Le procès de "Madame Bovary"
Franck Ferrand raconte...- 1,784 views
- 21 Aug 2020
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9 heures 9 heures 30. Le meilleur de Franck Ferrand raconte sur Radio Classique. Cela se passe au début du Second Empire, puisque nous sommes le 29 janvier 1857. Il est 11 heures du matin dans une salle d'audience du palais de justice de Paris.
Et regardez le, cet homme grave avec les traits tirés qui s'avance maintenant face à ses juges. Il s'installe bien malgré lui au banc des accusés. Cet homme corpulent à l'épaisse moustache au regard gris. Cet homme que certains déjà désignent du doigt. C'est Gustave Flaubert. Il est accusé d'avoir offensé la morale publique et la religion dans son premier roman jamais publié, Madame Bovary Madame Bovary, qui vient de paraître sous forme de feuilleton dans la Revue de Paris aux côtés de Flaubert.
Sur le banc des prévenus se trouvent deux autres accusés. Auguste Alexis Pilliers, qui est l'imprimeur, et Laurent Picha, qui est le gérant de la revue qui vient donc de publier Madame Bovary. Quelques jours plus tôt, dans une lettre, Flaubert a dit masquant mal son indignation. John Gordon de ma présence, le banc des escrocs.
Il le vit plus que mal et on se met à sa place. C'est assez effrayant ce qui est en train de lui arriver. La salle est comble. Il y a là tout ce que Paris peut compter de journalistes, de critique. Et puis, bien sûr, il y a les amis de Flaubert qui sont venus le soutenir. Il faut dire que ces temps ci, à Paris, on parle énormément de cette Madame Bovary.
Tout le monde l'a lu, la lit ou veut la lire, résume Flaubert dans une lettre adressée à son frère un peu avant le début du procès. Alors que raconte ce roman? Que lit on dans cette Madame Bovary qui met la capitale en émoi?
C'est l'histoire des Margaux, qui est la fille d'un riche fermier qui va épouser Charles Bovery, un petit officier de santé, personnage médiocre, sans ambition ni personnalité. Et tout cela est évidemment terrible pour sa jeune épouse, qui devient donc Emma Bovary et qui, elle, rêve de grandes choses. Elle rêve de passion, de luxe, de vie romanesque et peu à peu, c'est l'ennui. C'est ce que Exbrayat appelait les douceurs provinciales. Mais c'est surtout la mélancolie qui la gagne.
Elle va finir par tromper son mari pour mettre du piment dans son existence. Et puis par dilapider l'argent du ménage avant de s'empoisonner en avalant de l'arsenic.
Inutile de vous dire que le livre déplaît fortement à la bonne société de l'époque. On est encore une fois dans l'installation de ce rejet de ce régime du Second Empire qui est tout à fait dans sa période autoritaire. C'est la première partie du Second Empire. Les valeurs bourgeoises religieuses triomphent partout et, bien entendu, veille la censure sur le banc des accusés, que lui même appelait le banc des escrocs.
Flaubert attend donc avec inquiétude le réquisitoire du procureur qui s'appelle. Ça ne s'invente pas. Ernest Pinard.
Il a peur d'être condamné. Flaubert, il risque gros dans cette affaire. Déjà, il pense à ce qu'il appelle son cachot. Alors, il faut reprendre, si vous le voulez. Cette affaire à son début. A l'origine de Madame Bovary, il y aurait une blessure de jeunesse. On est en 1849. A l'époque, Flaubert a 28 ans et il vient d'achever un récit, La tentation de saint Antoine, la tentation de saint Antoine. C'est un peu le Faust à la française.
Si vous voulez, il est dans sa maison normande, sur les bords de la Seine. Et tout à sa joie, il invite deux amis à venir l'écouter lire son œuvre. Parmi eux, il y a Maxime du camp, qui va raconter cet épisode dans ses mémoires, ce qui nous permet de le connaître.
