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Bonjour, je suis Clémentine et je vous accueille sur le premier podcast qui vous parle de Maternité autrement. Vous entendrez ici des femmes qui vous raconteront leurs expériences de mères sans filtre et sans compromis grâce à leurs récits. Vous serez, je l'espère, rassuré, émerveillé, réconforter et déculpabiliser. Bienvenue dans le merveilleux monde d'une maternité décomplexée. Bienvenue chez Glissandos. Quand j'ai découvert Lucile, c'était d'abord à travers une photo de son gros ventre, sur une couverture de livre, un magnifique ventre de femme enceinte.

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Dans ce ventre, il y avait Mikis, dont le cœur s'est soudainement arrêté de battre le 18 août 2018, alors qu'elle devait naître 15 jours plus tard. Mikis fait donc partie des 0,5 de bébés qui naissent sans vie chaque année. Les morts in utero sont donc très rares. Mais quand ça tombe sur vous, c'est un monde qui s'écroule. Et puisqu'il y a de plus difficile à accepter, c'est que ce sont pour la plupart des accidents sans explication, rendant encore plus injuste la loterie de la vie qui condamne ces bébés à alors.

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Après une telle déflagration, comment se passent les jours d'après? Concrètement, quel est le protocole mis en place? Quand une patiente enceinte se retrouve projetée dans le monde des morts au milieu des vivants? Comment ça se passe au sein d'un couple et d'un clan familial? Comment retrouver le goût des autres? Lucile a vécu le plus grand désespoir de toute sa vie. Mais portée par un devoir de mémoire, elle a décidé de tout écrire pour se souvenir, pour transmettre, expliquer, rabâchées, ceux à côté de quoi il ne faut pas passer.

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Quand on vit une tragédie comme celle ci, j'ai lu son livre au compte goutte tant il était quasiment insoutenable, parfois, d'en tourner certaines pages. Mais Lucile écrit comme elle respire, sans larmes ni fioritures, avec une force et une énergie incroyable. Dans cet épisode, vous entendrez son rire et sentirez sa lumière. Une petite flamme qui brille là, tout au fond, qui lui donne la force de témoigner et de continuer d'avancer sans. Un jour, Lucile, bonjour, merci d'être là aujourd'hui, d'avoir fait le chemin jusqu'à moi sans plaisir pour me raconter ton chemin.

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Alors en plus. Bon, on se retrouve aujourd'hui en cette date si particulière. C'était même pas fait exprès. Il se trouve que c'est tombé comme ça. Voilà, on est le 15 octobre. C'est la Journée mondiale du deuil périnatal. Je suis très fier de symboliquement d'enregistrer cet épisode de Wimbledon. C'est une belle date. Et puis c'est bien, du coup, de parler de ce genre d'épreuve et de continuer à célébrer aussi la mémoire de ces bébés qui sont partis trop tôt.

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Voilà ce que tu connais. La tradition, je ne te la prends pas. Alors, j'ai demandé de te présenter, de me donner ton nom, prénom, ton âge. D'où tu viens. Est ce que tu fais dans la vie? Et qui est composé ta famille, s'il te plaît? Je m'appelle Lucile Mayzaud. J'ai 34 ans.

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J'habite à Hossegor, à côté d'Hossegor, et je suis graphiste indépendante depuis bien longtemps maintenant. Et ma famille est composée de Julien, mon conjoint, Micky, ma petite fille qui n'est plus avec nous. Et quand même, j'ai un très gros chat et un tout petit chien. J'étais obligé de mentionner alors tu dis que t'es gravy sans dépendante.

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Donc ça, c'est le métier officiel. Oui, mais je te signale que tu as aussi écrit un livre.

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Ah oui, OK, la nana et.

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Tu as écrit un très beau livre. Voilà que j'ai entre les mains. Oui, c'est un livre qui s'appelle Et la vie, c'est tu, qui est aussi le nom de ton compte Instagram. Oui, et voilà qui est un très beau livre. Tu raconte ce drame qui vous est arrivé? Tu égraine comme ça les mois qui ont suivi le décès de Micky? Oui. Pendant un an, j'ai écrit. Suite au décès de Micky, tous les mois, j'ai écrit et naturellement, je me suis fixé d'écrire pendant un an et j'ai voulu m'arrêter après parce que je ressentais plus le besoin.

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D'ailleurs, tu le dis et je trouve ça chouette parce que c'est bien de savoir qu'au bout d'un moment, on arrive à la fin d'un cycle et d'un cheminement. Donc, on va commencer par le commencement. Déjà, j'aimerais savoir comment tu as rencontré ton Julien. Tu t'en souviens? Oui, je me souviens très bien. En fait, je venais d'emménager à Toulouse. J'étais encore ex-copain. Manquait à l'époque qui m'a présenté à Julien. Il s'avère que mon ex copain et moi, on s'est séparés quelques mois plus tard, après mon arrivée à Toulouse.

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Et naturellement, suite à ça, on s'est rapproché avec Julien. Mais il n'y avait jamais eu avant de voir qu'on n'avait pas flashant sur lui. Je trouvais très beau quand même. Lavouer faisait partie des potes de ton mec que tu trouvais quand même très beau.

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Oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui. Et d'ailleurs. Petite anecdote quand même assez marrante. La première fois, j'ai rencontré Julien, j'étais avec mon ex et il m'a dit Tu ne pars pas avec lui. Je ne suis pas partie avec lui, mais il s'avère quand même que ensemble, ils avaient été le danger.

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Donc il valait vraiment très beau. Parce que pour que le mec se méfie fois, il était tatous.

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C'est cool. Donc j'ai rien. Il y a sept ans, ça fait sept ans qu'on est ensemble depuis quelques jours. Et alors? À partir de quand vous avez parlé d'enfants? Est ce que toi, ça faisait longtemps que tu en rêvait de construire une famille ou pas spécialement? Pas du tout. Pas du tout. J'ai 34 ans et je dirais que avant mes 27 ans, ça ne m'a pas trop traversé l'esprit. OK, tu viens de quelle famille?

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Famille nombreuse? Famille nombreuse.

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On est trois. J'ai une grande sœur et un frère. Et une famille très à l'écoute, très tolérante, mais une belle famille assez soudée. Mais voilà, moi, ce n'était pas tendre. Non? Pas spécialement, non. Ça m'intéressait d'en parler, tout ça. Mais je me sens pas pour moi et les enfants des autres, ça me soule. Donc je ne sais pas si moi, un jour, je vais pouvoir supporter le mien.

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Et en fait, il m'a fallu juste un truc une fois des potes à moi un bébé. Un petit clin d'oeil à Aline et Vincent et à leur petit Victor qui a déclenché chez moi mon envie de maternité. J'ai pris ce petit nourrisson dans les bras et là, je me suis dit merde! Moi aussi, je veux le mien. Et ça ne s'est pas arrêté depuis, ça a été instantané, instantané et à partir de ce moment là, ça a cheminé.

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D'accord. Ouais, ok. Et quand est ce que vous avez commencé à évoquer le sujet? Il y a eu un nouveau déclic, peut être. A 2, il n'y a pas eu de déclic, mais quand on est allé s'installer à Hossegor, on s'est vraiment posé. Julien avait envie d'une vie plus calme, avec moins de travail et en fait, un moment, on s'est dit pourquoi pas?

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Mais vraiment pas forcément réfléchi.

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On n'en avait pas parlé avant, pendant des mois. C'était hyper spontané. Et oui, vous étiez aligné tous les deux. C'était le bon moment du coup arrêté. Alors plus de contraceptions depuis longtemps?

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OK, donc il y avait juste à arrêter de faire gaffe. Il y avait juste un gars assez facile, même si la première fois que tu fais pas gaffe, t'es là ou putain Waquet.

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Tout d'un coup, l'acte sexuel devient potentiellement un acte reproductif. Exactement? Pas du tout la même chose. Ça prend une autre dimension, une autre dimension. Moi, je me rappelle m'être dit ça oui, c'est vrai, c'est ouais. Tout d'un coup, tu regardes même ton mec, mais oui, différemment.

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Et la Wii a donc potentiellement ce rapport et fécondant va fabriquer une vie, quoi? Oh oui, c'est quand même autre chose que juste du plaisir. Quoi exactement? Après ça, moi, je trouve du coup que ça prend une dimension tellement importante que les premières fois. C'est hyper beau, même si on sait que ce n'est pas forcément la bonne.

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Mais ouais, c'est hyper beau et il s'avère que je n'ai pas du tout eu de mal à tomber enceinte au bout de Si t'es un gros. Pas de trois mois. Bien joué. Bingo! Ouais, bon. Et donc, comment vous l'apprenez? Est ce que vous êtes ensemble? Le jour du test, comment ça se passe?

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Petite anecdote quand même. Avant de faire ce test de grossesse, j'étais dans ma salle de bains et je vais utiliser mon champ de mon savon habituel qui avait une odeur de cerise. Et d'un coup, ça me dégoûte. Ça me dégoûte. J'étais là, mais il est idiot là, ce truc.

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Pourquoi j'ai pris ça comme comme odeur incompréhensible. Et j'y ai pensé.

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Oui, et donc je fais ce deuxième test de grossesse et là, je regarde cette petite ligne se décider à très, très faible.

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J'étais là et je montre à Julien je vais dans la chambre. Là, j'étais en larmes et j'ai hurlé Je tremble.

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Je me rappelle avoir tremblé de tout mon corps.

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Il était là, c'est si positif. Et là, on regarde tous les deux.

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Ils étaient là. Là, je crois qu'il y a une ligne, non? Et donc, voilà qu'on était là, dans le lit.

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Parce que c'était le matin qu'on était là et tout tremblant. Mais qu'est ce qu'on a fait? Je pensais vraiment. Ça a vraiment marché.

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Moi, je m'étais dit je m'étais dit dans un fait, ça m'a vraiment fait l'amour et ça fait un bébé qui marche vraiment pas.

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Pas que dans le film. Donc, voilà comment on l'a su.

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Aucune grande joie tous les deux. Très rapidement faciles. Oui, bon. Et alors? À part ce dégoût pour l'odeur de la cerise, qu'est ce que tu as eu d'autres petits symptômes dans les premiers mois? Comment ça a démarré dans les premiers mois? Honnêtement, ma grossesse a été hyper facile et les premiers mois, j'étais très fatiguée. J'ai eu quelques dégout d'odeurs. Vraiment, toi, tu t'es concentré sur les odeurs, les odeurs, les gens.

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Y avait de l'encens qui me restait. Horrible, la verveine. Je ne supportais par contre les pizzas. Pas de problème, ils n'avaient pas leurs problèmes. l'Epita? J'en ai beaucoup mangé. D'accord, tu t'es lâché. Et sinon, à part ça, une grande fatigue. J'ai rien. Rien à signaler.

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Qu'est ce que tu connaissais, toi, de cet univers de la grossesse, de cette aventure? Est ce que tu disais alors que tu avais des copains qui avaient déjà eu des bébés? Mais est ce que c'est quelque chose qui te sur lequel tu t'étais renseigné?

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Alors quand on a commencé à se poser la question et Julien un peu juste aborder ça, j'ai commencé à me renseigner un peu, mais c'est quand même assez loin de moi. Par contre, c'est un sujet que j'aimais beaucoup. Je trouvais que les mamans qui étaient qui avaient eu des bébés en parlaient beaucoup, un peu trop à mon goût, parce que j'ai compris depuis mille excuses à moi, mais parce que j'y connaissais.

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C'est ce qu'on m'en avait dit. Et j'avais beaucoup d'expérience quand même positive sur la grossesse des mamans qui avaient été super heureuse d'avoir des enfants. Mais je savais qu'il y avait des choses aussi plus tristes qui arrivaient, mais c'était très loin dans ma tête. Pourtant, c'est arrivé à une amie. Ah oui? Qu'est ce qui est arrivé à ton ami? La même chose que moi dans les circonstances. Un peu différente parce qu'il s'est avéré qu'elle a une maladie d'accord découvert suite au décès de sa petite fille.

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Mais ça, c'était peut être sept ans avant moi. Je tombe enceinte.

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OK, donc, avait été sensibilisés par cette expérience, mais ça n'allait pas non plus. Non, ça ne m'avait pas marqué moins suffisamment pour l'appréhender pour toi. Je me disais que ça n'arrive qu'aux autres. Et bien sûr. Et justement, tes amis proches, elle en était où, elle? Alors que tu as eu des amies enceintes en même temps que toi, alors que ma sœur était enceinte en même temps que moi. Elle est tombée enceinte trois mois avant moi.

[00:12:13]

C'était On était aux anges. La grande salle, c'est ma grande sœur et vous êtes vous êtes proche. On devient de plus en plus proche. OK, mais on n'a pas forcément été avant. Mais là, ça faisait plus de deux ans qu'il essayait. Moi, j'étais contente quand même de pas être enceinte un mois avant elle, vu que ça faisait deux ans qu'il essayait. Bien sûr, je comprends tous goupillé parfaitement et c'était les premiers petits enfants.

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Du côté de tes parents? Ouais, ouais, car les premiers. Mes parents étaient l'agit, mais c'est merveilleux. Les deux filles enceintes en même temps, c'était merveilleux. Je l'ai vu dans leurs yeux, c'est incroyable. Et alors, comment il a annoncé justement à ta soeur quand j'ai eu le test de grossesse positif entre les mains. C'était avant Noël. Julien partait dans sa famille et je partais dans la mienne. Ouais, donc, vous vous étiez dit que vous alliez chacun de votre côté l'annoncer à vos familles respectives?

