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Vivons heureux. Avant la fin du monde, un podcast de Delphine s'altère chaque mois des pistes et des idées pour surnager dans la catastrophe écologique, la crise économique, la crise climatique, la crise sociale et tout ce qui remet en cause nos modèles de société.

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Point de départ la vie de tous les jours et les paroles savantes, les histoires individuelles, les expériences collectives pour nous aider à imaginer des solutions.

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Première épisode face à Jeanne au coton bio.

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Peut on s'habiller sans polluer une tête?

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Aujourd'hui, c'est l'ouverture des soldes et j'ai bloqué mon mercredi après midi pour la première démarque.

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Mais ça vous dit d'aller au passé, les soldes qui commencent? Oui, je sais, c'est pas bien glorieux. Mais la mode, les tendances, le look, ça me préoccupe beaucoup depuis toujours. Trop, en fait. Tu veux quoi faire des tee shirt manches longues tout en étant manzi?

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Si je m'assois à côté d'une fille dans le métro, je repère en moins d'une seconde. Si son sac est un Vanessa Bruno au bureau, je passe mon temps à faire la police du style. J'ai des avis définitif sur la cour des jeunes et en gros, j'ai pas calculé. Mais j'ai bien dû passer un quart de ma vie à me regarder dans la glace. Et Indochine?

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Oui, il est trop petit, ça fait pas mal de 1 2 3, 4 5. Il est moche.

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Alors aujourd'hui, à presque 45 ans, quand même. J'essaye de faire des efforts, mais cette éternelle obsession du style, toutes ces angoisses de fashion victim, franchement, c'est pas si facile de s'en libérer et de pas les refiler à mes deux filles de 8 et 10 ans.

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On va au bazar, Apolline. Vivons heureux! Réalisé par Arnaud Foirest et produit par Arte Radio. Heureusement, depuis quelque temps, quelque chose a changé à cette époque là je suis là, dans le grand Arras, à côté de chez moi, avec les filles qui veulent un jaune à paillettes.

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Ils sont seuls, on regarde et en fait, je me sens pas bien. Le coeur n'y est plus. Ça aussi, c'est bien.

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Je ressent une sorte de malaise diffus, un mélange de déprime et d'écœurement.

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C'est très vilain. Ça va partir parce que je ne vis pas dans un caisson.

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Je sais que tout ça, c'est pas terrible. J'en ai entendu parler de ce qu'on appelle la fast fashion.

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C'est de la mode rapide, littéralement. La sociologue Mache Doline Sbaï a grandi à Roubaix, au pays de La Redoute et des anciennes filatures. Elle travaille sur l'industrie de la mode.

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On produit toujours plus, on vend toujours, plus on consomme toujours, plus on jette toujours plus. Mais aujourd'hui, on produit un volume de vêtements qui est complètement déconnecté avec nos besoins réels en habillement. On est sur 140 milliards de vêtements produits en 2014 et on va aller vers le triplement. Là, on doit y être arrivé un peu moins.

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Là, ça va.

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Depuis des années de la fin des années 90 début des années 2000, sont nées des modèles où, chaque semaine, vont trouver de nouvelles collections en magasin 40 000 modèles par an chez Zara, par exemple.

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Ça crée sans cesse de la désirabilité. On désire toujours quelque chaque jour. Mais non, c'est toutes les minutes. Le matin, j'ai envie d'un pantalon rouge et le soir, j'aurais envie d'un pull gris. Et du coup, ça s'accélère. Ça s'accélère parce que à tous les moments, il faut stimuler l'envie pour les consommatrices d'acheter.

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Et puis, enfin, les soldes permanentes, les ventes privées, etc. On décôte en décote, on décote, on produit. Du coup des vêtements aussi passe en prévision de ces décotes. Donc, on est dans cette course à la fast fashion. C'est ça, cette frénésie. On ne peut pas continuer à accroître la production de tout, en l'occurrence à des produits de mode et d'habillement, dans un monde où les ressources sont finies.

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Alors, ce coup ci, on ne repart sans rien acheter. J'ai résisté. Les filles sont frustrés, mais on rentre à la maison les mains vides. 1 2, 3 4. 5. En arrivant, je décide de regarder les choses en face. Alors, je prends le. J'ouvre mon placard et je compte neuf 12 puls, 4 jupes, 11 chemises et je ne parle même pas des robes et des petiots. Ça deguelle de partout. Pour une fois, je m'oblige à lire ce qui a marqué sur les étiquettes.

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Alors ça, c'est 100% qu'au tout.

