Malèvre : l’infirmière qui donnait la mort - Le récit
Hondelatte raconte - Christophe Hondelatte- 1,412 views
- 24 Aug 2020
Dans les années 1990 à l’hôpital de Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines, Christine Malèvre a sans concertation, ni avec ses collègues, ni avec les familles, tué six patients…
Nouveauté matin, bonjour, c'est Julian Bugier dès lundi, on se retrouve dans Hobb soir soir 18 20. Le décryptage de l'actualité, les grands enjeux de notre époque, les débats de société, l'économie, l'environnement. Deux heures pour réfléchir, confronter et se faire son opinion. Avec les grandes voix, les acteurs de l'actualité, nos éditorialistes, nous allons ensemble écouter le monde changer.
Europe Soir, le 18 20. Julian. Rendez vous dès lundi à 18 heures sur Europe1. La seconde Christophe Hondelatte Je vous raconte l'histoire d'une infirmière qui donnait la mort. Christine Malèvre, c'est une histoire qui remonte à la fin des années 90. Elle était infirmière à Mantes la Jolie. Elle a été condamnée pour avoir, sans concertation ni avec ses collègues, ni encore moins avec les familles, tuer six de ses patients.
Cette histoire est aussi l'histoire d'un grand malentendu parce qu'au début, certains ont pu croire que c'était une madone de l'automne, aji. Eh bien, pas du tout. Vous verrez, Richard Pallain. J'ai écrit cette histoire avec Thomas Audouard. Réalisation Céline Lebrun.
Christophe Hondelatte. Cette histoire commence en mai 1998 à l'hôpital François Quesnay de Mantes la Jolie, dans les Yvelines, dans le service neurologie et pneumologie, au chevet d'un homme de 71 ans qui s'appelle Jacques Guiton. Il a un cancer du poumon. Une sacrée merde! Il est condamné. Le médecin qui le suit a été très franc avec lui. Je suis désolé, monsieur l'Iton. On est arrivé au bout de toutes les tentatives. Combien est ce qu'il me reste à vivre?
Docteur, c'est difficile à dire. Une semaine, deux semaines maximum. Et sa famille aussi est au parfum. Ils ont deux semaines maximum pour lui dire au revoir.
Mais il ne tient pas deux semaines. Le dimanche 3 mai, il s'éteint brutalement dans l'après midi. Il s'éteint d'un coup. Personne ne l'a vu venir. L'équipe soignante est stupéfaite. En fait, son état n'a pas pu se dégrader aussi vite. Incroyable! T'as raison? Y a un truc qui colle pas. Il y a un truc pas logique. Et là, tout le monde se souvient que depuis le matin, l'une des infirmières, Christine Christine Malèvre, a répété plusieurs fois Ce sera pour nous.
Moi, je pense, qui ne va pas tenir l'après midi. Comment le savait elle?
Dans la foulée, une aide soignante décide d'aller voir le chef de service, le docteur Andrei. d'Otaries. Pardon de vous déranger, dites moi, je voudrais vous parler d'abord, vous demander si vous ne trouvez pas bizarre que la plupart des décès qui surviennent dans le service arrivent quand? Quand Christine, Christine Malèvre, Alain. Vous êtes en train de me dire que, selon vous, Christine a eu un rôle dans le décès du patient qui est mort aujourd'hui.
Oui, oui, on le pense. On est plusieurs à le penser. Et pas que pour celui d'aujourd'hui. Vous verriez la tête du docteur Hill. Il est stupéfait. Il tombe de l'armoire et d'autres membres de l'équipe viennent le voir. Mais vous avez des exemples précis antérieurs au décès de M. Guitton? Oui, oui. En novembre dernier, par exemple, j'ai vu j'ai vu de mes yeux Christine injecter de la morphine à un patient, une dose qui était prévue pour 12 heures et elle l'injecter d'un coup et le patient est mort dans les 24 heures.
Je l'ai vu. Mais ce jour là. Vous n'avez pas demandé de s'expliquer là dessus. Si elle m'a dit qu'elle s'était trompée, que la seringue était partie toute seule, elle était assez paniquée par ma question. Je m'en veux d'avoir mis autant de temps à vous parler. Mais vous comprenez, docteur? Jusque là, on avait des doutes. On se disait c'est le hasard, mais aujourd'hui, on a des certitudes. Vous devez savoir que depuis des mois, il y a une blague qui circule dans le service.