La lecture durera 32 heures, dit il. Pendant quatre jours, il lussan désemparé de midi à quatre heures, de 8 heures à minuit. Le lyrisme, qui était le fond même de sa nature et de son talent, l'avait si bien emporté qu'il avait perdu terre. Nous ne disions rien, mais il lui était facile de reconnaître que notre impression n'était pas favorable. Le soir même, Flaubert, frappant sur la table, nous dit à nous trois maintenant, dites franchement ce que vous pensez.
Louis répondit Nous pensons qu'il faut jeter cela au feu et n'en jamais reparler.
Franck Ferrand, c'est un raté christique. Imaginez l'abattement de Flaubert.
Ses amis, à ce moment là, lui aurait suggéré d'oublier les romans héroïques, les sujets nobles, etc.
De mieux retenir ses élans lyriques et de faire plus simple, plus vrai. Et finalement, pourquoi pas parler de cette affaire de. Ce fait divers qui vient de défrayer la chronique normande? Une jeune femme de 26 ans mariée à un officier de santé, une ancienne élève du père de Flaubert, d'ailleurs, qui cette femme se suicide après une vie un peu trop tumultueuse.
La matière de Madame Bovary est là, et ce n'est cependant qu'après tout un détour, après bien des réflexions, après un voyage en Orient. Ce n'est qu'après tout cela que Flaubert va s'installer à son pupitre en Normandie, auprès de sa mère et de sa nièce, et s'atteler à ce travail colossal.
Je cite Pierre Geoffroy en cinq ans de travaux forcés, entre guillemets, l'expression de Flaubert lui même 1768 feuillets sont noircis.
Il n'en subsistera à la fin que quatre cents. Les corrections s'accumulent, les surcharges, les coupures. Dans l'après midi, c'est l'épreuve de gloire. Flaubert appelle ainsi l'allée de tilleuls où il déclame sa prose quotidienne en marchant. Tout ce qui ne résiste pas à cette audition personnelle et rigoureusement sabrés. Flaubert est l'homme des coupes claires. Il va sublimer complètement ce fait divers normand. Il mêle d'autres empoisonneuse, d'autres procès, d'autres femmes infidèles. Bref, Madame Bovary emprunte à tout le monde.
Elle emprunte aussi quelques traits aux femmes de la vie de Flaubert, Lalli, Foucault, notamment Élisa Schlesinger et puis Louise Colet, bien sûr.
Henri Troyat raconte dans sa biographie je le cite, le tout se conjugue dans son esprit jusqu'à former un personnage unique qui ne ressemble à aucun de ses modèles, mais a les nerfs, le sang, les élans d'âme de son auteur. Oui, Flaubert a bien raison de dire la Bovery, c'est moi. Emma Bovary, c'est le combat tragique d'une âme éprise d'idéal qui se heurte au banal et banal, aux exigences de la vie en province. Flaubert a trop souvent ressenti cet antagonisme pour ne l'avoir pas exprimé avec force, en changeant de sexe lui aussi vite en bourgeois et rêve en poète.
Des années, donc, d'un travail acharné. Ça y est, le poète s'apprête à livrer Madame Bovary en pâture à un public qui n'attend que cela. Mais à l'époque, au moment où il met le point final à son grand récit normand, il est bien loin d'imaginer le scandale qui l'attend. Le zoo de la Troisième Symphonie de Louise Pharynx, c'est bien, dit Louise Farin, une femme compositeur, on en connaît pas tant que cela. C'est l'ensemble luxembourgeois Les Solistes européens qui a été dirigé par Christophe Connick.
Tu trompes. Les meilleurs défroqués racontent. Si tu cites.
Au printemps 1856, Gustave Flaubert envoie son texte à son ami Maxime Ducamp, le même qu'il l'avait découragé sur la tentation de Saint-Antoine du camp qui se trouve être un des fondateurs de la Revue de Paris. Flaubert, à ce moment là, a vendu son roman pour deux mille francs. Le roman doit être publié sous forme de feuilleton.