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Ensuite, je lis 85,5 de coton, 13% de polyester, 1,5 pour cent d'élastine vient de là. Mon malaise s'est fait au Bangladesh made in Bangladesh.

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De toutes ces choses que je sais plus ou moins sur l'industrie textile que j'ai déjà lu ou vu passer dans des reportages pareils, c'est 98% de coton que je passe mon temps à essayer d'oublier. Paulie Iorio, Poldi iuris, Reitmans parce qu'elle me dérange. Et ça fait des années que ça dure. Made in Macao, que je me raconte des trucs Uniqlo. Alors là, c'est carrément made in China 100% Cotton. Alors oui, ça fait petit scrupules de bourgeoises, mais au fond de ma penderie, il y a peut être plus à découvrir que juste mes angoisses de privilégiés en quête de sens des choses qui concernent tout le monde.

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Par exemple, le coton. Moi, ça m'a toujours arrangé de penser que c'était une fibre naturelle et que donc, ça pouvait pas être tout à fait mauvais. Ce n'est pas anodin si vous pensez ça qui essaie de vous faire croire que le coton, c'est pire que le polyester. J'ai pris quelques trucs qu'il y avait dans le placard.

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Je m'imagine dans un sac plastique et je les amène à Julia Faure. Elle a une formation d'ingénieur et n'a même pas 30 ans. Elle a créé une marque de vêtements durables qui s'appelle Louma et aussi des trucs de grandes enseignes qui sont.

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Je voudrais qu'elle m'explique ce à quoi je dois faire attention sur les étiquettes. Si je veux essayer d'acheter des vêtements qui n'abîme pas l'environnement. Si vous voulez le coton, là, le problème, c'est un problème d'agriculture, c'est à dire? Le gros problème de la culture, c'est l'usage de pesticides. Globalement, la moitié des insectes ont disparu en 30 ans à cause de l'usage intensif de pesticides. On y pense beaucoup pour l'agroalimentaire, parce que ça a un impact pour notre santé.

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Mais le coton, c'est 25%. L'utilisation de pesticides, donc c'est la cata. Alors que le pôle Estaires. Le gros problème, c'est que c'est un dérivé du pétrole, donc ça, ça consomme effectivement du pétrole, ça nous rend dépendants de la pétrochimie et qu'ensuite ce n'est pas biodégradable, donc ça laisse une pollution dans la nature. Donc, ce n'est pas du tout les mêmes choses qu'on regarde quand on parle d'impact environnemental. Il y en a un, c'est la perte de la biodiversité, ce qui est catastrophique.

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L'autre, c'est la consommation de pétrole gaz à effet de serre qui est catastrophique aussi. Donc, il y en a pas un qui est mieux ou moins bien. Chaque matière a ses travers et vraiment, sauf quelques trucs un peu marginaux le fait en France bio? Oui, c'est pas mal. On a du mal à lui faire. Ce n'est pas une matière énormément utilisée. Quoi, en fait? Quand vous montrez ça, c'est que vous voyez pas ce qui ne va pas vous montrer un produit individuellement.

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Et vous me dites est ce que ce produit, ça va en fait? Vous me parlez de d'écoconception, de vêtements, c'est à dire que est ce que ce qu'il a utilisé beaucoup d'eau? Est ce que la matière a été bien produite? Est ce que la teinture, elle, est éco responsable? Vous me parlez d'écoconception, qui est un problème de l'industrie textile? Oui, peut être que ce il a beaucoup de coton en 90% de coton. Donc, c'est mieux que s'il y avait du polyester.

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Ce qu'il faut savoir, c'est que sur l'écoconception. En tant que consommateur, vous ne pourrez jamais savoir, vous ne pourrez jamais savoir si c'est mieux. Le coton de telle marque ou le policier recyclé de telle autre marque en tant que consommateur, vous n'y arriverez pas. Mais le vrai problème, c'est le nombre de djinns que vous achetez, les volumes. C'est notre besoin de renouveler en permanence des vêtements. C'est le besoin d'acheter en permanence des choses dont tu n'as pas besoin.

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C'est de la facilité à acheter, à jeter. C'est tout ça et c'est ça multiplié par toutes les personnes qui le font comme nous. Et c'est ça, multiplié par tous les pays en développement qui n'attendent qu'une chose, c'est d'avoir calqué leur comportement sur les nôtres. Ce n'est pas grave de faire des fringues, ce qui est grave, c'est quand ça commence à devenir dans des proportions tellement importantes qu'elle mettre notre avenir en péril. C'est notre envie d'avoir des fringues neuves remettant en jeu l'avenir de nos enfants et même de nous, pas notre confort actuel.

