

Qu'on vous a pas enlevé, vous savez quoi? Bon Dieu merci. C'est peut être ça qui vous a sauvé, vous avez de très beaux yeux bleus, merci, qui font de vous une fille jolie, on l'a dit une fois déshabillée un régiment.

[00:38:22]

Merci Vidya Guardi d'avoir accepté de nous raconter votre histoire, de revenir dessus. Ce livre rappelle le titre. Il ne se vend plus, donc il faut aller fouiller chez les bouquinistes de la Seine.

[00:38:35]

Bien que Michel Lancelot leur fasse pour aller, Michel nous écoute, republie le livre de Lydia Guardado chez Michel Lafon. Merci beaucoup, merci.

[00:38:46]

Des centaines d'histoires disponibles sur vos plates formes d'écoute et sur Europe1.fr.