On dit que Christine est là, ce sera pour aujourd'hui. C'est une affaire très grave. Cette infirmière, Christine Malèvre, abréger la vie de ses patients. Le docteur, il va tout de suite en parler au directeur de l'hôpital qui lui aussi, tombe des nues. Il appelle immédiatement le procureur de la République. Écoutez, j'ai bien noté, monsieur le directeur, envoyez moi tout de suite une lettre, une lettre circonstanciée. Et le directeur se met à l'écriture de sa lettre.
Une infirmière du service de neuro pneumologie, Mme Christine Malèvre, est soupçonnée de pratiquer le thanassis active. Si la gravité des faits était avérée, cela justifierait une enquête. Et le même jour, le directeur convoque l'infirmière dans son bureau. Il est debout et ils lui disent qu'il s'est. Mais enfin, monsieur le directeur, ce sont des rumeurs, tout ça, c'est infondé. Je n'ai jamais rien fait. Écoutez Mademoiselle, je ne vous suspends pas pour l'instant, mais à compter de demain, vous irez travailler aux consultations externes.
Vous êtes coupable? Mademoiselle Malèvre? Je vous plains. Voilà, voilà comment commence cette histoire et vous n'êtes pas au bout de vos surprises. Quand elle rentre chez elle ce soir là, Christine Malèvre se fait couler un bain chaud. Et ensuite elle écrit une lettre. Je préfère partir de ce monde où l'on protège les salauds, où l'on accuse les innocents. Par ailleurs, à l'avenir. N'accusez pas sans savoir. Elle avale cinq boîtes d'anxiolytiques. Elle se plonge dans la baignoire et elle s'endort.
Son compagnon la découvre plusieurs heures plus tard. Elle respire encore.
Il appelle le Samu et Christine Malèvre est transportée en réanimation à l'hôpital de Mantes la Jolie. Celui où elle travaille. Celui où on l'accuse. Dans les heures qui suivent, le directeur prévient la sœur de l'infirmière. Oui, oui, vous devriez lui trouver un avocat. Et à titre personnel, je pense qu'il faudrait la placer dans un hôpital psychiatrique. Si vous ne le faites pas, je je demanderai moi même son placement d'office. Ce qu'il fait, l'infirmière Christine Malèvre entre dans une clinique psychiatrique et le procureur en charge de la police judiciaire d'ouvrir une enquête.
Le directeur réunit alors toute l'équipe et tous les cadres. Je vous demande à tous de vous mettre au service de la justice dans ce dossier, de ne rien cacher, de répondre à toutes les questions qui vous seront posées. D'accord, toutes. Vous leur dites tout, même si c'est difficile à dire. Et les flics débarquent et ils commencent à interroger un par un les membres du service. Moi, je pense que Christine. Elle a une attirance, oui, une attirance particulière pour les soi en mouvement.
Moi, je dirais que sa présence aux côtés des mourants. A toujours dépassé le cadre de son métier. Ça, c'est sûr, par exemple, je l'ai vu aller à des enterrements de patients. C'est simple quand il y a une toilette mortuaire, elle est toujours volontaire, elle demande toujours à la faire.
Les policiers demandent alors la liste des morts survenues depuis 1997, date de l'arrivée de Christine Malèvre dans le service. Il en compte 198. C'est beaucoup, mais c'est le service de fin de vie et à côté, il colle. l'Emploi du temps de l'infirmière. Et là, ça saute aux yeux. On meurt plus quand elle est là. Alors, quelle est sa part?
Le 7 juillet, après deux mois d'enquête, les policiers de la PJ convoquent pour la première fois Christine Malèvre. Elle arrive tout droit de sa clinique psychiatrique. Mlle Malèvre, je vous informe qu'à dater de cet instant. Vous êtes placé en garde à vue? Et le commandant qui l'interroge se ce méta égrainé un par an le nom des patients morts alors qu'elle travaillait dans le service. Lui. Lui, oui, c'est moi. Et elle? Elle aussi. Elle assume 30, dessai 30.
Et par quelles méthodes? Est ce que vous avez procédé? Mme? Bien à certains, j'ai injecté du chlorure de potassium et d'autres, j'ai administré des fortes doses de morphine. Des doses beaucoup plus fortes que celles qui étaient prescrites. Vous noterez qu'elle ne se cache pas derrière son petit doigt. Elle assume et naturellement, à l'issue de ses aveux, elle est présenté à un juge d'instruction, Richard Palas, qui la met en examen pour homicide volontaire.