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Notre niveau de consommation actuel nous met en danger. C'est ça qui est catastrophique. Après l'entretien, je rentre à pied en réfléchissant à ce que vient de m'expliquer Julia, fort rouge. Franchement, elle m'a convaincu. Consommer moins. La frugalité, se mettre en cohérence, ça me soulagerait beaucoup, j'en suis sûr.

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Et puis, un passage clouté, je remarque une fille qui traverse en face de moi. Elle a un djinn extra large qui monte ou à la taille super jolie. Je ne fais pas attention tout de suite, mais deux minutes plus tard, je m'aperçois que je suis en train de me demander si ça m'irait bien aussi, cette Coupe de Chine un peu années80. Et si je ne ferais pas mieux d'arrêter mes slime de quadragénaire Dinh l'âge comme plus plus.

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Après Bye bye, Fred.

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Après, je regarde, j'y crois pas.

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En fait, je viens de pousser la porte d'un putain de Comptoir des Cotonniers.

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Vous voulez vraiment les félins? Ça va du boyfriend et du mamiza. C'est comme ça quand même.

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Qu'est ce qui se passe? C'est moi qui bug ou quoi? Je continue d'avoir envie de faire. Ce qui me dégoûte, c'est dans ma tête. C'est pour tout le monde pareil.

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Cette contradiction entre la conscience qu'on a du caractère polluant de certains produits et de certaines industries et le fait qu'on continue à l'utiliser. Moi, c'est ça que je trouve absolument fascinant dans le comportement humain.

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J'en discute avec un neuroscientifique, Sébastien. Il a écrit un livre qui s'appelle Le bug humain. Du coup, il comprend tout de suite d'où vient mon problème.

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Qu'est ce qu'il y a de si contradictoire? Pour moi, qui suis une neuroscientifique, évidemment, le réflexe, c'est d'aller voir dans le cerveau comment ça se passe et quand on regarde comment fonctionne le cerveau humain, chose de très intéressant. C'est à dire que vous avez d'un côté la partie intelligente de notre cerveau qui est la partie extérieure. Vous savez ce qu'il a, cet aspect un peu plisser du cerveau qu'on voit sur toutes les images aujourd'hui, qui sont quand même assez popularisées, qui s'appelle le cortex cérébral.

[00:11:13]

Le cortex cérébral est capable de prendre conscience de ce qui arrive, capable de verbaliser, de créer aussi des choses incroyables, des appareils, des smartphones, de l'industrie textile, par exemple. C'est un produit de notre cortex cérébral, ce cortex cérébral. Il est intelligent, il comprend ce qui se passe. Il sait par exemple que dans 50 ans, on va vivre avec le climat, probablement de l'Australie, même dans trente ans. Mais ce cortex cérébral n'est pas lui, finalement, qui nous donne nos envies, nos désirs, le plaisir qu'on a aussi à faire, certaines choses, le plaisir, le désir, l'envie, l'émotion.

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Ça vient d'une autre partie de notre cerveau qui est plus ancienne. Il faut voir que le cerveau a évolué sur des millions d'années. Le cortex cérébral, qui est intelligent, est arrivé au cours des 200 derniers milliers d'années. Ça paraît long, mais petit à l'échelle de l'évolution de l'humanité. Par contre, la partie du cerveau qui nous dicte nos désirs, elle, est beaucoup plus ancienne. Elle est apparue déjà il y a des millions d'années. Elle s'appelle le striatum et se striatum, lui.

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Il nous pousse à faire certaines choses en nous récompensant avec une molécule qui donne du plaisir, qui s'appelle la dopamine et nous donne cette dopamine.

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Quand on fait des choses simples qui sont assez, manger, c'est se reproduire.

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C'est acquérir du prestige, du statut social. C'est faire le moins d'efforts possible et acquérir de l'information. Si les motivations primitives de l'être humain et il se trouve que ses motivations sont essentielles à la vie comme ça tout de suite, je ne vois pas bien en quoi acheter digne de plus, relève d'un besoin essentiel de l'humanité. Certes, je me trouve plutôt bien stylé dans ma cabine d'essayage avec cette jeune boyfriend. Donc, je veux bien croire que c'est mon striatum qui me décharge un shot de dopamine.

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Mais franchement, qu'est ce que ça a à voir exactement avec la survie de l'espèce?