Si tout va bien quand même, Flaubert est inquiet. J'ai vécu dans une sérénité d'art parfaite tant que j'ai écrit pour moi seul, dit il. Maintenant, je suis plein de doutes et de troubles. Et la vérité, c'est que Flaubert n'a pas tout à fait tort de s'inquiéter.
On a reçu le texte à la Revue de Paris, bien entendu, et en le lisant, à mesure qu'on découvrait les feuillets. On s'est mise à trembler parce que cette publication, cette revue de Paris déjà jugée un peu trop libérale par le nouveau régime de Napoléon 3.
Cette publication est très surveillée et on se dit que les aventures d'Emma Bovary pourraient tout simplement entraîner sa fermeture.
Alors Maxime Maxime du camp, va prendre sa plume la plus diplomatique pour réclamer à son ami Flaubert quelques coupes utiles. Et dès lors, c'est un véritable bras de fer qui s'engage. Et au fil des numéros, la Revue de Paris va d'elle même supprimer un certain nombre de passages qui lui paraissent impossibles. Et la Flaubert est furieux. Il est tenace. Il défend son texte corps et âme, ses coupes parce que lui même en avait déjà tellement tellement commis de coupes pour aboutir à son texte final.
Ces couples le blessent, le mutile lui même.
Et puis, il y a ces rumeurs qui commencent à parler de poursuites judiciaires. Alors, il se méfie quand même. Il prépare sa riposte. Il en appelle à toutes ses connaissances. Il s'arrange pour rencontrer les personnalités les plus influentes, les plus influentes qu'il connaisse. Le ministre de L'instruction publique, le chef de la police en personne. Il revendique ses soutiens. Des personnalités mondaines, bien entendu, des hommes de lettres comme Lamartine en personne. Il évoque sa stratégie de défense dans une lettre à son frère Achille.
Je le cite l'important était et est encore de faire peser sur Paris romand les renseignements de la position sur la position influente que notre père et que toi a eu et a à Rouban sont tout ce qu'il y a de meilleur.
On avait cru s'attaquer à un pauvre bougre et quand on a vu que j'avais de quoi vivre, on a commencé à ouvrir les yeux et Flaubert va plus loin. Tâche de faire dire habilement qu'il y aurait quelque danger à m'attaquer, à nous attaquer à cause des élections qui vont venir. Flaubert revendique donc son statut social, l'influence de sa famille. Il est convaincu que son roman n'est en vérité qu'un prétexte du régime pour attaquer cette revue de Paris qui, par ailleurs, déplaît.
Il a l'impression que, en s'arrangeant bien, il va réussir lui même à échapper au procès où ça va s'apaiser. Seulement, la mauvaise nouvelle finit bien par tomber. Eh oui, Gustave Flaubert est convoqué au tribunal et le 29 juin janvier 1857.
C'est ce que je vous disais pour commencer. S'ouvre donc le procès. Alors d'abord, il y a ce réquisitoire d'Ernest Pinard face à l'auditoire Pinna, résume le roman qui, dit il, pourrait aussi bien s'appeler Histoire des adultères d'une femme de province de province. Il dénonce d'emblée le réalisme cru des descriptions, la sensualité trop grande des scènes d'amour.
Et pour le prouver, il cite le roman comme cette scène entre Emma et l'un de ses amants.
Je cite donc Flaubert, ou plutôt Pinard, citant Flaubert. Elle se déshabiller brutalement, arrachant le lacet mince de son corset qui sifflaient autour de ses hanches comme une couleuvre qui glisse. Elle allait sur la pointe de ses pieds nus. Regardez encore une fois si la porte était fermée. Puis elle faisait d'un seul geste tomber ensemble tous ses vêtements et paal. Sans parler sérieuse. Elle s'abattaient contre sa poitrine avec un long frisson. Mais pour Ernest Pinard, il y a pire encore que ce corset qui siffle Courbet déhanchent.
Il y a, tenez vous bien, la glorification de l'adultère n'est elle pas ravie, Emma, lorsqu'elle rentre chez elle?