Même si, devant lui, elle tente de mettre un petit bémol aux aveux qu'elle a faits en garde à vue. Vous savez, monsieur le juge, c'est. Un service qui est lourd et difficile. Disons que. J'ai aidé un certain nombre de personnes à mourir. C'est un peu et même pas mal en dessous de ce qu'elle a dit aux policiers, et le juge s'aperçoit par ailleurs qu'elle a avoué des décès survenus des jours où elle était absente à éclaircir.
En attendant, il décide de la renvoyer dans son établissement psychiatrique. Elle a quand même tenté de se suicider. Jusque là, l'affaire est resté confidentiel, mais avec la mise en examen, ça ne pouvait pas durer. C'est le journal Le Parisien qui sort l'histoire à la Une le 25 juillet 1998. Avec ce titre, l'infirmière avoue le thanassis d'une trentaine de malades, le thanassis, alors que le juge lui même mise en examen pour meurtre avec préméditation. Ce n'est pas la même limonade, mais deux fêtes dans l'opinion.
Cette histoire vient réveiller le vieux débat sur le temps nazi en France et le top départ est donné le soir même par le secrétaire d'Etat à la Santé, Bernard Kouchner, au JT de France 2.
Je réagis avec tristesse, avec sérieux, mais avec compassion. Je pense que c'est un drame que nous pouvons chacun d'entre nous affronter dès le début de cette histoire.
On parle d'euthanasie et à un moment, il faut que le procureur rappelle que ce n'est pas le sujet.
On peut parler de un avis avec réserve. Autrement dit, le concept de Monsieur Tout le monde ou même de voler n'est pas un concept juridique. Ça veut dire en clair que tuer. D'ailleurs, on a eu l'affaire de Gad Elmaleh, qui concernait approche, par exemple, qui avait abréger les souffrances d'une personne. Elle ne comparaît pas pour autant la vie. Elle comparaît pour homicide volontaire et parfois pour assassinat volontaire. Ce hiatus entre eux?
Est ce que c'est un meurtre? Ou est ce que c'est de l'État nazi? Et le grand malentendu de cette histoire?
Ce débat qui s'ouvre sur le thanassis, c'est pain bénit pour la défense de Christine Malèvre.
Pain béni et donc, ma foi, elle pousse son avantage, d'autant qu'elle est libre. Quatre mois après sa mise en examen pour meurtre pour meurtre, la voilà sur le plateau de la Marche du siècle. L'émission de Jean-Marie Cavada sur la 3. Un débat sur le thanassis.
Dans quel état d'esprit êtes vous aujourd'hui? Mlle Malèvre et d'abord, pourquoi vous avez décidé de parler ce soir? Bonsoir, bonsoir bien. Je crois que maintenant Iffou, le débat est ouvert et en tant qu'infirmière ayant vécu auprès de malades qui souffraient, qui réclamait à mourir auprès de famille aussi, mon témoignage peut être utile. Aujourd'hui, tout s'est fait dans un climat de confiance, avec des patients et toute une relation. Des relations humaines se sont instaurées entre ces patients et moi.
Et lorsqu'on a rien à proposer aux malades, pas de service spécifique. Quand on sait que la médecine ne peut plus rien. Faut il se défiler? Faut il laisser ces malades souffrir? Elle est là, tout gentil, toute douce, avec cette bonne grosse joue. Elle ne ressemble pas à l'idée qu'on se fait d'une empoisonneuse. On se dit qu'on voudrait l'avoir comme infirmière et en une soirée, elle devient la passionaria des militants pro Thanassis. l'Association pour le droit de mourir dans la dignité lui apporte son soutien dès le lendemain et dans la foulée, elle reçoit quatre cent mille francs de ton.
Les gens s'emballent dans leur tête, un peu exaltés. Cette gentille dame a gentiment aidé à mourir des petits vieux au bout du rouleau, qui lui réclamaient une piqûre à cor et à cri. Mais est ce que c'est vraiment ça qui s'est passé? Quand il la voit à la télé, je peux vous dire qu'il y en a qui font des bonds sur leur canapé. Oui, les familles, les familles de tous ces gens qui sont morts. À la mi août, par exemple, sa femme Denise avait 48 ans et un cancer du poumon et elle est entrée à l'hôpital pour une chimio ou juste une chimio.