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Et bien, il faut penser à l'échelle de nos ancêtres du paléolithique, des hommes préhistoriques, il y a un million d'années, quand vous aviez du statut du prestige. Eh bien, vous avez accès plus facilement à de la nourriture ou à des partenaires sexuels. Donc, être en recherche de statut et de prestige, c'est récompenser par notre cerveau primitif. Pour cette raison, parce que ça a été pendant des millions d'années un avantage en terme de survie. D'accord, donc, c'est Darwin au Comptoir des Cotonniers.

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Si j'en ai tellement envie de ce nouveau gin, c'est pour me faire repérer par des géniteurs potentiels et pouvoir ainsi transmettre mon matériel génétique aux générations futures. D'un côté, ça m'arrange. Je ne suis pas une fan Grolsch parisienne, mais une Homo sapiens femelle téléguidée par ses neurones. Aujourd'hui, ce n'est plus forcément une question de survie, d'avoir du prestige ou du statut social. Mais les réseaux cérébraux qui sont mis en place sur des millions d'années ne peuvent pas changer aussi vite.

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Donc, il continue à fonctionner comme ça. Par exemple, on fait des expériences des hommes qui ont montré des photos de voitures de sport. On voit qu'à ce moment là, la voiture de sport est associée à une image positive renvoyée par l'homme vis à vis de ses rivaux éventuels. L'image du jeune cadre dynamique dans son coupé ou dans sa décapotable et qu'on voit à ce moment là cette partie du cerveau qui s'allume, qui relâchent de la dopamine, qui donne du plaisir.

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Ça, c'est quelque chose qui fait qu'on va rechercher des signes qui sont associés à la valorisation sociale. Ça peut être des voitures balais. Suivez la grande force de SVV. On est plus au plus puissant que les autres. Si vous regardez les publicités pour les automobiles, le grand argument, c'est qu'il y a toujours une option de plus le radar de recul, le toit ouvrant, le machin. C'est une invention géniale des constructeurs. C'est que quand vous rajoutez des options, il y a toujours l'espoir.

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Même si le voisin de la dernière manche peut encore avoir une option de plus, c'est comme ça qu'on a réussi à relancer la vente d'automobiles déjà dès les années 20, quand ça a menacé de s'en gorger. Si, en imaginant le marketing social, c'est à dire vous avez peut être une voiture, mais pour être mieux que le voisin, il en faut une deuxième. Et puis, il y a évidemment toute l'industrie du luxe, du vêtement, de la mode, ce qu'on va chercher à faire les soldes, c'est un nouvel habit, quelque chose toujours plus fashion, toujours plus trendy.

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Pour être dans le coup, pour être assuré quelque part sur sa propre valeur. Et ça va titiller toujours ses neurones au fond de notre striatum, notre cerveau primitif qui vont nous donner de la dopamine. Et je pense que sur le plan vestimentaire, ça fonctionne vraiment de manière comparative. Tu aurait été surpris d'entendre des femmes ne pas supporter l'idée de tomber en soirée sur une autre femme qui porte la même robe. C'est comme si c'était une forme de destitution de l'identité.

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Vivant et heureux avant la fin du monde. C'est moins bien, c'était mieux mettre les. Ouais, ouais, enfin, c'est beau ça quand un. Ouais, ouais, ok, est ce que vous voulez que je le commande et je vous appelle depuis.

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Y a déjà vu d'un côté ce truc d'acheter des vêtements en permanence, de toujours être en train de sapprêtait afin de ne jamais se sentir belle et de toujours être à la recherche de quelque chose, de combler aussi toutes nos dépressions par la consommation. Effectivement, c'est une pression qui s'exerce particulièrement sur les femmes parce qu'on n'a pas d'uniforme. Au fait, un mec qui est tous les jours en costard cravate, qui est l'uniforme du bureau ou on devine le tee shirt blanc, il n'y a pas de problème.

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Il peut l'être comme ça tous les jours. Donc il y a un truc couille. En donnant donnant la mode aux femmes, on leur a aussi imposé de devoir être créatif, de pas s'habiller de tout temps. Pareil, il faut qu'elles soient stylées aussi.

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Evidemment que c'est beaucoup plus dur pour les femmes. Parce que si c'est les femmes qui ont été d'abord gâtées par cette industrie textile, elles aussi. Quand on quand on renouvelle en permanence les collections, c'est possible dans les défilés, etc.

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La peur d'être mal habillée en permanence, c'est trop dur. En fait, c'est une charge mentale.