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Qu'en plus, ça faisait trois semaines. Oui, c'est ça. Mais sauf que moi, je ne me voyais pas du tout à Noël. C'est compliqué. Tu te fais griller en 2 secondes. Julien, de son côté, n'était pas pour le dire tout de suite à sa famille. Moi, j'ai dit à Julien Je suis désolé, mais moi, je ne vais pas pouvoir en sachant qu'en plus, on partait après. Pendant deux mois au Costa Rica?

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Ah oui, d'accord, donc, vous alliez pas les revoir avant de voir leur attente. Moi, j'avais envie de leur dire vrai, quoi. Je comprends parce que mes parents habitent en Bretagne et moi, j'habite dans le Sud.

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Donc je ne les vois pas non plus tous les jours. Oui, c'était le moment idéal. Donc, je leur annonce d'abord à mes parents et ensuite ma soeur arrive peut être deux jours plus tard et ensuite à ma sœur. Et donc, elle était très contente.

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Quand elle m'a fait un petit truc, elle m'a dit Tu me vole la vedette, mais c'était c'était juste pour rire parce qu'on était tous super heureux, j'imagine.

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Et donc, la grossesse démarre plutôt bien.

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Et toi, alors, comment tu aborde la suite de cette grossesse? Est ce que tu avais? Tu savais exactement ce que tu voulais pour l'accouchement? Est ce que tu t'es préparé d'une certaine façon? Je me prépare petit à petit.

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Je commence à regarder un peu des choses, mais pendant les trois premiers mois, honnêtement, c'est un peu flou. Je me projette, mais. Mais au bout de trois mois, je commence à me dire à dire à mes copines.

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Tu crois que je suis déjà impatiente? J'étais gamin, je commençais à être un peu impatiente et c'est vrai que je me sentais un coup quand même investi.

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J'ai envie de regarder les trucs pour les bébés. J'ai envie d'en parler. J'ai envie de lire sur le sujet. Voilà tout ça. Ça me mûrit quand même dans mon esprit. Je fais un projet de naissance comme ça. Je l'aurai même quand même. Oui. Est ce que vous demandez le sexe à la deuxième Ecos? Oui, oui, parce que je n'arrivais pas à me dire que je n'allais pas savoir pendant tout ce temps. Et je crois que j'avais sûrement besoin de me projeter aussi.

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Julien ne rêvait qu'une chose, que ça soit une fille dAccra. Et je crois que le plus beau jour de ma vie, ça a été quand on a appris le sexe.

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Par exemple, j'ai vu dans le regard de Julien que c'était des gens merveilleux et qu'il avait ce qu'il voulait. Il a un rapport particulier aux petites filles, je pense. Il est très attendri et c'était très beau pour lui, la relation père fille. Et ça se voit même dans la façon d'aborder les petites filles de nos amis. Et tout ça, il y a un truc particulier. Il y a un truc avec qui il était alors qu'il était aux anges.

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Toi aussi, on imagine concrètement Jean FIJAIS, mais là, que ça soit en plus, c'est bien que ça soit merveilleux. On été comblés. Et alors, le médecin que graffs! Dikwa À ce moment là, tout va bien, tout va bien, tout va très bien. Ma grossesse se passe, se passe merveilleusement bien. Y juste au début de ma grossesse. En fait, quand on était au Costa Rica, la première infographie que j'ai faite normalement à trois mois là, je l'ai fait naturellement, mais je l'ai fait au Costa Rica.

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Mais du coup, quand je suis revenu en France avec les résultats, il y a plein de normes à suivre pour les médecins. Tout ça et en fait, l'échographie, il n'avait pas tout ce qu'il fallait voir. Du coup, ils m'ont fait refaire des examens complémentaires. Tout ça juste parce qu'il voulait s'assurer qu'il il n'y avait pas eu de problème et qu'on n'était pas passé à côté de quelque chose. Au Costa Rica, et non pas du tout, tout allait très bien.

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Rinko graphie, très bien. Deuxième graphie. Tout merveilleusement bien que cette école est très important. Elle est très, très bien armée. Coquelicot Morpho est, comme on dit, morphologique. C'est vraiment là où toutes les mesures sont prises minutieusement. D'ailleurs, elle est toujours un peu plus longue que les autres.

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Oui, et là, rien à signaler, non? D'accord, ok.

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Et donc, les mois passent. Et toi, toujours aussi en forme. Alors, en plus, vraiment. J'ai adoré être enceinte. J'ai trouvé ça merveilleux. Je pense que j'étais porté par les hormones. Tout me paraissait facile. Cool, je ne sais pas. Moi, j'ai adoré la sentir. J'ai adoré communiquer avec elle. Je suis en pleine forme. Ouais, c'est ça. J'ai fait plein de choses.

[00:17:16]

Et ta soeur, elle? l'Athos aussi. Une petite fille? Oui, d'accord, elle a une petite fille. Ouais, pour elle, son terme est en juin. Et toi, donc. Le tout début septembre, tout début septembre. OK, et alors? Est ce que tu tu? Tu craques sur les petits achats?

[00:17:35]

Pas beaucoup mieux.

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Non, on achète un peu le strict minimum. On est plutôt dans cet état d'esprit dans notre vie quotidienne. Bah, moi, beaucoup. C'est quelque chose qui est très important pour moi. l'Écologie, donc, passe aussi par ça. Et donc, on achète le berceau parce que je voulais faire du cododo. Je me renseigne sur l'allaitement, j'achète des petits habits, tout ça, mais. On vit avec la sœur de Julien. Tu oublies juste au dessus de nous, dans notre maison à Hossegor.

[00:18:08]

Oui, oui, elle est pas dans la maison, pas dans la maison voisine. C'est une maison qui est divisée en deux. D'accord. À Hossegor, c'est la maison des parents de Julien qu'on a investi, en fait, pour voir si la vie à Hossegor allait nous plaire. Et si on allait vouloir 6:1, ça parce que les parents de Julien sont là bas. Ils habitent dans le Gers. OK, mais ils ont une maison de vacances là bas.

[00:18:28]

Et la sœur de Julien et son mec et leur petit garçon Oscar ont décidé en même temps que nous. Ils ont voulu vivre à Hossegor, donc c'est partager la maison pendant deux ans. Dingue. Et donc, j'étais enceinte alors qu'on habitait qui habitait juste au dessus de nous. OK, mais vous aviez chacun votre indépendance. Et donc, ta belle sœur Eldars fils détruit, évidemment. Elle m'a filé tous les trucs neutres parce qu'elle a un petit garçon et elle m'a filer les coussins de maternité, les machin, les trucs dans la table à langer.

[00:19:00]

Il y a plein de choses. On a vraiment acheté le plus. C'était juste au dessus.

[00:19:07]

Décembre très facile. Ah ouais, super. OK, donc, tu te projette petit à petit dans cette maternité? Ouais, ouais. Très vite, j'ai eu des contractions. Très vite que au bout de 6 7 mois, j'ai compris que c'était quoi? Mon ventre se durcissait tout ça. Et donc je n'étais pas d'accord. Ça, c'est des fausses contractions.

[00:19:28]

J'avais compris que c'est Braxton Hicks, mais je me disais OK, le jour ou ça, ça devient douloureux.

[00:19:37]

Et il faut se préparer à Servette. Un autre?

[00:19:41]

Un autre problème. Donc ça avance. J'arrive au terme de ma grossesse, donc ça tout l'été 2000 18 qui coulait deux minutes. Alors entre temps, ta grande soeur accouche au mois de juin d'une petite.

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Et là, tu deviens Tatie Lucile. Ouais, mais je ne veux pas aller la voir de suite parce que c'est pas forcément conseillé de faire des très longs trajets quand on est en fin de grossesse. Et elle est déjà en Bretagne. Ah oui, en Bretagne, j'habite dans le Sud-Ouest. Ouais, ouais, c'est ça. C'est pas la porte à côté. Donc moi, je me dis j'irai après ma j'irai après mon accouchement.

[00:20:20]

Donc t'as des photos, des vidéos, mes photos vidéos.

[00:20:25]

Tous les jours, je demande voilà, je suis la fin de l'arrivée des là et je suis aux anges. C'est bien, ça chamboule tout et bien tout, tous les âges. Sarah Wallisienne, la marchande? Oui, d'accord.

[00:20:41]

Donc, vous vous dites que vous verrez pour les présentations, en fait. D'accord, quand tu aurais accouché, ok. Bon. Et alors, comment se passe la fin de l'été? Tu as ta dernière escogriffe filles au mois d'août ou juillet juillet? D'accord, j'ai ma dernière réaffirma juillet. Elle s'est positionnée la tête en bas. Tout va bien. Le coeur bat très bien.

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La dame qui fait l'écho graphie me dit que c'est un bébé qui sera pas un énorme bébé. J'ai un petit gabarit 3 estimé à 3 kilos. Mais pour l'instant, tout, tout est en place. Tout va très bien. Vous avez le prénom. On commence à sélectionner, mais jusqu'à la fin, il nous en reste quand même 3 4. Ah ouais? Ouais, on n'était pas sûr, c'est beaucoup.

[00:21:28]

3/4. C'est un peu dur de choisir. OK, alors les dernières semaines, tu les passe chez toi, j'imagine? Ouais, ouais, VàD.

[00:21:38]

Voilà, je fais un tour à la maternité avec la gynécologue de la maternité parce qu'à la fin, on ne peut plus être suivie que par la sage femme. Il faut être suivie par la gynécologue à l'hôpital dans lequel on va accoucher pendant toute la grossesse a été suivi par une sage femme d'une certaine l'enverra. Oui, oui, encore une sage femme libérale, OK. Plus les fameuses graphies qu'il faut faire. Mais cette sage femme libérale ne pouvait pas accoucher, d'accord, mais elle m'avait rassuré.

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Elle m'avait dit que l'hôpital de Bayonne, je le confirme, l'équipe est merveilleuse. Tout ça, donc j'étais moi, je suis allée voir, etc. Oui, oui. Et donc, début août, je vois la gynéco qui me dit voilà, on se revoit dans 15 jours. Donc, j'étais censé l'avoir le 17 août pour le fameux contrôle, juste avant la naissance. D'accord, elle te donne rendez vous 15 jours avant terme pour le dernier Tchaker.

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Voilà exactement. Très bien. Bon, et tu repars chez toi en 10 ans. Rendez vous dans 15 jours. Voilà, émollient me dit bon, ça se trouve même, ça sera avant. T'étais impatiente. Ouais, ouais, elle aurait bien aimé. En fait, je me porte bien, mais je me disais trop cool si accouché avant, j'avais pris un peu de poids.

[00:22:52]

J'appelle quand même. Le 13 août. l'Hôpital parce que je prenais plus de poids. Et du coup, je me demande j'avais appelé ma soeur qui m'avait dit Mistinguett, moi aussi ça m'est arrivé. J'appelle l'hôpital qui me dit ça peut arriver et ça arrive à plein de femmes enceintes pendant quelques semaines de plus. Prendre le bois, c'est pas du tout inquiétant. Elle me demande combien j'ai pris de poids pendant la grossesse. Je lui dis bien jusque là, j'en ai pris dix.

[00:23:16]

Elle m'a dit C'est tout à fait normal. Pas de problème. Oui, en plus, t'es un petit gabarit. Marie Ouais. Et ils ne sont pas du tout inquiets. Et en plus, elle bouge très bien. Donc voilà, on est le 13 août et arrive le 15 août 2018.

[00:23:32]

Ouh là, je suis très inquiète. Pourquoi? Je suis très inquiète parce que c'est bizarre, mais je tant les mouvements différemment en classant différemment. Je ne sais pas ce que c'est commencé parce qu'elle bouge, mais ce, c'est pas la même comme d'habitude. Les mêmes mouvements ne sont pas les mêmes mouvements. Je la sens pas comme d'habitude. Pourtant, elle me me donne encore des grands coups de pieds forts parce que c'est un bébé qui bougeait énormément. Des vidéos de mon ventre, elle me retournait quoi?

[00:24:09]

Des fois, je suis là, mais comment? C'est possible? Elle va sortir par le nombril.

[00:24:16]

Et là, là, je suis très inquiète. Mais. En me disant mais comme toutes les femmes enceintes, tu t'inquiètes pour rien.

[00:24:25]

C'est juste une intuition, c'est une intuition et en même temps, je trouve qu'il y a quelque chose, mais je ne la trouve pas comme d'habitude.

[00:24:36]

OK, le 15 août au matin, je dis à Julien Mais ta main sur mon ventre, tu ne trouves pas que c'est un peu bizarre? Et là, 3. Énorme coup de pied.

[00:24:44]

Voilà, donc nous voilà rassurés. La journée du 15 août se passe. On va à la plage, on a de très belles photos dans la mer et mon gros ventre qui dépasse tout ça.

[00:24:56]

Dans la nuit du 15 au 16 août, j'ai encore un gros coup de pied dans le ventre. Voilà ce que je ne sais pas, c'est que ça sera le dernier. Je me réveille le 16 août au matin et je n'attends pas bouger du tout, d'accord. Je suis toujours inquiète parce que j'étais quand même inquiète. Dès le 15 août, donc, je suis toujours inquiète. Tu n'appelle personne à ce moment là, je n'appelle personne, mais j'attends une heure.

[00:25:27]

J'attends deux heures. Et là, il n'y a aucun mouvement. Quoi? Là, j'ai fait un petit truc qui disait se mal sur le côté gauche manger du Nutella, oui, prendre du recul, prendre, prendre du sucre. Voilà, voilà, il fait un truc pour rien. Là, il y avait le frère de Julien qui était là en vacances et je dis à tout le monde Bon, j'appelle la maternité et je leur dis J'ai rendez vous avec la sage femme à Houla Gynéco demain.