Et elle y est morte. Il a jamais compris pourquoi et il se souvient très bien que cette Christine Malèvre était là. Alors elle porte plainte. Et il prend un avocat, maître Maurice.
Présenter Christine Malèvre comme une victime, c'est profondément indécent vis à vis des victimes à la suite de la constitution de partie civile de monsieur Le Maho. Il y a 6 nouvelles parties civiles qui vont se constituer cette semaine et je crois que nous aurons à ce moment là un débat beaucoup plus équilibré par rapport à ce qui existe jusqu'à présent.
Et dans la foulée, d'autres familles portent plainte. A commencer par la veuve de Jacques Guiton, le dernier patient. Et là, retournement de situation devant le juge Pallain, Christine Malèvre n'assume plus que quatre morts.
La miss est revenue sur ses aveux. Et après? Ma foi! La Presse, qui jusque là était plutôt du côté de l'infirmière Fettah Brusc, au mouvement de balancier souvent presse Overy. Le magazine L'Express publie un article qui fait sensation et qui refroidir les ardeurs de certains. Il est signé Anne-Marie Casteret, une journaliste médicale qui a révélé, entre autres, l'affaire du sang contaminé. Son papier s'appelle Mortelle compassion et c'est un portrait terrible de Christine Malèvre. Chiffres à l'appui, Anne-Marie Casteret l'accuse un nazi massives.
Et elle révèle le tableau des décès et, en parallèle, l'emploi du temps de Christine Malèvre. Ça saute aux yeux. C'est beaucoup plus qu'un petit coup de main à des petits vieux au bout du rouleau. Et là, d'un coup, les journalistes change de camp.
Vous savez ce que c'est? Tout est bon dans le cochon et la feuille d'un coup devient sorcière. Et assez vite, on invente des expertises psychologiques de Christine Malèvre. C'est une personne à la dérive, qui souffre et qui tente de se sauver dans une sorte de mission. Et puis vient l'expertise psychiatrique. Elle tisse avec le patient une sorte de lien secret dans lequel se déroule une sorte de serment. C'est une perversion de la relation en dehors de toute hiérarchie, en dehors d'un tiers, sans aucune référence à la loi.
Mademoiselle Malèvre se trouve ainsi en situation de donner la mort sans jamais en référer à personne.
Depuis toutes ces révélations, la passionaria a perdu du poil de la bête, mais elle trouve un éditeur, Bernard Fixot, pour publier un livre, Mes aveux. Il paraît en mars 1999, soit dix mois après sa mise en examen. Et la voilà sur Europe1 pour en faire la promo chez El Kabbaj.
Il est juste 8h20, Jean-Pierre Elkabbach recevait Christine Malèvre Christine Malèvre. Bonjour, bonjour et merci d'être là. Infirmières, vous attendez en ce moment votre procès. Vous êtes mises en examen pour meurtre. Comment vous expliquez vous? Vous définissez les gestes et les actes que vous avez fait vous même.
Le terme de meurtre me fait me fait mal parce que je ne considère pas avoir tué ses patients. Je les ai été à mourir et le terme de tuer est un terme tellement dur à faire. Vous avez reconnu trois ou quatre disparitions de votre propre fait, trois de Thanassis et un cas où j'ai agi de mon propre chef en augmentant une dose de médicaments sans prescription médicale. Devant le ou les policiers qui vous interrogez, vous avez reconnu une trentaine d'actes. Cette garde à vue a été un moment horrible, terrifiant pour moi ou j'ai paniqué ou j'ai perdu pied.
Ça a été. J'étais face à un homme qui me considérait déjà comme une criminelle.
Scène ce livre, évidemment.
Les avocats des familles de victimes tentent de le faire interdire. Enfin, mettez vous à leur place. Cette femme est accusée d'avoir tué leurs proches et elle publie un livre et se donne le beau rôle. Elle fait croire qu'elle s'est retrouvée toute seule face à des malades abandonnés par leur famille. Mais c'est fou. Didier Bodé, par exemple. Il a veillé son père jusqu'au bout et sa femme aussi. Il était là, il lui donner la main. On ne leur a rien demandé.
On ne les a pas consultés. Alors oui, oui, ils sont choqués par ce livre. Mais le livre n'est pas interdit.
Mais le juge d'instruction, lui, le juge pas là.