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Je suis bien d'accord avec Julia Faure tout ce temps, ce fric, cette prise de tête, juste pour rester dans le circuit de la compétition féminine. Mais comment je peux briser mes chaines de victimes de la mode? Si c'est mon striatum qui décide comment craquer le système? Si, en fait, je suis programmé biologiquement pour le shopping. Il y a quelque chose qui se rajoute ce problème là, c'est que ce système à dopamine dans notre cerveau primitif a une caractéristique, c'est qu'il a tendance à se lasser et que vous n'avez plus de plaisir à voir simplement les produits que vous aviez depuis plusieurs mois.

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Le seul moyen de relancer la production de dopamine dans le cerveau profond, c'est d'augmenter les doses et d'aller chercher un nouveau produit plus récent, si possible plus cher, si possible plus désiré. Mais ça, c'est quelque chose qui est permis par l'espèce de délire complètement irréel que produit la société de pléthores. C'est dire que les ateliers produisent une variété d'objets de mode ou vestimentaires qui correspond pas du tout à la réalité de ce qu'ont pu connaître nos ancêtres pendant des milliers d'années.

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Vous pouvez passer votre vie à mettre un nouvel habit de tous les jours, ce qui n'est pas du tout normal pour notre cerveau au départ, n'a jamais été habitué à ça pendant des milliers d'années. Donc, notre système du plaisir et de la motivation devient fou par rapport à ça. Il ne sait pas s'arrêter. Il n'a jamais été programmé pour se limiter et c'est ça aussi qu'il faut savoir.

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Parce que pendant les millions d'années où nos ancêtres ont écumé la savane du paléolithique, la réalité de notre vie, c'était un monde de rareté. Que ce soit sur le plan de l'alimentation, soit sur le plan des rapports sexuels ou des rapports sexuels avec des centaines de personnes dans votre vie. Quand vous étiez dans un groupe de 20 ou 30 personnes dans la savane, vous ne voulez pas non plus vous acheter tous les jours une nouvelle peau d'ours. Parce que déjà, quand vous en avez une, vous avez intérêt à garder un moment.

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Vous risquez votre vie à vouloir l'obtenir. Notre striatum, lui, a été programmé pour prendre tout ce qu'il pouvait, parce que tout ce qu'il pouvait trouver, c'était de toute façon limité par la réalité des ressources naturelles à disposition.

[00:19:24]

Je y jamais eu de frein sur notre désir de libérer la dopamine. Mais ce qui s'est passé ensuite. Le drame, c'est que notre cortex cérébral qui s'est développé a donné des civilisations qui se sont développées, de la coopération, l'invention de la technologie sur le plan agricole, l'augmentation des rendements par l'agriculture industrialisée sur le plan du textile, l'augmentation des rendements, de la diversité des habits par la production industrielle. Et face à cette offre industrielle proposée par notre cortex cérébral, qui est le dernier venu sur la scène de l'évolution.

[00:19:55]

Et bien notre striatum très ancien, qui, lui, a toujours été en demande, sans limites. Il ne s'est pas limité. Donc, vous arrivez dans une ville où vous avez des échoppes alignées sur des centaines de mètres et on vous dit que c'est pas cher. Pas résister.

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Si vous avez un peu des ressources financières, un crédit, votre votre striatum ne peut pas résister à. Je savais pas que c'était aussi flippant les neurosciences, c'est le cas de papa.

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Maintenant, quand je regarde les gens qui ressortent du Hashem avec leur sac rempli à ras bord, j'ai envie de les réveiller, de leur dire que notre cerveau est câblé pour aller dans le mur. Tout va exploser à cause d'une poignée de neurones à dopamine cachées au fond de notre cerveau.

[00:20:47]

On est pris dans un piège qu'on a construit nous mêmes. Se dire qu'on s'est doté d'un système économique, politique et financier. Le système capitaliste, la logique de croissance. Produire toujours plus, consommer toujours plus. C'est exactement comme ça que fonctionnent les neurones à dopamine de notre striatum. Le capitalisme est la formule parfaite pour répondre striatum. Et puis ça a marché. Ça ne marche pas. Pendant plus d'un siècle, on voit déjà la fin. Il faut vite changer de structure de référence de notre cerveau.

[00:21:22]

On a 15 des trucs comme ça et là, aucune marque n'invite à consommer moins de 100 ans auparavant.

[00:21:32]

Devant à savoir sans aucune marque, vous dit il, faut arrêter d'acheter vêtements.

[00:21:39]

Toutes les marques, tout ce qu'elle essaie de vous dire, c'est qu'il n'y a pas de problème. Vous pouvez continuer à acheter autant de vêtements parce que ils sont en coton bio ou le sac utilisé en kraft ou nos étiquettes sont recyclés. En fait, ce qu'ils essaient de faire, c'est de vous rassurer parce qu'au fond de vous, vous avez envie de croire au mythe de la technologie qui va nous sauver. Vous avez trop envie que quelque chose qui marche, qu'il y ait des inventeurs géniaux qui aient trouvé une technologie qui nous permette de maintenir exactement ce niveau de vie et de consommation tout en réduisant notre impact environnemental.