[00:25:57]

Est ce que ça vaut le coup que je vienne ou j'attends demain? Ils m'ont dit Vous venez parce que vu que vous êtes stressé sans rien attendre, vous venez donc nous voilà en route. Julien et moi.

[00:26:07]

Et toujours, donc toujours aucun.

[00:26:10]

Je regarde devant toi dans ta tête. Tu commences à échafauder des scénarios, catastrophes ou pas. Je suis très anxieuse. Je me rappelle du trajet de la maison à l'hôpital. Je suis très, très anxieuse, mais tant qu'on ne m'a rien dit. Pour moi, il n'y a pas de Verdi n'a rien, donc. Voilà ce qu'on m'avait déjà dit. En plus, à chaque fois que je me rappelle en libéral m'avait dit chaque fois que vous allez voir si tout aussi, le bébé bouge bien.

[00:26:37]

En fait, le bébé se met à bouger quand vous arrivez à la maternité en groupe. C'est vrai que ça arrive souvent comme ça.

[00:26:43]

Là, on arrive aux urgences maternité. Ils me disent si on vous met dans une dans une salle et on va vous examiner et faire un monitoring. Et Julien est parti prendre un peu l'air parce que du coup, il faut savoir que Julien, pendant ma grossesse, a fait un burn out. D'accord, il faisait quoi comme métier? Était tatoueur? Ah oui, d'accord. Et ça s'est pas bien passé. En fait, on ne sait pas si c'est forcément lié qu'au travail.

[00:27:17]

Et on appelle ça un barnum parce que c'est assez facile à dire, mais c'est plus un nerveux. On en fait une dépression. En fait, ce n'était pas de la déprime, énormément d'anxiété. D'accord, était pas forcément déprimé, mais du coup, c'est arrivé à mon quatrième mois de grossesse à peu près. Voilà, donc ça a un lien avec plein de choses, avec le surmenage du travail, avec sûrement l'arrivée du bébé et le fait de devenir père.

[00:27:42]

Et voilà donc forcément, Julien était quand même dans un état pendant toute la grossesse. C'était assez compliqué pour lui parce que il va devenir père, mais dans un contexte qui est différent de ce qu'il avait pu imaginer. Lui est fragile. Il est très fragile. D'accord. Moi, je l'ai très bien vécu parce que j'étais porté par les hormones. Et toi, tu l'as? Tu l'as soutenu, ton mec? Justement, a réussi à avoir la force aussi de le soutenir ou pas.

[00:28:10]

Ouais, moi, j'ai l'impression, mais je crois que je me suis surtout soutenu moi même. J'ai beaucoup pensé à moi pendant sa grossesse, mais il me semble que j'ai fait ce que j'ai pu pour l'aider dans mon couple en général. Je suis quelqu'un qui a beaucoup épaulé et qui va être très à l'écoute, même si ça a ses limites. Je le sais, mais je suis assez dévouée. Donc voilà, moi, je suis là. On va avoir un bébé pity.

[00:28:40]

On va y arriver et surtout, je me dis quand elle va être là, tout va bien. Bien sûr.

[00:28:45]

Et pendant, pendant le trajet entre chez vous et l'hôpital. Comment réagit Julien?

[00:28:52]

Justement, je sens qu'il y a un bon passe. Il faut qu'il tienne bon parce que moi, je commence à sentir le sol qui se dérobe un peu sous mes pieds. Mais il n'est pas non plus hyper rassurant. On dirait que il se prépare à ce que socialement, il y a quelque chose qu'on nous fait, qu'on nous annonce quelque chose. Mais. On se dit rien, on ne dit pas grand chose, en fait, puisque c'est assez silencieux Strahler, donc vous arrivez à la maternité et on s'installe pour faire un bonito, on m'installe pour faire un monitoring.

[00:29:26]

Le monitoring est fait très vite parce que les sages femmes sont en capacité de le faire très rapidement et personne d'autre que elle même pour le faire. Donc, il n'est pas là alors qu'il n'est pas là quand elle le fait. Tous ces souvenirs, il y a des moments où c'est un peu flou. Bien sûr, parce que ça, c'est les prémices du cataclysme. Mais il n'est pas là quand elle fait le monitoring parce qu'il est juste parti souffler un peu.

[00:29:46]

Et elle le fait très rapidement. La sage femme qui l'a fait? C'est la seule personne. Ca a été assez maladroite dans tout, dans l'accueil qu'on a reçu pour sa prise en charge, mais le reste a été parfait, mais elle était sûrement submergée de travail et donc elle a écouté mon ventre et elle n'a rien entendu. Et c'est la grande panique. En fait, quand on entend rien, mais je pose la question et je lui dis est ce qu'on peut ne rien entendre?

[00:30:21]

Mais est ce qu'il peut y avoir un battement de cœur et que peut être un problème avec la machine? Elle me dit oui, mais le coeur a aussi pu s'arrêter. Et donc, moi, je jure la regarder, j'étais là, OK, même si j'appelle un éco graph et un médecin, et il va vous recevoir et elle nous part. Elle nous laisse là pendant 40 minutes.

[00:30:44]

Donc là, là, Julien est avec toi. Julien, reviens, reviens. Entre temps, entre temps. Mais elle m'a déjà dit Ah ça à moi! D'accord. Moi, je lui dis ils n'ont pas réussi à atteindre le coeur du bébé. Et donc là, je mets fondre en larmes, je lui dis c'est pas possible. Et là, il parle à mon ventre. Et il lui dit Allez, bouge, ma chérie, bouge, tout le monde sera rassuré, quoi?

[00:31:08]

Tout le monde sait maintenant qu elle n'a pas bougé et je me rappelle quand même qui m'a dit peut être pour savoir comment j'allais gérer, si on m'annonçait quelque chose de terrible, mais si jamais y'a vraiment plus rien. Moi, je lui dis je lui dis c'est pas possible, ça, c'est pas possible à ce moment là. Moi, j'ai de l'espoir. Je me dis il y a un problème avec le truc. C'est le seul moment où j'ai de l'espoir.

[00:31:31]

Je lui dis non, non, ce n'est pas possible. En fait, je suis à 9 mois de grossesse dans 15 jours. On a notre bébé à la maison. Ce n'est pas possible. L'attente est interminable 40 minutes, 40 minutes. Mais c'est surtout qu'en plus, elle a juste dit ça.

[00:31:47]

Et moi, j'étais là. Mais on ne peut pas nous laisser avec ça. Et là où Julien va dans les couloirs en disant il faut quand il faut qu'on voit quelqu'un là. Donc là, elle vient et elle nous dit L'attente est longue. Désolé. Et sûrement. Le médecin n'était pas disponible parce qu'il était sûrement en urgence. Et si ça marcherait? C'est le moment où juste envie que quelqu'un qui dans la seconde pour être pris en charge? Bien sûr, bien sûr.

[00:32:12]

Et alors? Finalement, quelqu'un arrive. Oui, on nous déplace. En fait, on nous dit Bon bah, levez vous, on vous emmène dans la salle où on va procéder à une échographie.

[00:32:22]

Oui. Et du coup, je suis reçu par un gynécologue qui fait l'écho graphie. Elle pose la sonde sur mon ventre et à l'écran en face de moi. Elle m'a la sonde et elle dit Ah bon, elle a la tête en bas. Ça fait combien de temps que vous n'avez pas senti bouger? Moi, je suis juste la nuit précédente, quelques heures. Et là, elle monte, elle monte et elle arrive sur le cœur.

[00:32:50]

Et moi, je ne vois rien à l'éco graffiti. Rien. Il n'y a pas de sentiment. Y'a rien, en fait. Et elle pose sa main sur mon bras et elle me dit Je suis désolé. Il n'y a pas d'activité cardiaque. Et ces. Et c'est le pire jour de ma vie. J'espère qu'il y aura pas pire parce que c'est. En fait, hurle. Je hurle de désespoir.

[00:33:24]

C'est le terme qui revient le plus dans ce que je ressens. C'est le plus grand désespoir de toute ma vie. Je joue, mais je me tourne vers Julien et je ne fais que lui dire. Mais comment va faire? Mais comment la faire? C'est pas possible. Quand on dit que le monde s'écroule, c'est quelque chose qu'on utilise souvent comme expression. Mais le monde s'écroule vraiment. En fait. Il n'y a rien de normal là dedans. Moi, je sais plus à partir de ce moment là, j'ai complètement disparu.

[00:33:56]

Je suis parti, je sais pas où, mais vous êtes avec elle.

[00:34:00]

Mais je n'étais pas là. Julien, il arrive à contenir ses larmes.

[00:34:05]

Je ne me rappelle pas très bien. J'étais dans ses bras, juste tourner. Moi, j'étais allongé. Encore la gynéco. Et encore là, avec nous. Oui, tant qu'on le produisait encore le produit sur le ventre et tout ça. Là, elle nous dit Je vous laisse quelques minutes et je reviens donc là. Moi, je me rappelle juste faire que répéter à Julien.

[00:34:26]

Mais comment on va faire le désespoir? Il n'y a pas plus, alors on devrait mettre ça comme définition dans le dictionnaire. C'est exactement ça. Le plus grand espoir qu'on a dans une grossesse, c'est d'avoir son bébé dans ses bras. Et là, si on me dit ça, c'est que c'est terminé. Tous mes projets sont terminés. Ma vie s'arrête là pour l'instant. La médecin du coûteux te laisse? Oui, elle nous laisse quelques minutes. Elle vous laisse juste rebranche.

[00:34:52]

Gérer cette nouvelle, voilà. Elle nous laisse quelques minutes d'articuler expansives, qui est inacceptable. Mais elle vous laisse juste en y réfléchissant. Après, c'était très bien. Oui, elle a posé sa main sur mon bras. Ce que j'ai trouvé, c'était un geste de tendresse qui fait preuve. Un médecin qui fait preuve d'humanité, ça change tout. Et là, pour le coup, j'ai trouvé que c'était très juste. Déjà, ça change tout un être humain.

[00:35:14]

Calaire, tout ça. J'ai entendu des histoires où les médecins l'annonçaient comme si c'était rien. C'est une cruauté, une cruauté terrible et du coup, elle revient et elle nous dit. Est ce que vous me permettez de continuer discographie parce que j'ai besoin de voir si, par hasard, je ne vois pas déjà quelque chose qui aurait pu se produire? Oui, dans le ventre qui expliquerait, qui expliquerait. Voilà. Et donc là, elle refait et elle dit Voilà, je vois rien du tout.

[00:35:39]

Elle ne voit pas d'hématomes. Elle voit pas. Elle ne voit rien. C'est ça. Donc là, elle nous dit Je vais prévenir la gynécologue qui va se charger de vous recevoir pour vous expliquer la suite des événements. D'accord, toi, tu la vois tout de suite, la suite ou non? Non. Quand je dis oui, car j'ai disparu pendant quelques jours, je pense dans ma tête. Et là, comme tous les gens qui l'ont vécu, je pense la mort de.

[00:36:10]

De quelqu'un, quand ce n'est pas prévu, on avance un peu comme un robot.

[00:36:17]

Et d'ailleurs, je félicite notre notre corps qui nous permet de continuer à avancer dans toutes ses décisions qui sont impensables. Laisser ces heures. Quand je pense au fait que j'ai dû vivre tout ça. On a dû vivre sous toutes ses heures, de continuer à marcher et continuer à s'alimenter, continuer à boire, continuer à réfléchir, à prendre des décisions. Le corps est une machine incroyable. Le corps et l'esprit sont merveilleux et je pense que c'est le fait d'avoir l'impression de disparaître.

[00:36:47]

C'est une aide immense pour réussir à affronter tout ça. En fait, si on était vraiment là, on n'y arrive pas. On se retrouve dans le couloir avec d'autres femmes enceintes. Évidemment, on est aux urgences maternité. Donc, c'est ça qui nous amène en fait dans une salle où la gynécologue va nous recevoir. Mais on est tout seul à. Merci. Voilà donc là. C'est une dame qui m'emmène. Et puis c'est la sage femme qui m'avait examinée, mais je la vois avec les yeux remplis de larmes.

[00:37:24]

Tout commence à prendre sens là dedans et je me dis oui, je suis vraiment là dedans. J'ai vraiment perdu mon bébé et elle est vraie. Elle est vraiment morte. C'est, ça devient impensable.

[00:37:36]

Mais très vite, je commence à me dire je vois que ça s'arrête. Je veux qu'on me l'enlève et il faut que ça se termine. En fait, c'est maintenant aujourd'hui tout de suite et heureusement, c'est pas ce qui se passe.

[00:37:51]

Mais toi, c'est ton envie. Au départ, on n'était pas au départ. Ouais. Et donc, la gynéco arrive. Oui, la gynécologue arrive un moment après parce qu'en fait, on a le temps de prévenir nos familles dans la petite salle, là où on vous fait patienter. D'accord. Est ce que tu avais alerté, toi, ta famille, justement, sur le fait que tu la santé plus bouger? Non, pas du tout non plus du tout.

[00:38:15]

C'était vraiment rester entre juillet et toi même. La veille, j'étais un peu inquiète, mais il restait. Tu l'avais communiquée à personne. Pas du tout. Tant d'inquiétude. D'accord, je m'étais rassuré. Je dirais toute ma vie. Et si j'avais été ce jour là? Mais avec des si on refait le monde?