Lui n'est pas là pour trancher un débat de société. Il est là pour dire c'est Christine Malèvre a tué, avec ou sans concertation avec ses collègues, avec ou sans concertation avec les familles, avec ou sans concertation avec les malades des patients de son hôpital.
Et donc, il désigne des experts pour rendre un rapport statistique. Un rapport qui met en parallèle la mort de patients et la présence de l'infirmière dans le service, et ce rapport confirme le tableau déjà dessiné par les policiers. Quand il est présent, on meurt plus dans cet hôpital. Ensuite, il désigne un médecin expert et le charge de se pencher sur 21 cas suspects. Et ce médecin démontre qu'à partir des fiches de soins, dans les 21 cas, la souffrance et la douleur étaient parfaitement prises en charge par l'hôpital.
A un moment, le juge hésite. Est ce que je fais exhumer les corps pour réaliser des autopsies? Et puis, il se dit à juste titre ça ne sert à rien parce que de la morphine, on va forcément en retrouver puisque tous les malades du service en prenaient. Et on sera incapable de la doser et de dire à un moment si elle a un peu poussé sur la seringue. Quant au chlorure de potassium qu'il a utilisé pour en finir, il en faut une si petite dose qu'elle sera indétectable.
Et donc, on fiche la paix aux morts. Ils restent là où ils sont. Et puis, à un moment, le juge décide de reconstituer un geste, un geste que Christine Malèvre a décrit en interrogatoire. Un geste malheureux, dit elle. Pratiquée sur une certaine Dominique Kossmann, qui était en phase terminale d'un cancer et qui pourrait, elle, est un accident. Bien, j'étais en train de lui administrer de la morphine. L'ado est parti d'un coup, d'un coup et bien vérifions.
Le juge fait venir tout le matériel dans son bureau, la pompe à morphine, la seringue qu'on met dedans, la poche de produit et il lui demande de refaire le geste. Allez y, madame Malèves! Procédez comme vous avez procédé ce jour là à l'Egypte. La machine qui actionne la seringue ne peut pas produire une surdose, elle peut augmenter un peu la dose de morphine, mais pas vider toute la seringue d'un coup. Donc, la sortie de la machine est d'ailleurs.
Une de ses collègues témoigne que ce jour là, elle a trouvé la seringue hors de la machine vide. C'était une grosse seringue. Allez y, madame Malèves. J'ai appuyé sur la seringue pour évacuer le produit. On vous regarde. Et là, elle appuie, elle appuie sur la seringue comme un soudard, mais c'est une grosse seringue avec un tout petit orifice d'évacuation. Et c'est dur, elle n'y arrive pas. Il lui faut un temps fou et beaucoup de force.
Donc ça n'est pas un geste accidentel, c'est un geste volontaire. Conclusion du juge après cette reconstitution c'est une meurtrière et sa place est en prison parce que jusque là, elle était libre. Et le soir même, elle dort à la maison d'arrêt de Versailles. Pas longtemps. Son avocat demande immédiatement sa remise en liberté et huit jours plus tard, il obtient. Quand elle sort de prison, Christine Malèvre pourrait se dire Je vais m'en sortir. Erreur, car dans la foulée, au contraire, sa responsabilité est aggravée par le juge.
Elle a été mise en examen pour meurtre. La voilà mise en examen pour assassinat. Elle a voulu tuer et désormais, donc, elle risque la perpétuité.
Après une année et demie d'instruction, le juge Palat a retenu onze dossiers, onze dossiers dans lesquels il paraît clair que l'infirmière a donné la mort, mais finalement, la chambre de l'instruction n'en retient que sept. Sept dossiers dans lesquels il paraît clair qu'elle a poussé la seringue volontairement. Ce n'est donc plus une madone de Thanassis, c'est une tueuse en série. Alors, comment va t elle se défendre? Elle prend un nouvel avocat, maître Charles Libman, un ténor du barreau de Paris.
Qui plus est membre de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité. Il lui propose une nouvelle stratégie. On va plaider que vous êtes innocente. Christine, vous n'avez rien fait. Ils ont beaucoup de mal à prouver l'inverse. Le procès est programmé pour janvier 2003 devant la cour d'assises de Versailles et Christine Malèvre comparaîtra libre. Dès le premier jour d'audience, le grand malentendu de cette histoire explose au grand jour. Finalement, Christine Malèvre veut bien assumer deux décès, celui d'Hubert Bruyelle et celui de Patrick, auquel.