[00:22:10]

C'est sur ça que les gens Ital quand ils vous disent tee shirt en coton bio, tee shirt en Liesel, vêtements durables certifié, je sais pas quoi. C'est pour ça que jouent le tout le comte Fews, tous les jeunes, l'AEFE, tous les adorables, etc. C'est ça qu'ils veulent, en fait, c'est que vous continuez à acheter.

[00:22:27]

Parce qu'en fait, tout ça, c'est des stratégies pour calmer votre école qui c'était? Ils sentent, ils sentent bien. Il faut aller là parce qu'ils savent que c'est la Turquie qu'ils vont se faire attaquer. C'est une stratégie de défense. Après, ça ne veut pas dire qu'il y a pas des actions qui sont faites. Les gens qui bossent dans ces boites là ne sont pas avec nous. Ils doivent se dire j'ai envie de faire quelque chose. Ça me fait bader de bosser pour une boite qui ne fait rien.

[00:22:49]

Je vais essayer de mettre en place des choses pour améliorer l'efficience écologique de ma boite. Aucune de ces personnes n'a la force de faire transition vers un modèle où elles n'ont pas besoin de produire plus en permanence. Personne ne fait ça et pourtant, il y en a des Fashion Act et des autres alliances entre compagnies textiles pour rendre le monde meilleur. Personne ne dit jamais, il faut produire moins. La question, c'est comment vous, en tant qu'être humain complet, vous pouvez résister.

[00:23:20]

C'est certainement pas uniquement à part avec cette zone cérébrale profonde, mais c'est avec d'autres parties de votre cerveau, d'autres ressources mentales qu'il faut apprendre à mobiliser. Et ça va être la clé. C'est dire qu'aujourd'hui, c'est parti de contrôle de soi qui réside notamment dans la vente de notre cerveau. La partie antérieure du cortex cérébral sont sous exploitées. On a plutôt vécu depuis 50 ans avec l'idée qu'il fallait pas s'embêter à se contrôler, jouir sans entraves. Ça a quand même été la grande devise du 20ème.

[00:23:49]

La deuxième partie du 20ème siècle et là, va falloir vraiment s'y mettre. Va falloir faire quelque chose pour réapprendre la limite, l'auto limitation. Aux grands maux, les grands moyens. Ça me consterne ce que je suis en train de comprendre, alors je me tourne directement vers des solutions radicales. Peut être un peu trop même l'enrôler.

[00:24:27]

On peut tout à fait décider de faire un nom. Vous savez comment on a fait pour la police? On prend une petite règle, on replie et on mesure à chaque coup.

[00:24:35]

Un soir, je me retrouve à un cours de couture dans un lieu associatif près de la gare de l'Est, à Paris.

[00:24:42]

Je suis en train de couper les derniers fils pour fermer la coulisse du short pour lequel on a mis un élastique.

[00:24:50]

On y apprend à fabriquer ses vêtements à partir de chutes de tissus récupérés par un collectif anti-gaspi.

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J'avais pris cette habitude. C'était vraiment devenu une espèce de passe temps d'acheter des vêtements. Tout le temps, j'achetais un nouveau vêtement par semaine, quasiment impossible de craquer tout le temps comme ça.

[00:25:11]

D'où l'idée que éventuellement, avec la couture, ça pourrait me permettre d'avoir plus de plaisir à m'habiller parce que c'est moi qui l'ai fait et d'en faire moins parce que ça prend tellement de temps. Donc, si vous prenez la largeur du pied presseur, l'aiguille est décalée à gauche, on replie et on mesure à chaque coup, on met des épingles comme ça. Ça retombe au niveau du churches par pour pas. Au fur et à mesure élargiront comme on l'a fait pour la coulisse.

[00:25:38]

On prend une petite règle vous placez votre index ici assez vite.

[00:25:42]

Je comprends que je ne règlerait pas grand chose de mon anxiété en confectionnant un short de pyjama en rideaux d'ameublement.

[00:25:50]

Comment je vais faire? Pour trouver une position cohérente. Quelque part entre l'aveuglement et la tricaud thérapie, je suis un peu perdu.

[00:26:06]

Je me console en cuisinant des DAL aux lentilles, je cherche des solutions. On me parle d'une femme qui, récemment, a complètement changé son rapport aux vêtements.