Vous connaissez cette scène extraordinaire et magnifique qu'elle se dit? J'ai un amant, j'ai un amant. Le procureur cherche ensuite à montrer l'offense religieuse et notamment, il va citer la célèbre scène de l'extrême onction à la fin du roman. Le prêtre se releva pour prendre le crucifient, alors elle saale, elle allongera le cou comme quelqu'un qui a soif et collant ses lèvres sur le corps de l'homme Dieu. Elle y déposa de toute sa force spirante le plus grand baiser d'amour qu'elle eût jamais donné.
Entre parenthèses, ça donne tout simplement envie de relire Madame Bovary. Mais le procureur Pinard, lui, voit rouge, si je puis dire. Il dénonce un mélange inacceptable de sacré et de voluptueux.
Mais ce qui lui est le plus insupportable, finalement, c'est que Flaubert ne punisse pas EMAS ou la punit. Simal, elle, meurt, certes, mais au moment qu'elle a choisi et dans tout le prestige de sa jeunesse et de sa beauté. Ce qui, d'ailleurs, va faire écrire à Emmanuel Pierrat dans Accusé Baudelaire, Flaubert, levez vous que dans le fond. Flaubert est, je le cite, traduit devant les tribunaux parce qu'il n'a pas instruit le procès de ses personnages, se contentant de montrer et de dévoiler, de fouiller la conscience humaine.
C'est peut être un tout petit peu tôt pour le faire et Dieu sait que trente ans plus tard, bien d'autres vont s'y essayer avec beaucoup moins de risques que Flaubert. Mais en 1857, c'est encore un énorme problème. On ne brise pas aussi facilement. On ne peut se hasarder à brisèrent impunément les tabous de la bourgeoisie triomphante. La parole maintenant est à la défense. On fourbit ses armes du côté de Flaubert, mais le moins qu'on puisse dire est qu'on en a encore énormément de travail à faire pour faire admettre, pour faire accepter ce qui, à l'époque, est inacceptable.
C'est l'hymne des Nosse Lucie de Lammermoor du de l'immense données tees que vous venez d'entendre, c'est un enregistrement de la version française de l'opéra tel qu'on pouvait le donner, cet opéra du temps de Charles Bovery et d'Emma Bovery.
Natalie Dessay, bien entendu, était accompagnée par l'Orchestre national de Lyon sous la direction d'Évelyne Rapidos.
Le meilleur des fructifient, raconte t.
Après le procureur Pinard, voici l'avocat Senard, maître Jules Senard et l'avocat de Flaubert. C'est son tour maintenant, ce ténor du barreau, d'entrer en scène. Plaidoirie magnifique de quatre heures. On pose le décor. L'accusé vient d'une famille normande renommée. Son œuvre est profondément utile. Elle est morale et les fidèles à la religion. Et pour en donner des preuves, on cite la déchéance d'Emma et, bien sûr, la scène finale où elle expie ses péchés dans la mort.
Mais le fait que le procès doivent rester sur ce terrain des bonnes mœurs est peut être en soi déjà une victoire pour le camp adverse et pour la société pudibonde qui a mis Flaubert sur le banc des escrocs. S'il veut gagner l'écrivain, il va être obligé d'en passer par une certaine hypocrisie. Et en sortant du tribunal, il n'en jubile pas moins. Il l'écrit à son frère. La plaidoirie de maître Senard a été splendide. Il a écrasé le ministère public qui se tordait sur son siège.
Nous l'avons accablé sous les citations de Bossuet et de Massillon, sous les passages graveleux de Montesquieu, etc. La salle était comble. C'était chouette. J'avais fière bal. Le 7 février 57 1857 tombe le verdict. Flaubert et les deux autres prévenus sont acquittés. L'écrivain, malgré tout, va recevoir un blâme accompagné d'une immense publicité que lui a offerte la société le ministère public. Alors, même s'il gagne son procès, Flaubert tout de même, sort très amère de toute cette épreuve.