[00:38:32]

Exactement d'accord. Dont vous vous passez des coups de fil à vos familles respectives. Qui donc ne se sont rien? Ben surtout que je pense qu'ils appellent plutôt un appel pour la naissance à la naissance. Moi, j'appelle ma mère. Ils sont à ce moment là bénévoles à un festival et ils avaient prévenu tous leurs amis. Bon, quand on a un coup de fil, on descend dans le Sud-Ouest.

[00:38:56]

Donc, vous prévoyez des remplaçants. Sauf quand j'appelle ma mère, elle répond Pas parce qu'elle doit être occupée.

[00:39:05]

Oui, c'est pas très grave. J'appelle mon père qui répond. Et donc, je lui dis Papa, il y a un problème avec le bébé. Donc là, je sens que sa voix était enjouée quand il m'a dit au téléphone comment ça a commencé à déchanter. Et je lui ai dit en sanglots Je ne me rappelle même pas, mais c'était terrible et je lui ai dit le coeur du bébé a arrêté de battre. Et là, il crie et il m'a dit quelque chose comme un an, ma chérie, c'est pas possible.

[00:39:38]

Et là, ça. Ça a été aussi douloureux que l'annonce parce que j'ai compris qu'en fait, avec la mort de Micky, je empêcher le rêve de tout le monde d'avoir faim, n'empêchait pas mes TO7 toute cette vie quavait qui allait avoir. Elle n'était plus du tout là et elle ne serait plus jamais là. Tous arrêtés avec la mort de Micky, c'était terrible. J'avais l'impression de tout détruire. En fait, je ressentais de la culpabilité.

[00:40:11]

Je commençais petit à petit à ressentir la culpabilité. Donc, toi, t'as pas ta mère? Au téléphone, j'ai rêvé de ma soeur. On appelle tout de suite après, je décroche et je ne sais pas comment elle a fait pour m'avoir au téléphone parce que je m'imagine, moi, à sa place avec ma petite fille dans les bras. Vivante. Qu'est ce que je dis à ma sœur qui vient de perdre son bébé?

[00:40:33]

Elle n'a pas pensé à elle. Elle a pensé à moi, donc elle m'a appelé et elle a bien fait. Mais elle a bien fait. Je me suis dit Mais quel courage! Plus tu te dis que toi, tu devrais peut être. Ouais, c'est comment j'aurais réagi, moi, mais je pense qu'elle n'a même pas réfléchi. Elle n'a pas réfléchi. Mais par contre, elle m'a dit plus tard, bien plus tard, elle m'a dit C'est la première fois que je dis à ma fille je l'aimais.

[00:40:57]

Mais mon Dieu, s'il la perdait, quoi? Donc, vous arrivez à échanger quelques mots?

[00:41:03]

J'explique. Je me raccroche au fait d'expliquer en fait l'espèce de procédure qui va être mis en place. Du coup, ça, c'est comme si ça aidait à avoir une conversation. Oui, je me dis bon bah, au moins, si j'ai ça à dire, les gens se raccrochent à ça et sont pas perdus et sont pas sans quoi. Il va y avoir sa place. Oui, des faits, très exactement. Oui, ça m'aide beaucoup. Donc, c'est au tour de Julien de partir et de dire d'appeler sa mère tranquille et de lui dire oui.

[00:41:34]

Il revient et là, il me dit Bah voilà, je l'ai annoncé à ma mère. Il me raconte pas particulièrement ce qu'elle lui a dit, mais sa sœur l'appelle. Pendant que je suis allée avec lui et en fait, elle nous a expliqué plus tard. Mais c'est comme si elle elle avait appelé parce qu'elle comprenait pas être là. Mais comment ça? Le coeur a arrêté de battre et elle avait besoin qu'on lui dise c'est terminé. Elle est morte parce que.

[00:41:58]

C'est tellement impensable que on a besoin de mettre des mots clairs et heureusement que les médecins le disent clairement parce que sinon, c'est comme s'il y avait une bribe d'espoir. Il faut que ça soit clair que les mots soient dit couchés. Il n'y a pas de valeur, pas de malentendu, quoi. Est la soeur de Julien. Elle avait vécu toute cette grossesse au plus près de vous. C'est vrai, elle a dû avoir un moment de bug avec son petit garçon à la plage.

[00:42:31]

Vous étiez vu la veille? On est allés manger ensemble le midi.

[00:42:37]

Moi, je ne reviens pas et c'est ça aussi. Ça n'a pas de sens, en fait. Impensable, ça n'a pas de sens. Et ensuite, vient le moment où ça y est. La gynécologue rentre. Je ne connaissais pas et qui vient nous expliquer du coup tout ce qui va se passer. D'accord, ça paraît impensable, mais moi, je comprend vite. Ils ont l'habitude. C'est horrible, mais c'est rare. Mais c'est pas rarissime. OK.

[00:43:04]

Qu'est ce qui te fait penser ça? La façon dont elle s'exprime, elle est très professionnelle, elle est très claire dans ses propos, mais elle est quand même humaine et ça se voit. Elle a une distance avec ça, nécessaire évidemment dans ce métier, mais elle n'est pas surprise, comme si ça n'arrive jamais. D'accord. Donc, elle a un discours clair pour vous, Claire, qui vous fait comprendre quoi? Du coup, on va devoir procéder à un accouchement.

[00:43:32]

Je lui demande est ce que je peux faire une césarienne? Et elle me dit non. Elle m'explique pourquoi il y a deux raisons. En fait, il me semble qu'il y a deux raisons. La première, elle est vraiment médicale, c'est à dire qu'en fait, un utérus cicatriciel, c'est compliqué pour des eaux de grossesse. Donc, ils veulent préserver au maximum un utérus qui est sain et qui posera. Pas de problème pour les futurs bébés, surtout pour des mamans qui ont vécu ça.

[00:43:56]

Bien sûr, on évite ce genre de situations compliquées et la deuxième raison on préconise un accouchement par voie basse. Dans le cas d'une mort in utero, en sachant que ça, c'est pas les médecins qui me l'ont dit, c'est moi qui, par expérience, je pense que c'est important de passer par cette étape là. C'est pour tout le travail de deuil qui commence au moment où on met son enfant au monde par voie basse, parce que la césarienne a peut être un côté moins concret.

[00:44:33]

Aussi, peut être. Peut être. En plus, il y a plein de cas où même l'ordre d'une mort in utero, on ne peut pas parce que l'accouchement se passe pas bien, parce qu'on est obligé de partir en césarienne d'urgence ou parce que, comme dans toutes les autres grossesses, il peut y avoir nécessité, bien évidemment, de mettre son enfant au monde par césarienne. Mais dans le cas où c'est possible, c'est vraiment conseillé. Je n'ai pas babasse pour accoucher de son enfant de la meilleure façon possible et pour l'accueillir de la meilleure façon possible.

[00:45:04]

Est ce que à ce moment là se pose la question voir ton bébé? Est ce qu'on en parle? Alors c'est ce que j'ai trouvé, juste un peu particulier. On ne m'a pas du tout parlé de l'accueil de l'enfant. D'accord, on m'a parlé de choses très médicales. Vous allez avoir un déclenchement. On va vous donner un cachet qui va faire, m'assurait le col de l'utérus. Ensuite, vous allez rentrer chez vous. Et vous allez revenir pour un déclenchement le 18 août au matin, attend donc 2 jours après, oui.

[00:45:44]

Oui, je sais que ça, il y a plein de gens qui ont été très choqués par ça et surtout, ça ne se passe pas comme ça tous les protocoles. Moi, je parle du protocole qui est en place à la maternité de Bayonne en sachant que c'est propre à chaque maternité, bien sûr. Et puis j'aurais pu demander, mais je ne savais pas que je pouvais. J'aurais pu demander à rester sur place si je me sentais pas capable.

[00:46:06]

Par exemple, j'aurais sûrement pu, si je leur imposait leur dire je veux accoucher par césarienne. Si je leur imposait mon choix, je pense qu'il aurait entendu, mais juste leur protocole à eux. C'est ça? D'accord. Et dans tout ce qui est médical, on nous parle aussi de donner notre accord pour une autopsie.

[00:46:24]

Oui, donc, on nous dit que suite à une mort in utero, on peut rechercher les causes de la mort du bébé et le placenta. D'accord. Et bien évidemment, en faisant une batterie d'examens immense. Et ça, c'est pas obligatoire. Il faut que tu donnes ton accord sur l'autopsie. Oui, pour l'autopsie. Et alors, comment tu digère toutes ces infos là? Ce que tu arrives à accepter? L'idée d'accoucher par voie basse. En fait, je crois que la gauche accepte tout ce qu'on me dit.

[00:46:55]

D'accord, je suis d'accord, d'accord. Tu penses que naturellement, mon cerveau s'est mis en mode suiveur. Mais tout ce qu'on me dit, je le fais. Par contre, j'arrive à prendre aucune décision, sauf le fait de faire l'autopsie, de donner corps pour l'autopsie, par exemple. Pour moi, c'est évident parce que je veux savoir ce qui s'est passé. Je veux savoir comment un bébé en pleine santé meurt dans le ventre de sa maman à 9 mois de grossesse.

[00:47:16]

Oui, et puis tu t'en remettais entièrement complète au corps médical. Combien de masques tombent? On n'avait pas beaucoup de choix. C'est quelque chose qui est très, très, très rassurant. Moi, je trouve bien sûr d'avoir les médecins qui sont là, qui savent. Voilà, d'accord. Donc, on te donne un cachet et on te renvoie chez toi. On me donne un calmant. D'abord, on me donne un calmant. D'autre part, quand je vais rentrer chez moi et on me donne un cachet à prendre de suite pour commencer à faire mâtures école.

[00:47:46]

Et on me dit là, vous allez faire des examens sanguins et un examen gynécologique avant de rentrer chez vous. On me prend des litres et des litres de sang et examen gynécologique pour examiner le col, donc on me dit que j'ai déjà commencé à Dilatées parce que suis à 20 jours de mon terme, presque 3 semaines et on aura le bilan finalement de ça et de l'autopsie deux mois plus tard. Et c'est ça, donc ça, on y pense même plus d'accord.

[00:48:14]

Et ensuite, on rentre à la maison, d'accord. Et là, par contre, c'est vrai que. On commence à se dire que c'est Mikis, que c'est son prénom et que c'est celui là qu'on choisit quoi. Donc là, on fait le chemin. Retour de Bayonne à Hossegor. Je ne me rappelle pas, je me rappelle l'avoir fait, mais je ne me rappelle pas ce qu'il s'est passé et ensuite là, là, c'est l'horreur bis. On arrive à la maison et là, il y a le frère de Julien et la soeur de Julien, qui est la soeur du chien, a gentiment enlevé tous les petits habits qui étaient en train de sécher et mis à sécher dehors avec les petites chaussettes Struck.

[00:48:57]

Elle a soigneusement rangés. Ça, je m'en suis rendu compte tout de suite et elle se retourne et elle me voit. Je n'arrive même pas à imaginer ce que eux ont dû penser. En sachant qu'il allait devoir nous accueillir, on arrive avec mon gros ventre et moi je la vois et là je m'effondrer et ça me fait à chaque fois que j'ai revu quelqu'un. Pendant très longtemps, je crois que j'ai vu quelqu'un de nouveau pendant très longtemps, je m'effondrer à nouveau, comme si je revivait ce truc, comme si ils me voyaient comme il a perdu son bébé.

[00:49:32]

Et elle est là, devant moi, il faut que je lépaule quoi? Je me rappelle parfaitement et elle me l'a dit et m'a dit Le Christ a poussé à ce moment là, c'était. C'était inhumain, quoi! Et ensuite, il y a Alex qui descend le frère de Julien, et pareil, on se prend dans les bras. J'ai très peu de souvenirs de ça à la fois. J'imagine que c'était chouette qu'il soit là tous les deux, mais tellement.

[00:49:55]

Mais non, mais tu ne sais pas vous retrouver tout seul chez vous. Bien sûr, ce soir là, à Milan. Mais quel enfer! Mes parents m'avaient dit on arrive, on prend la voiture, on arrive. Les parents de Julien avaient dit On arrive, donc on n'est pas seul. Et à partir de ce moment là, je me rappelle très peu. Je me rappelle être allongé sur le canapé, dormir parce que j'avais des cachets pour faire des calmants pour essayer de penser.

[00:50:24]

Je pense. J'imagine que c'est ça. Et pour se détendre, ça marche très bien. Je me rappelle être complètement défoncé parce que je n'arrivais pas à rigoler en sachant que j'ai un lit. On a une capacité à rire de choses très graves. Dans beaucoup de situations, on arrive à dédramatiser parce que ça n'enlève pas le drame. Mais désamorcées. On a un humour noir, un peu de ma famille. Mais ça peut sauver aussi. Habituellement, dans ces moments là, nous a sauvé plus d'une fois.

[00:50:53]

Oui, ça permet de relâcher cette espèce de poids incommensurable. Vous êtes pris sur la tête. Donc, la soirée se passe. Les parents de Julien arrivent le soir même, le soir même. D'accord, je ne me rappelle pas. Je me rappelle juste un peu que la mère de Julien descend, qu'elle me voit, que je pleure et elle me dit A le droit de pleurer. Tu peux pleurer tout ce que t'as, elle. Elle est en larmes.