Je n'ai fait que soulager leurs souffrances. À leur demande précise. Et là, l'avocat de la famille Bruyelle, maître Olivier Morice, bondit enfin saepho. Bruyelle n'était pas en fin de vie du tout, elle vient d'affirmer qu'il était dans le coma depuis 24 heures quand il est mort.
C'est faux, elle ment. Le président demande alors à Christine Malèvre de préciser dans quelles conditions est mort Patrick Goguel. A 14 heures, il m'a dit qu'il fallait que je l'aide à partir. Là maintenant. Je lui administrer du chlorure de potassium. A 15h15, il était mort. Mais là encore, ça ne tient pas. Selon les médecins, Patrick Augan ne pouvait plus parler et sa veuve vient enfoncer le clou à la barre. Les grands vins. Patrick n'aurait jamais demandé ça à une inconnue.
Il ne demandé à moi. Je suis linfirmière. Il ne l'a jamais demandé. Elle est infirmière et sa femme et on la croit, et une autre veuve, Nicole Guiton, vient dire à peu près la même chose. Pourquoi est ce que Mlle Malev ne s'est pas adressée à moi? Alors que depuis le matin. Elle a assuré toutes les aides soignantes que mon mari allait mourir. À cause d'elle même, pas pu lui dire adieu. Mais parmi les victimes, il y a aussi des gens qui défendent le veuve, par exemple de l'une des sept victimes qui a refusé de porter plainte.
Mme Malèvre s'est occupée de ma femme pendant six mois. Je l'ai trouvée très compétente et je n'ai aucun soupçon sur elle. Même attitude chez un frère d'un autre patient de 29 ans, mort d'un cancer du poumon. Elle s'occupait de lui alors qu'il n'était pas dans son service. Je ne lui en veux pas du tout. Au total, soixante dix témoins défilent à la barre, dont beaucoup de ses collègues, qui enfonce le clou. Quand vous entendez, aucun ne la défend.
Le cinquième jour, le Thanassis est de retour dans le débat avec le témoignage de la psychologue Marie de Hennezel, connue pour ses positions en faveur du droit à mourir dans la dignité. Elle a rencontré Christine Malèvre une heure, mais elle a une opinion. Un est absolument pas un monstre ou. Ou un serial killer? Je dirais que c'est une idéaliste déboussolée. Il s'est fixé une mission imaginaire. Mais vous condamnez ces actes? Mme. Oui, oui, je ne peux pas les cautionner.
Mais on ne peut pas les juger sans les restituer dans un cadre sociétéen. Viennent ensuite les experts psychiatres. Un premier expert, je dirais qu'elle projette sur les autres. Ses propres souffrances et un deuxième expert psychiatre. Elle a l'impression que les autres soignants n'ont pas la même responsabilité qu'elle. Elle a l'impression que le système s'en fout. Elle se dit dévouée corps et âme, d'où l'idée d'aider les malades à moins souffrir.
On approche de la fin. L'avocat général se lève pour son réquisitoire. A l'issue de deux semaines d'audience. Je dois reconnaître que je ne sais pas crier Christine Malèvre. Je ne suis pas parvenu à cerner sa personnalité. Est elle une pauvre fille dépassée par la situation ou est elle une tueuse méthodique? Je ne le sais pas, mais je sais qu'elle a donné la mort et en conséquence, je vous demande de la condamner à une peine qui ne saurait être inférieure à 10 années de réclusion criminelle.
Disent les familles sont stupéfaites. Elles s'attendait à plus de soutien de l'avocat général. Va t elle être acquittée après la plaidoirie de son avocat, maître l'Iman, qui plaide l'innocence d'un bout à l'autre? Le suspense est total. Le délibéré dure quatre heures et à. Elle est reconnue coupable de six des sept assassinats. Vous êtes condamné, Mme Malèvre, à dix années de réclusion criminelle et à une interdiction à vie d'exercer le métier d'infirmière. Je vous remercie.
L'audience est levée. Dix ans, elle fait appel. Elle est rejugée en octobre 2003 par la cour d'assises de Paris et après sept heures et demie de délibéré, sa peine est alourdie. Mme Malèvre, vous êtes condamné à douze années de réclusion criminelle et à une interdiction à vie d'exercer votre métier d'infirmière.
Finalement, Christine Malèvre n'a passé que quatre années en prison. Elle est sortie en 2007. Depuis, elle s'est mariée et elle est devenue comptable.
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