Il était écœuré par ses contemporains et va dénoncer dans ses lettres la force de l'hypocrisie sociale. Il pense un temps à reprendre sa vie d'ermite en Normandie, loin du bruit de Paris. Il a signé un contrat pour la publication de Madame Bovary chez Michel Lévy. L'éditeur attend maintenant son texte de pied ferme au mois d'avril. Madame Bovary est dans les vitrines des libraires. Six mille six cents exemplaires, ce qui, à l'époque, il faut se remettre dans le contexte de l'époque.
À l'époque, c'est considérable. Six mille six cents exemplaires qui vont s'écouler en quelques jours et il va donc falloir aussitôt réimprimer. Le succès est quasiment sans précédent et Flaubert fera plus tard ajouter à son texte le réquisitoire, la plaidoirie et le jugement de son célèbre procès.
Franck Ferrand critique. Michel Winock raconte la nouvelle vie de Flaubert, devenue, grâce à Madame Bovary, un écrivain célèbre. Je le cite, le nom de Gustave Flaubert est entré dans l'histoire de la littérature. Sa vie change. On veut le rencontrer, on le sollicite, on l'invite. Il fait désormais partie de ces gens de lettres qui tiennent le haut du pavé. Flaubert reçoit énormément de courriers de personnalités comme Victor Hugo, Victor Hugo qui, déjà à l'époque, est en exil.
Bien entendu, mais aussi de toutes sortes d'inconnus qui le trouvent plus ou moins extraordinaire. Il fréquente le monde parisien, mais disons le, sa vie est en Normandie et il va retourner dans sa Normandie, captivé déjà par son nouveau roman. On le voit déclamer Saillé dans le Loir, au pied des tilleuls, entre deux baignades dans la Seine, les journalistes, les critiques s'emparent avec passion de Madame Bovary et l'on continue longtemps de s'écharper sur le sort de cet écrit extraordinaire.
Bref, on peut dire maintenant d'Emma Bovary, et c'est la revanche de cette fable imaginaire et néanmoins tellement vrai. On peut dire d'Emma qu'elle est de tous les dîners littéraires et parmi ses nombreux articles consacrés au premier roman de Flaubert, l'un des plus favorables se trouve sous la plume d'un certain Charles Baudelaire. Baudelaire, qui va succéder à Flaubert sur le banc des escrocs.
Victime à son tour de la vindicte du terrible Ernest Pinard de sinistre mémoire, le procureur, on peut le dire, n'a pas apprécié les licencieuse fleurs du mal que vient de produire Charles Baudelaire. Il l'a peut être même.
Il a peut être encore moins apprécié Les fleurs du mal que les errances désespérées d'Emma Bovary. C'est étonnant de voir, d'une certaine manière, à quel point la société de l'époque.
La société de ce milieu du 19ème siècle qui voulait absolument condamner les écrits les plus magnifiques, les plus inspirés au prétexte des bonnes mœurs, aura en même temps été la société qui aura permis à ces œuvres d'advenir et qui les aura accueillies.
Acclamé et rendu immortel.
Franck Ferrand sur Radio Classique après son acquittement.
Je vous l'ai dit. Flaubert a été très déprimé. Voilà ce qu'il écrit dans une lettre. J'ai donc forte envie de. Tourné et pour toujours dans ma campagne et dans mon silence. Et là, de continuer à écrire pour moi, pour moi seul, je ferais des livres vrai et corsés. Je vous réponds l'insouciance de la renommée me donnera une roide salutaire. J'ai beaucoup perdu cet hiver. Je vais aller mieux. Il y a un an, je me fais l'effet d'une prostituée.
En un mot, le tapage qui s'est fait autour de mon premier livre me semble tellement étrangère à l'art que je suis dégoûté de moi. De plus, comme je tiens infiniment à mon estime, je voudrais bien la garder et je suis en train de la perdre. Vous savez que je n'ai point le prurit de la typographie. Je vivrais très bien sans elle, car il me paraît impossible d'écrire une ligne en pensant à autre chose qu'à mon œuvre. Mes contemporains se passeront de mes phrases et moi, je me passerais de leurs applaudissements et de leurs tribunaux.