[00:51:20]

Pour nos familles, ça a été vraiment. Ça a été vraiment horrible. Contrairement à certains témoignages que j'ai écouté et que j'ai lu. Même des parents arrivent à dire à leurs enfants. Ah bon, ça va? Tu n'as pas connu? Tu attends te remettre quoi? T'en fera d'autres? Pas du tout. C'était. Ils ont pris en plein carreira. Très, très difficile pour eux. Et donc là, j'ai senti le désespoir de la mère de Julien.

[00:51:51]

Je me rappelle juste du père de Julien, qui est un peu derrière, peut être qui me regarde avec. Comme si je portais le poids du monde sur moi et c'est sûrement ce que j'avais comme très physique à ce moment là et je dors, je suis épuisé. Les calmants doivent faire de l'effet. Mais il arrive que le lendemain matin, parce que je leur ai expliqué que finalement, je serais admis à l'hôpital, que le 17 au soir, ils peuvent prendre la route le lendemain matin, sont obligés de faire la route la nuit, bien sûr.

[00:52:23]

Et du coup, il me semble que c'est soit le 16 au soir. Sur le 17 au soir. Il y a Alex Quila, le frère de Julien en vacances. Comme je l'ai dit à sa femme, j'arrive. Et c'est pareil. Fait comme avec Lucille quand elle m'a accueilli, c'est l'effondrement le plus total, quoi. Et donc la nuit se passe. Et alors? Le lendemain, on est le 17. Le jour se lève malgré tout.

[00:52:47]

Comment?

[00:52:48]

Comment tu te réveilles? Ce réveil là et tous les autres pendant très longtemps, ont été terribles. C'est le matin, au réveil, que c'était le pire. En fait, on ouvre les yeux sur la réalité. Moi, je n'avais qu'une envie, c'est ça. Ça a duré très longtemps que de dormir tout le temps et que les jours passent parce que je voyais pas d'intérêt à être là. C'est pas du tout que j'avais envie de mourir. Pas du tout, mais juste.

[00:53:19]

Je ne voyais pas d'intérêt à vivre cette vie là. C'est un fardeau. C'est vraiment un fardeau qui revient quoi? Mais en fait, je suis vraiment en train de vivre ça et on se le dit tous les jours pendant longtemps. Enfin, moi, ça m'a paru être une éternité. Je ne me le dit plus aujourd'hui. Je tiens à préciser deux ans que je ne me liddy plus.

[00:53:42]

Entre temps, dans la journée du 17, mes parents, il arrive donc comme on imagine à chaque fois que j'ai vu quelqu'un, c'était l'effondrement le plus total. Et puis bon, là, c'était parents. Les parents, eux, viennent trois mois avant d'accueillir leur première petite fille. On est quand même sur un contexte un peu particulier.

[00:53:59]

Webdoc Tout le tout le clan. Et ouais, on est là, réunis. Ouais, c'était bien fait les avoir autour de vous parce que vous auriez pu vous sentir agressé. Ça, j'ai pu le sentir après, mais pas là où il y aurait pu avoir des mots ou des tournures. Bien sûr, la balle est lancée. Et là, on sent qu'il y avait beaucoup de beaucoup de respect et beaucoup de respect. Enfin, tel que tu racontes.

[00:54:25]

Là, on sent que vous étiez connectés. Quoi? Embêtants. Tout le monde était là pour. Pour nous aider, nous. Et pourtant, je pense aussi à accueillir la petite fille qu'arriver. Et c'est exactement ce qui s'est passé finalement. En fait, comme ça peut arriver lors d'un accouchement heureux où toute la famille se réunit. J'ai déjà entendu ça pour accueillir l'enfant qui arrive. C'est un peu la même chose, sauf que la fin n'était pas la même.

[00:54:52]

Mais c'est ça qui s'est passé.

[00:54:55]

Et donc, c'est à ce moment là que vous décidez de leur annoncer le prénom. Mais qu'est ce que ça vous fait de la nommer, cette petite fille? Ça change quand même beaucoup de choses. Pendant ces deux jours où on a attendu qu'elle naisse, j'avais du mal à garder mon ventre. Je me tenais en arrière avec le ventre un peu rentré parce que je ne voulais pas qu'elle soit là, à l'intérieur de moi. Fait, c'est compliqué. C'est très difficile de porter la mort à l'intérieur de soi.

[00:55:23]

Tu voulais faire disparaître exactement ce que je voulais voir disparaître. Je voulais qu'on soit séparé. Je vais changer d'avis. Pendant l'accouchement. Mais à ce moment là, oui et je pense. Le fait de la nommer, tout ça et maintenant, je le sais, sont des étapes qui font que maintenant, je suis en paix avec ce que je ressens pour ma fille. Et donc, le soir, vous êtes attendus en fin de journée. Vers 18 heures, j'appelle d'abord avant parce que j'ai un petit peu.

[00:55:53]

Et quand j'ai les urgences maternité au téléphone, ils savent qui je suis en mon nom et c'est juste qu'en fait, vous devez sûrement être en train de perdre le bouchon muqueux. Et c'est le début du travail qui va petit à petit commencer. Mais je n'ai pas, je n'ai pas de contractions. Voilà, je me dis bon, ok. De toute façon, je vais y aller et j'y vais. Et c'est à ce moment là. On m'installe dans une chambre et je comprends que je serait déclenchée le matin.

[00:56:21]

Et du coup, je leur dis mais j'ai pas envie d'être là. Du coup, j'ai envie d'être avec ma famille. Moi, j'ai pas envie d'être à l'hôpital et du coup, ils m'ont dit Ah, mais il n'y a pas de souci. Vous pouvez rentrer et revenir demain matin. Génial! Du coup, on est rerentrer. D'accord, à la maison, on est parti le 18 du matin. On m'avait juste dit préparer des petits habits si vous avez envie pour votre petite fille et juste un sac pour vous.

[00:56:48]

Post accouchement, bien sûr. Donc ça, ça voulait dire que tu allais la voir. Le fait de prévoir les petits vêtements, et ça, du coup, tu étais faite à l'idée aussi. Bah, en fait, je crois que ça, on s'est jamais posé la question. C'était vous vouliez la loi? Je voyais même pas comment c'était possible de pas avoir envie. Mais je comprends qu'on puisse ne pas pouvoir. Il y a des choses que je n'ai pas pu faire que d'autres mamans.

[00:57:14]

Donc, je comprends très bien qu'on ne soit pas en capacité de voir son enfant à ce moment là. Moi, ça ne m'a pas traversé l'esprit une seule seconde. J'ai choisi les plus jolis habits que j'avais acheté pour elle. On est arrivé et du coup, urgence maternité accompagnée. Il me semble de mes parents. D'accord, t'étais dans le service maternité. On est directement admis dans la salle de naissance. D'accord. Et là, on m'explique. Du coup, ce qui va se passer, je le répète, c'est le protocole qui se passe à l'hôpital de Bayonne.

[00:57:46]

Et alors, c'est quoi leur protocole qui pose la péridurale avant même de procéder au déclenchement? D'accord pour ressentir aucune douleur. J'ai trouvé très judicieux, en tout cas pour moi, la survenue parfaitement. Évidemment, j'ai été accueilli par une sage femme qui s'appelle Alice et qui m'a suivi tout le long et qui a été là, à Toulon. J'étais mon interlocutrice principale et avec qui le feeling est bien passé.

[00:58:14]

Bravo Alice pour ce travail. Est ce que ça doit être?

[00:58:19]

Ça doit être très, très difficile d'accueillir des parents et de jongler entre la naissance de bébé vivant et la naissance d'un bébé mort et de changer de visage à chaque fois qu'on change de salle. C'est ce qui va se passer. Oui, c'est bien de le mentionner. C'est vrai qu'elles font un boulot émotionnellement, psychologiquement compliqué. D'accord.

[00:58:42]

Et donc là, après, j'ai un monitoring qui est posé, mais juste pour mon coeur à moi, puisque évidemment, il n'y a pas le du pour les contractions, oui.

[00:58:53]

Et ensuite, Alice nous explique elle va venir percer la poche des eaux pour accélérer le travail.

[00:59:02]

Donc, du coup, les deux étapes qui arrivent et me mettent une perfusion avec un produit qui va procéder au déclenchement. Et ensuite, elle me perce la poche des eaux avec un grand truc comme une grande aiguille. Voilà, exactement, ça ne fait pas mal du tout. Et puis, en plus, j'ai une péridurale. Donc de toute façon, je sent très peu et là, je sors un liquide qui s'écoule. Et là, elle me dit Voilà à partir.

[00:59:26]

À ce moment là, on a plus qu'à attendre que les contractions, que les contractions fassent effet, que le col, ce que le col se dilate. OK, et alors? Vous allez attendre combien de temps avant? Dilatations complet? Je serais dilatée une plante à 16 heures. Il me semble quelque chose comme ça. Je pense qu'il ne lésine pas sur la dose de la péridurale.

[00:59:48]

J'étais quand même bien shooté, même si je pouvais bouger mes jambes un peu. En fait, je veux tellement pas que ça s'arrête parce que moi, pour le coup, là, je suis dans une salle de naissance et j'attends patiemment la venue de mon bébé. Et j'ai l'impression d'être comme tout le monde. Je me dis Ah, mais en fait, si j'avais une péridurale, ça se serait passé exactement comme ça. Et c'est ce que dit Julien, la sage femme.

[01:00:14]

Elle lui dit mais du coup, ça se passe comme ça quand on a son bébé. Normal, il était là bas une fois que la péridurale est posée, oui, c'est aussi calme et tout va mieux en général. Donc vous faites oui comme toutes les autres mamans, donc moi je me sentais.

[01:00:28]

Je me sentais super légitime d'être là et j'avais pas du tout envie que ça s'arrête parce que je savais que ça allait s'arrêter entre elle et moi physiquement quand elle allait sortir.

[01:00:43]

Donc, tu voulais prolonger au maximum ce moment là qui, effectivement, te faisait te sentir comme toutes les autres femmes, dans la salle à côté. Cette journée était très belle, je tiens à le dire. C'est une très belle journée. En tout cas, c'est le souvenir que j'en ai. Peut être pas les gens qui m'ont accompagné, mais moi, là, en train d'accueillir mon enfant. Ce moment extraordinaire d'attendre la venue, c'était très beau. On a pu discuter avec Alice, la sage femme.

[01:01:12]

Elle, elle nous a un peu aiguillé. Assez peu, je trouve, mais elle nous a quand même un peu Yui sur comment on pouvait ou on voulait accueillir notre enfant si on voulait la voir, si on voulait l'habiller, si on voulait la prendre. C'est pour ça que je parle beaucoup aussi du deuil périnatal. C'est qu'il y a plein de choses que je regrette et j'aimerais faire en sorte que les parents puissent regretter le moins possible. Déjà qu'on a peu de temps, je voudrais que les gens puissent avoir tous ces conseils pour se dire OK.

[01:01:40]

J'ai fait mon maximum et je savais quelles possibilités j'avais pour l'accueil de mon enfant. Parce que d'après toi, qu'est ce qu'elle a manqué de te dire? De me rabâcher que je pouvais prendre mon enfant sur moi, que je pouvais ouvrir son body, la toucher, la caresser et que je pouvais si j'avais envie, je pouvais rester des heures avec elle. En fait, je ne savais pas. Alors peut être, même si on me l'avait dit, je l'aurais pas fait.

[01:02:05]

Ouais, mais. Je pense que plus on rabâchés, plus ça rentre dans l'esprit des parents qui sont complètement déboussolés, sidérés. Je trouve ça important de le répéter parce que moi, j'oublie d'ailleurs. Depuis, j'oublie tout. Mais la mémoire est très impactée. Dans ces cas là, on se souvient très peu. On ne peut pas prendre de décision. Le fait de répéter les mêmes choses, tout ça, c'est très important. Et alors, qu'est ce qu'elle te dit à ce moment là, justement?

[01:02:31]

Donc là, elle nous demande en fait si c'est bien. Elle nous demande ce qu'on a envie de faire pour l'accueil de Mikis. Donc, si on a envie de l'avoir ou pas, on dit oui, on dit qu'on a préparé des affaires, on se concerte avec Julien, on dit qu'on veut l'avoir. Une fois qu'ils l'auront préparé, d'accord, habillé et lavé. Et on demande parce que moi, j'ai très peur de la rencontrer. Parce que j'ai peur.

[01:02:57]

À quoi elle va ressembler? Parce que j'ai peur de la mort. J'ai peur de ce que ça fait. Un bébé mort dans un ventre pendant 24 heures, 48 heures. Même si elle n'est pas morte depuis longtemps, on sait qu'une fois qu'on meurt, tout se met en place pour que le corps se désagrège. Donc voilà, j'avais très peur de ce à quoi leur ressembler. Donc, on lui a demandé une fois qu'elle serait là, de prendre, de la nettoyer, de venir nous la décrire et ensuite de nous l'amener d'accord dans un berceau, OK.

[01:03:28]

Et avec Julien, comment ça se passe cette journée? Parce que finalement, vous avez passé la journée dans cette chambre, dans cette salle d'accouchement. Il me semble que j'ai quand même. J'étais épuisé, donc j'ai quand même dormi plus la péridurale, tout ça. J'ai quand même pas mal dormi. Et il y avait nos familles dans l'enceinte des urgences maternité dans la salle d'attente qui se relayaient et qui parfois venaient nous voir, qui pouvaient venir dans la salle d'accouchement.

[01:03:58]

Génial! Julien n'était pas la seule chevreuils et il faisait du coup des allers retours en expliquant tous les toutes les étapes. C'est bien ça, oui. Je ne me rappelle pas beaucoup des échanges qu'on a pu avoir avec Julien. C'est hyper flou. Pour moi, cette journée, j'avoue que j'ai pensé que je pensais qu'à moi et à quoi. Mais je me rappelle qu'il était toujours là, à côté de moi était très fragile. Mais pendant tous ces moments là, il a été d'une force incroyable.