[00:26:18]

Elle vit à Montreuil, une commune à l'ouest de Paris, avec une forte concentration de poubelles à compost et d'intermittents du spectacle.

[00:26:27]

Anne est monteuse dans le cinéma documentaire. Elle a une jolie maison dans une petite copropriété avec jardin partagé. Elle m'offre un thé vert et m'explique comment elle fait maintenant avec les habits.

[00:26:40]

Je n'achète plus rien. En magasin, ma décision a été de ne plus consommer de vêtements neufs. Donc, de plus, faire les magasins de ne pas faire les soldes, même si vraiment c'est une super affaire de ne plus avoir d'impact environnemental sur la production de vêtements. J'achetais très régulièrement des habits. J'ai toujours bien aimé me sapées. Et puis, petit à petit, en fait, je pense que la conscience écologique, elle, commence à vraiment s'installer.

[00:27:17]

Eh bien, un jour, je me suis dit stop! A partir du moment où tu penses que tu as besoin d'un truc qui en fait juste, t'as servi. Ben ça ne marche plus. En fait. Je vis sur les ressources supposées avec ce sculpta et juste te dire ce que l'on fait, quoi? Ce SoftLayer, il est tout gris et moche, je vais rajouter un petit détail, un petit patch. Tu as cette veste que je porte.

[00:27:43]

Bon, ben voilà, il y a un trou dans le dos.

[00:27:45]

J'ai rajouté un patch. C'est réglé quoi? Et puis, si t'en fais rien, tu file le filet ou le revendre selon l'État, selon ce que je peux en tirer.

[00:27:56]

Quand je revenge Rovan sur les plateformes digitales de seconde main, ce que je vends, ça me fait une cagnotte pour pouvoir acheter 5008 aussi. Pour mon compte Wintel, j'ai 16 euros. Il y a une paire de baskets que je veux qui a 18 mois, j'ai vendu et une petite robe à 6 euros en me disant je ne m'achète plus de vêtements neufs. Je n'ai pas renoncé à avoir du style. C'est juste de dire j'essaye de le faire un peu moins dégueulasse.

[00:28:36]

Après, on verra quand toute la seconde main sera écoulée. Je ne pense pas que c'est pour tout de suite.

[00:28:44]

Moi, j'ai toujours eu un côté. C'est le dernier qui a parlé, qui a raison. Donc, je me crée un compte sur 20 TED.

[00:28:53]

J'essaye de revendre un put, la rayure assez immonde qu'on m'a offert à Noël 10 euros. Personne n'en veut. Je passe ma soirée à se quereller sur des milliers de photos de placards plus ou moins glauques et mal éclairées.

[00:29:10]

Et je finis par acheter une paire de baskets à Jessica 76 de La Roche sur Yon. 45 euros, livré deux jours plus tard dans un gros emballages plastiques par un transporteur routier qui doit pas rouler au bioéthanol.

[00:29:27]

Mais bon, c'est de la seconde main.

[00:29:34]

Oui, mais elles sont vraiment trop petites.

[00:29:40]

Le vintage en ligne, je sens que ça va pas le faire non plus. Ne pas mal.

[00:29:47]

A quoi ça sert tout ça? Franchement, je ne sais plus très bien. Aujourd'hui, on parle de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de réduire l'impact environnemental. Mais ce qui, dans le fond. Ne nous préservera pas du tout des répercussions qui vont arriver parce que en fait, même si on arrêtait complètement nos émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement se poursuivrait. Donc, la question de l'espoir, il faut l'avoir un peu différemment.

[00:30:16]

Je pense que l'être humain a une capacité à supporter des conditions de vie très difficiles quand il y a du sens. En tout cas, l'impression d'agir d'une façon qui n'est pas absurde. Problème, c'est de pas avoir du sens tout seul dans son coin. Il y a peut être un moment où ces recherches de sens peuvent se rencontrer, se fédérer. Je crois que l'espoir est quelque part dans cette direction là, c'est à dire que le besoin de signification peut vraiment soulever des montagnes, peut être plus que juste le besoin de d'éthique personnelle.

[00:30:55]

Ouais, j'ai mon compost, ouais, j'achète rien de neuf à Abaya, le Festival de la permaculture, ce week end à Montreuil. Et tu vois Bamba, tu peux, tu peux rien acheter avec ton argent. Parce fait, il y a la pêche, qui est la monnaie locale. Ouais. Et alors? Mais qu'est ce tu fais toi? Si tu le fais pas, tu vas. Il y a quand même pas mal de gens qui n'en n'ont rien à foutre et c'est pour ça que quand on dit oui, c'est quand même une position de bobo.