[01:04:26]

Il a tout porté sur ses épaules pendant un moment. Donc, au bout d'un moment, ton corps a été complètement dilatées. C'est ça et ça a été le moment de pousser. Il est venue me voir en me disant que j'étais dilaté à 9 et qu'on allait attendre qu'elle descende un petit peu dans mon bassin pour pouvoir pousser. Et donc là, moi, je me suis un peu effondré parce que j'étais là. Ça y est, c'est la fin.

[01:04:53]

Elle m'a rassurée et il me semble qu'elle vous a dit quelque chose comme Mika a de la chance d'avoir des parents aussi courageux. Elle prononce déjà le prononcé, son prénom. Cet accueil là a tout changé. Cette bienveillance a été merveilleuse et a dû donner de la force à ce moment là. Et du coup, c'était beau et il est venu le moment où elle voyait que ça n'allait pas plus que ça dans le bassin. Donc, on va essayer de pousser pour voir.

[01:05:21]

On m'a mis dans la position avec les pieds sur les striées et il me semble que c'était pas terrible.

[01:05:27]

Je ne pas très bien poussé une dose de cheval, voilà, c'est compliqué. Je sentais même pas les contractions. C'était c'était un peu flou, mais en même temps, du coup, j'avais pas mal du tout. J'étais quand même préservé et Julien est à côté de moi. Il me soulever la tête pour pousser tout ça. En fait, au bout de 20 minutes où je poussais et voyais que ça fonctionnait, mais pas sur un truc qui allait très vite.

[01:05:53]

Alors ça pose beaucoup moins de problèmes quand le bébé. C'est triste à dire, mais avec des adécidé parce que du coup, on n'a pas peur que le coeur est un problème ou que le cœur ralentisse. Bien sûr. Mais même pour la maman, au bout d'un moment, il ne faut pas que le bébé reste dans le passage non plus ad vitam eternam. Donc, du coup, il y a une sage femme qui est venue nous aider pour juste appuyer très tendrement, très doucement, sur mon ventre.

[01:06:19]

Je pense la faire descendre un petit peu. Et elle était hyper encourageante. Elle me disait que je fais des super travail. Elles ne font pas ce métier pour rien. C'est incroyable. Et en fait, à un moment, elle me dit Arrêtez de pousser parce que la tête est là et elle me dit pousser une dernière fois et je sens le corps se dérober pour le coup. Le corps se dérober à l'intérieur de moi et sortir. Et là, je me rappelle pas.

[01:06:50]

Je ne me rappelle pas quelles réactions j'ai eue. Je ne me rappelle pas comment ça s'est passé. Je me rappelle juste la Varsity et la sage femme Alice va partir avec elle. Ouais, mais c'est tout. D'accord, je pense que c'est tellement traumatique, bien sûr. Et alors, est ce que tu te souviens du moment où on l'a ramené? Ouais, ouais. Ouais, je me souviens quand elle est venue d'abord nous voir pour nous expliquer comment elle était parce qu'on lui avait demandé d'abord et oui, on veut savoir comment elle est physiquement.

[01:07:19]

Oui, parce qu'elle est abimée. Est ce qu'elle a des séquelles? Je ne sais pas. Et elle nous a dit qu'elle était très belle. Et elle nous a expliqué du coup ce qu'on pouvait voir physiquement qui pourrait nous choquer. Elle nous a dit déjà que c'est un nouveau né. De toute façon, on est quand même sur un aspect physique un peu particulier, macéré pendant neuf mois.

[01:07:39]

Et en plus, le passage par le bassin et le vagin l'a vraiment fait. Ils ont une tête un peu écrabouillé. Il ne faut pas être surpris déjà de ça. Et ensuite, elle nous a dit qu'elle avait. Elle était un peu rouge et qu'elle était abîmée au niveau de la main. C'est la peau qui pèle un peu, en fait, qu'elle avait une blessure un peu sur le ventre. Mais tout ça est lié au fait qu'elle soit décédée, en fait dans le ventre.

[01:08:07]

Ce n'est pas du tout une maladie ou les séquelles du décès in utero. Et ensuite, on nous a laissé quelques minutes et elle est venue la porter dans le berceau.

[01:08:21]

Habillé dans son berceau, son petit berceau avec le petit body blanc et rose que j'avais choisi très, très beau, et là, avec notre enfant Mikis, avec ma première petite fille, ça ne fait pas. Évidemment, ça ne s'est pas passé comme j'avais imaginé, mais en plus, en la voyant arriver, j'ai été choqué.

[01:08:49]

J'ai été choqué parce par un bébé, Marie. C'est complètement inerte dans le sens où. En fait, on sait qu'il n'y a plus rien. On ne voit pas la note BB, c'est une enveloppe. Moi, j'ai trouvé que c'était une enveloppe physique et que je voyais que tout avait disparu. Tout ce qu'elle contenait avait disparu déjà. Pourtant, elle n'était pas particulièrement abîmée. Mais elle avait les lèvres, par exemple, qui était très foncée. Elle avait le bout des ongles, qui était très foncé aussi.

[01:09:19]

Ça, c'est pareil. Ce sont des choses qu'on retrouve dans tous les bébés qui sont morts in utero. La couleur de sa peau et la couleur de sa peau était assez rouge à certains endroits. J'ai mis du temps avant de réussir à voir ce qu'elle aurait été si elle avait été vivante. Mais la sachant nous a accompagnés. Elle nous a dit Et si c'est elle qui a réussi à nous faire un peu le lien avec elle, avec Mikis, elle nous a dit Oh, mais il me semblerait pas que elle a la bouche de sa maman.

[01:09:52]

Et là, d'un coup, j'arrivais à voir ma fille, ce que je pouvais avoir comme ressemblance avec elle. Effectivement, elle avait le nez, Julien, et elle avait ma bouche. Elle avait des grands doigts, comme dans ma famille. Et là, j'ai commencé à petit à petit apprivoiser ma ma petite fille. Tous les deux, avec Julie, on a commencé à la toucher. Au départ, j'étais dans l'incapacité de la toucher. C'était moi. J'ai eu très, très peur de ça.

[01:10:19]

J'avais peur de la casser. Je ne sais pas pourquoi. C'est en la touchant que j'ai compris. Je me suis dit OK, j'ai compris tout ce que j'ai perdu là. Je n'ai jamais touché quelque chose aussi doux qu'elle l'a vraiment. Samah Ça, ça m'a un peu transpercé. C'était très difficile, mais j'ai pas. J'ai pas pleuré. Je ne me souviens pas avoir beaucoup pleuré en la regardant, la voyant. Tout ça. On était beaucoup, un peu sur le choc de la rencontre, de la sidération.

[01:10:49]

Et puis déjà, quand c'est un enfant vivant, il me semble qu'il y a beaucoup de mamans qui mettent du temps à voir ce lien qui se crée, humant absolument donc avec un enfant qui est décédé. Il me semble parfois encore un peu plus compliqué. En tout cas, pour moi, ça l'a été. Et là, tu réalises, tu réalises que c'est elle qui sait que c'est votre fille? Oui, et je soulève un peu son bonnet.

[01:11:14]

Elle a les cheveux brun comme Julie et moi. Elle ne pouvait pas être blonde, c'est sûr. Vous voyez ses bras. Ces gens là, sachem, elle ouvre le body pour qu'on voit ses pieds très grands pieds? Pas du tout. Elle est beaucoup trop grande et elle est parfaite dans le sens où elle fait une taille parfaite. Elle fait un poids qui me semble parfait, mais pendant tout ce temps où elle est avec nous, on lui parle.

[01:11:41]

On l'embrasse, on la touche, mais avec beaucoup de délicatesse et de distance, comme si elle était précieuse, comme si Jean-Julien. Des fois, il touche un peu sa tête pour essayer de la remettre un peu droite pour qu'elle ait l'air moins décédée. Ce qui, évidemment, n'arrive pas à faire puisque elle est morte et rien la ramènera.

[01:12:00]

Mais tout est très délicat. Moi, je reste à exciser que j'ai eu très peur. J'ai eu très, très peur de la mort et je n'ai pas réussi à la prendre dans mes bras.

[01:12:10]

Et ça a été, et ça reste, un des plus grands regrets de notre histoire à tous les deux, d'accord. Et Julien, lui, y arrive ou pas? Non, non, mais en fait la laisser dans son air, qu'on la laisse dans son berceau. Julien, lui, large part. Par contre, elle a touché plus que moi, mais c'est moi qui lui dit attention dans la touche, pas trop fait attention, pas trop ça.

[01:12:31]

Et tout, parce que je ne sais pas, je bosse. Ça ne s'explique pas vraiment. On fait, on fait comme on peut, en fait, avec les capacités qu'on a à ce moment là. Il assure surtout que là, le berceau de la maternité, c'est un cercueil, en fait. Oui, tu vois, je comprends aussi que tu que t'es eu peur de sortir de cette boîte. Oui, côté aussi, je ne sais pas.

[01:12:57]

Ça me vient comme ça. Non, mais c'est vrai, j'essaye d'imaginer la scène. J'imagine que si la sage femme est arrivée avec elle dans les bras, par exemple, ça aurait été très différent. Mais c'est moi qui lui ai dit parce que j'avais peur de la voir arriver et qu'elle me la pose dierick dessus et que je ne sois pas en capacité de l'accueillir. Et c'est ça que je dis, que je pense qu'il y a encore peut être du travail à faire à ce niveau là pour l'accompagnement et expliquer aux parents qu'ils ont du temps qui peuvent rester avec leurs enfants et qu'on peut revenir sur les décisions qu'on a prises et qu'on peut prendre son enfant dans les bras, même une heure plus tard, si on a envie.

[01:13:30]

L'enfant est déjà mort. Donc le temps est pas compté. Enfin, pas trop. Et en plus, il nous reste énormément de temps. Donc, c'est juste que moi, je ne savais pas. Bien sûr. OK, et alors là, vous restez deux heures dans sa wel de naissance et les 16h28 quand elle naît. Et on reste quelques heures, peut être une heure, deux heures avec elle. J'ai perdu toute notion du temps à ce moment là.

[01:13:57]

Et alors? Ensuite, on t'emmène dans une chambre de la maternité. C'est quoi le protocole qu'ils l'emmènent ailleurs, j'imagine. En fait, pendant que j'attendais d'accoucher, il y a la personne qui s'occupe de la chambre mortuaire à l'hôpital et je me rappelle que ce mec est arrivé. Et quand il avait mon âge et que je regarde ses chaussures, qu'il a des 25 et que je me dis à mes souliers.

[01:14:24]

Enfin, c'est un mec comme moi. Donc il va me parler normalement. Et il s'appelle Aurélien. Il a été merveilleux, ne change jamais de métier.

[01:14:33]

Ce fut très touchant. C'est pourquoi il a été d'une d'une bienveillance. Il avait le sourire. Il était lumineux alors qu'il ne fait que ça de la journée s'occuper des gens qui sont morts. Ça se voyait qu'il allait prendre soin de notre enfant, qu'il a considéré comme un humain, alors que je rappelle que c'était quand même pas le cas il y a encore pas si longtemps.

[01:14:52]

Pour les bébés qui étaient morts in utero, nous a expliqué qu'en fait, une fois qu'elle serait décédée, elle serait emmener et qu'elle allait rester dans la chambre mortuaire pendant quelques jours avant d'être amenée à l'autopsie et que pendant ces quelques jours, notre famille pouvait aller la voir. Une aussi, bien évidemment. D'accord, là, dans cette chambre, toi de la maternité, t'es toute seule. Non, y'a Julien qui est là. Il y a un lit y un lit où Julien peut dormir avec toi.

[01:15:20]

Ah génial! J'ai un lit ou un peut dormir avec moi et en fait, on nous laisse faire un peu ce qu'on veut. Donc, du coup, il y a toute la famille qui débarque et du coup, on se retrouve à commander des pizzas et à manger tous ensemble dans cette mini chambre.

[01:15:36]

Avant ça et là, c'est vrai que Lucie, la sœur de Julien, m'explique que quand elle me voit, j'ai l'air un peu béat, comme si j'étais encore shooté de tout ce que je venais de vivre. Et là, j'avais presque le visage d'une maman qui avait accouché de son enfant et que c'était beau. Et elle m'a dit Ça, tu l'as eu que? Quand je t'ai vu ce jour là, elle m'a dit le lendemain, quand je suis revenu, ça avait complètement disparu et était reparti.

[01:16:04]

Je ne sais où, mais t'étais reparti loin. Mais c'est fou ce que tu dis. Parce que, justement, c'était un post accouchement qu'ont les mamans, cette espèce de Gawlo de la jeune maman. Finalement, il est raccord avec l'état dans lequel tu étais, toi, au moment d'accoucher. Comme si le corps d'une femme qui accouche est conditionné à un truc d'automatisme. On oublie tout le reste. Et peu importe, oui, que le bébé soit vivant ou pas, ce qu'on a vécu est pareil et notre corps réagit de la même façon et on est dans le même état.

[01:16:41]

Enfin, un petit peu, en tout cas. Et moi, j'étais, je pense, un peu euphorique. Je savais ce qui se passait, je n'avais pas oublié, mais quand même, il y avait ce truc incroyable de me dire J'ai accouché de ma petite fille.