[00:31:21]

Ouais, peut être parce que le bobo, il a plus le temps de penser que celui qui est sensé dans la survie.

[00:31:29]

Car c'est en faisant porter une robe que je vous avais demandé de transformer en mine de rien.

[00:31:45]

Je suis en train de faire ma révolution des petits gestes. Voilà, c'est ça. Certes, au lieu de la jeter en robe, ça n'allait pas.

[00:31:54]

Je voudrais bien que ça dure et même que ce ne soit qu'un premier pas. Essaye de moins acheter les vêtements, mais je me demande comment aller plus loin et m'obliger à continuer dans le bon sens.

[00:32:08]

A la bibliothèque, je tombe sur le livre d'un historien, Jean-Baptiste Fressoz. Ça s'appelle l'Apocalypse joyeuse.

[00:32:15]

Alors forcément, ça me parle. C'est très bien évidemment de prôner une forme de réduction de consommation individuelle ou de consommation éthique. Le danger de ce discours là, c'est que ça crée de nouveaux marchés sur la fringue éthique, etc. Mais qui, en fait, réduisent à la marge les problèmes et ne changent pas grand chose. Et surtout, ça donne l'impression que c'est une affaire de consommateurs uniquement, donc une affaire individuelle de consommateur, alors qu'en fait, c'est principalement une affaire de modes de production et d'agir sur les industriels très fortement, d'agir sur la façon de mon produit, sur la quantité dont on produit et la façon, disons, d'agir par la norme, par l'administration, par la politique, par la réglementation, par le rationnement, pourquoi pas?

[00:33:03]

Et serait beaucoup plus efficace. Cette idée que agir comme ça sur les entrepreneurs et le monde de la production, c'est utopique. C'est utopique seulement dans un cadre complètement formaté par le néolibéralisme. Mais dès qu'on sort des années avant les années 80, il n'y avait rien de choquant à dire qu'on allait rationnés une partie de la production. Oui, on ne va pas pouvoir vivre avec le même confort. On ne peut pas consommer autant que ce que l'on a fait jusqu'à présent.

[00:33:37]

Si j'ai 15 Deane dans un placard, non, ça arrive vraiment.

[00:33:42]

Si on rationne pas, on voit un rationnement par les prix. En fait, à cause de la taxe, ceux qui arrêteront de consommer, ce seront d'abord les pauvres. Pour quelqu'un qui a beaucoup d'argent, qu'il y ait une taxe n'est pas un énorme problème. En fait, c'est pour ça que le rationnement a des vertus démocratiques importantes. Alors, dans le texte, je n'ai aucune idée de la façon dont ça peut s'implanter. Je n'ai pas du tout empêcher la question.

[00:34:05]

Mais par contre, pour le transport aérien, ça serait très simple. Puisqu'on est tellement les fichiers traqués dès qu'on prend l'avion, il aura aucune difficulté à imaginer un certain nombre de kilomètres limite par personne par an. Ce ne sera pas très compliqué.

[00:34:20]

Pourquoi c'est à nous, individuellement, de prendre cette responsabilité là? Dhumilité doit se feuilleter avec les gens alors que ça devrait être. Ça devrait être un pouvoir politique, quoi.

[00:34:32]

Qu'est ce que c'est de pouvoir en tant que consommateur sur les vêtements? De consommer moins et ce n'est pas de choisir le meilleur, mais de savoir pour qui on vote quoi, pour qui on va voter? Qui va mettre en place les politiques dissuasives pour que les marques produisent autant et aussi mauvaise collection? Voter, c'est beaucoup plus fort que de lire les étiquettes.

[00:34:53]

Les clubs corps se sont fait. Votez, je le fais déjà. Alors bon, je vais peut être pas me transformer là tout de suite en activiste. Mais maintenant que j'ai appris tout ça, quand je regarde les vitrines, je me sens un peu libéré et plus curieux aussi, bizarrement. Un monde avec moins de fringues, je ne sais pas si ça peut nous sauver, mais je suis sûr que ça aura plus d'allure. Ainsi, sur Arte Radio QuickCam, Vivons heureux avant la fin du monde est un podcast produit chaque mois par Arte Radio.

[00:35:40]

Vous pouvez l'écouter sur son site Arte Radio, comme son appli gratuite Soundcloud, Deezer ou votre plateforme d'écoute préférée commenter, partager. Abonnez vous aux podcasts et mettez lui des étoiles pour soutenir l'émission et la planète.