[01:16:55]

Quoi donc? Une soirée improbable, improbable, à base de pizzas? Oui, j'avais envie de pizza pendant neuf mois. Je n'allais pas m'arrêter maintenant, bien sûr. Et comment se sont passés les jours d'après?

[01:17:10]

Mes parents ne voulaient pas voir Mikis. D'accord. Par pudeur, je pense beaucoup. Par peur aussi. Parce que amorçaient jamais quelque chose qu'on fait par gaieté de coeur. Et encore moins un bébé. Et par contre, coup, les parents de Julien sont venus. La soeur de Julien est venue, le frère de Julie, émue pour voir un Amity pour voir Mikis. Et il y avait aussi mon neveu, le petit Oscar Oscar de 7 ans à l'époque, qui n'avait pas stain.

[01:17:42]

Il avait 5 et y'avait Lisa, ma belle soeur. Mais du coup, Oscar, elle était là parce que il avait insisté pour venir. On a pas voulu qu'ils voient Mikis parce qu'on a eu peur que ça soit trop dur pour lui et après avoir lu beaucoup de choses, je me rends compte que les enfants peuvent très bien accueillir ce genre de vision, que c'est pas traumatisant pour un enfant de 5 ans de 5 ans. Surtout quand c'est partagé avec la famille et que c'est un moment qui peut être très beau.

[01:18:14]

Donc, c'est pas la peine de l'empêcher s'il a très envie de le voir. Il n'y a pas de souci, surtout que lui l'avait verbalisé. Donc, on l'a laissé voir derrière une fenêtre un peu loin et il a dit Bah, tu vois. Elle est normale pour lui.

[01:18:30]

C'est ça, lui a 5 ans, il voit un bébé dans un petit berceau. N'y a pas autre chose qui se trame derrière quoi? Et elle avait lapparent. Et elle a bel et bien un bébé. Tout à fait normal, à terme, à terme. Donc, les parents de Julien, avant la voir et merci la mère de Julien, pensent à prendre une photo. Ce que vous n'aviez pas fait jusqu'à présent, alors que j'ai su par la suite qu'il y avait une association qui existait pour accompagner les parents, notamment lors d'un accouchement, pour prendre des photos de type professionnel, pour témoigner justement de tout ce qui se passait pendant l'accouchement et d'avoir des photos du bébé et pas des photos floues d'un téléphone portable de qualité médiocre.

[01:19:19]

D'accord, donc, nous, on a quand même eu les photos de la mère de la mère de Julien, qui a eu la présence d'esprit de prendre une photo de sa main et de elle en entier.

[01:19:31]

Et Alex et Lisa, donc, le frère de Julien et sa conjointe lui ont laissé une lettre à Mikis dans son berceau. Moi, j'avais laissé le doudou qui m'avait donné ma mère pour elle et avait le langes qu'une amie m'avait donné, car utilisé était utilisé par ses enfants. Je lui avais mis son plus beau pyjama et elle était dans ce petit berceau.

[01:19:51]

Voilà, j'avais très peur que la rencontre, parce que elle avait quand même un aspect physique particulier à un bébé mort. Ça reste un bébé mort, donc. En fait, ils sont tous ressortis en me disant elle est trop belle.

[01:20:04]

Et ils étaient en larmes, bien évidemment. Mais tout le monde nous a félicités presque un peu.

[01:20:10]

Et du coup, ça, ça aidait un peu. Ça fait du oui, ça nous a fait beaucoup de bien. Et alors? Qu'est ce qui était prévu pour la suite? Parce que quand on accouche d'un enfant mort, il faut penser à ses funérailles, j'imagine. Qu'est ce qui est prévu? Est ce qu'on se pose la question de ce qu'on l'enterre? Est ce qu'on choisit l'incinération? l'Hôpital explique avant de sortir. Voilà plusieurs possibilités qui s'offrent à nous.

[01:20:39]

Donc il nous explique qu'il va partir à l'autopsie à Bordeaux, à l'autopsie avant bien sûr, et qu'ensuite elle reviendra au corps.

[01:20:47]

Et qu'à ce moment là, on pourra décider soit que la crémation soit organisée par l'hôpital et que les cendres soient dispersées dans ce qu'on appelle le jardin du souvenir. C'est Desjardin où on dépose les cendres au sein des cimetières. Ou alors on peut organiser un enterrement ou une crémation nous mêmes, d'accord. Et à ce moment là, on n'arrive pas à décider de savoir si on fait un enterrement ou une crémation. Mais par contre, on sait qu'on ne veut pas que ce soit l'hôpital qui s'en charge.

[01:21:16]

Oui, de toute façon, vous voulez gérer vous même? Ouais, ok, ça. On a du être aiguillé un peu par nos familles parce que moi, je n'avais aucune idée de savoir si je voulais un enterrement, une crémation. En fait, je n'avais pas envie de me poser. Je n'avais pas envie de me poser ces questions là. Donc, en fait, je devrais être en train d'allaiter mon bébé et là, je décide si je veux avoir une urne ou un cercueil.

[01:21:35]

Bref, on décide de faire une création. Donc, une fois que. Les revenus de l'autopsie? On nous appelle en me disant voilà qui revenu de l'autopsie. Et vous pouvez contacter le funérarium et eux se chargeront de tout le reste. On se retrouve à devoir aller au funérarium et de décider de choses horribles. Maman, je n'arrive pas à parler de façon.

[01:22:01]

Dès que j'en parle, je me mets à pleurer, donc je ne parle pas. On décide de choisir pour Herne une petite boîte que j'avais ramenée à Julien au tout début quand on sortait ensemble, mais que je rêvais d'Andalousie. En fait, le jour de la crémation, on va à Dax, ça se passe à Dax, on se retrouve avec mes parents. Oui, c'est une vraie Sérésienne, une vraie cérémonie à la même le même clan que dès le début.

[01:22:30]

C'est vrai que tout au début, on arrive dans le funérarium et là, je m'effondrer fête après l'annonce du cœur qui s'est arrêté. Je crois que c'est le pire moment de ma vie. En fait, tout mon corps. Je ne sais pas pourquoi. A ce moment là, Particulèrement met tout mon corps se met à trembler. En fait, je fais une espèce de crise de panique. Je lui fais respirer, je suffoque et on est sur le parking.

[01:22:53]

Et tout le monde se met autour de moi et essaye de me apaiser comme je veux. En fait, c'est juste que je suis en train de me rendre compte que je vais incinérer mon bébé. Donc cela mille ans et je me le formule pas dans ma tête comme ça, mais je pense que c'est ce qui s'est passé.

[01:23:09]

Physiquement, le corps d'une maman n'est pas préparé à incinérer. C'est le corps de son bébé qu'elle n'a même pas eu le temps de voir ouvrir les yeux. Et du coup, j'arrive à me apaiser. On rentre à l'intérieur. Il nous explique qu'on va avoir un temps autour du cercueil et qu'ensuite il procédera à la crémation et qu'on pourra revenir chercher les cendres une heure ou deux heures plus tard. Et donc là, on se retrouve dans une petite salle et on découvre le cercueil de Miki.

[01:23:38]

Ouvert ou fermé, fermés, OK. Est ce que ta soeur est là? Non, ma soeur n'est pas descendue et mon frère est pas descendu.

[01:23:46]

D'accord, on se retrouve autour de ce petit cercueil tout petit, tout blanc, et on a des crayons mis à notre disposition. Et du coup, on écrit des mots dessus sur le bois, sur le bois. Ouais, c'est un petit bois blanc. Du coup, on écrit des mots, mais tout le monde lui écrit des jolis mots. Et voilà. Et à un moment arrive le monsieur qui s'occupe de ça, qui me dit c'est le moment.

[01:24:09]

Parce il y a quand même un timing. Ils peuvent pas nous laisser là vitam aeternam. Donc ils nous demandent de partir et là, là, c'est terminé. On repart en voiture et voilà. Et mes parents vont chercher les cendres, peut être 2 ans plus tard. Voilà et vous restez tous ensemble le soir, en l'après midi même. On va disperser les cendres dans un endroit qu'on a choisi dans une plage un peu discrète, un peu un peu excentré.

[01:24:42]

FinCEN, une plage où on marche pendant 20 minutes avant d'accéder à la plage à Seignosse, et on disperse les cendres sur la plage de Fatima. On plante une plaque avec son nom qui avait été donné par le funérarium avec des fleurs. Et tout ça. Lucie, la soeur de Julien, lit une lettre.

[01:25:01]

OK, ça, c'est votre petite cérémonie dans la nature et dans cet endroit, vous choisissez. Ouais, c'était assez beau et c'est un beau moment et c'est un joli moment. Et alors? J'imagine qu'au bout de quelque temps, tout le monde a dû reprendre sa vie. Oui. Comment vous êtes vous retrouvé avec Julien? Bon, vous êtes jamais vraiment tout seul, puisqu'en fait, sa soeur est là. Ouais, mais entre vous, comment? Comment se passe l'après?

[01:25:35]

Au départ, on est soudés comme jamais, mais je ne peux pas me détacher de lui de plus de trois mètres, je pense. Elle est mon pilier, il est ma force. Sans lui, micro le gars et je me dis je ne pouvais pas choisir mieux que lui. Je me dis que déjà, c'est bon signe.

[01:25:52]

Absolument. Donc vraiment, je l'ai trouvé merveilleux. Donc, on est très, très soudés. On est une personne, en fait. Il me semble que ça arrive très souvent juste après. Au départ, les gens sont très, très soudés dans le couple et les difficultés que peut rencontrer le couple peuvent arriver plus tard. Justement, qu'est ce qui a été le plus difficile? Après?

[01:26:20]

Après, c'est tous les jours se lever le matin sur la vie qu'on n'avait pas choisis et sur le fait qu'en fait, on doit continuer et réinvestir la vie qu'on ne devait pas avoir et donner un sens à ce qu'il n'y en a plus du tout. Un ami me l'a dit et il m'a dit En fait, tout devait changer.

[01:26:38]

Vous deviez devenir parents? La Chambre était prête. Votre avenir? Votre votre futur? Vos envies? Vos besoins? Tout était censé changer et rien n'a changé du point de vue quotidien. Et du coup, ça, c'est terrible. Autour de nous, le monde qui continuait à tourner comme avant moi, j'ai trouvé ça terrible. J'étais là, mais en fait, mon chagrin n'impacte en rien le déroulement du monde. Ce désespoir là, il était horrible. Et ensuite de gérer le désir de grossesse à nouveau.

[01:27:11]

Le besoin d'avoir un autre enfant qui est venu rapidement et est venu très, très rapidement. Au départ, c'était viscéral. Je suis content d'avoir quand même attendu, assimilé ce qui s'était passé, mais c'est jamais parti. Ce désir d'avoir un autre enfant pour pouvoir donner tout l'amour que j'avais à donner à Mikis, à d'autres enfants. Et puis la connaître aussi à travers d'autres enfants, c'est quelque chose qui n'est jamais parti. Et alors? J'imagine que tu as partagé ça avec Julien.

[01:27:40]

Dès le départ? Et comment il a réagi, lui? Au départ, il me disait Mon toute façon, je n'avais pas mes règles parce que j'étais impose par ta main. Donc, en plus du choc psychologique, pendant quatre mois au moins, je n'ai pas eu mes règles, donc la question ne se posait pas. Mais c'est vrai que très vite, je lui en ai parlé et je voyais bien que le sujet était très, très tendu. Parce que psychologiquement, il m'a dit il me disait Mais je ne peux pas revivre un truc pareil.

[01:28:07]

Ma grossesse, ça a été, je pense, du coup hyper traumatique pour lui. Et au départ, c'était un peu sur. Je suis pas prêt psychologiquement, je ne pourrais pas y arriver. Donc moi, j'ai attendu. J'ai attendu et j'ai attendu encore.

[01:28:19]

En fait, et jusqu'à ce que ça pose problème dans notre couple, tu continuait de lui en parler.

[01:28:29]

Ça devenait très, très compliqué. Ce désir de grossesse et lui n'allait pas bien du tout. En fait, ce chemin pour se remettre d'un burn out, c'est très, très compliqué parce que c'est très long. Ça va prendre un an, deux ans pour retrouver une stabilité mentale. On a réussi quand même à réinvestir la vie avec la création, avec la peinture. Lui a changer de métier? Oui, lui s'est mis à peindre. C'est ça, oui.

[01:28:52]

Suite à ça, Julien s'est mis à peindre une envie. Il avait un peu l'attente de faire ça depuis longtemps. Du coup, il s'est mis à faire ça l'hiver qui a suivi. Et moi, j'étais pareil. J'étais en congé maternité et je me suis laissé aller à la création. Je faisais déjà un peu, mais vraiment, je me suis laissé aller. Ensuite, j'étais un mi temps thérapeutique. Du coup, j'avais du temps. Ça nous a fait énormément de bien.

[01:29:16]

C'est très joli d'ailleurs, ce qui dit Julien dans le livre. Il a une place dans ce livre à la toute fin et il dit quelque chose de très beau. Et il s'adresse à Mikis et il lui dit J'ai peint ta mère dans la plupart de mes toiles depuis ta mort. Je viens de me rendre compte que ce fut sûrement faute de pouvoir peindre toi.

[01:29:35]

Oui, j'ai lu ce texte assez peu de temps avant de publier mon livre parce que je ne faisais que le tannées en me disant Je veux que tu apparaisse dans mon livre. Il faut que tu me dise et fait un voyage au Mexique en quelques heures. Il a écrit ça et il m'a dit c'était maintenant. Ce n'était pas avant, c'était pas après. Mais cette phrase enfin moi, quand j'ai juste, en fait, tu aurais dû lire le livre.

[01:30:00]

En fait, c'est nul.

[01:30:01]

J'ai écrit Moi, je te rassure, tes mots sont très puissants aussi, vraiment. Donc, il y a eu éloignement d'un moment. Il y a eu éloignement pour deux choses parce que Julien n'arrivait pas à aller mieux. Il a tout essayé. Julien, c'est quelqu'un qui est dans l'action. Il ne se laisse pas du tout aller. Donc, il a tout fait. Il a changé toute la routine physique de la nourriture. Il a tout essayé pour aller mieux physiquement, mentalement.

[01:30:37]

Voilà, ça fait quelque temps qu'il est suivi, même psychologiquement. On est sur quelqu'un qui, dans l'action, est dans le je vais y arriver et je ne vais pas rester dans cet état est celui là parce que ce n'est pas moi. Mais cela n'empêche qu'au quotidien, on a beau vouloir aller mieux, ça ne se passe pas comme ça aussi rapidement. Et le fait que moi, j'ai envie d'avoir un autre enfant au bout d'un moment, ça met le couple dans une impasse.

[01:31:01]

Au bout d'un an, ça a vraiment commencé à être très problématique. Bloqué, donc, l'été qui a suivi l'été 2019, l'été 2009. Pour les uns, oui, oui. Fin de l'anniversaire de sa mort. Et là, vous en êtes vous aujourd'hui, alors? Alors ça, ça va mieux qu'on avait séparés. C'est ça? Disons qu'on a fait un break. Pas forcément pour amener à une rupture. C'était juste pour qu'on puisse se retrouver chacun séparés, mais parce qu'on a été tellement ensemble pendant deux ans que l'on ne savait plus comment faire l'un avec l'autre et qu'on avait besoin de dealé juste avec nous mêmes.

[01:31:44]

Ça nous a fait énormément de bien. Et quand on s'est retrouvés, c'était c'était super. Donc du coup, je pense que ça nous. A l'envie de continuer, on s'est dit si après autant d'épreuves et autant de temps ensemble, on arrive autant à être heureux de se revoir. Il y a peut être quelque chose là dedans.

[01:32:03]

Oui, a priori.

[01:32:05]

Donc on est, on est ensemble et on a retrouvé quand même un semblant d'apaisement. Il va quand même beaucoup mieux faire son boulot de peintre. C'est merveilleux. Il est très épanoui là dedans, mais le désir de grossesse, c'est ce qui poserait problème parce qu'en fait, moi, c'est quelque chose que je ne vois pas trop autour de moi, dans les gens que je suis, au niveau du deuil périnatal. Souvent, les désirs de grossesse sont assez simultanés, partagés, partager, ce qui n'est pas du tout le cas pour nous.

[01:32:33]

Ça ne veut pas dire qu'il n'a pas du tout envie d'avoir d'enfant parce que c'est quelqu'un qui a envie d'avoir des enfants. Mais il s'en fiche de savoir si c'est maintenant ou dans quatre ans. Sauf j'ai 34 ans en février, j'en ai 35 et j'ai très peur. J'ai très peur de ne pas réussir à en avoir d'autres et je ne sais pas quelle raison parce que tout ça m'a mis une peur immense sur mes épaules de ne plus jamais être maman d'un enfant vivant, bien sûr.

[01:32:58]

Et c'est tout à fait compréhensible. D'accord, donc, il y a encore du chemin du chemin. Au début, il y en a encore un peu à faire, ensemble ou séparément. Je ne sais pas ça. L'avenir nous le dira. En tout cas, j'espère ensemble. Moi aussi, j'espère qu'ils s'aiment très fort. Ouais, faudrait trouver le bon timing entre lui, le temps dont il a besoin. Et ton impatience à toi. Voilà, voilà que vous vous retrouviez à un endroit qui soit pas insurmontable pour toi.

[01:33:34]

Parce que quatre ans, c'est interminable et qui, peut être, lui correspond à une digestion. Oui, oui, parce que nécessaire. Bien sûr que les pères sont confrontés à des choses très différentes. Des mères, bien sûr, aussi douloureuses, mais qu'on passe beaucoup plus sous silence. Et moi, je suis accompagné depuis le début par une psychologue qui a été mis en place fin. Tout ça, ça a été mis en place par l'hôpital et du coup, j'ai beaucoup travaillé sur ça.

[01:34:00]

Lui, il a travaillé sur plein d'autres choses parce qu'il est suivi. Il est suivi également, et pas du tout en rapports particulièrement avec ça. Bien évidemment, c'est un sujet qu'ils ont abordé, mais moi, je suis suivi par quelqu'un qui est spécialisé dans le deuil périnatal. Mon traumatisme est là, mais je suis complètement incapable d'envisager une nouvelle grossesse en connaissant le pire qui puisse arriver. Julien, je sais que c'est quelque chose. C'est une fragilité encore pour lui.

[01:34:24]

Il a terriblement peur que ça recommence. Je ne dis pas que j'ai pas peur que ça recommence.

[01:34:28]

Mais en tout cas, toi, t'es prête au pire, en sachant quand même que, heureusement, le pire ne fera pas deux fois la même porte normalement.

[01:34:41]

Normalement, non. En sachant. Surtout que pour rappeler les chiffres, le deuil périnatal. En tout cas, les morts in utero spontanées, c'est 0,5 pour cent des naissances. La mort in utero concerne pour cent des naissances, mais dans un Boursin sont séparés en deux. Les interruption médicale de grossesse et les morts spontanées, les interruptions de grossesse font 0,5 et les morceaux de 0,5, ce qui est rare quand même. Heureusement, vous avez eu les résultats de l'autopsie.

[01:35:10]

Depuis, que ça soit Mickey ou moi, on était en parfaite santé. Donc, aucune maladie ni génétique. J'ai pas chopé je ne sais quelle maladie qui aurait provoqué ce que ça arrive à une infection qui peut provoquer l'arrêt cardiaque. Mais par contre, ils ont décelé un problème au niveau du placenta. Un fait, ce métier est un tout petit peu plus petite que ce qu'elle aurait dû être. Donc, en fait, on s'est rendu compte que le placenta avait mal fonctionné, sûrement depuis le début du neuvième mois de grossesse.

[01:35:37]

Ce qui passe inaperçu puisqu'il a pu décorera à ce moment là. Et en fait, c'est sûrement quelque chose qui était latent depuis le début de la grossesse, mais qui est passé inaperçu parce que Mickey's s'est parfaitement développée et les signes de problèmes au niveau du placenta, c'est le retard de croissance in utero. OK, mais comme elle, elle a bien grandi, grandi, bien grossi. Et donc, ce problème de placenta, c'est sûrement emballé, en fait, au début du neuvième mois de grossesse.

[01:36:03]

En fait, il y a eu des infarctus placentaires, donc c'est en fait des bouts du placenta qui avaient complètement fonctionné. Et en fait, au bout d'un moment tout ça, il y a eu un manque d'oxygénation et que le cœur s'est arrêté. D'accord, mais ça ne serait qu'un problème fonctionnel. Et dans les résultats de l'autopsie, il n'y a rien qui montre un risque de récidive. Ça serait accidentel. OK, donc, c'est plutôt rassurant comme résultat rassurant dans l'optique de la future grossesse.

[01:36:36]

C'est rassurant parce qu'il n'y avait pas de y'a pas de pathologie qu'on a décelé. OK, bon. Et comment tu vas aujourd'hui, toi? Je vais bien. Ouais, ouais, j'ai un rapport au monde complètement différent, je dois l'avouer. Un rapport à la mort? Complètement. J'ai un détachement vis à vis des autres qui fait que j'ai l'impression un peu de survoler quand même ma vie, mais je trouve ça assez bénéfique. Je ne sais pas si c'est pour le pire.

[01:37:03]

C'est peut être le meilleur. Tu m'as pas raconté la rencontre avec ta petite nièce? Oui, avec elle. Suis allé la voir quelques mois plus tard, mais toute seule. Julien se sentait pas prêt. Moi, je me prépare psychologiquement parce que je tremblais de tout mon corps et je montais les escaliers. Je la vois. Ma mère avait là dans ses bras et ma soeur était toute seule en face des escaliers. Je monte les escaliers, je la vois et je mets fondre en larmes.

[01:37:35]

Je m'effondrer, hurle comme quand j'ai vu Lucie. Je suis rentré à la maison avec mon gros ventre, avec Mikis Intérieure et du coup, elle me prend dans ses bras et me dit Ça va aller, ça va aller, ça va aller, ça va aller. Et là, je me tourne. Joie la plus belle, mais la plus belle des petites filles est là, qui me sourit, qui était déjà grand. Des grands, elle avait peut être 6 mois, oui, et elle était tellement belle, tellement belle.

[01:38:06]

Et là, je l'ai pris dans les bras et à partir de ce moment là, ça a été. C'est toujours l'avant qui est difficile. Mais une fois que j'ai rencontré, une fois que j'ai rencontré, ça allait et c'était merveilleux. Évidemment, très objectif.

[01:38:19]

Et en plus, elle était là avant midi. C'est beaucoup plus facile de gérer ça que les grossesses qui ont eu lieu.

[01:38:24]

Après, c'est ta soeur et elle est excellente. En plus, elle est trop drôle. Elle a un super caractère. Je l'adore, elle te fait du bien.

[01:38:38]

Et justement, tu parlais des autres grossesses, celles qui sont arrivées après celles de tes copines, jimagine, et de ton entourage proche. Il y en a eu beaucoup.

[01:38:48]

Il y en a eu pas mal. Beaucoup trop, en fait. Moi, j'ai toujours adoré qu'on m'annonce les grossesses. Donc, c'est très difficile pour moi de ne pas me reconnaître dans ces réactions. Je déteste vraiment profondément ne pas être heureuse pour les autres. En tout cas, à ce niveau là, ça va beaucoup mieux quand même. Ça fait deux ans, mais les premières fois, c'était terrible. Notamment des amies qui ont accouché d'une petite fille très peu de temps après, en octobre.

[01:39:12]

C'était hyper dur et encore plus quand c'est une petite fille. Et la dernière grossesse en date a été très compliqué. C'est la sœur de Julien qui accouche là dans deux semaines à trois semaines. Donc maintenant, depuis, on n'habite plus ensemble. D'accord, on habite plus ensemble depuis un an. C'est quand même ça. C'est une bonne chose. Oui, je pense, oui. Chacun a pris ses marques. On a acheté une petite maison et ils ont acheté un appart, car elle est enceinte d'une petite fille.

[01:39:40]

Ils ne savent pas. Ils savent pas. Mais c'est le bébé qui arrive après midi au sein de cette famille très proche. Pour moi, ça a été très, très, très difficile et encore plus. Ne pas pouvoir accompagner Lucie là dedans parce que selon toi, t'as pas eu la bonne réaction. Est ce qu'il peut y avoir une bonne réaction? Il n'y a pas de bonnes réactions, c'est sûr. Mais les parents qui annoncent ça à quelqu'un qui a vécu un labyrinthe, ils savent que ils vont aussi provoquer un mini cataclysme à chaque fois.

[01:40:11]

J'ai besoin de temps pour assimiler, pour me détacher un peu et après, j'arrive à investir à nouveau. Je pense que ça ira mieux quand, quand le bébé sera là, quand ça sera passé exactement à chaque fois, c'est ça. C'est toutes les étapes qui sont difficiles à passer. Et une fois que c'est passé, voilà bêtes. Un mois, deux mois et après, ça va quoi? Est ce que tu aurais envie que plus personne ne tombe enceinte dans le Congrès?

[01:40:36]

Tant que ce n'est pas moi, je voudrais que personne ne tombe enceinte. Bien sûr, ce n'est pas possible et surtout, je déteste ressentir ça. Mais c'est pas comme si c'était quelque chose qui me faisait. Qui fait quoi? C'est un calvaire de tous les jours. Oui, mais on peut comprendre aussi que quelqu'un marqueté que tu aies envie de ça. Oui, c'est tout à fait légitime. Oui, c'est ça. Oui, OK et bonne écoute.

[01:41:01]

Merci infiniment. Je ne sais pas comment remercier mes forces de toute cette lumière qui arrivent avec toi. Merci à toi. Parce que libérer la parole sur ces sujets là, je sais que ça a amené beaucoup à plein de gens. Moi, ça m'a beaucoup aidé de pouvoir écouter, de pouvoir lire. Mais si ça peut aider, juste qu'une seule maman, c'est déjà incroyable et que je pense que ça en aidera plus d'une. En tout cas, merci infiniment Lucile pour tout ça.

[01:41:33]

Merci à toi. Je te souhaite encore un très long chemin avec mon amoureux et et beaucoup d'enfants à venir. Merci, merci beaucoup. C'est la fin de cet épisode qui, je l'espère, vous aura plu et vous aura donné encore plus de clés sur ce drame du deuil périnatal que vivent encore trop de parents. Vous savez à quel point ce sujet me tient à coeur, car depuis les débuts de ce podcast, il a toujours eu une tribune privilégiée à mon micro et je suis très heureuse que Lucile rejoigne cette armée de mères résiliente et combative et qu'on ait pu aujourd'hui se souvenir de Mikis.

[01:42:12]

Merci pour votre écoute engagée. N'hésitez pas à faire circuler les épisodes. Prenez soin de vous. On se retrouve la semaine prochaine. Même jour, même heure. Et puis, bien sûr, langue. Les faiblesses, si demain ça doit, Armies Terre offusquent. Bonne nuit tout seule, waz ma.